Compliance, observance (attitude réelle) et adhésion thérapeutique sont différents degrés d'une suite
logique.
Quelle différence entre l'observance et l'adhésion thérapeutique ?
Dans l’observance, le patient agit car il a confiance, on lui a prescrit ça, il va le faire. C'est un
comportement (il n'adhère pas forcément). Avec tout ce qui a été dit avant, on voit qu'il est parfois
difficile d'arriver à l'adhésion thérapeutique. C'est une sorte d'idéal.
Imaginez-vous à l'hôpital dans le service d’oncologie.
Une famille vient avec des tisanes cachées dans son sac. Le patient est convaincu de l'utilité de la tisane
et en prend, mais de façon cachée. Soit il y a le respect de la loi (interdiction d'emmener des tisanes),
soit il y a une ouverture d'esprit de l'équipe soignante : « il va le faire de toute façon, autant être au
courant et vérifier les possibles interactions avec le traitement médical; vu son état, ça ne va pas lui faire
plus de mal que ce qu'on lui donne déjà ».
Est-ce que dans le projet thérapeutique, il ne doit pas y avoir une discussion à ce niveau ? Au lieu de
faire comme si on n’avait pas vu la tisane, de travailler avec ça. Il faut avoir une négociation entre les
deux. Quand on interroge les gens sur comment ils se soignent, quel choix entre médecine traditionnelle
et médecine classique, ils répondent : « on prend d'abord la tisane et si ça ne marche pas on va chez le
médecin; et on fait les 2 en même temps (faire une tisane et mettre l'efferalgan dedans pour que se soit
plus efficace) ».
C'est important de savoir ce genre de chose en tant que soignant.
B - Mécanisme de l'adhésion thérapeutique
L’adhésion thérapeutique est la base d’une bonne prise en charge du patient. Elle s’appuie sur
l’acceptation par le patient de sa maladie, ainsi que sur une bonne relation soignant/ soigné.
Le problème est que parfois, pendant la phase d'acceptation de la maladie, il y a une ambivalence.
Dans certains cas, l’acceptation de sa maladie par le patient est ambivalente : « oui, je sais... » « mais
quand même... ». Une partie du patient accepte la réalité de la maladie alors que dans le même temps,
une autre partie la nie, ce qui peut perturber le comportement de la personne malade ainsi que sa relation
avec les soignants. L’histoire personnelle du patient entre également en ligne de compte (notamment les
conflits éventuels qu’il a pu avoir avec des soignants, erreurs médicales passées…).
Il a compris ce que vous lui avez dit, sa maladie, mais une part de lui nie et cherche une autre solution.
Notamment si c'est une maladie grave (cancer, SIDA). On est un peu dans un esprit de marchandage : "
oui mais bon, est-ce que vous êtes sur, pas d'autres possibilités, vous vous êtes pas trompé ? ». Mais le
patient a bien compris.
Ici à La Réunion, certaines représentations font que les patients pensent que le cancer est une punition
divine (et pas des cellules se multipliant de façon anarchique). Le patient va chercher un autre type de
traitement, thérapie correspondant à sa représentation de la maladie (guérisseur, prêtre, plante...).
Ici, la négociation : « oui d'accord vous avez peut-être raison, faites votre rituel mais quand même il faut
de la chimiothérapie pour le cancer (la chirurgie…) ». Ca ne peut qu’aider.
L'histoire personnelle du patient est aussi à prendre en compte : ancien conflit avec un soignant.