Après l`humiliante défaite que connut la France en

Une petite histoire d’Alsace-Lorraine
Longtemps provinces partagées entre influences rivales, aux
frontières avec l’Allemagne, la Suisse, la Belgique et le
Luxembourg, la Lorraine et l’Alsace ont toujours été de
grands axes d’échanges d’idées, de marchandises et
d’hommes en Europe, parfois au cœur des plus horribles
conflits.
Trois terribles guerres entre la France et l’Allemagne ont
placé l’Alsace et la Lorraine au centre d’une tourmente exacerbée par le sentiment national.
L’annexion forcée de 1871 a provoqué une hostilité durable entre les deux pays.
L'Alsace allemande de 1870 à 1918
Après l’humiliante défaite que connut la France en 1870, l’Alsace et la
Lorraine (en réalité, majoritairement l’actuelle département de
Moselle et une partie de la Meurthe) reviennent à l’Empire Allemand
récemment créé. Le territoire restera acquis jusqu’à la fin de la
Première guerre mondiale, en 1918. Les traces de la présence
allemande à cette période restent très présentes en Alsace, de matière
physique comme immatérielle.
Alors que l’Alsace n’avait commencé à réellement accepter son
appartenance française que vers 1815, elle retourne à l’Allemagne en
1871. Les Allemands, heureux de réintégrer la riche région,
l’investissent immédiatement et la considèrent comme terre d’empire
(Reichsland) ; elle est présidée et n’est pas représentée au Reichstag.
Les Alsaciens sont pour la plupart
mécontents de la présence allemande, et on
observe des groupes de protestation se
former, surtout dans le Haut-Rhin.
Environs cent vingt-huit mille Alsaciens et
Lorrains quittent librement le territoire
occupé pour rejoindre la France ; les autres
sont obligés d’accepter la nationalité
germanique.
Dès 1879, un gouverneur (Statthalter) est
placé dans le Reichsland, et administre
toute la province à Strasbourg ; l’Alsace-Lorraine est enfin autorisée à envoyer une quinzaine de
députés au Reichstag de Berlin. Par la suite, elle se verra accorder plus d’autonomie dès 1911, en
principe considérée comme un Land à part entière. L’Alsace-Lorraine restera néanmoins très
dépendante de l’Empereur et des hautes instances de l’Empire, notamment relativement à l’armée ;
elle envoie également trois députés au Bundesrat, et se voit dotée d’un Landsrat à Strasbourg.
Mais les tensions ne changent que peu, malgré cette simili autonomie accordée par Berlin : de
nombreux Alsaciens et Lorrains regrettent toujours la France, et continuent à protester. Le sommet
est atteint lors de l’affaire de Saverne, où un jeune officier allemand, maladroit et vaniteux, traite les
soldats d’origine alsacienne, ainsi que les populations, comme des gredins et des inférieurs. Cet acte
entraînera l’indignation des populations, et dégénèrera en scandale qui ébranlera l’armée comme la
tête de l’Empire.
Mais l’Allemagne ne laissa pas que de mauvaises choses. A Strasbourg, fortement touchée par les
bombardements de 1870 (la Bibliothèque, contenant des merveilles de la littérature, brûla), les
Allemands se lancèrent dans un plan de modernisation de la ville, et firent construire plusieurs des
bâtiments qui sont aujourd’hui admirés et admirables. On compte parmi eux les bâtisses du
quartier impérial, comme le Palais du Rhin, le TNS (ancien Landstag) ou le Palais Universitaire,
toujours utilisé par l’Université de Strasbourg.
Un instituteur montre avec sa règle les « provinces perdues »
sur une carte de France à un élève”
L’Allemagne impériale instaura également un bon nombre de lois et d’avantages qui furent
conservées lors du retour de l’Alsace-Moselle à la France en 1918. Le système de sécurité social
bismarckien en est le meilleur exemple, et est encore aujourd’hui plus avantageux que pour le reste
de la France. Parallèlement, lorsque l’Etat se sépara de l’Eglise en 1905, et rompit le Concordat de
1801, l’Alsace-Moselle ne fut pas concernée ; à leur retour en terre française, celles-ci protestèrent
pour en conserver les clauses.
La tension environnante fait clairement ressentir l’arrivée prochaine d’un conflit, qui éclata à
l’arrivée de l’automne 1914 ; à la sortie de la guerre, l’Alsace et la Moselle deviendront
finitivement Françaises, non sans qu’elles gardent en elle une partie de la culture et des traditions
germaniques.
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