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I - La production et la monnaie
L'économie de production distingue le marché des services
producteurs du marché des produits. Elle a son fondement dans l'analyse
classique et dans l'analyse keynésienne, pour lesquelles le principe de
la primauté de la production sur la circulation est étali. Mais l'analyse
classique ne parvient pas à établir la relation d'équivalence entre la
rémunération des services producteurs et des produits de ces services,
tandis que le système keynésien ouvre la voie à l'établissement de cet
te équivalence.
Dans son Traité de la monnaie. Keynes attribue la valeur
monétaire du produit aux services producteurs. "Nous proposons d'accor
der la même signification aux trois expressions suivantes :
(i) le revenu monétaire de la nation ;
(ii) les rémunérations des facteurs de production ;
( iii ) le coût de production ; et nous réservons le terme de profit à la
différence entre le coût de la production courante et le produit de sa
vente, de telle sorte que les profits ne font pas partie du revenu na
tional ainsi défini."
(J. M. Keynes, A Treatise on Money Ed. The Royal Economic Society
1971. P. 111 souligné par l'auteur)
II apparait d'une part que le produit national est mesuré dès la produc
tion grâce à la rémunération des facteurs de production, l ’équivalence
s'établit dès la production, d'autre part que le profit est un prélèvement
sur la rémunération des facteurs de production, il se réalise dans l'é
change.
Ainsi l'un des apports essentiels du système keynésien
réside dans l'idée de mesurer le produit dès la production par la monnaie,
c'est-à-dire d'intégrer la monnaie à l'économie. Selon Keynes, le produit
global se compose d'une quantité de biens de consommation et d'une quan
tité de biens d'investissement ou d'équipement. La contrepartie de cette
production est la rémunération des facteurs de productions dont le mon
tant est égal au revenu national. La valeur de l'offre globale, qui est
la valeur monétaire du produit national est donc établie dès la production.