INTRODUCTION
Ce mémoire étudie l’évolution de la motivation des travailleurs cubains depuis
le démantèlement de l’Union soviétique en 1989. Le problème de la motivation et du
faible effort fourni au travail est commun aux régimes socialistes. Bien que présents à
leur poste, les travailleurs ont de la difficulté à soutenir un niveau d’effort comparable
à ceux observés dans les sociétés capitalistes. Cuba ne fait pas exception et jongle
avec ce problème. Aux lendemains de la chute du mur de Berlin, l’Île des Caraïbes
perd ses principaux partenaires commerciaux, ne bénéficie plus des subventions de
l’URSS et doit traverser et surmonter toute seule l’importante crise économique qui
s’annonce. La société cubaine doit serrer sa ceinture et améliorer ses performances à
tous les niveaux. L’Île entame une série de mesures et de réformes nécessaires à sa
survie. Parmi les nombreux problèmes à régler se trouve celui de la faible motivation
de ses travailleurs. Une partie des réformes mises en place au courant de la décennie
quatre-vingt-dix s’attaque à ce problème. Ces réformes touchent le côté
microéconomique et cherchent à engendrer davantage d’efficacité dans les
mécanismes du travail.
Le problème de la motivation des travailleurs en général, de même que les
réformes cubaines sont largement documentés. Par contre, la motivation et ces
réformes ont peu été étudiées et analysées. Dans un premier temps, nous ferons
l’étude de la motivation au travail et nous expliquerons pourquoi elle est
historiquement faible dans les économies socialistes. Nous allons construire un
modèle microéconomique qui illustre ces explications. Nous allons ensuite analyser
les réformes en les intégrant au modèle. Cet outil nous aidera à évaluer leur
pertinence.
Le modèle fait ressortir la faiblesse du lien qui unit l’effort au travail à la
consommation individuelle en économie socialiste. En caricaturant, nous pouvons
affirmer que dans ce type de système, chacun contribue à la production nationale qui