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4 | La Lettre du Cardiologue • N° 506 - juin 2017
ÉDITORIAL
“
Faut-il croire à la nutrition ?
Must we believe in nutrition?
Non, il ne faut pas y croire.
La nutrition n’est pas du domaine de la croyance. Ce n’est pas
non plus opinion contre opinion, mais réalités (et doutes)
contre opinions. La science partage tout cela avec la foi (même si
l’une et l’autre n’ont pas le même objet, respectivement, le comment
etlepourquoi), ledoute en fait partie !
En effet, nos certitudes sont souvent ébranlées par l’avancée
desconnaissances, ce qui nous conduit à remettre en question
desdonnées considérées comme acquises ; cela doit nous inciter
àlaprudence et à la modestie dans nos préceptes et recommandations.
Pour autant, sommes-nous convaincus que changer ses habitudes
alimentaires soit important et efficace pour la santé ?
Si oui, nous serons convaincants !
Que pouvons-nous affirmer ?
Le régime méditerranéen, le vrai, a fait ses preuves en prévention
primaire et secondaire (étude Predimed) [1] ; et il est un modèle
d’alimentation variée laissant une large place aux fruits, légumes,
légumineuses, céréales complètes, oléagineux, huile d’olive et/ou
denoix, épices, noix, mais il n’omet ni produits laitiers fermentés,
nipoisson, ni petites quantités d’autres produits animaux, viande,
œufs…
Que peut-on encore affirmer ?
L’effet bénéfique des oméga 3 à longue chaîne sur la stabilité de la
plaque carotidienne(2) ; l’intérêt d’un index glycémique bas et l’utilité
des produits laitiers (gras !) dans la prévention du diabète de type2(3).
A contrario, la responsabilité des acides gras saturés dans la santé
cardiovasculaire n’est pas confirmée(4), tandis que l’inconvénient des
acides gras trans issus de l’hydrogénation partielle des huiles (et non de
leur simple chauffage) est bien établi. L’obésité accroît les facteurs de
risque cardiovasculaires et le risque cardiovasculaire chez le sujet jeune,
mais, quand elle est installée chez un coronarien âgé, elle n’accroît
pas la morbi-mortalité totale, au contraire : la prévention l’emporte
donc. Le sel est l’ennemi des artères, mais, chez le patient vasculaire,
il faut manier sa réduction avec prudence, sauf s’il est insuffisant
Dr Jean-Michel
Lecerf
Service de nutrition, institut
Pasteur de Lille.