L’AVIS REGIONAL Conseil économique, social et environnemental de Bretagne N°51 - Avril 2011 Pouvoirs et démocratie à l’épreuve du changement climatique en Bretagne à l’horizon 2030 Changement climatique, énergies et démocratie locale : des enjeux pour la Bretagne De l'élaboration de l'offre de formation continue à l'insertion professionnelle - Forum « prospective » Pour la concrétisation d’un Réseau Nautique Atlantique Les conditions de succès du développement des énergies marines dans l’arc atlantique © Jean-Luc Dolmaire - Photoalto SOMMAIRE n°51 AVRIL 2011 Edito du Président : 3 Pouvoirs et démocratie à l’épreuve du changement climatique en Bretagne à l’horizon 2030 4 Changement climatique, énergies et démocratie locale : des enjeux pour la Bretagne Forum « Prospective » 12 17 De l'élaboration de l'offre de formation continue à l'insertion professionnelle 32 35 29 Opinion : Anne SAGLIO 34 Les conditions de succès du développement des énergies marines dans l’arc atlantique Dernières parutions Revue d'information du Conseil économique, social et environnemental de Bretagne Directeur de la publication : A. Even Conception/Rédaction : P. Le Foll, M. Reymond, O. Coutand,V. Gicquel, F.Tartarin, J. Cristescu, J. Berel Conception/Réalisation graphique : ARCOM Search © Rennes 2011 Impression : Région Bretagne ISBN 1269 10 97 Pour la concrétisation d’un Réseau Nautique Atlantique C O N S E I L E C O N O M I Q U E , SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL DE BRETAGNE 7, rue du Général Guillaudot - CS 26918 - 35069 RENNES Cedex Tél. : 02 99 87 17 60 • Fax : 02 99 87 17 69 Email : [email protected] Site internet : www.ceser-bretagne.fr EDITO Contribuer collectivement aux grands enjeux régionaux Arrivée à mi mandat en novembre 2010 notre assemblée a tenu à faire le point sur son travail des trois dernières années dans "Sept priorités pour la Bretagne : bilan d'activités 2007-2010". Au delà des avis donnés sur le budget, les grandes orientations stratégiques et l'ensemble des dossiers soumis par le président du Conseil régional, notre Conseil Economique, Social et Environnemental s'est autosaisi à de nombreuses reprises. Ses commissions ont en premier lieu mené leurs réflexions et énoncé des préconisations sur des questions au coeur des compétences de la Région comme le développement économique, l'aménagement du territoire et l'environnement, la formation. Elles se sont aussi emparées de questions de société et de gouvernance dans leurs dimensions régionales. Les sections "Prospective" et "Merlittoral" ont produit leurs contributions originales avec le précieux concours des personnes extérieures. Confronter ses idées Bien que ses travaux s'inscrivent plutôt dans le temps long, le CESER de Bretagne dans sa volonté de s'inscrire dans une démocratie consultative vivante et efficace a souhaité apporter le concours de sa réflexion collective face à la crise financière, économique, sociale et s'inscrire dans le débat sur la réforme territoriale. Convaincue que la consultation publique ne peut se contenter de collecter des opinions mais doit s'enrichir de contributions construites par la confrontation d'idées, notre assemblée a rédigé un cahier d'acteurs dans le cadre du débat public sur "le développement et la régulation des nanotechnologies". Le CESER a également répondu à des sollicitations de la commission européenne sur la réforme de la PAC et sur la"politique maritime intégrée pour le bassin de l'océan atlantique". S’ouvrir Si le CESER est par nature régional il s'inscrit néammoins dans un réseau de relations avec les CESER des régions de la façade atlantique française (ARESE) et européenne (RTA) avec lesquels il a produit des contributions collectives. De même il a pris une part active au sein de l'Assemblée des CESER de France dont j’assure la présidence. Si la deuxième assemblée régionale a avant tout à remplir sa mission de consultation auprès des instances politiques de la région ses avis ont une raisonnance au delà et peuvent recueillir l'écoute de l'Etat en région et des pricipaux acteurs économiques, sociaux et environnementaux. C'est pourquoi la bonne diffusion de ses analyses et préconisations est un véritable enjeu d'où l'élargissement de ses moyens de communication avec les synthèses "horizon(s) Bretagne(s)" et sa lettre électronique d'informations. Enrichir l’action publique et la démocratie Mais nous restons fidèles à “l'Avis régional" qui depuis 1993 est la publication qui diffuse les synthèses de nos travaux et les comptes rendus des forums prospective. Ce numéro 51 est une bonne illustration de nos récentes contributions. Croiser les perspectives d'un changement climatique avec les nécessaires évolutions de la démocratie, c'est replacer la gouvernance locale dans les responsabilités qui sont les siennes. Promouvoir le développement humain durable nécessite des actes publics de régulation depuis le niveau planétaire jusqu'au niveau local en passant par les sous ensembles géopolitiques mondiaux (Europe...) et nationaux. Les accords internationaux sur le changement climatique comme celui de Cancun ne peuvent en soi suffire et la Bretagne ne doit pas se réfugier derrière une moindre vulnérabilité apparente. Si le problème est global, le défi pour les territoires locaux n'en est pas moins réel avec toute la difficulté en ce domaine, comme dans d'autres de concilier le temps court du mandat démocratique et le temps long de la vie et de la nature. Les préconisations de notre Conseil sur les "politiques énergétiques en Bretagne" peuvent être un élément de réponse, d'où l'organisation de ce forum prospective où nous avons voulu associer "changement climatique, énergies et démocratie" dans la contribution des spécialistes et la réflexion collective. Dans une nouvelle approche d’un progrès plus soucieux de la nécessaire permanence des ressources qui permette dans la durée l'accès à une vie décente pour le plus grand nombre, capter l'énergie venue de la mer est un atout pour la Bretagne. L’autosaisine "Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer!" est venue à temps et a très certainement contribué à la prise de conscience régionale sur les opportunités de cette immuable ressource. C'est cette étude du CESER de Bretagne qui a servi de base aux travaux réalisés en coopération au sein du Réseau Transnational Atlantique dont le rapport a eu une forte écoute auprès des autorités européennes. C'est également un projet collaboratif conduit dans la durée avec les CESER de la façade française de l'Atlantique qui a débouché sur la préconisation de la constitution d'un "Réseau Nautique Atlantique" dont les principales propositions ont été reprises en projets d'actions de coopération par les exécutifs des régions concernées, ce qui est une première. "De l'élaboration de l'offre de formation continue à l'insertion professionnelle : l'exemple du programme régional des stages" est une étude de la commission formation qui analyse une action politique au coeur des compétences de la région et renvoie très directement à l’obligation de contribuer par nos avis à l'administration de la région. En des temps où la flexibilité du travail augmente l'égalité d'accès à une formation de qualité et l'individualisation des itinéraires doit permettre de contribuer à la sécurisation des parcours professionnels et de vie. Dans les mois à venir les travaux engagés par nos commissions, sections, groupes de travail vont être soumis à l'approbation de notre assemblée et donner lieu à communication : "Comment optimiser le projet Bretagne à grande vitesse pour le développement des territoires en Bretagne", "Milieux côtiers, ressources marines et société", "Les univers sociaux et culturels des jeunes en Bretagne et leurs engagements dans la vie collective", "Quel mode de développement économique pour la Bretagne de demain ? ", "Appropriation sociale et mise en mise en débat des sciences et technologies en Bretagne à l’horizon 2025", "Enseignements supérieurs et politiques régionales : enjeux et défis", "Comment optimiser les fonds européens en Bretagne ? " Toutes ces contributions de la société civile organisée ont pour ambition de faire entendre la voix des "corps intermédiaires", des "forces vives" en région ; Nous formons le voeu qu'elles permettent par leur participation d'enrichir l'action publique et notre vie démocratique en région Bretagne. Alain EVEN Président du CESER de Bretagne 3 PROSPECTIVE Pouvoirs et démocratie à l’épreuve du changement climatique en Bretagne à l’horizon 2030 Le changement climatique et son attribution aux activités humaines sont désormais considérés comme une réalité par la quasi-totalité des climatologues. Depuis la parution, en 2007, du 4ème rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), la prise de conscience s’est accélérée, tant au niveau des gouvernements que des citoyens. Les contreverses développées en 2009 se sont conclues avec le rapport de l’Académie des sciences qui reconnaît en particulier qu’il s’est produit une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003, que cette augmentation est principalement due à la hausse de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, laquelle est incontestablement due à l'activité humaine. L’Académie conclut aussi que cette hausse constitue une menace pour le climat et, de surcroît, pour les océans en raison du processus d’acidification qu’elle provoque. Ces questions qui ne sont pas sans interroger la manière dont s’exerce la démocratie, figurent au cœur du rapport du CESER intitulé « Pouvoirs et démocratie à l’épreuve du changement climatique en Bretagne à l’horizon 2030 », adopté en octobre 2009. 4 Que sait-on du changement climatique et de ses conséquences possibles ? Selon le GIEC, alors que la planète s’est réchauffée en moyenne de +0,76°C au cours du XXème siècle (de 1905 à 2006), le réchauffement à l’horizon 2010 serait compris de +1,8°C à +4°C (selon le scénario retenu). Cette fourchette d’estimations concer ne le réchauffement global, c’est-à-dire une moyenne planétaire, qui ne rend donc pas compte des variations régionales. Témoignant de cette variabilité, la France, au cours du XXème siècle, s’est réchauffée plus vite que la moyenne du globe (+0,9° C). L’évolution de la température n’est qu’un des paramètres climatiques ; elle s’accompagne d’autres évolutions qui peuvent être, par exemple, une diminution constante du volume des glaciers, une lente montée du niveau des océans... En France, parallèlement à la hausse de +0,9°C, les étés ont été de plus en plus chauds, le nombre de jours de gel s’est réduit en hiver, les vagues de chaleur esti- vales ont été plus nombreuses et les vagues de froid en hivers ont diminué. La variabilité des températures maximales a également présenté des signes d’augmentation, particulièrement en été. Les travaux des scientifiques associés au GIEC montrent qu’au cours des prochaines décennies, le niveau de la mer pourrait s’élever en moyenne planétaire de +18 cm à +59 cm (et même davantage selon des estimations postérieures à la publication du 4ème rapport), mais aussi que les phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes, canicules, cyclones, fortes précipitations) pourraient être plus fréquents et plus intenses… Les incertitudes scientifiques demeurent importantes lorsqu’il s’agit d’évaluer les impacts présents et à venir de ces changements. En effet, les études d’impacts nécessitent d’être réalisées à l’échelle des territoires, et notamment à l’échelle locale. Or, les scénarios climatiques du GIEC sont des scénarios climatiques planétaires. L’incertitude concernant les impacts à venir résulte ainsi d’une accumulation d’incertitudes : incertitudes liées aux scénarios d’émissions de gaz à effet de serre (les « scénarios-SRES » du GIEC), incertitudes liées aux modèles climatiques et aux simulations climatiques, incertitudes liées à la « descente d’échelle » ou régionalisation des simulations, enfin, incertitudes liées aux modèles d’impacts, incluant notamment celles qui pèsent sur les données utilisateurs. En dépit de cette difficulté, des recherches sont conduites pour tenter d’évaluer les impacts futurs, la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels, et les possibilités d’adaptation (le but étant notamment de faciliter l’adaptation et d’en réduire le coût). Les travaux d’un groupe dédié à ces questions au sein du GIEC ont montré que le nombre de travaux scientifiques relatifs aux tendances observées dans PROSPECTIVE l’environnement physique et biologique et à leurs relations avec le changement climatique s’est considérablement étoffé depuis 2001. A l’échelle de la France et des régions françaises, les recherches se multiplient (programmes de l’agence nationale de la recherche, travaux de l’Inra, etc.). La Bretagne est notamment concernée par un projet de recherche intitulé « Climaster », lancé en 2008, qui vise à caractériser la réalité du changement climatique dans le grand ouest, pour « permettre aux acteurs régionaux une anticipation raisonnée des évolutions à venir et des conséquences en termes de gestion et de pratiques relatives aux activités agricoles et à la gestion des ressources naturelles ». Le Golfe du Morbihan fait lui aussi, depuis 2008, l’objet d’une étude européenne intitulée « Imcore » qui doit permettre d’évaluer l’impact écologique, social et environnemental du changement climatique. Sans pouvoir toujours les caractériser de manière précise, les chercheurs estiment que les impacts sont/seront nombreux sur les milieux et les domaines d’activités. Sont à ce titre souvent évoqués des changements qui concernent : la disponibilité de la ressource en eau, le niveau de la mer, la vulnérabilité des littoraux, l’acidification des océans, la fonte des glaciers, les débits de certains fleuves, la production et la consommation d’énergie, la répartition spatiale de la végétation, les maladies dont peuvent être victimes les arbres forestiers, les dates des vendanges, les cépages et les aires d’AOC, les cultures, les prairies, le risque d’apparition et de développement de certaines maladies et donc la santé, l’agriculture, le tourisme, les activités d’assurance, la foresterie, les politiques d’urbanisme et d’habitat… En ce qui concerne la région, une étude de 2009 du Conseil Scientifique de l’Environnement de Bretagne portant France : impacts du changement climatique à 2100 Réduire, réutiliser, recycler sur les impacts sur les écosystèmes marins indique que la montée du niveau de la mer est déjà une réalité (+ 1 millimètre par an, hors évènements exceptionnels de surcote) et que l’on peut retenir « l’hypothèse d’une probable surcote de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres à la fin de ce siècle pour les littoraux du massif armoricain », ce qui ne doit pas être considéré comme négligeable, en particulier si l’on considère, par exemple, que « les quais du port de Brest sont déjà à la limite de la submersion par pleine mer de vive eaux et sans vent de suroît ». Il s’agit là d’un type d’impacts, à savoir les impacts directs sur l’environnement. Mais il faut s’attendre aussi à subir en Bretagne des impacts indirects qui sont ceux qui découlent des mesures qui sont décidées au nom de la lutte contre le changement climatique, et ceux qui découlent des impacts qui se produisent ailleurs (par contrecoup). 5 PROSPECTIVE L’adaptation et l’atténuation, les deux volets des politiques climatiques Pour faire face au changement climatique, des politiques d’atténuation et parfois des politiques d’adaptation ont été mises en place. En Bretagne, les stratégies territoriales, l’environnement et les activités h u m a i n e s s e m b l e n t e n c o re p e u modifiées par le changement climatique, même si certains territoires, avec les plans climat territoriaux notamment, ont pris des initiatives visant à réduire les émissions de CO2, et si le changement climatique est un des facteurs qui permet d'expliquer des perturbations de l’environnement ou du fonctionnement de certains écosystèmes (un changement de température, même faible, peut induire des changements dans le cycle de vie de certaines espèces, ou favoriser l'apparition de maladies)… Il y a fort à parier qu’à l’avenir, ils seront davantage modifiés. Un grand nombre de phénomènes extrèmes. Les pouvoirs et la démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement climatique Répondre au défi de l’atténuation/ adaptation au changement climatique constitue un défi considérable pour les territoires car il suppose, tout à la fois : - d’intégrer le temps long des phénomènes climatiques et environnementaux dans les politiques publiques, - d’intervenir sur des problématiques globales (« systémiques ») avec une capacité d’intervention relativement limitée (périmètres géographiques, compétences, moyens) ; - de contribuer à un objectif global, planétaire (l’atténuation), sans pouvoir produire de résultat à court terme et sans l’assurance de parvenir même à en produire à long terme (si nous sommes les seuls à agir…), et donc sans bénéfice immédiat et visible ; - de décider alors que les connaissances scientifiques sont encore incomplètes (au sujet des impacts, des risques au niveau des territoires…), et alors que les bénéfices politiques ne sont pas évidents… A l’horizon 2030, dans le domaine des politiques climatiques, l’exercice des pouvoirs et de la démocratie en Bretagne dépendra de nombreux facteurs. Certains de ces facteurs sont indépendants de la question climatique (ex. la participation des citoyens et les rapports de la société au politique, l’organisation territoriale, la montée des thématiques du risque, de l’aversion au risque et du développement durable dans l’espace public…) tandis que d’autres sont plus spécifiques (ex. la capacité de mobilisation autour du problème climatique, la perception des risques climatiques…). © Bertrand Demée 6 En France, le volet « atténuation », qui est de loin le volet le plus développé, se traduit notamment par l’application du Protocole de Kyoto (le marché européen de quotas de CO2). En termes de « gouvernance », il faut retenir que la logique de l’atténuation se traduit le plus souvent par des décisions nationales et internationale s, a ppliqué e s loca le me nt. S i la logique de « l’adaptation » était plus présente, on pourrait s’attendre à ce qu’elle relève davantage de l’initiative et de la responsabilité des échelons territoriaux, car ce sont les territoires qui subissent et subiront directement les impacts du changement climatique, ceux-ci variant d’un territoire à l’autre. © Gérard Cazade Tandis que les premières visent à agir sur les causes du réchauffement (les émissions de CO2) pour en limiter le niveau dans le but de faciliter ou de rendre possible l’adaptation des systèmes socio-économiques et nature l s , l e s p o l i t i q u e s d ’ a d a p t a t i o n consistent plutôt à envisager les adaptations possibles en prenant acte du fait qu’il faut se préparer dès à présent à vivre dans un monde dont le climat aura été modifié… Limiter les émissions de CO2. A bien des égards, et notamment en raison de ces difficultés, le changement climatique invite à une recomposition de nos capacités d'action collective. PROSPECTIVE Plusieurs scénarios possibles à l’horizon 2030 Les hypothèses climatiques ❚ Première hypothèse : En 2030, le réchauffement global s’est produit comme prévu par le GIEC dans son rapport de 2007. La température s’est donc élevée de +0,2°C par décennie en moyenne. Les différentes régions du monde se sont trouvées diversement affectées. D’une manière générale, même si réchauffement s’est poursuivi sans emballement, les conséquences sont importantes car en raison de la non-linéarité des phénomènes et de la sensibilité des écosystèmes, même de petites variations de température ont pu avoir un impact considérable (cf. les « effets de seuil », les capacités de résilience). ❚ Deuxième hypothèse : Le GIEC s’est trompé dans son rapport de 2007 dans le sens où l’augmentation du réchauffement global a été supérieure aux prévisions qu’il avait faites à l’horizon 2030. Les impacts sont beaucoup plus importants et pour l’après 2030 (ce qui se dessine à l’horizon 2100), c’est le pire des scénarios du GIEC qui semble se réaliser. Ces deux hypothèses créent deux contextes différents à tous les niveaux : mondial, national, régional. Dans les deux hypothèses, il a été imaginé que la Bretagne devrait faire face à un ensemble de problèmes tels que : - un afflux plus important de populations nouvelles (migrations internes à la France et arrivées en provenance d’autres pays plus durement touchés par le réchauffement) ; - des tensions et conflits d’usages accrus autour de la ressource en eau ; une plus grande variabilité météorologique avec un plus grand nombre de Les sous-scénarios de « gouvernance » phénomènes extrêmes (canicules, tempêtes, inondations…) ; - un risque accru d’érosion côtière, de submersion marine des zones basses et de salinisation des nappes phréatiques littorales… ; - une élévation de la température de la mer et une acidification des océans avec des conséquences sur les ressources marines biologiques (l’acidification ayant par exemple des effets négatifs sur les organismes qui fabriquent une coquille et les espèces qui en dépendent) ; - une modification de l’aire de répartition de plusieurs espèces de poissons et de mollusques dont l’huître japonaise introduite à des fins aquacoles ; une réduction accélérée de la biodiversité ; - une modification des habitats, des paysages et des aires de répartition des espèces ; l’apparition d’espèces invasives (algues, insectes ravageurs…) ; - des phénomènes de désertification, d’érosion (après minéralisation des tourbières) ou de disparition des forêts (remplacées par des landes sèches) ; - l’apparition de pandémies, de maladies à vecteurs, de nouveaux risques pour la santé… Quatre sous-scénarios de « gouvernance » ont été imaginés, en fonction d’une prééminence variable des échelons politiques de gouvernement et d’un degré variable de participation et de mobilisation des autres acteurs (citoyens, entreprises, associations, etc.). Résumé schématique des clés des sous -scé nar ios en ter mes de pré é m i n e n ce v a r i a b l e d e s é ch e l o n s politiques Sous-scénario 1 échelon mondial relayé par national modèle décisionnel « top down » (descendant) Sous-scénario 2 échelon européen + échelon national modèle décisionnel « top down » (descendant) Sous-scénario 3 Cependant, dans la deuxième hypothèse, le bilan au niveau planétaire est encore plus négatif (nombreux impacts néfastes), et en Bretagne, la rapidité des changements est telle que les impacts négatifs l’emportent nettement. De plus, la région subit par contrecoup certains effets qui sont liés aux conséquences qui sont produites dans d’autres régions plus vulnérables. échelon européen + échelon national + échelon régional + échelon local mais accent sur les divergences locales et absence de coordination Sous-scénario 4 © Bertrand Demée Sur la base de ces réflexions et des connaissances acquises au moyen de nombreuses auditions, la Section « Prospective » du CESER a imaginé plusieurs scénarios possibles. Ces scénarios ont été construits en croisant des hypothèses concernant le changement climatique avec quatre « sous-scénarios » de « gouvernance ». échelon mondial + échelon européen + échelon national + échelon régional + échelon local avec accent sur bonne cohérence et subsidiarité 7 PROSPECTIVE gouvernance tentent de s’imposer, et produisent des résultats, suivant d’autres logiques (ex. logiques de marché, de réseaux familiaux…). ❚ Scénario 1 : « Un pilote pour la planète » En 2030, le gouvernement des questions climatiques est dominé par un comité réduit de pays, sorte de « G30 », qui fixe les grandes orientations et décide des principales mesures à mettre en œuvre. ❚ Scénario 4 : « Ensemble contre vents et marées » 8 Cette situation découle d’une succession de crises grave, la crise climatique s’étant conjuguée à des crises d’une autre nature (économique, financière, alimentaire, énergétique, écologique…) provoquant des guerres. L’Union européenne est affaiblie. En France, l’Etat relaie les décisions du nouveau G30, de manière autoritaire. Les régions n’ont guère leur mot à dire. Dans ce contexte, le mot d’ordre de l’efficacité prime et il y a peu de place pour la concertation ou les processus participatifs au niveau territorial. ❚ Scénario 2 : « L’Etat climatiseur » En 2030, la gouvernance mondiale est faible car on n’est parvenu à aucun consensus entre les Etats. Dans ces conditions, les politiques climatiques sont décidées par l’échelon national combiné avec l’échelon européen. En France, les réformes territoriales ont renforcé le rôle de l’Etat. Ainsi, celui-ci a conservé quatre de ses « monopoles » : la définition de l’intérêt général, la maîtrise d’ouvrage des politiques publiques, la collecte et l’attribution des ressources, et le monopole du pouvoir d’agencer les pouvoirs locaux. En outre, les moyens du « gouvernement à distance » ont été renforcés (évaluations et indicateurs de performance, cahiers des charges types, « démocratie numérique »…). L’Etat prend les décisions, mais ne peut les mettre en œuvre seul : il s’appuie donc sur les collectivités territoriales, relais de sa politique. © Bertrand Demée Le mot d’ordre de l’efficacité prime et il y a peu de place pour la concertation ou le débat public. L’échelon régional n’a guère son mot à dire, d’autant qu’il n’est pas « visible » à l’échelon planétaire, tandis que l’Union européenne est affaiblie. ❚ Scénario 3 : « Grâce à nous le déluge » En 2030, l’action des Etats est morcelée, et on est loin d’un régime multilatéral ou de réglementations unifiées dans le domaine de la lutte contre le changement climatique. Il y a un rôle croissant des entités subétatiques, telles les régions, les métropoles et les villes, « qui utilisent une marge de liberté plus ou moins grande pour se livrer entre elles à d’autres formes de concurrence afin de se doter des meilleurs atouts » (Pierre Dardot, Christian Laval, La nouvelle raison du monde, 2009). En France, cette situation n’est pas sans lien avec l’échec de la réforme territoriale qui avait été commencée en 2009. Ainsi, il y a des divergences locales entre l’Etat et les collectivités, mais aussi de la concurrence et une absence de coordination entre les collectivités. Sur les questions climatiques, il n’y a pas de convergence dans les analyses, soit parce que les niveaux d’information sont très inégaux, soit parce que les enjeux de l’adaptation mettent en exergue des conflits latents (par ex. autour du nucléaire, de la fiscalité, de la mobilité, de la croissance économique, de l’urbanisation, etc.). Au final, les questions climatiques sont peu gouvernées, ou d’autres modes de Au niveau européen et mondial, les processus décisionnels sont plus démocratiques qu’autrefois, dans le sens où, au niveau de l’Union européenne, le Parlement est mieux élu et où, au niveau international, les principales décisions se prennent dans le cadre multilatéral des Nations Unies (une sorte de « G192 » s’est mis en place…). La « gouvernance » internationale qui s’est mise en place a permis d’accorder un plus grand nombre d’Etats autour d’une « vision partagée » pour une coopération à long terme dans le cadre de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC). En France, une nouvelle organisation des pouvoirs s’est mise en place, plus décentralisée, de type plus ascendant, et suivant le principe de subsidiarité. La responsabilité est prise par le plus petit niveau d'autorité publique compétent, le niveau supérieur n'intervenant que si son action peut être plus efficace. La décentralisation a abouti à la mise en place de véritables gouvernements régionaux et d’institutions urbaines achevées. Les collectivités territoriales contribuent à promouvoir le dialogue avec les citoyens, à l’échelle des territoires. Il en découle, dans le domaine des politiques climatiques comme dans d’autres domaines, des mises en cohérence plus faciles et davantage de convergence dans les analyses, même si dans le même il faut craindre aussi un primat du local, le développement de certains égoïsmes territoriaux… Pour chacun de ces scénarios ont été ensuite examinées les conséquences du contexte et des logiques sousjacentes sur les modalités de la lutte contre le changement climatique en Bretagne. PROSPECTIVE Les enseignements de la prospective : des questions qui se posent à la Bretagne ple, à la démographie, à l’urbanisation et à l’artificialisation des sols). La description de plusieurs futurs possibles, en rupture ou en prolongation de la situation présente, a pour but d’éclairer les prises de décisions. A cet effet, l’exercice permet d’interpeller le Conseil régional ainsi que l’ensemble des acteurs régionaux sur un certain nombre d’enjeux qui affecteront certainement la Bretagne. Il n’a pas pour objet d’apporter des réponses mais plutôt d’ouvrir des pistes de réflexion, de provoquer le débat et de susciter des questionnements. Le rapport souligne un besoin d’observations et de recherches sur le changement climatique et ses effets à l’échelle de la Bretagne, dans le but d’anticiper les adaptations nécessaires. Il pourrait sembler judicieux d’intégrer, dès à présent, les deux dimensions des politiques climatiques (atténuation/ adaptation), dans les démarches stratégiques et de planification, tels que, par exemple, les plans climat-énergie territoriaux, les agendas 21, les schémas de cohérence territoriale (SCOT), et tous les projets d’aménagement, d’équipements et d’infrastructures qui sont des projets impliquant des réflexions et des investissements à long terme… Les incertitudes scientifiques qui pèsent, en l’état actuel de la recherche, sur la nature et sur l’ampleur des conséquences du changement climatique, ne devraient pas empêcher toute action. © Et - alors La question de l’adaptation au changement climatique n’est-elle pas sous-évaluée ? ner une prise de retard dans la réflexion et dans la mobilisation autour de ces questions. Quels moyens de vigilance la Bretagne pourrait-elle mettre en œuvre ? Le rapport du CESER a permis de mettre en évidence un manque de données territorialisées. Il conviendrait en particulier d’étudier les points de vulnérabilité de la Bretagne (c’est-à-dire ses faiblesses, en mettant le changement climatique au regard d’autres évolutions comme celles qui ont trait, par exem- Le CESER considère aussi qu’il est important que l’analyse et la réflexion autour des enjeux rattachés à ces questions puissent faire l’objet d’une expertise plurielle ; et qu’il y a lieu de favoriser l’appropriation sociale de ces questions, y compris des questions scientifiques (connaissances, controverses…). L’expertise plurielle doit permettre d’associer la société civile, dans ses diverses composantes, pour favoriser l’appropriation sociale mais aussi pour que, dans l’élaboration des solutions, puissent être mieux pris en compte tous les enjeux dans leurs dimensions sociales, humaines, économiques et environnementales. 9 Quelle place de la connaissance, de l’information et de la formation pour une maîtrise des enjeux climatiques ? La capacité d’adaptation et d’atténuation à l’échelle territoriale dépend des conditions socio-économiques et Le fait que la Bretagne apparaisse relativement moins vulnérable que d’autres régions au regard de certains impacts (par exemple, le risque de submersion marine y est moins prégnant que dans les régions méditerranéennes, le Languedoc-Roussillon, l’Aquitaine, la Vendée et le Nord-Pas-de-Calais) invite les acteurs régionaux à se montrer particulièrement vigilants. Cette moindre vulnérabilité apparente pourrait entraî- © Et - alors Une moindre vulnérabilité apparente de la Bretagne ne la met-elle pas en situation de manquer de vigilance ? PROSPECTIVE A cet égard, le Conseil régional détient plusieurs leviers liés à ses compétences actuelles qu’il pourrait actionner. A titre d’exemple, il pourrait : - intégrer le changement climatique dans les cahiers des charges qu’il propose aux organismes de formation, et aux organismes chargés de la diffusion de la culture scientifique technique et industrielle ; - favoriser la prise en compte du changement climatique dans la formation professionnelle continue ; - soutenir les actions de sensibilisation et d’information destinées au public, en particulier celles qui sont menées par les associations ; - d’une manière générale, favoriser par tous les moyens le développement de la culture scientifique et l’appropriation sociale des sciences en Bretagne. 10 En cas d’afflux massif de migrants, la Bretagne est-elle préparée ? Tous les scénarios indiquent que le changement climatique devrait avoir un effet positif sur le solde migratoire de la Bretagne. L’attractivité résidentielle de la région et donc son solde migratoire s’amplifierait considérablement. Une telle hypothèse aurait des conséquences importantes sur de nombreuses politiques publiques, liées notamment au logement, à l’emploi, au développement économique, aux services à la personne, à la mobilité, aux équipements et aux infrastructures, à la demande/production énergétique, à la cohésion sociale, etc. Cette hypothèse d’une croissance fo rte du s ol d e mi g ra to i re d e la Bretagne a déjà été envisagée par le CESER dans le cadre d’une précédente réflexion sur les mobilités en Bretagne (« Mobilité des populations et territoires de Bretagne à l’horizon 2030 »), dans laquelle il indiquait plusieurs pistes d’intervention possibles pour le Conseil régional. © Michel Ogier environnementales mais aussi de l’accès aux informations, de la sensibilisation, de la prise de conscience et de la capacité de la société à se mobiliser autour de ces questions. Des mutations dans l’agriculture. Quelles conséquences du changement climatique sur les activités ? Toutes les activités exploitant ou mettant en jeu, d'une façon ou d'une autre, les ressources naturelles, se trouvent interrogées et auront à se transformer du fait des changements environnementaux, desquels participe le changement climatique. Celui-ci interroge tout particulièrement le devenir des activités de collecte et d’exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, exploitation forestière… En effet, ces activités sont/seront directement concernées par les impacts du changement climatique sur l’environnement (perturbations de l’environnement ou du fonctionnement de certains écosystèmes…), ainsi que par les décisions qui sont/seront prises en matière de politiques d’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre). Tout indique par ailleurs une prise en compte croissante - amplifiée par l’émergence de la question du changement climatique dans l’espace public des enjeux socio-économiques de la biodiversité et des services liés au fonctionnement des écosystèmes, qui pourrait également avoir des conséquences sur ces activités. Pour illustrer ces évolutions, les scénarios montrent la possibilité de muta- tions lourdes du modèle agricole breton, au carrefour de nombreux enjeux. Quelles que soient les mutations envisagées, elles devront s’accompagner de politiques publiques fortes, notamment dans le domaine de la recherche. Quelles peuvent être les conséquences d’une monétarisation des services rendus par la nature ? L’exercice de prospective montre que l’attribution d’une valeur monétaire à certains services rendus par la biodive rsité e t le s é cosystè me s, pe ut conduire jusqu’à une marchandisation de la nature, et même à des phénomènes de spéculation. Les pouvoirs publics doivent être vigilants à l’égard de cette menace. Ils doivent aussi favoriser les débats publics sur ces questions qui ne manqueront pas d’avoir des conséquences, y compris en Bretagne. La Bretagne n’encourt-elle pas un nouveau risque de « périphérisation » ? Le Plan routier breton qui a montré son efficacité par le passé, ne devientil pas un handicap dans un contexte de lutte contre le changement climatique ? Celle-ci bouscule les projets d’infrastructures établis suivant l’ancien modèle énergétique (le pétrole PROSPECTIVE Quels sont les rôles possibles pour le Conseil régional ? Le Conseil régional peut jouer divers rôles dans le domaine des politiques climatiques, avec un degré variable d’implication. Ainsi il peut par exemple se contenter d’appliquer les règles de l’extérieur, se limitant au strict exercice de ses compétences. Mais il peut aussi choisir d’aller plus loin en ayant une action volontariste par le biais de l’éducation, de la culture scientifique et technique, de la formation, de l’information, de l’incitation (via par exemple ses politiques territoriale et/ou le soutien aux associations). Dans cette perspective, il peut actionner tous les leviers dont il dispose, liés à ses compétences : transport, foncier, formation, soutien à la recherche, développement économique, en prenant des initiatives fortes. Ceci suppose le maintien d’une clause de compétence générale des Régions. Ne conviendrait-il pas d’inventer de nouvelles pratiques démocratiques pour répondre à de tels enjeux ? Les adaptations et les remises en cause provoquées par le changement climatique pourraient encore s’accélérer dans l’avenir, a fortiori si celui-ci se conjugue à d’autres crises (ex. crises économiques et financières, crises alimentaires, crises écologiques, crises énergétiques…). Leurs modalités et la manière dont elles seront vécues dépendront de beaucoup de choses et notamment des comportements collectifs et individuels, de la capacité de la société à se mobiliser et à anticiper les adaptations nécessaires, des initiatives diverses qui naîtront, portées par des individus, des entreprises, des associations, des groupes d’élus… Elles dépendront donc notamment de la qualité de la sensibilisation, de l’information et de la formation de la population, et de la qualité de l'exercice de la démocratie locale. l’Etat et des collectivités territoriales ; il faut aussi démultiplier en région les moyens d’associer la société civile aux réflexions menées sur ces sujets… La démocratie locale est d’autant plus nécessaire qu’elle constitue un moyen de contrer certaines dérives possibles comme celle que souligne l’un des scénarios (le scénario 4) d’une évolution vers des décisions politiques qui, au nom de l’écologie, sous-estimeraient les autres enjeux comme les enjeux de cohésion sociale, avec un ordre négocié moins « social » ou « politique » que « environnemental » (où la nature prime sur l’humain, le naturel sur le social, le global sur le local…). Vient de paraître « Scénarios climatiques : indices sur la France métropolitaine pour les modèles français ARPEGE-Climat et LMDz et quelques projections pour les DOM-COM », 26 janvier 2011, Yannick Peings, Météo-France/CNRM, Marc Jamous, IPSL, Serge Planton, Météo-France/CNRM, Hervé Le Treut, IPSL, Mission confiée à Jean Jouzel. Ce rapport est destiné à servir de référence nationale aux acteurs de l'adaptation. Il avait été demandé par la Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, dans le cadre de la préparation - en cours - du premier Plan national d'adaptation au changement climatique. Une question aussi importante que le changement climatique ayant potentiellement tant d’implications et pouvant susciter tant de remises en cause appelle des innovations en matière d’action collective. Il ne s’agit pas seulement de mieux combiner l’intervention de © Frédéric de la Mure - MAE Il peut aussi changer de rôle et de statut, revendiquer et mener une politique climatique , par exemple, en étant comptable des bilans carbone à l’échelle du territoire régional, en coordonnant les plans climat-énergie territoriaux et les agendas 21 locaux… Ceci suppose encore que la Région dispose toujours de la clause de compétence générale, mais aussi de moyens nouveaux tels qu’une capacité juridique et financière, et même un pouvoir prescriptif. © Philippe Lepoittevin sans le climat) et pourrait conduire à s’inte rroge r sur ce rta ins proje ts comme le projet d’aéroport à NotreDame des Landes. Des projets d’infrastructures remis en cause. Section « Prospective » Rapporteurs : MM. Gilbert BLANCHARD et Jean-Luc LE GUELLEC Contact : Virginie GICQUEL, Conseillère technique Tel : 02 99 87 18 79 [email protected] Consultez le rapport du CESER sur le site : www.ceser-bretagne.fr 11 PROSPECTIVE Changement climatique, énergies et démocratie locale : des enjeux pour la Bretagne - Forum « Prospective » Le Sommet de Copenhague de décembre 2009 n’a pas permis aux 192 Etats membres de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUC) de s’accorder sur un objectif mondial contraignant en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cet échec (semi-échec ou semi-réussite, c’est l’objet de controverses) ouvre peut-être la voie à un regain d’initiatives, au niveau national et/ou au niveau des territoires, en matière de lutte et d’adaptation au changement climatique. A tous les égards, la prise de conscience et l’action sur les territoires sont une nécessité. C’est sur ces thèmes de la démocratie locale, des politiques énergétiques et du changement climatique que le CESER de Bretagne a organisé en février 2010 un forum « Prospective ». Prenant appui sur les différents rapports publiés par le CESER en 2009, ce forum a été l’occasion d’ouvrir un large débat avec le public sur la place et le rôle de chacun dans le défi énergétique et climatique qui, selon Pierre RADANNE, est l’enjeu majeur du XXIe siècle et appelle une « solidarité obligatoire ». l’énergie, un enjeu majeur pour la Bretagne Le contexte énergétique 12 La Bretagne est une région particulièrement sensible à la question de l’énergie, d’une part parce qu’elle ne produit que très peu de l’énergie qu’elle consomme, d’autre part parce que son système de distribution énergétique, et en particulier électrique, est fragile. Cette sensibilité s'inscrit aujourd'hui dans un contexte où les déséquilibres environnementaux doivent influencer fortement les enjeux du développement économique et social. D a n s s o n a u t o s a i s i n e "P o u r u n e approche concertée des politiques énergétiques en Bretagne", le CESER souligne que pour assurer une gestion durable de l’énergie sur son territoire, la Bretagne se doit d’être exemplaire dans la recherche d’une plus grande efficacité énergétique et dans le développement des énergies renouvelables. Un atout pour la Bretagne : l’énergie venue de la mer L’histoire s’écrit maintenant du côté des énergies renouvelables, et en particulier des énergies marines : la Bretagne a la chance de bénéficier le long de ses 2700 km de côtes de res- sources énergétiques exceptionnelles, avec à la fois des vents soutenus, une houle puissante et quelques-uns des « spots » de courants de marée les plus importants en France. Afin d’exploiter pleinement cette énergie venue de la mer, de contribuer à relever le défi de parvenir à 20% d’énergies renouvelables en 2020, et de saisir cette opportunité de développement pour la région, le CESER de Bretagne avait appelé de ses vœux, dans son rapport de mars 2009 (voir l’Avis régional n°49 de novembre 2009), à une convergence des initiatives prises par différents acteurs, à différents niveaux. Pour n’en rappeler que quelques-unes, citons le Plan Energie et la démarche de planification et de concertation proposés par la Région Bretagne ; l’initiative Ipanema conduite au niveau national par les différents acteurs du développement des énergies marines ; la planification à l’échelle de la façade maritime menée dans le cadre du Grenelle de l’environnement ; et enfin la création à Brest, avec pour chef de file l’Ifremer, de la plateforme technologique pour les énergies marines, annoncée suite au Grenelle de la mer. Cette convergence est aujourd’hui amorcée et il reste à espérer que le processus de planification stratégique spatialisée en cours soit conforté et pérennisé. PROSPECTIVE Politiques énergétiques, territoires et collectivités territoriales L’organisation territoriale des acteurs de l’énergie Pour répondre à l’enjeu énergétique breton, il est avant tout nécessaire que tous les acteurs et toutes les collectivités se retrouvent dans un consensus pour la définition d’une gouvernance territoriale de l’énergie. © Galam - Fotolia.com Pour le CESER, il apparaît clairement que les collectivités territoriales bretonnes ont un besoin primordial d'approfondir et de partager leurs connaissances de la situation énergétique de leurs territoires. Toute mise en œuvre de politiques énergétiques doit s'appuyer sur une analyse fine de ces données qui doit permettre un large débat démocratique indispensable à l'acceptation sociale des projets et à l'implication concrète des bretons. Chaque collectivité a sa place à prendre dans la recherche de solutions énergétiques. Mais l'implication de chacune doit être articulée autour des enjeux d'intérêt général propre à son territoire et au public vis-à-vis duquel elle est légitime. Le Conseil régional a un rôle majeur à jouer pour cette mise en cohérence des acteurs. l’Agence locale de l’énergie de Bretagne sud (ALOEN), - M. Michel LESAGE, Président de Saint Brieuc Agglomération, - M. Christophe MARTINS, Vice-président du Syndicat d’énergie d’Ille-etVilaine (SDE), - M . G i l l e s P E T I T J E A N , D i re c t e u r régional de l’ADEME. La convergence de tous vers une politique énergétique commune est essentielle pour un développement durable de la Bretagne. Il en va de l'efficacité et de la sécurité énergétique pour tous les territoires et tous les usages. Lors de son intervention, Michel BALBOT a présenté la démarche de création de l'Agence locale de l'énergie du C e ntre oue st Bre ta gne da ns un conte xte loca l pa rticulie r e t e n réponse à un appel d’offre européen (en 1998). Cette agence a permis à un certain nombre d'acteurs locaux et régionaux de s'investir dans la définition d'une politique énergétique appropriée à la situation locale. Pour participer à cette nécessaire mobilisation des acteurs autour de la question primordiale de l'énergie en Bretagne, le CESER a donc organisé ce forum. Au cours de cette journée, après la présentation de ces deux études "énergies", une table ronde a permis l'intervention à tour de rôle de : - M. Michel BALBOT, ancien Président du Pays du Centre ouest Bretagne, à l'origine de la création (et premier Président) de l'ALECOB, agence locale de l'énergie, - M. Jean-Paul AUCHER, Président de Ensemble, en partageant des informations, un vocabulaire, puis des données, ils ont participé à la conception territoriale d'une véritable politique mobilisatrice. Lieu de démocratie locale, l'Agence a ainsi permis la validation d'un certain nombre d'actions à l'origine d'un développement local autour de la question de l'énergie (économie partagée). Pour Jean-Paul AUCHER, la situation en Bretagne sud semble différente. Les acteurs locaux ont été plus difficiles à mobiliser autour de la question énergétique et la création de l'agence locale n'a pas été une évidence (créée en 2008). Aujourd'hui, alors que l'agence vient d'ajouter le pays vannetais dans son territoire géographique, son travail est déjà de se faire reconnaître. Ensuite, par des actions de vulgarisation auprès du public, et en particulier des propriétaires, l'agence cherche à mettre en valeur les actions possibles en faveur des économies d'énergie et avant tout dans l'habitat où le chantier est immense. Allant dans le sens des préconisations du rapport du CESER, Michel LESAGE a d'abord souligné que le développement des territoires d’un point de vue énergétique est du ressort de la mobilisation de tous et pas uniquement de la responsabilité des institutions. La mobilisation collective, le partenariat, la mise en réseau des acteurs permet réellement d’agir mieux. C’est en ce sens (démocratie locale) que, dans l’agglomération de Saint Brieuc, les collectivités territoriales et les acteurs de la société civile et associative se sont mobilisés sur un certain nombre de thématique dont l’énergie. Dans ce cadre, ils ont récemment organisé des rencontres territoriales (en 2009) sur le thème de l’énergie. Michel LESAGE a aussi rappelé que si les communes et intercommunalités n'ont pas de compétences directes en matière d'énergie, leurs compétences spécifiques et fondamentales que sont le logement, l'habitat, la mobilité, les transports, … leur permettent d'agir effectivement sur les questions énergétiques. Il a ensuite illustré ces propos par un certain nombre d'exemples significatifs d'actions réalisées sur le territoire 13 PROSPECTIVE Christophe MARTINS a profité de son temps de parole pour présenter les syndicats départementaux d'électrification (ou d'énergie), dits SDE. Bien que le plus ancien parmi les acteurs locaux de l'énergie, le SDE n'en est pour autant pas le plus connu, si ce n'est par les élus territoriaux. L'exposé de Christophe MARTINS a mis en relief toute la difficulté des SDE à se positionner au sein des acteurs de l’énergie autrement que dans leur rôle historique de gestionnaire des réseaux électriques basse et moyenne tension. 14 Représentant les services de l'Etat, Gilles PETITJEAN (ADEME) était le seul non élu de notre table ronde. Soulignant l'isolement dont souffrait auparavant sa structure, il s'est félicité de cette prise de conscience généralisée mais récente sur la nécessité d’agir sur l’énergie. Comme préconisé par le CESER, un observatoire de l'énergie se met en place (effectif depuis début 2009) et une conférence régionale de l'énergie s'est réunie une première fois en janvier 2010. Dans le cadre de la réorganisation territoriale des services de l'Etat, il faut maintenant s'attacher à organiser le jeu des acteurs. Il est important de bien identifier les territoires de compétences et de pouvoir ainsi positionner les outils au service des acteurs territoriaux (agence locale de l'énergie, espace info-énergie, conseil en énergie partagé…) au niveau de l'échelon territorial le plus pertinent. Le débat qui a suivi les différentes interventions a d'ores et déjà montré la mobilisation d'un grand nombre d'acteurs pas encore forcément repérés (exemple des universités) autour de cette question essentielle de l'énergie pour le développement durable et harmonieux de la Bretagne. © Hugues Panon briochin. Le débat lui a ensuite permis d'expliquer le refus par les collectivités locales de l'implantation d'une centrale de production électrique à Ploufragan telle que proposée par Gaz de France. Pouvoirs et démocratie à l’épreuve du changement climatique Le changement climatique, un enjeu majeur du XXe siècle Conférence de M. Pierre RADANNE, Président de l’Association 4D, ancien Président de l’ADEME, expert en politiques énergétiques. ❚ La réduction des émissions de CO2, une « ardente obligation d’action » Alors que le GIEC a indiqué dans son dernier rapport qu’il faut stabiliser le réchauffement de la température terrestre à +2°C, en réduisant les émissions mondiales de gaz à effet de serre, celles-ci ont augmenté d’un tiers depuis le début du protocole de Kyoto. La stabilisation des émissions n’est pas facile à atteindre. Elle implique que les pays industrialisés réduisent leurs émissions pour compenser le décollage des pays en développement. Si les émissions européennes diminuent (l’Europe tiendra ses engagements au titre du protocole de Kyoto), ce n’est pas du tout le cas de pays tels que la Chine, l’Inde, l’Amérique du Nord. Tous les travaux du GIEC montrent que le défi posé à notre civilisation est considérable. Nous sommes face à la « première question politique totale », et ceci pour plusieurs raisons. En effet, pour commencer, le changement climatique est une « question planétaire à solidarité obligatoire » car le climat est indivisible. Les émissions de gaz à effet de serre d’un pays ont des impacts sur tous les autres. Il souligne combien notre destin à tous est extraordinairement lié. Ensuite, la question du changement climatique invite chacun à participer personnellement à l’effort de réduction des émissions puisque la moitié de ces émissions, en France, provient des choix qui sont faits dans le domaine de la vie privée : chauffage, alimentation, transports, consommation, etc. Les comportements personnels pèsent d’un poids tout à fait considérable. Selon Pierre Radanne, il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle dans la mesure où elle implique nécessairement un progrès démocratique considérable. En effet, « nous devons aller chercher, pour résoudre notre problème, l’alliance de chaque personne, non pas sa soumission, non pas son obéissance, mais l’intégration, dans la manière dont elle accomplit sa vie, dans chacun des ses actes, de l’idée que cette nécessité-là fait humanité à travers la manière dont on va gérer le problème. » PROSPECTIVE Enfin, le changement climatique souligne le rôle central des collectivités locales, pour trois raisons. La première est que les collectivités locales décident des investissements qui ont une longue durée de vie (bâtiments, infrastructures de transport, réseaux, etc.). Ces décisions à longue portée dans le temps devraient intégrer la nécessité de diviser par deux les émissions mondiales, soit par quatre celles de la France (le « facteur 4 »). Deuxièmement, elles agissent sur la localisation des activités et sur l’optimisation des fonctions transport. Troisièmement, elles ont un contact direct avec le citoyen, à travers l’exercice de leurs compétences. Pierre Radanne a insisté sur leurs compétences dans le domaine de la formation continue ; soulignant que l’adaptation de la société, la réduction de sa vulnérabilité (face au changement climatique) constitue « d’abord un projet éducatif culturel ». ❚ L’état de l’opinion sur le changement climatique Aujourd’hui, une très grande partie de l’opinion sait qu’il y a un problème. Mais il existe dans le même temps une très grande confusion autour de ces questions, même si, d’une manière générale, les facteurs déclenchant sont plutôt bien identifiés (consommation de combustibles fossiles, industrialisation et surtout transports). La société française sait que le changement climatique existe mais les comportements ne diffèrent pas réellement. Pourquoi les gens savent et n’agissent pas ? Est-ce une trop mauvaise nouvelle, que l’on cherche à refouler ? mer leurs marges de manœuvre (par ex. : isoler le logement). Il leur faut pouvoir identifier des réponses techniques et dégager la vision d’un nouvel équilibre entre recherche personnelle de plaisir et stabilité du climat. Ensuite, des dispositions sont à prendre au niveau collectif. Il s’agit en particulier de mener des réalisations exemplaires (dans les domaines de la construction, des transports, des énergies renouvelables…) pour susciter un effet d’entraînement ; de se doter d’un calendrier collectif (international, national, local) pour que les individus qui s’engagent à changer aient aussi une vision du progrès réalisé collectivement ; et de garantir l’équité (le débat sur la taxe carbone a montré que sans sentiment d’équité, les solutions politiques sont rejetées). ❚ Une nouvelle définition du progrès Pierre Radanne a insisté sur la nécessité de développer une nouvelle définition du progrès, basée sur la recherche d’« un infini dans le monde fini », l’infini étant : la relation à l’autre, la communication, la culture, le savoir… Le scénario de réussite est celui du passage d’une société de consommation à une société relationnelle. C’est ce passage qu’il faut réussir, et pour le réussir d’une façon démocratique, il faut parvenir à substituer à l’ancienne promesse – celle du bonheur par la consommation, par la consommation massive –, une nouvelle promesse de réussite de vie. Il faut pouvoir raconter une vie réussie au 21ème siècle à un enfant de 10 ans, qui va vivre ce siècle et qui devra aimer ce siècle. Aux 19ème et 20ème siècles, la question était : la science et la technique peuvent-elles améliorer nos vies ? La réponse a été positive si l’on considère que l’espérance de vie a augmenté de 25 ans au cours du siècle (mais pour un cinquième de l’humanité). Au 21ème siècle, la question n’est plus celle-ci. Au cours du siècle qui commence, nous serons plus nombreux, nous voudrons tous bien vivre, or les ressources sont limitées et parfois en net déclin, la charge sur l’environnement est déjà trop lourde (comme le montrent le changement climatique, la perte de biodiversité, etc. La valeur de ce siècle, aux sens moral, personnel, technologique, économique et financier, sera l’optimisation de l’utilisation des ressources, consistant à faire de chaque gramme de matière le meilleur usage possible. Ce sera la condition du progrès social et la condition de la paix. On entre donc dans un mouvement profond et durable de re-régulation pour chercher cette optimisation. 15 ❚ Des transformations majeures en termes de gouvernance et un retour de la planification territoriale La conférence de 2009 de Copenhague sur le climat qui devait être l'occasion En premier lieu, il faudrait que les individus puissent constater une prise en charge sérieuse de cette question par les principaux acteurs (responsables publics, entreprises, secteur éducatif, médias). Il faudrait aussi qu’ils puissent bénéficier d’un réel effort d’explication rationnel leur permettant de comprendre et de s’approprier le sujet ; qu’ils puissent évaluer quantitativement leurs propres sources d’émission afin d’esti- © Michel Ogier Comment passer de l’angoisse à l’action ? Pierre Radanne apporte des éléments de réponse. Passer d’une société de consommation à une société relationnelle. de renégocier un accord international sur le climat pour remplacer le protocole de Kyoto, a montré qu’une gouvernance mondiale est indispensable, quoique difficile à construire. Au niveau international, la question climatique va imposer une gestion mondiale dans le cadre de l’ONU, juridiquement contraignante. Au niveau national, se profile un retour de la planification territoriale car les engagements internationaux et nationaux imposeront une planification descendante, comme cela s’applique déjà aux grandes branches industrielles (marché des quotas européens d’émission). D’ici 10 ans, nous aurons une planification territoriale contraignante pour atteindre les objectifs collectifs car il ne sera pas possible de faire autrement. Il y a de cela dans les scénarios prospectifs élaborés par le CESER de Bretagne. 16 Mais il faudra dans le même temps - sur ce point les scénarios du CESER divergent (ils envisagent d’autres futurs possibles) - une avancée démocratique considérable en raison de l’importance des actions à engager du côté des individus/consommateurs. ❚ Les plans climat énergie territoriaux La loi Grenelle II prévoit l’établissement de « plans climat énergie territoriaux » pour toutes les collectivités de plus de 50 000 habitants, et au niveau de chaque région, un schéma régional climat de l’air et de l’énergie. Ces schémas régionaux, co-élaborés par le Conseil régional et le Préfet de région, devront être mis en place pour la fin de l’année 2011 ; ils devront être le lieu d’emboitement des différents niveaux de territoires. La préparation des « plans climat énergie territoriaux » doit être une co-construction. Elle nécessité une vision de la démocratie territoriale avec 2 niveaux. Un premier niveau, de « démocratie élaborative », consiste à réunir autour de la table au moins 1/1000ème de la population (et si possible 1 %), pour faire travailler les personnes ensemble, dans le cadre d’ateliers, en réponse à © Charles Crié - CRB PROSPECTIVE une question simple : « Que doit faire notre territoire pour tenir sa place vis-àvis du reste de l’humanité pour stabiliser le climat sur Terre ? ». Au cours de ce travail qui peut durer 9 mois, les personnes réfléchissent, engagent des débats et élaborent un livre blanc qui sera soumis à une inspection financière, technique, juridique et devra donner lieu à publication. Le deuxième niveau est celui de la démocratie représentative. Concernant une mutation de cette ampleur, le problème pour la démocratie représentative est de disposer d’un mandat fort de la société. Ce mandat doit être construit et la phase de « démocratie élaborative », conclue par le livre blanc, renforce considérablement la capacité de décision des élus. Dans le cas du plan climat de la Ville de Paris, 2 000 personnes ont travaillé pendant 9 mois en groupes de travail. Elles ont rédigé un livre blanc de 157 pages qui a été adopté à l’unanimité. Un tel document, ainsi élaboré, renforce considérablement le pouvoir politique dans sa capacité de décision. Tout le monde demande que le politique fasse preuve de volonté mais la volonté du politique se construit, en allant chercher des adhésions dans la société. Finalement, il faut faire société en prenant collectivement en charge les enjeux de ce siècle. Comment donner plus de sens à nos vies sinon en pre- nant en charge les sujets de notre époque et en donnant à nos enfants des solutions pour leur vie dans un siècle qui sera très différent du siècle passé ? Pierre Radanne a conclu la conférence par ces mots : « Je souhaite à chacun pour cette année et pour la totalité de votre vie une bonne vie dans ce 21ème siècle avec les questions qu’il vous pose. » Section « Mer-littoral » Rapporteurs : MM. Guy JOURDEN et Philippe MARCHAND Contact : Fanny TARTARIN, Directrice adjointe du CESER Tel : 02 99 87 18 73 Mel : [email protected] Section « Prospective » Rapporteurs : MM. Gilbert BLANCHARD et Jean-Luc LE GUELLEC Contact : Virginie GICQUEL, Conseillère technique Tel : 02.99.87.18.79 Mel : [email protected] Commission « Aménagement des territoires, environnement » Rapporteurs : MM. Ange BRIERE et Alain LE MENN Contact : Olivier COUTAND, Conseiller technique Tel : 02 99 87 17 62 Mel : [email protected] FORMATION De l'élaboration de l'offre de formation continue à l'insertion professionnelle L’exemple du Programme régional des stages du Conseil régional de Bretagne Dans un contexte marqué par la récente réforme de la formation professionnelle continue (2009), et par l’existence d’enjeux autour de l’affirmation du rôle des Régions dans ce domaine, le CESER de Bretagne a souhaité porter un regard sur l’élaboration du principal dispositif de formations qualifiantes du Conseil régional de Bretagne. Si elles bénéficient d’une compétence de droit commun en matière de financement et de programmation d’actions de formation continue pour tous les publics, les Régions ne sont cependant pas les seules à intervenir pour la formation continue des demandeurs d’emploi. Ainsi le Programme régional des stages (PRS) s’inscrit au sein d’une offre globale de formation continue proposée sur le territoire breton. L’analyse de ce dispositif doit la prendre en compte. Puisque l’offre de formation PRS vise avant tout à l’insertion professionnelle de ses bénéficiaires, ce rapport analysera les résultats de l’action sur les trajectoires professionnelles des stagiaires ainsi que les processus déployés par le Conseil régional pour y parvenir. De nouvelles orientations sont apparues pendant l’écriture de ce rapport, impulsées aussi bien par l’Etat que par la Région : nouvelle loi sur l’orientation et la formation tout au long de la vie conduisant notamment à une co-élaboration Etat-Région d’un Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles, mais aussi la réflexion du Conseil régional sur la mise en place d’un Service public régional de la formation en Bretagne. Elles posent question sur les évolutions et les perspectives futures pour la politique de formation continue de la Région et son Programme régional des stages. 17 L’offre de formation professionnelle continue pour les demandeurs d’emploi en Bretagne Quelle offre de formation continue pour répondre aux attentes des demandeurs d’emploi et des entreprises ? ❚ Quels dispositifs pour les demandeurs d’emploi en Bretagne ? © Hugues Panon En Bretagne, l’offre globale de formation est constituée de l’ensemble des actions proposées par les 1884 organismes de formation intervenant sur le territoire. Selon les déclarations faites au Groupement d’intérêt public pour la relation emploi formation (GREF), 4327 actions de formation seraient ainsi disponibles en Bretagne pour l’ensemble des particuliers, actifs occupés et demandeurs d’emploi. Mais pour ces derniers, il ne s’agit pas tant de considérer l’ensemble des actions de formation disponibles que la dizaine de dispositifs proposés pour eux sur le territoire breton. La majorité d’entre eux ont été créés par le Conseil régional, en vertu des lois de décentralisation de 1983 et de 2004 qui lui transfèrent la compétence de droit commun en matière de financement et de programmation d’actions de formation professionnelle continue pour les jeunes et les adultes à la recherche d’un emploi. Le Conseil régional n’est pourtant pas le seul à exercer cette responsabilité sur le territoire de la région ; il la partage avec Pôle emploi (pour l’Etat), et les partenaires sociaux. Ceux-ci ont créé le « contrat de professionnalisation » qui, à la différence des dispositifs mis en place par la Région et par Pôle emploi, est un contrat de travail. Il prévoit une alternance entre des périodes de travail en entreprise et des périodes de formation. Les dispositifs de formation mis en place par le Conseil régional et par Pôle emploi FORMATION Les dispositifs d’aides indiv iduelles correspondent essentiellement à la mise en œuvre de la compétence de financement des actions de formation par la Région ou Pôle emploi. Le domaine des actions de formation financées n’est pas prédéterminé par l’institution concernée mais répond directement au projet professionnel du demandeur d’emploi ou au besoin spécifique d’une entreprise. Ainsi, une action de formation financée correspond souvent à un bénéficiaire particulier. Au titre de ces dispositifs, le Conseil régional a mis en place : - L e Ch è q u e F o r ce : il finance des actions de formation courtes permettant au demandeur d’emploi d’adapter ou de remettre à niveau ses compétences. 18 - Le Chèque Formation : il finance des actions de formation longues qualifiantes répondant au projet professionnel du demandeur d’emploi lorsque celui-ci ne trouve aucune réponse dans le PRS. - La Formatio n d’accès sécurisé à l’emploi (FASE) : elle finance des actions de formation qualifiantes pour les demandeurs d’emploi non indemnisés au titre du chômage et est accordée sur la base d’un engagement des employeurs à recruter les personnes à l’issue de leur formation. P ôle emploi intervient au travers de l’Action de formation préalable au recrutement (AFPR). Elle finance des formations pré-qualifiantes ou qualifiantes qui sont ouvertes depuis 2009 à tous les demandeurs d’emploi. Elles visent à adapter leurs compétences à l’emploi proposé par un employeur qui s’engage à recruter la personne à l’issue de la période de formation. Dans le cadre des dispositifs collectifs de formation, la Région et Pôle emploi financent des actions dont ils ont précisément défini non seulement l’objectif (pré-qualifiant ou qualifiant) mais également la thématique ou le domaine (par exemple une action de préparation aux concours, d’accompagnement à la construction du projet professionnel, ou une action visant à acquérir les compétences nécessaires à l’exercice d’un métier précis dans un secteur d’activité ciblé). Chacun de ces dispositifs correspond soit à une action ou prestation de formation particulière, soit au regroupement de plusieurs actions de formation en une offre globale. Dans tous ces dispositifs, une action de formation correspond à un ensemble de bénéficiaires. Au titre des dispositifs collectifs de formation, le Conseil régional a mis en place : - Les Ateliers de pédagogie personnalisés (APP) et les Ateliers de savoirs fondamentaux (ASF). Les APP sont des dispositifs plutôt pré-qualifiants, mis en place pour aider les demandeurs d’emploi à préparer des examens et concours du niveau V au niveau Bac et les ASF visent à la lutte contre l’illettrisme, à l’apprentissage du numérique, ou à la préparation au code de la route. - Le Dispositif régional d’insertion professionnelle (DRIP) Le DRIP se décline en quatre prestations en amont de l’emploi ou de la qualification qui visent par exemple à l’accompagnement à l’orientation et la construction du projet professionnel ou à l’acquisition des savoirs professionnels de base. - Les Actions territoriales et ex périmentales de formation Flexibles et rapides à mettre en place, ces actions qualifiantes ou pré-qualifiantes interviennent en réponse aux besoins de formation exprimés par des entreprises ayant des projets de recrutement dans des secteurs qui ne sont pas couverts par des actions de formation du DRIP, du PRS ou de l’offre de l’AFPA. - Le Programme régional des stages Le PRS regroupe un ensemble d’actions de formation qualifiantes par secteur d’activ ité économique. La nature des actions de formation (elles correspondent souvent à un métier précis) est fixée par la Région, notamment en fonction de besoins plutôt structurels en emplois et qualifications sur le territoire. © Bertrand Demée sont de deux types. Il existe des dispositifs d’aides individuelles et des dispositifs collectifs de formation. C’est en fonction de cette offre dans son ensemble que le PRS est élaboré par la Région. - L’offre de l’AFPA, organisme public de formation dont la gestion et le financement des actions de formation ont été transférées à la Région. Elle se compose essentiellement d’actions de formations pré-qualifiantes et qualifiantes dans les domaines du tertiaire, du bâtiment et de l’industrie. Pôle emploi a mis en place le dispositif des « Actions de formation conv entionnées » (AFC). Elles correspondent principalement à des actions qualifiantes. Le domaine de l’action de formation est décidé en fonction des projets de recrutements exprimés par les entreprises du territoire et des offres d’emploi déposées par les employeurs. Ainsi les formations sont en lien direct avec le recrutement sur un poste de travail. Les études menées par le GREF analysent l’offre régionale de formation continue en se focalisant principalement sur six dispositifs qualifiants pour les demandeurs d’emploi. Elles rapprochent ainsi le Chèque formation, le PRS, l’offre de l’AFPA, l’offre de l’Assedic, le contrat de professionnalisation, et le Congé individuel de formation (CIF). L’analyse de la répartition des 17 278 stagiaires sortis d’une action de formation effectuée dans le cadre de ces dispositifs de formation montre l’importance du contrat de professionnalisation et du PRS. Avec une part de 29% pour le premier et de 25% pour le PRS, ces deux dispositifs rassemblent en effet plus de la moitié des effectifs considérés. Par ailleurs, la majorité des stagiaires se concentre sur des formations du domaine tertiaire. FORMATION ❚ Le rôle de la Région dans la mise en complémentarité de ces dispositifs © Hugues Panon Les caractéristiques communes de plusieurs de ces dispositifs montrent qu’il existe entre eux des points de recoupement. Cela pose éminemment la question de leur articulation : en pratique, ces dispositifs interviennent-ils en complémentarité ou en concurrence ? Si les actions de formation peuvent viser alternativement soit à l’acquisition de compétences en amont de la qualification soit à l’obtention d’une qualification, elles se rejoignent dans un objectif commun et non exclusif de promotion sociale : l’insertion dans l’emploi du public auquel elles s’adressent. Dans cette relation de la formation à l’emploi, le positionnement de chaque dispositif de formation existant en Bretagne souligne quelques tensions quant au rôle de la qualification : faut-il promouvoir l’insertion directe dans l’emploi à la suite d’une formation pré-qualifiante ? La qualification doit-elle répondre à des besoins plutôt conjoncturels ou structurels ? L’action de formation qualifiante est-elle plus efficace en termes d’insertion dans l’emploi lorsqu’elle est mise en place rapidement ? Faut-il privilégier les formations courtes ou les formations plus longues ? Ces questions se posent d’autant plus que l’on observe un déportement de la demande et donc des effectifs du PRS vers le DRIP. Une forte concentration des formations dans le domaine du tertiaire. formation (mais la compétence pour la programmation de formations de niveau I et II est partagée avec l’Etat). Le rôle de coordination de la Région s’est affirmé par l’élaboration de sa Stratégie régionale emploi formation (SREF), en concertation avec l’ensemble des acteurs intervenant en faveur de l’emploi et de la formation sur le territoire breton. La SREF a notamment conduit à la mise en place d’une nouvelle stratégie visant à la complémentarité des dispositifs à l’échelle régionale. Cette stratégie s’appuie sur une nouvelle procédure d’évaluation des besoins en emploi et en qualification et permet de faire le lien entre les besoins identifiés et l’offre globale de formation sur le territoire : les filières générale, technologique, et professionnelle de formation initiale, mais aussi l’ensemble des dispositifs de formation continue que propose la Région ainsi que ceux de Pôle emploi, et le contrat de professionnalisation. Le Conseil régional, par la compétence que lui a confiée la loi en 2002, est responsable du développement cohérent de l’ensemble des filières et dispositifs de C’est en tentant compte de ce cadre que la Région élabore, adapte, et dimensionne son PRS pour qu’il se positionne à la fois en réponse à l’analyse des besoins en emploi et en qualification, et en complémentarité par rapport aux autres dispositifs. © Hugues Panon Focus sur le Programme régional des stages (« PRS ») élaboré par le Conseil régional Évaluer les besoins en emploi. Certaines caractéristiques du PRS ont connu des évolutions depuis 2004. Les éléments exposés ci-dessous en tiennent compte pour décrire le dispositif tel qu’il est conçu aujourd’hui. ❚ A qui le PRS s’adresse-t-il ? Les actions de formation du PRS s’adressent aux demandeurs d’emploi inscrits sur les listes de Pôle emploi, aux bénéficiaires de contrats aidés, aux actifs de la production agricole souhaitant s’installer ou se perfectionner dans leur métier, et depuis la rentrée 2008 (PRS 2008-2009) aux salariés de niveau infra V en préavis de licenciement économique. Les bilans réalisés concernant les caractéristiques des stagiaires du PRS montrent qu’ils sont majoritairement des hommes et pour moitié des personnes âgées de moins de 28 ans. ❚ Qu’est-ce que le PRS ? Le Programme régional des stages prend la forme d’un catalogue d’actions de formation qualifiantes programmées par le Conseil régional en fonction des besoins structurels en emploi et en qualification qu’il a pu évaluer à l’échelle du territoire régional et des pays. Cette démarche doit permettre de créer un lien étroit entre les besoins en emploi et la qualification visée par la formation, dans l’objectif que celle-ci débouche sur une insertion professionnelle durable des demandeurs d’emploi. Le PRS est publié chaque année avant l’été à l’attention des publics bénéficiaires et des structures chargées de leur prescrire les actions de formation continue. Le démarrage des actions de 19 FORMATION formation a souvent lieu dès la rentrée de septembre. ❚ Le PRS en chiffres Concernant la répartition des demandeurs d’emploi par niveau de formation, au 31 décembre 2008, 41% des demandeurs d’emploi étaient des personnes ayant un niveau de formation correspondant au BEP-CAP (niveau V). Par ailleurs, si 70% des demandes d’emploi concernent le secteur tertiaire, les domaines particuliers de la vente, du tourisme, et des services, ainsi que les fonctions sociales et médico-sociales sont ceux qui comptent le plus grand nombre de projets de recrutement. 20 Concernant le budget accordé au PRS, à titre indicatif en réalisations pour l’année 2008, le Conseil régional a consacré 21,7 millions d’euros au financement des actions de formation inscrites dans son Programme régional des stages. A ce montant, il faut ajouter 6,2 millions d’euros au titre de la rémunération de 2 404 stagiaires et 2,5 millions d’euros au titre de l’aide à la restauration. ❚ Financement de la formation, rémunération et contribution du stagiaire au coût de la formation Les personnes suivant une action de formation du Programme régional des stages bénéficient non seulement de la prise en charge de leur formation par le Conseil régional mais également d’une rémunération dont le montant est fixé par décret et varie en fonction de la situation du stagiaire. Seuls les stagiaires du PRS ne bénéficiant pas déjà d’une indemnisation (ayant droit à l’allocation chômage versée par Pôle emploi par exemple) ont droit à cette rémunération. Pour en bénéficier, les personnes concernées doivent effectuer une demande auprès de l’organisme dispensant la formation du PRS. Celui-ci en informe la Région qui verse ensuite © Stéphane Cuisset - CRB 244 actions de formation ont été mises en œuvre dans le cadre du PRS 20092010. Dans ce contexte, la Région a rappelé l’importance de l’accès à la qualification, facteur clé de sécurisation des parcours professionnels. directement la rémunération au bénéficiaire. cière des stagiaires mais en fonction de leur niveau de formation. Dans le cadre de l’application du régime public de rémunération des stagiaires, ces derniers peuvent aussi bénéficier d’une prise en charge de leurs frais de transports et/ou d’hébergement dont le montant varie également en fonction de la situation du stagiaire. En complément, le Conseil régional attribue depuis septembre 2007 (PRS 2007-2008) une aide à la restauration aux stagiaires dont la rémunération est inférieure ou égale à 1 000 euros. Préconisation : Moduler la contribution financière demandée aux stagiaires en fonction de leurs ressources financières, v oire l’annuler pour les personnes percev ant les forfaits du Conseil régional. Le Conseil régional doit faire appliquer ces mesures de façon identique par tous les organismes de formation pour une égalité de traitement des stagiaires. Si le Conseil régional rémunère les organismes de formation pour la prestation de formation qu’ils effectuent, il prévoit également que ces organismes puissent demander aux stagiaires une participation financière aux coûts de formation. Pour le CESER, au-delà d’une interrogation sur la justification et l’efficacité d’une contribution financière des stagiaires, le fait que l’application d’une telle mesure soit laissée à la discrétion des organismes de formation compromet l’égalité de traitement des stagiaires. Actuellement, il revient aux organismes de formation souhaitant l’appliquer de déterminer le montant de la contribution demandée au stagiaire et de l’indiquer dans la proposition transmise à la Région. Le Conseil régional fixe cependant un montant maximal que la contribution demandée au stagiaire ne peut dépasser mais il le fait varier non pas en fonction de la situation finan- ❚ La procédure d’appel d’offres et la place des organismes de formation dans la mise en œuvre des actions de formation Le rôle et les relations du Conseil régional et des organismes de formation ont beaucoup évolué, notamment depuis l’affirmation par l’Union européenne (et sa réglementation, transposée en droit national) que la formation professionnelle constituait une activité de marché et non pas de service public. Ainsi depuis 2004, l’attribution des actions de formation programmées par le Conseil régional aux organismes de formation se fait dans le cadre d’un appel d’offres soumis aux règles des marchés publics. Chaque action de formation du PRS met donc en concurrence plusieurs organismes de formation pour sa mise en œuvre. L’analyse du PRS 2008-2009 montre que les réseaux d’organismes de formation concentrent presque 50 % du marché. Ainsi, 20% des 228 actions de for- FORMATION mation du PRS ont été attribuées au réseau des « Greta », organisme public prestataire de formations continues. Les centres du CLPS (organisme privé) dispensent quant à eux 10% des formations du PRS. L’AFPA, organisme public créé il y a 60 ans par l’Etat et les partenaires sociaux pour dispenser des formations répondant aux besoins de reconstruction du pays dans l’immédiat après-guerre et ensuite aux mutations économiques, occupe une position particulière depuis le transfert de sa gestion à la Région. Ses actions de formation n’ont pas encore été soumises à l’appel d’offres et restent regroupées pour composer une offre spécifique et cohérente financée par la Région, à côté du PRS. C’est la raison pour laquelle aucune action de formation du PRS n’a été attribuée à cet organisme. Cependant, la mise en œuvre du Service public régional de formation et les évolutions à attendre quant au positionnement de l’AFPA pourraient changer la donne. Pourtant, la Bretagne se caractérise par un bon niveau de qualification des jeunes issus de la formation initiale et une élévation générale (comme ailleurs) de la qualification des emplois : autant d’éléments qui mériteraient d’être également pris en compte par le Conseil régional dans la constitution de sa principale offre de formation qualifiante. Cela permettrait aussi de poursuivre un objectif de promotion sociale. Le poids peu important des services de formation continue des universités dans le PRS est également lié à la nature de la demande du Conseil régional au travers de son appel d’offres PRS qui est très peu dirigée vers les formations de niveaux II et I (licences, masters et doctorats). Or ce sont des formations de ces niveaux que dispensent les universités. Préconisation : Offrir dans le catalogue du PRS davantage de formations de niv eaux II et III, sans que cela ne se fasse au détriment des autres formations de niv eaux inférieurs. ❚ Niveaux de formation et secteurs d’activité correspondant aux actions de formation du PRS Les résultats de l’évaluation des besoins en emploi et en qualification menée par le Conseil régional en amont de l’élaboration du PRS et/ou la volonté politique de s’adresser aux demandeurs d’emploi les moins qualifiés l’ont conduit à programmer prioritairement des actions de formations de niveau V (BEP, CAP) et IV (Bac professionnel par exemple). Elles représentent ainsi 80% de l’offre totale du PRS 2008-2009, contre seulement 18% pour le niveau III (BTS, DUT) et 2% pour le niveau II (licence professionnelle, par exemple). Certains secteurs sont sous-représentés. L’identification des besoins structurels en emplois et en qualifications permet également au Conseil régional de décider de la nature, du nombre d’actions de formation, mais également du nombre de places par action à attribuer pour chaque secteur d’activité économique. Ainsi, les secteurs pour lesquels le PRS 2008-2009 attribue le plus d’heures de formation sont l’agriculture, l’animation, la pêche, le transportlogistique, la métallurgie-plasturgie, et le bâtiment. Certains secteurs (l’hôtellerie-restauration, les fonctions transversales de l’entreprise, le tertiaire, la bureautique) apparaissent comme sous-représentés par rapport à leur poids dans l’économie bretonne ou par rapport aux mutations de l’économie en cours. C’est notamment le cas du développement des éco-activités (cf. Avis régional n° 50). A ce titre, le CESER incite à confirmer la réalité de la prise en compte dans le PRS des métiers liés au développement durable. © Emmaanuel Pain - CRB Parmi les autres organismes publics, les services de formation continue des universités dispensent seulement 1% des actions de formation proposées dans le PRS. Cela est notamment lié aux processus administratifs du PRS ; ils compliquent la réponse à l’appel d’offres et la mise en œuvre de ses actions, et sont difficilement conciliables avec les modes de fonctionnement (pédagogique, administratif, et comptable) de l’Université. Le dispositif administratif et technique du PRS est jugé inadapté par la plupart des organismes de formation qui souhaiteraient une meilleure prise en compte du suivi qu’ils réalisent auprès des stagiaires pendant leur période d’alternance en entreprise et un meilleur accompagnement par la Région des démarches qu’ils effectuent pour individualiser les parcours de formation des stagiaires. Ces décalages entre la réalité de la structuration ou les mutations de l’économie bretonne et le PRS peuvent s’expliquer par des stratégies de branches qui préfèrent solliciter d’autres dispositifs de formation que le PRS ou par l’absence de structuration de certaines branches au niveau régional et l’absence de contrat d’objectifs emploi-formation. Or ce sont là les moyens par lesquels le Conseil régional effectue son analyse des besoins en emploi et en qualification. 21 FORMATION Analyse du Programme régional des stages, de son élaboration à l’entrée des stagiaires sur le marché du travail 22 L’analyse des besoins en qualification et la procédure d’appel d’offres vers les organismes de formation ❚ Améliorer l’évaluation des besoins en emploi et en qualification Cette étape est au cœur de la construction par la Région de son offre de formation professionnelle. Elle est essentielle car c’est à partir d’elle que le Conseil régional va non seulement pré- naux pour financer et programmer des actions de formation professionnelle pour tous les publics, dans les faits trois acteurs (Région, Etat, et Pôle emploi) se partagent actuellement ces compétences vis-à-vis des demandeurs d’emploi, selon une logique de statuts. Cet enchevêtrement des responsabilités affecte la lisibilité de l’ensemble du système et compromet l’appréhension par la Région des besoins des publics dont elle n’a pas l’entière responsabilité. © Franck Betermin De nombreuses évolutions ont marqué l’élaboration du PRS : le passage à une procédure d’appel d’offres vers les organismes de formation depuis 2004, la mise en place de la Stratégie régionale emploi formation depuis 2006 qui a entraîné la conception d’une nouvelle stratégie d’évaluation des besoins et emploi et en qualification. Le processus détaillé ci-dessous est celui qui gouverne l’élaboration du PRS depuis 2007. Celle-ci s’étale sur environ une année et se décline en plusieurs étapes dont les principales sont : • l’analyse des besoins en emploi et en qualification. • L’élaboration et le lancement de l’appel d’offres vers les organismes de formation . A partir de l’analyse des besoins, un « cahier des clauses techniques particulières » est élaboré. Il présente les actions de formation (ou « lots ») dont la mise en œuvre est soumise à l’appel d’offres par secteur d’activité. Pour chaque action, il est indiqué le territoire (un ou plusieurs pays) sur lequel la Région souhaite qu’elle soit mise en place, le niveau de sortie de formation, le type de validation qu’elle vise, et le nombre de places de formation qu’elle doit pouvoir ouvrir. • La notification des marchés aux organismes de formation (après instruction des dossiers et choix d’un organisme de formation par action) et la publication du catalogue des formations du PRS. • L’entrée en formation des premiers stagiaires. Entre l’analyse des besoins et la sortie des tous premiers stagiaires, il s’écoule au minimum dix-huit mois. voir et ajuster l’ensemble de ses dispositifs de formation les uns par rapport aux autres (dont le PRS) mais également les concevoir en tenant compte des autres voies de formation et des dispositifs mis en place par d’autres acteurs. L’analyse des besoins en emploi et en qualification, déclinée par secteur d’activité, est particulièrement importante pour la construction du Programme régional des stages dont les actions de formation, également déclinées par secteur, en découlent directement. Pourtant, son efficacité est entravée par un certain nombre de difficultés. Pour y remédier, certaines conditions devraient être réunies. Si l’ensemble des préconisations présentées ci-dessous s’appuie sur les constats qui ont pu être fait par différents acteurs (branches professionnelles, organismes de formation,…) intervenant dans l’élaboration et/ou la mise en œuvre du PRS, elles dépassent donc le cadre même de ce dispositif pour s’étendre de manière générique à la construction d’une offre régionale de formation. ❚ Finaliser le processus de décentralisation de la formation professionnelle continue au profit des Régions. En dépit de la compétence générale attribuée par la loi aux Conseils régio- Deux outils ont été créés par la loi pour permettre à la Région de jouer pleinement son rôle de coordination de l’ensemble des dispositifs mis en place par différents acteurs sur le territoire : le Plan régional de développement de la formation professionnelle (PRDFP) et le Comité de coordination régional de l’emploi et de la formation professionnelle (CCREFP) dont le fonctionnement en Bretagne a indéniablement permis le rapprochement des acteurs. Il appartient donc de renforcer ces deux outils, en rendant le premier prescriptif, et en approfondissant la dynamique engagée au sein du second. Trois évolutions récentes semblent cependant remettre en cause la capacité des Régions à jouer pleinement leur rôle : le remplacement du PRDFP par un « Contrat de plan régional de développement des formations » dont la responsabilité serait copartagée entre l’Etat et la Région, l’ouverture des dispositifs de formation mis en place par Pôle emploi à tous les demandeurs d’emploi qui pose la question des financements qui étaient jusque là partagés entre cette institution et le Conseil régional, et l’hypothèse possible d’un retrait de la clause de compétence générale aux collectivités. ❚ Mieux anticiper les mutations et les évolutions socio-économiques en adoptant une démarche prospective L’analyse actuelle des besoins en emploi et en qualification paraît trop déconnectée des grandes mutations de l’économie et de l’emploi qui interrogent le FORMATION rôle de la formation continue et la manière même de construire l’offre de formation. Pour mieux les prendre en compte, le Conseil régional gagnerait à prendre appui sur les ressources provenant des différents territoires infrarégionaux et à accompagner leur interconnections autant que leurs initiatives. Cela passe particulièrement par la valorisation et la mise en réseau des outils existants tels que les observatoires comme le GREF mais aussi les observatoires de branches et les différents observatoires territoriaux dont il faut souligner la qualité du travail. Ils contribuent indéniablement à améliorer la connaissance des territoires, des dynamiques et mutations de l’emploi, et de leurs relations complexes avec les politiques de formation. A ce titre, il faut aussi souligner les apports de la gestion territoriale des emplois et des compétences qui mobilise l’ensemble des acteurs de territoire et prend en compte tous les publics pour envisager les mobilités entre secteurs et entre territoires dans une optique de sécurisation des parcours professionnels. voire parfois au niveau interrégional). De plus, lorsque les espaces adéquats pour leur mobilisation existent (par exemple, les comités de coordination locaux des Maisons de la formation professionnelle), les branches professionnelles et les partenaires sociaux estiment avoir des difficultés à y participer. Préconisation : Mettre en place au s e i n d e l ’Ag e n ce é co n om i q u e d e Bretagne une v eille particulière sur les mutations des métiers et les « nouv eaux métiers ». Sans nécessairement aller jusqu’à une fusion de ces deux directions comme c’est le cas par exemple à la Région Rhône-Alpes, un rapprochement devrait s’opérer afin notamment d’assurer la cohérence entre les contrats de filières et les contrats d’objectifs emploi-formation aujourd’hui utilisés comme autant d’outils pour l’analyse des besoins en emploi et en qualification. ❚ Renforcer la concertation avec les branches professionnelles Bien qu’elles soulignent une amélioration de la concertation avec le Conseil régional depuis la mise en place de la nouvelle stratégie régionale d’évaluation des besoins en emploi et en qualification, les branches professionnelles regrettent le périmètre et les procédures trop figées sur lesquels l’analyse régionale s’appuie, allant jusqu’à questionner sa réelle efficacité. L’analyse des besoins en emploi et en qualification menée par la Région s’opère en effet à deux niveaux (le niveau régional et celui des pays) qui ne correspondent pas forcément à la structuration des branches (elles interviennent au mieux au niveau départemental, Le Conseil régional doit poursuivre ses efforts pour travailler en concertation avec les autres financeurs de la formation continue pour une plus grande complémentarité de l’offre. Ceci doit permettre une meilleure compréhension des branches professionnelles sur la spécificité de son offre de formation. ❚ Renforcer la collaboration entre les directions de la formation professionnelle et du développement économique au sein du Conseil régional ❚ Mieux prendre en compte la demande sociale Si la demande économique et la demande sociale de formations trouvent leur point de raccordement dans l’emploi (offre ou demande), elles se distinguent sur deux points : • les besoins exprimés par les acteurs économiques et les attentes des personnes peuvent entrer en contradiction (c’est le cas par exemple lorsque les besoins en emploi des premiers sont ciblés sur des secteurs et métiers qui ne sont pas attractifs pour les populations) ; • il est plus difficile de saisir la demande © Franck Betermin Préconisation : Clarifier le positionnement du PRS par rapport aux autres dis pos iti fs de for mat ion co nti nue disponibles sur le territoire. sociale que de recueillir l’expression des branches professionnelles (même si cela pose parfois également problème). La prise en compte des mobilités entre secteurs, et des dynamiques à l’œuvre sur les territoires est un moyen de répondre à ces problématiques. Le travail du réseau des Maisons de la formation professionnelle mis en place par le Conseil régional devrait conduire à mieux approcher la demande sociale et à coordonner tous les acteurs participants à l’Accueil, information, orientation, et l’accompagnement (AIOA) des personnes. Au-delà, il importe de faciliter le rapprochement de l’ensemble des acteurs de la concertation, de l’emploi, et de la formation sur les territoires. L’identification des besoins des personnes peut permettre d’appréhender l’attrait des personnes pour certains dispositifs de formation continue (le contrat de professionnalisation, ou le DRIP, plutôt que le PRS), ou de percevoir leur vision du rôle de la formation. ❚ Rendre possible la participation des organismes de formation La procédure d’analyse des besoins en emploi et en qualification menée par la Région ne sollicite que très peu les organismes de formation. Cela est notamment dû au passage à une procédure d’appel d’offres qui a transformé et rigidifié les relations entre ces deux acteurs. Les règles de la concurrence exigent en effet que les contacts entre eux soient limités pendant la période de l’appel d’offres. 23 FORMATION Pourtant, par leur proximité avec les demandeurs d’emploi stagiaires et leur implantation dans les territoires infrarégionaux, les organismes de formation disposent d’une réelle connaissance des territoires et des mutations de l’emploi. Par ailleurs, cette rigidité empêche également les organismes de formation de s’exprimer sur la pertinence des actions de formations programmées par le Conseil régional à la suite de cette analyse. 24 Préconisation : Associer dav antage en amont les organismes de formation à la définition de l’offre de formation. Afin de bénéficier de leur co n n ai s s a nce d e s te r r i to i r e s, d e s rencontres entre le Conseil régional et les organismes de formation doiv ent être organisées lors de la co n s u l t a t i o n s u r l ’a n a l y s e d e s besoins en qualification. ❚ Le point de vue des organismes de formation sur la procédure d’appel d’offres pour la mise en œuvre des actions du PRS Selon les organismes de formation auditionnés, le passage à une procédure d’appel d’offres dès 2004 a eu des conséquences plutôt positives. Il a en effet permis d’améliorer la transparence du processus de construction de l’offre de formation du Conseil régional et de l’attribution des marchés en mettant à la connaissance des organismes de formation les critères de sélection sur lesquels s’appuie la Région (ceux-ci sont cependant encore trop peu détaillés pour eux). D’un point de vue plus technique, l’appel d’offres a permis aux organisme s de fo rma ti o n d ’o b te n ir d e s garanties de paiement plus rapide que ne le permettait la subvention dont l’élasticité de paiement était plus importante. Il a également permis de sécuriser les organismes de formation et de garantir une certaine pérennité grâce à la possibilité pour le Conseil régional de reconduire deux fois un © Hugues Panon Il apparaît donc opportun d’assouplir le fonctionnement du marché de la formation pour davantage les faire participer. marché conclu avec un organisme pour la mise en œuvre d’une action de formation du PRS. Cependant, l’appel d’offres n’est pas sans inconvénients pour les organismes de formation. Comme signalé précédemment, la complexité des procédures entraîne une charge administrative lourde que ces organismes (particulièrement les petits) ne sont pas toujours en mesure d’assumer. Elle présente le risque que ceux-ci mobilisent leurs compétences vers des aspects plus administratifs que pédagogiques. C’est notamment le problème posé par la mise en œuvre de l’individualisation des parcours de formation imposée par le cahier des charges. Elle demande en effet le temps et les moyens nécessaires à l’ingénierie et à l’accompagnement des changements de pratiques tant pour les formateurs que pour les stagiaires. Un appui du Conseil régional serait donc souhaitable pour aider les organismes dans leur ingénierie pédagogique. De l’entrée en formation des stagiaires à leur insertion sur le marché du travail ❚ Fragmentation et chevauchement des compétences entre les acteurs Alors que les structures chargées de l’Accueil, information, orientation et accompagnement (AIOA) constituent non seulement le premier interlocuteur des demandeurs d’emploi dans le cadre de leur parcours de formation et d’emploi mais aussi les prescripteurs des actions de formation du PRS, les études menées par le GREF montrent qu’elles ne sont pas toujours les premières ni en tous cas les seules à diffuser l’information sur ce dispositif. La diffusion de l’information sur le PRS est fragmentée entre une multitude d’acteurs formant un paysage complexe et dont le rôle ne se limite souvent pas à l’information sur les dispositifs de formation dont le PRS fait partie. C’est précisément lorsque le rôle principal de chaque acteur entre en conflit avec son rôle d’information et de prescription que les blocages se font. Ainsi, en ayant pour objectif prioritaire l’accès direct à l’emploi des publics, Pôle emploi n’est pas incité à diffuser l’information sur le PRS ni à le prescrire. Cela est d’autant plus le cas que cette institution dispose de sa propre offre de formation continue qualifiante, désormais ouverte à l’ensemble des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, la publication du catalogue du PRS par le Conseil régional a souvent lieu en juin pour un démarrage de certaines actions prévues dès la rentrée de septembre. Ce laps de temps très court incite les organismes de formation, guidés par la nécessité de « recruter » suffisamment de stagiaires pour garantir l’ouverture de leurs formations, à assurer le relais de la diffusion de l’information sur le PRS. FORMATION Il est pourtant essentiel que la prescription soit effectuée et qu’elle constitue une garantie que le projet professionnel et de formation ait bien été validé et que le demandeur d’emploi ait pu bénéficier d’un réel accompagnement. Il appartient à la Région de favoriser une meilleure répartition et compréhension commune des rôles de chacun en Préconisation : Dév elopper les liens entre les organismes de formation et les prescripteurs afin de les informer sur les dates de recrutement, le nombre de places disponibles, etc. Créer un serv ice w eb permettant le s u i v i e n t e m p s r é e l d e s p l a ce s disponibles. Un autre problème apparaît en ce qui concerne le recrutement des stagiaires, phase au cours de laquelle, à l’inverse, les organismes de formation interviennent plutôt seuls. Cette situation pose question car les organismes de formation, n’étant rémunérés qu’à la condition que le stagiaire ait effectué au moins deux tiers des offres prescrites, ne sont pas incités à recruter les candidats les plus en difficultés qui présentent des risques de décrochage en cours de formation. Leur sélection devrait découler d’une décision concertée et associer non seulement les structures accompagnatrices et prescriptrices mais également les branches professionnelles aux organismes de formation. © Martin Boudier La situation constatée pour la diffusion de l’information sur le PRS se retrouve en ce qui concerne sa prescription aux publics bénéficiaires. Alors que le Conseil régional prévoit une entrée dans le PRS sur validation obligatoire du projet de formation des demandeurs d’emploi de moins de 26 ans par les Missions locales et une prescription souhaitable pour les autres publics, seul un stagiaire du PRS 2003-2004 sur deux déclare en avoir bénéficié. Cela conduit les organismes de formation à prendre le relais mais pose la question de leur légitimité à intervenir en tant que prescripteur, et de leur capacité à accorder le temps et les moyens nécessaires à l’examen et à la validation du projet professionnel du candidat. De plus, les pratiques de prescription de tous ces acteurs ne répondent pas à des critères harmonisés. repositionnant clairement Pôle emploi et les Missions locales comme prescripteurs officiels des formations du PRS. du parcours antérieur, et des projets de chaque stagiaire. Concrètement cela peut se traduire par une individualisation des temps de formation (incluant par exemple la réduction ou l’augmentation du temps hebdomadaire de formation par exemple) ou des lieux, types, et stratégies d’apprentissage (formation à distance par exemple). ❚ Le déroulement des stages du PRS en organisme de formation L’individualisation des parcours de formation impose une transformation des pratiques pour tous les acteurs (organismes de formation, formateurs, stagiaires). Pour qu’elle soit réellement efficace et se déploie sans altérer la dynamique de groupe, elle requiert une très forte implication des organismes de formation qui doivent faire preuve d’adaptabilité ainsi que d’une capacité d’innovation et de flexibilité organisationnelle pour accompagner ces changements. La Région a un rôle à jouer pour apporter un appui aux organismes de formation dans la mise en place de cette nouvelle démarche pédagogique. Toutes les actions de formation proposées par le PRS se déroulent en alternance entre le centre de formation et l’entreprise, et répondent au principe d’une individualisation des parcours de formation en fonction de la situation, Préconisation : Renforcer l’accompagnement des organismes de formation dans l’év olution de leurs pratiques liées à l’indiv idualisation des parcours de formation des stagiaires. © Hugues Panon Préconisation : Diffuser plus rapidem e n t a u pr è s d u p ub l ic l 'of f re d e formation du PRS par une communication dans les médias régionaux d ès v ali dat ion p ar l a Co mmi ssio n permanente du résultat des appels d'offres. La mise en place de parcours individualisés et adaptés à la situation de chaque stagiaire n’exclut pas les abandons en 25 FORMATION 26 De même, le retour des stagiaires sur les actions de formation suivies dans le cadre du PRS est encore peu sollicité. La dernière étude du GREF concernant ces questions (publiée en janvier 2008) concerne les stagiaires du PRS 20032004. Elle montre que 87% d’entre eux ont déclaré que la formation suivie dans le cadre du PRS avait répondu à leurs attentes. Elle ne donne cependant aucune indication sur la nature de ces attentes. Ceci pourrait pourtant particulièrement éclairer le Conseil régional quant au rôle que les personnes attribuent à la formation. ❚ De bons résultats en termes d’insertion professionnelle Environ 90% des stagiaires du PRS voient les compétences acquises en cours de formation certifiées par un diplôme ou un titre professionnel. Cette qualification, en reconnaissant l’ensemble des savoirs acquis est incontestablement un élément de sécurisation du parcours professionnel du stagiaire. 54% des bénéficiaires du PRS 20032004 sont en emploi dans la semaine qui suit la fin de la formation (dont 36% en CDI), 75% sont en emploi 18 mois après la fin de la formation (dont 53% en CDI), et 89% ont connu au moins une période d’emploi au cours des 18 mois qui ont suivi la fin de la formation (la bascule dans l’emploi se faisant le plus souvent entre le 4ème et le 6ème mois). © Michel Ogier Préconisation : Mener une enquête détaillée sur les motifs de rupture des parcours de formation dans le cadre du PRS, comme cela est fait pour les ruptures de contrats d'apprentissage. Préconis ation : Prév oi r la mise en place, en début de formation, d’un contrat entre le stagiaire et l’organisme de formation afin de définir les attentes et les engagements des deux parties. 58% des stagiaires accèdent à un emploi. ailleurs s’opérer au-delà des 18 mois observés. On peut cependant retenir que la majorité des stagiaires du PRS (58%) connaît des trajectoires marquées par un accès rapide et durable à l’emploi. L’étude menée par le GREF révèle un autre élément très intéressant qui traduit bien la complexité du lien entre l’emploi et la formation : 18 mois après la fin de la formation PRS, 43% des stagiaires occupent un emploi n’ayant aucun rapport direct avec la formation suivie dans ce cadre. Au cours des 18 mois suivant la fin de la formation, les trajectoires professionnelles des anciens stagiaires du PRS sont plurielles et contrastées ; des retournements de situation peuvent par Cette élasticité de la relation entre le secteur ou domaine de l’emploi occupé et celui de la formation n’est pas propre au PRS. Elle se constate également dans différentes filières de formation professionnelle ou initiale. Elle peut néanmoins être utilement analysée au regard de la construction du PRS. © Hugues Panon cours de formation. Constatés par les organismes de formation, ces ruptures de parcours concernent environ 10% des stagiaires. Selon les organismes de formation, elles s’expliquent davantage par des événements périphériques à la formation (raisons financières ou retour à l’emploi, même précaire) que par des problèmes inhérents à la formation ellemême. Ces analyses pourraient utilement être complétées par le recueil du point de vue direct des stagiaires. Si l’ensemble des actions de formation du PRS s’appuie sur l’analyse des besoins en emploi et en qualification, celle-ci ne semble pas déterminante dans l’insertion professionnelle des bénéficiaires. Ces derniers semblent en effet avoir acquis la capacité de s’a da pte r à un cha nge me nt de conjoncture économique perturbant les prévisions sur lesquelles s’appuyait le PRS. FORMATION La politique de formation professionnelle continue du Conseil régional de Bretagne et le Programme régional des stages : évolutions et perspectives Bien qu’il soit difficile d’attribuer l’acquisition de cette flexibilité au seul PRS, le rôle de celui-ci ne peut être nié. Celui des organismes de formation est également à souligner dans l’accompagnement des stagiaires dans leur recherche d’emploi, la détermination du contenu précis des actions de formation et les pédagogies mises en place, le travail sur les savoir-être, … qui sont autant de facteurs favorisant l’employabilité des individus. La situation des publics bénéficiaires est au fondement de la politique de formation continue du Conseil régional. Parce que l’efficacité du PRS se mesure aussi dans sa capacité à la faire évoluer favorablement, le Conseil régional doit se donner les moyens de poursuivre et d’approfondir les études sur les attentes des bénéficiaires et le suivi de leur situation. Au niveau de l’évaluation des besoins en emploi et en qualification, deux territoires sont actuellement pris en compte par la Région : le territoire régional dans son ensemble et le territoire de chaque pays breton. L’analyse des besoins au niveau des pays paraît pertinente compte tenu de l’histoire et de la légitimité qu’ils détiennent en Bretagne. Toutefois, d’autres acteurs (Pôle emploi, les Maisons de l’emploi, les Missions locales, les branches professionnelles…) susceptibles d’enrichir l’analyse des besoins de la Région par leurs expériences interviennent à d’autres niveaux. Ainsi l’analyse des besoins en emplois effectuée par Pôle emploi s’effectue non pas à l’échelle des pays mais des zones d’emploi. Préconisation : Créer une mission permanente intégrée au GREF, chargée de suiv re la situation de l’ensemble des bénéficiaires du PRS, en lien étroit av ec les organismes de f or ma ti on et le s s tr uctu re s AI OA (Accueil, information, orientation, accompagnement) prescriptrices. L’ensemble de ces constats invite donc le Conseil régional à adopter une approche systémique pour prendre en compte l’ensemble des besoins, des acteurs, et des territoires. Une telle approche pourrait en effet lui permettre de mieux appréhender les mutations globales de l’économie et les dynamiques des secteurs, des branches professionnelles, et des entreprises. © Martin Boudier Quant à la mise en place des actions de formations, la question des territoires se pose encore. Elle peut inviter, comme c’est le cas pour la mise en place de formations de niveaux I et II, à dépasser le périmètre institutionnel de la région pour mettre en place des coopérations interrégionales. Par ailleurs, si la structuration des actions de formation sur l’ensemble du © CRB Les analyses du PRS et de ses évolutions présentées tout au long de ce rapport montrent que la question du rôle du territoire et des échelles territoriales à prendre en compte dans la politique de formation continue de la Région se pose à tous les niveaux. De nouvelles possibilités de formation. territoire régional doit prendre en compte la localisation des entreprises, elle doit également considérer voire anticiper les logiques de flux et de mobilité des activités économiques (restructuration, mutations, mais aussi la mobilité des salariés d’un secteur d’emploi à un autre) et des populations. Il s’agit par exemple d’observer les distances entre le lieu de résidence et le lieu de travail, ou entre le lieu de résidence et le lieu de formation (sachant que les individus peuvent être plus mobiles pour aller se former que pour aller travailler). L’évolution des modalités pédagogiques de mise en œuvre des actions de formation pousse à son extrême la logique de flux pour remettre en question les frontières même des territoires. Avec l’individualisation des parcours de formation, la possibilité pour les stagiaires de suivre une action de formation ouverte et à distance, et l’ « e-learning », le lieu physique de la formation pourrait se déplacer du centre de formation vers le domicile, voire d’autres espaces de partage des savoirs qui pourraient être créés. Ainsi, la prise en compte par la Région des différents espaces territoriaux, des acteurs qui s’y investissent et des logiques de flux qui s’y installent peut 27 FORMATION © Stéphane Cuisset - CRB Pour conclure... Non loin de la question des territoires infrarégionaux et de la prise en compte de leurs dynamiques, se pose la question de la capacité de la Région à jouer un véritable rôle d’ensemblier et de facilitateur des coopérations entre l’ensemble des acteurs de la formation continue intervenant sur le territoire. Cette capacité dépend à la fois des compétences qui lui sont fixées par la loi, de sa volonté et de sa responsabilité politique, et de l’organisation des pouvoirs entre les acteurs avec lesquels elle se partage les compétences en matière de formation professionnelle continue. A ce titre des évolutions sont actuellement en cours et des incertitudes persistent. Ainsi, la récente ouverture des actions de formation mises en place par Pôle emploi à l’ensemble des demandeurs d’emploi, la création d’un « contrat accompagnement formation » pour les jeunes de moins de 26 ans, et la création d’un « contrat de plan régional de développement des formations » prévue par la nouvelle loi sur l’orientation et la formation tout au long de la vie semblent indiquer une réaffirmation du rôle de l’Etat dans la gestion de la formation continue, aux côtés de la Région. D’autres évolutions qui dépendent plus directement de la Région vont sans doute modifier l’architecture des dispositifs de formation continue, et particulièrement le PRS. Le Conseil régional travaille sur la création d’un Service public régional de la formation dont le périmètre recouvrirait en partie celui des actions de formation du PRS et modifierait les modalités de mandatement avec les organismes de formation. Comment se déroulera la mise en place du référencement des organismes de formation annoncée ? Quant aux évolutions à venir susceptibles d’avoir un impact sur le PRS et la politique régionale de formation continue , le C E S E R e xprime se s inquiétudes et souhaite que soient clarifiées au plus vite les relations avec l’Etat et que soient précisés en conséquence le rôle de chaque acteur et les conditions de mise en œuvre de la politique régionale de formation continue. Les dispositifs de formation continue impulsés par la Région doivent participer à réduire le risque de dualisation du marché du travail en fonction des qualifications en permettant le développement et l’actualisation des compétences. © Emmanuel Pain 28 donc lui permettre d’acquérir une vision plus systémique et macroéconomique pour construire son offre de formation. Dans un mouvement inverse, la formation continue joue un rôle pour le territoire breton puisque la hausse du niveau de qualification de ses habitants est un facteur d’attractivité pour la Bretagne. Aussi, une politique de formation doit-elle prendre en compte toutes ces dimensions. Tout au long de ce rapport, et en prena nt a ppui sur l’e xe mple du Programme régional des stages, le CESER a analysé la procédure d’élaboration par la Région de son offre de formation. Nous avons cherché à mettre en évidence les évolutions mises en œuvre dans ce cadre depuis la mise en place de la SREF. Si celles-ci ont eu incontestablement des effets positifs, des améliorations sont toujours possibles concernant l’analyse des besoins en emploi et en qualification et les relations du Conseil régional avec les organismes de formation dans le cadre de la procédure d’appel d’offres. Les préconisations émises par le CESER dépassent donc le cadre du seul PRS pour interroger les modes d’action et de coopération de la Région avec les autres acteurs du territoire. Commission « Formations, Enseignements supérieurs » Rapporteurs : MM. Robert JESTIN et Thierry LENEVEU Contact : Caroline Mével, Conseillère technique Tel : 02 99 87 18 74 Mel : [email protected] Consultez le rapport du CESER sur le site : www.ceser-bretagne.fr COOPERATION Pour la concrétisation d’un Réseau Nautique Atlantique Le thème de ce rapport n’est pas nouveau pour le réseau des Conseils économiques sociaux et environnementaux régionaux de l’Atlantique. La présentation du premier rapport « Pour une coopération interrégionale en faveur d’un nautisme durable » lors du Grand Pavois 2009 a généré une demande de la part d’élus de Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes de poursuivre les réflexions sur cette thématique, mais avec l’objectif de proposer un plan d’action pour mettre en œuvre les préconisations issues de cette première étude. Une seconde étude s’est alors rapidement orientée sur la nécessaire structuration d’un outil de coopération interrégionale. Ainsi est née l’idée de Réseau Nautique Atlantique, orienté R&D et mobilisant entreprises de la filière nautique, pôles de compétitivité, centres de recherches, technopôles, acteurs de la formation et acteurs institutionnels. 29 Un contexte favorable au développement du nautisme Un littoral atlantique doté d’atouts Le littoral atlantique concentre les activités de construction (plus de la moitié de la production française, tant en chiffre d’affaires qu’en effectifs) et de pratiques nautiques françaises et mondiales. La moitié des bateaux de plaisance est immatriculée sur cette façade et 40% des pratiquants français s’adonnent à de multiples activités : pêche promenade, régates, char à voile, kyte surf, kayak de mer, etc. La coexistence de plusieurs leaders mondiaux (voile, glisse, pneumatique...) et d’un large tissu de petites entreprises traditionnelles engendre des logiques de production et de développement totalement différentes. Génératrice à ce jour de 40 000 emplois en France, dont 30 000 dans les services, l’industrie nautique française en général et atlantique en particulier, présente un savoir-faire reconnu mondialement qui s’appuie aussi bien sur des compétences humaines et techniques que sur une capacité d’innovation et d’expérimentation. C’est le secteur industriel français qui a exporté le plus avec un taux moyen de 66% de sa production totale. Pour autant, le nautisme ne peut se restreindre à son seul poids économique. Par ses ports, ses activités nombreuses et variées, son occupation visuelle de l’espace, le nautisme apporte une très forte contribution à l’attractivité touristique du littoral. Une crise économique qui appelle le changement L’engouement pour le nautisme s’est traduit à l’aube des années 1960 par le développement d’une filière industrielle qui, jusqu’en 2008, a connu une croissance constante et forte avant que la crise mondiale ne divise quasiment par deux le chiffre d’affaires de nombreux constructeurs. Fin 2009, sur le marché national, les ventes de bateaux à moteur (70% du marché) et de voiliers ont baissé de 20%. Cette diminution des ventes de neuf entraîne un report sur l’équipement et l’entretien. La crise a en réalité accéléré un processus de diminution de l’activité qui était déjà engagé. On note peu de fermetures d’entreprises, mais les trésoreries sont très préoccupantes, à l’image de certains équipementiers qui ont subi une baisse de 80% de leur chiffre d’affaires. Nombreuses sont les entreprises qui ont ré-internalisé une partie de leurs activités afin de maintenir leurs effectifs, ce qui a fragilisé le réseau pourtant essentiel des sous-traitants. Il paraît probable que dans les années à venir, le paysage industriel nautique sur la façade atlantique connaisse de profondes mutations : recapitalisations, regroupements d’entreprises, dépôt de bilan, reprises d’entreprises, etc. COOPERATION Une évolution sociologique des pratiques et des comportements Un programme de huit actions pour lancer le Réseau Nautique Atlantique Une nouvelle catégorie d’acheteurs émerge, particulièrement dans les classes d’âge des 30 à 50 ans qui rationalisent davantage leurs investissements et passent progressivement d’une logique patrimoniale à une logique de prestations « clefs en main ». De plus, l’augmentation du coût de la vie et les incertitudes liées à l’avenir commencent à écarter de nombreux clients de l’achat d’un bateau neuf. 30 Cap sur l’innovation et la coopération interrégionale Les industriels du nautisme doivent répondre à un triple défi : assurer la pérennité de leur activité et des emplois, conforter leur avance technologique et intégrer les nouvelles donnes environnementales et sociétales. Des objectifs prioritaires Pour entrer dans une nouvelle dynamique de développement, la filière nautique doit identifier et anticiper de manière concertée les évolutions nécessaires. Cette capacité d’anticipation est pour l’instant limitée en raison de la relative jeunesse de la filière, son hétérogénéité, son cloisonnement et sa situation fortement fragilisée par la première crise structurelle de son histoire. La filière manque donc de données fiables, et surtout, d’un système d’analyse et de partage des informations. © FCM Graphic-Phovoir Cette tendance est corroborée par le vieillissement constant des plaisanciers propriétaires dont l’âge moyen était en 2009 de 70 ans. Seules les entreprises en capacité d’être présentes sur les marchés émergents (Chine, Turquie, Brésil, Inde…) pourront compenser en partie les pertes liées au non renouvellement des propriétaires. De ces objectifs prioritaires se sont dégagés les deux axes de travail, dans lesquels s’inscrivent les propositions d’actions (2 actions pilotes et 6 actions complémentaires) pour la mise en œuvre du Réseau Nautique Atlantique. C’est dans ce contexte d’incertitude et de visibilité réduite que la coopération interrégionale peut prendre tout son sens : la filière industrielle nautique atlantique a besoin d’être accompagnée dans cette nouvelle phase de développement. L’aide apportée par les CESER de l’Atlantique à travers cette étude consiste donc à proposer un cadre stratégique de travail. Pour ce faire, six priorités ont été retenues parmi les objectifs identifiés dans la première étude : - Le développement d’une meilleure coordination interrégionale des structures de R&D existantes afin de favoriser l’innovation ; - L’inscription résolue dans une logique environnementale par le développement de l’éco-conception et des écomatériaux ; - L’accroissement de la professionnalisation et de la compétitivité des entreprises par un recours facilité à l’accompagnement et aux conseils des structures habilitées (Chambres de Commerce et d’Industrie, Chambres de Métiers et de l’Artisanat…) ; - Les évolutions et adaptations nécessaires au niveau des emplois et des compétences (formation) ; - Le développement des exportations notamment vers les marchés émergents (Asie, Moyen-Orient,...) et - Une analyse des pratiques et des attentes des clients (observatoire, veille…). Axe Innovation : mettre en œuvre un programme interrégional de développement de l’innovation industrielle et de l’éco-conception ❚ Action pilote 1 : créer un logiciel d’éco-conception EnvironLe futur logiciel d’éco-conception permettra d’analyser toutes les étapes de la vie d’un bateau, afin de pouvoir mesurer son impact réel sur l’environnement. Les principaux postes sur lesquels agir sont les matériaux, la motorisation, la production et la gestion de l’énergie à bord, les équipements divers et consommables, la fin de vie. ❚ Action 2 : financer davantage les travaux de recherche Les thèses peuvent être considérées comme le premier maillon de la chaîne de valeur qui aboutit à la mise sur le marché de produits éco-innovants. Un ciblage des sujets de thèses financées dans le cadre des bourses CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche) ou encore en cofinancement par les Conseils régionaux peut être décidé sur les thèmes suivants : biomatériaux, motorisation, économies d’énergie, peintures, traitements, gréements, accastillage… ❚ Action 3 : lancer des appels à projet pour le développement de produits nautiques éco-innovants Des appels à projets pourraient être lancés pour créer une large gamme de COOPERATION produits nautiques éco-innovants : accastillage, aménagement intérieur (contreplaqué marine 100% écologique, colles bio-sourcées), peintures et traitements divers (antifouling biodégradable), produits d’entretien, énergies renouvelables, gestion fine de l’énergie à bord, motorisation… ❚ Action 4 : accélérer le développement des bio-composites Constitués à 98% de fibres végétales et de résines bio-sourcées, les biocomposites sont compostables en fin de vie. Le temps de recherche avant la production d’un matériau réellement fiable étant estimé entre 5 et 10 ans, selon les moyens accordés à la recherche, il est donc nécessaire d’accélérer le processus. Le développement actuel des « day boats » pourrait intégrer ces nouveaux matériaux. De plus, l’aéronautique et l’automobile, tout comme le design d’ameublement et l’habitat, sont en attente de bio-composites à haute performance. Axe Coopération : soutenir la structuration et le développement des entreprises de l’industrie nautique par la coopération interrégionale. ❚ Action pilote 5 : création d’un Extranet « Nautisme en Atlantique » ❚ Action 7 : créer une Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences interrégionale (GPEC) La polyvalence des métiers du nautisme, le manque d’expérience de certains dirigeants dans la gestion des ressources humaines, la petite taille de la plupart des entreprises et des difficultés de recrutement justifient la mise en place d’une GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences). Cet outil permettrait de faciliter l’adaptation et la reconversion des salariés et d’inscrire les entreprises dans les perspectives d’activité et d’emploi de demain. La mutualisation de l’offre de formation à l’échelle des trois régions de la façade atlantique répondrait à ces problèmes, particulièrement dans des secteurs très spécialisés comme les matériaux composites, l’éco-conception et les techniques de construction. ❚ Action 8 : faire stand commun sur les salons internationaux Un stand commun pourrait être conçu afin d’affirmer la visibilité des entreprises atlantiques sur les salons internationaux. Un nombre plus important de PME/TPE de la façade augmenteraient ainsi leurs accessibilités aux marchés du nautisme dans le monde (Australie, Afrique du Sud, Nouvelle Zélande, Chine, Emirats Arabes Unis, Thaïlande…). Miser sur un réseau interrégional L'objectif du Réseau Nautique Atlantique est d'accompagner l’évolution de la filière industrielle nautique atlantique dans le respect des principes du développement durable, depuis la recherche fondamentale jusqu'à la production et la commercialisation de produits éco-conçus. Les Conseils régionaux ont toute compétence pour accompagner les professionnels du nautisme : formation, aide à l’innovation et la recherche, aide au développement et à la performance interne et externe, promotion, développement commercial. On mesure également tout l’intérêt qu’il y a, pour les entreprises de la façade, à anticiper les changements en matière de normalisation et de réglementation européenne, et à proposer, à l’international, des produits innovants. La collaboration public/privé se justifie pleinement par une convergence d’intérêts, entre un espace territorial qui cherche une visibilité sur l’échiquier international et des entreprises qui visent un développement national et à l’export. 31 Rapporteur : M. Alain LE MENN Contact : Juliette CRISTESCU Tel : 02 99 87 18 77 [email protected] Morgane MERESSE - CESER Atlantique [email protected] Téléchargez l’étude sur le site : www.ceser-bretagne.fr La création d’un Extranet « Nautisme en Atlantique » permettrait de répondre à un besoin d’information et de veille, notamment en termes d’analyses sociologiques des pratiques, d’études de marché, de guide vers les aides et dispositifs disponibles qui seraient diffusées auprès des acteurs de la filière nautique. Le Réseau Nautique Atlantique pourrait lancer une étude de marché à l’échelle de la façade atlantique afin de mieux mesurer les attentes et les opinions des différentes clientèles du nautisme dans son ensemble ainsi qu’en matière de produits éco-conçus. © Marmara - Vialeron - Le Figaro ❚ Action 6 : une étude de marché sur le nautisme à l’échelle de la façade atlantique ENERGIE Les conditions de succès du développement des énergies marines dans l’arc atlantique Au-delà et en complément de sa réflexion sur le développement des énergies marines en Bretagne, le CESER a engagé avec ses homologues de la façade atlantique française, espagnole et portugaise, une étude sur les obstacles au développement des énergies marines dans l'arc atlantique, visant à identifier ces obstacles et à proposer des recommandations permettant de les lever. Une approche interrégionale 32 De l’Ecosse au Portugal, l’arc atlantique présente un fort potentiel pour l’exploitation des énergies marines, pour le développement de la recherche et le développement industriel qui y sont liés. Les régions du RTA disposent en effet de ressources exceptionnelles, de compétences variées et complémentaires parmi les acteurs de la recherche et du développement économique, et de nombreux projets y sont en cours de développement. L’énergie des vagues constitue une ressource de premier ordre pour les régions du RTA, exposées à une houle puissante et régulière, avec des zones très favorables comme le Golfe de Gascogne. Particulièrement exposées au vent, ces régions bénéficient en outre, en quelques points particuliers, de ressources importantes en courants de marée. L’Europe assiste actuellement à un important déploiement de l’éolien offshore posé, seule technologie mature aujourd’hui. Néanmoins, ces projets se développent presque exclusivement sur les vastes plateformes continentales du Nord de l’Europe dont les eaux sont peu profondes. Les régions du RTA, exception faite de la Bretagne et de la Galice, ne pourront bénéficier de cet essor du fait d’un plateau continental trop abrupt. Seul l’éolien offshore flottant ouvre des perspectives à ces régions pour l’exploitation de l’énergie éolienne en mer, mais il suppose une rupture technologique et nécessite par conséquent, comme les technologies d’exploitation de l’énergies des vagues et des courants, des efforts de recherche, de développement et de démonstration importants avant de pouvoir compter sur les énergies marines dans le bouquet énergétique. Pouvoir profiter pleinement du développement des énergies marines dans l’arc atlantique et de leurs retombées sur les territoires constitue donc un défi d’envergure, exigeant une vision à long terme et une volonté politique forte. Le panorama comparé des régions atlantiques révèle un dynamisme inégal, avec un déploiement d’initiatives et de projets dispersés. Il est indispensable d’intégrer ces initiatives dans des stratégies régionales de long terme, capables de mobiliser, pour atteindre des objectifs quantitatifs définis, des instruments, des moyens et des ressources ainsi que l’ensemble des acteurs scientifiques, industriels, économiques et sociaux. Accompagner le développement jusqu’à la maturité des technologies En-dehors de l’éolien offshore posé, les technologies d’exploitation des énergies marines ne sont pas matures. Leur développement ne sera possible que s’il est soutenu par des mécanismes adéquats dès les premières phases de R&D jusqu’à la phase de démonstration de viabilité à échelle réelle et en pleine mer, qui marque le stade préindustriel de développement. Il est indispensable de mettre à la disposition des développeurs des infrastructures destinées à la recherche, aux essais et à la démonstration en mer de leurs machines, telles qu’elles existent déjà dans certaines régions atlantiques. La coopération interrégionale peut être un levier important pour la création, le financement et l’appui au fonctionnement de ces infrastructures. Afin de pouvoir prétendre à des financements européens, il est important pour tous les acteurs des énergies marines de se mobiliser, de démontrer l’intérêt du développement des énergies marines et de faire en sorte qu’elles fassent l’objet d’une Initiative Industrielle Européenne, comme il en existe une pour l’énergie éolienne. La création d’infrastructures de recherche et d’essais ouvre des opportunités d’activités et d’emplois dont il faut avoir conscience. En effet, de telles infrastructures requièrent des entreprises d’ingénierie, des biens d’équipement, des services logistiques, des services portuaires… ENERGIE L’installation en mer de telles infrastructures, parce qu’elles sont expérimentales et de petite envergure, devrait bénéficier d’une législation simplifiée. Elle devrait également pouvoir s’appuyer sur une évaluation précise, en amont, des sites propices bénéficiant de ressources intéressantes et dénués d’obstacles d’ordre légal, environnemental ou socio-économique. L’installation de tels dispositifs en mer est en effet étroitement liée au problème de l’insertion d’une nouvelle activité dans des espaces maritimes et côtiers densément utilisés. La prévention des conflits susceptibles de se faire jour est essentielle. A défaut, elle pourrait susciter une opposition systématique de certains usagers de la mer. Favoriser ensuite le déploiement commercial Seul l’éolien offshore posé est aujourd’hui mature et fait l’objet de déploiements commerciaux en Europe. Toutefois, il convient d’anticiper cette phase de déploiement très en amont, y compris pour les autres technologies encore en développement aujourd’hui, tant les perspectives à envisager sont nombreuses et, parfois, complexes. L’installation de machines en mer nécessite des moyens logistiques et portuaires conséquents. Les besoins logistiques sont accentués par les fenêtres météorologiques réduites pendant lesquelles les interventions en mer sont possibles. Cette limitation des temps d’installation exige une capacité de stockage importante, un nombre plus grand de barges de transport et de navires d’installation spécialisés, qui doivent travailler en même temps. L’adaptation ou la construction des infrastructures portuaires et des navires spécialisés nécessitent des délais importants et doivent être envisagés le plus en amont possible des projets. L’adaptation de la réglementation constitue le deuxième point à anticiper. Les cadres législatifs actuels, inadaptés et pour la plupart en cours d’évolution, doivent être clarifiés, simplifiés et stabilisés afin que les investisseurs disposent de toutes les garanties quant à leurs projets et bénéficient de délais raisonnables pour l’instruction de leurs dossiers. Deux procédures peuvent être engagées simultanément : d’un côté, une procédure administrative d’instruction des projets coordonnée pour faciliter l’examen commun des projets et limiter les redondances de procédure ; de l’autre côté, une procédure de concertation à caractère territorial. L’introduction d’un nouvel usage sur le domaine public maritime nécessite une concertation qui n’est prévue, aujourd’hui, que dans quelques cadres très particuliers. La nécessité de la concertation et de l’implication des territoires conduit à proposer un partenariat entre l’Etat et les collectivités régionales, visant à organiser la concertation entre tous les acteurs. La Bretagne a déjà mis en place une Conférence régionale de la mer et du littoral, dans laquelle l’Etat, le Conseil régional et l’ensemble des parties prenantes (pêcheurs, porteurs de projets, associations…) participent à la définition partagée des zones propices pour le développement de l’éolien offshore posé. Le développement des énergies marines nécessite par ailleurs un large soutien de la société. Il est donc indispensable d’informer et de former la population, de comprendre les perceptions qu’elle peut avoir du développement des énergies marines, de rechercher une appropriation collective, et de mener en amont un exercice de planification stratégique spatialisée pour le déploiement des énergies marines. Cet exercice, conduit en concertation avec les acteurs, doit s’appuyer sur un recensement des usages existants, permettant de disposer d’informations communes pour envisager le partage de l’espace marin et la cohabitation des différents usages. La planification stratégique spatialisée doit conduire à définir des objectifs, des espaces de réalisation et un calendrier partagés, à optimiser la complémentarité entre les sites de production, et à intégrer les enjeux du développement des réseaux de transport et des possibilités de stockage de l’électricité. Le déploiement commercial des énergies marines soulève enfin des enjeux environnementaux. S’agissant d’une nouvelle activité, non envisagée lors de la mise en œuvre de la réglementation européenne, il est nécessaire de solliciter une clarification de l’Union européenne sur les implications de certains textes, et de renforcer l’acquisition de connaissances sur le milieu marin. On ne connaît pas l’impact des dispositifs expérimentaux sur le milieu marin, et encore moins celui des parcs. Cette incertitude ne doit pas être un blocage, mais un stimulant pour le développement de systèmes d’observation continue et de recherche. Le travail commun des régions atlantiques sur ce sujet devra aboutir à une harmonisation des critères et des indicateurs permettant d’obtenir des résultats partagés. Optimiser le développement socio-économique Le développement des énergies marines doit provoquer un effet de dynamisation des régions atlantiques. Les secteurs mobilisables sont nombreux et présents dans ces régions. La diversification ou la création de nouvelles activités doit s’appuyer sur un renforcement de la recherche, une aide au déploiement industriel d’une filière « énergies marines » s’appuyant sur les filières existantes (construction navale, secteur parapétrolier, électrotechnique, matériaux, télécommunications, océanographie opérationnelle…), un développement de la formation aux nouveaux métiers, professionnelle et initiale, le développement d’outils de sensibilisation et de communication. Un effort concerté est donc nécessaire, pour lequel doivent être mobilisés les moyens scientifiques, technologiques et financiers, les moyens industriels et logistiques et les compétences professionnelles. La coopération interrégionale sur la façade atlantique doit permettre de relever ce défi. Correspondant pour le CESER Bretagne : M. Guy JOURDEN Contact : Fanny TARTARIN, Directrice adjointe du CESER Tel : 02 99 87 18 73 [email protected] Téléchargez l’étude sur le site : www.ceser-bretagne.fr 33 OPINION Cette rubrique libre n’engage que son auteur. Elle est alternativement assurée par les différentes composantes de l’assemblée. Faire confiance aux jeunes Isabelle (23 ans) nous disait : « Tous les choix que j’ai eus à l’école, on me les a imposés. Je n’av ais pas le droit de dire mon mot parce que j’étais jeune. » 34 Ces deux vécus de jeunes de la même génération semblent à l'opposé l'un de l'autre, mais ne témoignent-ils pas d'un même désir : avoir son mot à dire sur sa propre vie et sur le monde environnant ? Si leurs aspirations sont les mêmes, il faut bien reconnaître que tous les jeunes n’ont pas les mêmes opportunités de devenir acteurs de leur propre vie, citoyens à part entière de leur pays et du monde. © CRB Ouest-France, du samedi 5 fév rier 2011, nous rapportait ceci à propos d e la Belg ique :« Ap rès 220 jo urs sans gouv ernement, cinq jeunes de 20 à 27 ans ont lancé l'idée d'une m a n if p ou r ex i ge r q ue l es p ol i ti ci e n s f r a n co p h o n e s e t f l a m a n d s s 'e n t e nd e n t e nf i n . S an s m o y e ns , av ec cinq téléphones portables, ils ont fait descendre 40 000 personnes dans la rue le 23 janv ier ». « une école qui accentue les différences et brise certains d’entre eux », les écartant irrémédiablement d’un monde du travail de plus en plus exigeant qu’ils aspirent pourtant à rejoindre. On leur fait sans cesse remarquer qu’ils n’ont pas de métier, pas d’expérience professionnelle, voire pas de permis de conduire … que beaucoup ne peuvent pas passer, tellement il coûte cher ! Certains ont la chance de faire des études, de voyager, de découvrir des mondes nouveaux, d'échanger avec des jeunes d'autres milieux … Pour eux, l'avenir est ouvert sur tous les possibles. Même si leur insertion dans le monde du travail n’est pas évidente du fait de la crise économique actuelle, la majorité d’entre eux peuvent compter sur le soutien de leur entourage, sur leurs relations, sur les expériences ou les stages dont ils ont déjà pu bénéficier. A tout cela s’ajoutent des préjugés sur leur quartier ou leur famille. Lorsqu’ils deviennent majeurs, bon nombre continuent à habiter chez leurs parents, certains en couple avec des enfants. Malgré le surpeuplement et le manque de moyens, les parents éprouvent une certaine fierté de pouvoir les soutenir. Trop souvent pourtant, des discours extérieurs dévalorisants poussent ces jeunes à se désolidariser de leurs proches et de leur quartier. Or, perdre ses racines et la confiance en ses parents, c'est se retrouver dans le vide. Et puis il y a les autres, beaucoup d’autres, qui ne se voient pas offertes les mêmes chances en raison d’une vie plus difficile dans leur famille et dans leur quartier. Avec eux, l’école échoue dramatiquement. La plupart, entrés en sixième sans maîtriser les savoirs de base (écriture, lecture, calcul), font partie des 120 000 élèves qui sortent chaque année du cursus scolaire sans accéder à une formation qualifiante. Ils nous disent avec force qu’ils n’acceptent plus Beaucoup aspirent à se rassembler pour agir avec des adultes à leurs côtés. Cette dynamique collective est essentielle pour leur permettre de se situer socialement, de s’approprier identité et citoyenneté. Pour mener à bien certains projets, les jeunes ont besoin de soutien, mais pas seulement. Pour que naisse une expression collective, souvent plus riche que l'expression individuelle car bénéficiant des apports de tous, les jeunes doivent être convaincus que leur parole est attendue pour produire du changement. Comme ils l’expriment dans le message qu’ils ont rendu public le 17 octobre 2010 à l’occasion de la Jour née Mondiale du Refus de la Misère, « regarde-moi comme une chance », ils refusent d’être mis à part à cause de leurs difficultés : « nous avons du mal à comprendre ce monde mais nous voulons y trouver notre place ». Le Conseil régional de Bretagne a fait des politiques de la jeunesse une des priorités de son mandat pour que chaque jeune ait accès à un toit, à une formation, à une passion. Il a confié au CESER la mission de « mieux identifier les modes d’expression, de mise en projet et d’engagement des jeunes dans la vie collective, c'est à dire les expériences et processus par lesquels ils font ou ne font pas - l'apprentissage progressif de leur citoyenneté, y compris sous des formes, des langages, des modes de sociabilité et de participation sociale et publique inédits aux yeux des générations précédentes." Gageons que ce travail nous aidera à répondre à cette question essentielle : comment apprendre de tous les jeunes sans exception pour enrichir notre citoyenneté et notre démocratie ? Anne SAGLIO Vice-présidente déléguée du CESER PUBLICATIONS Dernières parutions du CESER Sept orientations prioritaires pour la Bretagne Bilan d’activités du CESER de Bretagne 2007-2010 Organisé autour de sept orientations prioritaires (s'ouvrir, innover, se développer, s'organiser, se former, coopérer, s'affirmer), ce document présente les principales contributions du CESER au développement régional. Il propose une analyse des questions régionales et formule des préconisations pour imaginer l'avenir. Contact : Muriel REYMOND, Conseillère technique Tél : 02 99 87 18 76 Mel : [email protected] Téléchargez ou commandez le rapport du CESER dans la rubrique « études » du site : www.ceser-bretagne.fr Travaux en cours au CESER de Bretagne ❚ A paraître en mai 2011 : - « Les marées vertes en Bretagne : pour un diagnostic partagé, garant d’une action efficace » Rapporteurs : MM. Jean-Paul GUYOMARC’H et François LE FOLL ❚ A paraître en juin 2011 : - « Les univers sociaux et culturels des jeunes en Bretagne et leurs engagements dans la vie collective » Le premier volet de cette étude (univers sociaux et culturels) a été adopté par le CESER en janvier 2011. Il est téléchargeable dans la rubrique « études » du site : www.ceser-bretagne.fr Rapporteurs : Mme Annie GUILLERME et M. Sylvère QUILLEROU ❚ A paraître en octobre 2011 : - « Quel mode de développement économique pour la Bretagne de demain ? » R a p p o r t e u r s : M m e M a r y v o n n e G U I AVA R C ’ H e t M. Jean LE TRAON - « Milieux côtiers, ressources marines et société » Rapporteurs : MM. Jean-Paul GUYOMARC’H et François LE FOLL ❚ A paraître en décembre 2011 : - « Comment optimiser le projet Bretagne à grande vitesse pour le développement des territoires en Bretagne » Rapporteurs : MM. Jean-Philippe DUPONT et Pascal OLIVARD ❚ A paraître en janvier 2012 : - « Enseignements supérieurs et politiques régionales : enjeux et défis » Rapporteurs : M. Luc AVRIL et Mme Anne SAGLIO - « Appropriation sociale et mise en mise en débat des sciences et technologies en Bretagne à l’horizon 2025 » Rapporteurs : MM. Bernard DUBOIS, Jean-Claude MOY et Mme Claudia NEUBAUER ❚ A paraître au 1er semestre 2012 : - « Comment optimiser les fonds européens en Bretagne ? » Dans le prochain numéro de l’avis régional ❚ Synthèses des rapports : - A vos marques, prêts… bougez ! En avant pour une région active et sportive - Les marées vertes en Bretagne : pour un diagnostic partagé, garant d’une action efficace - Contribution du CESER de Bretagne au débat national sur la dépendance 35 Le Conseil économique,social et environnemental de Bretagne : Une assemblée consultative au service de la démocratie locale Deuxième assemblée de la Région Bretagne, le Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) a une fonction d’avis sur le budget du Conseil régional et ses politiques ainsi que sur des politiques de l’Etat en région. Par son droit d’autosaisine, il émet de sa propre initiative des avis et des vœux sur toute question relevant d’un intérêt régional. Le CESER élabore, sous forme de rapports, des réflexions et propositions sur des sujets qui concernent les domaines de la « formation et de l’enseignement supérieur », du « développement économique et de la recherche », de « l’aménagement du territoire et de l’environnement » et de « la qualité de la vie, de la culture et des solidarités ». Il suit tout particulièrement les questions relevant de la « mer et du littoral » et cherche aussi à anticiper les évolutions futures et il réalise des études prospectives d'intérêt régional. Dans le cadre de ses travaux il participe à la mission d’évaluation des politiques publiques. Le CESER est une assemblée ouverte aux coopérations par sa représentation dans plus de 60 organismes extérieurs régionaux. Il mène une démarche de coopération active avec les autres Conseils économiques, sociaux et environnementaux de France et européens de l’Arc Atlantique. Les 113 membres qui constituent le CESER sont des acteurs du tissu économique, social et environnemental de la Bretagne, ils représentent tous les courants de la société civile. Désignés par le Préfet de région sur proposition des organismes socioprofessionnels représentés, ou au titre de personnalité qualifiée, ils sont répartis en quatre collèges. Les activités du CESER se déroulent en assemblée plénière, en Bureau et dans des travaux réalisés en commissions et sections… Une présentation plus détaillée, sa composition, son actualité et les rapports préparés selon une méthode très participative et adoptés en assemblée plénière sont accessibles à tous sur le site, ceser-bretagne.fr. Une synthèse est présentée dans la revue « l’Avis régional ». Ces publications donnent lieu à des forums de présentation et de débats. Tous les rapports du CESER peuvent être : - Téléchargés sur le site internet : www.ceser-bretagne.fr - Envoyés gratuitement sur demande - Présentés publiquement sur demande 7, rue du Général Guillaudot - CS 26918 - 35069 Rennes Cedex Tél : 02 99 87 17 60 - E-mail : [email protected] www.ceser-bretagne.fr