SGARE Alsace 4 Diagnostic de l’Alsace
APPROCHE TERRITORIALE
L’Alsace évolue dans un environnement européen et rhénan moins favorable
Située au cœur de l’Europe, dans un bassin rhénan transfrontalier, l’Alsace présente un
ensemble de caractéristiques qui ont longtemps conduit à la considérer comme une région
prospère, sans difficulté majeure. Cette image s’est forgée à travers l’ancrage géographique
qui place l’Alsace à proximité des grandes villes riches de la dorsale européenne. La
structuration de cet espace et ses dynamiques confortent la bonne position de l’Alsace selon
les indicateurs démographiques, économiques et sociaux : forte densité de population,
importante croissance de la population, Produit Intérieur Brut et richesse élevée des habitants,
nombreuses implantations d’entreprises étrangères ou encore caractère urbain affirmé.
Au début des années 2000, une conjoncture économique moins favorable dans le Rhin
Supérieur1 a plongé l’Alsace dans une crise profonde.
Ainsi, au cours de la période 2000 – 2005, la croissance économique dans le Rhin Supérieur2
a-t-elle été diminuée d’un quart à un tiers par rapport à la seconde moitié des années 90.
L’augmentation de la productivité s’est accompagnée de restructurations industrielles
importantes contribuant à la progression du chômage tant dans le Bade-Wurtemberg (de 5,5%
en 2001 à 7% en 2005), que dans la Suisse du Nord-Ouest (de 1,5% à 4,1%), entraînant une
forte diminution du nombre de travailleurs frontaliers employés. De 2001 à 2005, les Produits
Intérieurs Bruts progressaient respectivement en valeur de 5 à 6% (Palatinat du Sud), 8 à 9%
(Bade-Wurtemberg et Allemagne), 11 à 12% (Suisse et Alsace) lorsque la France ou l’Union
européenne affichaient 20%.
Ce contexte a entraîné une indéniable dégradation de la situation économique de l’Alsace, qui
a révélé les fragilités régionales. En particulier, la forte et précoce internationalisation de
l’appareil de production de la région au profit d’investisseurs internationaux extérieurs à la
région, mais également de proximités européenne et nationale, qui avaient contribué à la
réussite de l’Alsace, se révèle souvent un handicap. Cette internationalisation a en effet
entraîné une intégration fonctionnelle de l’économie régionale au monde germanique,
concrétisée par le taux exceptionnel d’investissements allemands et suisses, le travail
frontalier ou la dépendance du commerce et du tourisme à l’égard de la clientèle d’Outre-
Rhin. Or, la mutation économique allemande, liée notamment à sa nécessité de rééquilibrer
son développement vers l’Est (ex-RDA), ainsi que la concurrence des pays à moindres coûts
de main-d’œuvre, y compris les nouveaux pays de l’Union Européenne, ont confronté
l’Alsace aux dures réalités de la globalisation de l’économie.
Le chômage, par exemple, connaît une croissance beaucoup plus accentuée qu’au niveau
national, en particulier dans la Haute-Alsace autour de Mulhouse. Cette progression du
chômage entraîne un renforcement de la précarité, dont les évolutions sont aussi plus fortes
qu’en moyenne nationale.
1 Le territoire sous mandat de la Conférence du Rhin Supérieur regroupe l’Alsace, le Sud du Palatinat, une partie
badoise du Bade-Wurtemberg et cinq cantons de la Suisse du Nord-ouest.
2 Une démarche actuelle vise à constituer une région métropolitaine trinationale sur ce périmètre afin d’améliorer
la gouvernance et d’optimiser les réseaux des acteurs économiques, de l’enseignement supérieur et de la
recherche et de la société civile pour dynamiser cet espace transfrontalier.