Le prion va faire partie d’une nouvelle classe d’agents infectieux totalement différents de ceux qu’on connaît déjà
(bactéries, virus, parasites, champignons…). Cette nouvelle catégorie s’appelle les agents transmissibles non
conventionnels (ATNC) et ne comprend pour l’instant qu’un seul membre : l’agent responsable de la maladie dite « à
prions », correspondant à des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST ou ESST).
I. Les maladies à prions :
1. Généralités :
Les maladies à prion correspondent à des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) = Transmitted
spongiform encephalopathy (TSE).
Il s'agit d'affections neurodégénératives du SNC :
- regroupant des maladies animales (Encéphalopathie Spongiforme Bovine = ESB = « Vache folle ») et sa variante chez
l’humain (Maladie de Creutzfeldt-Jakob = CJD) avec le même type de symptômes
- toutes systématiquement mortelles, pas de traitement actuellement et même le diagnostic ne peut se faire que post-
mortem chez l’homme (chez l’animal on peut avoir accès à des tissus plus facilement)
- liées à une protéine prion que l’on a tous et qui est codée par le gène prion, exprimé dans plusieurs tissus et en
particulier les neurones.
Le problème est que la protéine normale PRPC va adopter, pour des raisons encore mystérieuses, une conformation
anormale PRPSC résistante à la digestion par certaines enzymes, notamment la protéinase K.
- avec accumulation de la protéine anormale (avec une configuration anormale) dans les tissus, formant notamment des «
trous » dans le cerveau entrainant la mort des neurones (aspect spongieux).
A noter :
PRPC = forme cellulaire (forme normale ou sensible, produite essentiellement par le système nerveux central)
PRPSC = forme « scrapie » (car entraîne des symptômes de tremblements, liés à la dégénérescence des neurones) ou
«résistante » (anormale, pathologique, toxique)
Cette conformation anormale PRPSC forme un nouveau groupe d'agents infectieux : les Agents transmissibles non
conventionnels (ATNC)
2. Les différentes maladies à prions
Ces maladies sont très anciennes. En effet, elles ont été mises en évidence très tôt chez les animaux :
1. Tremblante du mouton et chèvre (ovins, 1732)
2. Maladie du dépérissement chronique des ruminants sauvages
3. Encéphalopathie spongiforme féline
4. Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, 1986) ou maladie de la vache folle : BSE « mad cow disease »
Chez l’homme :
1. Kuru (première EST décrite, en 1956)
2. Maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ ou CJD, 1920)
3. Syndrome Gertsmann-Straüssler-Scheinker (GSS) -> probable composante génétique
4. Insomnie Familiale Fatale (IFF) -> probable composante génétique
5. Nouvelle variante de la Maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ, 1996)
Ces maladies ont beaucoup fait parler d’elles dans les années 80-90 notamment parce que la nvMCJ est apparue
immédiatement à la suite de l’apparition de l’ESB qui a sévi notamment au Royaume-Uni et dans l’Europe du nord et a
entraîné l’abattage massif du cheptel bovin. Or la consommation de viande bovine est à l’origine de la nvMCJ chez
l’homme.
Ce sont toutes des pathologies qui touchent le système nerveux central mais les études post-mortem ont montré qu’elles
n’affectent pas toujours les mêmes régions du cerveau.
Ex : la maladie du Kuru et le syndrome GSS touchent le cervelet et la moelle épinière
La MCJ va toucher le cerveau et le thalamus tandis que la nvMCJ va toucher le cervelet et le thalamus