En retirant cette portion, on obtient une dette brute de l'ordre de 162 milliards, soit 54 %
du PIB. «Ce que l'on considère, c'est la dette d'une province que l'on considère comme
une entité à comparer à d'autres États sur la planète et on le fait en utilisant les données
pertinentes», a-t-il expliqué hier.
M. Gill estime d'ailleurs que le portrait le plus fidèle dressé par Québec est celui transmis
chaque année aux autorités de réglementation des marchés financiers des pays prêteurs.
En vertu de celui-ci, la dette s'élève à 60 % du PIB.
Cela ne veut pas dire que l'endettement ne soit pas un problème de taille, a tenu à
préciser l'économiste. La province, a-t-il rappelé, est la plus endettée au pays.
Néanmoins, le ratio de celle-ci par rapport au PIB a diminué de façon constante au cours
des dix années ayant précédé la récente crise économique.
Mais la croissance de ces années sera-t-elle au rendez-vous dans les années à venir,
alors que le vieillissement de la population se fera de plus en plus sentir? Le Comité
consultatif sur l'économie et les finances publiques, mandaté par le gouvernement pour
préparer une série de documents faisant état des «défis» du Québec pour les années à
venir, avait prévenu que la croissance serait plus faible pour les prochaines décennies.
«Tous les pays, et le Québec plus que les autres, font face au problème du vieillissement
de la population, a répondu pour sa part M. Gill. Il ne s'agit pas de le nier. Comment est-
ce qu'on résout cette affaire-là? Est-ce qu'on le fait en dilapidant des ressources pour
rembourser une dette? Est-ce qu'on le fait en s'abstenant d'investir dans le secteur public
sous prétexte de ne pas vouloir augmenter la dette, et on laisse ainsi aller l'économie en
décrépitude? Où est-ce qu'on accepte un certain niveau de dette?»
Et selon lui, le meilleur moyen de réduire le poids de la dette est de faire croître le PIB,
notamment en augmentant la productivité, un terrain sur lequel le Québec n'a pas excellé
depuis 30 ans. M. Gill juge toutefois possible d'améliorer la productivité en bonifiant les
investissements, particulièrement dans le secteur public. «Le plus gros risque pour les
générations futures, ce serait qu'on cesse d'investir dans les infrastructures et dans le
secteur public. On léguera alors des services publics complètement dilapidés et des
infrastructures en lambeaux», a-t-il dit.
Un discours qui rejoint évidemment celui des leaders des grandes centrales syndicales,
qui ne sont toujours pas parvenues à une entente dans leurs négociations avec le
gouvernement Charest. Ceux-ci ont d'ailleurs tous décrié les chiffres sur la dette évoqués
par ce dernier. «Quand on entend le FMI dire qu'une dette à 60 % du PIB est
raisonnable, on voit mieux pourquoi ceux qui veulent nous passer entre les dents la
couleuvre des tarifications régressives, des tickets modérateurs et autres franchises santé