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De lamanière
l’occurrenceune relation prédicative (comme une mitraillette parle). De plus,le
sensfiguré provientd’une distorsion entrelecontenulittéral de laprédication
etnosconnaissancesdumonde. En d’autres termes,s’il yafigure en (10), c’est
bien parce que d’un pointde vueréférentiel une mitraillette ne parle pas, au sens
de s’exprimeren utilisant un langage doublementarticulé. Danscetteaccep-
tion,le verbeparlerreçoitnécessairement unsujethumain.
Lesconstructionsfiguréesetlittéralesdiffèrentparle mode d’interprétation
de lamanière. Lescomparativeslittérales sontdifficilementinterprétableshors
contexte. L’interprétation de lamanières’établitpar rapport àlasituation
d’énonciation,en relation avecdesconnaissancesextra-linguistiques relatives
aucomportementdu référentducomparantdansle domaine notionnel dupré-
dicat verbal,oubien encore grâceauco-texte:
(9’) Florencevavous parlerde moi. J’aime mieux êtreabsent.Etaussi je n’ai pas
votre genre de parole. Elle,elle parle comme vous.Vous m’avezdit trois
mots,maiscelam’asuffi pour voirqu’elle parle comme vous.Lesmêmes
liaisons.Le même accent.Elle avotre glotte, Florence,votre palais.
(Giraudoux,Cantiquedescantiques)
Dansles tours comparatifsfigurés,l’interprétation s’effectue par rapport
aux connotationsliéesàunterme employéfigurément.Dansl’exemple (10),
il peut s’agir tout autantdudébitquede lanaturemême despropos tenus
(lesparolespeuventêtreblessantes),interprétation corroborée parle co-
texte:
(10’) Je n’aime pas samanière de vouloirme soigner.Elle n’aime pasmamanière
d’être malade. MesIRM lui fontpeur.Pour se défendre,elle me parle
comme une mitraillette. Qu’importe,je ne comprendspaslesmots qu’elle
utilise. (Violet& Desplechin,La vie sauve)
Lescomparaisonsfiguréesetnon figuréesne doiventcependantpasêtre
conçuescomme deux classesdistinctes,mais relèventplutôtd’uncontinuum,
au sein duquel d’autresconstructionspeuventêtre dégagées.Outrecesdeux
types,il existe en effetdescomparaisonspartiellementlittéralesetdescompa-
raisonspartiellementfigurées.Lesconstructionsdonnéesen (11) :
(11) a.Monseigneur te parle comme un père[…](Anouilh,L’alouette).
b.Jevous parle comme uncamarade ancien combattant. (Gary,Au-delàde
cette limitevotreticketn’est plus valable)
relèventde la comparaison littérale,danslamesure oùla« manière de parler»
d’uncamarade ancien combattantoucelle d’un pères’interprèteenrelation
avecnotre expérience dumonde. Cependant, cesconstructionsparaissentdiffi-
cilement réversibles:
(11’) a.?* Un pèrete parle comme Monseigneur.
b.?* Uncamarade ancien combattant vous parle comme moi.
ce quirésulte dufaitqu’en raison dudéterminantindéfini,le SN à droite de
comme ne désigne pas unréférentprécis,mais un modèle. L’emploi ducondi-
tionnel améliore l’acceptabilité:
(11’’) a.Un pèrete parleraitcomme Monseigneur.
b.Uncamarade ancien combattant vous parleraitcomme moi.
4-Moline.fm Page 52Mercredi, 28. octobre 2009 1:09 13
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