8Corinne Paillex
L’acidose latente, un trouble
de la digestion qui
engendre des pertes économiques
L‘acidose chronique, ou latente, est un trouble de la digestion qui s‘observe de plus en plus fréquemment
dans les troupeaux laitiers, surtout ceux à forte production. Pour répondre aux besoins nutritionnels très
élevés de leurs vaches, les éleveurs doivent distribuer un régime plus riche en énergie et moins riche en
fibres.
Les troupeaux affectés par l‘acidose subissent une
diminution de l‘efficacité de la production laitière,
une détérioration de l‘état sanitaire et une aug-
mentation des mises à la réforme prématurées.
Les pertes imputables à l‘acidose peuvent atteindre
des sommes vertigineuses.
L‘acidose est un trouble de la fermentation rumi-
nale qui se caractérise par des périodes prolongées
de baisse du pH de la panse au-dessous de 5,6. Un
pH situé entre 6,0 et 6,4 est optimal pour la fer-
mentation dans le rumen et la digestion des fibres,
bien qu’il puisse fluctuer et tomber légèrement
au- dessous de 6,0 pendant de courts laps de temps.
L’acidose peut être induite par une diminution de
la dégradation des fibres et des bactéries cellu-
lolytiques et également par des apports fibreux
faibles. Cette acidité détériore l’activité microbienne
et provoque à long terme par la production
d’endotoxines, une diminution de l’immunité.
Symptômes
Généralement, la vache laitière qui souffre d‘aci-
dose n‘extériorise pas de symptômes cliniques
spé cifiques clairs. Souvent, le signe clinique le plus
commun est une diminution de l‘appétit ou une
prise d‘aliments irrégulière, de façon à abaisser de
cette manière l‘acidité de son milieu ruminal. De
plus, on observe une diminution de la rumination,
une légère diarrhée, des bouses foisonnantes con-
tenant des bulles de gaz ou la présence de grains
non digérés dans les bouses, ainsi que les taux
butyreux diminués ou faibles.
En général 3 à 6 mois après des poussées d‘acidose,
le troupeau laitier commence à extérioriser les
signes secondaires de la maladie : accès de four-
bure, perte de poids malgré une alimentation éner-
gétique adéquate et abcès d‘origine inexpliquée.
Les effets secondaires non diagnostiqués peuvent
se solder par des taux élevés de réforme.
Prévention
Le facteur qui déclenche le plus souvent l’acidose
chez la vache laitière est le passage brutal à un ré-
gime très riche en énergie, en particulier autour du
vêlage. La flore bactérienne du rumen met environ
3 semaines à s‘adapter. Il est donc recommandé
d‘augmenter la ration par paliers progressifs, pour
laisser le temps aux papilles de s’allonger, afin
d’absorber la production accrue d’AGV.