1.2 La MC et l’assurance maladie en 2010 Le paysage dans lequel opère la MC est en perpétuelle évolution. Il s’agit là d’une réalité qui nous incite à rester en mouvement, mais aussi une réalité que nous voulons nous-mêmes faire bouger. Par le biais de propositions politiques, d’accords, d’études, d’actions ciblées, de représentations dans de nombreux conseils et commissions, la MC continue à marquer de son sceau l’assurance maladie. Il s’agit ici d’un choix limité de domaines d’action, et la liste est loin d’être complète. Nous tenons bien sûr à présenter les principaux faits, mais voulons aussi mettre un certain nombre de développements en exergue, en soulignant l’implication et le rôle de la MC. Autant de choses que nous souhaitons défendre, dans le souci constant de la solidarité ! 21 PARTIE 1 : LES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS DE 2010 LE PARADOXE DE L’ASSURANCE MALADIE : DÉPENSES EN HAUSSE, BONIS TOUJOURS PLUS IMPORTANTS Depuis des décennies, les dépenses de soins de santé ne cessent d’augmenter et ce de manière soutenue. De ce point de vue, la Belgique ne se distingue pas des autres pays riches. Pendant des années, prestataires de soins et mutualités se sont battus pour dégager des moyens afin de compenser cette hausse des dépenses. Une norme de croissance élevée a répondu à cette demande. Depuis 2005, les moyens budgétaires peuvent en effet augmenter annuellement de 4,5% au delà de l’inflation. La croissance des moyens disponibles a ainsi rattrapé la croissance des dépenses. Mais ce mouvement de rattrapage semble maintenant ne plus vouloir s’arrêter. Depuis lors, les budgets annuels octroyés dépassent les dépenses de soins de santé et les marges confortables ainsi dégagées sont un incitant à davantage dépenser ; un scénario paradoxal dans un contexte de crise économique. Ces 10 dernières années, les dépenses de soins de santé ont augmenté annuellement de 4,0% (au-dessus de l’inflation). À titre de comparaison, la richesse totale de la Belgique (PIB) a progressé sur la même période de 1,5% en moyenne. Le motif principal de cette hausse est l’augmentation des prix, tant des honoraires et des salaires des prestataires de soins que des technologies médicales. De plus, le médecine a progressé et l’offre médicale s’est étoffée. Chaque année, des dizaines de nouvelles prestations et médicaments sont remboursées par l’assurance-maladie obligatoire, tandis 22 que l’offre de soins se diversifie. Enfin, le vieillissement de la population a souvent pour corolaire des besoins en soins plus importants et sur une plus longue durée. La hausse prononcée des dépenses est donc une conséquence naturelle du développement économique. Parallèlement aux relèvements successifs de la norme de croissance jusqu’à 4,5% en 2005, les dépenses ont augmenté plus lentement pendant 2 ans, élément qui est à l’origine du paradoxe actuel. En 2005, les dépenses ont été inférieures au budget prévu et, depuis lors, ce budget a été relevé de 4,5% chaque année. Cette marge a d’une part permis de financer de ‘nouvelles initiatives’ dans les soins de santé, et a d’autre part été mise en réserve de différentes manières, pour l’avenir ou pour les dépenses en dehors des soins de santé. Le budget des soins de santé 2011 a été établi par un gouvernement en affaires courantes. On s’attendait à ce que les dépenses augmentent de 5%. Cette croissance a été considérée comme acquise par tous les acteurs du secteur. Les discussions en vue de l’établissement d’un budget de soins de santé se sont donc focalisées, ces dernières années, sur la marge sans cesse croissante disponible au-delà de la tendance attendue. Mais en raison de la crise économique et des carences dans les autres secteurs, on a également réfléchi à des possibilités d’économies. La proposition des mutualités pour le budget 2011 en est la preuve. Mais les mesures d’économies prévues restent limitées à 0,5% du budget global, lequel a augmenté de 4,8%. ACCORD MÉDICO-MUTUALISTE 2011 Le 13 décembre 2010, la Commission nationale médico-mutualiste a conclu un nouvel accord 2011. Le défi, lors de ces négociations, résidait principalement dans la recherche de quelque 30 millions d’économies, assortis d’une série d’améliorations intrinsèques de notre système de soins de santé. D’importantes mesures ont été convenues en faveur des patients. Un premier point positif pour le patient concerne l’application du régime du tiers payant. Le patient ne paie ce faisant que le ticket modérateur, la partie prise en charge par l’AO étant directement payée par la mutualité au médecin. Les médecins généralistes s’engagent à appliquer systématiquement ce système à partir de 2011, sur simple demande des patients ayant un statut social ou de bas revenus. Cet obstacle financier, qui rendait l’accès aux soins de santé difficile pour ce groupe, est donc levé. A noter qu’en cas de suspicion d’abus, le médecin généraliste peut refuser l’application du régime du tiers payant. L’accord donne un signal clair aux patients et les invite à se rendre chez le médecin généraliste de garde, par exemple le week-end, plutôt que de se rendre immédiatement aux urgences pour les problèmes que peut parfaitement résoudre le médecin généraliste. Le ticket modérateur pour ces consultations diminue : les suppléments d’honoraires pour consultations urgentes sont intégralement remboursés par l’assurance maladie à partir de 2011. Enfin, la prolongation du dossier médical global (DMG) chez le médecin généraliste est simplifiée. Une fois un DMG ouvert chez son médecin généraliste, par exemple à l’occasion d’une consultation, le DMG sera automatiquement prolongé pour les deux années suivantes, sans que le patient ne doive pour ce faire se rendre spécialement à une consultation. L’accord renferme également des mesures en faveur des médecins généralistes, comme l’indexation de leurs honoraires. Les économies d’un montant de 30 millions sont atteintes chez les spécialistes, surtout concernant certaines prestations quelque peu surévaluées. INTERVENTION MAJORÉE Certaines personnes qui bénéficient de bas revenus ont droit à l’intervention majorée. Elles paient moins pour les soins de santé. Depuis le 1er juillet 2010, les chômeurs de longue durée et les ménages monoparentaux qui satisfont aux conditions de revenus peuvent également demander l’intervention majorée. MEILLEUR REMBOURSEMENT APRÈS RENVOI PAR LE GÉNÉRALISTE Depuis le 1er octobre 2010, la consultation chez certains spécialistes est mieux remboursée lorsque le patient est envoyé par le médecin généraliste. Cette règle s’applique pour les spécialités suivantes : cardiologie, dermato-vénérologie, endocrino-diabétologie, gastro-entérologie, gériatrie, gynécologie et obstétrique, médecine interne, pédiatrie, neurologie, neuropsychiatrie, ophtalmologie, ORL-otorhinolaryngologie, pneumologie, psychiatrie, rhumatologie, stomatologie et urologie. Un simple assuré bénéficie d’un remboursement supplémentaire de 5 euros pour une première consultation chez un spécialiste dans une année civile, à condition qu’il ait une lettre de renvoi du médecin généraliste. Les bénéficiaires de l’intervention majorée paient d’office un ticket modérateur moindre et bénéficient d’un remboursement supplémentaire de 2 euros. Avoir un dossier médical global est une condition supplémentaire. 23 PARTIE 1 : LES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS DE 2010 SOINS DENTAIRES Le 1er juin 2010, deux modifications sont entrées en vigueur en matière de soins dentaires : • une intervention est prévue pour le détartrage jusqu’à la zone sous-gingivale pour les bénéficiaires à partir de leur 18ème anniversaire jusqu’à leur 45ème anniversaire (au lieu de leur 40ème anniversaire) ; • une intervention est prévue pour les extractions dentaires et les sutures de plaies après extraction pour les enfants jusqu’à leur 18ème anniversaire et pour les adultes à partir de leur 55ème anniversaire (au lieu de leur 60ème anniversaire). MÉDICAMENTS En 2010, plusieurs mesures importantes ont été prises dans le secteur des médicaments, lesquelles ont fortement influencé leur prix et la manière dont ils sont remboursés. Voici un aperçu des mesures principales. BAISSE DE PRIX POUR LES « ANCIENS MÉDICAMENTS » (HORS BREVET) Le prix des médicaments dont le principe actif est déjà remboursé depuis plus de 12 ou 15 ans a à nouveau été baissé le 1er avril 2010. Après 12 ans de remboursement, le prix diminue de 15% (au lieu de 14%). Après 15 ans de remboursement, le prix diminue de 2,35% (au lieu de 2,3 %). CHANGEMENT TARIFAIRE DES MÉDICAMENTS ADMIS DANS LE SYSTÈME DE REMBOURSEMENT DE RÉFÉRENCE Pour les médicaments admis dans le système de remboursement de référence, un prix maximum s’applique depuis le 1er avril 2010. Ce prix maximum autorisé est égal à la base de remboursement majorée d’une « marge de sécurité » (égale à 25% de la base de remboursement et plafonnée à 10,80 EUR). Le 1er avril 2010, certains médicaments admis dans le système de remboursement de référence ont ainsi été ramenés à ce niveau tarifaire maximal autorisé. La base de remboursement des médicaments admis depuis plus de 2 ou 4 ans dans le système de remboursement de référence a également été baissée une nouvelle fois : 2 ans après l’admission initiale, la base de remboursement diminue de 4% (contre 2,5%) et 4 ans après l’admission initiale, elle baisse encore de 3,5%. Depuis 2010, les médicaments admis dans le système de remboursement de référence ont subi simultanément la baisse de prix 24 « anciens médicaments ». Concrètement, depuis le 1er avril 2010, le prix des médicaments admis dans le système de remboursement de référence au 1er janvier 2010, et dont le principe actif est remboursé depuis moins de 12 ans, a été baissé de 17%, tandis que le prix des médicaments remboursés depuis plus de 15 ans a baissé de 1,19% supplémentaire. MODIFICATION DE PRIX EN RAISON D’UN NOUVEAU SYSTÈME D’HONORAIRES POUR LES PHARMACIENS ET LES GROSSISTES Le nouveau système de rémunération pour les pharmaciens a été mis en place le 1er avril 2010 afin de lier les bonnes pratiques pharmaceutiques à une rétribution juste et équitable des services rendus. Par rapport à la situation initiale où la marge de délivrance des pharmaciens était en liaison directe avec le prix de vente du médicament, la réforme consiste à décomposer la rémunération des pharmaciens en : • une marge économique qui reste liée au prix ex-usine du médicament et qui doit couvrir les charges inhérentes à l’activité économique du pharmacien ; • des honoraires qui constituent la rémunération des soins pharmaceutiques de base et spécifiques et qui sont des montants fixes. La réforme a pour but : • de mettre fin, pour des raisons économiques, à l’érosion de la marge ; • de revaloriser le rôle du pharmacien vis-à-vis du patient, en liaison avec une reconnaissance accrue d’un suivi pharmaceutique de qualité comme exercé par les pharmaciens (utilisation correcte des médicaments, adhérence au traitement). En effet, le pharmacien accompagne de plus en plus souvent les patients pour une utilisation optimale des médicaments. REMBOURSEMENT DU PARACÉTAMOL GÉNÉRIQUE Depuis le 1er avril 2010, les malades chroniques bénéficient du remboursement du Paracetamol Mylan, un générique du Dafalgan, dont le ticket modérateur est 10 fois inférieur au paracétamol remboursé non-générique. Concrètement, le patient ne paie pour le Paracetamol Mylan 100 X 500 mg que 0,77 euro (statut OMNIO) ou 1,29 euro (assuré normal). Depuis le 1er décembre 2010, le paracétamol EG est également remboursé. FONDS DES ACCIDENTS MÉDICAUX Pour le patient, la loi instaurant un fonds des accidents médicaux apporte deux grands avantages : • le droit à l’indemnisation d’accidents médicaux qui ne sont pas liés à une faute d’un prestataire de soins, moyennant des conditions strictes (aussi appelé « no fault ») ; une procédure amiable de règlement de litiges via l’intervention d’un nouveau “Fonds des accidents médicaux”. ligne. C’est pourquoi, le gouvernement Flamand, en collaboration avec tous les partenaires concernés, souhaite répondre de manière adéquate et cohérente à ces évolutions. Elle a effectué un premier pas dans cette direction avec la conférence sur les soins de santé de première ligne, fin 2010. Le service défense des membres de la MC a suivi le travail parlementaire jusqu’au vote de la loi. Ont ensuite été organisées deux journées de formation (en français et en néerlandais, à chaque fois) : l’une destinée aux praticiens des accidents médicaux en mutualités, et l’autre destinée aux avocats concernés. Nos membres ont également été informés via « Visie » et « En marche », et les professionnels de santé via un supplément au MC-Informations n° 241. En tant qu’organisation de la société civile et prestataire de soins de première ligne, la MC a collaboré activement à ce congrès. A l’occasion de ses différentes interventions et contributions, elle a pu réaffirmer quelques fondamentaux concernant les soins de santé de première ligne. Il s’agissait entre autres : • d’un plaidoyer en faveur d’une approche large et intégrée des soins de santé de première ligne, prêtant attention aux soins et au bien-être ; ce avec d’autres organisations et dans un contexte pluraliste • de la demande d’aligner les nouvelles initiatives sur les structures et les formes de collaboration existantes, en les rationnalisant et en les optimalisant le cas échéant ; • du rôle central du patient/client ; • de l’importance de la promotion de la santé ; • et de l’importance des initiatives qui aident à réduire les inégalités de santé. • En interne, la MC a travaillé à l’adaptation de ses procédures et formulaires ; d’une part pour rencontrer les besoins créés par le nouveau fonds, et d’autre part pour les rendre plus accessibles ou compréhensibles par nos membres. Nous avons, à cette occasion, dépoussiéré notre règlement d’aide juridique qui ouvre à présent, dans le cadre de l’assurance complémentaire, le droit à une assistance vis-à-vis de ce nouveau fonds, dès qu’il sera implémenté. LA CONFÉRENCE FLAMANDE SUR LES SOINS DE SANTÉ DE PREMIÈRE LIGNE Diverses évolutions sociales, dont le vieillissement de la population et les avancées technologiques, auront dans un avenir proche une influence majeure sur l’organisation des soins de santé de première Les pistes politiques formulées ont clairement montré que le travail ne s’arrête pas à la conférence. La MC a expressément manifesté son intention de rester un partenaire actif du suivi donné à la conférence, tant pour l’évaluation et la codéfinition 25 PARTIE 1 : LES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS DE 2010 de propositions concrètes que dans son rôle de prestataire de soins. À cette fin, à la suite de la conférence, un groupe de travail interne sur la première ligne a démarré, représentant différents services et départements de la MC (Soins de santé, Gezondheidspromotie, MID, Direction médicale et R&D). Ce groupe de travail préparera le suivi de la conférence sur la première ligne, les textes de vision de la MC et les points de vue en la matière, tout en informant les mutualités. AIM, INAMI ET KCE En 2010, la MC a une nouvelle fois investi dans l’AIM, ainsi que dans l’échantillon permanent (EPS). Le fonctionnement de l’EPS et la collaboration positive avec les partenaires que sont l’INAMI, le KCE, le SPF Affaires sociales et le SPF Santé publique (en ce compris l’ISP) se sont poursuivis. L’exploitation intensive de l’EPS, tant par le biais des visualisations que d’extractions, démontre l’évidente valeur ajoutée de cette politique pour les acteurs belges des soins de santé. De plus en plus de tiers trouvent également le chemin de l’EPS. Cet usage par des tiers va encore se renforcer à l’avenir. 26 Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a également utilisé en 2010, à des degrés divers, les données de l’AIM et de l’EPS. Le développement et la consolidation de l’EPS ont permis de constater une diminution des fournitures exhaustives de données. Courant 2010, sur demande de l’INAMI, ont également débuté ou se sont poursuivis les éléments suivants : • Simulation d’une extension du système des montants de référence dans les hôpitaux pour les interventions standards, avec une période de carence de 30 jours avant l’admission et en incluant les hospitalisations de jour ; • À l’occasion des constatations du 7e rapport AIM sur le dépistage du cancer du sein, indiquant qu’une part non marginale du groupe cible n’a pas été atteinte après 6 années de dépistage, l’AIM a, en collaboration avec les Communautés, la Région bruxelloise et la Fondation contre le cancer, développé un instrument politique visant à accorder aux autorités respectives un accès aux caractéristiques et à la localisation • • géographique de ces femmes n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage. La méthodologie développée dans le cadre du dépistage du cancer du sein sera également utilisée pour identifier et localiser les femmes non abordées dans le cadre du (futur) dépistage du cancer du col de l’utérus ; Nouveau financement des centres de santé de quartier pour le compte de la CC OA-CSQ de l’INAMI, selon le principe que les CSQ seront financés avec une enveloppe fermée, sur la base du profil de risque des affiliés. Ce projet a pris du retard en raison d’un problème d’accessibilité identifié par l’AIM durant l’analyse préparatoire de cette étude : les bénéficiaires affiliés à un CSQ risquent de ne pas bénéficier de droits (dérivés) basés sur leur éventuelle dépendance, tant dans l’assurance maladie (forfait malades chroniques, forfait incontinence), qu’au niveau flamand (assurance dépendance), car leur degré de dépendance n’a pas été enregistré. Une concertation entre les OA et les CSQ doit résoudre ce problème d’accessibilité à l’avenir ; Le projet « Traitement des patients cancéreux en fin de vie » a été lancé en collaboration avec le Registre du Cancer. Il vise à vérifier dans quelle mesure l’offre de soins, et en particulier les soins palliatifs, a une influence sur les trajets de soins des patients cancéreux au cours de leurs 6 derniers moins de vie. Une distinction a été faite entre les cancers « chroniques » et les cancers « aigus/agressifs », sur la base du pourcentage de survie à 5 ans. La valeur ajoutée sociétale de ce projet réside dans le fait que les conclusions et les propositions politiques découlant de cette étude pourraient avoir un effet positif tant sur le plan budgétaire (diminution des hospitalisations inutiles en fin de vie) que sur le plan de la qualité de vie (accompagnement durant le décès dans un environnement familial). UNE NOUVELLE LOI EUROPÉENNE SUR LES DROITS DU PATIENT En décembre 2010, la présidence belge du Conseil de l’UE a réalisé une percée dans le dossier de la nouvelle directive européenne sur les soins de santé. Celle-ci doit apporter plus de sécurité juridique aux citoyens européens lorsqu’ils doivent bénéficier de soins de santé dans un autre pays de l’UE. La directive a été approuvée en janvier 2011 par le Parlement européen, le 9 mars 2011 par le Conseil des ministres, et publiée le 4 avril 2011. Cette loi a vu le jour après que les soins de santé aient été retirés de la directive Bolkestein, la directive européenne sur les services. À l’heure où de plus en plus de citoyens européens circulent, étudient, travaillent ou séjournent temporairement en Europe, il est tout à fait normal que les citoyens puissent également bénéficier des soins de santé lorsqu’ils en expriment le souhait. Désormais, un patient ne doit en principe plus demander l’approbation de son organisme assureur pour bénéficier de soins de santé à l’étranger, pour autant que ces soins soient également couverts par le système de son pays. Un État membre peut toutefois encore imposer une autorisation préalable si les soins requièrent un planning spécifique, ont des conséquences financières majeures, nécessitent une hospitalisation ou sont très spécialisés. Ainsi, la Commission européenne et le Parlement européen veulent éviter que le planning pour l’appareillage lourd et les infrastructures hospitalières dans un pays de l’Union ne soit perturbé par des soins transfrontaliers. Pour ces raisons, il est donc très probable que de nombreux pays européens continueront à exiger une autorisation préalable pour des soins à l’étranger. Si une autorisation doit être demandée, elle ne peut être refusée que si les soins demandés ou souhaités peuvent être accordés sur le territoire de l’État membre de l’assuré, et ce dans un délai médicalement justifié au vu de l’état de santé et de l’évolution attendue du patient. L’Europe y veillera de manière très stricte. La nouvelle loi européenne vise également à apporter plus de sécurité au patient au niveau de ses remboursements. Souvent, c’est le tarif du pays d’assurance qui servira de base de remboursement. La nouvelle loi introduit également la possibilité pour les États membres de refuser des patients étrangers en cas d’afflux trop important. Les hôpitaux belges avec de nombreux patients étrangers devront surveiller scrupuleusement les soins prodigués à ces étrangers, en vue de ne pas devoir mettre les Belges sur liste d’attente. Avec cette loi, l’Europe franchit un nouveau pas dans notre vie quotidienne. Les États membres doivent maintenant la transposer dans leurs lois et arrêtés nationaux. INTERNATIONAL : LA RÉFORME DE SANTÉ AUX ETATS-UNIS Le 23 mars 2010, le Président Barack Obama signe la première loi concernant la Réforme de santé : the Patient Protection and Affordable Care Act. Celle-ci est amendée par une loi de réconciliation budgétaire (the Health Care and Education Reconciliation Act), signée par le Président le 30 mars 2010. La loi ne sera pas appliquée dans son ensemble directement. Une partie est déjà entrée en vigueur, tandis que d’autres changements seront d’application à partir de 2014. 27 PARTIE 1 : LES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS DE 2010 La Réforme de santé a pour objectif principal de rendre le système de couverture des soins de santé financièrement plus accessible pour le patient. En échange, celui-ci se verra davantage responsabilisé (il sera, dans certains cas, sanctionné financièrement s’il ne se couvre pas pour ses soins de santé). Concernant les compagnies d’assurances privées, la Réforme se veut davantage régulatrice de leur activité, essentiellement dans l’accès à l’assurance et les services à couvrir. Le troisième volet pour la couverture des soins concerne les employeurs. Il les soutient financièrement dans l’assurance de leurs employés et dans certains cas les oblige à leurs offrir une couverture. La Réforme de santé reprend également, dans une moindre mesure, toute une série de propositions visant à renforcer l’offre de soins (essentiellement de première ligne, pour les personnes âgées et à domicile), à la rendre plus efficiente (en termes de rapport qualité-prix, via notamment le système du « payement à la pathologie » dans les hôpitaux) et à tendre vers davantage de coordination entre les prestataires de soins (pour par exemple éviter des réadmissions inutiles des bénéficiaires de Medicare à l’hôpital). 28 Selon les prévisions du CBO (Congressional Budget Office), la réforme devrait permettre de couvrir près de 32 millions de nouveaux patients d’ici 2019. Elle devrait également coûter 938 milliards de dollars (sur une période de 10 ans). Ces coûts seront financés par des mesures d’économies ainsi que par de nouvelles sources de financement. De par celles-ci, le CBO (Congressional Budget Office) estime que, sur la période 2010-2019, la nouvelle réforme de santé devrait aider à réduire la dette de l’Etat de 143 milliards de dollars. Symboliquement, la Réforme de santé est une étape importante pour les Etats-Unis. Nous pouvons espérer qu’elle servira de tremplin vers d’autres réformes allant dans le sens d’une plus grande démocratisation de l’accessibilité à des soins de qualité. En effet, tant que la logique de profit ne sera pas fondamentalement remise en question, les réformes de santé qui seront prises ne pourront durablement solutionner les grandes inégalités observées en matière d’accessibilité aux soins de santé.