Léa Nash L'ORIGINE STRUCTURALE DE L'ERGATIVITE SCINDEE ET DU CAS ERGATIF EN GEORGIEN. Sur la base de l’étude de l’ergativité scindée (split ergativity) en géorgien, je mets en avant un principe simple selon laquelle la différence entre les schémas nominatif et ergatif au sein de la même langue, et probablement, à travers des langues, tient à la capacité du sujet transitif d’être légitimé à la fois thématiquement et casuellement en dehors du vP, mais seulement dans les langues du type nominatif. Une conséquence de cette asymétrie typologique est la légitimation dans le type ergatif des deux arguments du verbe transitif dans le même domaine minimal, le vP. Puisque le sujet et l’objet transitifs sont confinés à l’intérieur du vP, leurs cas sont assignés par la même catégorie fonctionnelle T, selon le mécanisme du Cas Dépendant proposé par Marantz (1991), Bobaljik (2008), Baker & Vinokurova (2010). Mais pourquoi une seule catégorie fonctionnelle serait-elle contrainte de légitimer deux arguments dans le type ergatif ? Cela est dû, je soutiendrai, à l’appauvrissement fonctionnel entre T et v, dans ce type de langues. Concrètement, le gabarit fonctionnel minimal des langues nominatives contient une catégorie aspectuelle, que j’appellerai Event (Ramchand 2013, Ramchand & Svenonius 2014); elle exprime l’aspect grammatical (viewpoint aspect) qui relie les éventualités à l’intérieure du vP au temps de référence en T, et elle légitime le sujet d’Evénement. Comme cette catégorie est absente dans les systèmes ergatifs, la tête T c-commande le vP directement et l’assignation casuelle procède selon l’algorithme du Cas Dépendant.