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Service de la recherche FTQ – Une politique industrielle du 21e siècle
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La relance du secteur manufacturier passe nécessairement par la fabrication de produits à forte valeur ajoutée
ou de produits de niche (créneaux). C’est ainsi que le Québec saura se démarquer de ses concurrents de
production de masse.
Bien que nous souhaitions que la politique industrielle cible davantage les activités manufacturières, il faut faire le
constat que les grands secteurs économiques sont de plus en plus intégrés et qu’il est contre-productif de les
opposer. Ainsi, le secteur manufacturier ne peut se déployer entièrement sans la contribution d’entreprises du
secteur des services (les entreprises exploitant les ressources naturelles sont souvent des fournisseurs de
matières premières; l’industrie du transport est essentielle pour livrer localement les marchandises mais aussi
pour les exporter; etc.). Bref, la « valeur » du manufacturier est étroitement liée à celle des services.
3. La transformation : le nerf de la guerre!
À l’intérieur de ce grand secteur de la fabrication, la FTQ est d’avis que la transformation et la valorisation des
ressources naturelles est un volet essentiel d’une politique industrielle. Miser sur les activités de 2e et 3e
transformation est une approche structurante, car elle fait émerger de nouvelles activités ou même de nouveaux
secteurs créateurs de valeur ajoutée, de même que des emplois de qualité.
Le Québec ne peut se satisfaire d’un modèle économique où des minières extraient notre minerai pour le
transformer ailleurs, se privant ainsi de retombées économiques de taille. Nous devons nous servir des
ressources naturelles, notre richesse collective, comme tremplin pour développer un secteur manufacturier de
pointe. Sans exiger la transformation pour l’ensemble de la production des ressources naturelles, nous croyons
que des efforts devront être consacrés pour développer des filières assurant un maximum de retombées
économiques parce qu’il y a, à la clé, des milliers d’emplois en jeu.
Or, depuis plus d’une décennie, on constate qu’il existe de moins en moins d’activités de transformation au
Québec, ce qui est assez alarmant. Voici quelques statistiques glanées auprès de notre syndicat affilié, le Syndicat
des Métallos.
La performance du Québec en ce qui a trait à la transformation du fer est très faible : seulement 11 % du
minerai est transformé chez nous. Depuis les 20 dernières années, on constate que le secteur de la sidérurgie
périclite. Alors que 4 700 personnes y travaillaient en 1991, cette industrie embauchait, en 2011, seulement
1 800 personnes. Même scénario du côté de la fabrication de produits en acier, où le nombre d’emplois est
passé, pour la même période, de 2 500 à seulement 880 emplois.
Autre exemple : ArcelorMittal hésite depuis plus de cinq ans à investir dans son aciérie de Contrecœur. Voilà
plus de quatre ans que le Syndicat des Métallos fait des pressions pour que l’entreprise honore son engagement
pris en 2007 d’investir dans un laminoir à poutrelles. Mais en même temps, la compagnie projette d’augmenter
de 15 à 24 millions de tonnes sa capacité d’extraction sur la Côte-Nord. Dans le cas du nickel, le résultat est
peu reluisant : aucune transformation n’a lieu sur le territoire. Sa route le mène de la mine Raglan, dans le Nord
québécois, jusqu’en Ontario, puis en Europe où il est transformé.
On note, par ailleurs, que l’existence de circuits de transformation est garant d’une vitalité économique future.
Ainsi, dans le cas des minerais pour lesquels le Québec a réussi à établir des circuits de transformation, dans le
passé, de grandes entreprises ont continué à prospérer malgré la fin de la durée de vie de la mine. En effet, selon
le type de ressource, le Québec importe du minerai pour alimenter ces entreprises. C’est le cas pour le zinc,
alors que les travailleurs et les travailleuses de l’affinerie CEZ, à Salaberry-de-Valleyfield, en transforment deux
fois plus que ce qui est extrait du sol québécois.