
Agir en renforçant le dialogue social dans tous les territoires avec la volonté de trouver des
issues positives et anticiper les conséquences les plus graves est donc urgent en favorisant les
pratiques conformes à la responsabilité sociale dans les relations professionnelles et à
des comportements respectueux de la dignité de tous, pour rétablir la confiance et
réduire les effets négatifs de cette crise.
1.2 Une crise profonde porteuse de mutations déjà pressenties
En même temps la dimension conjoncturelle de la crise ne doit pas faire oublier qu’elle
s’inscrit aussi dans une dynamique de renouvellement et de mutation des économies dans
le sens d’une compétitivité renforcée d’une part (sous l’effet des incidences des mutations
technologiques et de la libéralisation des échanges à l’échelle mondiale) et, d’autre part, d’une
amorce de mutation qualitative des modes de production et de consommation en lien avec les
préoccupations environnementales.
Mais les fondements de cette crise ne sont pas nouveaux, certains économistes avaient
alerté précisément sur les risques spéculatifs, en particulier depuis la crise précédente en
2000-2001, et nous faisons face aujourd’hui à une situation proche d’un des quatre scénarios
envisagés dans une étude prospective du CESR de Bretagne réalisée en 2005, le scénario
intitulé « Tous à l’abri »1. Ce scénario était celui d’une crise internationale et financière
bousculant fortement l’activité de l’industrie automobile et entraînant un risque de « repli sur
soi » proche de certaines tendances protectionnistes actuelles. Face à ce scénario, la section
prospective proposait alors de mettre l’accent sur l’ouverture et non le repli, sur la démocratie
locale pour rétablir et renforcer la confiance, une relance du dynamisme économique régional
s’appuyant aussi sur l’innovation et la Recherche et Développement, sur l’économie
résidentielle ou présentielle et l’attractivité. S’il ne s’agissait (en 2005) que de prospective, il
s’agit quatre ans plus tard de décliner au présent la réponse offensive de notre région à la
récession.
Le CESR n’estime pas nécessaire de chercher à trancher dans le débat qui partage l’opinion
entre crise « classique » d’adaptation, qui se traduirait à assez court terme après quelques
adaptations en « sortie de crise », ou crise de système qui marquerait un tournant profond de
l’ensemble des pratiques économiques (modes de production, types de production, mode de
consommation). Mais il souligne que cette crise intervient au moment où arrive à maturité
dans l’opinion publique et dans le débat public la prise en compte de nouvelles attentes
et de nouveaux besoins, voire de nouvelles exigences visant à la mise en place d’un
développement réellement durable, dans l’ensemble de ses dimensions, économique,
sociale, environnementale et culturelle. Il s’agit donc de tirer parti de la mobilisation
exceptionnelle qui va s’organiser pour réussir cette adaptation.
1.3 Un tournant à négocier dans le développement régional
Cette crise doit donc être aussi l’occasion d’une mobilisation vigoureuse de tous les acteurs
régionaux pour anticiper cette profonde mutation économique et sociologique de notre
1 Les évolutions des bases de l’industrie bretonne à l’horizon 2021. Etude prospective
du CESR de Bretagne Novembre 2005. Rapporteurs Michel David et Jean-Luc Le Guellec