D1-UE4-Vandroux-Acidoses_metaboliques

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UE4- Rein et voies urinaires
Vandroux
Date :07 /10/15
Promo : D1
Plage Horaire : 10h45-12h45
Enseignant : Vandroux
Ronéistes :
Castori Yann
Gracienne Thomas
Acidoses métaboliques (1e partie)
I. Trou anionique
1. Définitions
2. Classification des acidoses métaboliques
3. Rapport TA/ HCO3
II. Acidoses à trou anionique augmenté
1.L’acidose lactique
A.
Mécanisme des acidoses lactiques
B.
Diagnostic des acidoses lactiques
C.
Les causes des acidoses lactiques
2.Les états de choc
3.Le déficit en thiamine
4.L’acidose D-lactique
5.L’acidose lactique congénital
6.L’intoxication au méthanol
7.L’acidocétose
A.
L’acidocétose diabétique
B.
L’acidocétose alcoolique
III. Acidoses à trou anionique normal
I. Trou anionique
1. Définitions
•
Cations et anions sont en quantité égale pour respecter l'électroneutralité plasmatique. La
différence entre anions et cations non mesurés correspond au trou anionique.
TA = [Na] – [Cl] – [HCO3] = 12 mmol/l.
Mais aussi : TA = anions non mesurés – cations non mesurés.
Si le mécanisme de l'acidose est une perte de bicarbonates, celle-ci est compensée par une
hyperchlorémie pour le maintien de l'électroneutralité = acidose métabolique
hyperchlorémique.
•
•
Le trou anionique correspond aussi aux :
Anions non mesurés
•
•
•
•
Protéines
15mEq/l
PO42 mEq/l
SO41 mEq/l
Acides organiques 5 mEq/l
•
Total
Cations non mesurés
23 mEq/l
•
•
•
K
Ca2+
Mg2+
4,5 mEq/l
5 mEq/l
1,5 mEq/l
•
Total
11 mEq/l
Trou anionique = 23 - 11 mEq/l = 12 mmol/l.
2. Classification des acidoses métaboliques
Acidose métabolique
A trou anionique élevé
A trou anionique normal
•
•
•
•
•
•
Diarrhées (par perte de bicarbonates)
Insuffisance rénale modérée
Perfusion de chlore
Compensation d'une alcalose
respiratoire
Urétérosigmoidostomie,
entérocystoplastie
Acidose tubulaire.
•
•
•
•
Acidose lactique
Acidocétose
Insuffisance rénale sévère
Intoxications : salicylés, méthanol,
éthylène glycol.
A noter qu’une perfusion de sérum physiologique peut provoquer une acidose métabolique. On
préférera donc utiliser, dans certains cas, du Ringer lactate®.
Baisse du trou anionique
• Hypoalbuminémie : l'albumine sérique contribue pour plus de moitié à la valeur totale des
anions indosés. Aussi, le trou anionique apparent peut apparaître faussement normal en cas
d'hypoalbuminémie et masquer une acidose métabolique.
•
Hyponatrémie : en cas de surcharge hydrique, l'eau libre en excès devrait faire baisser le
chlore autant que le sodium (TA inchangé). Si le chlore ne subit pas une baisse équivalente,
par exemple par augmentation de cations indosés, cela diminue le trou anionique.
Piège : lors d'une hyponatrémie, on peut avoir un trou anionique normal, alors que sans cette
hyponatrémie, le trou anionique aurait été augmenté lors de l'acidose.
Acidoses métaboliques mixtes (à trou anionique élevé ou normal)
•
•
L'acidose métabolique peut être mixte, par exemple hyperchlorémique et à trou anionique
élevé. Ex : acidocétose diabétique.
On détecte les acidoses métaboliques mixtes en comparant l'élévation du trou anionique à la
baisse du bicarbonate sérique. Il doit être inférieur à 12.
3. Rapport TA/ HCO3
Excès TA / déficit bicarbonate =
•
•
•
Quand la concentration d'un acide s'élève, la baisse du bicarbonate sérique est égale à
l'augmentation du trou anionique, le rapport excès TA/ déficit bicarbonate est de 1.
Dans l'acidose hyperchlorémique, elle est proche de 0.
Dans l'acidose mixte, le rapport indique la contribution respective de chacun des 2 facteurs de
l'acidose : un rapport de 0,5 indique une participation égale des 2 types d’acidoses.
Et, selon qu’on a 0,2 ou 0,8 on sait de quoi on se rapproche le plus.
Exemple
- TA normal (12), bicarbonate 15, le rapport excès TA/déficit bicarbonate = 0, donc on a une
acidose hyperchlorémique.
- TA de 20 et bicarbonate à 16, rapport =1, donc on a une acidose avec augmentation du trou
anionique, la surcharge acide est complète, la perte de bicarbonate ne compense pas la
surcharge acide.
- Une acidose mixte correspond à une fuite de bicarbonate + une surcharge acide.
I. Acidoses à trou anionique augmenté
1)
L’acidose lactique
• L’acide lactique est le produit de dégradation terminale du métabolisme glucidique.
• La concentration normale des lactates dans le sérum est <2 mmol/l, mais peut s’élever à 4 mmol/l
lors d’exercices physiques intenses.
• Les lactates sont normalement métabolisés par le foie, et utilisés par la néoglucogenèse ou la
production d’énergie. Le foie a la capacité de traiter jusqu’à 10 fois la production normale de lactates.
Il est donc possible d’avoir une hyperlactatémie en cas d’insuffisance hépato-cellulaire. Attention
cependant à ne pas oublier les autres causes d’hyperlactatémies (état de choc…).
La concentration d’acide lactique dans le sang résulte d’un équilibre avec le pyruvate produit par la
glycolyse ou la transamination de l’alanine.
Par la loi d’action de masse :
[Lactate] = K [Pyruvate] ([NADH] / [NAD]) x [H+]
NAD = nicotinamide-adénine dinucléotide
Cette réaction est permise grâce à la lactate Déshydrogénase (LDH). Mais plus vous avez une
concentration importante de pyruvate, de NADH et de H+ => moins cette transformation chimique
va se faire.
A.
Mécanismes des acidoses lactiques
L’acide lactique est augmenté dans le sang si :
• La concentration de pyruvate augmente sans changement de l’état redox (ex : par
augmentation de la glycolyse)
• Le métabolisme devient anaérobie : augmentant le rapport NADH/ NAD
• La concentration de protons augmente sans changement de l’état redox
Ce qui signifie que l’acidose elle-même peut entrainer une hyperlactatémie, mais généralement c’est
l’hyperlactatémie qui entraîne l’acidose.
B. Diagnostic des acidoses lactiques
• Dans les acidoses lactiques, le trou anionique est augmenté.
• En l’absence d’acidocétose ou d’ingestion de toxiques, un trou anionique >30 mEq/L traduit
probablement une acidose lactique (car il n’y a pas d’autres acidoses qui peuvent donner une acidose
aussi importante, même les très grosses acidoses de l’acidocétose diabétique ne dépasse pas 30
mEq/L normalement).
Si le trou anionique est entre 20-30 mEq/L, cela ne signifie pas nécessairement qu’existe une acidose
lactique ou une acidocétose. (Non cité)
• Le dosage de l’acide lactique doit se faire sur sang artériel (ou sur sang veineux mêlé).
Il y a 2 endroits où l’on peut demander un prélèvement pour une analyse des lactates :
- Sur le sang artériel (et pas le sang veineux),
- Sur le sang veineux mélangé (à la rigueur) : càd le sang arrivant au niveau du cœur, récolté
par cathétérisme au niveau de l’oreillette droite (pas évident en pratique clinique).
Quand vous demandez les lactates, c’est donc plus généralement les lactates artériels. Les lactates
veineux peuvent être augmentés ou diminués : s’ils sont très augmentés, on n’a à priori pas
d’augmentation de la lactatémie artérielle.
• Le sang doit être placé dans de la glace pour limiter la production de lactates par les éléments figurés
du sang. Car l’échantillon de sang va très rapidement faire des lactates par lui-même, si vous laissez
votre échantillon 2h sur la paillasse, vous aurez des lactates faussement augmentés.
C. Les causes des acidoses lactiques
Il y a de nombreuses causes aux acidoses lactiques. Il faut remplacer hypoxie par hypoxémie dans le
tableau.
Les causes fréquentes
- Avec les états de choc : défaut d’oxygénation tissulaire (pour que l’oxygène arrive aux tissus,
il faut qu’il y ait une bonne oxygénation, mais il faut surtout que le sang se déplace. Dans les
états de choc, le problème vient surtout du débit sanguin, beaucoup plus qu’un problème de
contenu du sang en oxygène).
- Le sepsis,
- La dette en oxygène (ex : qqn qui fait un infarctus du myocarde, avec une partie du cœur qui
n’est pas oxygénée pendant un certain temps, quand il va être réoxygéné aura une certaine
dette; autre ex : une personne qui court longtemps qui va se mettre en métabolisme anaérobie,
lorsqu’il va se reposer, va avoir une certaine dette en oxygène qu’il devra combler).
- Les causes toxiques et médicamenteuses (cyanure…).
La partie penser à correspond plutôt aux patients type réanimation :
- Les médicaments vasopresseurs : utilisés quand on a une diminution de pression et qu’il faut
augmenter la tension artérielle, donc on diminue le calibre des vaisseaux. On n’améliore pas
le débit mais on permet une chute moins importante de la pression artérielle. Comme le débit
reste relativement peu adapté, on a une oxygénation tissulaire qui n’est pas suffisante donc
installation d’une acidose lactique.
- L’état de mal épileptique : quand on convulse (contraction des muscles), on utilise de
l’oxygène donc on peut observer une hyperlactatémie.
- L’infarctus mésentérique (l’intestin n’est plus vascularisé). C’est la cause classique à
rechercher si vous avez une acidose métabolique dont vous n’arrivez pas à déterminer
l’origine. La première chose à faire est de rechercher des signes digestifs.
- L’ischémie de membre : car lorsque le sang revient, il y a une charge en acide.
Trop souvent évoqué dans l’acidose lactique :
- L’hypoxémie, car on dit que l’état de choc est un manque d’oxygénation. En cas d’hypoxémie,
on dit qu’il n’y a pas assez d’oxygène : dans ce cas, l’organisme va passer en anaérobiose et
crée des lactates. Mais en fait ce n’est pas tout à fait ça ! L’hypoxémie très aiguë pourquoi
pas. Sur certains patients anémiques de réa, on peut arriver à des hypoxémies très
importantes. Mais quand il y a une multi-défaillance et que le cœur marche bien, on a
rarement une augmentation de la lactatémie. Il est donc très rare que l’hypoxémie seule
entraine une acidose lactique, sauf si le débit cardiaque n’est pas adapté. Souvent c’est le
débit cardiaque inadapté (qui peut être dû à l’hypoxémie d’ailleurs, car il suffit que le patient
soit un peu coronarien pour qu’il y ait un problème, à ce moment-là on a alors l’apparition
d’une acidose lactique). C’est vraiment plus le débit cardiaque que le niveau de PO2 qui
prime dans ce cas-là.
-
L’anémie : il y a des gens qui refusent toute transfusion sanguine, notamment les témoins de
Jéhovah, certains se sont retrouvés autour de 3g d’Hb/dL en post-opératoire et n’avaient pas
d’hyperlactatémie. On peut certes dire qu’ils étaient en réa, avec un débit cardiaque suradapté, une oxygénation contrôlée, etc… Si vous vivez en dehors de l’hôpital avec 3g d’Hb,
vous aurez du mal à faire certains efforts sans faire d’hyperlactatémie. Mais sur les patients
hospitalisés, l’anémie n’est généralement pas la cause de l’hyperlactatémie. Il ne faut
s’arrêter en se disant que c’est une anémie et que c’est la cause de l’acidose lactique. Ça peut
être l’anémie, mais il y a peu de chance : il faut chercher une autre cause.
-
L’insuffisance hépatocellulaire : il n’y a pas que la cirrhose ou l’insuffisance hépatocellulaire qui peuvent provoquer l’acidose lactique. Ça peut effectivement être dû à ça, mais
il faut quand même chercher d’autres causes.
Dans les causes à ne pas négliger, il y a :
- La carence en vit B1, surtout à Mayotte (à La Réunion, surtout chez les alcooliques),
- L’acidose D-lactique,
- L’alcalose (qu’on verra par la suite).
2) Les états de chocs
Les états de chocs correspondent à une oxygénation tissulaire inadéquate (une hypoxie comme dirait
certains puristes). Il ne s’agit pas d’une hypotension ou d’une hypoperfusion. On distingue
classiquement 3 grands types de chocs :
•
•
•
Le choc hypovolémique : les pressions de remplissages sont basses, index cardiaque bas (à
cause de la loi de Starling), les résistances vasculaires élevées. Ex : hémorragie
Le choc cardiogénique : index cardiaque bas, pressions de remplissage élevées, résistances
vasculaires élevées. Ex : infarctus du myocarde
Le choc vasoplégique : index cardiaque élevé, pressions de remplissage basses, résistances
vasculaires basses. Ex : le choc anaphylactique ou le sepsis, où les vaisseaux se dilatent
Dans les états de chocs, il s’agit surtout des chocs septiques (vasoplégiques) et cardiogéniques. Il y a
à la fois une production excessive de lactates par baisse de l’oxygénation tissulaire, et diminution de
leur métabolisme hépatique par baisse du débit hépatique. Les états infectieux peuvent entrainer une
acidose lactique en l’absence d’hypotension artérielle, voire de signes cliniques de choc en rapport
avec une baisse de l’oxygénation tissulaire.
Les signes de gravité lors d’un état de choc
Il va y avoir une acidose métabolique : avec un base excess négatif, et une augmentation de la
lactatémie. Le taux de lactates lors d’un choc est un élément de mauvais pronostic.
Parfois, on peut avoir des signes de choc sans grande diminution de la pression artérielle : ce n’est
pas pour cela qu’on n’a pas d’état de choc. Il faut quand même augmenter les pressions de
remplissages pour essayer d’adapter un peu plus l’organisme à la vasodilation induite (plutôt dans
le cadre du sepsis).
3)
Le déficit en thiamine
Deuxième cause qui peut provoquer une hyperlactatémie et une acidose métabolique, c’est le déficit
en thiamine ou vitamine B1.
La carence en thiamine (vitamine B1) diminue l’oxydation mitochondriale du pyruvate. La thiamine
est un cofacteur de la conversion du pyruvate en acétylcoenzyme A. La carence en thiamine bloque
donc cette réaction et détourne les pyruvates vers la production de lactates (erreurs sur la diapo du
prof).
Si vous avez un déficit en thiamine, ça veut dire que vous allez avoir une accumulation de pyruvate.
On se retrouve dans l’équation du début du cours : comme il y a une augmentation des pyruvates, il
va y avoir une augmentation du taux de lactates. Le déficit en thiamine est facile à traiter si on sait y
penser.
L’acidose lactique des déficits en thiamine :
• Peut apparaître en l’absence de perturbation cardiovasculaire grave (pas forcément de chute de la
pression artérielle),
• Répond à l’injection de thiamine : l’injection de thiamine va être très rapidement efficace.
La carence en thiamine apparaît chez :
- Les individus en mauvais état général : dénutrition due à des maladies ou à l’alcoolisme,
- Les femmes enceintes lorsque le régime est carencé : ça dépend de l’alimentation, il y a des
alimentations qui apportent suffisamment de de vitamine B1. A Mayotte, ils ont une
alimentation à base de riz décortiqué. Si l’on mange du riz non décortiqué on a un peu de
vitamine B1. A notre époque le riz est produit non décortiqué, il n’y a plus de vitamine B1. On
ne consomme plus le même riz qui était produit il y a 150 ans. A Mayotte chez les femmes
enceintes, on observe donc une prévalence importante de déficit en thiamine.
Il faut y penser devant une acidose métabolique en l’absence de défaillance hémodynamique, ou si
l’élévation de lactates est supérieure à celle attendue par l’importance de la défaillance
cardiovasculaire.
La carence en vitamine B1 induit chez l’homme :
• Le béri-béri avec une insuffisance cardiaque et des troubles neurologiques. Ce qui fait que
pour un alcoolique qui se retrouve à l’hôpital avec une insuffisance cardiaque et une acidose
lactique, il faut penser à rajouter de la vitamine B1,
•
L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke (à long terme) qui associe des troubles de la
mémoire à court terme, une ophtalmoplégie, un nystagmus, une confusion.
4)
L’acidose D-lactique
Diapo :
• Les mammifères produisent un acide lactique lévogyre, tandis que la forme dextrogyre est produite
par la fermentation bactérienne du glucose dans le côlon, en particulier par Bacteroides fragilis et
les BGN (E.coli).
• Les méthodes de dosage standard des lactates ne mesurent que les formes lévogyres.
• A évoquer devant une acidose métabolique inexpliquée à trou anionique élevé, lors de diarrhées ou
de chirurgie intestinale lourde. Une acidose D-lactique peut être observée après résection étendue du
grêle ou bypass digestif pour obésité morbide.
Explications
Cet acide lactique dextrogyre peut être assimilé par l’organisme à partir du tube digestif. Des
pullulations microbiennes importantes qui vont former ce type d’acide lactique peuvent survenir en
post-opératoire, quand on fait des courts-circuits comme les courts-circuits intestinaux, ou alors sur
de la chirurgie bariatrique (sur des gens trop gros de manière à réduire leur poids, où l’on fait en
sorte qu’ils assimilent moins bien les aliments en faisant des courts-circuits alimentaires). Mais en
faisant cela, on développe aussi une flore bactérienne qui peut devenir très importante et qui peut se
mettre à fabriquer de l’acide lactique dextrogyre.
Ça se complique quand on a une acidose métabolique d’origine inconnue : quand vous allez faire un
dosage d’acide lactique, il ne sera pas détecté.
Puisque les méthodes de dosage standard des lactates ne détectent que les formes lévogyres, on aura
une acidose lactique qu’on n’arrivera pas à détecter. Donc à avoir dans un petit coin de l’esprit en
cas d’acidose métabolique à trou anionique augmenté sans acidose lactique augmenté sur la
biologie, chez une personne qui a subi des opérations de court-circuitages intestinaux.
5)
L’acidose lactique congénitale
Diapo pas à connaitre ! (Sauf pour ceux voulant faire pédiatre au Canada…)
Il existe aussi des acidoses lactiques d’origine congénitale, qu’on retrouve dans certaines populations.
La maladie de Leigh :
- maladie de la mitochondrie de transmission héréditaire autosomique récessive,
- due à une déficience de l’enzyme cytochrome C oxydase (COX) induisant une augmentation
d’acide lactique,
- qui se traduit par des anomalies de morphotype à la naissance, encéphalopathie avec
hypotonie, retard de développement,
- avec de possible crise acidotique : défaut de compensation respiratoire.
Des cas d’acidoses lactiques congénitales sont notamment retrouvés dans la population québécoise,
ainsi que dans des régions isolées où il a du y avoir des mariages entre cousins.
6)
L’intoxication au méthanol
On retrouve assez peu d’intoxication au méthanol à La Réunion, mais qu’on retrouve quand même
beaucoup dans les campagnes.
Info sur le métabolisme de l’alcool :
L’alcool normal est pris en charge par l’alcool déshydrogénase et donne un aldéhyde, qui ensuite va
être éliminé. Ce n’est pas l’alcool qui nous rend malade, mais cet aldéhyde. Plus longtemps vous allez
avoir cet aldéhyde, plus vous allez être malade. Parfois, vous ne vous sentez pas bien suite à une
ingestion d’alcool de manière retardée par rapport à la diminution de l’alcool dans votre sang, car
c’est plus l’aldéhyde qui cause les mauvais effets.
Métabolisme du méthanol :
Si vous prenez du méthanol, il sera pris en charge par la même enzyme (l’alcool déshydrogénase) à
la place de l’éthanol et sera transformé en aldéhyde formique, puis en acide formique qui va circuler
et entrainer une acidose. Acide formique transformé enfin en CO2 et H2O.
Cliniquement on va voir apparaître :
- des troubles de la vision : pouvant entrainer une cécité si vous avez une consommation
chronique,
- mydriase aréactive,
- coma (comme l’alcool),
- Dyspnée de Kussmaul : c’est la dyspnée de l’acidose, où l’on va de plus en plus respirer parce
qu’on élimine le CO2, puis quand on a éliminé le CO2 avec un pH qui revient à peu près à la
normale, on arrête d’avoir la dyspnée et on recommence à respirer normalement. Puis petit à
petit l’acide va s’accumuler de nouveau et la personne va se remettre à respirer de manière
importante.
- Rhabdomyolyse : destruction musculaire.
On aura un trou anionique élevé : car on rajoute de l’acide formique. Ce qui est rigolo c’est le
traitement :
• On peut faire une EER: Epuration Extra Rénale (pour éliminer le méthanol)
•
Ethanol : on rajoute de l’éthanol pour agir de manière concurrentielle avec le méthanol sur
l’alcool déshydrogénase. Le méthanol sera moins transformé, ce qui va diminuer le taux
d’acide formique.
Donc le traitement de l’intoxication au méthanol, c’est une bouteille de rhum ! =)
Dans les hôpitaux ,les cadres de santé ne comprenant pas pourquoi on donne des bouteilles
de rhum aux patients, on a donc développé des formes pharmaceutiques d’éthanol injectables,
bien sûr ça coute plus cher…
7)
L’acidocétose
Avec le diabète, l’organisme ne va pas pouvoir utiliser le glucose comme substrat, il va donc se
tourner vers les corps gras.
• Les corps cétoniques sont des acides produits par le métabolisme hépatique des acides gras, et ces
corps cétoniques qui vont s’accumuler sont des corps acides. Ils servent d’apport énergétique en cas
d’apports glucidiques insuffisants. Les 2 plus fréquents sont l’acide acétoacétique et le bhydroxybutirate, qui coexistent en équilibre avec une prédominance du b-hydroxybutyrate.
• Le trou anionique est modérément élevé (parfois normal), car les corps cétoniques sont rapidement
excrétés par les urines lorsque la fonction rénale est normale (sauf si vous avez vraiment un diabète
grave, votre rein n’arrive pas à tout éliminer, ou sauf si vous avez une insuffisance rénale). Il y a
aussi une possibilité de réabsorption du chlore (pour le maintien de l’électroneutralité), ce qui fait
que le trou anionique sera moins important que ce qu’il devrait être.
Parfois lorsque le trou anionique augmente, c’est que le rein n’est plus capable de réabsorber du
chlore.
Il y a 2 types principaux d’acidocétose : l’acidocétose diabétique et l’acidocétose alcoolique.
A. L’acidocétose diabétique
• L’acidocétose diabétique peut être considérée comme une forme exagérée de la réponse au jeûne.
Quand vous faites jeunez quelqu’un, il va produire des corps cétoniques.
Anecdote : quand l’enfant fait une crise de foie, vomit, et ne mange pas pendant plusieurs jours, les
grands-mères parlent de crise d’acétone, car à ce moment-là vous avez une odeur d’acétone
provoqué par les corps cétoniques supplémentaires.
On peut avoir des acidocétoses diabétiques dans 2 circonstances, dues à une insulinopénie (manque
d’insuline) donc :
•
Soit vous avez une prescription défectueuse d’insuline : vous êtes connus diabétique et vous
avez une aggravation de votre diabète car vous n’êtes pas suffisamment traité.
•
Soit cela va correspondre à un mode d’entrée dans la maladie diabétique : vous êtes
diabétiques et vous ne le savez pas (vous êtes bien mais comme votre sucre ne peut pas être
utilisé, votre organisme utilise vos graisses à la place).
Ex : vous êtes un/une jeune adolescent(e) vous maigrissez, vous trouvez ça très bien, et puis
tout d’un coup vous vous retrouvez à l’hôpital vous ne comprenez pas ce qui vous arrive et
on vous met sous insuline.
Autres circonstances : chez les patients jeunes avec un diabète insulino-dépendant connu, qui
pour des raisons de mode et de surpoids vont arrêter leur traitement d’insuline pour maigrir
un peu. Sauf que le temps de maigrir un peu, il se retrouve avec un pH à 6,80 et hospitalisé
pour acidocétose.
• L’acidocétose diabétique associe :
- une hyperglycémie : mais beaucoup moins importante que dans le coma hyperosmolaire,
- une acidose métabolique à trou anionique élevé,
- présence de corps cétoniques dans les urines et le sang.
Il existe des formes atypiques :
=> avec une glycémie pas très élevée : <3.5g/L,
=> avec un trou anionique quasiment normal (par réabsorption de chlore contre l’excrétion rénale des
corps cétoniques),
=> parfois on peut même avoir une alcalose.
Dans l’acidocétose diabétique, il y a plusieurs choses à traiter :
• Les pertes volumiques peuvent atteindre 15% du poids corporel; la prescription initiale prévoit
des solutés salés isotoniques. Mais attention à l’œdème cérébral : avec le départ de corps
cétoniques, l’hyperglycémie, vous allez avoir une hypovolémie, une déshydratation, ce qui
correspond à l’une des 1ères choses à traiter. Le 1er traitement de l’acidocétose, c’est la
réhydratation voire le remplissage vasculaire (solutés salés isotoniques) s’il y a une chute de
tension. Comme d’habitude un danger est l’œdème cérébral.
•
•
•
La déplétion potassique est presque constante, malgré une normokaliémie ou une
hyperkaliémie initiale due à l’acidose : 2ème chose, on a quasiment toujours une déplétion
potassique. Les personnes qui ne se connaissent pas en tant que diabétiques et arrivent en
acidocétose manquent de potassium. Comme ils sont en acidose, ils ont une hyperkaliémie
(avec 5,5-6 de potassium) donc évidemment vous n’allez pas rajouter de potassium, mais au
bout de 3-4h, vous pouvez avoir des diminutions très rapide de votre kaliémie avec risque
d’arrêt cardiaque au bout de 4h de traitement. Donc quand vous traitez une acidocétose
notamment diabétique, il faut faire des contrôles réguliers de votre ionogramme. Parce qu’au
bout de 2,3,4h il va falloir que vous rajoutiez du potassium, car avec la correction d’acidose,
le potassium qui était à l’extérieur des cellules à cause de l’insulinopénie et de l’acidose va
rentrer dans les cellules et vous allez avoir un taux de potassium plasmatique qui va être bas.
La déplétion en phosphore est fréquente :
2ème déplétion qu’on va avoir : c’est la déplétion en phosphore (fréquente)
Donc dans le protocole de traitement de l’acidocétose, il faudra aussi que vous rajoutiez du
phosphore.
(QCM examen) L’insulinothérapie doit être poursuivie jusqu’à correction de l’acidose (ou
bicar = 15) en ajoutant du glucose à la perfusion. Le traitement c’est l’insuline, puisque c’est
du diabète. L’objectif avec l’insuline n’est pas la correction de l’hyperglycémie mais la
correction de l’acidose. On doit traiter avec de l’insuline jusqu’à disparition de corps
cétoniques dans l’urine.
Au départ, vous allez prendre votre traitement de l’acidocétose, vous allez réhydrater, mettre
votre insuline en route avec de hautes doses d’insuline au départ. Très vite, votre sucre va
diminuer, votre potassium aussi donc vous allez rajouter du potassium, et votre tension va se
régulariser. Vous pouvez vous dire que le patient est à 1g/L de sucre donc c’est qu’il n’a plus
besoin d’insuline, pourtant il est toujours en insulinopénie.
Donc si vous arrêtez l’insuline à ce moment-là, le processus va reprendre, et il y aura toujours
des corps cétoniques : on ne traite pas l’acidose. Quand vous arrivez à ce stade, vous
continuez l’insuline même si le patient est à 1g/L. On peut se dire que ça va donner lieu à des
hypoglycémies, donc vous rajouter de grosse quantité de sucre de manière à pouvoir
continuer à traiter le patient par insuline pour traiter l’acidose.
ACIDOCETOSE DIABETIQUE : rapport Excès TA / déficit bicar
C’est là qu’on trouve notre formule excès de TA (trou anionique)/déficit en bicarbonates.
Si vous voulez savoir quand vous pouvez arrêter le traitement de l’acidose, vous pouvez vous
aidez de cette formule.
• Le traitement de l’acidocétose diabétique modifie le rapport TA/bicar qui doit être surveillé.
• Lors de l’hydratation et du traitement insulinique, le trou anionique au préalable augmenté
commence à décroitre (comme le rapport TA/bicar), mais le bicarbonate sérique va rester
abaissé par l’effet de dilution des solutés intraveineux; en ne surveillant que le bicarbonate,
on pourrait croire le traitement inadéquat.
• La baisse du rapport TA/bicar témoigne de la régression de l’acidose et de l’élimination des
corps cétoniques.
B. L’acidocétose alcoolique
L’acidocétose alcoolique présente plusieurs différences avec l’acidocétose diabétique.
Généralement, il y a aussi un problème de dénutrition : quand on boit, on ne mange pas.
Plusieurs facteurs de l’acidocétose alcoolique :
• Cétose de jeûne sur apport alimentaire minime,
• L’oxydation de l’éthanol en acétaldéhyde, au niveau du foie génère du
NADH, qui favorise la production de corps cétoniques (vous pourriez avoir
une hyperlactatémie),
• La déshydratation diminue l’élimination rénale des corps cétoniques.
• L’acidocétose alcoolique se développe 1 à 3 jours suivant une période de surconsommation d’alcool
(contrairement à l’acidose lactique éthylique qui survient lors de la consommation aiguë). L’acidose
peut être élevée, alors que l’alcoolémie est basse ou nulle.
L’acidocétose alcoolique n’intervient pas dans les heures où vous vous beurrez, elle survient 1-3
jours après (pas forcément le lendemain). Ce qui est important de rechercher à l’interrogatoire, c’est
s’il y a eu une beuverie 1 à 3 jours avant, ce qui veut dire qu’on peut avoir une alcoolémie nulle. Il
ne faut pas se dire que ça ne peut pas être une acidocétose alcoolique parce qu’il n’y a pas d’alcool.
• Le trou anionique est variable. Mais il reste souvent très élevé.
• La cétonémie peut apparaître insignifiante dans l’acidocétose alcoolique : le NADH engendré par
l’oxydation hépatique de l’alcool favorise la transformation d’acétoacétate en hydroxybutyrate, qui
est peu détecté par les tests colorimétriques sur bandelette.
En pratique courante, on détecte les corps cétoniques à la bandelette urinaire, qui elle détecte
l’acétoacétate (beaucoup plus que le β-hydroxybutyrate). Par rapport à l’acidocétose diabétique qui
produit plutôt de l’acétoacétate, l’acidocétose alcoolique donne plutôt du β-hydroxybutyrate, et est
donc plus difficile à mettre en évidence. On peut donc avoir des faux négatifs aux tests.
Tout ce que vous aurez c’est une acidose métabolique à trou anionique augmentée sans forcément
des lactates augmentés. C’est là que vous vous posez la question de l’acidocétose alcoolique, et
demander au patient s’il a bu 3 jours auparavant, et c’est tout ce que vous aurez.
- Une légère hyperglycémie est possible. (Non cité)
- Le traitement est finalement assez simple, il suffit de rajouter : des solutés salés et glucosés.
Remarque : après plusieurs phases d’alcoolisation (aiguë ou chronique), des lésions pancréatiques pourront
apparaitre. Le pancréas fabricant l’insuline, ces crises d’acidocétoses alcooliques, aboutiront à une
acidocétose diabétique.
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