1983
PREMIERE
SAISON
1984
Le
Théâtre
de
l'Europe
est
né.
Il
est
devenu
réalité
et
non
plus
une
idée
ou
un
désir.
C'est
un
pas
vers
la
connaissance
des
hommes,
un
geste
pour
affirmer
de
nouveau
l'identité
culturelle
des
européens,
une
identité
multiple,
complexe,
contradictoire
et
qui
pourtant
est
reconnaissable
comme
un
fil
rouge
qui
tramerait
notre
histoire.
Dans
cette
première
saison
seront
présentées
des
voix
de
différents
poètes
et
pays.
Dans
le
futur,
d'autres
voix,
d'autres
pays,
d'autres
langues
alterneront
sur
la
scène
du
Théâtre
de
l'Europe,
théâtre
ouvert
à
la
poésie,
à
la
vérité,
à
l'amour,
qui
n'ont
aucune
frontière.
La
France
a
voulu
accomplir
ce
geste
dans
un
esprit
libre
en
créant
un
organisme
public
dédié
à
l'Europe
de
la
créativité
et
du
talent.
C'est
à
elle
que
s'adresse
notre
gratitude.
Bien
que
varié,
notre
programme
présente
une
unité
de
fond.
Les
œuvres
représentées
traitent
de
certains
thèmes,
elles
interrogent
par
le
biais
du
théâtre
les
rapports
entre
Illusion,
Pouvoir
et
Théâtre-même.
Questions
et
réponses
s'entrecroisent
et
se
renvoient
à
l'infini.
"La
Tempête"
de
Shakespeare
est
une
réflexion
sur
l'ensemble
de
ces
thèmes.
"L'Illusion"
de
Corneille
nous
parle
de
ces
liens
mystérieux
entre
théâtre
et
illusion,
vie,
théâtre
et
vie;
"Les
lumières
de
Bohème"
de
Valle
Inclàn
de
la
confrontation
entre
artiste
et
pouvoir,
personnage
et
réalité.
Avec
"La
bataille
d'Arminius"
de
Kleist,
c'est
la
théâtralité
du
héros
démystifiée.
Dans
le
même
temps,
au
Petit
Odéon,
auront
lieu
diverses
manifestations
de
théâtre,
poésie,
musique,
en
relation
avec
les
spectacles
de
la
grande
salle
(c'est
souvent
le
cas
lors
de
l'accueil
des
compagnies
étrangères),
mais
nous
y
poursuivrons
aussi
un
travail
de
recherche
de
nouvelles
œuvres
françaises
ou
étrangères.
Un
théâtre
est
né,
une
compagnie
de
théâtre
est
née,
un
travail
culturel
neuf
avec
le
sentiment
de
l'inédit,
de
l'incertitude
et
de
l'humilité
d'apprendre
et
de
faire
mieux
demain,
non
pas
seuls,
mais
ensemble
avec
notre
public.
Ce
lien
avec
le
public
sera
pour
nous
l'acte
fondamental
de
notre
sentiment
de
théâtralité,
il
sera
aussi
dans
un
certain
sens,
notre
guide
futur!
Giorgio
Strehler
Photo
Bernand
rp
de
IT71
JhEATRECjUROPE
OD
E
ON
THEATRE
NATIONAL
GRANDE
SALLE
|
26
octobre
-
10
novembre
(20
h)
13
février
-
20
février
(20
h
30)
LA
TEMPESTA
LA
TEMPETE
de
William
Shakespeare
PICCOLO
TEATRO
Dl
MILANO
mise
en
scène
Giorgio
Strehler
COPRODUCTION
PICCOLO
TEATRO
-
THEATRE
DE
L'EUROPE
spectacle
en
langue
italienne
Créé
en
1947
par
Paolo
Grassi
et
Giorgio
Strehler,
le
"Piccolo
Theatro"
de
Milan
est
sans
aucun
doute
l'un
des
plus
célèbres
théâtres
d'Europe
aujourd'hui.
Premier
"teatro
stabile"
à
vocation
de
théâtre
populaire
à
voir
le
jour
dans
l'Italie
de
l'après-guerre,
le
Piccolo
n'a
cessé
de
voir
son
public
croître,
chaque
nouvelle
création
se
joue
à
Milan
entre
200
et
500
fois.
Depuis
son
ouverture
le
14
mai
1947,
le
Piccolo
a
créé
91
classiques
et
81
pièces
contemporaines
pour
12.367
représentations
en
Italie
et
à
l'étranger.
Giorgio
Strehler
est
depuis
1972
l'unique
directeur.
C'est
peut-être
aussi
la
compagnie
étrangère
la
mieux
connue
du
public
français,
et
surtout
du
public
de
l'Odéon,
théâtre
que
Strehler
affectionne
particulièrement.
Le
Piccolo
a
souvent
été
l'invité
à
Paris
du
Théâtre
des
Nations
puis
du
Festival
d'Automne
:
citons
pour
mémoire
"Arlequin
serviteur
de
deux
maîtres"
(Goldoni)
-
spectacle
fétiche
du
Piccolo
-
"El
Nost
Milan"
(Bertolazzi);
"Barouf
à
Chioggia"
(Goldoni);
"Les
Géants
de
la
Montagne"
(Pirandello);
"Il
Campiello"
(Goldoni);
"La
Cerisaie"
(Tchekov);
"Le
Roi
Lear"
(Shakespeare);
"lo
Bertolt
Brecht",
"La
Bonne
Ame
de
Se
Tchouan"
(Bertolt
Brecht)
etc.
LUCES
DE
BOHEMIA
LUMIERES
DE
BOHEME
de
Ramon
del
Valle
Inclàn
CENTRE
DRAMATIQUE
NATIONAL
D'ESPAGNE-
Teatro
Maria
Guerrero
mise
en
scène
Lluis
Pasqual
CO-PRODUCTION
CENTRE
DRAMATIQUE
NATIONAL
D'ESPAGNE-
THEATRE
DE
L'EUROPE
spectacle
en
langue
espagnole
Lluis
Pasqual,
31
ans,
catalan,
était
depuis
1976
membre
fondateur
et
directeur
du
Teatro
Lliure
à
Barcelone
avant
d'être
nommé
cette
année
directeur
du
Centre
Dramatique
National
d'Espagne
à
Madrid
Teatro
Maria
Guerrero
il
succède
à
José
Luis
Alonso.
"L'Espagne
est
un
vieux
pays
qui
a
la
chance
d'être
jeune;
nous
traversons
une
étape
de
reconstruction
après
quarante
ans
de
fascisme
qui
ont
détruit
trop
de
choses.
Prendre
la
tête
d'un
théâtre
national
comporte
peut-
être
ici
plus
d'espoir,
plus
d'inquiétudes,
plus
d'interrogations
que
partout
ailleurs;
c'est,
avec
une
équipe,
participer
à
cette
reconstruction
et
tenter
de
former
avec
le
public
une
assemblée
de
libre
confrontation
avec
la
réalité".
Lluis
Pasqual
Lluis
Pasqual
a
déjà
réalisé
vingt
mises
en
scène
pour
le
théâtre
ou
l'opéra
:
à
Barcelone
("Léonce
et
Léna"
de
Buchner,
"Le
Balcon"
de
Genêt,
etc.);
pour
la
Compagnie
Nuria
Espert
("Une
autre
Phèdre
s'il-vous-plait"
de
S.
Espriu,
"Medea"
de
Euripide-Sénèque),
ainsi
que
des
mises
en
scène
d'opéra
pour
le
Teatro
de
la
Zarzuela
de
Madrid
("Samson
et
Dalida"
de
Saint-Saëns,
"Falstaff"
de
Verdi),
etc.
Il
ouvrira
la
nouvelle
saison
du
Teatro
Maria
Guerrero
de
Madrid
avec
"Edouard
II"
de
Marlowe-
Brecht
avant
de
créer
pour
le
Théâtre
de
l'Europe
"Luces
de
Bohemia"
de
R.
Valle
Inclàn.
]
|
28
février-6
mars
(20
h
30)
-
|
DIE
HERMANNStHLACHT
LA
BATAILLE
D'ARMINIUS
de
Heinrich
von
Kleist
|
9
décembre
-
5
février
(20
h
L'ILLUSION
de
Pierre
Corneille
THEATRE
DE
L'EUROPE
mise
en
scène
Giorgio
Strehler
PRODUCTION
DU
THEATRE
DE
L'EUROPE
spectacle
en
langue
française
"L'ILLUSION"
-
mise
en
scène
de
Giorgio
Strehler
-
est
la
première
production,
à
part
entière,
du
Théâtre
de
l'Europe.
Si
Strehler
a
dirigé
plus
de
deux
cents
spectacles
dramatiques
ou
lyriques
dans
différents
pays,
"L'Illusion"
est
sa
deuxième
mise
en
scène
en
français
-
avec
des
acteurs
que
vous
retrouverez
sans
doute
30)
dans
les
prochains
spectacles
du
Théâtre
de
l'Europe
-
la
première
ayant
été
"La
Villégiature"
de
Goldoni,
dans
ce
même
théâtre,
pour
la
Comédie
Française.
Pourquoi
"L'Illusion"?
(Il
s'agit
bien
de
"L'Illusion
Comique"
de
Pierre
Corneille;
l'auteur
lui-
même
avait
déjà
supprimé
l'épithète
"comique"
dans
l'édition
de
1660).
La
question
contient
déjà
sa
réponse
;
rarement
une
pièce
a
mieux
fait
éclater
la
puissance
de
l'illusion
dramatique,
et
plaidé
la
cause
du
théâtre
et
des
acteurs.
SCHAUSPIELHAUS
BOCHUM
mise
en
scène
Claus
Peymann
PRODUCTION
DU
THEATRE
DE
BOCHUM
spectacle
en
langue
allemande
Claus
Peymann
a
46
ans.
Il
est,
depuis
1979,
l'un
des
directeurs
du
Schauspielhaus
de
Bochum,
direction
qu'il
partage
avec
Hermann
Beil,
Uwe
Jens
Jensen,
Alfred
Kirchner,
Rolf
Paulin
-
équipe
qui
a
succédé
à
Peter
Zadek
à
la
tête
de
ce
théâtre.
De
1966
à
1969,
il
fut
le
principal
metteur
en
scène
du
Theater
am
Turm
à
Francfort,
puis
co-directeur
de
la
Schaubuhne
am
Halleschen
Ufer
à
Berlin;
de
1974
à
1979,
il
fut
directeur
du
Théâtre
de
Stuttgart.
L'activité
du
Théâtre
de
Bochum
met
l'accent
sur
une
nouvelle
lecture
des
classiques
allemands
et
sur
la
création
d'auteurs
dramatiques
contemporains
(Thomas
Bernhard,
Heiner
Muller,
Herbert
Achternbusch,
Gerlind
Reinshagen,
Peter
Paul
Zahl,
Thomas
Brasch).
Pendant
la
saison
1982-83,
il
a
accueilli
174.000
spectateurs.
"Le
Monde",
dans
un
article
concernant
la
Ruhr,
en
vient
à
la
conclusion
suivante
:
"Le
Théâtre
de
Bochum
est
devenu
une
sorte
de
laboratoire
culturel
à
l'intérieur
de
la
République
Fédérale
Allemande".
Pendant
la
même
période,
le
Bochumer
Ensemble
sera
également
au
Petit
Odéon
il
présentera
deux
spectacles
.
|
26
octobre
10
novembre
LA
TEM
PESTA
LA
TEMPETE
de
Shakespeare
PICCOLO
TEATRO
DE
MILAN
mise
en
scène
:
Giorgio
Strehler
décors
et
costumes
:
Luciano
Damiani
musique
:
Fiorenzo
Carpi
avec
Massimo
Bonetti,
Tino
Carraro,
Marcello
Cortese,
Franco
Graziosi,
Giulia
Lazzarini,
Nello
Mascia,
Luciano
Mastellari,
Luigi
Ottoni,
Piero
Sammataro,
Ferrucio
Soleri,
Enzo
Tarascio,
Mauricio
Trombini,
Fabiana
Udenio,
Mario
Valgoi,
Augusto
Zeppetelli.
CO-PRODUCTION
PICCOLO
TEATRO-THEATRE
DE
L'EUROPE
spectacle
en
langue
italienne
ATTENTION
:
horaire
exceptionnel
-
soirées
à
20
h
-
La
Tempête
est
une
œuvre
désespérée.
C'est
le
cri
ultime
devant
l'échec
d'un
projet
humain
merveilleux
et
manqué.
C'est
l'interrogation
ultime
sur
le
destin
de
l'homme,
son
histoire,
ses
contradictions,
sa
poésie,
et
c'est
donc
une
interrogation
sur
le
théâtre
comme
parabole
la
plus
proche
qui
soit,
sur
la
vie.
Maintenant
que
nous
en
sommes
aux
dernières
répliques,
elle
nous
laisse,
non
pas
un
goût
amer,
elle
est
trop
grande
pour
cela,
mais
le
calme
sentiment
d'une
douleur
profonde,
dans
la
lueur
du
couchant,
alors
que
nous
voudrions
que
tout
naisse
dans
la
lumière
d'un
premier
jour
de
création,
une
peine
profonde
pour
ce
destin
humain
qui
cherche
si
malaisément
à
être
pour
l'homme
et
non
contre
l'homme.
Cette
Tempête
qui
s'achève
sur
le
sentiment
de
cet
échec
nous
livre
au
même
instant
la
conviction
tout
aussi
tranquille
et
profonde
que
seule
la
conquête
de
l'humain
qui
n'est
pas
seulement
pitié,
justice
ou
tendresse
mais
acceptation
de
la
réalité
humaine
comme
elle
est,
au-delà
de
l'écran
irridescent
des
grands
projets,
de
la
dure
et
mauvaise
réalité
peut
aider
véritablement
l'homme
à
prendre
le
monde
dans
ses
mains,
mais
non,
comme
il
en
a
coutume,
pour
le
détruire
et
pour
l'avilir.
Au-delà
de
ses
implications
politiques,
historiques,
artistiques,
théâtrales,
immenses,
la
Tempête
nous
apparaît
toujours
plus
comme
une
marche
vers
la
connaissance,
celle
de
son
héros
Prospéra,
vers
la
"conquête
du
réel"
:
c'est
notre
propre
marche
laborieuse
vers
la
connaissance
à
nous
autres,
interprètes
et
spectateurs.
Mais
c'est
aussi
une
grande
parabole
sur
le
théâtre.
A
côté
des
questions
pressantes
sur
la
vie,
l'histoire,
la
connaissance,
que
Shakespeare
nous
pose
dans
la
Tempête,
il
y
a
l'interrogation
sur
le
destin
de
la
théâtralité,
sur
les
raisons
et
la
façon
dont
nous
faisons
du
théâtre,
sur
ce
que
le
théâtre
pourrait
ou
devrait
être.
Giorgio
Strehler
lâlÉi
Photo
Ciminaghi
|
9
décembre
-
5
février
L'ILLUSION
de
Corneille
mise
en
scène
:
Giorgio
Strehler
décors
et
costumes
:
Ezio
Frigerio
musique
:
Fiorenzo
Carpi
Hugues
Quester,
Nada
Strancar,
Henri
Virlogeux..
(distribution
en
cours).
avec
Marc
Delsaert,
Gérard
Desarthe,
Nathalie
Nell
PRODUCTION
DU
THEATRE
DE
L'EUROPE
spectacle
en
langue
française
C'est
la
représentation
à
la
Comédie
Française
en
1937,
dans
a
mise
en
scène
de
Louis
Jouvet,
qui
remit
en
lumière
'L'Illusion".
'Le
thème
de
la
pièce
est
le
thème
du
magicien,
de
'enchanteur.
C'est
un
thème
courant
et
très
en
faveur
à
'époque,
mais
c'est
Corneille
qui,
le
premier,
devançant
de
bien
loin
Pirandello
dans
une
action
picaresque,
qui
raconte
déjà
l'aventure
du
"Gil
Blas"
de
Lesage,
nous
explique
par
paraphrase
la
magie
du
théâtre...
"Dans
l'inquiétude
qui
précède
la
première
représentation
de
l'ouvrage,
je
me
rassure
parce
qu'on
y
découvrira
peut-être
un
Corneille
que
trop
de
commentaires
et
de
programmes
scolaires,
en
voulant
le
magnifier
ou
le
monopoliser
au
profit
de
grands
sentiments
tragiques,
ont
probablement
desservi
en
le
défigurant...
"Il
ne
m'appartient
pas
de
souligner
les
qualités
de
la
pièce
et
il
n'est
pas
besoin
d'être
très
averti
et
d'avoir
l'oreille
fine
pour
entendre
les
beautés
si
diverses
qu'elle
contient,
les
tons
si
différents
qu'elle
comporte,
mais
on
me
permettra,
je
pense,
d'aimer
particulièrement
une
pièce
qui
se
termine
par
un
panégyrique
de
cette
souveraine
illusion,
de
cette
magie
surnaturelle
qu'est
le
théâtre,
de
la
poésie
dramatique
et
de
l'art
du
comédien".
Louis
Jouvet
Propos
recueillis
dans
"L'Ordre"
-
11
février
1937
Gravure
de
Callot
:
Matamore
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !