Etude du Schéma Directeur d'Aménagement de la Région Economique du Sud-Ouest
La décision de réaliser des études pour l’aménagement territorial des régions économiques a
été prise dans le but de mieux valoriser les potentialités régionales, assurer l’intégration des
régions dans l’économie mondiale, tout en réalisant le développement durable et garantissant
la complémentarité et la solidarité entre les régions. Chaque région économique regroupe les
gouvernorats comparables sur le plan des ressources naturelles et humaines et confrontés aux
mêmes problématiques de développement. La région économique constitue un cadre de
référence pour la coordination entre les gouvernorats qui la composent.
La région économique Sud-Ouest regroupe les trois gouvernorats de Gafsa, Tozeur et
Kébili. Elle couvre environ 22% de la superficie du territoire national (35.854 km²). Mais sa
population représente moins de 6% de la population tunisienne (564.453 habitants en 2004).
Le poids démographique de la région est en baisse. Au recul de la natalité s’ajoute un bilan
migratoire négatif. Certaines délégations ont connu une baisse de leur population. Cette
situation démographique est le reflet de deux contraintes majeures : un milieu physique
contraignant et une situation économique préoccupante. Pourtant la région dispose de
ressources importantes et de potentialités non négligeables.
L’eau constitue la contrainte majeure au développement régional. Au nord de la chaîne de
Gafsa, les pluies sont faibles et irrégulières. La partie méridionale de la région reçoit moins de
100mm de pluies par an. L’irrigation est indispensable pour assurer une production agricole
régulière. Depuis l’Antiquité les sources ont focalisé l’installation humaine et ont permis la
création d’oasis. Cependant les ressources hydrauliques souterraines sont très peu
renouvelables. L’exploitation de ces ressources s’est intensifiée pour répondre aux besoins
croissants de l’agriculture irriguée, des agglomérations urbaines et des activités industrielles
et touristiques. La multiplication des forages et la généralisation du pompage ont engendré le
tarissement progressif et définitif des sources, la baisse des débits artésiens, l’accroissement
des coûts d’exploitation et l’augmentation de la salinité.
Les ressources en sol de la région sont faibles. Le couvert végétal est pauvre et fortement
dégradé par le surpâturage et la désertification. Les conditions climatiques rigoureuses gênent
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l’activité agricole ainsi que l’installation humaine. Il n’en demeure pas moins que la région
Sud-Ouest offre des conditions uniques en Tunisie pour l’exercice de certaines activités.
L’agriculture demeure l’activité principale dans la région Sud-Ouest, en termes d’emplois,
de revenus et d’effets induits. L’agriculture oasienne est basée sur la culture de la datte, en
particulier la variété degla de bonne qualité, qui ne peut être cultivée que dans les oasis
continentales du Jérid et Nefzaoua. L’agriculture de la région est en pleine mutation. Elle a
réalisé un développement assez important à travers la mobilisation des ressources naturelles et
des investissements publics et privés. L’économie oasienne a connu un processus de
modernisation, d’intensification et d’intégration au marché. La production et l’exportation des
dattes ont augmenté rapidement. Une industrie de conditionnement de dattes s’est développée
dans les zones de production. L’agriculture sous serres s’est développée sur la base des
ressources géothermales. L’élevage s’est également intensifié et modernisé.
Cependant la pression sur les ressources naturelles, en particulier l’eau, devient très aigue. Il
en découle une dégradation de ces ressources en terme qualitatif et quantitatif et une remise en
cause des bases même du développement agricole et économique de la région.
Le sous-sol est riche de plusieurs ressources minières et énergétiques qui ne sont pas
totalement prospectées ou identifiées. Les réserves de phosphates sont importantes.
L’extraction des phosphates, depuis la fin du 19ème siècle, a fortement marqué la zone de
Gafsa sur le plan social, économique et environnemental. La restructuration de la Compagnie
des Phosphates de Gafsa, le recours à la mécanisation et à l’exploitation de carrières à ciel
ouvert, ont amélioré la compétitivité et la rentabilité du secteur mais se sont traduits par une
baisse des emplois et une aggravation du chômage dans les centres miniers.
En dehors du secteur des phosphates, le bilan industriel de la région apparaît très modeste.
Le tissu industriel est peu étoffé. Il est composé de petites entreprises procurant peu
d’emplois, à faible technicité et mobilisant de faibles investissements. Malgré tous les
encouragements et incitations des pouvoirs publics à l’investissement industriel dans la
région, les problèmes demeurent nombreux. En fait, à l’exception de matières premières
minières (phosphate) ou agricole (dattes), la région n’offre pas de véritables avantages
comparatifs à l’implantation d’industries performantes et compétitives. C’est pour cette raison
que la région demeure peu attractive aux investissements.
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Les services ont connu un développement rapide pour répondre aux besoins d’une économie
plus diversifiée et une population plus exigeante. Le niveau de vie s’est sensiblement
amélioré. Les indicateurs de développement indiquent que la région Sud-Ouest possède un
niveau d’équipement comparable à la moyenne nationale sur le plan de la scolarisation, des
services de santé, de l’électrification, du raccordement au réseau d’eau potable et au réseau
téléphonique. Les investissements dans le secteur des services sont assez importants. Ce
secteur demeure l’un des principaux pourvoyeurs de postes d’emplois.
Le secteur du tourisme, en pleine expansion, constitue un secteur important à l’échelle de la
région, en termes d’emplois, d’investissements et d’effets induits. Les avantages et bénéfices
sur l'économie régionale sont appréciables. Beaucoup de progrès ont été réalisés en matière
d’infrastructures de transport, de capacité d’accueil et de centres d’animation. Les
potentialités culturelles, écologiques et patrimoniales sont nombreuses et variées. Cependant
elles ne sont pas complètement et convenablement valorisées. Le tourisme dans la région Sud-
Ouest demeure un tourisme de passage avec une durée de séjour limitée. Les taux
d’occupation des établissements hôteliers sont parmi les plus faibles de la Tunisie. Les
infrastructures aéroportuaires sont sous-exploitées.
L’artisanat constitue un secteur d’activité susceptible de tirer profit du développement du
tourisme saharien. La région présente une longue tradition et une grande richesse dans
différentes activités artisanales basées sur des matières premières locales. Malgré les progrès
réalisés et les multiples encouragements, le secteur de l’artisanat souffre encore de
nombreuses faiblesses au niveau de la créativité, de la formation, de la production et de la
commercialisation.
Les activités de loisirs ont une importance sur le plan social, culturel et économique. La
région dispose d’importants équipements culturels, sportifs et de loisirs. Ils sont variés et
touchent différents domaines. Ils sont en voie de modernisation et de diversification.
Cependant ces équipements demeurent inégalement répartis. Ils sont surtout insuffisamment
valorisés et utilisés.
La région a connu une amélioration assez importante en équipements socio collectifs,
notamment ceux dédiés à l’éducation et un début de structuration de l’enseignement
supérieur. Toutefois, la région souffre encore d’un manque en équipements modernes de
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haute technologie, en particulier dans le domaine de la santé et de la recherche scientifique.
Un défi majeur demeure dans l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché de
l’emploi et les impératifs d’une économie globalisée basée sur les technologies de la
communication et l’économie du savoir.
La région est caractérisée par l’ancienneté du fait urbain et l’étroite imbrication du rural et de
l’urbain dans les villes oasiennes. Le réseau urbain est relativement assez étoffé. La
hiérarchie urbaine est dominée par la ville de Gafsa et marquée par l’importance des petites
villes dont la taille n’excède pas 40.000 habitants. La base de la hiérarchie urbaine est en
revanche très réduite. De même des disparités régionales peuvent être observées : le nord du
gouvernorat de Gafsa est pratiquement vide de centres urbains.
La plupart des villes connaissent un étalement spatial excessif et une urbanisation anarchique
qui se traduisent par une faible densité du tissu urbain, un coût relativement élevé des
infrastructures et un retard dans la réalisation des équipements de base : assainissement,
éclairage public, trottoirs, revêtement des chaussées, etc. La région renferme deux types de
villes qui nécessitent des interventions et un aménagement spécifique. Il s’agit des centres
miniers et des villes oasiennes.
Pour les centres miniers, les actions nécessaires sont la diversification de leur base
économique, la création de meilleures conditions de travail et la lutte contre la pollution sous
toutes ses formes.
Pour les villes oasiennes, il s’agit de tenir compte de leurs spécificités relatives à
l’imbrication du rural et de l’urbain, Il est important de sauvegarder l'oasis en tant qu'espace
de production, de travail et de récréation. Les villes oasiennes sont un atout à valoriser, un
patrimoine à sauvegarder et des centres de vie irremplaçables dans les étendues arides. Elles
constituent un élément fondamental dans l’organisation de l’espace et l’aménagement du
territoire régional et national.
Ces dynamiques socio-économiques se sont traduites sur le plan territorial par une meilleure
intégration au territoire national. Le réseau routier est en cours de densification et de
modernisation. La région bénéficie de l’existence de deux aéroports internationaux à Tozeur
et à Gafsa. Elle est reliée par voie ferrée aux deux villes portuaires de Sfax et Gabès. La
réparation de la voie ferrée a de nouveau relié le Jérid au réseau national. Au sein de la région,
la densification et la modernisation du réseau routier a accéléré l’intégration régionale interne.
Les Chotts qui constituaient de véritables obstacles, difficilement franchissables pendant la
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saison pluvieuse, sont désormais traversés et admirés comme paysages touristiques.
Cependant le gouvernorat de Kébili qui était plus ouvert sur le Sud et l’Est est encore
insuffisamment intégré à la région Sud-Ouest.
Une progression de la mise en valeur en direction de la zone saharienne et frontalière a permis
de conquérir de nouveaux espaces de vie et de travail. Le projet de mise en valeur agricole de
Régim Maatoug constitue un véritable front pionner. Cet effort de valorisation et de
conquête de l’espace saharien mérite d’être poursuivi. La position frontière de la région
mérite d’être mieux exploitée pour renforcer la coopération maghrébine.
Compte tenu de ce diagnostic, ainsi que des conclusions et recommandations des études
consacrées à l’évaluation du 10ème Plan de développement et la préparation du 11ème Plan, et
en tenant compte du document d’orientation du 11ème Plan et de la décennie 2007-2016
discuté à l’échelle régionale le 15 avril 2006, les principales orientations d’aménagement
et de développement de la région Sud-Ouest sont les suivantes :
1. Garantir une gestion durable des ressources en eau par la poursuite et la
généralisation des programmes d’économie d’eau dans l’agriculture et les autres
secteurs, l’arrêt de toute extension de l’agriculture irriguée, le recours aux ressources
non conventionnelles et le développement d’une recherche scientifique adéquate.
2. Préservation et valorisation des ressources naturelles par la poursuite des projets
de lutte contre la désertification et de conservation des eaux et des sols, la protection
de la biodiversité dans le milieu oasien et dans les parcours.
3. Préservation et valorisation du patrimoine culturel régional. Il sagit de faire un
inventaire complet du patrimoine naturel et culturel régional (paysages naturels,
patrimoine archéologique, patrimoine nomade et oasien, patrimoine minier) et de
mettre en place une stratégie de conservation et de valorisation touristique.
4. Mise à niveau et valorisation optimale des ressources humaines. Il s’agit
d’améliorer la qualité des systèmes d’enseignement et de formation, de développer la
recherche scientifique et de l’impliquer dans des problématiques spécifiques à la
région, de promouvoir des systèmes performants de formation continue et
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