La Lettre du Cardiologue • N° 506 - juin 2017 | 27
Points forts
»Le sport est globalement bénéfique pour la santé et sa pratique doit être recommandée.
»Les accidents cardiaques liés au sport sont rares et touchent surtout les hommes d’âge moyen, prati-
quants de loisir.
»Une pratique d’endurance très intense peut chez de rares sportifs favoriser l’apparition de signes d’in-
tolérance cardiaque et essentiellement des arythmies supraventriculaires.
»
La prévention de ces accidents repose sur une bonne éducation des pratiquants, un bilan cardiovasculaire
efficace avec une interprétation adaptée aux signes du cœur de sportif et une formation de la population
aux gestes de réanimation.
Mots-clés
Cardiologie du sport
Mort subite
Visite de non-contre-
indication au sport
Highlights
»
Sport is good for health and
its practice should be recom-
mended.
»
Sport-related cardiac events
are rare and concern mostly
middle-aged men during lei-
sure-time sport practice.
»
In few athletes, a very intense
endurance practice can favor
the occurrence of cardiac
abnormalities and mainly
supraventricular arrhythmias.
»
The prevention of these
events and deleterious effects
is based on a good education
of the athletes, on an effective
cardiovascular assessment with
a specific interpretation of the
athlete’s heart signs, and on a
training of the general popu-
lation for cardiopulmonary
resuscitation.
Keywords
Sport’s cardiology
Sudden death
Pre-participation evaluation
for sport
Les inconnues et imprécisions qui persistent sur la
MSS retentissent sur la qualité de sa prévention et
méritent des études ciblées spécifiques.
Prévention des accidents
cardiovasculaires liés au sport
De nouvelles recommandations en Amérique du
Nord pour les sujets porteurs de pathologies CV
désireux de pratiquer un sport en compétition
viennent d’être proposées (7). Leur but est de
prévenir l’aggravation d’une pathologie CV et/ou
d’un accident grave, sans interdire injustement la
pratique sportive par crainte médicolégale. Elles
reposent encore principalement sur des consensus
d’experts, mais sont globalement plus permissives
que celles de 2005. La nécessité d’impliquer le
sportif et son entourage dans la décision finale est
fortement soulignée (7). Les recommandations prin-
cipales sont proposées dans le tableau, pp. 28-29.
D’un point de vue éthique, social et médical, il paraît
justifié pour les sujets a priori sains de proposer aussi
une prévention des accidents CV liés au sport. Elle
repose sur 3 actions principales : la visite médicale de
non contre-indication (VNCI) à la pratique sportive,
l’éducation du pratiquant, et la formation aux gestes
de premier secours.
La nécessité de la VNCI et le contenu de son bilan
CV font l’objet d’un débat animé. La plupart des pays
qui recommandent ou imposent légalement une
VNCI la limitent aux compétiteurs. Dans le cadre
des recommandations, les compétiteurs se limitent
aux sujets qui s’entraînent de manière structurée
pour réaliser la meilleure performance possible. En
France, depuis 2017, la loi impose une VNCI tous les
3 ans avec délivrance d’un certificat médical valable
pendant 1 an et obligation pour le sportif de remplir
de manière annuelle un questionnaire comprenant 9
items les 2 années suivantes. Toute réponse positive
à une question impose une nouvelle VNCI.
Un groupe international d’experts s’est récemment
réuni pour proposer un consensus raisonnable sur les
examens CV à inclure dans la VNCI pour le sport en
compétition (8). L’association interrogatoire, examen
physique et ECG de repos a une potentialité diagnos-
tique indéniablement supérieure à l’examen clinique
seul. Le principal reproche fait à l’ECG réside dans le
nombre de faux positifs observés chez l’athlète. Une
nouvelle classification internationale de l’ECG adaptée
à l’athlète a très récemment été proposée (figure, p.
30) [9]. Elle se fonde sur le risque potentiel d’aggra-
vation ou d’accident induit par la pratique sportive
intense sur une possible pathologie cardiovasculaire.
L’absence de risque des particularités ECG classées
comme ne nécessitant pas de bilan CV a été confirmée
par des études menées chez des athlètes (9). La néces-
sité d’une formation adaptée des praticiens concernés
par la VNCI pour l’analyse de l’ECG doit aussi être souli-
gnée (8). L’ajout systématique d’examens d’imagerie ne
représente pas un apport diagnostique substantiel (8).
De même, la réalisation d’une épreuve d’effort (EE), en
particulier après 35 ans, ne doit pas être systématique
mais ciblée (6), en se fondant sur la symptomatologie
éventuelle, le niveau d’entraînement et celui du risque
CV du demandeur, estimé surtout en fonction de l’âge,
du bilan lipidique et du tabagisme, et sur les caractéris-
tiques du sport désiré (10). L’EE est toujours justifiée
pour les sujets symptomatiques, porteurs d’une car-
diopathie connue, présentant au moins 2 facteurs de
risque, désireux de reprendre un sport intense après une
longue interruption (6, 10). Cette EE doit être épuisante
et non limitée à l’obtention de la fréquence cardiaque
maximale théorique, souvent dépassée par les sportifs
qui sont peu limités mus culairement. La détection de
la maladie coronaire est la cause principale de l’indi-
cation préventive de l’EE chez le sportif. Sa limite est
une faible détection du risque de rupture de plaque
malgré une bonne détection de l’angor ; cette limite
doit être connue des praticiens et clairement expliquée
au sportif, qui peut à tort considérer une EE normale
comme une “assurance tous risques”.
In fine, la décision d’une VNCI obligatoire au niveau
d’une population reste une décision gouvernemen-
tale. Les désaccords sur son contenu CV, essentiel-
lement pour l’ECG, s’expliquent par des différences
culturelles et sociales et par des contraintes juri-
diques spécifiques aux pays. Hors de ces contraintes
légales, une VNCI devrait être proposée aux prati-
quants d’activités sportives intenses et régulières
avec information sur ses avantages et ses limites (8).
Les circonstances de survenue des accidents − symp-
tômes non pris en compte et non-prise en compte
des facteurs favorisants −, et la population (âge,