L’AVIS REGIONAL Conseil économique et social de Bretagne

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L’AVIS REGIONAL
Conseil économique et social de Bretagne
N°49 - Novembre 2009
Des énergies marines en Bretagne :
à nous de jouer !
Demain, les énergies de la mer en Bretagne
Forum “Prospective”
Les coopérations interrégionales
de « proximité »
Agir ensemble pour dépasser la crise
Pour de nouveaux indicateurs de mesure
du progrès
SOMMAIRE
N°49
Novembre 2009
Edito du Président :
4
3
Des énergies marines en
Bretagne : à nous de jouer !
Demain, les énergies de la mer
en Bretagne :
Forum “Prospective”
13
18
Les coopérations
interrégionales
de « proximité »
Agir ensemble pour
dépasser la crise
29
Opinion :
Alain LE MENN
36
Pour de nouveaux indicateurs
de mesure du progrès
34
37
Dernières parutions
Revue trimestrielle d'information du Conseil économique et social de Bretagne
Directeur de la publication : A. Even
Conception/Rédaction : P. Le Foll, M. Reymond, J. Grosbois, F.Tartarin
Conception/Réalisation graphique : ARCOM Search © Rennes 2009
Impression : Région Bretagne
Crédit photos : B. Demée - A. Lagoyer - M. Ogier - H. Panon - ISBN 1269 10 97
CONSEIL ECONOMIQUE
ET SOCIAL DE BRETAGNE
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EDITO
D'un regard lucide sur la crise
à une vision optimiste de l'avenir
La crise, les crises
n'épargnent pas
la Bretagne…
logement. La crise ne doit pas être le temps
de l'essor des inégalités mais celui du renforcement des solidarités.
La crise économique se manifeste dans
notre région sous ses différents aspects :
baisse des activités et suppression d'emplois,
défaillances d'entreprises, difficultés d'accès
au crédit et attentisme par rapport aux
investissements. L'une des quatre bases
industrielles, l'automobile, est fortement
touchée. Si l'agro alimentaire résiste, l'agriculture connait un moment très difficile par
l'addition des difficultés de plusieurs filières,
la crise du lait étant la plus emblématique et
la plus dévastatrice. Le bâtiment qui avait
connu un développement remarqué est en
recul, les commandes publiques évitent l'effondrement mais le marché des particuliers
reste très en dessous ce qui est attendu par
les professionnels.
Les temps de crise doivent aussi être des
temps des idées et de leur mobilisation
pour l'action. Il ne faut pas baisser les bras.
Il faut assurer le meilleur des niveaux de la
recherche et développement, le maintien
de l'innovation technologique, le soutien
aux pôles de compétitivité mais aussi l'encouragement à l'innovation organisationnelle et sociale.
Quelques signes laissent penser que la
reprise économique s'engage mais la crise
sociale sera plus longue à résoudre. Les
effets retardés sur l'emploi font que le chômage n'a pas fini d'augmenter, comme le
temps partiel non désiré, d'où un revenu
disponible moindre, un surendettement
des ménages, un plus difficile accès aux
soins, une accentuation de la précarisation. Certaines populations jeunes se trouvent dans une situation de grande dépendance.
Le temps et les formes de la sortie crise ne
peuvent se contenter du suivi des indicateurs d'activités, les signes sont à rechercher du côté du quotidien des ménages,
de leurs conditions sociales.
Il faut agir dès aujourd'hui, pour aujourd'hui
et pour demain. La Région s'est déjà engagée avec les leviers qu'elle a entre les mains
compte tenu de ses compétences premières et de ses moyens limités. Les aides
directes aux entreprises pour maintenir les
activités et accompagner les mutations, les
programmes de formation qui favorisent
les reconversions tout en assurant la sécurisation des parcours professionnels sont les
bienvenus. Mais la Région ne peut tout
faire, en relation avec l'Etat et les autres
collectivités elle doit favoriser les initiatives
en faveur des jeunes et des personnes les
plus éloignées de l'emploi et de l'accès au
Certains secteurs doivent devenir très rapidement des gages pour l'avenir, celui des
énergies marines en est un. L'autosaisine
du CESR de Bretagne "Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer !" et le
forum qui a suivi montrent à l'évidence que
les énergies marines peuvent être un nouveau pilier de l'économie bretonne, une
nouvelle "vocation pour la Bretagne". Il
doit s'agir d'un véritable projet collectif,
d'une force d'entrainement pour la région
toute entière. Le calendrier est serré tant
pour conforter la recherche que pour
entreprendre des expérimentations
(comme celle de Paimpol-Bréhat), pour
accueillir la grande plate-forme technologique sur les énergies marines envisagée
par le gouvernement, monter la filière
industrielle, créer les infrastructures nécessaires, former aux nouvelles compétences
et préparer les populations et les professionnels à ce nouvel usage de la mer.
La Bretagne a de nombreux
atouts naturels et humains
à faire valoir
C'est une des régions d'Europe, et du
monde, qui bénéficie en quantité à la fois
de marées, de courants, de vents et de
vagues. Il y a là des ressources naturelles à
exploiter mais cela ne peut se faire qu'avec
un groupement de recherche et d'expertise
d'envergure internationale et une stratégie
de déploiement industriel. Les énergies
marines, c'est un nouvel entrant dans un
paysage complexe qui oblige à faire le pari
de la rupture comme pour tout marché
émergent. Si l'on veut contourner les éventuels conflits d'usage du littoral et de la
mer il faut une véritable appropriation col-
lective de la stratégie qui fasse que la question de l'acceptabilité sociale ne se pose
pas. Le choix des énergies marines peut
s'appuyer en Bretagne sur de nouvelles
approches des relations, des interdépendances, entre terre et mer. Cette volonté
de faire des énergies marines l'un des
piliers de notre développement régional
doit s'intégrer dans les grands axes stratégiques de la région : Schéma Régional
d'Aménagement du Territoire, politique
maritime et gestion concertée du littoral,
Schéma Régional de Développement
Economique, Agenda 21, Schéma Régional
de l'Innovation, schéma régional des formations...
La Bretagne n'est pas la seule à vouloir
atteindre "cette nouvelle frontière", elle se
doit à la fois d'agir avec l'esprit de compétition et de coopération. Comme pour bien
d'autres projets la forte légitimité régionale à agir n'exclue pas de coopérer. Les
travaux conduits par les CES de la façade
atlantique (de la Bretagne à la Galice et aux
Canaries) au sein du RTA (Réseau
Transational Atlantique) montrent à l'évidence que la coopération interrégionale au
niveau français et européen peut être utile
voire indispensable : complémentarités des
centres de recherche, échanges d'expériences, entreprises sur plusieurs sites...
"Des énergies marines en Bretagne : à
nous de jouer !" avec nos atouts et nos
propres forces mais en complémentarité
au sein d'alliances stratégiques qui nous
permettent d'avoir un rang européen et
mondial.
Cette confiance dans des perspectives nouvelles doit nous faciliter la sortie de crise en
conjuguant nos efforts pour la construction
d'un avenir possible et voulu. "Il faut agir
ensemble pour dépasser la crise". Le choix
des énergies marines doit nous y aider.
Un développement plus durable qui marche sur tous ses pieds ce sont des productions de valeurs économiques, des ressources protégées, des inégalités réduites entre
populations et territoires, un vivre ensemble collaboratif fait de plus de participation
citoyenne. Une nouvelle fois : à nous de
jouer !
Alain EVEN
Président du CESR de Bretagne
3
ENERGIE
Des énergies marines en Bretagne :
à nous de jouer !
Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer ! Par ce
« nous » collectif le CESR interpelle l’ensemble des acteurs bretons,
qui peuvent saisir une opportunité majeure de développement pour
leur région. Pour la première fois depuis longtemps, l’occasion
nous est donnée d’envisager une nouvelle forme d’exploitation des
ressources de la mer. La Bretagne dispose en effet de nombreux
atouts pour devenir actrice du développement des énergies marines : des ressources exceptionnelles, des compétences et des
moyens scientifiques, technologiques et industriels. C’est sans
doute la raison pour laquelle apparaissent, le long des côtes bretonnes, les premiers projets d’implantation d’équipements dédiés à
ces énergies.
4
La possibilité d’exploiter le formidable potentiel énergétique de la
mer nous oblige cependant à définir ensemble de nouveaux cadres
de pensée et d’action car nous ne savons encore que peu de choses des perspectives qu’offre cette nouvelle activité. La médiatisation sans précédent des énergies marines nous apporte son lot d’informations mais contribue assez peu à instaurer un vrai débat,
pourtant indispensable.
Les énergies marines : de quoi parlons-nous ?
Le terme d’énergies marines est utilisé ici
pour désigner toutes les formes possibles
d’exploitation des ressources renouvelables de la mer : vents, vagues, courants,
marées, chaleur, salinité, biomasse. Ce
terme exclut donc les ressources pétrolières et gazières offshore.
Des formes d’exploitation
variées
❚ Vents
Les éoliennes offshores, implantées au
large des côtes, permettent d’exploiter
des vents marins plus soutenus et plus
réguliers qu’à terre. Extrapolées de la
technologie terrestre, elles sont aujourd’hui la seule technologie mature, en fort
développement dans les pays nordiques.
La Bretagne dispose de régimes de vents
soutenus et plusieurs projets éoliens ont
émergé sur ses côtes. Il est probable que
des ruptures technologiques conduiront
à développer dans l’avenir des éoliennes
flottantes, pouvant être installées au
large. Deux projets d’éoliennes flottantes
ont été labellisés par le Pôle Mer
Bretagne.
❚ Marées
Les moulins à marée autrefois, les très
rares usines marémotrices comme celle de
la Rance aujourd’hui, exploitent l’énergie
potentielle de la marée, c’est-à-dire l’énergie liée à la différence de niveau entre
deux masses d’eau. Les impacts de telles
installations à la côte conduisent à imaginer des lagons artificiels offshore fonctionnant sur le même principe.
❚ Courants
A l’image des éoliennes pour le vent, les
hydroliennes exploitent l’énergie liée à la
vitesse des courants de marée. Il existe
une grande diversité de concepts, mais
quelques prototypes seulement sont en
phase de démonstration. L’énergie des
courants présente l’intérêt d’être prédicti-
ble, mais elle est très localisée. La Bretagne
dispose de quelques-uns des sites les plus
attractifs de France, et des projets de
recherche amont et d’essais en mer sont
déjà en cours.
❚ Vagues
Il existe là encore une très grande diversité de technologies pour exploiter l’énergie des vagues. Comme le vent, l’énergie de la houle est aléatoire.
Certains systèmes exploitent, à la côte,
le déferlement des vagues tandis que
d’autres, plus nombreux, exploitent
l’ondulation des vagues en pleine mer.
Dans cette dernière catégorie, un seul
parc houlomoteur a vu le jour au
Portugal. De nombreux autres concepts
sont encore au stade du prototype. La
région des Pays de la Loire verra prochainement la création d’un site d’essais en mer et la démonstration d’un
système de récupération de l’énergie
des vagues.
ENERGIE
❚ Chaleur
L’énergie thermique des mers consiste à
exploiter la différence de température
entre le fond et la surface de l’océan en
zone intertropicale afin de produire de l’électricité, de l’eau douce ou du froid pour
la climatisation. Par ailleurs, le gisement
d’eau à température stable des côtes
métropolitaines peut permettre d’envisager des installations de type « pompe à
chaleur ».
Les énergies marines :
un nouvel entrant dans un paysage complexe
D’après un récent sondage, 80% des
Bretons sont favorables ou très favorables au développement d’éoliennes en
mer. Mais les énergies marines sont un
nouvel entrant dans un paysage complexe et leur développement pose de
nombreuses questions auxquelles on a
encore peu de réponses, faute d’un
cadre d’action approprié.
des marchés mondiaux, les retombées
en termes d’emplois, etc. Les désordres
économiques et financiers actuels
accentuent ces incertitudes.
De nombreuses incertitudes
L’arrivée d’une activité nouvelle nécessite une adaptation du cadre habituel
de gestion, voire de gouvernance. La
transposition de règles ou d’habitudes
prises pour d’autres activités fait intervenir une multitude de parties prenantes dont les rôles et les attentes sont
peu lisibles, parfois contradictoires. A
défaut d’une sensibilisation et d’une
mobilisation cohérente de tous, le
risque est de provoquer le désengagement des acteurs concernés et de voir
d’autres régions et d’autres pays saisir
cette opportunité.
❚ Biomasse
Les macroalgues peuvent être utilisées
pour produire du bioéthanol ou du
méthane. En Bretagne, une entreprise
projette d’utiliser des algues vertes
pour produire du biogaz. Les recherches portent aujourd’hui plus particulièrement sur les microalgues, dont la
richesse en lipides permet de produire
des « algo-carburants » avec des rendements très supérieurs à ceux des
plantes terrestres. Ce domaine de
recherche suscite la convoitise de
grands groupes pétroliers et fait l’objet
de nombreuses annonces, mais il n’y a
pas encore d’application industrielle.
Le Pôle Mer Bretagne a labellisé un
projet de culture de microalgues en
Bretagne.
❚ Salinité
La différence de salinité entre l’eau de
mer et l’eau douce génère une différence de pression, que l’on peut
exploiter et transformer en électricité
par un système de membranes.
L’exploitation de cette source d’énergie ne fait l’objet que d’un concept
développé en Norvège.
Les objectifs chiffrés avancés dans les
textes de programmation énergétique
et les différents scénarios prospectifs
de développement des énergies marines en France laissent penser que la
part des énergies marines dans le
bouquet énergétique pourrait devenir
significative et, en tout état de cause,
participer à la diversification de ce
bouquet. Bénéficiant de ressources
naturelles exceptionnelles et reconnues en vents, vagues et courants, la
Bretagne semble particulièrement bien
située pour jouer la carte des énergies
marines.
❚ Une incertitude
sur les ressources
La plupart des énergies marines sont
diffuses et irrégulières, et il est difficile
de faire la part des choses entre les ressources théoriques, les ressources
potentiellement exploitables et les ressources objectivement exploitables.
❚ Une incertitude
sur les technologies
Les développements technologiques
sont le fruit d’initiatives dispersées et
cloisonnées, prises par des acteurs aux
statuts et aux moyens hétérogènes. Le
banc d’essais que constitue cette multitude de projets d’intérêt inégal n’a pas
encore permis de dégager les technologies dominantes.
❚ Une incertitude sur les enjeux
maritimes et côtiers
La concrétisation des projets en zone
côtière pose un grand nombre de questions liées à l’insertion d’une activité
nouvelle dans une zone côtière déjà
densément utilisée, et met au coeur des
enjeux la notion d’acceptabilité sociale
des énergies marines.
❚ Une incertitude sur les enjeux
économiques et industriels
Il est difficile aujourd’hui de connaître
un marché des énergies marines qui ne
fait qu’émerger dans les pays les plus
volontaires et pour lequel les effets
d’annonce sont monnaie courante. De
nombreuses incertitudes demeurent sur
les modèles économiques, la mobilisation possible des industriels, l’accès à
❚ Une incertitude sur la capacité
à faire converger les opinions
et sur la gouvernance d’une
politique des énergies marines
La prise de risques (juridique, financier,
technique, humain, environnemental…)
est au centre des enjeux liés au développement des énergies marines et
concerne toutes les parties prenantes.
La question est de savoir si l’on accepte
collectivement de prendre ces risques,
et comment on les partage. Parmi les
choix qui seront faits, beaucoup relèvent d’une stratégie européenne et
nationale. Mais dans un contexte peu
structuré et peu lisible, la Bretagne a
vocation à jouer un rôle de tout premier plan, volontariste et structurant.
5
ENERGIE
Les énergies marines, un nouveau pilier de l’économie bretonne
La feuille de route à construire devra
offrir un cadre propice à l’émergence
et à l’accompagnement de projets,
dans les trois défis que la Bretagne
peut relever grâce à ses ressources, à
ses compétences et à ses savoir-faire :
- exploiter les énergies marines en
Bretagne pour relever le défi énergétique et participer au respect des engagements de la France en matière d’énergies renouvelables tout en bénéficiant des retombées locales ;
- définir une stratégie de déploiement industriel s’appuyant sur la
mise en place et l’accompagnement
d’une filière industrielle pour développer une nouvelle économie maritime
source de richesses et d’emplois ;
- créer un groupement de recherche
et d’expertise d’envergure internationale, et faire de la Bretagne une
référence en la matière.
6
Exploiter les énergies
marines en Bretagne
Faute d’une politique d’ensemble, c’est
aujourd’hui à chaque porteur de projet
qu’il revient de prospecter pour identifier les sites qui lui paraissent favorables.
Face à ces initiatives dispersées, il nous
semble important de construire collectivement un cadre de référence définissant une stratégie de connaissance des
potentiels et de valorisation des ressources de la Bretagne dans le but de maximiser les retombées pour le territoire. A
ce titre, l’initiative de la Région Bretagne
d’animer un processus de concertation
pour la planification du développement
des énergies marines mérite d’être
saluée car elle est le signe d’une volonté
politique forte de fédérer des initiatives
et des acteurs dispersés.
❚ Une évaluation stratégique
des ressources et des potentiels de production
L’évaluation stratégique part du postulat que si l’on offre en amont le maximum de données partagées et objectives sur les milieux maritimes et côtiers,
les projets n’en seront que mieux calibrés, plus adaptés et donc plus perti-
nents. L’initiative la plus significative
dans ce sens est l’étude de zonage
commandée par le CIADT de septembre 2004 à l’ADEME et à l’Ifremer, qui
vise non seulement à évaluer les ressources, mais aussi à développer un
outil d’aide à la décision. La diffusion
de cette étude de zonage est très
attendue car elle devrait être d’un
grand intérêt pour l’émergence des
projets et leur appropriation collective.
La capacité d’entraînement d’une telle
démarche, au-delà des frontières françaises, ne doit pas être sous-estimée.
Les résultats de cette étude de zonage
doivent en conséquence être rendus
publics et présentés non pas uniquement comme un outil d’aide à la décision, mais aussi comme la base d’une
réflexion collective qui viendrait l’enrichir et la faire évoluer. Sa déclinaison
régionale serait un apport précieux à la
réflexion qui s’engage en Bretagne.
❚ Une planification stratégique
spatialisée
Si les possibilités techniques de développer les énergies marines sont
incontestables, si leur intérêt économique est indiscutable, l’acceptabilité
des énergies marines est au coeur
d’enjeux sociétaux qui détermineront
l’avenir de cette activité émergente.
• Des objectifs partagés
La planification stratégique spatialisée
ne se résume pas à une analyse spatiale qui aboutirait à un simple zonage
cartographique. La démarche donne
plus d’importance au processus d’élaboration de la planification qu’à la planification elle-même. L’enjeu est d’animer en amont, et de façon neutre et
objective, un processus de concertation
visant à associer l’ensemble des parties
prenantes dans la définition d’objectifs
partagés et des moyens de les atteindre. En fait, la planification stratégique
revient à développer le présent vers un
futur choisi ensemble.
La planification stratégique repose sur
une analyse multicritères de scénarios
d’implantation des énergies marines
qui restent à imaginer. Cette analyse
doit prendre en compte les critères propres au développement des énergies
marines, mais aussi l’ensemble des critères liés au contexte dans lequel cette
activité s’insère.
C’est la pondération de tous ces critères
qui permettra d’identifier, parmi différentes hypothèses, celle qui offrira le maximum de retombées économiques, sociales et environnementales, tout en minimisant les coûts, les impacts sur l’environnement et sur les autres usages.
ENERGIE
• Une intégration des projets
dans l’existant
L’exercice de planification stratégique
devra considérer tous les enjeux exprimés par les acteurs qui se sentent les
plus menacés, dans la pratique de leur
activité, par l’implantation de parcs en
mer. Il est donc nécessaire de connaître
les activités présentes, et même d’anticiper leurs développements futurs, afin
d’appréhender leur sensibilité à l’arrivée
d’une nouvelle activité et le degré de
conflit potentiel. La concertation entre
les différentes parties prenantes doit
permettre d’envisager des compromis
de la part des uns et des autres, et de
définir ensemble les solutions pour une
bonne cohabitation, voire pour des
synergies entre activités : éloignement
des zones de pêche, ensouillage des
câbles, limitation de l’emprise spatiale,
signalisation des machines, choix de
machines immergées, couplage avec de
nouvelles pratiques de pêche ou d’aquaculture, éloignement des bassins de
navigation les plus significatifs…
• Une clarification
de la réglementation
La réglementation qui s’applique
actuellement aux projets d’exploitation
des énergies marines est un empilement de mesures transposées du
domaine terrestre et inadaptées au
milieu marin. La complexité des procédures peut être un frein à l’émergence
des projets. La clarification de la régle-
mentation au niveau national est donc
indispensable. Elle doit prévoir le cadre
particulier de l’installation en mer des
systèmes d’exploitation de l’énergie des
vents, des vagues et des courants.
Dans ce contexte national peu lisible,
l’élaboration par les services de l’Etat
en région Bretagne d’un guide à l’attention des porteurs de projets doit
être soulignée. Ce guide a vocation à
clarifier l’ensemble des démarches relevant de l’instruction administrative. Il
faut espérer que cette démarche initiée
en Bretagne aboutisse au niveau central à l’uniformisation des recommandations de l’Etat aux porteurs de projets. Il importe également que la complémentarité initialement recherchée
entre cette démarche des services de
l’Etat en région et la démarche du
Conseil régional de Bretagne d’élaborer un plan de développement des
énergies marines soit clarifiée et
dépourvue d’ambiguïtés.
• Une optimisation des projets
L’optimisation technique des projets
doit chercher à valoriser au mieux le
potentiel de chaque site, en cherchant
notamment les technologies les plus
adaptées, les complémentarités entre
technologies et entre sites, ainsi que les
possibilités de mutualisation de certaines infrastructures. La réversibilité, l’évolutivité et l’adaptabilité des installations sont des paramètres importants à
considérer prioritairement.
La dimension logistique est importante
à prendre en compte. En tant que propriétaire des ports de Lorient, Brest et
Saint-Malo, le Conseil régional de
Bretagne devrait mener une évaluation
de la capacité des ports à accueillir des
activités d’assemblage et/ou de construction des éoliennes offshore dans un
premier temps, des autres technologies
à moyen terme et, si besoin, envisager
des mesures d’aménagement portuaire.
La même démarche devrait être menée
dans les ports départementaux. Les
possibilités de coopération avec les
ports des régions voisines pourront être
envisagées.
• Une approche globale
de la production électrique
La planification stratégique spatialisée
doit prendre en compte très tôt la problématique du réseau de transport
d’électricité et lui donner toute sa
place dans le débat, car son développement et son renforcement, indispensables pour atteindre les objectifs
fixés, s’inscrivent dans un temps long.
A l’image de ce qu’a entrepris
l’Allemagne pour anticiper le déploiement de l’éolien offshore, il pourrait y
avoir au niveau national une optimisation des infrastructures se traduisant
par l’installation et la prise en charge
financière de câbles desservant plusieurs parcs en mer.
Le stockage de grande ampleur de l’électricité n’est certes pas maîtrisé, mais
les recherches scientifiques et techniques sur cette problématique doivent
converger avec les recherches dédiées
à la production d’électricité en mer,
pour permettre une appréhension globale de la qualité de la production
électrique.
• Une démarche évolutive
La planification stratégique est par définition une démarche évolutive. Elle
devra suivre les évolutions du contexte
économique et social, les évolutions
technologiques, les évolutions réglementaires. Ses propres effets sur l’émergence des projets, l’acceptabilité
sociale, l’implication des parties prenantes dans le processus modifieront le
contexte dans lequel elle devra évoluer.
7
ENERGIE
❚ Un soutien à l’émergence des
projets
La fixation d’un tarif de rachat unique
pour l’exploitation de l’énergie des
vagues et des courants ne prend pas en
compte la phase transitoire qui précède
la pleine exploitation. Bien qu’issu d’un
décret récent, et signe d’une volonté
de l’Etat d’encourager le développement des énergies marines, ce tarif de
rachat devrait être revu à la hausse et
modulé en fonction du degré de maturité technologique.
Les fonds de capital-risque régionaux
ne se sont pas encore intéressés aux
entreprises impliquées dans le développement des énergies marines. La
Région Bretagne devrait initier la mise
en place d’un fonds régional spécifique
au développement des énergies renouvelables, tel qu’elle l’avait proposé dans
le Plan Energie pour la Bretagne, en y
intégrant les énergies marines
8
❚ Des objectifs ambitieux
pour une activité créatrice
de richesses
L’exploitation des énergies marines
contribuera à créer des richesses dans
les territoires, par des retombées financières directes, des retombées en termes de création d’emplois, mais aussi
des retombées en termes d’image et de
comportement citoyen. Il nous apparaît
donc que les objectifs du Plan Energie
pour la Bretagne doivent être revus à la
hausse, en particulier pour ce qui
concerne l’énergie des vagues et des
courants. Le processus de planification
stratégique devra permettre d’affiner et
de s’approprier collectivement des
objectifs plus ambitieux.
Définir une stratégie
de déploiement industriel
Les acteurs industriels français n’ont
pas su se mobiliser sur le segment de
l’éolien terrestre et, par extension, sur
celui de l’éolien offshore classique.
Mais grâce à leurs compétences dans
l’offshore, le naval, le nautisme, les TIC,
les industriels bretons doivent faire le
pari de la rupture qui leur permettra de
se positionner sur le marché émergent
des autres technologies, développées
spécifiquement pour le milieu marin.
Les énergies marines doivent être
considérées comme une opportunité
majeure de développement dans un
contexte où, à des degrés divers, les
piliers de l’industrie bretonne sont
confrontés à des difficultés pouvant
remettre en cause leur importance et
fragiliser l’économie régionale.
❚ Une ambition et une visibilité
à l’international
Projet Winflo : crédit photo © Winflo
Le déploiement industriel ne doit pas
s’envisager seulement au regard du
potentiel de production en Bretagne,
mais aussi au regard du marché mon-
dial de l’exploitation des énergies de la
mer. Seule cette projection à l’export
permettra de créer une filière industrielle pérenne. Les atouts de la
Bretagne doivent donc être valorisés à
l’international, sur tous les pans constitutifs de la filière : une R&D performante et valorisée par le Pôle Mer
Bretagne, des compétences dans les
études amont, les savoir-faire des
industriels, une main-d’oeuvre qualifiée, des infrastructures disponibles
pour accueillir toute la chaîne logistique, et aussi, ne l’oublions pas, l’attrait de la qualité de vie en Bretagne
pour les travailleurs, une forte identité
maritime, et une volonté politique
régionale affirmée.
La veille économique conduite par
l’Agence économique de Bretagne sur
l’éolien offshore doit se poursuivre et
s’élargir aux autres énergies marines en
temps voulu, afin de capter les industriels qui cherchent à s’implanter près
des sites d’exploitation potentiels. La
promotion et l’accompagnement des
entreprises bretonnes à l’international
doivent intégrer pleinement la thématique des énergies marines.
Par ailleurs, la Bretagne pourrait faire
connaître et faire valoir le thème des
énergies marines dans les réseaux interrégionaux et internationaux auxquels
elle appartient comme la Conférence
des régions périphériques maritimes et
l’Arc Atlantique, l’Arc Manche, le
groupe de travail Aquamarina ou le
réseau NRG4SD (association de Régions
pour le développement durable).
ENERGIE
❚ Une définition et une anticipation des besoins
La disponibilité d’une main-d’oeuvre
qualifiée pour ce secteur nouveau doit
être anticipée, dans tous les domaines
de compétences nécessaires. La Région
Bretagne a un rôle à jouer dans l’adaptation de la formation initiale et continue à ce domaine, y compris dans l’enseignement supérieur où il devient
urgent d’étoffer les formations existantes, de les diversifier et de mieux les
structurer. Il est indispensable d’amorcer
une politique volontariste de développement des équipes pédagogiques et des
laboratoires consacrés aux énergies
marines. Il est désormais essentiel d’agréger les forces des établissements bretons et de les dynamiser, en y associant
celles de Loire-Atlantique. La Région
Bretagne pourrait soutenir une impulsion donnée au départ par l’Université
Européenne de Bretagne (UEB) et/ou
par le Réseau des Universités de l’Ouest
Atlantique (RUOA).
Créer un groupement
de recherche et d’expertise
d’envergure internationale
Susciter la concrétisation de projets
dans un domaine émergent comme
l’est celui des énergies marines impose
de s’appuyer sur une R&D performante
capable d’innover dans les technologies, de valider les modèles économiques, d’appréhender l’acceptabilité
des projets en explorant un champ très
large de disciplines.
Engagé dans une politique de soutien à
l’émergence des activités et à la construction de stratégies de filière, le
Conseil régional de Bretagne possède
certains leviers d’action pour financer la
recherche dans le domaine des énergies
marines, stimuler l’innovation, développer « l’économie de la connaissance »,
et soutenir les pôles de compétitivité,
en particulier le Pôle Mer Bretagne qui
s’est clairement positionné sur le développement des énergies marines.
❚ Vers un groupement
de recherche et d’expertise
en Bretagne
La Bretagne dispose d’atouts certains
dans le domaine des sciences de la
mer et du littoral, ainsi que dans les
actions de R&D. L’enjeu est fort, pour
la région, de développer autour du
Pôle Mer Bretagne un réseau de compétences dans ce domaine, avec des
moyens humains et financiers à la
hauteur des enjeux, et de créer le
noyau d’un groupement de recherche
et d’expertise d’envergure nationale et
internationale.
La très grande majorité des réflexions
récentes menées sur les énergies marines met l’accent sur le développement
technologique. Or de nombreuses autres
disciplines, également indispensables,
entrent en jeu dans le montage de projets. De grands axes de recherche transversaux pourraient être ainsi définis.
Le Conseil régional de Bretagne s’est
fortement mobilisé pour la création
❚ Un renforcement significatif
des forces de R&D
Il est nécessaire de replacer les forces
de recherche actuelles dans le secteur
dédié aux énergies renouvelables, et
plus globalement à l’énergie. Il y a
manifestement aujourd’hui un fossé
entre les volontés politiques de développer les énergies marines et les
moyens réellement mis en oeuvre dans
la R&D publique. Or le développement
d’une recherche de pointe, innovante
dans le domaine des énergies marines,
ne pourra se faire que par la mobilisation de réels moyens et la constitution
d’équipes de chercheurs plus étoffées.
Prototype d’hydrolienne OpenHydro
d’un centre de recherche et d’essais sur
les énergies marines. Ces réflexions doivent se poursuivre en lien avec les
acteurs concernés, afin de préciser les
modalités et les conditions nécessaires
au regroupement (physique ou non)
des équipes de recherche.
❚ Une politique de démonstration
La démonstration en mer est le seul
moyen de valider en conditions réelles
des machines qui ont été modélisées et
testées en bassin. Elle est le lien
indispensable entre la R&D et le
déploiement industriel. Par l’attraction
qu’elle peut susciter auprès des chercheurs, des industriels et des décideurs,
une véritable politique de démonstration permet d’affirmer le rôle moteur
d’un pays ou d’une région.
Afin d’affirmer son positionnement
dans l’exploitation des énergies marines, et au vu de ses importantes ressources en courants, la Bretagne doit
se donner tous les moyens pour créer
un site d’essais en mer pour les hydroliennes, s’appuyant sur l’expérience
prochaine de Paimpol-Bréhat, complémentaire à celui du Croisic pour les
systèmes houlomoteurs, et en lien
avec les moyens d’essais européens,
notamment britanniques. Le fonds
démonstrateur de l’ADEME pourrait
être utilement mobilisé à cette fin. La
labellisation de projets de R&D sur
l’éolien flottant impose également
d’envisager la faisabilité d’un site d’essais en mer dédié à cette nouvelle
technologie.
9
ENERGIE
Accompagner le changement
Accompagner le changement pour faire
évoluer l’ensemble des parties prenantes
d’une légitime méfiance vers une appropriation collective sera un élément-clé de
la feuille de route à construire.
Le domaine des énergies marines
émerge et dans cette phase pionnière il
est encore difficile d’appréhender l’articulation entre les différentes initiatives
qui sont en cours de formalisation au
niveau national et au niveau régional.
Au-delà de la décision du CESR de
Bretagne de réaliser la présente étude,
rappelons les quelques initiatives suivantes :
- l’étude de zonage ADEME/Ifremer,
présentée comme un outil d’aide à la
décision mais pas encore publiée ;
10
- l’étude prospective menée par
l’Ifremer, visant à esquisser des scénarios d’implantation des énergies marines à l’horizon 2030 ;
- la publication du Plan Energie pour la
Bretagne et de la charte des espaces
côtiers bretons, dans lesquels le
déploiement des énergies marines est
annoncé comme une priorité ;
- la contribution des acteurs bretons au
Grenelle de l’environnement, en faveur
d’un centre de recherche et d’essais sur
les énergies marines ;
- les travaux du comité opérationnel
n°10 du Grenelle de l’environnement,
qui a proposé des objectifs chiffrés
concernant les énergies marines, ceuxci n’ayant pas été repris dans les textes
de loi ;
- le plan national de développement
des énergies renouvelables, qui prévoit
une planification à l’échelle des façades
maritimes ;
- la loi Grenelle 2, en projet, qui
confirme l’échelle des façades maritimes pour la mise en oeuvre de la stratégie nationale pour la mer mais exclut
toutefois les énergies marines des schémas régionaux du climat, de l’air et de
l’énergie ; l’initiative conjointe entre le
Président du Conseil régional de
Bretagne, le Préfet de région et le
Préfet maritime d’élaborer un guide à
l’attention des porteurs de projets ;
une opportunité de déploiement d’une
filière industrielle s’appuyant sur le renforcement d’une recherche d’excellence
dans ce domaine.
- l’initiative nationale IPANEMA, dans
laquelle les signataires s’engagent collectivement à favoriser l’émergence des
énergies marines.
L’objectif que nous nous fixons est, au
total, beaucoup plus ambitieux que la
seule problématique énergétique : il
s’agit d’éveiller l’intérêt de tous et de
susciter l’émergence de projets pour
faire des énergies marines un nouveau
pilier de l’économie bretonne, de faire
en sorte aussi que l’image de la
Bretagne et celle, dynamique, des énergies marines en devenir se superposent
et se renforcent mutuellement.
La thématique des énergies marines a
donc gagné tant des sphères d’actions
volontaires, partenariales ou de consultation que des sphères juridiques et
réglementaires, donnant plus ou moins
d’espace à la concertation.
Un enjeu :
bien poser le problème
La question des énergies marines a, globalement, trouvé son origine dans les
engagements européens et nationaux
dits « des trois 20 » imposant un recours
accru aux énergies renouvelables dans la
lutte contre le changement climatique.
Compte tenu du gisement potentiel
considérable qu’elles représentent, les
énergies marines sont vues comme pouvant apporter une contribution significative à la diversification du bouquet énergétique. Au-delà du strict enjeu de la
production d’électricité, qui prend en
Bretagne une dimension particulière du
fait de son profil énergétique, le développement des énergies marines offre
De la gouvernance
des énergies marines
Aujourd’hui, la multiplicité des parties
prenantes rend difficile la compréhension du rôle et de l’implication de chacun. Seul un pilotage en amont, et
dans la concertation, permettra une
définition collective des objectifs et des
moyens de les atteindre. Deux initiatives
progressent en parallèle pour l’animation de cette démarche : celle de l’Etat
et de ses services déconcentrés dans
l’élaboration d’une planification à l’échelle de la façade maritime ; celle du
Conseil régional de Bretagne dans l’élaboration d’un plan de développement
des énergies marines.
ENERGIE
riales dans une démarche de planification stratégique spatialisée est essentiel.
Les initiatives prises par l’Etat et par le
Conseil régional de Bretagne doivent
donc converger dans une approche globale et proactive des enjeux posés par
le développement des énergies marines, dans toutes ses dimensions.
L’Etat a toute légitimité à intervenir
pour encadrer et réguler l’implantation d’installations sur le domaine
public maritime. Ce sont les préfets
qui prendront, in fine, la décision
d’autoriser ou non l’implantation des
parcs. Par ses missions régaliennes,
comme celle récemment confiée au
Préfet maritime et aux préfets de
départements de créer une instance
de concertation et de planification à
l’échelle de la façade maritime, le rôle
de l’Etat reste essentiel.
Il nous semble aussi que le débat sur
les énergies marines va bien au-delà
de la seule production d’énergie en
mer et qu’il pose des questions qui
concernent directement les territoires,
la gestion intégrée de la zone côtière,
le développement économique, la
recherche et l’innovation, la formation,
domaines dans lesquels le Conseil
régional de Bretagne a toute légitimité
à intervenir.
Les textes récents indiquent que les
énergies renouvelables terrestres feront
l’objet d’un schéma régional du climat,
de l’air et de l’énergie tandis que les
énergies renouvelables marines feront
l’objet d’une planification menée à l’échelle de la façade maritime. On peut
craindre que cette double échelle rende
plus difficile l’appréhension de la
dimension territoriale de la gestion de
la zone côtière. L’interaction entre terre
et mer est pourtant l’un des fondements du concept de gestion intégrée
La coopération interrégionale devra
être encouragée afin de chercher une
cohérence entre l’action des Régions et
l’approche menée par l’Etat à l’échelle
des façades maritimes.
Une appropriation
collective par la population
et les acteurs de la zone
côtière
Système Searev : crédit photo © Francis Rousseau/3B Conseils
de la zone côtière (GIZC), qui offre un
cadre de référence pour l’action en
zone côtière. Plusieurs projets de GIZC
ont été labellisés en Bretagne, dont la
charte des espaces côtiers bretons. Ces
projets ont créé des habitudes de travail
fondées sur la concertation, et cela renforce la légitimité de la Région à intervenir pour initier la construction collective d’un projet de développement des
énergies marines.
Il nous semble donc indispensable de
repenser le rapport au territoire dans le
développement des énergies marines. A
cet effet, le rôle des collectivités territo-
Le terme d’acceptabilité sociale est souvent utilisé lorsque l’on parle des énergies marines, et semble parfois être l’ultime but à atteindre. Ce terme ne nous
paraît pas exact au sens où il est restreint aux conflits d’usage potentiels
créés par l’implantation de machines en
mer côtière. Il nous semble plus exact
de parler d’un enjeu d’appropriation
collective car, au-delà de l’acceptabilité,
c’est bien l’appropriation de cette nouvelle activité qui enclenchera une dynamique territoriale de création de richesses, de création d’emplois, de diversification de l’économie bretonne vers un
domaine porteur.
❚ Un rappel :
les économies d’énergie
Le Conseil régional de Bretagne a
engagé des actions volontaristes pour
la maîtrise de la demande en énergie
dans les activités maritimes, notamment dans la pêche mais aussi dans le
domaine du nautisme et de l’éco-navigation. Ces actions doivent être pérennisées, en lien avec le Pôle Mer
Bretagne.
❚ Une éducation aux énergies
marines
Les énergies marines sont peu connues
du grand public. Si les innovations technologiques sont très médiatisées, les
dimensions économiques, sociales et
environnementales le sont beaucoup
11
ENERGIE
moins. En particulier, les retombées
possibles de l’exploitation des énergies
marines sur les territoires sont très peu
mises en avant alors qu’elles seront un
pas important vers une appropriation
collective.
Des moyens d’information et de diffusion des connaissances, des progrès
réalisés, des enjeux du développement
des énergies marines pour les territoires sont donc à mettre en oeuvre tant
en direction des publics scolarisés que
du public adulte. A ce titre, les énergies marines devront être intégrées
dans tous les outils d’information sur
les énergies renouvelables, et notamment dans l’observatoire régional de
l’énergie prévu dans le Plan Energie
pour la Bretagne.
❚ Une mobilisation des différents
secteurs d’activités autour des
énergies marines
12
La question des énergies marines progresse, mais reste relativement cantonnée aux sphères des « initiés ». Or le
déploiement industriel ou la constitution d’un pôle de recherche et d’expertise d’envergure internationale nécessitent de mobiliser des acteurs dans de
nombreux domaines. Si le thème des
énergies marines devient suffisamment
visible, les différents secteurs d’activités
sauront se mobiliser.
Une volonté politique
des décideurs
2020, c’est demain. Les décideurs, à
quelque niveau qu’ils se situent, doivent s’emparer de la question des
énergies marines car ils ont en main
des leviers pour agir au nom de la collectivité et des générations futures. Ils
doivent en conséquence être sensibilisés, voire même imprégnés des enjeux
du développement des énergies marines pour les territoires : les décideurs
politiques nationaux et régionaux qui
porteront ou non dans le temps les
réflexions amorcées, mais aussi les élus
locaux, les représentants professionnels, les dirigeants d’entreprises, les
directions des organismes de recherche
et des établissements d’enseignement
secondaire et supérieur…
crédit photo : © CCSTI / Maison de la Mer
Un enjeu : la pérennité de l’intérêt porté aux énergies
marines
L’intérêt pour les énergies marines n’est
pas nouveau. Il y a eu par le passé des
réflexions et des projets dont l’intensité
était proportionnelle au prix du baril de
pétrole. Les choses ont un peu changé
aujourd’hui du fait de la prise de conscience du défi climatique et énergétique, ainsi que des engagements européens et nationaux en faveur des énergies renouvelables, qui expliquent l’intérêt porté aux énergies marines. Mais
le prix du baril de pétrole, qui a atteint
des sommets en 2008, n’y est pas
étranger.
La pérennité de l’intérêt porté aux énergies marines est l’une des clés de leur
succès. Soutenue par une couverture
médiatique renouvelée, celle-ci dépendra essentiellement d’une volonté politique constamment réaffirmée.
L’objectif est d’inscrire les démarches
dans la durée et de veiller à la continuité des décisions. Il en résultera un
renforcement de la recherche, une
extension des formations, une consolidation de la filière industrielle et, à
terme, une multiplication et une diversification des emplois.
L’enjeu de la démarche est de savoir
combiner une vision stratégique de
long terme et des actions de court
terme, de savoir articuler le temps court
des marchés économiques et le temps
long des innovations technologiques,
les préoccupations immédiates des porteurs de projets et le temps long de
l’instruction administrative, le temps
court des décideurs et le temps long de
la concertation et de l’appropriation
collective…
Nul doute que la forte identité maritime
de la Bretagne garantira la pérennité de
cet intérêt porté aux énergies marines.
Section « Mer-Littoral »
Rapporteurs : MM. Guy JOURDEN et
Philippe MARCHAND
Contact : Fanny TARTARIN,
Conseillère technique
Tel : 02 99 87 18 73
Mel : [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site :
www.cesr-bretagne.fr
PROSPECTIVE
Demain, les énergies de la mer
en Bretagne : Forum “Prospective”
La semaine de la mer et du littoral, organisée du 11 au 19 mai
2009 à Lorient par le Conseil régional de Bretagne, a été l’occasion
pour le CESR de présenter publiquement son rapport sur les
énergies marines, et de le soumettre ainsi au regard et à l’analyse
d’un certain nombre d’acteurs invités à débattre de cette opportunité de développement pour la Bretagne.
Ponctué de séquences télévisées extraites des archives de l’Ina et
de France 3 Ouest, et associé en parallèle à une animation des
Petits Débrouillards auprès de classes de CM1 et de CM2 de
l’école de Merville sur le thème des énergies marines, ce forum
« Prospective » a réuni plus de 260 personnes dans l’amphithéâtre
du Lycée Dupuy de Lôme.
De l’usine marémotrice de la Rance aux prototypes
d’hydroliennes
Parmi les archives de l’Institut national
de l’audiovisuel, les images des moulins
à marée qui émaillaient le territoire
autrefois et l’inauguration de l’usine
marémotrice de la Rance en 1966 nous
rappellent que les énergies de la mer ne
sont pas des énergies nouvelles. La
construction de la Rance était un pari
pour la modernité, soutenu par un Etat
soucieux de l’aménagement du territoire. Toujours en activité, cette usine
unique au monde se trouve à nouveau,
40 ans après, au coeur d’une réflexion
sur d’autres formes d’énergies marines :
énergie éolienne offshore, énergie houlomotrice, énergie hydrolienne…
Alors que les énergies marines occupent le devant de la scène, le CESR a
volontairement inscrit sa réflexion dans
une approche complète des enjeux liés
au développement de ces énergies : des
enjeux énergétiques bien sûr, mais aussi
des enjeux économiques et industriels
autour de la naissance d’une nouvelle
activité, des enjeux de recherche, de
développement et d’innovation, des
enjeux de gestion de la zone côtière et
d’acceptabilité et, enfin, des enjeux
d’organisation et de gouvernance, car
le développement des énergies marines
ne se concrétisera que si tous les acteurs
se fédèrent et avancent, ensemble, dans
la même direction.
Une mobilisation de tous
pour une appropriation
collective
De nombreux acteurs se mobilisent
déjà autour des énergies marines. Leur
témoignage montre toute l’ampleur
des défis qui nous attendent, et l’importance d’anticiper sans tarder les
aménagements et les actions à entreprendre.
Des initiatives innovantes
❚ Ipanema, une initiative partenariale nationale pour l’émergence des énergies marines
Michel Paillard, chef de projet Energies
marines à l’Ifremer, est rapporteur
général d’Ipanema. Signée à Brest le 17
octobre 2008, cette démarche part du
constat que le développement des
énergies marines est un enjeu national,
qui doit être structuré à ce niveau en
poursuivant quatre objectifs :
1 - promouvoir le développement
13
PROSPECTIVE
Parmi ces partenaires, DCNS, acteur
majeur de l’ingénierie navale militaire,
cherche à valoriser les savoir-faire de
son coeur de métier sur le marché des
énergies renouvelables marines en
émergence. Marc Boeuf, chargé du
développement des activités maritimes,
rappelle ainsi que les compétences de
DCNS sur les systèmes complexes en
mer, ses équipements, ses centres d’essais, ses espaces portuaires lui donnent
toute légitimité pour se positionner
logiquement sur ces nouvelles technologies marines, en partenariat avec des
industriels du secteur parapétrolier,
mais aussi des instituts de recherche car
des ruptures technologiques seront
nécessaires.
14
d’une filière scientifique et industrielle ;
2 - mettre en place un réseau coordonné des acteurs français des énergies
marines ;
3 - développer des sites d’essais en
mer ;
4 - faciliter le développement de
démonstrateurs en contribuant à la définition, au pilotage et à la mise en oeuvre de dispositifs de soutien adaptés.
Le Ministère de l’écologie, de l’énergie,
du développement durable et de la mer
(MEEDDM), l’ADEME, l’Ifremer, EDF,
DCNS, et les régions Basse-Normandie,
Bretagne, Pays de la Loire, HauteNormandie, PACA, Réunion et RhôneAlpes sont les membres fondateurs de
la démarche Ipanema. Ils ont été
rejoints par près d’une centaine de partenaires, organismes de recherche, universités, pôles de compétitivité, fournisseurs industriels, opérateurs énergétiques, porteurs de projets, services de
l’Etat, collectivités territoriales, usagers,
associations.
Sous la responsabilité de l’Ifremer et de
l’ADEME, rapporteurs généraux en
charge de la coordination et de la synthèse, et des Régions Bretagne et Pays
de la Loire, secrétaires généraux, les
partenaires ont formalisé des groupes
de travail qui devront aboutir, à l’automne 2009, à l’élaboration d’une
feuille de route qui dressera un état des
lieux, identifiera les verrous et fera des
propositions pour atteindre les objectifs
d’Ipanema. Cette feuille de route, qui
sera élaborée en cohérence avec les
autres démarches en cours comme l’ap-
pel à manifestation d’intérêt de
l’ADEME sur les énergies marines ou les
propositions du Grenelle de la mer, ne
sera pas un aboutissement en soi :
cette dynamique d’une fédération des
acteurs autour des énergies marines a
vocation à être poursuivie dans le
temps.
❚ Des enjeux industriels
et économiques
Peter Nass est co-fondateur et directeur
du groupe Nass&Wind. Il conçoit le
développement des énergies renouvelables comme un outil de développement
des territoires, dans lequel la concertation occupe une place importante. Face
aux risques et aux incertitudes inhérents
à cette nouvelle activité, les acteurs
publics ont un rôle à jouer dans la définition d’un cadre réglementaire et économique viable.
Le groupe Nass&Wind développe en
matière d’énergies marines une approche originale consistant à coupler des
projets éoliens offshore dits
« classiques », avec fondations
(500 MW en projet en Bretagne), avec
des projets plus éloignés des côtes rendus possibles par la mise au point d’une
éolienne offshore flottante innovante,
développée en partenariat avec DCNS,
Saipem, InVivo Environnement,
l’Ifremer et l’Ensieta. La mise en production et la commercialisation du projet Winflo, labellisé par le Pôle Mer
Bretagne en 2008, devrait déboucher
sur la création d’une véritable filière
éolienne française.
Outre son implication dans le projet
Winflo, DCNS développe un démonstrateur pour l’exploitation de l’énergie
thermique des mers, en partenariat
avec le Conseil régional de la Réunion.
Ce genre de projet est techniquement
possible, mais nécessite un contexte
politique et économique porteur.
L’accompagnement est essentiel pour
les démonstrateurs.
Le développement des énergies marines
impose de considérer l’ensemble des
activités liées à la conception, à la mise
en oeuvre et à l’exploitation de cette
source d’énergie. Avec des filières
industrielles spécialisées et de nombreux secteurs d’activité couverts, la
Bretagne a des atouts industriels à valoriser. L’Agence économique de
Bretagne a engagé en 2008 une étude
de filière sur les énergies marines, afin
de repérer les potentialités de développement économique, à la fois sur les
marchés existants et sur les marchés en
émergence.
D’après Jean-Jacques Le Norment, en
charge de la filière Energies marines, les
aspects logistiques et le développement
industriel sont intimement liés et conditionnent à terme le positionnement de
la Bretagne. De fait, les ports, à l’interface entre terre et mer, joueront un rôle
prépondérant et leurs caractéristiques
doivent dès à présent être examinées
au regard des contraintes liées à ce
secteur d’activité. Il faut donc dès à
présent provoquer des rencontres entre
PROSPECTIVE
Les énergies marines représentent pour
la Bretagne un défi énergétique, mais
aussi un défi pour le développement
économique des territoires. La politique
de l’innovation en mer est un véritable
enjeu de territoire pour les élus locaux,
qui veulent offrir des conditions et des
infrastructures adaptées qui favorisent
l’implantation et la pérennisation d’activités professionnelles durables. La cohabitation de cette nouvelle activité avec
les activités traditionnelles de pêche, de
conchyliculture et de plaisance, et l’acceptabilité et l’appropriation par la
population sont de vrais enjeux pour les
élus locaux, qui disposent d’outils pour
accompagner des activités innovantes,
notamment en matière d’urbanisme.
les acteurs industriels et les acteurs portuaires, afin d’élaborer un cahier des
charges qui permette le développement
pérenne de cette activité.
❚ Le Pôle Mer Bretagne,
à la croisée des chemins
Le Pôle Mer Bretagne a labellisé plusieurs projets dans le domaine des énergies marines : le plus ancien est le projet Marénergie, avec l’hydrolienne
Sabella, le plus récent est
MégaWatForce, avec un autre prototype d’hydrolienne. Deux projets d’éoliennes flottantes, Winflo et Diwet, ont
été labellisés en 2008 : ces concepts
sont intéressants en ce sens qu’ils proposent une rupture technologique et
ne pourront se réaliser sans l’entrée de
nouveaux acteurs venant du secteur
offshore. Pour Hervé Moulinier,
Président du Pôle Mer Bretagne, ces
deux projets ne sont pas en concurrence car dans cette phase de démonstration, il est nécessaire d’avoir plusieurs projets pour parvenir à une structuration plus solide du marché et des
acteurs.
Hervé Moulinier propose un « macro
planning » qui montre la diversité et
l’enchaînement des tâches nécessaires
pour parvenir à produire, en 2020, de
l’énergie à partir des ressources
marines : il faut dès aujourd’hui faciliter
la phase de démonstration, essentielle
pour mener ensuite ou en parallèle des
actions aussi bien dans le champ réglementaire et tarifaire que dans le champ
Hydroliennes Sabella D10 : crédit photo © Sabella SAS
de la concertation, de la formation, et
bien sûr pour la structuration de la
recherche et le déploiement industriel.
« L’enjeu est de taille, mais l’opportunité est réelle ».
❚ Des enjeux maritimes et côtiers
Jean-Yves De Chaisemartin, maire de
Paimpol, est très directement concerné
par l’exploitation des énergies marines
en zone côtière puisque c’est sur la
communauté de communes de
Paimpol-Goëlo, dont il est Vice-président chargé du développement économique, qu’EDF va implanter en 2011 le
premier parc de démonstration pour les
hydroliennes.
L’échelon régional est tout aussi pertinent, et donc complémentaire, lorsqu’il
s’agit de coordonner les différentes
initiatives engagées, de créer des infrastructures adaptées et pertinentes, ou
encore de réfléchir à la création d’un
site d’essais pour les énergies marines,
qui pourrait s’appuyer sur le projet
d’EDF à Paimpol-Bréhat. La planification
stratégique spatialisée, proposée dans
le rapport du CESR, exprime bien cette
idée de réfléchir ensemble à un aménagement du territoire qui permette
« d’encourager l’initiative plutôt que de
passer son temps à y répondre ».
❚ Des enjeux de culture et
d’éducation aux énergies marines
La question de l’énergie est fondamentale, à court et à long terme.
Dominique Petit, directrice-coordinatrice du CCSTI/Maison de la Mer de
Lorient, rappelle que certaines énergies
renouvelables, mises en oeuvre plus ou
moins rapidement dans différents pays,
ont suscité approbation ou contestation
populaire, selon le degré d’information
et de concertation des décideurs et des
promoteurs. Tant les innovations que le
développement durable nécessitent en
effet d’associer le plus grand nombre
de citoyens, car l’appropriation des
connaissances relatives aux enjeux
locaux est essentielle.
Il existe aujourd’hui peu de supports et
d’outils favorisant la compréhension
des enjeux liés au développement des
énergies marines. Il est urgent et néces-
15
PROSPECTIVE
saire de créer des outils culturels spécifiques aux énergies marines pour les
mettre au service des actions initiées
dans le cadre des projets scolaires, de la
formation des enseignants et des animateurs, et dans les démarches d’éducation populaire.
Au-delà de l’information générale
brute, issue des médias, les publics sont
demandeurs d’explications, d’exemples
de proximité qui les concernent et à
partir desquels ils veulent approfondir
les problèmes de société qui se révèlent
alors. Les gens ont envie de savoir et
sont de plus en plus exigeants en
matière de transparence sur les questions d’énergie qui engagent leur vie
quotidienne et l’avenir des générations
futures. Il importe d’initier des formes
de dialogue pertinentes avec les publics
intéressés et mobilisés, car l’objectif de
développer une nouvelle économie
basée sur les énergies marines est très
ambitieux. La société civile doit être
associée et consultée.
16
Les débats publics constituent un
moyen pour articuler harmonieusement
action et réflexion, décision et délibération, information et opinion, mais à
condition qu’ils soient organisés et animés selon des règles d’équité. Les outils
multimédias tels que le web 2.0 ou les
radios sur le net sont des circuits de
prise de parole et d’échange. D’autres
formes de médiation doivent être imaginées et mises en oeuvre « A nous,
acteurs culturels, d’aider à ce que ce
nouveau défi maritime breton soit
relevé par tous ».
Plus de 260 personnes présentes au forum
Demain, les énergies de la mer
Pour qu’il y ait, demain, des énergies de
la mer, il faut « se réveiller tout de
suite ». C’est le message de Philippe
Gouverneur, responsable de la commission Energies marines du Syndicat des
énergies renouvelables. Saluant le travail de l’Ifremer, qui a coordonné une
réflexion prospective sur les énergies
marines, et celui du CESR, qui a adopté
une approche globale du développement des énergies marines, Philippe
Gouverneur rappelle que l’on n’atteindra pas l’objectif de 1000 MW en
2010, que l’on n’atteindra sans doute
pas l’objectif de 4000 MW en 2015, et
que l’on aura du mal à atteindre celui
de 6000 MW en 2020. Alors que d’autres pays ont anticipé le développement
des énergies marines, la volonté politique manque encore en France.
La commission énergies marines du SER
milite pour une planification stratégique avec des objectifs chiffrés, la mise
en place d’un cadre juridique et administratif adapté, l’idée originale d’un
système de réservation de zones, permettant de réduire la prise de risque
pour les porteurs de projet, et bien sûr
la mise en place de tarifs de rachat de
l’électricité adaptés à des technologies
en émergence.
Aucune énergie n’est parfaite. C’est
une erreur de considérer les faiblesses
de l’une ou de l’autre, car toutes produisent des externalités. C’est la notion
de bouquet énergétique qu’il faut
considérer, et des concepts plus innovants de réseaux autonomes associant
des moyens de production et des
moyens de stockage. Il est nécessaire,
enfin, d’avoir une constance politique
qui sécurise les projets.
Cyrille Abonnel, Chef de projet développement à la Direction Production
Ingénierie Hydraulique d’EDF, revient
sur quelques conclusions du rapport du
CESR et salue son diagnostic global et
sa richesse. En tant qu’opérateur européen, il met en garde cependant que,
face à ce diagnostic global, les réponses ne pourront pas toutes être apportées au niveau régional et devront être
élaborées à plusieurs niveaux. Il partage le constat du CESR sur la complexité, l’incertitude, l’acceptabilité, la
prise de risques (risques juridiques,
financiers, techniques, humains, environnementaux) et le partage de ces
risques.
En tant qu’opérateur énergétique, il
revient sur les objectifs à atteindre en
matière de production d’énergies
renouvelables et sur le souci d’avoir un
prix du kWh compétitif en 2020.
L’opérationnalité du site pré-industriel
de Paimpol-Bréhat, en 2012, sera un
jalon important vers cet objectif 2020.
La démonstration est un élément-clé.
EDF a la volonté de contribuer à élargir
le site de Paimpol-Bréhat vers un site
d’essais, mais ceci suppose un partage
des risques et des coûts.
PROSPECTIVE
La compétence énergétique est d’abord une compétence de l’Etat. Si le
Conseil régional ne peut être qu’accompagnateur, il souhaite l’être de
manière très volontariste. Conseil
régional de Bretagne et Etat travailleront donc ensemble sur cette planification stratégique.
Cyrille Abonnel revient sur la distinction
qu’il est nécessaire d’opérer entre le
défi industriel, qui peut être relevé à l’échelle d’une région comme la Bretagne,
et le défi énergétique, qui ne peut être
appréhendé qu’à l’échelle nationale et
européenne. EDF contribuera à supporter les actions industrielles en région
Bretagne, mais restera soucieux des
enjeux énergétiques et de l’urgence à
atteindre les objectifs 2020 qui sont,
eux, nationaux et européens.
❚ Des points de vigilance
Pour Isabelle Thomas, il y a urgence à
agir car nous avons pris du retard et
nous risquons de voir se reproduire ce
qu’il s’est passé pour l’éolien terrestre,
c'est-à-dire l’absence d’une filière
industrielle en Bretagne. L’urgence est
triple : une urgence économique, une
urgence juridique, et surtout une
urgence à agir collectivement.
La gouvernance
des énergies de la mer :
quel rôle des acteurs
publics ?
❚ Des actions engagées
Cyriaque Garapin, chef de la division de
l’action de l’Etat en mer à la Préfecture
maritime de l’Atlantique, salue la qualité du rapport du CESR et le panorama
qu’il dresse de la question énergétique.
Il rappelle les actions engagées par
l’Etat pour le développement des énergies marines : l’appel d’offres pour l’éolien offshore de 2004, la fixation des
tarifs de rachat en 2006 et 2007, la
fixation d’objectifs quantitatifs dans la
programmation pluriannuelle des investissements, la signature d’Ipanema.
Face à l’émergence de nombreux projets, il reste cependant beaucoup à
faire : c’est pour cette raison que le
Préfet de région, le Préfet maritime et
le Président du Conseil régional de
Bretagne ont commandé aux services
de l’Etat en Bretagne un guide pratique
à l’usage des porteurs de projets qui
indiquera les procédures à suivre et le
niveau d’attente de l’administration.
Au niveau national, la planification par
façade maritime a été initiée et les
groupes de travail créés poursuivent le
double objectif d’actualiser les données
disponibles et de travailler sur une
meilleure connaissance des usages. Ces
deux groupes de travail devront
converger autour des préfets avant un
premier contact avec les autres acteurs
publics, Régions, Départements, communes, lequel sera suivi d’une concertation plus large pour aboutir, à la fin
2009, à un plan de façade pour la
période 2010-2015.
Isabelle Thomas, déléguée à l’énergie
au Conseil régional de Bretagne, salue
la qualité du travail du CESR et son
approche globale d’un thème aussi
vaste. Elle partage le parti pris choisi
par le CESR, celui d’un ancrage des
énergies marines comme pilier à venir
de l’économie bretonne, mais insiste
sur l’urgence énergétique et les objectifs de 2020, qui sont les raisons pour
lesquelles nous nous intéressons aux
énergies marines. Dans son Plan
Energie pour la Bretagne, voté en
2007, le Conseil régional avait fixé des
objectifs chiffrés pour 2015, et avait
envisagé la co-élaboration d’une planification régionale pour le développement des énergies marines, reprise
ensuite dans la charte des espaces
côtiers bretons. Il avait également
inscrit dans ce Plan Energie le soutien à
des projets.
Fortement sollicité par des porteurs de
projets, et parce qu’il avait affiché son
ambition pour les énergies marines
dans le Plan Energie, le Conseil régional
est devenu de fait un point de rendezvous. Pour formaliser cet investissement, il a engagé au début de l’année
2009 une planification stratégique
concertée, avec le souci d’associer le
maximum d’acteurs dès l’amont de la
démarche, afin que le diagnostic, la
réflexion et les propositions d’actions
soient partagés.
Pour Cyriaque Garapin, il faut bien
mesurer toutes les difficultés du sujet,
car c’est un sujet délicat et nouveau. Il y
a donc besoin de toutes les énergies,
de toutes les compétences pour travailler ensemble, car « l’objectif que
nous partageons tous est de réussir
cette aventure des énergies marines ».
Le réussir bien, ce n’est pas le réussir
dans la précipitation.
Pour conclure…
Pour Alain Even, Président du CESR,
les temps de crise doivent aussi être
des temps de mobilisation des idées et
de mobilisation pour l’action.
Développer les énergies marines
nécessite de la part de la Bretagne de
faire de cet objet une vocation nouvelle. Mais la Bretagne peut aussi, on
l’a vu par le passé, être la région du
refus. Il faut donc expliquer. Le développement des énergies marines en
Bretagne est un beau chantier pour
faire avancer la concertation et la
démocratie participative.
Rapporteurs : MM. Guy JOURDEN et
Philippe MARCHAND, section Mer Littoral
Contact : Fanny TARTARIN,
conseillère technique
Tél. 02 99 87 18 73
Mel : [email protected]
17
COOPERATION
Les coopérations interrégionales
de « proximité »
La Bretagne est réputée pour être une « terre de coopérations »,
il est donc apparu intéressant au Conseil économique et social
régional d‘observer pour la Bretagne, ce qu’étaient dans la pratique les domaines, les objectifs, les modalités, l’importance
réelle et le résultat des coopérations avec les autres régions de
proximité, pour des enjeux qui dépassent son territoire.
L’étude s’appuie sur une enquête réalisée auprès des services de
la Région et présente un état des lieux des coopérations. 44
actions et projets associant la région Bretagne et les autres
régions de son espace géographique proche sont ainsi recensés
et analysés.
18
A travers cinq grands domaines, de la Recherche/Innovation à
l’Agriculture et la pêche en passant par les transports, l’environnement, la culture et le tourisme, l’étude montre que quels que
soient les découpages territoriaux, il n’existe pas un territoire pertinent universel pour l’action régionale, mais qu’il existe au
contraire plusieurs territoires qui peuvent dépasser les limites
régionales en fonction des différents enjeux.
Etat des lieux : 44 projets coopératifs
L’enquête conduite pour cette étude a
permis de recenser et analyser 44 projets coopératifs entre la Région
Bretagne et les autres Régions de
son espace géographique. La
Bretagne coopère essentiellement avec
la Région des Pays de la Loire, puis,
secondairement avec les Régions de
Poitou-Charentes et de BasseNormandie. Ainsi :
- 41 coopérations sur les 44 recensées
concer nent les relations entre la
Bretagne et les Pays de la Loire, dont
26 constituent des relations bilatérales.
- La deuxième Région avec laquelle la
Bretagne collabore est la Région
Poitou-Charentes. 12 coopérations ont
pu être dénombrées, mais sans aucune
collaboration bilatérale.
- La Région Basse-Normandie est,
quant à elle, le troisième partenaire de
la Bretagne, avec neuf projets recensés,
dont deux dans lesquels, seule la
Bretagne et la Basse-Normandie sont
concernées.
leurs relations peuvent jouer aussi un
rôle important.
Ces coopérations concernent
cinq grands domaines…
Les incitations financières, notamment
celles de l’État et de l’Europe, peuvent
permettre de déclencher des coopérations. Mais pour des coopérations durables, il faut des objectifs qui correspondent à des besoins réels des acteurs.
- La recherche, de l’innovation et plus
globalement de l’économie (par exemple pôle de compétitivité)
- L’agriculture, la pêche et l’aquaculture
en lien avec la maritimité commune aux
régions impliquées
- Les transports
- L’environnement, qui peut s’expliquer
par la nécessité d’assurer la continuité
territoriale)
- La culture et le tourisme
Ce sont surtout les réseaux et les
structures des acteurs socioprofessionnels qui sont déterminants dans la
naissance et la mise en oeuvre des
coopérations ; mais le poids des hommes, la qualité de leurs échanges et de
Et cinq grandes catégories
d’objectifs
Les intérêts et motivations d’une coopération, tels qu’ils apparaissent dans les
projets recensés, peuvent être multiples.
Toute coopération présente au moins
l’intérêt de la mutualisation des moyens
et de la réduction des coûts. Nous
avons pu dégager, à partir des exemples étudiés, cinq objectifs principaux
dans les coopérations recensées.
COOPERATION
❚ La réalisation de grands investissements communs à plusieurs
régions et correspondant à des
enjeux importants pour
l’aménagement des territoires
d’agglomération à cheval sur deux
régions.
- Le Schéma d’aménagement de la gestion de la Vilaine.
- Un Comité de ligne ferroviaire
Les deux exemples de coopération les
plus significatifs concernent de grands
équipements qui vont desservir les
Régions de Bretagne et des Pays de la
Loire.
- La construction de la ligne grande
vitesse ferroviaire permettant de relier
Paris à Rennes et Nantes,
- La construction de l’aéroport « Notre
Dame des Landes ».
Ces grands équipements vont desservir
les deux régions.
❚ La constitution d’un territoire
qui représente un poids décisif
et lisible sur une thématique
bien définie
Les coopérations permettent non seulement une concertation sur le partage
des coûts et l’élaboration d’un plan de
financement mais elles procurent aussi
une capacité plus importante de lobbying. Elles assurent des conditions
optimales de convergence des acteurs
économiques, sociaux et politiques des
deux régions.
Autre exemple du même type, le rétablissement du caractère maritime du
Mont Saint-Michel est aussi un grand
investissement correspondant à un
enjeu important.
❚ La nécessité d’assurer une
certaine continuité territoriale
Avant la décentralisation, l’État assurait
la continuité territoriale sur l’ensemble
de son territoire. Avec le transfert de
certaines compétences aux régions, on
pouvait craindre que s’instaurent des
discontinuités territoriales autour de
frontières administratives régionales ne
respectant pas obligatoirement les bassins de vie ou la géographie des eaux
par exemple.
Dans des domaines particuliers tels que
les transports, l’environnement, ou
encore la politique d’aménagement du
territoire (politique de pays), la nécessité d’assurer cette continuité territoriale est évidente et les coopérations en
deviennent presque obligatoires, même
si leur conduite n’est pas toujours aisée.
Les exemples abondent :
- La gestion d’une réserve naturelle
interrégionale.
- Le cofinancement d’une communauté
Le principal objectif recherché ici est
d’atteindre une masse critique économique ou de savoir-faire, grâce à un
réseau interrégional, qui permet de rendre lisible, au niveau national ou européen, l’action conduite au sein de
l’espace géographique de coopération,
dans un domaine particulier afin de
pouvoir peser sur les décisions nationales ou européennes.
Les trois exemples suivants illustrent
particulièrement cet objectif :
- Ouest Génopole (regroupement de
chercheurs dans l’ « omique »)
- Cancéropôle (centre de recherche
multi sites sur le cancer)
- Conférence des Régions Périphériques
Maritimes (CRPM), rassemblement de
150 régions d’Europe périphériques et
maritimes.
❚ La recherche d’un territoire
d’action publique pertinent
Quel est le territoire pertinent ? Ce problème du choix du territoire pertinent
se pose essentiellement autour des dossiers économiques. Force est de constater dans la pratique des coopérations,
Les pôles de compétitivité sont tous interrégionalisés
qu’il n’y a pas un territoire pertinent,
mais des territoires pertinents en fonction des différents enjeux. Ces territoires peuvent d’ailleurs évoluer dans le
temps avec le déroulement du projet :
la clé des coopérations est bien la «
géométrie variable » et la souplesse
qu’elle autorise.
Les exemples de collaboration présentés ci-dessous illustrent bien la diversité
des territoires choisis :
Le pôle agronomique de l’Ouest :
L’objet de cette association est d’initier,
de promouvoir et de suivre des programmes de recherche précompétitifs
devant correspondre aux besoins des
industriels et des professionnels de l’agriculture et du secteur de l’agroalimentaire sur les deux régions de
Bretagne et des Pays de la Loire.
Le pôle de compétitivité « automobile haut de gamme » couvre les trois
régions de Bretagne, des Pays de la
Loire et de Poitou-Charentes.
Le pôle de compétitivité « valorial »
couvre les trois régions de Bretagne,
des Pays de la Loire et de BasseNormandie.
Les pôles de compétitivité « EMC2 »,
«Images et Réseaux » et « Végépolis »
ne couvrent que les deux régions de
Bretagne et des Pays de la Loire.
Ouest Venture est une société de capital risque technologique dont le champ
19
COOPERATION
d’action s’étend aux trois Régions de
Bretagne, des Pays de la Loire et de
Poitou-Charentes.
L’AGLIA est une structure d’échange et
de concertation dans le domaine de la
pêche et de l’aquaculture sur les quatre
Régions de Bretagne, d’Aquitaine, de
Poitou-Charentes et des Pays de la Loire.
Par ailleurs le financement d’une campagne de promotion de la volaille (au
moment d’une crise) a été assuré par
cinq Régions : Bretagne, Pays de la
Loire, Centre, Poitou-Charentes et
Basse-Normandie.
❚ La mutualisation des moyens
et la réduction des coûts
20
Toutes les coopérations vont permettre
une réduction des coûts (au moins ceux
liés aux structures ou à l’organisation).
Mais pour certains projets, cette mutualisation des moyens permettant une économie des moyens publics parait être,
sinon l’objectif principal, au moins une
finalité particulièrement importante.
Quelques exemples illustrent bien cet
intérêt :
- La formation commune des animateurs « Europe » ;
- La mise en place d’une veille technologique « Britta » pour les industriels du
secteur agroalimentaire ;
- La gestion commune technique de
MEGALIS ;
- Le financement et la gestion d’un centre de formation des professeurs de
musique et de danse (CEFEDEM) ;
- L’Espace interrégional européen
Bretagne, Pays de la Loire, PoitouCharentes.
La pêche : une concertation pour quatre Région de l’Ouest
Les modes de fonctionnement des coopérations
Les façons de coopérer vont, bien
entendu, varier en fonction des
objectifs. Nous avons pu distinguer
cinq principaux modes de fonctionnement :
❚ La mise en oeuvre d’actions
continues de concertation
Ce type de fonctionnement ne nécessite pas la création d’une structure juridique, mais simplement des rencontres
politiques plus ou moins fréquentes en
fonction des enjeux, en vue d’entreprendre des actions de lobbying, de
négocier des plans de financement ou
de prendre des décisions communes
permettant d’assurer une continuité
territoriale.
Les Régions utilisent ce mode de
coopération essentiellement pour
répondre aux grands enjeux d’aménagement des territoires (LGV, aéroport,..) ou pour assurer une certaine
continuité territoriale.
Ce type de coopération peut donc
être caractérisé par une concertation
forte, continue, au niveau des présidents, ainsi que par des actions de
lobbying autour d’investissements
lourds représentant un véritable enjeu
pour les régions. Les collectivités locales infrarégionales y sont fortement
associées.
❚ La participation à des réseaux
plus ou moins formels
Ces réseaux peuvent être très larges et
réunir de nombreuses régions. La
Conférence des Régions Périphériques
Maritimes (CRPM) regroupe plus de
150 régions et la Commission de l’Arc
Atlantique qui constitue un de ses
départements régionalisés rassemble
une trentaine de Régions. La Bretagne
est membre du bureau de ces réseaux.
L’espace « Manche » comprend aussi
de nombreuses collectivités régionales
en France et en Angleterre.
L’Espace Interrégional Européen,
même s’il ne regroupe que trois
Régions, (Bretagne, Pays de la Loire et
Poitou-Charentes) fonctionne de la
même façon. Il assure une fonction de
veille pour le compte de ces trois
Régions. Mais il peut aussi parfois être
utilisé pour des actions de lobbying,
même si la Bretagne a mis également
en place une délégation qui lui est
propre.
Ce type de coopération est plutôt
caractérisé par des concertations
larges et pas nécessairement continues, pour défendre des intérêts communs en influant sur des politiques
nationales ou européennes. Elles peuvent impliquer des actions de lobbying qui vont porter plutôt sur des
COOPERATION
politiques que sur des investissements.
Ces coopérations sont le plus souvent,
mais pas toujours, supportées par des
structures juridiques spécifiques (même
si parfois elles ont été rendues obligatoires pour la gestion des salariés) et ou
indépendantes de la gestion politique
des réseaux.
❚ La création de réseaux structurés
et structurants pour les
politiques régionales
Ces coopérations qui correspondent, au
moins lors de leur démarrage, à une
volonté politique forte, se déclinent
généralement sur le long terme. Elles
structurent des réseaux et des politiques particulières. Elles nécessitent le
plus souvent la création de structures
juridiques propres.
Les exemples de ces coopérations sont
essentiellement concentrés dans les
domaines des politiques économiques
et de la recherche; on peut ainsi classer
dans ce type de coopération :
- Le Pôle Agronomique de l’Ouest
- Le Cancéropôle
- Ouest Génopole
- Ouest Venture
- Les pôles de compétitivité
Ces coopérations sont les plus
abouties. Elles impliquent fortement
les élus qui doivent participer à la gouvernance des structures juridiques spécifiques créées. Elles permettent des
rencontres et des échanges réguliers
avec les professionnels qui ont dû se
Répondre aux grands enjeux d’aménagement du territoire
structurer dans le cadre de ces coopérations et elles orientent le choix des
investissements à privilégier par chaque
partenaire. Elles peuvent aboutir à une
réelle convergence des politiques de
plusieurs Régions.
❚ L’utilisation de structures
existantes pour répondre aux
demandes des professionnels
Dans ce cas, les professionnels sont le
plus souvent déjà structurés en « inter
régions », et ils sollicitent les Conseils
régionaux pour un cofinancement d’actions communes correspondant à leurs
besoins. Les Régions répondent en
fonction de leur propre politique et
vont donc passer des contrats avec une
même structure, le plus souvent interrégionale, sur des objectifs qui peuvent
être communs ou non.
Cette coopération pourrait être qualifiée de type « auberge espagnole ».
Chaque Région va dans une même
structure pour y rechercher ce dont elle
pense avoir besoin. Plusieurs exemples
illustrant ce type de fonctionnement
répondant aux demandes des professionnels de l’agriculture, de la pêche ou
encore des universités qui se sont fédérés en inter régions. Elles permettent
une mutualisation des moyens. On
utilise alors des outils partagés, mais
pas vraiment communs. Elles n’aboutissent pas à de véritables coopérations, mais à une concertation ou coordination assez légère, en aucun cas à
des politiques structurantes.
❚ Le recours à des prestataires
ou des sous traitants
dans le cadre de coopérations
ponctuelles
Il s’agit de répondre à un cas de
figure précis, circonscrit dans le
temps et qui intéresse un territoire bien délimité. Quelques exemples illustrent ce mode de fonctionnement :
- Le cofinancement d’une campagne
de promotion de la volaille avec une
maîtrise d’ouvrage confiée à une
chambre régionale d’agriculture,
- Le recours à un même cabinet d’avocat
pour défendre des intérêts communs
contre « Total » sur le dossier « Érika »,
- La coproduction d’un espace lyrique
commun.
Dans chacun de ces exemples, il s’agit
d’une coopération ponctuelle, non
destinée à être pérennisée, ni à faire
l’objet de politiques plus structurées.
On fait appel à la sous-traitance ou à
un opérateur habituel. Le grand avantage est la mutualisation des coûts
(même si, bien entendu, il doit y avoir
une concertation minimale pour définir les grands objectifs recherchés et
s’accorder sur la démarche à suivre).
En conclusion, même si on ne trouve
pas une homogénéité parfaite dans
les classements entre les typologies
d’objectifs et de fonctionnement, on
peut dire que des projets qui ont des
objectifs de même nature font apparaître, le plus souvent, des modes de
fonctionnement similaires. Ainsi :
- Les grands investissements lourds
font l’objet de concertations spécifiques très rapprochées au plus haut
niveau
- Les coopérations mises en place
dans un objectif de lisibilité territoriale, ou de réponse à des besoins sur
un territoire pertinent dépassant les
limites territoriales des régions, donnent naissance à des réseaux constitués autour de structures juridiques
spécifiques ou déjà existantes dans les
organismes professionnels.
- Quand l’objectif essentiel ne répond
qu’à une demande de mutualisation de
moyens, il est fait plutôt appel à des
sous traitants ou à des prestataires de
services.
21
COOPERATION
Les principaux enseignements de l’analyse de cette politique de coopération
de la Bretagne
Un niveau de coopération de la Bretagne très élevé
mais dont la portée reste limitée
La Bretagne continue à mettre en oeuvre de nombreuses coopérations avec
ses régions voisines. Si certains projets
meurent, d’autres coopérations sont
mises en oeuvre, comme le montre
l’exemple des pôles de compétitivité qui
sont presque tous interrégionalisés.
De plus, depuis quelques années, la
Région Bretagne a su ouvrir sa « porte
Nord » qui la relie à la Région BasseNormandie. Pour autant le nombre de
relations avec le partenaire habituel, la
Région des Pays de la Loire ne diminue
pas.
22
Comme le montrent de nombreux
exemples, le Conseil régional sait répondre aux demandes des professionnels
qui sont à l’origine du plus grand nombre de coopérations. Il sait aussi coopérer ou se concerter, quand il le faut,
pour assurer une certaine continuité territoriale ou promouvoir de grands équipements devant répondre aux principaux enjeux d’aménagement des territoires. La concertation continue et
importante menée autour du projet LGV
l’atteste.
Mais le nombre des coopérations (plus
de 40) ne doit pas faire illusion. La
majorité ne concerne que des opérations, sinon ponctuelles, au moins bien
délimitées, même s’il s’agit de projets
d’importance (LGV). Très peu de coopérations ou de concertations portent sur
des volets politiques structurés. De sorte
que cette politique de coopération territoriale de proximité ne pèse encore
aujourd’hui qu’un poids tout relatif.
Plus précisément, on peut aller jusqu’à
se demander si la Région Bretagne a
défini une stratégie dans ce domaine
des coopérations interrégionales de proximité. Dans la mesure où, elle existe,
cette stratégie apparaît pour le moins
peu lisible. En effet, la Région répond
aux demandes ou aux initiatives des
acteurs, sans, semble t’il, avoir conduit
ou fait conduire des réflexions prospectives préalables ni en propre ni avec ses
partenaires. Par exemple, en parallèle
aux coopérations autour de la LGV ou
de l’aéroport « Notre Dame des
Landes », il aurait pu être intéressant de
mener des réflexions interrégionales sur
les transports sur terre, mer et dans les
airs, des marchandises et des personnes.
A notre connaissance ces réflexions
n’ont pas eu lieu au niveau interrégional.
En outre, et cela peut sembler plus surprenant, dans certains domaines qui
correspondent au coeur des compétences régionales, comme la formation
initiale ou professionnelle, le nombre
des coopérations apparaît très faible,
voire inexistant. A contrario, les pôles de
compétitivité sont pour la plupart interrégionaux. Les outils techniques du
transfert de technologie et de l’innovation, CRITT et centres techniques, largement financés par les Régions, qui
disposent de compétences et de matériels rares et chers susceptibles d’intéresser des entreprises au-delà des frontières régionales, limitent le plus souvent
leurs activités aux territoires régionaux.
En revanche la Région semble privilégier,
pour le moment, une stratégie de coopération avec les collectivités infra régionales (le B15, constitué par la Région, les
quatre départements et l’ensemble des
grandes agglomérations bretonnes).
En conclusion, si, la Bretagne parait
avoir une politique active dans le
domaine des coopérations interrégionales de proximité, (plus de 40 projets
coopératifs interrégionaux), nombre de
ces projets relèvent plutôt d’une démarche réactive des Régions aux demandes
des professionnels. On rencontre très
peu de démarches proactives des
Régions. Les Présidents des Conseils
régionaux voisins se rencontrent, de
même que les Vice-Présidents. Mais il
semble qu’il n’y ait pas ou peu de
réflexions communes. Il n’apparaît pas
Une coopération très faible dans certains domaines
que la Bretagne ait une stratégie définie
dans ce domaine des coopérations
interrégionales (contrairement aux
coopérations infrarégionales).
Le rôle des différents
partenaires dans les
coopérations
❚ L’Europe
Dans le cadre de sa politique de promotion des coopérations territoriales,
l’Union Européenne lance des appels à
projets coopératifs sur des thématiques
préalablement définies et devant correspondre à de grands enjeux dans des
espaces européens.
La Bretagne fait partie de trois grands
espaces :
- L’espace « Transmanche »
- L’espace atlantique
- L’espace « Nord Ouest »
Par ailleurs, la Commission européenne,
dans le cadre de la parution de livres
verts, lance des appels à contribution
pour définir ses politiques. Les Régions
peuvent y répondre seules ou en se
groupant. Les quatre Régions de
Bretagne, des Pays de la Loire, de
Poitou-Charentes et de BasseNormandie ont ainsi répondu collectivement sur le bilan de santé de la PAC,
afin de peser, bien sûr, sur la commission
COOPERATION
européenne, mais aussi sur la déclinaison nationale de cette PAC.
L’Union Européenne ne participe pas,
de manière formelle, à la mise en place
de coopérations interrégionales, mais
elle peut les favoriser, et elle les favorise, dans un but de renforcement de
l’intégration des espaces européens,
soit directement dans le cadre de sa
politique de coopération territoriale en
finançant des projets, soit indirectement en lançant des appels à contribution pour la définition de ses politiques.
L’Europe joue ainsi un rôle de
déclencheur et de facilitateur des
coopérations interrégionales, principalement transnationales.
❚ L’État
Pour la mise en oeuvre de ses plans
« Cancer » ou « Génome », l’État a
lancé des appels à projets. En vue d’un
gain de lisibilité ou de masse critique,
les Régions de l’Ouest ont incité et
accompagné les organismes de recherche et d’enseignement supérieur à se
regrouper sur des territoires plus vastes
pour y répondre. C’est ainsi que sont
nés « Ouest Génopole » et le
Cancéropôle « Grand Ouest ».
Mais ces appels à projets peuvent aussi
susciter des concurrences entre les
régions (appel à projets autour des
campus, par exemple). L’État a pu ainsi
être le déclencheur de coopérations
interrégionales, mais la recherche de la
compétitivité (sans doute indispensable)
peut être, si on n’y prend garde, un
frein à la solidarité des territoires et à
leurs coopérations. Un équilibre délicat doit donc être trouvé pour
conjuguer la recherche de performance avec le développement des
territoires.
On rejoint ici le débat survenu autour
du livre vert de la Commission européenne sur la cohésion territoriale :
- Compétitivité et concurrence sontelles nécessairement liées ?
- Comment concilier compétitivité,
concurrence et cohésion ?
- Comment concilier compétitivité et
solidarité ?
Il est du devoir de la puissance
publique, à l’échelle de l’État, comme
de l’Europe, de veiller à la fois à l’amélioration de la compétitivité sur l’ensemble des territoires, et à la cohésion
territoriale. Une politique qui serait uniquement constituée par des appels à
projets favorisant par nature les acteurs
les plus forts, à ces deux objectifs. En
revanche, les coopérations interrégionales pourraient être une des solutions
favorisant la conciliation de la compétitivité avec la cohésion territoriale.
Dans ce but, l’État devrait favoriser ces
coopérations qui sont des instruments
de mutualisation et de solidarité.
L’État déconcentré, s’il a pu favoriser
certaines coopérations, a souvent un
rôle neutre, et dans certains cas négatif,
dans la constitution et le développement des coopérations interrégionales.
L’État a pu jouer un rôle important au
cours des dernières décennies dans la
mise en place et la promotion de certaines coopérations (création d’Ouest
Atlantique, MEITO). Ce n’est plus
autant le cas aujourd’hui, même si par
ses établissements publics implantés
dans de nombreuses régions, il peut
susciter les coopérations.
Mais il peut aussi induire des concurrences et entraver ainsi certaines coopérations, par exemple dans le cadre de ses
politiques sectorielles, par des appels à
projets créateurs de concurrences et de
rivalités. De même, il entrave, parfois,
les possibilités de coopérations interrégionales par une organisation de ses
services déconcentrés très hiérarchisée
avec des arbitrages qui ne peuvent avoir
lieu qu’au niveau de l’État central.
Pourtant, mieux favoriser les coopérations interrégionales lui permettrait
certainement d’atteindre plus facilement ses objectifs d’aménagement du
territoire et de promotion de la compétitivité.
❚ Les collectivités territoriales
infra régionales
Dans au moins un tiers des projets analysés pour ce rapport, les collectivités
infrarégionales ont pu être à l’origine
de certaines collaborations interrégionales ou y jouer un rôle très actif.
Ces participations des départements et
des communes peuvent prendre diverses formes. Certaines de ces collectivités peuvent être elles-mêmes à l’initiative de la coopération ; elles peuvent
aussi parfois remplir un rôle essentiel
dans la gouvernance des projets de
coopérations interrégionales. Enfin,
elles peuvent dans certains cas ne participer qu’au financement des projets.
❚ Les autres partenaires
Ce sont essentiellement les professionnels, souvent organisés à un niveau
interrégional, qui souhaitent mettre en
oeuvre des actions sur un territoire au
delà des limites régionales.
23
COOPERATION
Ces professionnels attendent essentiellement des financements des Régions ;
s’il y a coopération, c’est uniquement
entre professionnels ; ces projets aboutissent rarement à une structuration
concertée des politiques régionales.
Les freins ou les obstacles
aux coopérations
On peut distinguer trois catégories de
freins :
❚ Freins liés au principe même
de l’interrégionalité et plus
généralement de toute
coopération
Les régions sont réellement en situation
de concurrence pour l’implantation de
certains grands investissements lourds,
l’attraction de nouvelles implantations
d’entreprises, la création de nouvelles
activités, le rassemblement d’équipes
ou la localisation de grands équipements de recherche.
24
❚ Freins liés à la diversité
des stratégies et des objectifs
Créés en 1982, les Conseils régionaux
sont des collectivités territoriales très
jeunes comparativement aux communes et aux départements. Ils ont un
besoin important de se faire connaître,
y compris par leur propre population
(même si c’est un peu moins vrai pour
la Bretagne). Chaque région s’attache
donc à développer son « marketing territorial » que plusieurs de nos interlocuteurs ont mentionné « comme un
frein aux coopérations ».
Les stratégies et les politiques des
Régions peuvent diverger profondément, y compris quand elles utilisent les
mêmes outils. Les politiques de l’eau
des deux Régions de Bretagne et des
Pays de la Loire ne convergent pas complètement même si elles contractent
avec le même « outil », l’institut d’aménagement de la Vilaine sur le SAGE
« Vilaine ». Ces politiques peuvent
diverger avec le temps. Cela a été le cas
pour la MEITO : la Région des Pays de
la Loire avait décidé de regrouper tous
ses outils techniques d’animation de
filière ou de transfert de technologie
L’eau : des politiques divergentes
dans une SEM. Ses engagements à la
MEITO n’avaient donc plus lieu d’être.
❚ Freins liés à la mise en oeuvre,
au management et à la gestion
des projets
Ces freins sont très nombreux…
La nécessité d’une forte implication
des élus, en particulier dans certaines
coopérations à caractère complexe ou
nécessitant des arbitrages fréquents est
un premier obstacle. Les coopérations
sont caractérisées par une dimension
technocratique assez forte, qui engendre des mécaniques lourdes. Elles supposent des accords à plusieurs niveaux
de hiérarchie et entre élus de différentes collectivités.
Des contraintes budgétaires peuvent conduire à préférer des projets
« purement » régionaux. Il peut être
difficile de présenter des projets qui
vont nécessiter l’attribution de crédits
régionaux hors des limites territoriales.
On n’est jamais certain du lieu de valorisation de projets de recherche ou
d’innovation.
Les méthodes de travail, les processus de décision sont souvent différents
d’une région à l’autre et peuvent
aboutir à des retards et à des incompréhensions. De même, la barrière linguistique rend difficile parfois les
coopérations internationales, notamment quand on va devoir utiliser des
termes juridiques.
L’usure du temps peut jouer aussi,
lorsqu’elle n’a pas permis la prise en
compte de l’évolution du contexte, des
orientations politiques, … et du changement des hommes.
Le choix des outils nécessaires à la
coopération et leur mode de gouvernance est aussi important. Les
vraies coopérations (celles qui paraissent les plus abouties et qui influent sur
la conduite de certains volets des politiques régionales) nécessitent le plus
souvent la création d’outils spécifiques.
Ces outils peuvent prendre diverses formes juridiques : associations, établissements publics, GIP, syndicats mixtes,
SA, GIS. Ce choix du statut va peser sur
le mode de gouvernance. Quel doit être
le poids des partenaires privés ? Quel
doit être le rôle des pouvoirs publics ?
Quels sont les risques juridiques liés à
l’attribution de crédits publics à des
organismes dont la gouvernance est
assurée par des élus ?
La difficulté peut être parfois grande
de mettre un terme à une coopération pourtant insatisfaisante. Comment
fermer une structure ? Quel va être le
traitement social du personnel ?
Enfin, le devenir d’une coopération
peut se heurter à la dimension
humaine qui est fondamentale dans
les échanges volontaristes. Les relations entre tous les acteurs chargés de
leur mise en oeuvre sont souvent primordiales pour l’essor ou le déclin des
coopérations.
COOPERATION
Les moteurs et les accélérateurs de coopérations
Les facteurs favorables aux coopérations
sont également nombreux :
L’histoire et la géographie, notamment celle des transports, jouent un rôle
primordial et expliquent en grande partie le nombre des coopérations avec les
Pays de la Loire. On peut expliquer ainsi
que la zone d’influence de Nantes s’étende sur toute la zone côtière de
Bretagne Sud au moins jusqu’à Quimper
et que l’ouest mayennais soit naturellement attiré par Rennes.
Une culture partagée : Le propre des
faits culturels est d’être porté par des
hommes et des femmes eux-mêmes
mobiles. Aucun élément culturel n’est
borné strictement par une limite territoriale et maintenir l’appartenance à des
cultures communes ou voisines peut
très certainement favoriser des coopérations, même dans des domaines très
éloignés.
L’organisation des territoires : L’État
avait créé, au début des années 1970,
un espace grand ouest autour d’Ouest
Atlantique. L’Europe a créé un autre
espace « Arc Atlantique ». Leur création
a généré des coopérations qui expliquent en partie, les nombreuses relations avec la Région de PoitouCharentes, alors que la Bretagne est
beaucoup plus proche en terme géographique ou économique de la BasseNormandie.
Des économies régionales très liées
ou aux traits communs : La spécialisa-
tion des économies (pêche, agriculture,
agroalimentaire), la présence sur l’ensemble des territoires des établissements
des mêmes groupes industriels, la soustraitance éclatée sur plusieurs territoires
de grands donneurs d’ordre dans l’automobile, la construction navale,… vont
favoriser les coopérations ; les cartes de
la dernière étude de l’AUDIAR illustrent
ces interactions économiques : la zone
d’influence économique de Rennes
dépasse la Bretagne pour s’étendre sur
le sud Manche et la Mayenne ; celle de
Nantes s’étend jusqu’à la Cornouaille.
Les effets cumulatifs d’expériences
passées : Plus on coopère, mieux on se
connaît et plus on a envie de coopérer.
Le projet relatif à la restauration du
caractère maritime de la baie du Mont
Saint-Michel ne devait porter initialement
que sur les équipements et ouvrages
d’art à construire et à gérer. Puis progressivement, des réflexions ont été menées
sur les aspects culturels et spirituels, sur
des moyens d’accès par le train à partir
de Saint-Malo et, enfin, sur la politique
touristique de l’ensemble de la baie.
L’utilité des coopérations
L’objectif de l’action publique (des collectivités, de l’État) étant de rendre le
meilleur service aux citoyens en réduisant
la charge pour la collectivité, rappelons
l’utilité des coopérations à cet égard :
- La réalisation de grands investissements
- Assurer une certaine continuité audelà de limites territoriales définies
- La possibilité d’atteindre une masse
critique, indispensable pour certaines
actions
- La capacité à faire « nombre » pour
mener des actions de lobbying et défendre des intérêts communs
- L’amorce de politiques ou d’actions ne
pouvant s’exercer que sur des territoires
géographiques élargis
- Une réponse à l’attente des professionnels organisés en « inter régions »
- Une mutualisation des moyens et une
réduction des coûts
Les coopérations interrégionales sont
presque obligatoires pour assurer une
continuité territoriale. De même ces
coopérations sont fortement souhaitables dans les domaines des transports
ou de l’aménagement du territoire
avec l’implantation de grands équipements.
Mais il est d’autres domaines comme la
recherche, l’innovation, l’économie, où
la meilleure réponse aux besoins des
usagers va nécessiter de se référer à un
territoire qui peut ne pas correspondre
aux limites territoriales administratives.
Les coopérations interrégionales vont
alors nécessiter, pour répondre à chaque
enjeu bien précis, le choix du territoire le
plus pertinent.
Bien sûr, l’interrégionalité va donner
plus de moyens ; mais elle va aussi
nécessiter et permettre une meilleure
vision stratégique, une meilleure définition des objectifs, des moyens et des
actions à conduire.
Mais au delà de tous ces avantages,
le grand intérêt des coopérations
va être de stimuler le décloisonnement des hommes et des idées. Il
v a ê t re d e p e r m e t t re d ’ é l a r g i r l e
champ des réflexions, en étant
notamment plus prospectif et plus
solidaire.
En ce sens les coopérations sont un
outil adapté à la complexité et aux
interdépendances qui régissent le
fonctionnement économique et
social, et le développement durable
d’une région dépend aussi d’un développement concomitant des régions
voisines.
25
COOPERATION
Conclusions
La nécessité des coopérations :
quels territoires pour répondre à quels enjeux ?
Cette étude montre, quels que soient
les découpages territoriaux, qu’il n’y
a pas de façon absolue un territoire pertinent universel pour l’action régionale, mais qu’il existe au
contraire des territoires pertinents en
fonction des différents enjeux. Ces
territoires peuvent dépasser les limites
régionales.
La coopération entre collectivités territoriales est précisément l’outil opérationnel qui permet de dépasser les
limites territoriales, financières, ou en
terme de masse critique.
26
L’objectif d’une coopération est, bien
sûr, d’améliorer la qualité et l’efficience du service à la collectivité. La
coopération peut être une coopération d’action, mais elle peut être aussi
un partage d’information, des échanges d’expériences, qui sont toujours
sources de richesses. Ils permettent,
en répondant mieux aux besoins de la
région, une ouverture d’esprit, une
perception plus large des enjeux et
parfois des réponses différentes aux
problématiques régionales.
Le choix entre une conduite strictement régionale (y compris motivée
Dépasser les limites territoriales
parfois par le fait que la Région souhaite développer un « marketing »
territorial) ou la mise en oeuvre d’une
coopération interrégionale, avant
toute action politique d’envergure,
suppose de réfléchir à l’intérêt ou non
d’une coopération, ses avantages et
ses inconvénients.
Pour répondre au mieux à chacun
des enjeux qui nécessitent des
coopérations interrégionales, la première difficulté va être de définir le
territoire approprié et donc l’aire des
c o o p é r a t i o n s l u i c o r re s p o n d a n t .
Comment définir ce territoire pertinent ? Les réponses n’apparaissent
pas simples : il faut, en fonction des
enjeux, bien définir les objectifs
recherchés, observer les réelles complémentarités, repérer les manques
et déterminer la valeur ajoutée supplémentaire qui sera obtenue par la
coopération.
Une bonne coopération devrait permettre à la Région de poursuivre ses
objectifs propres, de garder son
« identité », tout en s’ouvrant à la
mutualisation qui enrichit tous les
acteurs, en ne s’enfermant pas derrière des frontières administratives.
Absence de réflexion sur les transports
Les bonnes pratiques
d’une coopération
Elles vont découler des expériences passées réussies ou non. Au travers de l’analyse des obstacles ou des moteurs
des coopérations, décrite précédemment, on peut en déduire facilement
certaines préconisations :
- Avoir conscience que le volontarisme
politique et l’implication forte des élus,
s’imposent comme conditions nécessaires à la réussite d’une coopération.
- Rechercher un équilibre global entre
régions sur l’ensemble des coopérations, en acceptant les éventuelles
concurrences.
- Procéder à une bonne évaluation des
moyens humains et financiers à mobiliser sur le projet avec le choix de la
bonne structure juridique.
- Prévoir des dispositifs de financement
souples comparables avec des processus
de décision harmonisés et, si possible,
l’utilisation d’opérateurs communs
capables de monter les projets et de les
suivre (dispositif préférable aux appels à
projets qui peuvent générer des effets
d’aubaine et dont le suivi est plus difficile à assurer).
- Définir des échéanciers pouvant être
éventuellement prorogés après analyse
des résultats.
- Prévoir les modalités d’évaluation du
projet, avant son démarrage, avec l’établissement des indicateurs, en précisant
la fréquence, le choix de l’évaluateur, le
financement de l’évaluation.
COOPERATION
La réflexion prospective
est indispensable
Si la Bretagne sait répondre aux diverses sollicitations pour participer aux
coopérations indispensables avec les
Régions de proximité, en revanche, elle
semble avoir plus de difficultés à
conduire ou à solliciter des réflexions
prospectives qui lui permettraient d’avoir une vision plus globale des enjeux
qui dépassent les territoires régionaux
et de mettre en place une stratégie collective pour répondre à ces enjeux.
On peut, par exemple, s’étonner, d’une
part que certains domaines de compétence, comme la formation, fassent
l’objet de si peu de coopérations ;
d’autre part que certains outils de
transfert de technologie, particulièrement lourds en terme d’investissements
et de compétences ne soient pas interrégionalisés.
Enfin il peut paraître paradoxal qu’il ne
semble pas y avoir eu de réflexion prospective entre les deux Régions sur les
transports « fret » et « voyageurs »
par air, terre ou mer, avant les actions
de lobbying autour de l’aéroport Notre
Dame des Landes ou de la LGV ; on
aurait peut être abouti aux mêmes
investissements ; mais la réflexion
aurait englobé les problèmes de logistique, le ferroutage, le cabotage, les
autoroutes de la mer, les liaisons
« mer-fer »,…
Les CESR ont mis en place un outil
commun, l’ARESE qui regroupe actuellement les quatre CESR de la Façade
Atlantique et réalise des études sur des
thèmes d’intérêt commun, en particulier des travaux à caractère prospectif.
Les conseils régionaux pourraient plus
fréquemment saisir conjointement les
CESR de ce type d’études dont les thématiques correspondent à des enjeux
interrégionaux importants. Leurs résultats seraient présentés dans le cadre
d’un séminaire public interrégional, aux
élus, aux conseillers économiques et
sociaux concernés et aux Services de
l’État.
L’agriculture : un enjeu commun
Quelques enjeux qui mériteraient une réflexion
commune à plusieurs régions
Au terme de cette réflexion, il nous
est apparu intéressant d’identifier
quelques enjeux pour lesquels une
mise en commun de réflexions
menées dans chaque région pourrait
amener soit à des politiques concertées soit à des coopérations plus
étroites
demande des conseils régionaux de
réaliser une étude conjointe sur le
« lait ». On observe aussi par exemple
dans ces Régions le développement
de certaines formes d’agriculture plutôt orientées vers les besoins locaux.
On voit bien toute l’utilité d’une
approche coordonnée et coopérative
de ces questions.
Il faut tout d’abord distinguer :
D’une part les enjeux qui pourraient aboutir à des coopérations
renforcées avec des projets communs, ceux-ci pouvant d’ailleurs faire
l’objet de contrats interrégionaux ou
de volets interrégionaux de contrats
de projets, susceptibles de cofinancement d’État ou de l’Union
Européenne. Par exemple :
- Le devenir d’une agriculture et d’une
industrie agroalimentaire. Les trois
Régions de Bretagne, des Pays de la
Loire et de Basse Normandie sont très
liées et caractérisées par une agriculture de masse, avec une spécialisation
en production animale. Les mêmes
grands groupes industriels sont présents sur ces trois régions. Les CESR
des trois régions viennent ainsi, à la
- Les énergies. La Bretagne est très
dépendante des régions voisines pour
son approvisionnement en énergie ;
cette dépendance énergétique ne doit
pas être étudiée au seul niveau régional, même si sa situation péninsulienne peut poser quelques difficultés
spécifiques ; les deux Régions de
Bretagne et des Pays de la Loire réfléchissent déjà à mettre en place des
recherches complémentaires sur les
énergies marines renouvelables (la
houle en Pays de la Loire et les courants marins en Bretagne). Ce thème
semble aussi justifier des coopérations
plus intenses.
- Un schéma interrégional et intermodal des transports. Il s’agirait de réfléchir ensemble sur la complémentarité
des ports de commerce de Bretagne
27
COOPERATION
- Le renforcement des grands pôles
universitaires et leurs coopérations.
Ces pôles de recherche et d’enseignement supérieur constituent un atout
considérable pour le développement
des territoires. Leur coopération et
leur complémentarité peuvent leur
permettre de rivaliser avec tous les
grands pôles européens.
- Les conséquences du changement
climatique sur la faune, la flore sur le
trait de côte, sur l’évolution des activités humaines (pêche, agriculture,..) et
les possibilités d’actions concertées
des régions pour y faire face.
Un atout : les pôles universitaires
et des Pays de la Loire, sur leur interopérabilité avec des lignes ferroviaires
rapides et sur les liaisons « ferroutes » ainsi que sur l’ensemble des
liaisons aériennes.
28
- Le secteur « automobile » est géographiquement présent de façon diffuse
sur les deux régions de Bretagne et des
Pays de la Loire ; le pôle « automobile
haut de gamme » est bien inter régionalisé ; mais le Conseil régional des
Pays de la Loire a récemment annoncé
la mise en place d’une cellule de veille
pour les sous-traitants de ce secteur sur
sa région ; On peut s’étonner que, sur
des secteurs ou l’interdépendance entre
les deux régions est aussi forte, des
décisions soient prises sans , apparemment, des réflexions communes et des
concertations.
ressources, les pollutions de toutes
origines et le changement climatique
appellent également à des coopérations renforcées.
D’autre part, les enjeux qui apparaissent plus régionaux au niveau
des actions à mettre en place, mais
pour lesquels une réflexion commune pourrait aboutir à une politique concertée. Par exemple :
- Les relations (concurrence, complémentarités, synergies) entre économie
productive et économie résidentielle.
Comment conserver une économie
productive, notamment le long des
côtes, tout en développant le potentiel des activités liées à l’économie
résidentielle.
- Plus globalement les stratégies maritimes de régions voisines gagneraient
à être coordonnées que ce soit pour le
transport de marchandises, la sécurité
maritime, le nautisme, la gestion
concertée des zones littorales, …
L’État dans le cadre de son projet de
loi « Grenelle 2 » souhaite décliner sa
politique nationale de gestion intégrée de la mer par façade maritime.
Une coopération des régions dans ce
domaine n’en n’est que plus nécessaire.
Dans tous les domaines où l’action
porte sur un même thème, les échanges d’expériences pourraient être systématiques et, à cette occasion, les
coopérations devraient être à priori au
moins envisagées.
- Le devenir des pôles de compétitivité. Ces pôles sont tous interrégionalisés. Comment leur dynamique peut
elle générer des emplois ? Au delà des
pôles de compétitivités, une réflexion
pourrait être menée sur la coopération entre dispositifs d’innovation ,
non seulement technologiques, mais
aussi sociales. De même, la mise en
place d’outils communs mériterait d’être envisagée.
Groupe de travail
« Coopérations - Europe »
Rapporteur : M. Alain LE MENN
Contact : CESR
Tel : 02 99 87 17 60
Mel : [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site
www.cesr-bretagne.fr
- L’évolution de la pêche et de l’aquaculture. La raréfaction de certaines
Une nécessaire coordination des activités maritimes
ECONOMIE
Agir ensemble
pour dépasser la crise
« Tous à l’abri » ! En 2005 ce scénario envisagé dans une
étude prospective du CESR de Bretagne prévoyait une crise
internationale et financière bousculant fortement l’activité de
l’industrie automobile et entraînant un risque de « repli sur
soi » proche de certaines tendances protectionnistes actuelles.
Le CESR proposait alors de mettre l’accent sur l’ouverture et
non le repli, sur la démocratie locale pour rétablir et renforcer
la confiance, une relance du dynamisme économique régional
s’appuyant aussi sur l’innovation et la Recherche et
Développement, sur l’économie résidentielle ou présentielle et
l’attractivité.
S’il ne s’agissait (en 2005) que de prospective, il s’agit quatre
ans plus tard de décliner au présent la réponse offensive de
notre région à la récession.
C’est ce que propose le CESR par sa contribution adoptée à
l'unanimité le 15 mai 2009.
29
La Bretagne touchée par la crise
Une crise violente
La crise en Bretagne est une retombée d’évènements inter nationaux
majeurs dont les répercussions ne
doivent pas être sous-estimées. De
nombreux signaux en Bretagne manifestent clairement le cycle de diffusion de la crise. Ses effets sont remarquables sur la situation souvent dramatique des personnes touchées par
les licenciements, le chômage partiel,
mais aussi en particulier les jeunes.
L’impression et l’espoir que la crise
serait amortie par certaines caractéristiques du tissu productif régional
ne se confirment pas, à hauteur de
ce que l’on aurait pu l’espérer. Si les
secteurs d’activité économique et les
populations sont inégalement touchés par la crise en Bretagne, celle-ci
est néanmoins globale et systémique,
ses conséquences régionales sont
déjà bien réelles sur l’activité et l’emploi.
Même si la durée et son impact à
moyen et long termes sont incertains, tant au plan économique que
social, il s’annonce aussi pour les
prochains mois une aggravation de la
situation de l’emploi avec aussi une
réduction sérieuse des créations
d’emploi, car les anticipations des
entreprises ne sont pas positives.
Les obstacles à l’entrée sur le marché
du travail pour les jeunes, ainsi que
pour les femmes seront renforcés par
le fait que l’on évalue à quatre trimestres le décalage entre une reprise
de l’activité et la reprise de l’emploi.
Les effets de la crise sociale (endettement des ménages, moindre pouvoir
d’achat, loyers impayés, précarisation, problèmes de santé, situation
difficile des familles et perte du lien
social qui touchent plus fortement
les moins favorisés) risquent donc
d’être encore plus longs avec le renforcement de la précarisation, qui
touche les moins qualifiés et les plus
jeunes (chômage, difficultés pour
poursuivre les études...). A cela s'ajoutent la baisse de revenu et la compression de la consommation des
ménages.
Cette crise va donc bousculer fortement, et probablement sur le long
terme, les activités économiques et la
société dans notre région, elle risque
d’accroître non seulement les inégalités et tensions sociales mais aussi les
inégalités entre les territoires.
Agir en renforçant le dialogue social
d a n s t o u s l e s t e r r i t o i re s a v e c l a
volonté de trouver des issues positives et anticiper les conséquences les
plus graves est donc urgent en favorisant les pratiques conformes à la
responsabilité sociale dans les relations professionnelles et à des comportements respectueux de la dignité
de tous, pour rétablir la confiance et
réduire les effets négatifs de cette
crise.
ECONOMIE
Une crise profonde porteuse
de mutations déjà pressenties
En même temps la dimension
conjoncturelle de la crise ne doit pas
faire oublier qu’elle s’inscrit aussi dans
une dynamique de renouvellement et
de mutation des économies dans le
sens d’une compétitivité renforcée
d’une part (sous l’effet des incidences
des mutations technologiques et de la
libéralisation des échanges à l’échelle
mondiale) et, d’autre part, d’une
amorce de mutation qualitative des
modes de production et de consommation en lien avec les préoccupations environnementales.
30
Mais les fondements de cette crise ne
sont pas nouveaux, certains économistes avaient alerté précisément sur
les risques spéculatifs, en particulier
depuis la crise précédente en 20002001, et nous faisons face aujourd’hui
à une situation proche d’un des quatre scénarios envisagés dans une
é t ude prosp e c ti ve d u C E S R d e
Bretagne réalisée en 2005, le scénario
intitulé « Tous à l’abri ».
Le CESR n’estime pas nécessaire de
chercher à trancher dans le débat qui
partage l’opinion entre crise « classique » d’adaptation, qui se traduirait
à assez court terme après quelques
adaptations en « sortie de crise », ou
crise de système qui marquerait un
tournant profond de l’ensemble des
pratiques économiques (modes de
production, types de production,
mode de consommation). Mais il souligne que cette crise intervient au
moment où arrive à maturité dans l’opinion publique et dans le débat
public la prise en compte de nouvelles
attentes et de nouveaux besoins, voire
de nouvelles exigences visant à la
mise en place d’un développement
réellement durable, dans l’ensemble
d e s es di mens i ons , éc onomi que,
sociale, environnementale et culturelle. Il s’agit donc de tirer parti de la
mobilisation exceptionnelle qui va
s’organiser pour réussir cette adaptation.
Un tournant à négocier dans
le développement régional
Cette crise doit donc être aussi l’occasion d’une mobilisation vigoureuse de
tous les acteurs régionaux pour anticiper cette profonde mutation économique et sociologique de notre région
et pour le Conseil régional de relever
le défi d’une meilleure coordination
des initiatives à l’échelle régionale,
d’une meilleure association des partenaires sociaux et des représentants de
la société civile, en lien avec tous les
autres acteurs publics, dans la
réflexion et dans l’action.
Le Conseil régional, l’Etat en région et
les autres collectivités territoriales doivent veiller, notamment par des financements publics, à soutenir et développer l’activité économique et renforcer l’appareil productif régional, en
s’attachant à protéger au mieux les
plus défavorisés, et à lutter contre la
précarisation. Il faut aider en priorité
les personnes les plus lourdement
frappées et les plus démunies et renforcer la cohésion sociale, sans sacrifier le futur au présent et en favorisant la mutation des activités dans le
sens d’une réponse aux nouveaux
besoins économiques et sociaux.
Il faut agir sur les priorités d’aujourd’hui
et à anticiper, pour l’empêcher, l’aggravation de la crise et ses effets
durant les années à venir.
Le Conseil régional doit
multiplier les initiatives
et les partenariats
Cette mobilisation régionale doit être
coordonnée, en synergie avec tous les
acteurs publics et les acteurs privés des
différents secteurs d’activité, sans
oublier la dimension sociale. Elle doit
donner lieu à une stratégie partagée
par tous les acteurs et qui englobe tous
les enjeux, actuels mais aussi futurs, de
court moyen et longs termes. Elle doit
se traduire, dans toutes les politiques
du Conseil régional, par un renforcement des investissements et un peignage des actions à privilégier pour privilégier les effets directs et multiplicateurs d’emploi.
Dans son rôle, le CESR tient à indiquer
les priorités d’action qui lui semblent
porteuses d’un élan aujourd’hui
indispensable, et à rappeler certaines
préconisations contenues dans ses travaux et dont l’actualité lui apparaît
criante. Ces pistes d’actions peuvent
aider la région de traverser au mieux
une crise qui s’annonce plus longue et
plus dure qu’on ne l’avait initialement
envisagé. Elles peuvent favoriser la
mutation des activités et des comportements, enjeux importants sur le long
terme pour le développement économique social et culturel de la
Bretagne.
S’il est ainsi nécessaire de repenser en
partie notre modèle économique, les
solutions ne sont peut être pas très
éloignées.
L’action publique de soutien
à l’activité est bienvenue
La mobilisation des moyens de l’action publique pour favoriser la
reprise la plus rapide et la mieux
orientée de l’économie régionale, en
agissant à rebours de la baisse de la
demande mondiale, des consommat i o n s d e s e n t re p r i s e s e t d e l a
consommation ménages dans une
spirale de baisse de l’activité, prend
tout son sens dans l’optique d’une
action contracyclique.
ECONOMIE
Quelques exemples
d’actions immédiates
d’investissement
sur les infrastructures
régionales qui peuvent
être engagées...
Soutenir les entreprises
❚ Aide au financement et à la
pérennisation des entreprises
La mobilisation des moyens financiers
pour l’aide aux entreprises en difficultés
est le premier niveau de l’action régionale ; il s’agit prioritairement de soulager les entreprises qui se trouveraient
en situation de difficultés ponctuelles
de trésorerie, ou face à des obstacles
les empêchant d’emprunter.
Elles peuvent aussi agir en faveur de la
transmission et la reprise des entreprises pour limiter les cessations d’activités.
Les situations inégales des difficultés
selon les territoires pourraient nécessiter des modulations territoriales des
aides de la Région.
❚ Commande publique,
réorientation de l’activité
des entreprises, sécurisation
des parcours professionnels
La Région et les autres collectivités
publiques peuvent aussi par leurs investissements compenser la baisse de l’investissement des entreprises, la diminution des commandes inter-entreprises
(qui touche directement les entreprises
sous-traitantes), les anticipations négatives des chefs d’entreprises en matière
d’investissement et la réduction de
consommation des particuliers directement touchés par une baisse de leur
revenu ou adoptant une attitude de
précautions face aux incertitudes du
futur.
Il est nécessaire de s’appuyer pour cela
sur l’investissement public, la passation
de commandes de travaux sur le
domaine public, et sur les actions de
soutien aux entreprises pour la réorientation de leurs activité d’une part, sur
l’organisation et le financement de formations professionnelles et continues
et l’accompagnement des salariés d’autre part.
Celles-ci doivent s’inscrire clairement
dans l’orientation proposée par le CESR
d’une conjugaison de la flexibilité, des
transformations d’activité de l’entreprise, avec la mobilité inter ne ou
externe des salariés en sécurisant les
parcours professionnels. Le CESR
appelle à valoriser au mieux les outils
existants associant les partenaires
sociaux, le Conseil régional et l’Etat,
pour concrétiser cet objectif à l’échelle
régionale. Il appelle également à faire
évoluer les outils qui ne seraient pas
encore adaptés.
❚ Activation de la dépense
publique et budgets
supplémentaires
Face à cette crise le CESR a souhaité, lors
du débat budgétaire, que soit adoptée
une dotation supplémentaire au budget
pour prendre en compte la situation particulière de crise. Le Conseil régional, allant
dans le même sens, a inscrit un complément de 12 millions d’euros au Budget
2009 de la Région en décembre. Le CESR
a approuvé l’anticipation de la récupération de la TVA permise par l’Etat et négociée par le Conseil régional à hauteur de
18 millions d’euros, sous réserve d’un surcroît d’investissement public à court
terme. Ce complément de 30 millions
devrait jouer un rôle stimulant l’activité
sur le court terme par des investissements
soit supplémentaires soit anticipés.
LGV : accélérer la réalisation et en
particulier mobiliser les entreprises
locales autour des ouvrages et aménagements qui accompagneront la
mise en place de la LGV ; commencer à anticiper les retombées qualitatives de la LGV pour valoriser rapidement ce nouvel atout de la Bretagne
Accélérer la réalisation des travaux
sur les vois existantes de BGV
Remettre en service la ligne MauronLa Brohinière pour le développement
de la ZI de Gaël
Routes : Accélérer la réalisation des
travaux de la RN 164
Ports : réalisation de la destruction
reconstruction concernant les ports
de St Malo et Brest, investissements
prévus pour la récupération anticipée du FCTVA
Aéroports : anticiper les investissements qui pourraient accompagner
en Bretagne la réalisation en région
Pays de la Loire de l’aéroport de
Notre-Dame des Landes
Lycées et établissements d’enseignement supérieur : accélérer les
réalisations de chantiers de l’immobilier, mais aussi l’équipement d’accompagnement des constructions,
l’équipement en TIC, etc.
Energies : conduire la mise en place
de Clusters, en particulier pour les
énergies marines, les voitures électriques, mais aussi les « écoactivités »
Foncier : accélérer la mise en place
de l’EPFR dont les retombées ne
seront qu’à moyen et long termes
et, en attendant, transformer les
financements prévus pour du portage foncier en participations et
avances remboursables pour des
projets déjà bien avancés de logements ou de restructurations urbaines (autour des gares par exemple).
31
ECONOMIE
Mais les montants programmés, même
augmentés, seront-ils à la hauteur des
besoins régionaux pour faire face à une
crise aggravée ? Le CESR préconise
pour permettre une action publique
décisive, que soit rapidement anticipée
la réflexion sur les prochaines orientations budgétaires ; il préconise également une anticipation de la révision à
mi-parcours du contrat de projets, afin
que des crédits supplémentaires soient
orientés vers des actions réalisables à
court terme avec des effets immédiats
sur l’activité. Il en est de même pour les
actions programmées au titre des
contrats de Pays.
Une action publique qui
doit être coordonnée avec
tous les acteurs régionaux
32
L’action publique en Bretagne doit être
concertée pour être efficace et mobiliser tous les acteurs régionaux, pour
apporter le soutien le mieux approprié
aux personnes les plus touchées ou les
plus menacées.
Coordination de l’action publique
entre acteurs publics : elle renvoie
aux réflexions en cours sur la réforme
territoriale ; à cet égard le CESR insiste
sur l’importance de l’échelon régional
comme échelon d’une stratégie coordonnée des territoires de la région ; il
approuve par conséquent la création de
la cellule de crise au sein de l’Agence
Economique par le Conseil régional ; il
estime impératif qu’elle soit le plus largement possible coordonnée avec l’action de l’Etat, car les redondances et les
doublons ne favorisent pas l’efficience,
et qu’elle associe également les partenaires sociaux à chaque échelle territoriale.
Coordination des acteurs publics et
privés : l’action publique vise à renforcer l’activité de l’ensemble du tissu économique, des entreprises, des services
aux entreprises, des dispositifs d’innovation et de recherche ou de transfert
de technologies des administrations,
des associations. Elle doit associer tant
pour la conception des actions mutualisées que pour leur réalisation, les partenaires sociaux et l’expression de la
société civile, afin de créer une réelle
dynamique régionale de mise en
confiance sur des objectifs partagés
d’une reprise dont tous doivent plus
équitablement demain être les bénéficiaires collectifs.
Valorisation du dialogue social territorial : il faut s’appuyer sur les
instances expérimentées lorsqu’elles fonctionnent efficacement, à
l’échelle de la Région avec le CESR,
dans tous les territoires avec la société
civile organisée et les partenaires
sociaux, à l’échelle des Pays avec les
Conseils de développement.
Une démarche globale combinant plusieurs rythmes
et dimensions, dans l’esprit du développement
durable et de l’Agenda 21
C’est en développant aujourd’hui des
démarches dont pour certaines il aurait
été préférable de les conduire en
amont, hors de l’urgence, et qui comprennent une dimension anticipatrice,
que doit s’effectuer l’action du Conseil
régional : anticipation des transformations de l’appareil productif nécessaires
pour l’avenir, anticipation de dispositifs
durables de conjugaison de la sécurisation des parcours professionnels avec
ces mutations, anticipation de recherches de convergences et de nouveaux
compromis permettant l’adhésion des
acteurs économiques et sociaux et de la
société civile ; soutien aux formes efficaces de consultation et de concertation avec tous les acteurs.
Agir pour un développement durable dans l’esprit
de l’agenda 21 régional
Le CESR considère que les actions
conduites par le Conseil régional doivent s’inscrire dans les orientations
conformes au développement durable
et à l’agenda 21 régional ; il insiste sur
l’importance de reconsidérer dès à présent les indicateurs du développement
régional dans un sens qualitatif, afin de
stimuler la prise en considération des
nouveaux besoins d’une croissance sou-
tenable appuyée sur une réorientation
des activités de production vers :
- une économie plus « verte » confortant les bases de l’industrie régionale
en les aidant à se réorienter dans le
sens d’un développement durable
(automobile, IAA, construction, électronique, tourisme...).
- une économie compétitive résolument
ouverte à l’exportation, qui poursuive la
recherche d’une plus grande valeur
ajoutée.
- une économie appuyée sur des dispositifs régionaux performants de recherche, d’innovation et de transfert de
technologie, et l’action soutenue des
pôles de compétitivité.
- une économie appuyée sur l’ensemble
des potentiels régionaux, de l'agriculture, de l'industrie, des services, du tourisme et de l’économie sociale et qui
profite également du potentiel représenté par l’attractivité de la région et le
poids de l’économie présentielle liée
aux transferts de revenus.
- une économie appuyée sur des dispositifs originaux permettant de conjuguer les mutations et adaptations des
entreprises avec une sécurisation active
des parcours professionnels.
- une économie appuyée sur des projets élaborés dans les territoires, porteuse d’un meilleur développement
ECONOMIE
humain, d’une solidarité renforcée
entre les territoires, et d’un approfondissement de la citoyenneté.
Dans toutes ces dimensions, l’intervention sur fonds publics, revêt un caractère spécifique; conditionnée par l’intérêt général et ne peut pas être inconditionnelle et sans contrepartie. Ces
actions doivent donc aussi, pour le
détail de leur mise en oeuvre, s’effectuer en s’assurant qu’elles contribuent
à renforcer la responsabilité sociale et la
cohésion sociale.
Agir simultanément sur le
court, le moyen et long
termes dans le domaine
économique et le domaine
social
L’action de court terme, destinée à répondre aux urgences, ne doit pas sacrifier les
initiatives de moyen et longs termes qui
doivent assurer la mutation profonde de
l’économie régionale et permettre qu’elle
s’effectue en renforçant la justice sociale
et en luttant contre les inégalités et la précarisation.
Le CESR rappelle que ses études réalisées au cours des trois dernières années
contiennent des propositions utiles pour
agir aujourd’hui. Certaines des actions à
conduire aujourd’hui d’urgence auraient
déjà mérité d’être expérimentées à partir
d’initiatives locales qui ont été repérées
et sont à diffuser. Trois nouvelles études
seront présentées lors de la session de
juin 2009, elles comprendront également des préconisations utiles pour
accélérer les réorientations de l’économie régionale indispensables pour agir
aujourd’hui :
❚ Agir sur le court terme
le soutien à l’activité économique, la
cohésion sociale et la cohésion territoriale
appellent au renforcement :
- des aides directes multiformes aux
entreprises pour favoriser la poursuite de
l’activité, éviter les fermetures d’entreprises par des aides au financement, à l’adaptation des productions et des modes
de production, et l’accélération des mutations (garantie d’emprunt, avances remboursables, subventions...) ; mais aussi de
dispositifs pour favoriser la transmission
ou la reprise d’entreprise, comme préconisé dans l’étude « Retour d’expériences
sur quelques grandes mutations et restructurations en Bretagne ».
- des initiatives en matière de formation
et de formation professionnelle destinées
à atténuer les conséquences du chômage
et à préserver l’emploi en favorisant les
formations en période de chômage partiel, l’accompagnement en formation des
personnes licenciées ou en recherche
d’emploi, les reconversions, l’adaptation
des compétences et en préservant le
revenu des personnes, comme préconisé
dans l’étude du CESR « Conjuguer flexibilité et sécurisation des parcours professionnels en Bretagne ».
- des initiatives en faveur des jeunes :
favoriser leur poursuite d’études, les aider
à entrer dans l’emploi, à être mobiles, à
se loger..., comme préconisé dans l’étude
du CESR « Les jeunes de 16-25 ans une
chance pour la Bretagne ».
- des initiatives de lutte contre les inégalités et les discriminations, dont pâtissent le
plus fortement les femmes, les jeunes, les
chômeurs en fin de droits, les personnes
en situation de handicap ou de précarité,
les familles monoparentales...
- des initiatives en direction des personnes
les plus éloignées de l’emploi, comme
préconisé dans l’étude du CESR « 50 clés
pour l’emploi en Bretagne ».
- relever et valoriser les initiatives et les
comportements exemplaires en termes de
responsabilité sociale, et d’innovation
sociale.
❚ Agir dès aujourd’hui aussi sur
le moyen et long termes
- par la recherche et par l’innovation,
dans le domaine économique comme
dans le domaine social, le transfert de
technologies, et le soutien aux pôles de
compétitivité
- par l’anticipation des adaptations des
entreprises, comme proposé dans l’étude
du CESR sur la mutation des activités des
entreprises
- pour l’internationalisation de la
Bretagne par la prospection de nouveaux
marchés ainsi que l’accueil d’entreprises
étrangères, en évitant toute frilosité et
tout repli protectionniste
- par le développement des coopérations
et des mutualisations interrégionales
- pour le développement des éco-activités
- pour le développement des énergies
marines renouvelables
Favoriser l’accès à l’emploi
- par la facilitation de l’accès au logement, en particulier pour les plus démunis, via l’EPFR
- tirer parti de la dynamique sociale et culturelle entretenue par le secteur associatif
en le soutenant.
L’ensemble de ces actions doivent être
conduites par le Conseil régional de façon
coordonnée, convergente et mutualisée
avec les autres acteurs régionaux, en cherchant à produire des synergies, à supprimer les doublons, éviter les redondances,
pour atteindre la meilleure efficience dans
l’action publique au service de tous.
Face à cette crise, la Bretagne, dans l’ensemble de ses territoires, dispose de ressources importantes, matérielles et
humaines, publiques et privées ; elle saura
certainement réagir plus vite et mieux que
nous ne l’imaginons souvent. Prenons
ensemble ce tournant avec rigueur,
confiance et détermination. Le CESR est
prêt à y tenir toute sa place dans sa mission consultative et va poursuivre sa
réflexion qu’il veut toujours tournée vers
le futur, au service du développement
économique et social de la Bretagne.
Groupe de travail
« La crise économique et sociale »
Rapporteur : M. Alain EVEN
Contact : Pierre LE FOLL,
Directeur du CESR
Tel : 02 99 87 17 61
Mel : [email protected]
Consultez la contribution du CESR sur le
site : www.cesr-bretagne.fr
33
SOCIETE
Pour de nouveaux indicateurs
de mesure du progrès
A l’occasion des Vèmes Assises des territoires de Bretagne, le
Président du CESR est intervenu sur le thème des indicateurs de
développement. La crise doit être ausi l’occasion de repenser
notre société. C’est l’objet de cet exposé.
Comme vous le savez le débat sur la nécessité de proposer de
nouveaux instruments de mesure de la performance et du bien
être est engagé. La question n'est pas nouvelle mais semble arrivée à maturité.
Cette question n'est pas sans lien avec la crise et les choix à
faire sur nos territoires. La crise pluridimensionnelle que nous
vivons a, au moins, ce bénéfique effet d'accélérer la prise de
conscience sur la faiblesse de certains de nos indicateurs, tant
économiques que sociaux et environnementaux.
Alain Even, Président du CESR de Bretagne
34
Au départ, température et thermomètre ne font qu’un
La période dite des trente glorieuses
n'est pas encore achevée que des critiques s'élèvent dans les années 1970
contre le principal indicateur de la performance économique national : le
Produit Intérieur Brut. Le PIB, somme
des valeurs ajoutées, a une approche
marchande, matérielle, quantitative et
ne mesure pas la contribution productive qui s'échange sans prix comme le
travail domestique de la femme au
foyer, le coup de main, le spectacle
gratuit... Cette mesure de la croissance
économique est conçue dans le cadre
du modèle d'économie nationale et
perd beaucoup de son sens lorsque
l'on l'utilise au niveau infra national,
autant dire que le PIB régional est plus
qu'imparfait.
Le phénomène que l'on cherche à
mesurer, la croissance, la performance,
le progrès, voire le bonheur se confond
avec l'instrument en charge de le
mesurer. Température et thermomètre
ne font qu'un. Avec ou sans vent , avec
ou sans humidité moins 5°, c'est moins
5°. Tout changement qualitatif non
intégré dans le prix n'est pas pris en
compte. A l'inverse toute destruction
patrimoniale qui donne lieu à une
dépense fait croitre l'indice de richesse,
richesse qui pourtant objectivement
diminue. L'adhésion philosophique au
marché marginalise les critiques et les
réduisent pour l'essentiel à un débat
de spécialistes, les plus radicaux étant
isolés aux marges de leurs disciplines.
Les avancées critiques et les nouvelles
propositions vont concerner les économies les moins avancées car à l'évidence le PIB est peu fiable pour refléter
leurs véritables richesses et leurs réels
progrès.
Le choix est fait par le PNUD
(Programme des Nations Unies pour le
développement) en 1990 de mesurer
les performances nationales à partir de
l'IDH, Indicateur du Développement
Humain qui prend en compte l'économie matérielle mais aussi la santé et l'éducation. Mon expérience m'autorise à
penser que cet indicateur représente en
soi un vrai progrès malgré la faiblesse
des données collectées mais il reste
insuffisant. C'est pourquoi les observatoires de Développement Humain
Durable ont enrichi l'approche en prenant en compte l'environnement bien
sûr mais aussi l'accès à l'eau potable,
les libertés publiques , les inégalités
entre les genres, la participation
citoyenne, la bonne gouvernance.
Dans les mêmes temps la montée en
puissance de la prise en considération
de l'environnement, conduit à rechercher des instruments de mesure d'un
développement effectivement acceptable et durable. C'est dans les années
1990 que nous vient du Canada l'instrument de mesure de l'empreinte écologique. C'est en 1992 à la Conférence
de Rio qu'est élaboré l'agenda 21 mondial avant que ce programme d'ecoprospective ne soit décliné, à toute
échelle, par des agendas 21 locaux.
Dans une situation d'avant crise les distances de plus en plus manifestes entre
une croissance effective au regard du
PIB, voire du revenu disponible, et les
opinions négatives des populations sur
l'évolution de leur bien être intérrogent sur ce qui pourrait mesurer le
bonheur. L'idée est ancienne, elle aussi,
puisque la mesure du Bonheur intérieur brut est la référence politique au
Bouthan depuis 1972.
SOCIETE
Puis, les initiatives se multiplient à tous les niveaux
Depuis quelques années la remise en
cause du fonctionnement de nos sociétés au regard du changement climatique et d'une croissance économique
qui se conjugue avec croissance des
inégalités a conduit chercheurs et politiques à multiplier les initiatives. La plus
emblématique est la mission confiée
par le président de la République à la
commission Stiglitz dont le rapport
"Mesure des performances économiques et du progrès social" a été présenté publiquement le 14 septembre à
la Sorbonne. Dans ses 12 recommandations le rapport insiste sur la nécessité
d'aller au delà de la production marchande et de se référer davantage aux
conditions de vie des ménages : revenus, consommation, services en nature
comme l'éducation et la santé, mais
aussi nécessité d'évaluer les inégalités
et d'établir unse batterie d'indicateurs
liés à l'environnement. Pour reprendre
les propos d'Amartya SEN, l'un des
pères du DHD et conseiller de la commission, il faut dans toute mesure
réentendre Condorcet qui préconisait
de prendre plus en compte la condition
sociale. Notons également le rapport
du Conseil Economique Social et
Environnemental national adopté en
mai 2009 et intitulé "les indicateurs de
développement durable et l'empreinte
écologique".Ces deux rapports nationaux auront une première suite
conjointe dans la tenue d'une
Conférence nationale sur les indicateurs
de développement durable qui aura lieu
le 20 janvier 2010.
Mais cette question posée sur la mesure
des performances et du bien être ne se
limite pas aux niveaux international et
national, nos territoires régions, départements, agglomérations, pays, intercommunalités sont concernés et il nous
faut accélérer le mouvement et si possible ensemble.
Les initiatives se multiplient en Bretagne
et ailleurs. Saluons l'avance prise dans
le Nord Pas de Calais avec d'une part
l'étude sur la santé sociale des territoires (Futuribles mars 2009) où la
Bretagne est classée 2ème à l'Indicateur
de Santé Sociale alors qu'elle est 13ème
sur 22 au PIB par tête et d'autre part le
travail de l'INSEE "le développement
durable en Nord Pas de Calais" (juillet
2009) qui peut nous servir de référence.
La Bretagne voit aussi se multiplier les
initiatives : contribution des économistes du groupe Pekea, membres du collectif FAIR (Forum pour d'autres indicateurs de richesse), journée de travail du
CESR sur les nouveaux indicateurs de
richesse, initiatives prises par un département pour élaborer des indicateurs
locaux de bient être, initiatives de communautés de communes, journée organisée par le club des gouvernements
locaux le 5 octobre à l'hôtel de Région.
De plus, les politiques de développement durable, l'élaboration d'agendas
21 ont conduit de nombreuses collectivités à envisager des indicateurs de suivi
comme par exemple le Baro'métropole
de l'agglomérartion rennaise. Dans un
autre régistre l'élaboration par le
Conseil Régional d'indicateurs de suivi
par programme d'actions va dans le
même sens. Félicitons nous de ce foisonnement mais concertation et
consultation s'imposent.
Au delà, il faut
construire ensemble
Comment approcher la crise, comment
la suivre, la mesurer et se préparer à l'après crise : quels indicateurs pour l'économie et la société de demain ? Tout
d'abord comment mieux se représenter
la crise ? comment l'approcher ?
Défaillances d'entreprises, volumes
d'activités, niveau et types d'emploi,
taux de chômage sont des indicateurs
utiles mais aussi le surendettement des
ménages, les retards pris dans l'accès à
certains soins, consommation alimentaire moins qualitative, plus de précarité, moins de lien social...Et au sortir de
la crise, quel projet de société?
Débattre de ce que nous souhaitons
que demain soit fait nous engage à
imaginer, à tout niveau territorial, les
instruments de suivi de la réalisation de
nos objectifs collectifs. Chaque mesure
induit une vision du monde, repenser
nos instruments de mesure c'est repenser notre vision du monde.
Au CESR, une réflexion sur les indicateurs de bien-être
Un développement plus durable qui
marche sur tous ses pieds ce sont des
productions de valeurs économiques,
des ressources protégées, des inégalités
réduites entre populations et territoires, un vivre ensemble, si je puis dire
soutenable. Mais un développement
plus qualitatif ne saurait négliger la
participation citoyenne et les formes
instituées de démocratie participative
que sont le Conseil Economique et
Social et les conseils de développement
dont on attend qu'ils sortent renforcés
et non affaiblis par la réforme territoriale.
Il faut construire ensemble les nouveaux
instruments de mesure en associant
nos réflexions et nos expériences. Le
choix des indicateurs n'est pas seulement affaire d'experts, ensemble nous
constituons de l'expertise collective.
Nous formons le voeu que soit prise
une initiative pour regrouper nos efforts
de rénovation de nos instruments de
mesure d'un progrès dont le contenu
reste pour une large part à définir. Le
CESR de Bretagne y prendra toute sa
place.
Osons proposer. La révolution de la
juste mesure c'est aussi celle de la place
des citoyens dans la définition de ce qui
compte, donc de ce qu'il faut compter.
Alain EVEN
Président du CESR de Bretagne
35
OPINION
Cette rubrique libre n’engage que son auteur.
Elle est alternativement assurée par les différentes composantes de l’assemblée.
Penser dès aujourd'hui l'avenir
de l'économie bretonne de demain... matin ?
Nous assistons aujourd’hui à une dégradation sans précédent de l’emploi. En
rythme annuel, la France devrait perdre
600 000 emplois : du jamais vu. Depuis
les années 80, la France vit sous un
régime de chômage de masse et la
question d’aujourd’hui est comment
assurer un nouveau type de développement car compte-tenu de l’ampleur de
la crise « il n’y a plus de chemin et il faut
partir de cela »….
36
La mobilisation des collectivités et les
dispositifs d'accompagnement économiques et sociaux (aides financières, chômage partiel, formation, RTT) sont précieux pour affronter la crise. Il est
temps, maintenant de regarder quelles
peuvent être les issues de sortie de crise,
où peuvent être les activités de demain,
où seront les nouveaux gisements d'emploi ? Ce questionnement vaut particulièrement pour la Bretagne.
La crise actuelle ne fait que remettre en
lumière les limites préexistantes de l'économie régionale :
- L'automobile haut de gamme n'a plus la
côte, durablement trustées par l'industrie
allemande. PSA Rennes est isolé géographiquement de ses partenaires et loin des
marchés émergents. On ne peut se satisfaire de constater l'effritement de son
activité et l'hémorragie de ses effectifs.
- La greffe des Technologies de
l’Information et de la Communication
(TIC) en terre bretonne a bien pris si on
en juge par les nombreuses créations de
PME à la pointe dans leur domaine. Pour
autant les désengagements successifs
des groupes historiques que sont France
Télécom, Alcatel, Sagem et les autres,
provoquent la disparition de milliers
d'emplois qualifiés en développement et
en production que ne compense pas une
R&D dynamique.
- Si Lorient, lourdement éprouvé par
ailleurs, conserve une activité navale
conséquente avec la fabrication d'une
série de bateaux de moyen tonnage, la
fin, de fait des constructions de grands
navires à DCN Brest marque un coup
d'arrêt à 400 ans de construction navale
à la pointe de Bretagne. S'y ajoute la
réduction de l'activité entretien d'une
flotte militaire qui diminue d'année en
année.
- Enfin, l'agriculture et l'agroalimentaire.
subissent les coups conjugués de la restructuration des marchés, des concentrations industrielles, des sinistres environnementaux résultant d'une surintensité de
la production. Les nouvelles pratiques
agricoles moins intensives auront forcément des conséquences sur les volumes
d'activité de toute la filière. (voir encadré)
Chercher à relancer chaque filière en utilisant uniquement les recettes éprouvées
ne suffira pas. Il faut cependant le faire
pour assurer la transition mais, dans le
même temps, des réponses inédites sont
à rechercher au sein de chaque activité et
de manière plus transversale. Les innovations majeures naîtront peut-être surtout
de la combinaison de technologies développées au sein de chaque pôle, dans
une coopération qui n'a pas vraiment été
développée jusqu'à présent.
Des synergies sont à rechercher autour
de la question des mobilités entre filières,
entre pôles de compétivité, entre agriculture, autres secteurs d'activité (par exemple sur la valorisation de la biomasse),
biotechnologies, universités. C'est aussi
dans le domaine des énergies marines
que cette coopération peut être fructueuse comme le suggère le rapport du
CESR « Des énergies marines en
Bretagne : à nous de jouer ! »
Cette analyse nous amène à soutenir les
actions engagées par le Conseil régional
en particulier, les travaux de l'Agence
économique de Bretagne (AEB) pour, à la
fois, exercer une vigilance sur l'avenir des
4 piliers «historiques » de l'économie
bretonne et aussi se projeter vers l'avenir
afin de prévoir les transitions nécessaires.
Ce diagnostic et les propositions associées doivent porter en même temps sur
les perspectives de développement économique et de l'emploi. Ce lien nous
paraît déterminant, car il s'agit bien d'organiser les mobilités, les formations des
jeunes, des demandeurs d''emploi et des
salariés vers de nouveaux projets, de
nouvelles activités. Mais encore faut-il
connaître vers quoi on peut aller et de
quoi sera fait l'avenir pour se mobiliser...
Agroalimentaire : il y a urgence !
La CFDT souligne l'urgence qu'il y a à
prendre en compte la situation dans l'agriculture et l'industrie agroalimentaire
compte-tenu des enjeux posés pour l'avenir, économiques, sociaux et environnementaux. Alors que quelques entreprises créent encore des emplois, les
grands groupes se restructurent, se
concentrent, fusionnent. Il en résulte une
précarisation accrue des emplois : réduction d'effectifs dans les différents établissements d'un même groupe, fermeture
de site, incertitudes sur les conséquences sociales liées à un manque de lisibilité
de projets de reprise. A cette situation, il
faut ajouter les crises de production (lait,
porc), la baisse et la réorientation de la
consommation des ménages liées à la
baisse du pouvoir d'achat d'une part et
aux changements dans les modes de
consommation d'autre part.
Compte-tenu de l'ampleur de ces évolutions, non mesurables à ce jour, et des
menaces qu'elles font peser sur l'avenir
de personnes et de l'emploi, la CFDT,
tout en soutenant la poursuite des travaux dans les autres secteurs souhaite
voir figurer dans le budget 2010 une
accélération des travaux sur le secteur
agriculture-agroalimentaire, associant
l'ensemble des acteurs dans une dimension également interprofessionnelle, avec
des moyens budgétaires affectés, et intégrant le lien développement économique, emploi, formation, mobilités et
sécurisation des parcours dans une
approche globale.
Alain LE MENN
Vice-président délégué du CESR
PUBLICATIONS
Dernières parutions du CESR
Pour une approche concertée des politiques énergétiques en Bretagne
La Bretagne est une région particulièrement sensible à la question de l’énergie, d’une part
parce qu’elle ne produit que très peu de l’énergie qu’elle consomme, d’autre part parce que
son système de distribution énergétique, et en particulier électrique, est fragile. Cette sensibilité s'inscrit aujourd'hui dans un contexte où les déséquilibres environnementaux doivent
influencer fortement les enjeux du développement économique et social.
Dans cette autosaisine, le CESR souligne que pour assurer une gestion durable de l’énergie sur
son territoire, la Bretagne se doit d’être exemplaire dans la recherche d’une plus grande efficacité énergétique et dans le développement des énergies renouvelables.
Pour répondre à l’enjeu, il est nécessaire que tous les acteurs et toutes les collectivités se retrouvent dans un consensus pour la définition d’une gouvernance territoriale de l’énergie.
Pour le CESR, il apparaît clairement que les collectivités territoriales bretonnes ont un besoin
primordial d'approfondir et de partager leurs connaissances de la situation énergétique de
leurs territoires. Toute mise en ?uvre de politiques énergétiques doit s'appuyer sur une analyse
fine de ces données qui doit permettre un large débat démocratique indispensable à l'acceptation sociale des projets et à l'implication concrète des Bretons.
Chaque collectivité a sa place à prendre dans la recherche de solutions énergétiques. Mais l'implication de chacune doit être articulée autour des enjeux d'intérêt général propre à son territoire et au public vis-à-vis duquel elle est légitime. Le Conseil régional a un rôle majeur à jouer
pour cette mise en cohérence des acteurs.
La convergence de tous vers une politique énergétique commune est essentielle pour un développement durable de la Bretagne. Il en va de l'efficacité et de la sécurité énergétique pour
tous les territoires et tous les usages.
Rapporteurs : MM. Ange BRIERE et Alain LE MENN
Contact : Olivier COUTAND, Conseiller technique
Tél : 02 99 87 17 62 - Mel : [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site : www.cesr-bretagne.fr
Les coopérations interrégionales de proximité
La Bretagne « terre de coopérations » : le CESR de Bretagne observe ici ce que sont dans la
pratique les domaines, les objectifs, les modalités, l’importance réelle et le résultat des coopérations avec les autres régions de proximité, pour des enjeux qui dépassent son territoire.
L’étude s’appuie sur une enquête réalisée auprès des services de la Région et présente un état
des lieux des coopérations. 44 actions et projets associant la région Bretagne et les autres
régions de son espace géographique proche sont ainsi recensés et analysés.
A travers cinq grands domaines, de la Recherche/Innovation à l’Agriculture et la pêche en passant par les transports, l’environnement, la culture et le tourisme, l’étude montre que quels
que soient les découpages territoriaux, il n’existe pas un territoire pertinent universel pour l’action régionale, mais qu’il existe au contraire plusieurs territoires qui peuvent dépasser les limites
régionales en fonction des différents enjeux.
L’étude se conclut par des propositions visant à promouvoir une véritable stratégie régionale
des coopérations permettant de poursuivre ses objectifs propres, tout en s’ouvrant à des
actions concertées et une mutualisation qui enrichissent tous les acteurs.
Rapporteur : M. Alain LE MENN
Contact : CESR
Tél : 02 99 87 17 60
Mel : [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site www.cesr-bretagne.fr
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PUBLICATIONS
Dernières parutions du CESR
Eco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne
Les éco-activités et leurs équivalents anglo-saxons « clean tech » et « green tech » sont invoqués comme de nouveaux vecteurs de croissance pour l’économie. Le rapport du CESR du
Bretagne, après un travail de définition détaillé, examine les potentialités de ces activités. Il
apprécie les excellences et savoir-faire des entreprises et centres de recherche de Bretagne. Il
formule également des préconisations d’actions d’accompagnement des différentes filières des
éco-activités.
L’étude cherche toutefois à élargir la perspective en investiguant les pratiques environnementales développées dans l’ensemble du tissu économique régional. En effet, le développement
durable et l’adoption de démarches écologiquement avancées apparaissent comme des sources de gains économiques, des facteurs de valorisation commerciale et d’innovation, les
déclencheurs de nombreuses embauches. L’émergence d’une consommation responsable fait
également l’objet d’une analyse circonstanciée.
Le CESR préconise en outre la diffusion d’outils comme l’analyse de cycle de vie, l’éco-conception, le management environnemental ou encore l’éco-labellisation… Il montre l’implication
croissante des entreprises de la région mais aussi le rôle central de la réglementation et de l’incitation publique.
Le CESR appelle enfin à passer d’une logique « extraire, transformer, jeter » à un modèle basé
sur le triptyque « réduire, réutiliser, recycler ». Au total, le CESR considère que le Conseil régional a un rôle central à la fois pour favoriser le développement des éco-activités et pour permettre le « verdissement » de l’ensemble de l’économie de la Bretagne.
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Rapporteurs : Mme Françoise LEBOEUF et M. Claude VOUILLOT
Contact : Marc-Pol LE DEUNFF, Directeur adjoint du CESR
Tél : 02 99 87 17 64
Mel: [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site www.cesr-bretagne.fr
Pour une coopération interrégionale en faveur d’un nautisme durable :
50 propositions des CESR de l’Atlantique
Depuis plus de 15 ans, le CESR de Bretagne coopère avec ses homologues de la façade atlantique dans une association interrégionale l'ARESE regroupant les CESR de Bretagne, Pays de la
Loire, Poitou-Charentes et Aquitaine. Dans ce cadre, les 4 CESR ont conduit une réflexion
interrégionale sur les enjeux du nautisme dans la région de la façade atlantique. Ce travail a
mobilisé 20 conseillers de 4 Régions (Bretagne, Poitou-Charentes, Aquitaine et Pays de la
Loire). Des rencontres ont été organisées une à deux fois par mois et des auditions en commun
sont réalisées.
Le nautisme est une filière économique et sociale importante dans les 4 régions avec des secteurs leaders sur les marchés européens, voire mondiaux. Il est donc nécessaire d’envisager le
développement du secteur de manière durable, et d’affirmer une véritable ambition atlantique
au niveau international.
Cette étude répond à 4 objectifs principaux :
• Dresser un état des lieux des activités nautiques de la façade atlantique
• Identifier les grands enjeux, analyser les leviers de développement et de valorisation du secteur nautique (recherche et innovation, tourisme, formation, …), et étudier les interactions
existantes entre ces différents leviers.
• Identifier les interactions entre le nautisme et les autres activités économiques des 4 régions
maritimes (le nautisme comme facteur d’attractivité pour d’autres activités économiques).
• Apporter des solutions interrégionales aux problèmes identifiés, faire des préconisations en
termes de coopération pour valoriser la filière à l’échelle des 4 régions.
Rapporteur : M. Alain LE MENN
Contact : Conseil économique et social
Tél : 02 99 87 17 60
Mel: [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site www.cesr-bretagne.fr
PUBLICATIONS
Contribution du CESR de Bretagne au débat sur la réforme territoriale
Le Conseil économique et social de Bretagne appelle au renforcement de la Région, collectivité
territoriale, afin d’appuyer le dynamisme du développement économique et social régional.
Dans cette contribution, il met en avant plusieurs préconisations pour clarifier les compétences
entre l’État et les collectivités territoriales. Il propose notamment que la notion de « chef de file
» soit mieux valorisée et que les procédures d’expérimentations soient simplifiées pour faire de
la Région un échelon stratégique incontournable.
Il souligne le nécessaire renforcement de la démocratie locale et insiste sur la complémentarité
entre l’assemblée élue représentative (Conseil régional) et l’assemblée consultative (Conseil
économique et social) pour valoriser au mieux, l’apport des corps intermédiaires représentatifs
de la société civile organisée.
Rapporteur : M. Alain EVEN
Contact : Pierre LE FOLL, Directeur du CESR
Tél : 02 99 87 17 61
Mel: [email protected]
Consultez le rapport du CESR sur le site www.cesr-bretagne.fr
Travaux en cours au CESR de Bretagne
Plusieurs rapports sont en préparation au CESR
❚ Paru en octobre 2009 :
❚ Et pour 2010 :
- « Pouvoirs et démocratie en Bretagne, à l’épreuve
du changement climatique, à l’horizon 2030 »,
contribution de la section « Prospective » qui a fait
l’objet d’une présentation en Assemblée plénière le 12
octobre 2009.
- « Le développement humain durable par le sport
et l’activité physique en Bretagne », rapport de la
commission Qualité de vie, Culture et Solidarité qui
sera présenté en session plénière en février 2010.
❚ A paraître en décembre 2009 :
- « De l’élaboration de l’offre de formation continue
à l’insertion professionnelle : l’exemple du
Programme régional des stages du Conseil régional
de Bretagne», rapport de la commission Formations,
Enseignements supérieurs qui sera présenté en Session
plénière le 7 décembre 2009.
- Dans le cadre du réseau transnational atlantique des
socioprofessionnels qui regroupe 6 Conseils économiques
et sociaux régionaux français (dont le CESR Pays de la
Loire) et leurs homologues de la Façade Atlantique (du
Pays de Galles au Portugal), le CESR de Bretagne participera à la rédaction d’un rapport sur Les énergies marines
qui sera présenté en session plénière en février 2010.
Dans le prochain numéro de l’avis régional
❚ Synthèses des rapports :
- Les éco-activités, une opportunité de croissance et de développement durable pour la Bretagne
- Une politique énergétique pour un développement durable de la Bretagne
- Pouvoirs et démocratie en Bretagne, à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030
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Le Conseil économique et social de Bretagne :
Une assemblée consultative
au service de la démocratie locale
Deuxième assemblée de la Région Bretagne, le Conseil économique et social régional (CESR) a une fonction
d’avis sur le budget du Conseil régional et ses politiques ainsi que sur des politiques de l’Etat en région.
Par son droit d’autosaisine, il émet de sa propre initiative des avis et des vœux sur toute question relevant
d’un intérêt régional.
Le CESR élabore, sous forme de rapports, des réflexions et propositions sur des sujets qui concernent
les domaines de la « formation et de l’enseignement supérieur », du « développement économique et
de la recherche », de « l’aménagement du territoire et de l’environnement » et de « la qualité de la vie,
de la culture et des solidarités ». Il suit tout particulièrement les questions relevant de la « mer et du
littoral » et cherche aussi à anticiper les évolutions futures et il réalise des études prospectives d'intérêt
régional. Dans le cadre de ses travaux il participe à la mission d’évaluation des politiques publiques.
Le CESR est une assemblée ouverte aux coopérations par sa représentation dans plus de 60 organismes
extérieurs régionaux.
Il mène une démarche de coopération active avec les autres Conseils économiques et sociaux de
France et européens de l’Arc Atlatique.
Les 113 membres qui constituent le CESR sont des acteurs du tissu économique et social de la
Bretagne, ils représentent tous les courants de la société civile. Désignés par le Préfet de région sur
proposition des organismes socioprofessionnels représentés, ou au titre de personnalité qualifiée, ils
sont répartis en quatre collèges.
Les activités du CESR se déroulent en assemblée plénière, en Bureau et dans des travaux réalisés en
commissions et sections… Une présentation plus détaillée, sa composition, son actualité et les rapports
préparés selon une méthode très participative et adoptés en assemblée plénière sont accessibles à tous
sur le site, cesr-bretagne.fr. Une synthèse est présentée dans la revue « l’Avis régional ». Ces publications
donnent lieu à des forums de présentation et de débats.
Tous les rapports du CESR peuvent être :
- Téléchargés sur le site internet : www.cesr-bretagne.fr
- Envoyés gratuitement sur demande
- Présentés publiquement sur demande
7, rue du Général Guillaudot - 35069 Rennes Cedex
Tél : 02 99 87 17 60 - E-mail : [email protected]
www.cesr-bretagne.fr
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