THÈSE POUR LE DIPLOME D`ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE

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1
UNIVERSITÉ DE PARIS-EST CRÉTEIL
FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL
********
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2012-2013
N° 1038
THÈSE
POUR LE DIPLOME D’ÉTAT
DE DOCTEUR EN MÉDECINE
Discipline: Médecine Générale
-----------présentée et soutenue publiquement le :
à : CRETEIL (PARIS-EST CRÉTEIL)
------------
par : MAIGUY Avélina
Née le 28 décembre 1985 à Chartres (28)
-----------Titre:
Prévalence des troubles du sommeil chez les militaires dans
l'exercice de la médecine générale d'unité
Directeurs de thèse:
Le conservateur de la bibliothèque universitaire:
Madame le Docteur Catherine VERRET
Monsieur le Docteur Fabien SAUVET
Signature des directeurs de thèse:
Cachet de la bibliothèque universitaire:
2
3
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Médecin Général Inspecteur François PONS
Directeur de l’Ecole du Val de Grace, Professeur Agrégé du Val de Grace
Officier de la Légion d’Honneur
Commandeur de l’Ordre National du Mérite
Récompenses pour travaux scientifiques et techniques – échelon argent
Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées
***
A Monsieur le Médecin Général Jean-Didier CAVALLO
Directeur adjoint de l’Ecole du Val de Grace, Professeur Agrégé du Val de Grace
Officier de la Légion d’Honneur
Officier de l’Ordre National du Mérite
Chevalier des Palmes Académiques
Récompenses pour travaux scientifiques et techniques – échelon argent
Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées
***
A Monsieur le Médecin Général Inspecteur Didier LAGARDE
Directeur de l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées
***
A Monsieur le médecin chef des services hors classe René MIGLIANI
Directeur du Centre d’Épidémiologie et de Santé Publique des Armées
***
A Monsieur le Professeur Claude ATTALI
Coordonnateur du Département Universitaire d’Enseignement et de Recherche en Médecine
Générale de la Faculté de Médecine de CRETEIL
***
4
 A mes maîtres de thèse:
◦ Catherine, pour vos conseils avisés (même sans voix...) à chaque étape de ce travail
de thèse, pour m'avoir appris à décrypter les hiéroglyphes de l'épidémiologie ;
◦ Fabien, pour avoir écouté mes attentes concernant ce travail, pour avoir discuté sans
vouloir imposer, pour m'avoir guidée et motivée.
 Aux médecin-chefs d'antenne, aux médecins adjoints et aux équipes médicales et paramédicales des antennes de Balard, des Célestins, de l’École Militaire, de La Pépinière,
de l'HIA Bégin et de l'HIA Val-de-Grâce, pour avoir accepté que je réalise cette étude
dans vos centres médicaux et pour votre participation active à la distribution et aux
recueils des questionnaires. Une pensée particulière pour toute l'équipe de La Pép'
parmi laquelle j'ai passé 6 mois mémorables: ce sujet a vu le jour parmi vous.
 A l'équipe du département du sommeil de l'IRBA, pour m'avoir accueillie dans vos
murs et lors de vos pérégrinations cherbourgeoises; ce fut un plaisir. À nos futures
collaborations.
 Au Docteur Patrice BAERT: cher ñass, merci pour tes enseignements, j'essayerai de me
souvenir de tout, et désormais, je me rappellerai: « qui veut, peut »!
 A toute l'équipe du CMA de Cherbourg et de l'antenne de Caen, aux médecins pour
m'avoir acceptée si facilement parmi eux, et à toute l'équipe pour votre gentillesse et
votre bonne humeur; sans vous, cette dernière ligne droite aurait été bien plus longue!
 A tous les médecins que j'ai côtoyés durant ces longues années d'études, pour les
enseignements prodigués, pour tous les conseils donnés, pour les avis partagés, pour
m'avoir permise de découvrir quel médecin je m'emploierai à être (ou ne pas être....).
 Aux équipes médicales avec qui j'ai travaillé, vous avez, toutes et tous, contribué à celle
que je suis aujourd'hui.
 A la mutuelle Unéo pour son aide financière.
5
 A mes parents, pour m'avoir tous les jours soutenue et supportée depuis le début,
chacun à votre manière, mais toujours de façon inconditionnelle; je vous aime.
 A mon petit ien-ien, reste celui que tu es: A2.
 A mon grand-père, à ma tante Flo.
 A mes deux amies:
◦ Alice : ma jumelle, peut-être le sang polonais, pas besoin de mots pour se
comprendre....
◦ Caro : mon yang, sans toi je ne serais pas entière, je te souhaite tout le bonheur que
tu mérites.
 A mes co-internes d'enfer: Adrien, Aurore, Lionel; sans vous, cet internat aurait été bien
différent.... et à tous les autres internes que j'ai croisés...
 A tous ceux de la LH, du Pryt', de l’École, de Bordeaux, de Paris, d'Argences,... que je
n’énumérerai pas et qui se reconnaîtront. A ceux qui ont partagé les bons et les mauvais
moments, à ceux qui les partagent encore et ceux qui les partageront toujours... Les
chemins se croisent, se suivent et se décroisent; sans savoir de quoi la vie sera faite,
continuons d'avancer.
« Il faut toujours viser la lune car, même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles »
(Antoine de SAINT-EXUPÉRY)
6
Table
des
matières
Liste des Abréviations: ...................................................................................................7
Table des Figures ............................................................................................................8
Table des Tableaux .........................................................................................................8
INTRODUCTION..........................................................................................................9
PREMIÈRE PARTIE: GÉNÉRALITÉS ...................................................................... 11
1.1 Sommeil normal ................................................................................................. 11
1.1.1 Cycle veille-sommeil ................................................................................ 11
1.1.2 Régulation du sommeil ............................................................................13
1.2 Troubles du sommeil ..........................................................................................15
1.2.1 Diagnostic ...................................................................................................15
1.2.1.1 Insomnie ...............................................................................................15
1.2.1.2 Hypersomnie ........................................................................................17
1.2.1.3 Facteurs influençant les troubles du sommeil:.....................................18
1.2.2 Conséquences des troubles du sommeil......................................................19
1.2.2.1 Somnolence .........................................................................................19
1.2.2.2 Conséquences somatiques....................................................................20
1.2.2.3 Conséquences socio-professionnelles ..................................................21
1.3 Exploration des troubles du sommeil. ................................................................22
1.4 Objectifs de l'étude. ...........................................................................................25
DEUXIÈME PARTIE: MATÉRIELS ET MÉTHODES .............................................26
2.1 Population d'étude ..............................................................................................26
2.1.1 Critères d'inclusion et critères d'exclusion ..................................................26
2.1.2 Anomymat et liberté de participation .........................................................26
2.2 Modalités de recueil ...........................................................................................27
2.3 Questionnaire et données recueillies ..................................................................27
2.3.1 Données personnelles .................................................................................27
2.3.2 Données socio-professionnelles ..................................................................29
2.3.3 Données sur le sommeil et évaluation des troubles du sommeil ...............30
2.3.4 Retentissement diurne .................................................................................30
2.3.5 Dialogue avec le médecin ...........................................................................31
2.4 Analyses statistiques ..........................................................................................31
TROISIÈME PARTIE: RÉSULTATS ..........................................................................31
3.1 Caractéristiques générales de la population étudiée ..........................................31
3.1.1 Données biométriques et socio-professionnelles ........................................32
3.1.2 Données descriptives du sommeil ...............................................................33
7
3.1.3 Données médicales ......................................................................................34
3.2 Prévalence des troubles du sommeil et mise en évidence de leur
répercussion diurne. .................................................................................................35
3.2.1 Prévalence des troubles du sommeil : Insomnies et Hypersomnies ...........35
3.2.2 Retentissement des troubles sur l'activité diurne: Hypersomnolence.........37
3.2.3 Apnée du sommeil ......................................................................................38
3.3 Facteurs de risque de troubles du sommeil. .......................................................39
3.3.1 Caractéristiques socio-démographiques .....................................................39
3.3.2 Caractéristiques médicales et habitus .........................................................39
3.3.3 Caractéristiques professionnelles ................................................................40
3.3.4 Lien entre troubles du sommeil et bien-être au travail: ..............................44
3.4 Description de l'impact de l'intervention ...........................................................45
3.4.1 Impact sur la prise de conscience des troubles du sommeil .......................45
3.4.2 Impact sur la déclaration au médecin .........................................................45
3.4.3 Impact sur la demande de formation...........................................................45
QUATRIÈME PARTIE: DISCUSSION ......................................................................46
4.1 Synthèse et discussion des principaux résultats .................................................46
4.1.1 Insomnie, hypersomnie et hypersomnolence. .............................................46
4.1.2 Facteurs de risques ......................................................................................47
4.1.3 Retentissement sur la santé .........................................................................49
4.1.4 Retentissement sur le travail .......................................................................50
4.1.5 Relation avec le médecin ............................................................................50
4.2 Pertinence de l'étude et de la méthodologie. ......................................................50
4.3 Problématiques connexes. ..................................................................................51
4.4 Perspectives ........................................................................................................52
CONCLUSION ............................................................................................................54
Bibliographie: ...............................................................................................................55
Annexes: .......................................................................................................................64
Annexe 1 : Note d'information accompagnant le questionnaire ......................64
Annexe 2 : Questionnaire.................................................................................65
Annexe 3 : Critères de diagnostique des troubles du sommeil .......................69
Résumé ........................................................................................................................70
Abstract .......................................................................................................................71
SERMENT D'’HIPPOCRATE ....................................................................................72
8
Liste des Abréviations:
CIM : Classification Internationale des Maladies
DAS : Durée Accumulée de Somnolence
DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
EEG : Electro-encéphalogramme
EMG : Electro-myogramme
EOG : Electro-oculogramme
ESPS : Enquête Santé Protection Sociale
ESS : Epworth Sleep Scale
EVA : Echelle Visuelle Analogique
HAS: Haute Autorité de Santé
HTA : Hyper-tension Artérielle
ICD : International Classification of Diseases
ICSD : International Classification of Sleep Diseases
IMC : Indice de Masse Corporelle
INPES : Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé
INSV : Institut National du Sommeil et de la Vigilance
KSS : Karolina Sleep Scale
OR : Odd-Ratio
PSQI : Pittsburg Sleep Quality Index
RATP : Régie Autonome des Transports Parisiens
REM : Rapid Eye Movement
RGO : Reflux Gastro-oesophagien
SDE : Somnolence Diurne Excessive
SSS : Standford Sleep Scale
9
Table
des
Figures
Figure 1. Hypnogramme chez une personne sans trouble du sommeil (53) .............12
Figure 2. Effet de la caféine sur l'EEG nocturne après privation de sommeil (19) ..13
Figure 3. Taux de remplissage (en %) pour chaque site ...........................................32
Figure 4. Indice de masse corporel dans la population étudiée ...............................34
Figure 5. Prévalence des troubles du sommeil dans chaque plainte relative au
sommeil ........................................................................................................................36
Figure 6. Résultats des scores à l'Echelle d'EPWORTH en pourcentage sur 432
répondeurs ....................................................................................................................38
Figure 7. Prévalence (%) des troubles du sommeil selon les facteurs socioprofessionnels. ..............................................................................................................41
Figure 8. Lien entre le ressenti des personnes et les troubles du sommeil.
(Pourcentage de personnes présentant des troubles du sommeil dans chaque
réponse.) .......................................................................................................................44
Table
des
Tableaux
Tableau 1. Descriptif de la population. .....................................................................33
Tableau 2.
Répartition des problèmes médicaux dans la population ( sur 101
personnes).....................................................................................................................34
Tableau 3. Variables "santé" (*ajustées sur l'âge, le genre, l'armée, le grade et le
temps de sommeil) .......................................................................................................40
Tableau 4. Analyse multivariée .................................................................................43
10
INTRODUCTION
Les troubles du sommeil sont extrêmement fréquents puisqu’ils touchent plus d’un tiers
de la population française avec une répercussion diurne importante de ces troubles sur leur
qualité de vie (40). Les sujets jeunes sont particulièrement touchés. En effet, les études
réalisées sur la population française ont montré 18% d’hypersomnolence chez les 18-24 ans
(69).
La prise en charge des troubles du sommeil est un enjeu de santé publique majeur. En
effet, ils sont associés à une augmentation du risque de survenue de diabète, d’obésité et de
pathologies cardiovasculaires, métaboliques (47) et de cancer (103). Les troubles du sommeil
induisent également une hypersomnolence diurne et une hypovigilance au volant, responsable
d’un accident de la route sur cinq (93).
Actuellement, le recours aux soins des patients présentant un trouble du sommeil est
faible puisqu'un insomniaque sur deux n'a jamais abordé le sujet avec son médecin traitant et
moins de 20% des insomniaques sévères ont déjà reçu un traitement (9). De plus, l'étude
Enquête Santé Protection Sociale (ESPS) de 2008 retrouve des signes d'apnée du sommeil chez
4,9% de la population dont seulement 15,1% des personnes ayant bénéficié d'un enregistrement
du sommeil (14, 43). Le médecin généraliste est en première ligne dans le dépistage, la prise en
charge des troubles du sommeil et l’orientation éventuelle vers des services spécialisés (80).
Les militaires sont particulièrement exposés aux troubles du sommeil du fait d’horaires
de travail atypiques, du travail posté et du stress induit, notamment par les opérations en
territoire hostile (108). Les troubles du sommeil sont le symptôme le plus fréquent chez les
militaires américains dans les mois qui suivent le retour, après une opération extérieure (83).
Une étude récente réalisée chez ces soldats américains a mis en évidence une prévalence
11
élevée des signes fonctionnels induits par un troubles du sommeil (16 % des personnels). Les
troubles du sommeil (insomnie et apnée du sommeil) sont notamment associés aux antécédents
de stress post-traumatique, de syndromes douloureux chroniques et à la dépression (84).
Actuellement, la prévalence des troubles du sommeil chez les militaires français n’est
pas connue. Il y aurait probablement un intérêt individuel et collectif à explorer de façon
systématique les troubles du sommeil en visite d'aptitude afin de modifier les pratiques
médicales, d’améliorer la formation des praticiens et de proposer des contre-mesures
préventives adaptées. En effet, le médecin d'unité a, en plus de son rôle de soins, un rôle de
prévention et de conseil au commandement. Il est en première ligne dans la détection et la prise
en charge de ces troubles.
L’objectif principal de cette étude était de quantifier la prévalence des troubles du
sommeil chez les militaires lors de leur visite systématique chez le médecin généraliste
militaire. Les objectifs secondaires étaient d'évaluer la proportion de troubles du sommeil non
diagnostiqués et/ou non pris en charge ainsi que le retentissement de ces troubles sur la
somnolence diurne et la qualité du travail et enfin d'identifier des facteurs de risque de troubles
du sommeil dans la population étudiée.
12
PREMIÈRE PARTIE: GÉNÉRALITÉS
1.1 Sommeil normal
Les effets du sommeil n'ont, à ce jour, pas été complétement identifiés. Ils sont le plus
souvent appréhendés en étudiant les effets induits par la privation de sommeil. Ainsi, il a été
constaté, en cas de perturbation du sommeil, une altération des capacités cognitives (mémoire,
attention, apprentissage, humeur) et des troubles métaboliques, immuno-inflammatoires et
cardiovasculaires (109). De plus, le manque de sommeil cumulé sur plusieurs jours aboutirait à
une fatigue chronique et une baisse de la performance (61). Paquereau et coll. (91) ont par
ailleurs montré que, chez le rat, la privation totale de sommeil sur 2 à 3 semaines était létale.
Les travailleurs de nuit ou postés dont les horaires de travail imposent des heures de
sommeil différentes de l'horloge biologique sont plus exposés aux troubles du sommeil et de la
vigilance (66). Le risque d'accident est majoré (41). Les conséquences d’un sommeil
insuffisant ou de mauvaise qualité sont à prendre en compte pour les professions dont les
horaires sont non physiologiques et qui requièrent cependant une utilisation optimale des
capacités cognitives ou physiques (agents de la force publique, secouristes, conducteurs…).
Le sommeil permettrait à notre organisme de se régénérer par une augmentation
nocturne de son métabolisme (divisions cellulaires, synthèse des protéines, consolidation de la
mémoire...) et de compenser la fatigue de la journée (110). Le sommeil est donc un besoin vital
pour l'organisme qui s'imposera à l'individu de plus en plus intensément au fur et à mesure que
la dette de sommeil augmente et quelles ques soient les circonstances (23).
1.1.1 Cycle veille-sommeil
L'être humain, comme tous les mammifères, présente un cycle veille-sommeil bien caractérisé
au
niveau
comportemental,
qui
a
pu
être
objectivé
par
des
enregistrements
électrophysiologiques au cours du XXème siècle, couplant électro-encéphalogramme (EEG),
électro-oculogramme (EOG) et électro-myogramme (EMG) (101).
13
Ces travaux ont permis de mettre en évidence différentes séquences :

L'éveil (ondes rapides), qui représente les deux tiers de la journée de l'être humain et
qui met en activité ses capacités locomotrices, cognitives et comportementales.
Cependant, l'éveil ne garantit pas une utilisation optimale de ces capacités puisqu'il peut
y avoir une modification des performances en état d'"hypervigilance" ou
d'"hypovigilance" (106).

Le sommeil lent (à ondes lentes), qui comprend trois stades selon la classification
polysomnographique (Manual for the Scoring of Sleep and Associated Events) :
▪ Non REM 1 (N1) = stade d'endormissement qui dure quelques minutes et
pendant lequel le métabolisme de l'individu ralenti ;
▪ Non REM 2 (N2)= sommeil lent léger ;
▪ Non REM 3 (N3) = sommeil lent profond qui apparaît au bout de 20-30 minutes
de sommeil et correspond à un ralentissement important de l'activité cérébrale.
Durant ce stade, le réveil est plus difficile et associé à une confusion ("inertie de
réveil").

Le sommeil paradoxal (REM, rapide eye mouvement) (à ondes rapides, mouvements
oculaires rapides et atonie musculaire) (5,58). Cette phase est associée à l'activité
onirique (48).
Le sommeil nocturne est très organisé et divisé en cycles successifs "sommeil lent-
sommeil paradoxal ", qui durent environ 90 minutes et se répètent quatre à cinq fois au cours
de la nuit. Au fur et à mesure, la quantité de sommeil lent profond diminue et la durée de
sommeil paradoxal augmente. Durant le sommeil, il y a des courtes phases d'éveil mais dont
l'individu ne garde pas mémoire au réveil. (Figure 1)
Figure 1. Hypnogramme chez une personne sans trouble du sommeil (53)
14
1.1.2 Régulation du sommeil
Le rythme veille/sommeil est régulé par différents mécanismes (20):

Régulation homéostatique
▪ La pression de sommeil augmente en fonction du temps passé éveillé et
diminue lors de la survenue de sommeil (rebond de sommeil) .
▪ Cette régulation aurait une influence distincte sur les sommeils lent et
paradoxal avec une régulation quantitative et qualitative du sommeil (ex.
augmentation du sommeil lent après une privation de sommeil, sans effet
sur le sommeil paradoxal).
▪ Les mécanismes sont encore mal compris mais l'adénosine pourrait être
impliquée dans la régulation homéostatique du sommeil lent en interférant
A1 et/ou A2a, ces derniers étant bloqués par la caféine, un agoniste du
récepteur à l’adénosine, pour permettre de prolonger l'éveil (Figure 2)
(60,98).
▪ Cependant, les études ont mis en évidence un polymorphisme des récepteurs
de l'adénosine avec des sujets moins sensibles à la caféine et plus résistant à
la privation de sommeil et des sujets plus sensibles à la caféine et moins
résistants à la privation de sommeil.
15
Figure 2. Effet de la caféine sur l'EEG nocturne après privation de sommeil (19)

Régulation circadienne
▪ L'homme a un rythme circadien d’éveil caractérisé par une alternance : éveil le
jour et sommeil au cours de la nuit. Celui-ci est régulé par l'horloge centrale
localisée dans les noyaux supra-chiasmatiques cérébraux (24). Bien qu'il existe
également des variations inter-individuelles, cette pression circadienne de
sommeil est maximale entre 1 heure et 5 heures du matin et à moindre degré
entre 14 heures et 16 heures. Elle peut être à l'origine d'endormissements
brutaux et sans prodrome, pouvant être responsable d'accidents (somnolence au
volant,...) ou d'un temps de réaction plus lent et une augmentation des erreurs
(34).
▪ La mélatonine est la principale hormone de régulation qui est synthétisée par la
glande pinéale la nuit et qui a un effet hypnogène (27), anti-oxydant et antiinflammatoire. Un apport exogène de mélatonine aurait un effet accélérateur sur
la resynchronisation du rythme circadien mais sans efficacité biologique
prouvée (100).
▪ La lumière est le principal synchronisateur de l'horloge biologique puisqu'elle
inhibe la synthèse de mélatonine et a un effet éveillant (20). Les activités
biologiques (activité physique, digestion,...) et sociales ont également une
influence à un moindre niveau.
▪ Le cortisol et la température centrale sont également soumis à un rythme
circadien, peu dépendant de la mélatonine. Les aveugles ont, par exemple, des
troubles du sommeil, mais un rythme circadien de température centrale
16
d’environ 25 heures, sans mélatonine.
▪ Cette régulation circadienne influe sur la qualité de sommeil puisque le sommeil
paradoxal est fortement lié à l'horloge interne. Le sommeil nocturne est donc
beaucoup plus facile et plus récupérateur que le sommeil diurne (107).

Autres facteurs influençant le sommeil :
▪ la température ambiante, l'hygrométrie, le bruit (81);
▪ l'âge: la quantité totale de sommeil diminue jusqu'à l'âge adulte. A l'adolescence,
le rythme circadien se décale (45). Même s'il se stabilise à l'âge adulte, le
rythme circadien tend vers une diminution du sommeil lent profond au profit du
sommeil léger (78);
▪ l'activité physique modérée qui favorise le sommeil, ou l'activité physique
intense qui peut l’altérer (62);
▪ la prise alimentaire (116);
▪ la consommation de substances modifiant la vigilance, stimulantes ou favorisant
l’endormissement (25,63);
▪ l’heure de coucher ou le décalage des heures de sommeil car le sommeil diurne
est plus court et de moins bonne qualité que le sommeil nocturne (1,2).
1.2 Troubles du sommeil
1.2.1 Diagnostic
Les troubles du sommeil peuvent avoir des origines diverses. Ils sont généralement
classés parmi les troubles comportementaux et peuvent être le symptôme d’un déséquilibre,
perçu ou non par la personne atteinte. L’insomnie et l’hypersomnie sont les troubles du
sommeil les plus fréquents (53).
1.2.1.1 Insomnie
Dans la récente Enquête Baromètre Santé de l'Institut National de Prévention et
d'Éducation pour la Santé (INPES): 15,8% des 15-85 ans présentent une insomnie chronique,
avec une fréquence plus élevée chez les femmes (19,3%) que chez les hommes (11,9%)
17
(p<0,001) (14). Dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 20 novembre 2012
consacré aux troubles du sommeil, l'Enquête Santé Protection Sociale (ESPS) de 2011 observe
des symptômes d'insomnie chez un tiers des plus de 16 ans avec une somnolence diurne dans la
population générale autour de 15-20% comme d'autres auteurs le rapportent (115).
L’insomnie se définit le plus fréquement par les critères suivants de la 10ème révision de
la Classification Internationale des Maladies (CIM-10) (International Classification Diseases:
ICD-10) et la 2ème révision de la Classification Internationale des Troubles du Sommeil
(International Classification of Sleep Disorders: ICSD-2) (54) :

la sensation d'une quantité ou qualité de sommeil insuffisant, qui persiste sur une
période supérieure à 1 mois et comprend une difficulté à l'endormissement, des réveils
nocturnes, ou un réveil prématuré ;

ces symptômes sont observés malgré des conditions de sommeil optimales ;

le patient décrit des conséquences diurnes de son trouble du sommeil : fatigue ou
malaise, troubles de la mémoire, de l'attention ou de la concentration, altération de la
vie sociale ou des performances scolaires, troubles de l'humeur, somnolence, perte de
motivation ou d'énergie, augmentation des erreurs professionnelles ou de conduite,
apparition de troubles somatiques (HTA, céphalées, troubles gastro-intestinaux),
inquiétude vis-à-vis du sommeil.
La deuxième édition de la classification internationale des troubles du sommeil de 2005
permet de classer les formes d’insomnie en 12 catégories (54,73) :
1. l’insomnie aiguë transitoire associée à un stress identifiable avec nécessité d’adaptation
[familial,
social,
physique (douleur
physique,
psychologique),
environnemental (nuisance sonore, altitude), comportemental (télévision, ordinateur),
facteur inhérent à la vie moderne (travail en horaires décalés, vols de longue durée)] ou
insomnie d'ajustement (suite à un voyage, changement d'horaire,...) ;
2. l’insomnie subjective avec trouble de la perception du sommeil ;
3. l'insomnie idiopathique ;
4. l’insomnie chronique (> 3 mois) ;
18
5. l’insomnie liée à un trouble mental ;
6. l’insomnie due à une mauvaise hygiène du sommeil : consommation excessive de café,
tabac, alcool, activité intellectuelle intense à l’approche du coucher, temps excessif
passé au lit, variations trop amples des horaires de veille et sommeil, siestes ;
7. l’insomnie due à des maladies organiques : neurologiques (maladie neuro-dégénérative,
insomnie fatale familiale, Chorée fibrillaire de Morvan, Locked-in-syndrom), cardiovasculaires
(insuffisance
cardiaque
gauche,
angor),
broncho-pulmonaires
(bronchopneumopathies chroniques obstructives: BPCO), gastro-duodénales (reflux
gastro-oesophagien, douleur de l’ulcère duodénal), rénales (insuffisance rénale
chronique),
rhumatologiques
(rhumatismes
inflammatoires,
fibromyalgie
(79),
endocrinienne (dysthyroïdie, diabète) ;
8. l’insomnie due à d’autres troubles du sommeil comme le syndrome d’apnée du
sommeil, la narcolepsie avec cataplexie, le syndrome d’impatience des membres
inférieurs et le syndrome de mouvements périodiques des membres ;
9. les insomnies liées à la grossesse, à la ménopause, à l’âge ;
10. les insomnies médicamenteuses ou liées à une substance ;
11. l'insomnie sans éthiologie retrouvée ;
12. l'insomnie physiologique.
1.2.1.2 Hypersomnie
L'hypersomnie est plus rare, et se caractérise par une somnolence excessive, ou des
attaques de sommeil pendant la journée qui ne peuvent s’expliquer par une quantité
insuffisante de sommeil. Selon la CIM-10, ce trouble doit durer plus d’un mois, ou récidiver
par périodes de plus longue durée, et entraîner un épuisement, ou amputer les performances
sociales et professionnelles (112).
L'hypersomnie d'origine centrale est la narcolepsie (ou Syndrome de Gélineau). Il
s’agit d'accès de somnolence diurne irrépressible accompagnés ou non d'une cataplexie, d'un
affaissement du sujet par relâchement du tonus musculaire. Ces accès peuvent aussi être
associés à des paralysies du sommeil, des hallucinations sensorielles (31). La prévalence de la
narcolepsie dans la population française est de 1 pour 2 000 personnes.
19
L'hypersomnie idiopathique a, semble-t-il, la même prévalence que la narcolepsie, mais
elle est encore mal connue.
Les autres causes fréquentes d'hypersomnies sont (52) :

Causes respiratoires pendant le sommeil :
le syndrome d'apnée du
sommeil, qui concerne 10% des ronfleurs âgés de 30 à 60 ans, soit 2% des
femmes et 4% des hommes de cette tranche d'âge (43) et le syndrome
d'augmentation des résistances des voies aériennes supérieures ;

Conséquences d'une autre pathologie : maladies responsables de toux
chroniques, douleurs chroniques, prurit nocturne, reflux gastro-oesophagien,
asthme, cancer, alcoolisme, ménopause, fibromyalgie (79) ;

Parasomnies : bruxisme et myoclonus fragmentaire ;

Causes
psychiatriques
:
pathologie
anxio-dépressive
(104),
schizophrénie ;

Causes neurologiques : sclérose en plaque, épilepsie, traumatismes
crâniens, maladies dégénératives ;

Causes infectieuses : VIH, mononucléose, encéphalites ;

Syndrome des jambes sans repos.
1.2.1.3 Facteurs influençant les troubles du sommeil:

Produits influençant le sommeil :

la caféine, les amphétamines, la cocaïne sont des produits stimulants du
système nerveux central;

l’alcool et les anti-dépresseurs sont, quant à eux, des dépresseurs du
système nerveux central. Même si l’alcool aide initialement à s’endormir, il
provoque des éveils nocturnes et un sommeil agité.


Environnement :
De nombreux facteurs environementaux ont été décrits comme influençant le sommeil (81): le
bruit, la lumière, la température excessive, la literie inconfortable,...

Stress au travail :
Nasse et Legeron (85) définissent le stress comme « un état accompagné de plaintes ou
20
de dysfonctionnements physiques, psychologiques ou sociaux, et qui résulte du fait que
les individus se sentent inaptes à combler un écart avec les exigences ou les attentes les
concernant. L’individu est capable de gérer la pression à court terme, qui peut être
considérée comme pression positive, mais il éprouve de grandes difficultés face à une
exposition prolongée à des pressions intenses. En outre, différents individus peuvent
réagir de manière différente à des situations similaires et un même individu peut, à
différents moments de sa vie, réagir différemment à des situations similaires. Le stress
n’est pas une maladie, mais une exposition prolongée au stress peut réduire l’efficacité
au travail et peut causer des problèmes de santé » (30, 42, 49).
Concernant la population militaire, peu d'études ont été réalisées mais l'armée
américaine a réalisé une étude en 2012, qui montrait que les conditions de vie liées à la
vie militaire et le stress occasionné influaient sur les troubles du sommeil (108). Mais il
semble recevable que les impératifs de la fonction militaire (mutation, opérations
extérieures, disponibilité, restrictions de sommeil,...) puissent influer sur les troubles du
sommeil.

Type de travail:
Le type de travail et surtout les horaires atypiques ou irrégulières peuvent "dérégler le sujet".
C'est le cas du travail posté où, pour avoir une permanence 24h/24h, les employés alternent sur
des créneaux de quelques heures, qui ne sont pas toujours les mêmes. (surveillance, sécurité de
bâtiment, gardes-côtes, pompiers...) (22,111).

Exposition à la lumière naturelle:
L'exposition à la lumière naturelle, si elle est trop restreinte, peut avoir aussi des conséquences
sur le sommeil, comme c'est le cas des personnes qui travaillent en milieu cloîtré (6,66).

Autres facteurs influençant le sommeil:
Le contexte familial et environnemental ainsi que les variables inter-individuelles ont
évidement aussi une influence sur le sommeil (17, 59, 82).
21
1.2.2 Conséquences des troubles du sommeil
1.2.2.1 Somnolence
La somnolence est la plainte ressentie par le patient. C'est un état intermédiaire entre la
veille et le sommeil, qui se caractérise par une diminution de l'activité cérébrale, un
ralentissement de l'analyse des informations et une capacité d'éveil de plus en plus précaire. La
somnolence est définie par "un état subjectif et objectif d’éveil physiologique abaissé, de
propension au sommeil et d’assoupissement" (33).
Elle est le résultat de l'interaction entre la régulation circadienne, la régulation
homéostatique et les systèmes d'éveil. Elle peut être accentuée par l'ennui, le manque de
motivation ou la position allongée et inhibée par l'hyper-activité mais, à moyen terme, la seule
antidote est le sommeil (25). Elle peut être physiologique (fin de journée, privation de
sommeil, rythme circadien) ou faire redouter un trouble du sommeil en cas de somnolence
diurne excessive (SDE) (55).
Il faut cependant la différencier de la fatigue, qui correspond à un état d'épuisement
secondaire, à une activité physique ou mentale importante mais sans relation avec le manque
de sommeil. Cet état de fatigue implique aussi une baisse des capacités physiques et cognitives,
mais elle reste temporaire et tend vers la récupération (39).
Quelle que soit l'origine de la privation de sommeil, le tableau symptomatique de
somnolence est toujours le même :
▪ diminution du champ visuel (vision tunellaire) ;
▪ syndrome dysexecutif cognitif (altération de la prise de décision, et diminution
de la flexibilité mentale et de l'inhibition) ;
▪ difficultés pour intégrer les informations (trouble majeur de la mémoire de
travail) et altération de la mémoire à court terme (37).
Les effets de l’absence de sommeil sur 27 heures ont montré les mêmes baisses de
performance qu’une concentration d’alcool dans le sang de 1 % (34).
22
1.2.2.2 Conséquences somatiques
Les troubles du sommeil sont corrélés à de nombreuses pathologies somatiques mais le
lien de causalité est difficile à déterminer. Les pathologies cardio-vasculaires, l'obésité, les
cancers peuvent être une cause ou une conséquence dans les troubles du sommeil. Différentes
études ont montré que chez des travailleurs postés (3x8h, travail de nuit…), il y aurait un
risque accru d'infarctus du myocarde (21,30) et que des femmes ayant des horaires décalés
auraient un risque accru de cancer du sein (22).
1.2.2.3 Conséquences socio-professionnelles
▪ Conséquences sécuritaires
La somnolence diurne excessive concerne près de 15-20 % de la population globale.
Les répercussions sont importantes, le principal problème étant la sécurité au volant.
Différentes études montrent que la fatigue au volant représente environ 20% des accidents de la
route (26, 95). Par extension à la population générale, Philip et coll. (93) ont estimé à 90000
par an les accidents de la route liés à la fatigue en France. Ces accidents surviennent à 53,8%
en ville, pendant de courts trajets et pendant la journée (84,6%). Etant donné l'impact sur la
sécurité au volant, on peut imaginer les répercussions que la somnolence peut avoir sur tout
autre mode de transport.
▪ Conséquences sociales
On peut aisément imaginer les conséquences des troubles du sommeil et de
l'hypersomnolence sur l'efficacité au travail, la prise de décision et les jugements moraux (6,
22, 90,111).
L'étude de Bayon et Léger en 2008 montrait un taux d'accidents de travail de 8% chez
les insomniaques contre 1% chez les bons dormeurs sur 12 mois (p=0,01) et que les arrêts de
travail étaient plus fréquents chez les insomniaques que chez les bons dormeurs (31% versus
19% p=0,03)(10).
Mais les troubles du sommeil peuvent aussi avoir une répercussion sur la sphère sociofamiliale, avec une altération des relations avec les autres (problèmes familiaux, insertion
sociale difficile) Dans une étude réalisée sur l'évaluation des conséquences de l'insomnie par
23
les médecins généralistes, 84,3 % estiment que les insomniaques réduisent leur activité sociale
(9).
▪ Conséquences en milieu militaire:
Les conséquences individuelles sont les mêmes mais la particularité du milieu militaire
augmente certains risques.
Au niveau sécuritaire, les missions de surveillance et de maintien de l'ordre attribuées
aux militaires nécessitent une attention et une capacité réactionnelle optimales, et le port
d'arme souvent associé à ces missions n'en rend que plus dangeureux tout défaut d'attention
(84). Ces postes sont pourvus de jour comme de nuit et il s'agit souvent de permanences
irrégulières, qui déséquilibrent le quotidien de l'individu. Ce phénomène est d'autant plus
présent lorsqu'il s'agit d'opérations extérieures à l'étranger de durée aléatoire où, en plus d'avoir
des horaires irrégulièrs, le militaire est dans un milieu différent, stressant et dans des conditions
de sommeil difficiles (promiscuité, bruit, chaleur…) qui peuvent rendre difficiles les moments
de récupération (108).
Au niveau somatique et social, les militaires bénéficient d'une surveillance rapprochée,
surtout dans les professions à risque. La mise en évidence d'un problème de santé peut être
faite par différentes voies : hiérarchique (en cas de fatigue, d’erreurs, d’agressivité…) ou
médicale (à l’occasion de consultations ou de visites systématiques). Le médecin militaire en
unité a des missions de médecine d’expertise (aptitude), de soins, d’hygiène et de prévention,
lui permettant de détecter précocement un éventuel problème de santé et de le prendre en
charge lorsqu’il est détecté.
1.3 Exploration des troubles du sommeil.
Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), le diagnostic de
l'insomnie
est
clinique,
et
l’indication
des
examens
complémentaires
spécialisés
(polysomnographie ou polygraphie ventilatoire) est limitée à la suspicion d’apnée du sommeil,
l’hypersomnie idiopathique (narcolepsie), la somnolence diurne excessive et les troubles du
sommeil paradoxal.
24
Une étude par questionnaire menée auprès de médecins généralistes (9) montrait que
ceux-ci avaient une bonne connaissance de l'insomnie, de son diagnostic et de ses
conséquences. La plupart associe, à
raison, l'insomnie aux troubles cognitifs ou à une
pathologie anxio-dépressive et évoque la somnolence diurne comme l'une des conséquences
principales. Mais l'insomnie évoque aussi pour le médecin généraliste, la difficulté à prendre en
charge les troubles du sommeil (76) : d'une part pour le diagnostic, car il manque d'outils
simples et rapides pour diagnostiquer et qualifier une insomnie, et d'autre part pour la prise en
charge, qui nécessite souvent d'être pluridisciplinaire (97). C'est pourquoi certains médecins
orientent rapidement leurs patients vers des centres spécialisés de prise en charge des troubles
du sommeil, comme le réseau Morphée (71). Ce réseau, composé de médecins généralistes et
spécialistes, s'occupe de l'évaluation, du diagnostic et de la prise en charge des patients
présentant des troubles du sommeil en Ile-de-France.
Dans les centres d'exploration du sommeil, les patients sont surveillés durant leur nuit
de sommeil lors d'expériences sur volontaires sains ou sur des patients symptomatiques. Pour
évaluer objectivement le sommeil et la somnolence des patients, l'enrengistrement vidéo et des
appareils de mesures électo-physiologiques (électro-encephalogramme, électro-myogramme,
électro-oculogramme) sont utilisés. Il s'agit d'explorations réalisées dans un cadre expérimental
ou pour approfondir un trouble déjà objectivé et ces explorations ne peuvent être réalisées
qu'en milieu spécialisé.
Dans le cadre de la détection des troubles du sommeil, l'évaluation primaire, notamment
en médecine générale, utilise les auto-questionnaires (3, 17)qui sont, de facto, des mesures
subjectives. En Ile-de-France, le réseau Morphée utilise un agenda du sommeil que le patient
remplit lui-même. Il permet de voir sur plusieurs jours le rythme de sommeil et ses
perturbations éventuelles. Ce recueil est complété par questionnaire de Berlin qui explore
l'apnée du sommeil (71). Le département d'exploration du sommeil de l'hôpital Hôtel-Dieu de
Paris utilise le questionnaire de l'Hôtel-Dieu, établi et validé par le Professeur Léger. Il
permet d'explorer le sommeil de façon qualitative et quantitative et les pathologies associées
(apnée du sommeil (86), syndrome anxio-dépressif...). Il donne une orientation syndromique,
contrairement aux autres questionnaires. Il comprend une version modifiée du Pittsburg Sleep
25
Quality Index (PSQI) et des items sur l'apnée du sommeil, la somnolence et les signes
fonctionnels diurnes (18) (Annexe 3).
Concernant la somnolence, le questionnaire d’Epworth fondé sur l’auto-évaluation de
la fréquence des endormissements dans des situations de la vie courante ou l'échelle de durée
accumulée de somnolence (DAS) sont souvent utilisés, mais le médecin peut aussi s'aider
d'échelles analogiques (EVA) comme les échelles Standford Sleepiness Scale (SSS) et
Karolinska Sleepiness Scale (KSS) (89). Il existe aussi des outils de mesure de somnolence
comportementale par réponses motrices autogénérées ou commandées: le test du tapotement du
doigt et le test de l’Osler (Oxford Sleep Resistance) (70).
L’échelle de somnolence d’Epworth
(Epworth Sleepiness Scale - ESS) (55) est
fondée sur une auto-appréciation de la probabilité de s’endormir dans huit situations de la vie
courante :
(0: ne somnolerait jamais; 1: faible probabilité de s’endormir; 2: probabilité moyenne de
s’endormir; 3: forte probabilité de s’endormir)
 assis en train de lire ;
 en train de regarder la télévision ;
 assis inactif dans un endroit public (au théâtre, en réunion) ;
 passager dans une voiture roulant sans arrêt pendant une heure ;
 allongé l’après-midi pour se reposer quand les circonstances le permettent ;
 assis en train de parler à quelqu’un ;
 assis calmement après un repas sans alcool ;
 dans une automobile immobilisée quelques minutes dans un enbouteillage.
L’échelle a de bonnes caractéristiques psychométriques : l’analyse factorielle ne détecte
qu’un seul facteur; elle a un bon plafond et un bon plancher (peu de personnes obtiennent un
score à 0 ou à 24), une bonne cohérence interne et une bonne reproductibilité (77)
Un score supérieur à 12 indique une hypersomnolence pathologique (88). Le score
moyen chez des étudiants sains est de 7,6 ± 3,9 (56). Le seuil de normalité est inférieur à 11 en
Australie et 10 en Angleterre (57).
Cette échelle est sensible pour détecter une somnolence excessive dans le syndrome
d’apnée-hypopnée du sommeil (50), la narcolepsie (8), l’hypersomnie idiopathique et le
26
syndrome des jambes sans repos (36). Les résultats de l'échelle varient avec les traitements
(stimulants, sédatifs, pression positive continue, orthèse d’avancée mandibulaire). Dans la
narcolepsie, pour un seuil supérieur à 10, l’échelle de somnolence d’Epworth a une sensibilité
de 93,5 % et une spécificité de 100 % (57).
Elle
comporte
cependant
plusieurs
limites.
Elle
n’évalue
pas
le
risque
d’endormissement en situation de conduite automobile ou dans d’autres situations actives où la
somnolence peut être dangereuse (travail, conduite de machines) et involontaire. Le sujet, s’il
n’y est pas exposé régulièrement, doit s’imaginer dans une de ces situations. Enfin, l’échelle
est régulièrement sur-évaluée par les patients dépressifs ou porteurs du syndrome de fatigue
chronique, et sous-évaluée par les sujets qui perçoivent mal leur endormissement, et qui sont
donc potentiellement les plus dangereux au volant (75).
Le médecin généraliste peut administrer ces échelles au patient en cabinet et
commencer l'exploration des troubles du sommeil et leur prise en charge s'il est sensibilisé à
cette question, mais il s'agit d'une exploration et d'une prise en charge qui demandent beaucoup
de temps de la part du praticien et il peut adresser le patient en centre du sommeil (réseau
Morphée ou Département du Sommeil d'un centre hospitalier).
1.4 Objectifs de l'étude
L’objectif principal de cette étude était de quantifier, à l'aide d'un questionnaire, la
prévalence des troubles du sommeil chez les militaires lors de leur visite systématique chez le
médecin généraliste militaire.
Les objectifs secondaires étaient d'évaluer la proportion de troubles du sommeil non
diagnostiqués et/ou non pris en charge ainsi que le retentissement de ces troubles sur la
somnolence diurne et la qualité du travail et enfin d'identifier des facteurs de risque de trouble
du sommeil dans la population étudiée.
27
DEUXIÈME PARTIE: MATÉRIELS ET MÉTHODES
2.1 Population d'étude
2.1.1 Critères d'inclusion et critères d'exclusion
L'étude a été réalisée dans les centres médicaux des Armées (CMA) de cinq sites de la
région parisienne correspondant aux forces armées et services (santé, informatique,
administration, essences…….). Les différentes forces armées et services représentés étaient :
l'Armée de Terre, l'Armée de l'Air, la Marine, la Gendarmerie Nationale, le Services de Santé
des Armées (SSA) et dans "autres" : les services des Commissariats aux Armées et la Direction
Générale de l'Armement.
Ces centres médicaux étaient : le site principal du CMA de l'Ecole Militaire pour
l'Armée de Terre, l'antenne médicale (AM) de la Pépinière pour la Marine, l'AM de Balard
pour l'Armée de l'Air, l'AM des Célestins pour la Gendarmerie, le service de médecine du
personnel des Hôpitaux des armées (HIA) du Val-de Grâce et de Bégin pour le service de santé.
Il s'agissait d'une étude descriptive prospective, par questionnaires (73) distribués aux
militaires d'active de la région parisienne réalisant leur visite d’aptitude systématique annuelle
(VSA) en infirmerie militaire de médecine générale sur les mois de janvier et février 2013.
Etaient exclus les militaires venant consulter pour un autre motif que la visite systématique, les
réservistes, les civils, et autres personnels consultant pour une pathologie, un retour de congésmaladie ou une visite d’aptitude autre que la visite systématique.
2.1.2 Anonymat et liberté de participation
Chaque questionnaire était rempli de façon anonyme et pré-numéroté de 001 à 600 pour
faciliter la saisie des données.
Les personnes distribuant les questionnaires devaient informer le sujet du caractère
anonyme de l'étude et de la possibilité de refus d'y participer. La feuille d'information jointe
28
expliquait l'intérêt de l'étude, son caractère anonyme et la possibilité de refus de participation.
2.2 Modalités de recueil
Dans chaque site, 120 questionnaires ont été déposés, la consigne étant donnée au
personnel de l'AM de les distribuer aux 120 premières VSA de militaires d'active sans
exception. Une note d'information présentant l'étude (Annexe 1) et une enveloppe étaient
jointes à chaque questionnaire (Annexe 2).
Le questionnaire était distribué et rempli anonymement en même temps que les autres
questionnaires habituels avant une visite systématique annuelle (VSA) (sport, habitus.....). Une
fois renseigné, le questionnaire était inséré par le patient dans une enveloppe prévue à cet effet
et cachetée, puis remis dans une urne placée au secrétariat de chaque centre avant la visite avec
le médecin. Ce dernier n'avait donc pas la possibilité de consulter les réponses au
questionnaire.
2.3 Questionnaire et données recueillies
Le questionnaire (Annexe 2) était remis avec une enveloppe spécifique et une note
d’information (Annexe 1).
Le questionnaire comprenait : une partie biométrie (âge, sexe, mode de vie, poids, taille
…) ; une partie sur l'environnement professionnel (armée, fonction, horaires, arrêt de travail,
jours de permission...) ; une partie sur l'état de santé (antécédents, traitements, habitus,...) ; une
partie sur l'exploration de la qualité de sommeil et une échelle de somnolence (Echelle
d'Epworth) pour évaluer le retentissement des troubles du sommeil.
2.3.1 Données personnelles
Le questionnaire comportait différentes données biométriques, qui permettaient de
qualifier l'échantillon mais aussi d'explorer des facteurs de risque éventuels des troubles du
sommeil (âge, sexe, poids, taille et calcul de l'indice de masse corporel, type de logement,
statut matrimonial, nombre d'enfants dont moins de 4 ans et la présence de difficultés dans
l'année précédente).
29
Etaient ensuite demandés l'état de santé ressenti, la présence de problèmes de santé et la
prise d'un traitement, la consommation alcoolo-tabagique et la consommation en caféine (café,
thé, coca-cola) et en boissons énergisantes.
La question "avez-vous un (ou des ) problème(s) de santé?" avait été posée une
première fois pour avoir une évaluation globale des troubles de santé dans la population, puis il
avait été demandé aux personnes qui déclaraient avoir un trouble du sommeil si une cause
médicale avait été identifiée; les réponses à ces deux questions ont ensuite été combinées pour
évaluer la causalité entre un problème médical et les troubles du sommeil.
Ces problèmes médicaux déclarés ont ensuite été regroupés en catégories :
1. causes cardio-vasculaires (cardiopathies rythmiques ou ischémiques, hyper-tension
artérielle,
accidents
vasculaires
cérébraux,
hypercholesterolémie,
insuffisance
veineuse),
2. causes respiratoires (asthme, allergies, tuberculose, apnée du sommeil, bronchite
chronique),
3. causes ostéo-articulaires ( rhumatisme, arthrose, traumatismes, douleurs cervicales,
dorsales ou lombaires, hernies discales, sciatiques),
4. causes endocriniennes ( diabète, dysthyroïdie, surpoids),
5. causes digestives ( reflux gastro-oesophagien, recto-colite hémorragique, pancréatite
chronique, polykystose hépato-rénale),
6. causes cutanées (psoriasis, eczéma),
7. causes néoplasiques ( cancers du sein, du rein, du pharynx, leucémie myéloide
chronique),
8. causes neurologiques (migraines, épilepsie, impatience des membres inférieurs,
névralgies, vertiges, troubles de la mémoire ),
9. causes psychiatriques (anxiété, dépression, burn-out ),
10. causes gynécologiques (grossesse, grossesse extra-utérine, syndrome climatérique,
infertilité),
11. causes de la sphère oculaire ou ORL ( laryngite chronique, problèmes oculaires).
30
2.3.2 Données socio-professionnelles
Les facteurs étudiés étaient l'armée ou service d'appartenance, le grade, le type d'unité,
la sédentarité de l'emploi, le nombre de voyages hebdomadaires et le temps de trajet quotidien.
Concernant les types d'unité, ont été regroupés sous le terme:
 "Etat-major" : les services de soutien (soutien au corps, informatique, chauffeur), les
personnes travaillant dans les administrations, les ministères ou à la DGA;
 "unité opérationnelle": les gardes-républicains et postes de surveillance;
 "hôpital": les vétérinaires et les personnes travaillant au centre médical d'unité ou dans
la recherche;
 "autres": les personnels en école, en formation, en détachement à l'Ecole de Guerre, les
musiciens de la musique de la Garde Républicaine ou de l'Armée de l'Air, les personnes
travaillant au cercle mixte ou en centre de recrutement.
Les personnes interrogées devaient aussi informer de leur régime de travail et du
nombre de nuits ou de week-end et jours fériés durant lesquels ils travaillaient. Il a été constaté
certaines discordances entre la déclaration des régimes horaires (base normale, nuit, week-end
et jour férié) et les nuits ou jours de week-end réalisés. Ce phénomène a donc été réajusté en
considérant que toute personne déclarant un ou plusieurs régimes de travail était considérée
comme telle mais toute personne ayant déclaré avoir fait une nuit ou un jour de week-end ou
jour férié était attribué au régime horaire correspondant. Il a aussi été demandé, sur l'année
précédente, le nombre de jours de permissions posées, s'il y a eu un arrêt de travail, une
mutation ou un départ en OPEX.
Dans le cadre de l'exploration du stress au travail et son retentissement éventuel sur la
qualité du sommeil, des questions, formulées pour évaluer le bien-être au travail et son
retentissement sur la personne, ont été posées (3, 22, 49)
Les personnes estimant avoir des troubles du sommeil, devaient ensuite indiquer sur
une Echelle Visuelle Analogique (EVA) où était située la part d'influence de la vie personnelle
ou de la vie professionelle sur ces troubles. Le point indiqué était ensuite mesuré et le chiffre
retrouvé sur 10 permettait de situer l'influence ressentie: entre 0 et 5, influence de la vie
personnelle et entre 5 et 10, influence de la vie professionnelle (3).
31
2.3.3 Données sur le sommeil et évaluation des troubles du
sommeil
La partie sommeil interrogeait sur le temps de présence au lit et le temps
d'endormissement grâce auxquels a été calculé secondairement le temps effectif de sommeil.
Elle permettait aussi de recueillir les items nécessaires aux critères de troubles du sommeil
définis par Léger (66): réveils nocturnes, sensation après la nuit (rafraichi(e), reposé(e), un peu
fatigué(e), très fatigué(e)), ...
La "dette de sommeil" a ensuite été calculée; Elle correspond à la différence de temps
effectif de sommeil la semaine (temps de sommeil imposé par les horaires de travail) et le
week-end (temps libre de sommeil).
L'Échelle ou Test d'Epworth a été utilisée pour évaluer la somnolence diurne par autoappréciation de la probabilité de s’endormir parmi huit situations de la vie courante (17,
55).Pour évaluer le type de troubles du sommeil, les items reprenaient les définitions de la
classification internationale des troubles du sommeil (ICSD-2) (54), de la 4ème révision du
manuel diagnostique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorders, 4th revision – DSM IV) (38), de l'étude sur les travailleurs d'une compagnie de
transport du Professeur Léger (66) et du Questionnaire de l'Hôtel-Dieu. Ces items ont ensuite
été analysés et combinés selon le tableau de Léger (Annexe 3) pour mettre en évidence les
personnes présentant une hypersomnie, une insomnie, une insomnie sévère ou une apnée du
sommeil. Par la suite, la mention "troubles du sommeil" regroupe tous les patients présentant
une hypersomnie ou une insomnie.
La question "pensez-vous avoir des troubles du sommeil?" était posée en début et en fin
de questionnaire pour évaluer, d'une part si les patients avaient un auto-évaluation correcte de
leur troubles, et d'autre part pour voir si le fait de remplir le questionnaire permettait la
modification de l'auto-évaluation.
2.3.4 Retentissement diurne
L'hypersomnolence diurne était définie par un score supérieur à 10 dans l'Echelle
d'Epworth et l’hypersomnolence diurne sévère par un score supérieur à 12. Il était aussi
demandé aux patients s'ils avaient l'impression de ressentir des troubles récents de l'humeur, de
la mémoire ou de la fonction sexuelle.
32
2.3.5 Dialogue avec le médecin
Il était demandé aux patients si le médecin traitant était le médecin d'unité ou un
médecin civil. S'ils déclaraient avoir des troubles du sommeil, il était demandé s'ils en avaient
déjà parlé à leur médecin et si non, pourquoi. La question était de nouveau posée en fin de
questionnaire pour évaluer si le questionnaire avait pu les faire changer d'avis.
2.4 Analyses statistiques
La saisie de données a été réalisée par lecture automatique (reconnaissance de
caractère) à l’aide du logiciel Sphinx®. Toutes les variables qualitatives de l'échantillon ont été
d'abord analysées indépendamment et présentées sous forme d'effectifs (n) et d'une proportion
dans la population [%]. Ces effectifs ont ensuite été rapportés aux troubles du sommeil
(hypersomnie et insomnie: critères 5, 8 et 9) puis comparés en utilisant le test du Chi². Les
variables quantitatives ont été présentées sous le forme de moyenne ± écart type.
Pour finir une analyse multivariée par régression logistique a été réalisée afin de
déterminer les facteurs associés à la survenue de troubles du sommeil. Tous les facteurs
associés à la variable à expliquer (ici la présence de troubles du sommeil) en analyse univariée
avec un degré de signifacation inférieur à 25% ont été retenus pour l'analyse multivariée. La
sélection des facteurs a été réalisée selon la méthode pas à pas descendant.
33
TROISIÈME PARTIE: RÉSULTATS
3.1 Caractéristiques générales de la population étudiée
Parmis les 600 questionnaires distribués, 510 ont été remplis, soit 85%. Le taux de remplissage
variait selon le site d’inclusion, allant de 66,8% à 98,3% (Figure 3). Les sites d'inclusion sont
présentés ici de façon anonymisée.
Proportion de remplissage
0
20
40
60
80
A
%
76,7
B
Site d'inclusion
100
88,3
C
D
95,8
65,8
E
98,3
Total
85,0
Figure 3. Taux de remplissage (en %) pour chaque site
3.1.1 Données biométriques et socio-professionnelles
Les données biométriques et socioprofessionnelles sont présentées dans le tableau 1.
L’échantillon de répondeur était principalement constitué de sujets jeunes (âge moyen : 37
34
ans), de sexe masculin (65,2%). Près de deux sujets sur trois étaient en couple (63,7%). Un
militaire sur quatre était déjà parti en opération extérieur (25,8%) ou avait été muté (24,2%).
Un répondeur sur deux déclarait avoir des horaires irréguliers (54,2%) ou effectuer des
dépassements d’horaires (52,4%).
Près d’un répondeur sur trois rapportaient un arrêt de travail (28,9%) ou des difficultés au cours
de l’année passée (28,0%).
VARIABLES
N
%
OPEX
oui
non
AGE
< 30
30-39
>40
117 23,1
187 37
202 39,9
SEXE
homme
femme
STATUT MARITAL
célibataire
en couple, marié, PACS
célibataire géographique
divorcé ou séparé
ARME
Armée de l'Air
Armée de Terre
Gendarmerie
Marine
SSA (1)
SCA (2) et DGA (3)
GRADE
Militaire du rang
Sous-officier
Officier
321 65,2
171 34,8
108 21,3
323 63,7
62 12,2
14 2,8
84
96
128
103
72
25
16,5
18,9
25,2
20,3
14,2
4,9
54 10,9
283 57,2
158 31,9
126 25,8
363 74,2
MUTATION
oui
non
HORAIRES IRREGULIERS
oui
non
DEPASSEMENT HORAIRES
jamais
occasionnel
>1fois/mois
>1fois/semaine
TEMPS DE TRAJET >1h30
oui
non
120 24,2
375 75,8
268 54,2
226 45,7
25
5
178 35,5
36 7,2
263 52,4
91 18,3
406 81,7
ARRET DE TRAVAIL
oui
141 28,9
non
346 71,1
DIFFICULTES AU COURS DE L'ANNEE PASSEE
oui
143 28
non
367 72
Tableau 1. Descriptif de la population.
(1) SSA = Service de Santé des Armées, (2) SCA = Service des Commissariats aux Armées, (3)
DGA = Direction générale de l'Armement
3.1.2 Données descriptives du sommeil
Sur les 489 sujets ayant répondu à la question, le nombre d'heures de sommeil en
semaine était en moyenne de 7,2 heures (±1h) allant de 3,3 h à 11 h et le nombre d'heures de
sommeil en week-end (soit temps nécessaire de sommeil) était de 8,5 heures (±1, dispersion
2,5 – 13 h). Sur 485 répondeurs, 205 personnes présentaient une dette de sommeil en semaine
35
(>1h30 ) (42,3 % [ IC 95% 37,8-46,8]) ; 48 avaient une durée de sommeil inférieure à 6 heures,
pouvant être qualifiés de "petits dormeurs" (durée de sommeil > 6h) ( 9,9% [ IC 95% 7,212,6]) et parmi ceux-ci, 60% présentaient une dette de sommeil > 1h30 versus 40% dans ceux
qui dormaient 6h ou plus (p<0,01).
3.1.3 Données médicales
Au total, 101 personnes déclaraient avoir des problèmes médicaux (19,8%),
principalement dominé par des troubles ostéo-articulaires (33 sujets) (Tableau 2 ).
Tableau 2. Répartition des problèmes médicaux dans la population ( sur 101 personnes)
Pathologie
Effectif
Pathologie
Effectif
Ostéo-articulaire
33
Gynécologique
4
Cardio-vasculaire
13
Digestive
4
Psychiatrique
10
Cutanée
3
Endocrinienne
10
Cancer
3
Neurologique
10
ORL - Oeil
2
Respiratoire
9
La plupart des sujets présentaient un indice de masse corporel normal (n=295), 31,2% étaient
en surpoids et 6,6% étaient obèses.
36
100
90
80
Proportion
70
59,4
60
50
40
31,2
30
20
10
6,6
2,8
0
Maigre (IMC <19)
(n=14)
Normal (IMC 19-25)
(n=295)
Surpoids (IMC 25-30)
(n=155)
Obèse (IMC >30)
(n=33)
Catégorie de masse corporelle
Figure 4. Indice de masse corporel dans la population étudiée
Parmi les 163 sujets qui déclarent avoir des troubles du sommeil, seuls 37 sujets
rapportaient une cause identifiée et prise en charge (18 pour trouble anxieux ou psychiatrique,
4 pour syndrome d'apnée du sommeil, 2 pour reflux gastro-oesophagien, bouffées de chaleur, 1
pour épilepsie, narcolepsie, impatience des membres inférieurs, dysthyroïdie, douleurs
sciatiques, prurit, ronflement) et 34 non.
Parmi ces 34 sujets dont aucune cause a été retrouvée, 14 ont bénéficié d'une prise en
charge (dont 8 d'un traitement, 5 d'un bilan de sommeil et 1 d'une prise en charge
psychologique)
3.2 Prévalence des troubles du sommeil et mise en évidence de
leur répercussion diurne.
3.2.1 Prévalence des troubles du sommeil : Insomnies et
Hypersomnies
L'existence de troubles du sommeil (hypersomnie, insomnie et insomnie sévère) a été
rapportée par 60 personnes : 48 hypersomniaques, 12 insomniaques dont 3 sévères. La
prévalence des troubles du sommeil (hypersomnie et insomnie) pour l'échantillon était de
37
11,8% [ IC 95% : 9,1-14,9] et isolement celle des insomnies était de 2,4% [IC 95% ; 1,2-4,1].
Parmi les personnes interrogées, 135 personnes présentaient une difficulté à
l'endormissement (temps entre l'extinction de la lumière et l'endormissement supérieur à 30
min) (26,5% [ IC
95%
22,7-30,5]. 69 personnes déclaraient se réveiller dans la nuit plus de 2
fois par semaine (13,8%) et 283 (56,5%) 1 à 2 fois par semaine. Les trois causes les plus
fréquentes de réveil étaient l'envie d'uriner (26%), les enfants (22,4%) et le bruit (21,2%).
Les plus représentés étaient les brulûres d'estomac, les cauchemars, les angoisses et
idées noires, la sensation d'apnée et la difficulté à l'endormissement. Ceux-ci étaient liés au
RGO, à l'anxio-dépression et au syndrôme d'apnée du sommeil. (Figure 5)
Chez les hypersomniaques, 20,8% dormaient moins de 6 heures par nuit versus 8%
chez les personnes n'ayant pas de trouble du sommeil (p<0,01). En revanche, il n'y avait pas de
différence concernant la dette de sommeil.
38
Prévalence des troubles du sommeil
11,4
Vous av ez des cauchemars qui v ous empêchent de dormir (p=0,03)
27,3
11,1
Vous av ez des angoisses qui v ous empêchent de dormir (p=0,05)
20,4
11,1
Vous av ez des idées noires qui v ous empêchent de dormir (p=0,06)
20,4
12,8
Vous grincez des dents quand v ous dormez (p=0,17)
5,3
11,4
Vous v ous rév eillez en toussant ou av ec des brûlures d'estomac (p=0,01)
33,3
11,7
13,5
Une f ois rév eillé(e), v ous n'arriv ez plus à v ous endormir (p=NS)
Au moins une fois par
semaine
Rarement ou jamais
11,9
En dormant, il v ous arriv e d'arrêter de respirer plusieurs secondes (p=NS)
18,7
12,1
12
Cela v ous arriv e de ronf ler (p=NS)
11,6
12,9
On v ous f ait remarquer que v ous ronf liez bruy amment (p=NS)
La nuit, v ous v ous êtes déjà endormi au v olant (p=NS)
12,2
11,1
Vous av ez un sommeil agité (p=NS)
11,7
12,2
9,5
Vous v ous rév eillez trop tôt (p=0,02)
16,4
9,8
Vous av ez des dif f icultés à v ous endormir (p=0,01)
18
0
5
10
15
20
25
30
35
Figure 5. Prévalence des troubles du sommeil dans chaque plainte relative au sommeil
39
3.2.2
Retentissement
des
troubles
sur l'activité
diurne:
Hypersomnolence
Symptômes diurnes
On retrouvait une relation significative entre les troubles du sommeil et les symptômes
diurnes tels que l'altération de la mémoire, le trouble de l'humeur ou la modification de l'intérêt
sexuel : 22,3% des personnes déclarant que leur mémoire s'était altérée présentaient des
troubles du sommeil versus 7,9% (p<0,01), 20,3% des personnes déclarant que leur humeur
avait changé versus 8,9% (p<0,01) et 25% des personnes déclarant que leur intérêt ou fonction
sexuelle avait changé versus 8,9% (p<0,01).
Hypersomnolence
Les activités les plus à risque de s’assoupir observées sur l’échelle d’Epworth (ESS)
étaient le fait de s’allonger dans l’après-midi (65%), d’être passager dans une voiture pendant
plus d’une heure (53%) et de regarder la télévision (46,7%). Près de 37 % déclaraient un
risque, au moins faible, de s'assoupir au volant.
Parmi les répondeurs, 148 personnes présentaient une somnolence diurne définie par un
score à l’échelle d'Epworth supérieur à 10 (30,2 % [ IC
95%
26,2-33,1]) et 94 personnes
présentaient une hypersomnolence sévère avec un score de plus de 12 (18,4% [ IC
22,1]. (Figure 6)
95%
15,2-
40
0%
20%
Assis en train de lire
11,7
En regardant la télévision
Passager d'une voiture >1h
15,0
8,3
Assis inactif dans un lieu public
60%
80%
36,7
15,0
46,7
25,0
11,9
100%
36,7
30,0
15,0
1,7
40%
28,3
31,7
33,9
52,5
Forte chance de s'assoupir
Chance moyenne de s'assoupir
Faible chance de s'assoupir
Aucun chance de s'assoupir
Allongé dans l'après-midi
3,3
Assis en train de discuter avec quelqu'un
Assis au calme après un déjeuner sans alcool
5,0
26,7
65,0
20,0
5,0
Au volant d'une voiture immobile quelques minutes
50,0
30,0
10,0
20,0
38,3
63,3
26,7
13,3
5,0
18,3
Figure 6. Résultats des scores à l'Echelle d'EPWORTH en pourcentage sur 432
répondeurs
3.2.3 Apnée du sommeil
Parmi les personnes interrogées, 58 personnes (11,4% [ IC 95% 8,7-14,4]) présentaient
les critères d'apnée du sommeil définis par les réponses positives à au moins une des
propositions suivantes : "Je tombe de sommeil la journée pendant le travail, pendant que
j’écoute la radio ou de la musique, pendant mes trajets ou en regardant la télé", "Ronflezvous ?", "Est-ce que quelqu’un vous a déjà dit que vous ronfliez fort?" .
Chez les hypersomniaques, 72% présentaient une apnée du sommeil.
Parmi les non-somnolents, une apnée du sommeil était retrouvée dans 5% des cas
versus 37% chez les hypersomnolents (p<0,01). En revanche, il n'y a pas de différence
concernant la dette de sommeil.
Les quatre personnes, qui déclaraient avoir été diagnostiquées comme présentant une
apnée du sommeil, ne rentraient pas dans les critères d'apnée du sommeil de cette étude. Les
informations collectées n'ont pas parmis de documenter l'efficacité de la prise en charge de ces
sujets.
41
3.3 Facteurs de risque de troubles du sommeil.
3.3.1 Caractéristiques socio-démographiques
Les femmes présentaient plus de troubles du sommeil : 15,8% versus 9% chez les
hommes (p=0,03). En tendance, les personnes ayant présenté une difficulté (financière,
familiale ou autres) avaient plus souvent des troubles du sommeil (16,1% versus 10,1%
p=0,07)
Cependant, l'âge, le mode de vie (logement personnel ou chambre commune), le statut
marital ou le nombre d'enfants (y compris moins de 4 ans) n'avaient pas de retentissement sur
la présence de troubles du sommeil.
3.3.2 Caractéristiques médicales et habitus
L'étude a montré que 18,3 % des personnes qui consommaient du Coca-Cola®
quotidiennement, rapportaient des troubles du sommeil versus 10,2 % chez les nonconsommateurs (p=0,02). Aucun des 13 consommateurs de boissons énergisantes ne
présentaient de troubles du sommeil (p=0,4). La consommation d'alcool, de caféine, de thé ou
de tabac, ainsi que le poids, la sieste ou l'activité physique n'avaient pas d'influence sur la
présence de troubles du sommeil.
Concernant l'hygiène de sommeil, les personnes déclarant dormir moins de 6 heures par
nuit rapportaient plus de troubles du sommeil que celles dormant plus de 6 heures ( 25% vs
11,1% p=0,01). En revanche, la dette de sommeil supérieure à 1 heure 30 n'impliquait pas plus
de troubles du sommeil.
Seules les causes respiratoires (asthme, allergie, tuberculose, apnée du sommeil,
bronchite chronique) avaient une influence sur les troubles du sommeil: 33,3% versus 10,9%
(p=0,05) (Tableau 3). Les causes médicales cardio-vasculaires, respiratoires, ostéo-articulaires,
endocriniennes, neurologiques, psychiatriques et tout antécédent lié à un problème de sommeil
ont été retenues pour l’analyse multivariée des variables santé. Les causes digestives, cutanées,
néoplasiques, gynécologiques, oto-rhino-laryngologiques, ophtalmiques n'ont pas été retenues
du fait du trop faible effectif.
42
A l’issue de l’étape pas à pas descendante, la seule variable montrant significativement
un lien avec les troubles du sommeil était le fait d'avoir déjà présenté un trouble du sommeil
avec un odd-ratio à 2,96 [ IC 95% : 1,4-6,24]. Les autres variables ne pouvaient être interprétées
car tous les intervalles de confiance comprenaient 1.
Tableau 3. Variables "santé" (*ajustées sur l'âge, le genre, l'armée, le grade et le temps de
sommeil)
Troubles du sommeil
Analyse univariée
Analyse ajustée *
Oui
OR
OR
Effectifs
Variable
Non
IC
95% p
n
%
n
%
Non 380
42
11,1
338
88,9
1,00
1,00
Oui
3
23,1
10
76,9
2,41 0,64 9,12 0,19
2,09
Non 384
42
10,9
342
89,1
1,00
1,00
Oui
3
33,3
6
66,7
4,07 0,98 16,9 0,05
3,90
Non 360
40
11,1
320
88,9
1,00
1,00
Oui
5
15,2
28
84,8
1,43 0,52 3,91 0,49
1,52
Non 383
44
11,5
339
88,5
1,00
1,00
Oui
1
10,0
9
90,0
0,86 0,11 6,92 0,88
0,79
Non 383
42
11,0
341
89,0
1,00
1,00
Oui
3
30,0
7
70,0
3,47 0,87 14
Non 383
42
11,0
341
89,0
1,00
Oui
3
30,0
7
70,0
3,47 0,87 14
IC
95% P
Cardiovasculaire
13
0,48 9,19 0,33
Respiratoire
9
0,93 18,3 0,09
Ostéo-articulaire
33
0,5
4,62 0,46
Endocrinien
10
0,09 6,97 0,83
Neurologique
10
0,08
3,48
0,76 15,9 0,11
Psychiatrique
10
1,00
0,08
3,78
0,78 18,3 0,09
Antécédent lié à un problème de sommeil
Non 315
28
8,9
387
93,3
1,00
1,00
Oui
17
21,8
61
78,2
2,86 1,47 5,54 0,01
2,96
78
1,4
6,24 0,01
3.3.3 Caractéristiques professionnelles
Concernant le type d'affectation, la tendance montrait que les personnes travaillant en
hôpital, en CMA, vétérinaire ou chercheur, présentaient plus de troubles du sommeil que les
43
personnes en unité opérationnelle, en état-major, administration, service de soutien,
informatique, ministère, ou en école, école de guerre, formation, études, DGA, cercle-mixte,
musique ou centre de recrutement. (p= 0,06).
Concernant les entités militaires d'appartenance, les personnels du SSA étaient les plus
sujets à des troubles du sommeil, puis ceux de la DGA ou les Commissariats aux Armées et de
la Gendarmerie, et enfin la Marine, l'Armée de l'Air et l'Armée de Terre. (p= 0,02). (Figure 7)
Type d'affectation
(p=0,06)
Hopital, CMA, vétérinaire, recherche
19,7
unité opérationnelle
14,3
état major, administration, services de soutien,, informatique, ministère
9,3
école formation, études, DGA, cercle mixte, musique, COMAR
8,3
0
Armée d'appartenance (p=0,02)
SSA
20,8
DGA-Commissariats
16
Gendarmerie
14,8
Marine
10,6
Armée de l'Air
7,1
Armée de Terre
Horaires de travail identique chaque jour
(p=0,09)
5,2
0
Non
14,1
Oui
9,3
0
Mutation dans l'année (p=0,16)
Non
13
Oui
8,3
0
OPEX dans l'année (p=0,18)
Non
Oui
13,2
8,7
Figure 7. Prévalence (%) des troubles du sommeil selon les facteurs socio-professionnels.
Cependant, le grade, même pondéré à l'âge, n'avait pas d'influence sur les troubles du
sommeil, de même que la sédentarité, les déplacements hebdomadaires ou le temps de trajet
quotidien.
En tendance, les personnes déclarant ne pas avoir les mêmes horaires de travail tous les
jours rapportaient plus souvent des troubles du sommeil. En revanche, le dépassement des
horaires de travail, le régime horaire de travail ou le nombre de nuits ou de week-ends étaient
44
sans influence sur les troubles du sommeil.
Les personnes n'ayant pas fait l'objet, dans l'année, de mutation ou d'OPEX auraient
plus tendance à avoir des troubles du sommeil (p=0,16).
Les personnes déclarant avoir posé un ou plusieurs jours d'arrêt de travail auraient plus
souvent des troubles du sommeil (10,1% versus 15,6%, p=0,09). Aucune différence
significative concernant le nombre de jours posés n'était retrouvée.
Les variables suivantes: âge, genre, statut matrimonial, armée, grade, la présence
d'évènements graves, d'une OPEX, d'une mutation ou d'un arrêt de travail dans l'année
précédente, des horaires de travail identiques tous les jours, une dette de sommeil supérieure à
1 heure 30, un temps de sommeil inférieur à six heures et un trajet quotidien de plus de 1 heure
30, ont été retenues pour l’analyse multivariée.
A l’issue de l’étape pas à pas descendante, seules les variables suivantes ont été
associées à la présence d’un trouble du sommeil : (Tableau 4)

l’âge avec un odd-ratio (OR) de 1,52 pour les 30-39 ans par rapport aux moins de 30
ans et un risque de 3,04 pour les 40 ans et plus,

le genre avec un OR de 2,1 pour femmes par rapport aux hommes,

l'arme d'appartenance avec un OR de 1,89 pour l'Armée de l'Air par rapport à l'Armée
de Terre et un risque de 5 pour la Gendarmerie, 5,31 pour la Marine, 7,45 pour le SSA
et 13,14 pour la DGA et le SCA,

le grade avec un OR de 1,47 pour les sous-officiers par rapport aux officiers et un
risque de 5,93 pour les militaires du rang,

le temps de sommeil inférieur à 6 heures avec un OR de 3,04 pour les petits dormeurs
par rapport aux dormeurs normaux.
Aucune interaction significative n’a été retrouvée. Le test d’adéquation du modèle
n’était pas significatif (p=0,11), ne permettant pas de mettre en évidence une absence
d’adéquation du modèle.
45
Tableau 4. Analyse multivariée
N
Variable
Troubles du sommeil
Oui
Non
n %
n
%
Age
<30
82
10 12,2
72
30-39
150
14 9,3
136
>= 40
161
21 13,0
140
Genre
Homme
252
24 9,5
228
Femme
141
21 14,9
120
Statut matrimonial
En couple
249
26 10,4
223
Célibataire
82
12 14,6
70
Célibataire
géographique
51
6 11,8
45
Autre
11
1 9,1
10
Événements graves (difficultés)
Non
280
29 10,4
251
Oui
113
16 14,2
97
Armée
Armée de terre
78
3 3,8
75
Armée de l'air
70
5 7,1
65
Gendarmerie
88
12 13,6
76
Marine
77
10 13,0
67
SSA
60
11 18,3
49
Autre
20
4 20,0
16
Grade
Officier
131
12 9,2
119
Sous-officier
223
25 11,2
198
Militaire du rang
39
8 20,5
31
Opération extérieure dans les 12 derniers mois
Non
293
38 13,0
255
Oui
100
7 7,0
93
Mutation dans les 12 derniers mois
Non
298
38 12,8
260
Oui
95
7 7,4
88
Horaires identiques tous les jours
Non
179
25 14,0
154
Oui
214
20 9,3
194
Arrêt de travail dans les 12 derniers mois
Non
277
28 10,1
249
Oui
116
17 14,7
99
Dette de sommeil de plus d'1h30
Non
225
28 12,4
197
Oui
168
17 10,1
151
Temps de sommeil < 6 h
Non
352
35 9,9
317
Oui
41
10 24,4
31
Trajet de plus d'1h30
Non
319
39 12,2
280
Oui
74
6 8,1
68
Analyse univariée
OR
IC
95%
p
Analyse ajustée *
OR
IC
95%
0,58
87,8
90,7
87,0
1,00
0,74
1,08
90,5
85,1
0,07
0,31 1,75
0,48 2,42
1,00
1,52
3,04
0,54 4,27
1,04 8,89
0,00
1,66
0,98 3,11
1,00
2,10
1,00 4,44
89,6
85,4
1,00
1,47
0,71 3,07
1,00
-
88,2
90,9
1,14
0,86
0,45 2,94
0,11 6,97
-
89,6
85,8
1,00
1,43
0,74 2,75
96,2
92,9
86,4
87,0
81,7
80,0
1,00
1,92
3,95
3,73
5,61
6,25
90,8
88,8
79,5
1,00
1,25
2,56
0,61 2,58
0,96 6,81
87,0
93,0
1,00
0,50
0,22 1,17
0,11
1,00
-
87,2
92,6
1,00
0,54
0,23 1,26
0,16
1,00
-
86,0
90,7
1,00
0,63
0,34 1,19
0,15
1,00
-
89,9
85,3
1,00
1,53
0,80 2,91
0,2
1,00
-
87,6
89,9
1,00
0,79
0,42 1,50
0,47
1,00
-
90,1
75,6
1,00
2,92
1,32 6,46
0,01
1,00
3,04
87,8
91,9
1,00
0,63
0,26 1,56
0,32
1,00
-
0,44
1,07
0,99
1,49
1,27
0,11
0,77
0,29
0,09
0,05
1,00
0,02
1,00
1,89
5,00
5,31
7,45
13,10
8,36
14,50
14,10
21,10
30,70
p
0,41
1,25
1,33
1,89
2,31
8,76
20,00
21,20
30,30
74,79
0,15
0,03
1,00
1,47
5,93
0,60 3,58
1,55 22,60
1,3
7,09
0,01
46
3.3.4 Lien entre troubles du sommeil et bien-être au travail:
Le ressenti des personnes sur leur bien-être au travail ou leur état de santé était relié à la
présence de troubles du sommeil. Ainsi, les personnes qui ont rapporté un défaut de bien-être
au travail ou un mauvais état de santé, présentaient bien plus de troubles du sommeil que les
personnes ayant répondu positivement. (Figure 8)
Il en est de même pour l'influence du travail sur la santé; cependant, il n'y avait pas de
différence significative par rapport à l'année précédente.
Proportion
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Bien être au travail ressenti (p<0,01)
Excellent
8,9
Bon
8,9
Passable
15,1
Mauvais
32,3
Influence du travail sur la santé estimée (p=0,03)
Oui en mieux
5,8
9,8
Non
16,8
Oui en moins bien
Etat de santé ressenti (p<0,01)
Excellent
Bon
Passable
1,2
12,4
19,4
Mauvais
37,5
Figure 8. Lien entre le ressenti des personnes et les troubles du sommeil. (Pourcentage de
personnes présentant des troubles du sommeil dans chaque réponse.)
47
3.4 Description de l'impact de l'intervention
3.4.1 Impact sur la prise de conscience des troubles du sommeil
Avant de répondre au questionnaire, 9,4% (32/339) des personnes déclaraient ne pas
avoir de troubles du sommeil alors que le questionnaire révélait des troubles du sommeil et
17,1% (28/163) des personnes qui déclaraient en avoir en avaient réellement (p=0,012). Huit
des personnes qui déclaraient, en début de questionnaire, ne pas avoir de troubles du sommeil
alors que l'étude de leurs réponses montrait qu'elles en avaient, déclaraient en avoir à l'issue du
questionnaire. Par ailleurs, deux des personnes qui déclaraient avoir des troubles du sommeil
en début de questionnaire et qui en avaient réellement, déclaraient ne plus en avoir en fin de
questionnaire (p<0,01).
Parmis les 159 répondeurs déclarant présenter des troubles du sommeil, la moyenne de
cotation de l'EVA "cause personnelle ou professionnelle" était de 5,7 allant de 0 à 10, signifiant
une tendance à rapporter plus souvent ces troubles à une cause professionnelle que personnelle.
Ce phénomène était amplifié chez les personnes qui présentaient des troubles objectivés du
sommeil, la moyenne était de 6,5 avec un score allant de 0,2 à 10 . Ainsi l'influence de la vie
professionnelle était associée majoritairement aux troubles du sommeil d'autant plus lorsqu'ils
étaient objectivés.
3.4.2 Impact sur la déclaration au médecin
Sur 496 répondeurs, 170 déclaraient avoir pour médecin habituel leur médecin d'unité
(34,3%).
Parmi les 163 personnes déclarant avoir un trouble du sommeil, 36% seulement avaient
évoqué à leur médecin leurs troubles du sommeil (sans différence significative entre troubles
objectivés ou non), la majorité (82%) estimant cela "peu important".
3.4.3 Impact sur la demande de formation
Sur 421 personnes ayant répondu à la question, seulement 22 sujets (5,2%) rapportaient
avoir déjà reçu une formation sur la gestion du sommeil, et sur 417, 164 (39,3%) exprimaient
le souhait de recevoir une formation pour apprendre à mieux gérer son sommeil.
48
QUATRIÈME PARTIE: DISCUSSION
4.1 Synthèse et discussion des principaux résultats
Notre travail permet d’évaluer pour la première fois la prévalence des troubles du
sommeil chez les militaires français. Celle-ci est élevée (11 %) et associée à une prévalence
importante de l’hypersomnolence diurne (30,2 %) et de l’hypersomnie (9 %). Nous avons
également mis en évidence des facteurs de risque de troubles du sommeil (durée de sommeil <
6 h, antécédents de pathologie du sommeil, sexe féminin, appartenance à certaines forces
armées ou services, grade…) qui peuvent aider pour leur détection au cours de la visite
systématique et la détermination de contre-mesures.
4.1.1 Insomnie, hypersomnie et hypersomnolence.
Dans cette étude, nous montrons une prévalence de 2,4 % pour l’insomnie. Cette
prévalence est très inférieure à celle observée dans la population française avec un
questionnaire identique (19%) (67) et chez des travailleurs de la RATP (26%) (66). L'enquête
baromètre santé de 2010 retrouvait une prévalence à 15,8 % pour l’insomnie chronique chez
les 15-85 ans (14, 29) à 6,6 % en utilisant les critères du DSM IV. Cette prévalence, plus faible,
peut être en partie expliquée par l’âge de notre population (moyenne de 37 ans), la prévalence
de l’insomnie augmentant avec l’âge (14). Ce résultat est identique à celui observé chez des
militaires (32).
La prévalence de l’hypersomnie est de 9%. Avec un questionnaire identique, Léger et
coll. (66) ont observé des résultats comparables chez des employés de la RATP (11%) et
supérieurs chez ceux travaillant habituellement en sous-sol et non exposés à la lumière
(15,5%). L’hypersomnie est associée à une augmentation du risque d’accident (11). Ce résultat
est également comparable à celui observé chez des marins, 7,9 % (avec 6 % chez les
personnels navigant et 10,8 % chez les techniciens) (32).
49
Dans notre travail, une hypersomnolence diurne (ESS > 10) est observée dans 30,2 %
des cas et la prévalence de l’hypersomnolence diurne sévère est de 18,4 % (ESS>12). Ces
résultats sont supérieurs à ceux habituellement observés dans la population générale. En effet,
dans la population générale, la prévalence de la somnolence diurne excessive est proche de
celle de l’insomnie, soit environ entre 17 et 20 % de la population générale (67,88).
La récente enquête de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (40) réalisée sur
un échantillon représentatif de la population française adulte de 1020 personnes, observe 19 %
d’hypersomnolence (score ESS > 10). Cette proportion est comparable aux enquêtes
antérieures en 2004 et 2005 avec environ 17 % de score ESS > 10 (16) ou à des études
réalisées sur un échantillon de conducteurs routiers (105) avec 20 % de score ESS > 10.
Cependant, la prévalence observée dans notre travail était comparable à celle des
patients présentant un trouble du sommeil (55) ou chez les travailleurs postés (entre 13,7 et
15% d’ESS > 12 et entre 22 et 25 % d’ESS > 10 (66), ou les personnels navigants civils de
moyen et long-courriers (28). Dans une étude réalisée en 2011 chez des marins, Coroenne (32)
a observé une prévalence également similaire avec 32,7 % d’hypersomnolence diurne (ESS >
10) et 18,4 % d’ hypersomnolence diurne sévère (ESS > 12). Dans notre étude, 23,3 %
reconnaissent une chance, moyenne ou forte, de s'assoupir au volant d’une voiture. En 2007,
George a effectué une revue de littérature sur 10 autres études portant sur le risque d'accident
de la route chez les patients présentant un syndrome d'apnée du sommeil. Ces patients, du fait
de leur somnolence, présentent un risque accru d'accident avec un odd-ratio variant de 1,9 à 3,8
en fonction des études (46).
La prévalence de l’apnée du sommeil (11,4 %) dans notre étude était supérieure à celle
observée par Coroenne en 2011 chez des personnels de l’aéronavale (6,1 % pour les pilotes et
8,8 % pour les techniciens) (32) et également supérieure à celle observée dans la population
française : 4,20 % d’une population jeune active et en bonne santé (97) et chez les militaires
(7).
4.1.2 Facteurs de risques
Dans notre travail, nous avons pu identifier plusieurs facteurs de risque de troubles du
sommeil.
50
L’influence du sexe féminin a déjà été décrite (13, 29, 68).
Nous observons un lien avec l'âge supérieur à 40 ans alors que dans l'étude baromètre
INPES (13), c'était l'âge supérieur à 55 ans, et plus de 65 ans pour l’étude de la prévalence de
l'insomnie de Léger (68). Ce résultat, qui peut paraître surprenant, est comparable à celui
observé dans la population générale dans l'enquête InVS de 2011 (40). Dans cette étude, la
proportion d’hypersomnolence est la plus forte (25%) chez les 25-44 et chez les 45-54ans.
Cette proportion diminue après 55 ans. Cela est peut-être la conséquence de l’effet délétère de
la vie active sur le sommeil. Chez les personnels navigants, Caubet et coll. (28) ne retrouvent, à
leur grande surprise, aucune corrélation significative avec l’âge ou l’expérience aéronautique.
Coroenne (32) retrouve une prévalence plus forte chez des militaires français âgés entre 25 et
35 ans.
L’effet de l’armée d'appartenance et/ou du grade n’ont pas été décrits ou observés
précédemment (32), mais nous avons un faible effectif de militaires du rang dans cette étude en
comparaison avec l'effectif dans les Armées.
Le temps de sommeil inférieur à 6 heures et la dette chronique de sommeil sont des
facteurs de risque de troubles du sommeil déjà retrouvés dans différentes études (94, 105), en
particulier dans l'étude sur le manque de sommeil de 2011, réalisée sur 1004 jeunes adultes
(25-45 ans) (69). Dans notre étude, le temps de sommeil moyen (7,2 heures en semaine) était
comparable à celui observé dans la population générale selon l'enquête INVS/MGEN de
janvier 2011 (7,4 heures environ) (40). Par contre, la proportion de personnels dormant moins
de 6 heures par nuit (9,9 % seulement de notre population) était très inférieure à la proportion
observée dans la population française générale (entre 20 et 30 %- selon cette même enquête).
Les principales causes de diminution du temps de sommeil observées dans d’autres études sont
classiquement l’utilisation de la télévision et d’Internet qui altèrent la qualité du sommeil et
favorisent l’éveil (40), mais ces facteurs n'ont pas été étudiés dans notre étude.
Cependant, contrairement aux résultats de la littérature, les horaires de travail (10, 76),
le temps de trajet (12) ne semblait pas avoir d'influence sur le sommeil dans notre étude et,
contrairement à plusieurs études américaines (83, 108), nous n’avons pas non plus mis en
évidence de lien entre la participation à une opération extérieure dans l’année et un trouble du
sommeil, ce qui confirme les résultats de Coroenne chez des militaires français (32).
51
4.1.3 Retentissement sur la santé
On retrouvait 11,4 % de personnes présentant des symptômes d'apnée du sommeil. Ce
résultat était plus important que celui retrouvé dans l'étude sur l'apnée du sommeil publié dans
le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de novembre 2012, soit 3 à 7 % chez les hommes et
2 à 5 % chez les hommes (43).
De plus, à l'issue de l'analyse multivariée, on ne retrouvait pas de pathologie organique
influençant les troubles du sommeil, le seul antécédent ayant une influence étant un précédent
de troubles du sommeil. Les données ESPS de 2008 retrouvaient une corrélation entre les
troubles du sommeil et les douleurs chroniques, les troubles coronariens, l'hypertension et les
troubles métaboliques tels que l'obésité et le diabète (14).
Chez le militaire, la seule étiologie organique associée aux troubles du sommeil était
une pathologie spécifique. Du fait de leur âge et de leur sélection médicale, les militaires
présentent peu de pathologies favorisant un trouble du sommeil. Les troubles du sommeil chez
le militaire sont donc liés à leur activité professionnelle (travail de nuit, mission…..). C’est
d’ailleurs pour cela que la prévalence de l’hypersomnie chez les militaires est identique à celle
observée dans les populations de travailleurs de nuit. La prise en charge des troubles du
sommeil chez le militaire consisterait principalement à renforcer l’hygiène du sommeil.
L'objectif de ces campagnes d’hygiène du sommeil serait de faire diminuer cette
proportion de « petits dormeurs ». En effet, Matthew et coll. ont montré que dormir moins de 6
heures dans les 24 heures précédant le vol est associé à une dégradation des performances
opérationnelles et une augmentation du nombre d’erreurs sur une population de personnels
navigants de l’aviation civile (74). A moyen et long termes, plusieurs études ont clairement
établi un lien entre la faible quantité de sommeil et l’augmentation du risque d’obésité (44) et
de diabète (51) qui devient 2,5 fois plus important par rapport à ceux qui dorment plus de 7
heures.
La littérature retrouvait un lien avec la consommation d'alcool, de tabac et de boissons
énergisantes que nous ne retrouvons pas dans cette étude (14,114).
52
4.1.4 Retentissement sur le travail
On retrouvait, comme dans la littérature, une tendance à poser plus de jours d'arrêt de
travail. Metlaine et Prévot annonçaient que " l'insomnie est le facteur prédictif de
l'absentéisme" (76), de même que Philip et al., qui retrouvait déjà une association positive entre
somnolence diurne et absentéisme (OR=2,2 [IC 95%: 13-3,8]) (96). Léger estime que 88 % du
coût indirect de l'insomnie en France est à la charge de l'employeur, du fait de l'asbsentéisme
ou des accidents de travail secondaires à une insomnie (84).
Dans notre étude, 17 % des militaires interrogés estiment que leur travail influence leur
santé en moins bien et la littérature retrouve 20% des insomniaques pour qui la cause de leur
trouble est professionnelle (12). Cependant, ils différencient un gradient homme-femme où les
hommes évoquent plutôt l'origine professionnelle et les femmes l'origine familiale. Nous
n'avons pu faire cette différence du fait du trop faible effectif.
Enfin concernant la relation entre les troubles du sommeil et le bien-être ressenti ou le
bien-être au travail, on retrouve un relation très significative entre ces deux questions. Mais
cela n'a pas été étudié dans la littérature.
4.1.5 Relation avec le médecin
En ce qui concerne le recours aux soins, 36 % seulement des sujets présentant des
troubles du sommeil en avaient parlé à leur médecin et la majorité estimait cela "peu
important". Ce résultat rejoint ceux précédemment publiés. En effet, une étude a rapporté que
53 % des insomniaques sévères déclaraient avoir déjà consulté un médecin pour leur insomnie,
mais seulement 18 % des insomniaques simples. Parmi ceux-ci, 47 % ont profité d'une
consultation pour parler de leur problème de sommeil sans consulter spécifiquement pour
celui-ci (65).
4.2 Pertinence de l'étude et de la méthodologie.
En se basant sur l'auto-évaluation par questionnaire reconnue comme fiable (70), cette
étude a permis d'étudier la prévalence des troubles du sommeil sur une population de militaires.
L'originalité de cette étude était d'utiliser une population sans critère de risque particulier et
53
sans plainte formulée.
La sélection des centres étudiés a été réalisée dans un souci pratique en région
parisienne et a été répartie sur les cinq entités militaires mais sans tenir compte de la proportion
de ces entités dans la population militaire française. Il y a donc des différences concernant le
pourcentage de représentativité de chaque entité. Une pondération des troubles du sommeil sur
la population militaire fançaise (effectifs 2012) a été réalisée, mais les résultats n'étaient pas
significatifs du fait de la différence de proportion des différentes entités militaires dans l'étude
en comparaison avec les effectifs nationaux. De surcroît, les effectifs exacts par catégorie pour
l’Ile de France n'étant pas disponibles, la pondération n'a pu être réalisée pour estimer la
fréquence dans la population source. Seuls les effectifs globaux selon l’armée, le sexe et l'âge
étaient disponibles, mais la répartition de l’échantillon était trop différente de l’ensemble des
forces armées.
De plus, le caserne de Gendarmerie étudié était le quartier des Céléstins qui est
constitué en majorité de gendarmes de la Garde Républicaine. Ces gendarmes sont une
population plus jeune que l'ensemble du personnel de la Gendarmerie Nationale. En revanche,
les antennes de la Pépinière, de l'Ecole Militaire et de Balard voient majoritairement dans leur
population des personnes travaillant en état-major, ce qui constitue une population en moyenne
plus âgée que la population nationale des militaires de la Marine, l'Armée de Terre ou de l'Air.
L'effectif de l'étude, bien que suffisant pour l'étude de la prévalence des troubles du
sommeil, rendait cependant certains résultats difficilement interprétables. Certaines souscatégories avaient notamment un effectif trop petit.
4.3 Problématiques connexes.
Dans notre travail, nous n’avons pas pu abordé la question des anciens fumeurs et du
temps de sieste, qui auraient une influence sur les troubles du sommeil (14). De plus, nous
connaissons l'influence importante de la lumière sur le rythme circadien, mais cette
problématique a été peu explorée dans cette étude. Le nombre de questions a été limité pour
favoriser l'adhésion des participants à l'étude.
La question des hypnotiques n'a pas été abordée directement et l'on a constaté qu'aucun
militaire n'en consommait hors du cadre d'une pathologie psychiatrique traitée. Cependant,
54
dans la population française, 10 % de la population en consomme de façon régulière (65). Cette
différence pourrait être expliquée par la forte proportion d'hommes dans notre population et la
nécessité, pour le militaire, d'être opérationnel "en tout lieu et en tout temps".
4.4 Perspectives
Les troubles du sommeil sont fortement corrélés au ressenti global de l'état de santé, à
la sensation de changement de l'humeur, de la mémoire ou de la fonction et intérêt de la
fonction sexuelle, ce qui pourrait constituer une piste d'interrogatoire pour la détection précoce
des troubles du sommeil.
Nous avons mis en évidence une relation importante entre la présence de troubles du
sommeil et le ressenti des personnes sur leur état de santé ou leur bien-être au travail. A partir
de ce constat, les réponses aux questions abordant le ressenti des personnes sur leur état de
santé ou leur bien-être au travail pourraient être utilisées comme un outil de diagnostic précoce
ou au moins de mise en garde concernant la personne qui répondrait " médiocre" à l'une de ces
deux questions.
Dans la littérature, il est relaté une sous-estimation et une sous-déclaration des troubles
du sommeil. De plus, les personnes interrogées incriminent en majorité l'origine
professionnelle de leurs maux.
De ce fait et constatant aussi un manque d'information sur le sujet, il serait important
pour le médecin d'unité et pour la hiérarchie, de mettre en place d'une information et /ou d'une
formation systématique sur le sujet à tous les militaires. En effet, dans notre étude, seuls 5,2%
des sujets avaient reçu une formation sur la gestion du sommeil et 39,3% avaient exprimé le
souhait de recevoir une formation pour apprendre à mieux gérér leur sommeil.
Une formation à l'hygiène du sommeil permettrait de prévenir ou de détecter des
troubles plus précocement. Au niveau du médecin d'unité, la formation et l'information sur les
troubles du sommeil devraient donc devenir une priorité. La prévention primaire avec la
formation à l'hygiène du sommeil et la collaboration avec la hiérarchie concernant
l'environnement professionnel, permettrait d’éviter l'apparition des troubles. Cette information
permettrait peut-être une consultation à un stade plus précoce et donc de prendre en charge un
trouble du sommeil avant qu'il n'ait trop de répercussions diurnes.
55
On peut envisager, pour lutter contre cette somnolence diurne excessive, différentes
contre-mesures :
 la mise en place ou le respect de la réglementation en vigueur dans le cadre des
professions à risques (horaires décalés, privation de sommeil,..), notamment la
récupération, ou l'instauration de moments de siestes récupératrices (92,117) ;
 la formation des personnels sur les règles hygiéno-diététiques de sommeil: des horaires
réguliers, un rituel du coucher, une absence d’exercice physique deux heures avant le
coucher, ni tabac ni café ni autre boisson stimulante dans la soirée, une absence de prise
d’alcool, une pièce confortable calme et obscure, un lever 30 minutes après le réveil
(4).
 l'évaluation régulière par le médecin d'unité, le médecin du travail ou le médecin
traitant de l'état de sommeil et de somnolence des patients.
De plus, des études américaines décrivent une relation forte entre les troubles du
sommeil et l'état de stress post-traumatique (102). L'état de stress post-traumatique est
considéré comme un facteur de risque d'insomnie. Il serait donc aussi important de surveiller
plus spécifquement les militaires au retour d'intervention pour surveiller l'apparition de troubles
du sommeil et/ou d'un état de syndrome de stress post-traumatique.
Dans notre étude, la faible consommation d'hypnotiques pourrait être liée au fait que le
nombre d'insomniaques est réduit dans la population étudiée. Lors d'un épisode passager de
troubles du sommeil (endormissements, réveils,... ), la prescription d'hypnotiques pourrait être
indiquée le temps de passer la "mauvaise période" en accord avec les recommandations en
vigueur (102). Il faut souligner que la prise en charge des troubles du sommeil est
pluridisciplinaire et que la place de la thérapie cognitivo-comportementale dans la prise en
charge de l'insomnie n'est plus à démontrer (97,113).
56
CONCLUSION
Dans la population militaire étudiée, exposée à de nombreux facteurs influençant le
sommeil, la prévalence de l'hypersomnie et de l'hypersomnolence diurne était importante, avec
de conséquences diurnes importantes sur la santé, le bien-être et l'aptitude à la conduite. Par
contre, la prévalence de l'insomnie était moins importante que dans la population générale.
Notre travail a permis de décrire pour la première fois les facteurs de risque de troubles du
sommeil dans une population militaire française.
Comme attendu, le recours aux soins est faible. La population étudiée est de petit
effectif et n'est pas représentative de l’ensemble de la population militaire française. Il y aurait
un intérêt à refaire cette étude à plus grande échelle.
Les exigences du métier de militaire impliquent des capacités d’éveil optimales. Le rôle
du médecin d'unité est de s'en assurer. Les militaires en ont conscience puisque la plupart, y
compris ceux qui ne présentent pas de troubles du sommeil, expriment la demande de recevoir
une formation à ce sujet. Une exploration systématique des troubles du sommeil serait
nécessaire dans les armées, ainsi qu'une sensibilisation des praticiens et des militaires et la
proposition des contre-mesures préventives.
Cette étude a permis d’ouvrir une réflexion sur l’utilisation d’un outil de diagnostic
rapide des troubles du sommeil pour le médecin d’unité, basé sur le ressenti du patient.
57
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Annexes:
Annexe 1 : Note d'information accompagnant le questionnaire
Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées
Institut de recherche biomédicale des armées
69 Avenue de Paris – 94163 Saint Mandé Cedex
BP 73 – 91223 Brétigny sur Orge
Tel. 01 43 98 59 49
Tel. 01 69 23 77 60
Questionnaire
Prévalence des troubles du sommeil dans les unités
Madame, Monsieur,
Les activités militaires peuvent induire des altérations du rythme veille/sommeil qui diminuent la
performance et la vigilance des personnels . Cela peut avoir un impact important sur leur capacités et
leur disponibilité au travail.
Dans ce cadre, l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) et le Centre d’épidémiologie et
de santé publique des armées (CESPA) réalisent une enquête afin d’évaluer la présence de troubles du
sommeil chez les personnels militaires d'active dans des unités de la région parisienne.
Ce questionnaire est strictement anonyme. L’exploitation des questionnaires sera effectuée de manière
confidentielle par l’IRBA. Vous restez néanmoins libre de ne pas répondre. Votre participation ou non
n’aura pas d’incidence sur la consultation à venir. Toutefois, votre participation est nécessaire pour
garantir les enseignements qui seront tirés de cette enquête.
Nous vous remercions par avance de bien vouloir consacrer quelques minutes pour répondre à ce
questionnaire et de le glisser dans la boite qui se trouve au secrétariat de votre centre médical.
Médecin en chef Catherine VERRET
Médecin principal Fabien SAUVET
CESPA Saint Mandé
IRBA
Brétigny-sur-Orge
En application de l’article 27 de la loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, modifié
67
par la loi 2004-801 du 6 aout 2004, il vous est précisé que vous restez totalement libre de ne pas répondre à cette enquête
68
Annexe 2 : Questionnair
69
70
71
72
Annexe 3 : Critères de diagnostique des troubles du sommeil
(16, 66)
Items utilisés
pour définir un
trouble
du
sommeil
Item A
Question
Réponse
Critères
utilisés
pour définir un
trouble du sommeil
Combien de minutes
vous faut-il pour
vous endormir
Combien de fois
vous réveillez vous
chaque nuit
« Une fois que je suis
réveillé je ne peux
pas me rendormir »
« Après une nuit
normale de sommeil,
je me sens…
Je tombe de sommeil
la journée pendant le
travail, pendant que
j’écoute la radio ou
de
la
musique,
pendant mes trajets
ou en regardant la
télé »
Il semble que ma
mémoire
a
soudainement
empirée
ESS (Epworth)
> 30 minutes
Critère 0
Avez-vous
un
troubledu sommeil
>2
Critère 1
(A ou B) et
(C et D)
Toutes les nuits ou
toutes les semaines
Critère 2
Un peu fatigué
ou
très fatigué
Toutes les jours ou
toutes les semaines
Critère 3
Trouble du sommeil
depuis plus d’un
mois
E ou F
Critère 4
Utilisation régulière
de sédatif
oui
Critère 5
Hypersomnie : E et
G
> 12
Critère 6
Item I
Est-ce que quelqu’un
vous a déjà dit que
vous ronfliez fort
oui
Critère 7
Item H
Ronflez-vous ?
Souvent ou toutes les
nuit
Critère 8
Apnée du sommeil :
E et H et I
Arrêt
de
la
respiration pendant
plusieurs secondes
pendant le sommeil
Insomnie : critère 0
et critère 1 et
(critère 2 ou 3)
Insomnie sévère :
(critère 0 et critère 1
et 3) ou critère 4
Apnée observée et
critère 7 et item E
Item B
Item C
Item D
Item E
Item F
Item G
Critère 9
Critère 10
Critères pour définir les troubles du sommeil basés sur le DSM-IV et ICSD classification
criteria.
Les item A à H sont associés pour évalués les critères les plus commun de troubles du sommeil
(5 à 10).
73
RÉSUMÉ :
Introduction. Les troubles du sommeil touchent plus d'un tiers de la population générale
française et peuvent retentir sur l'activité professionnelle, la vigilance au volant, la qualité de
vie et l'état de santé. Cependant, la prise en charge de ces troubles est faible et souvent tardive.
Les militaires sont particulièrement exposés aux troubles du sommeil notamment du fait
d’horaire de travail atypiques.
Objectifs. L'objectif principal de cette étude était de déterminer la prévalence des troubles du
sommeil dans une population militaire. Les objectifs secondaires sont d’évaluer la proportion
de troubles non prise en charge, leur répercussion diurne et d’identifier des facteurs de risque.
Matériels et méthode. Cette étude, prospective par questionnaire, a été menée sur les
militaires des différentes armées de la Région Parisienne se présentant en visite systématique
annuelle (VSA) entre Janvier et Mars 2013. Les troubles du sommeil, la qualité du sommeil et
la somnolence ont été évalués en utilisant la version française du Sleep disorder questionnaire
et de l’Echelle de somnolence d’Epworth (ESS).
Résultats. 510 questionnaires ont été exploités. La prévalence des troubles du sommeil était de
11,8 %, de l’hypersomnie de 9%, de l’insomnie 2,4% et de signes cliniques d'apnée du
sommeil de 11,4%. Une hypersomnolence diurne (ESS > 10) était observée dans 30,2 % des
cas. Au total, 23,3 % reconnaissent une chance, moyenne ou forte, de s'assoupir au volant
d’une voiture. La prévalence était supérieure chez les sujets présentant une altération de la
mémoire, de troubles de l'humeur, d’une modification de l'interêt sexuel et d’un « mal-être »
ressenti au travail. Les principaux facteurs de risque de troubles du sommeil étaient : une durée
habituelle de sommei inférieure à 6 heures, des antécédents de troubles ou de pathologies du
sommeil, un âge supérieur à 40 ans, le sexe féminin, le statut de militaire du rang et
l'appartenance au Service de Santé, à la Marine ou à la Gendarmerie. Seuls 36% des sujets
présentant un trouble du sommeil en avaient déjà parlé au médecin et 39% exprimaient un
besoin de formation sur le sommeil.
Conclusion. L’hypersomnie et de l’hypersomnolence diurne avaient une prévalence
importante, comparable à celles observées dans les populations en travail posté, avec un fort
retentissement diurne. L’exploration systématique des troubles du sommeil est donc nécessaire
dans cette population, accompagnée d’une sensibilisation des praticiens et des militaires et de
propositions de contre-mesures préventives.
74
ABSTRACT:
Introduction. More than a third of French people shows sleep disorders which may impact
their professional activity, driving attention, life quality and health. Most of the time, these
disorders are under evaluated and treated late. Servicemen are the most exposed to sleep
disorders because of their irregular working hours.
Targets. The main target of this study was to determine the prevalence of sleep disorders in
military people, then evaluate the part of uncared disorders and their daytime impact, and
reveal associated risk factors.
Settings and methods: This prospective study was prospective and questionnary-led between
January and March 2013, including the military people belonging to different services from the
Parisian area, who consulted for the systematic annual medical examination. Sleep disorders,
sleep quality and sleepiness were evaluated with the french version of the Sleep disorder
questionnaire and the Epworth Sleepiness Scale (ESS).
Results: 510 questionnaires were received. The prevalence of sleep disorders was 11,8 %,
hypersomnia 9%, insomnia 2,4% and clinic signs of sleep apnea syndrome 11,4%. 30,2 % of
people suffer from daytime sleepiness (ESS > 10). Finally, 23,3 % admitted that they may fall
asleep while driving. We showed more sleep disorders between people who presented memory
trouble, mood changes, sexual disinterest and unease at work. The main risk factors associated
to sleep disorders were : short sleep duration (under 6 hours), previous sleep disorder, more
than 40 years of age, female gender, basic military status and belonging to the Medical
Corporation, Navy, or to the Gendarmerie. Only 36% of people who suffer from sleep
disorders have referred to their doctor. 39,3 % of those surveyed asked for sleep instructions.
Conclusion: Hypersomnia and daytime sleepiness had the same important prevalence as for
service workers, with a huge impact on their daytime activity. The exploration of sleep
disorders with each military patient would be necessary, with an improvement of military
doctors and people's knowledge and preventives measures.
75
SERMENT D'’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette école, de mes chers condisciples et devant l’effigie
d’Hippocrate, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans
l'exercice de la médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent, et n'exigerai jamais un salaire au-dessus de mon
travail.
Je ne permettrai pas que des considérations de religion, de nation, de race, viennent
s’interposer entre mon devoir et mon patient.
Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe.
Ma langue taira les secrets qui me seront confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les
moeurs, ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que
j’ai reçue de leur père.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses, que je sois couvert
d'opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.
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