
3. Le système depuis 1994
Depuis l’introduction de l’arrêté royal du 12 août 1994, l’objectif
budgétaire global de l’assurance soins de santé est ventilé
entre les différents organismes assureurs sur base de deux
clés de répartition. La première clé, la clé des dépenses, est
fixée sur base des dépenses réelles, c’est-à-dire la part des
dépenses d’un OA dans les dépenses totales. Par exemple, la
part des dépenses des MC dans les dépenses réelles de soins
de santé est de 42 % pour l’année t. Cette part représente donc
la clé de dépenses pour la MC.
La seconde clé de répartition est de nature normative et est
censée refléter les dépenses d’un organisme assureur en
fonction de la structure de sa population. Elle prend donc en
compte les différences existant entre les mutualités en termes
de risques socio-sanitaires. Par exemple, cette clé vaut pour la
MC 44 % pour l’année t.
La quotité budgétaire (la part de l’objectif budgétaire revenant
à chaque OA) est donc calculée sur base de ces deux clés
selon les proportions suivantes : 30% pour la clé normative et
70% pour la clé des dépenses.
Concrètement, si l’objectif budgétaire de l’année t est de 25
milliards, la quotité budgétaire pour la MC de l’année t est
calculée de la manière suivante :
(0,70 x 42 %) + (0,30 x 44 %)= 42,6 % de 25 milliards.
Les parts relatives de la clé des dépenses et de la clé
normative ont évolué depuis 1995, année du premier calcul de
la responsabilité financière des OA.
ce système ne fut jamais appliqué, la gestion globale de la
Sécurité Sociale continuant à honorer la totalité des paiements
occasionnés par la consommation médicale. Il n’y avait
donc aucun incitant poussant les mutualités à maîtriser les
dépenses. A titre d’exemple, avant l’instauration du mécanisme
en 1994, la Mutualité chrétienne cumulait un surplus de près
de 685 millions d’euros tandis que les Mutualités socialistes
comptabilisaient théoriquement un déficit de près de 2,075
milliards d’euros.
Il faut tout d’abord se rappeler que la sécurité sociale a toujours
été financée (bien que dans des proportions variables) par trois
sources principales : les cotisations sociales des travailleurs
et des employeurs, des subsides de l’Etat et une part de
financement alternatif (TVA, accises,...).
Avant 1994, les ressources légales des OA étaient attribuées
essentiellement sur base des ressources propres des
organismes assureurs (c’est-à-dire les cotisations de leurs
membres) sans tenir compte des besoins spécifiques des
populations affiliées. Par conséquent, une mutualité composée
de plus de personnes à faible revenu (invalides, bénéficiaires
du revenu minimum d’intégration, chômeurs…) percevait un
financement proportionnellement plus faibles en raison des
cotisations sociales moindres afférentes à cette mutualité.
L’intervention décroissante de l’Etat au fil des années n’a fait
qu’augmenter ces disparités. Via ce mécanisme de répartition
et indépendamment de leur efficacité en terme de gestion,
certaines mutualités ont accumulé au fil des années un
« déficit » comptable du fait de la structure de leur population
affiliée, déficit pris en charge par la gestion globale de la
sécurité sociale. A l’opposé, d’autres accumulaient tout aussi
fictivement des « surplus ».
Plusieurs éléments peuvent expliquer le remplacement de cet
ancien système par le mécanisme de responsabilité financière
des OA actuellement en vigueur :
• Premièrement,unevolontégénéralede«responsabiliser»
l’ensemble des acteurs du système de soins de santé dans
un contexte de restriction budgétaire et d’austérité destiné à
garantir le pérennité du système.
• Deuxièmement,démontrer symboliquement,que lesOA ne
sont pas exclus du processus de restriction budgétaire.
• Enn,unepressionde certains milieuxralliésàl’idéequ’il
existe des profils divergents (rationnellement injustifiés) de
consommation de soins de santé (parmi la population), de
prescription (parmi les prestataires) et de qualité de gestion
(entre les OA). La responsabilisation financière des OA
aurait dû avoir pour conséquence de pousser ces dernières
à mettre en œuvre des mécanismes visant à réduire les
disparités existantes : gestion plus efficace, promotion de
soins moins coûteux à qualité équivalente, réduction de la
surconsommation médicale….
Phase Clé normative Clé dépenses
1995-1996-1997 10% 90%
1998-1999 20% 80%
Depuis 2000 30% 70%
Tableau 1 : Evolution des clés de répartition
A la clôture des comptes, si les dépenses réalisées par un OA
dépassent sa part théorique du budget (sa quotité budgétaire),
l’OA prend en charge 25 % de cette différence. A l’inverse,
lorsque les dépenses sont inférieures au budget, 25 % du boni
dégagé par la mutualité est versé au fonds spécial de réserve
pour la responsabilité financière. Tout comme les clés de
répartition, la part à charge ou revenant aux OA a évolué depuis
1995.
MC-Informations 252 • juin 2013
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