L’AVIS REGIONAL Conseil économique et social de Bretagne

L’AVIS REGIONAL
Conseil économique et social de Bretagne
N°49 - Novembre 2009
N°49 - Novembre 2009
L’AVIS REGIONAL
Conseil économique et social de Bretagne
Agir ensemble pour dépasser la crise
Demain, les énergies de la mer en Bretagne
Forum “Prospective”
Pour de nouveaux indicateurs de mesure
du progrès
Les coopérations interrégionales
de « proximité »
Des énergies marines en Bretagne :
à nous de jouer !
3344
Pour de nouveaux indicateurs
de mesure du progrès
CONSEIL ECONOMIQUE
ET SOCIAL DE BRETAGNE
7, rue du Général Guillaudot - 35069 RENNES Cedex
Tél. : 02 99 87 17 60 • Fax : 02 99 87 17 69
Email : cesr@region-bretagne.fr
Site internet : www.cesr-bretagne.fr
RReevvuuee ttrriimmeessttrriieellllee dd''iinnffoorrmmaattiioonn dduu CCoonnsseeiill ééccoonnoommiiqquuee eett ssoocciiaall ddee BBrreettaaggnnee
Directeur de la publication : A. Even
Conception/Rédaction : P. Le Foll, M. Reymond, J. Grosbois, F.Tartarin
Conception/Réalisation graphique : ARCOM Search © Rennes 2009
Impression : Région Bretagne
Crédit photos : B. Demée - A. Lagoyer - M. Ogier - H. Panon - ISBN 1269 10 97
SOMMAIRE
1133
Demain, les énergies de la mer
en Bretagne :
Forum “Prospective”
44
Des énergies marines en
Bretagne : à nous de jouer !
2299
Agir ensemble pour
dépasser la crise
1188
Les coopérations
interrégionales
de « proximité »
Novembre 2009
N°49
3366
Opinion :
Alain LE MENN
3377Dernières parutions
33
Edito du Président :
EDITO
3
Alain EVEN
Président du CESR de Bretagne
La crise, les crises
n'épargnent pas
la Bretagne…
La crise économique se manifeste dans
notre région sous ses différents aspects :
baisse des activités et suppression d'emplois,
défaillances d'entreprises, difficultés d'accès
au crédit et attentisme par rapport aux
investissements. L'une des quatre bases
industrielles, l'automobile, est fortement
touchée. Si l'agro alimentaire résiste, l'agri-
culture connait un moment très difficile par
l'addition des difficultés de plusieurs filières,
la crise du lait étant la plus emblématique et
la plus dévastatrice. Le bâtiment qui avait
connu un développement remarqué est en
recul, les commandes publiques évitent l'ef-
fondrement mais le marché des particuliers
reste très en dessous ce qui est attendu par
les professionnels.
Quelques signes laissent penser que la
reprise économique s'engage mais la crise
sociale sera plus longue à résoudre. Les
effets retardés sur l'emploi font que le chô-
mage n'a pas fini d'augmenter, comme le
temps partiel non désiré, d'où un revenu
disponible moindre, un surendettement
des ménages, un plus difficile accès aux
soins, une accentuation de la précarisa-
tion. Certaines populations jeunes se trou-
vent dans une situation de grande dépen-
dance.
Le temps et les formes de la sortie crise ne
peuvent se contenter du suivi des indica-
teurs d'activités, les signes sont à recher-
cher du côté du quotidien des ménages,
de leurs conditions sociales.
Il faut agir dès aujourd'hui, pour aujourd'hui
et pour demain. La Région s'est déjà enga-
gée avec les leviers qu'elle a entre les mains
compte tenu de ses compétences premiè-
res et de ses moyens limités. Les aides
directes aux entreprises pour maintenir les
activités et accompagner les mutations, les
programmes de formation qui favorisent
les reconversions tout en assurant la sécuri-
sation des parcours professionnels sont les
bienvenus. Mais la Région ne peut tout
faire, en relation avec l'Etat et les autres
collectivités elle doit favoriser les initiatives
en faveur des jeunes et des personnes les
plus éloignées de l'emploi et de l'accès au
logement. La crise ne doit pas être le temps
de l'essor des inégalités mais celui du ren-
forcement des solidarités.
Les temps de crise doivent aussi être des
temps des idées et de leur mobilisation
pour l'action. Il ne faut pas baisser les bras.
Il faut assurer le meilleur des niveaux de la
recherche et développement, le maintien
de l'innovation technologique, le soutien
aux pôles de compétitivité mais aussi l'en-
couragement à l'innovation organisation-
nelle et sociale.
Certains secteurs doivent devenir très rapi-
dement des gages pour l'avenir, celui des
énergies marines en est un. L'autosaisine
du CESR de Bretagne "Des énergies mari-
nes en Bretagne : à nous de jouer !" et le
forum qui a suivi montrent à l'évidence que
les énergies marines peuvent être un nou-
veau pilier de l'économie bretonne, une
nouvelle "vocation pour la Bretagne". Il
doit s'agir d'un véritable projet collectif,
d'une force d'entrainement pour la région
toute entière. Le calendrier est serré tant
pour conforter la recherche que pour
entreprendre des expérimentations
(comme celle de Paimpol-Bréhat), pour
accueillir la grande plate-forme technolo-
gique sur les énergies marines envisagée
par le gouvernement, monter la filière
industrielle, créer les infrastructures néces-
saires, former aux nouvelles compétences
et préparer les populations et les profes-
sionnels à ce nouvel usage de la mer.
La Bretagne a de nombreux
atouts naturels et humains
à faire valoir
C'est une des régions d'Europe, et du
monde, qui bénéficie en quantité à la fois
de marées, de courants, de vents et de
vagues. Il y a là des ressources naturelles à
exploiter mais cela ne peut se faire qu'avec
un groupement de recherche et d'expertise
d'envergure internationale et une stratégie
de déploiement industriel. Les énergies
marines, c'est un nouvel entrant dans un
paysage complexe qui oblige à faire le pari
de la rupture comme pour tout marché
émergent. Si l'on veut contourner les éven-
tuels conflits d'usage du littoral et de la
mer il faut une véritable appropriation col-
lective de la stratégie qui fasse que la ques-
tion de l'acceptabilité sociale ne se pose
pas. Le choix des énergies marines peut
s'appuyer en Bretagne sur de nouvelles
approches des relations, des interdépen-
dances, entre terre et mer. Cette volonté
de faire des énergies marines l'un des
piliers de notre développement régional
doit s'intégrer dans les grands axes straté-
giques de la région : Schéma Régional
d'Aménagement du Territoire, politique
maritime et gestion concertée du littoral,
Schéma Régional de Développement
Economique, Agenda 21, Schéma Régional
de l'Innovation, schéma régional des for-
mations...
La Bretagne n'est pas la seule à vouloir
atteindre "cette nouvelle frontière", elle se
doit à la fois d'agir avec l'esprit de compéti-
tion et de coopération. Comme pour bien
d'autres projets la forte légitimité régio-
nale à agir n'exclue pas de coopérer. Les
travaux conduits par les CES de la façade
atlantique (de la Bretagne à la Galice et aux
Canaries) au sein du RTA (Réseau
Transational Atlantique) montrent à l'évi-
dence que la coopération interrégionale au
niveau français et européen peut être utile
voire indispensable : complémentarités des
centres de recherche, échanges d'expérien-
ces, entreprises sur plusieurs sites...
"Des énergies marines en Bretagne : à
nous de jouer !" avec nos atouts et nos
propres forces mais en complémentarité
au sein d'alliances stratégiques qui nous
permettent d'avoir un rang européen et
mondial.
Cette confiance dans des perspectives nou-
velles doit nous faciliter la sortie de crise en
conjuguant nos efforts pour la construction
d'un avenir possible et voulu. "Il faut agir
ensemble pour dépasser la crise". Le choix
des énergies marines doit nous y aider.
Un développement plus durable qui mar-
che sur tous ses pieds ce sont des produc-
tions de valeurs économiques, des ressour-
ces protégées, des inégalités réduites entre
populations et territoires, un vivre ensem-
ble collaboratif fait de plus de participation
citoyenne. Une nouvelle fois : à nous de
jouer !
D'un regard lucide sur la crise
à une vision optimiste de l'avenir
ENERGIE
DDeess éénneerrggiieess mmaarriinneess eenn BBrreettaaggnnee ::
àà nnoouuss ddee jjoouueerr !!
Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer ! Par ce
« nous » collectif le CESR interpelle l’ensemble des acteurs bretons,
qui peuvent saisir une opportunité majeure de développement pour
leur région. Pour la première fois depuis longtemps, l’occasion
nous est donnée d’envisager une nouvelle forme d’exploitation des
ressources de la mer. La Bretagne dispose en effet de nombreux
atouts pour devenir actrice du développement des énergies mari-
nes : des ressources exceptionnelles, des compétences et des
moyens scientifiques, technologiques et industriels. C’est sans
doute la raison pour laquelle apparaissent, le long des côtes bre-
tonnes, les premiers projets d’implantation d’équipements dédiés à
ces énergies.
La possibilité d’exploiter le formidable potentiel énergétique de la
mer nous oblige cependant à définir ensemble de nouveaux cadres
de pensée et d’action car nous ne savons encore que peu de cho-
ses des perspectives qu’offre cette nouvelle activité. La médiatisa-
tion sans précédent des énergies marines nous apporte son lot d’in-
formations mais contribue assez peu à instaurer un vrai débat,
pourtant indispensable.
Le terme d’énergies marines est utilisé ici
pour désigner toutes les formes possibles
d’exploitation des ressources renouvela-
bles de la mer : vents, vagues, courants,
marées, chaleur, salinité, biomasse. Ce
terme exclut donc les ressources pétro-
lières et gazières offshore.
Des formes d’exploitation
variées
Vents
Les éoliennes offshores, implantées au
large des côtes, permettent d’exploiter
des vents marins plus soutenus et plus
réguliers qu’à terre. Extrapolées de la
technologie terrestre, elles sont aujourd’-
hui la seule technologie mature, en fort
développement dans les pays nordiques.
La Bretagne dispose de régimes de vents
soutenus et plusieurs projets éoliens ont
émergé sur ses côtes. Il est probable que
des ruptures technologiques conduiront
à développer dans l’avenir des éoliennes
flottantes, pouvant être installées au
large. Deux projets d’éoliennes flottantes
ont été labellisés par le Pôle Mer
Bretagne.
Marées
Les moulins à marée autrefois, les très
rares usines marémotrices comme celle de
la Rance aujourd’hui, exploitent l’énergie
potentielle de la marée, c’est-à-dire l’éner-
gie liée à la différence de niveau entre
deux masses d’eau. Les impacts de telles
installations à la côte conduisent à imagi-
ner des lagons artificiels offshore fonction-
nant sur le même principe.
Courants
A l’image des éoliennes pour le vent, les
hydroliennes exploitent l’énergie liée à la
vitesse des courants de marée. Il existe
une grande diversité de concepts, mais
quelques prototypes seulement sont en
phase de démonstration. L’énergie des
courants présente l’intérêt d’être prédicti-
ble, mais elle est très localisée. La Bretagne
dispose de quelques-uns des sites les plus
attractifs de France, et des projets de
recherche amont et d’essais en mer sont
déjà en cours.
Vagues
Il existe là encore une très grande diver-
sité de technologies pour exploiter l’é-
nergie des vagues. Comme le vent, l’é-
nergie de la houle est aléatoire.
Certains systèmes exploitent, à la côte,
le déferlement des vagues tandis que
d’autres, plus nombreux, exploitent
l’ondulation des vagues en pleine mer.
Dans cette dernière catégorie, un seul
parc houlomoteur a vu le jour au
Portugal. De nombreux autres concepts
sont encore au stade du prototype. La
région des Pays de la Loire verra pro-
chainement la création d’un site d’es-
sais en mer et la démonstration d’un
système de récupération de l’énergie
des vagues.
Les énergies marines : de quoi parlons-nous ?
4
ENERGIE
Chaleur
L’énergie thermique des mers consiste à
exploiter la différence de température
entre le fond et la surface de l’océan en
zone intertropicale afin de produire de l’é-
lectricité, de l’eau douce ou du froid pour
la climatisation. Par ailleurs, le gisement
d’eau à température stable des côtes
métropolitaines peut permettre d’envisa-
ger des installations de type « pompe à
chaleur ».
Biomasse
Les macroalgues peuvent être utilisées
pour produire du bioéthanol ou du
méthane. En Bretagne, une entreprise
projette d’utiliser des algues vertes
pour produire du biogaz. Les recher-
ches portent aujourd’hui plus particu-
lièrement sur les microalgues, dont la
richesse en lipides permet de produire
des « algo-carburants » avec des ren-
dements très supérieurs à ceux des
plantes terrestres. Ce domaine de
recherche suscite la convoitise de
grands groupes pétroliers et fait l’objet
de nombreuses annonces, mais il n’y a
pas encore d’application industrielle.
Le Pôle Mer Bretagne a labellisé un
projet de culture de microalgues en
Bretagne.
Salinité
La différence de salinité entre l’eau de
mer et l’eau douce génère une diffé-
rence de pression, que l’on peut
exploiter et transformer en électricité
par un système de membranes.
L’exploitation de cette source d’éner-
gie ne fait l’objet que d’un concept
développé en Norvège.
Les objectifs chiffrés avancés dans les
textes de programmation énergétique
et les différents scénarios prospectifs
de développement des énergies mari-
nes en France laissent penser que la
part des énergies marines dans le
bouquet énergétique pourrait devenir
significative et, en tout état de cause,
participer à la diversification de ce
bouquet. Bénéficiant de ressources
naturelles exceptionnelles et recon-
nues en vents, vagues et courants, la
Bretagne semble particulièrement bien
située pour jouer la carte des énergies
marines.
D’après un récent sondage, 80% des
Bretons sont favorables ou très favora-
bles au développement d’éoliennes en
mer. Mais les énergies marines sont un
nouvel entrant dans un paysage com-
plexe et leur développement pose de
nombreuses questions auxquelles on a
encore peu de réponses, faute d’un
cadre d’action approprié.
De nombreuses incertitudes
Une incertitude
sur les ressources
La plupart des énergies marines sont
diffuses et irrégulières, et il est difficile
de faire la part des choses entre les res-
sources théoriques, les ressources
potentiellement exploitables et les res-
sources objectivement exploitables.
Une incertitude
sur les technologies
Les développements technologiques
sont le fruit d’initiatives dispersées et
cloisonnées, prises par des acteurs aux
statuts et aux moyens hétérogènes. Le
banc d’essais que constitue cette multi-
tude de projets d’intérêt inégal n’a pas
encore permis de dégager les technolo-
gies dominantes.
Une incertitude sur les enjeux
maritimes et côtiers
La concrétisation des projets en zone
côtière pose un grand nombre de ques-
tions liées à l’insertion d’une activité
nouvelle dans une zone côtière déjà
densément utilisée, et met au coeur des
enjeux la notion d’acceptabilité sociale
des énergies marines.
Une incertitude sur les enjeux
économiques et industriels
Il est difficile aujourd’hui de connaître
un marché des énergies marines qui ne
fait qu’émerger dans les pays les plus
volontaires et pour lequel les effets
d’annonce sont monnaie courante. De
nombreuses incertitudes demeurent sur
les modèles économiques, la mobilisa-
tion possible des industriels, l’accès à
des marchés mondiaux, les retombées
en termes d’emplois, etc. Les désordres
économiques et financiers actuels
accentuent ces incertitudes.
Une incertitude sur la capacité
à faire converger les opinions
et sur la gouvernance d’une
politique des énergies marines
L’arrivée d’une activité nouvelle néces-
site une adaptation du cadre habituel
de gestion, voire de gouvernance. La
transposition de règles ou d’habitudes
prises pour d’autres activités fait inter-
venir une multitude de parties prenan-
tes dont les rôles et les attentes sont
peu lisibles, parfois contradictoires. A
défaut d’une sensibilisation et d’une
mobilisation cohérente de tous, le
risque est de provoquer le désengage-
ment des acteurs concernés et de voir
d’autres régions et d’autres pays saisir
cette opportunité.
La prise de risques (juridique, financier,
technique, humain, environnemental…)
est au centre des enjeux liés au déve-
loppement des énergies marines et
concerne toutes les parties prenantes.
La question est de savoir si l’on accepte
collectivement de prendre ces risques,
et comment on les partage. Parmi les
choix qui seront faits, beaucoup relè-
vent d’une stratégie européenne et
nationale. Mais dans un contexte peu
structuré et peu lisible, la Bretagne a
vocation à jouer un rôle de tout pre-
mier plan, volontariste et structurant.
Les énergies marines :
un nouvel entrant dans un paysage complexe
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