Les Alsaciens sont pour la plupart
mécontents de la présence allemande, et on
observe des groupes de protestation se
former, surtout dans le Haut-Rhin.
Environs cent vingt-huit mille Alsaciens et
Lorrains quittent librement le territoire
occupé pour rejoindre la France ; les autres
sont obligés d’accepter la nationalité
germanique.
Dès 1879, un gouverneur (Statthalter) est
placé dans le Reichsland, et administre
toute la province à Strasbourg ; l’Alsace-Lorraine est enfin autorisée à envoyer une quinzaine de
députés au Reichstag de Berlin. Par la suite, elle se verra accorder plus d’autonomie dès 1911, en
principe considérée comme un Land à part entière. L’Alsace-Lorraine restera néanmoins très
dépendante de l’Empereur et des hautes instances de l’Empire, notamment relativement à l’armée ;
elle envoie également trois députés au Bundesrat, et se voit dotée d’un Landsrat à Strasbourg.
Mais les tensions ne changent que peu, malgré cette simili autonomie accordée par Berlin : de
nombreux Alsaciens et Lorrains regrettent toujours la France, et continuent à protester. Le sommet
est atteint lors de l’affaire de Saverne, où un jeune officier allemand, maladroit et vaniteux, traite les
soldats d’origine alsacienne, ainsi que les populations, comme des gredins et des inférieurs. Cet acte
entraînera l’indignation des populations, et dégénèrera en scandale qui ébranlera l’armée comme la
tête de l’Empire.
Mais l’Allemagne ne laissa pas que de mauvaises choses. A Strasbourg, fortement touchée par les
bombardements de 1870 (la Bibliothèque, contenant des merveilles de la littérature, brûla), les
Allemands se lancèrent dans un plan de modernisation de la ville, et firent construire plusieurs des
bâtiments qui sont aujourd’hui admirés et admirables. On compte parmi eux les bâtisses du
quartier impérial, comme le Palais du Rhin, le TNS (ancien Landstag) ou le Palais Universitaire,
toujours utilisé par l’Université de Strasbourg.
“Un instituteur montre avec sa règle les « provinces perdues »
sur une carte de France à un élève”