cabinet Transplantation cardiaque et assistance circulatoire mécanique Situation actuelle et perspectives (2e partie) Paul Mohacsia, Mario Stalderb, Michele Martinellia,Thierry Carrelb Schweizer Herz- und Gefässzentrum, Inselspital, Bern Universitätsklinik für Kardiologie b Universitätsklinik für Herz- und Gefässchirurgie a Quintessence P Les progrès dans le traitement médicamenteux, dans les techniques électrophysiologiques (défibrillateur implantable pour protéger des arythmies dangereuses ou pacemaker pour resynchronisation cardiaque) et finalement dans les pompes cardiaques mécaniques (Ventricular Assist Devices – en abrégé VAD) offrent aujourd’hui heureusement de plus en plus d’alternatives et font que la transplantation cardiaque peut souvent être évitée ou retardée. Ces concepts pallient également le manque cruel de donneurs. Comme les pompes mécaniques ne font pour le moment que repousser le problème dans le temps, le traitement des jeunes patients surtout ne comporte souvent pas d’autre choix que la transplantation cardiaque. P En fonction du groupe sanguin et du poids, il faut prévoir des délais de longueur variable. L’expérience montre que pour les patients des groupes O ou B par ex., ou ceux pesant plus de 90–100 kg, les délais avant d’avoir un organe qui leur convient sont nettement plus longs. Ils doivent parfois (par ex. en cas de manifestation de lésions organiques graves mais potentiellement réversibles du foie, des reins et des poumons) d’abord être stabilisés par un système d’assistance cardiaque mécanique avant leur transplantation (bridge to transplant), ce qui implique un risque opératoire accru vu qu’une telle mesure signifie une opération cardiaque de plus. Le recours de plus en plus fréquent à des pompes cardiaques (ou Ventricular Assist Devices, VAD) améliore il est vrai les situations aiguës – pour autant que l’implantation réussisse – mais est grevé d’une mortalité de 10 à 20% en fonction de la sévérité de l’insuffisance cardiaque et de conséquences (insuffisance rénale et népotique, complications pulmonaires). Les dons de cœur en diminution constante depuis des années et les délais toujours plus longs pour les candidats toujours plus nombreux à une transplantation ont stimulé la recherche d’alternatives thérapeutiques ces 10–15 dernières années. Des appareils miniaturisés intégralement implantables sont actuellement mis au point, vu qu’en plus de leur grande fiabilité technique et de leur efficacité ils doivent contribuer à ce que les patients aient une qualité de vie acceptable. Paul Mohacsi Les auteurs certifient qu’aucun conflit d’intérêt n’est lié à cet article. Indications à une assistance cardiaque Une assistance mécanique de la circulation est indiquée chez les patients en insuffisance cardiaque à un stade avancé avec menace d’insuffisance multiorganique, de même que chez ceux en choc cardiogène de toute étiologie chez lesquels tous les traitements standards (méVous trouverez les questions à choix multiple concernant cet article à la page 92 ou sur Internet sous www.smf-cme.ch. dicamenteux, par ICD/resynchronisation et chirurgie conventionnelle) ont été épuisés. Les buts envisageables d’une assistance circulatoire sont: 1. Attente d’une autre décision (bridge to decision); 2. Attente de la récupération d’organes (bridge to re­ covery); 3. Attente avec VAD d’abord à court puis à long terme (bridge to bridge); 4. Attente d’une décision définitive – une transplantation est-elle possible? (bridge to candidacy); 5. Attente d’une transplantation cardiaque (bridge to transplant); 6. Substitution d’organe définitive (destination therapy ou alternative to transplantation). Financement et perspectives des techniques d’assistance circulatoire Parmi les buts d’une assistance circulatoire discutés auparavant, il semble clair que l’indication à une assistance circulatoire à long terme est actuellement étroitement liée à l’indication à une transplantation cardiaque. Le nombre d’assistance circulatoire à long terme (en considérant l’indication «bridge to transplant») est limité par le nombre de cœurs à disposition qui reste à peu près constant ou est en légère diminution. A notre avis, les systèmes d’assistance circulatoire à long terme ne doivent être implantées que dans des centres qui peuvent aussi offrir la transplantation par la suite. Leurs résultats (comme ceux obtenus après transplantation) sont étroitement liés à l’expérience du centre [1]. Cette implantation (env. 280 000 francs suisses) est actuellement payée pour un tiers par les caisses maladie et pour les deux tiers par le canton de domicile du patient. La «destina­ tion therapy» (DT) n’est pas encore reconnue en Suisse (ce qui est déjà le cas en Allemagne, en Autriche, aux Etats-Unis et au Canada). La maxime dans ces pays est que les patients doivent avoir accès au meilleur traitement possible et que la DT est une alternative valable. Comme les systèmes d’assistance circulatoire sont techniquement de plus en plus sûrs et petits, et que l’espérance et la qualité de vie des patients assistés par un tel système sont censées être améliorées, une DT devrait à notre avis absolument être possible en Suisse aussi. Mais la question cruciale est de savoir ce qu’est un traitement le meilleur possible. Le maximum est-il l’optimum? La pose de l’indication avec une certaine retenue après discussion préalable approfondie avec le patient et son médecin traitant est donc très importante. Forum Med Suisse 2011;11(6):98–102 98 cabinet Figure 1 Critères d’insuffisance cardiaque d’INTERMACS. Le financement des systèmes d’assistance circulatoire à long terme (DT y c.) et des transplantations cardiaques doit être réexaminé et reprécisé dans un proche avenir. Il n’y a aucune raison à ce que les techniques de substitution cardiaque ne puissent être incorporées dans le cadre de Swiss-DRG. Les frontières cantonales tomberaient enfin du même coup. Il vaut la peine de relever que l’Allemagne ne connaît pas de frontières entre les Bundesländer en matière de santé publique, comme c’est encore le cas en Suisse. Il règne en Suisse dans ce domaine une «économie dirigée» qui permet à chaque canton de dicter l’endroit où un patient gravement malade doit être traité. Il n’y existe donc pas de libre choix du médecin ni du centre, et ceci dans des situations exceptionnellement délicates, pour lesquelles l’expérience en matière de transplantation et de cœurs artificiels est particulièrement importante. Il existe depuis quelques années des situations gênantes avec des patients voulant être traités au centre X par exemple. mais qui n’ont pas obtenu l’accord du service du médecin cantonal de leur canton de domicile. La raison étant que le service universitaire cantonal proposait aussi des techniques de substitution cardiaque. Le Canada est environ 240 fois plus grand que la Suisse. Malgré cela les patients de Colombie britannique peuvent se faire traiter en Ontario (et inversément). Dans ce sens il est difficile d’espérer qu’en 2012 les frontières cantonales vont enfin tomber pour les prestations de médecine hautement spécialisée. Un autre fait est également incompréhensible: pour les techniques de substitution cardiaque c’est la neutralité de classe des caisses maladie qui est valable: pour les techniques de substitution cardiaque les patients privés (ou les hôpitaux) ne sont pas mieux remboursés que ceux qui sont au bénéfice d’une assurance de base. Les parties payantes semblent avoir très peur que l’établissement des techniques de substitution cardiaque fasse considérablement augmenter les coûts pour les assurés. Ils ne tiennent pas compte du fait que leurs coûts sont très faibles comparativement à ceux occasionnés par ex. par les patients souffrant d’une insuffisance cardiaque et nécessitant de multiples hospitalisations chaque année. Les Etats-Unis ont calculé que les coûts d’une implantation de LVAD avec sortie du patient de l’hôpital après 40 jours déjà sont inférieurs à ceux d’un patient séjournant aux soins intensifs. Par rapport aux coûts de l’implantation d’un défibrillateur (ICD) à titre prophylactique l’effet d’une assistance circulatoire à long terme sur la prolongation de la vie nous semble parfaitement compétitif (à qualité comparable avec la transplantation). Comparativement au nombre d’implantations de tels systèmes comme thérapie de destination effectuées aux Etats-Unis [1] le total par année en Suisse ne devrait pratiquement pas dépasser 5–10 ces 5 prochaines années. Dans ce domaine aussi il serait judicieux de limiter à 1–2 le nombre de centres autorisés à implanter ce type de systèmes en Suisse. Faute de quoi le nombre d’implantations nécessaires par centre ne sera pas atteint pour développer une expérience adéquate. Les grands centres européens ou américains implantent plus de 100 systèmes d’assistance circulatoire à long terme par an. Avec une pose d’indication critique et en suivant une stratégie claire et adaptée aux besoins des patients, ce nombre ne devra pratiquement jamais être budgété en Suisse. Bridge to decision Dans des situations d’urgence (choc cardiogène après infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque postopératoire), les VAD à court terme sont d’or. Elles peuvent stabiliser le patient et permettre d’apprécier la capacité fonctionnelle d’importants systèmes d’organes (cerveau, poumons, foie, reins). Il est surtout possible pendant ce temps d’évaluer la situation et les éventuels souhaits du patient et des membres de sa famille. Le patient peut même parfois être extubé et interrogé directement. Parmi les VAD à court terme, les systèmes tels que Cardiac Assist (TANDEM-Heart), Impella LP 5.0 ou DeltaStream (Medos) ou Levitronix CentriMag® peuvent être utilisés sans problème pendant plusieurs semaines. Bridge to recovery Sont qualifiés pour une transition jusqu’à la récupération d’organes les patients ayant un infarctus du myocarde, une myocardite, une insuffisance de la greffe (surtout ventriculaire droite) et une intoxication, ou exceptionnellement les patientes ayant une cardiomyopathie dite du postpartum [2]. Dans quelle mesure une récupération du cœur malade peut être obtenue grâce à une décharge transitoire par assistance mécanique, nul ne peut le préciser définitivement. Il n’y a actuellement aucun consensus sur des biomarqueurs reconnus comme témoins fiables du processus de récupération. Des études ont montré que sous assistance à long terme avec décharge complète du ventricule gauche il peut se produire un reverse remodelling allant de pair avec une amélioration de la contractilité du ventricule gauche. Mais une LVAD n’a jusqu’ici pu être explantée avec succès à long terme que chez 5–10% des patients Forum Med Suisse 2011;11(6):98–102 99 cabinet ayant une cardiomyopathie dilatative. A l’Hôpital de l’Ile de Berne, nous n’avons pu explanter un tel système définitivement que chez 2 patients ces 10 dernières années. Bridge to bridge La transition jusqu’à la transition concerne les patients chez lesquels au moment de la nécessité d’une assistance circulatoire mécanique il n’est pas possible d’évaluer définitivement s’il va s’agir de l’attente d’une éventuelle transplantation ou d’une récupération. Ces patients sont en majorité en choc cardiogène et l’implantation d’un système d’assistance cardiaque a été faite sous réanimation. Ils ont besoin en urgence d’une assistance efficace à court terme par un appareil implantable aussi rapidement que simplement. Au début de ce traitement, le status neurologique est souvent indéterminé. Cette assistance nous donne du temps pour évaluer l’importance de l’atteinte organique et un éventuel potentiel de récupération du cœur. Bridge to candidacy Il faut parfois davantage de temps pour parvenir à une évaluation définitive – une HTx est-elle indiquée ou non? Le patient est alors équipé d’une VAD à long terme jusqu’à par ex. qu’une hypertension pulmonaire se soit corrigée au point qu’une transplantation puisse être envisagée. Un autre rare exemple est une tumeur diagnostiquée lors d’une évaluation pour HTx et devant être opérée en premier lieu. S’il y a des doutes sur l’absence de récidive la VAD permet de gagner du temps et de suivre les recommandations des oncologues. Bridge to transplant Chez les patients au stade terminal d’une cardiopathie chronique (par ex. dilatative, ischémique, vasculaire ou congénitale) et chez lesquels l’indication à l’HTx est généralement posée, une pompe circulatoire à long terme pendant la phase d’attente est la plupart du temps indiquée. C’est notamment le cas si après avoir épuisé toutes les possibilités du traitement médicamenteux il s’agit de prévenir la progression de La substitution d’organe dél’atteinte d’autres orfinitive est actuellement le but ganes (foie, reins et ultime du perfectionnement poumons). L’expérience de systèmes d’assistance montre qu’une implancirculatoire méchanique tation la plus précoce possible est la meilleure garantie du succès de ce traitement. Dans la pratique quotidienne, ce sont surtout les patients victimes d’un infarctus étendu du myocarde ou ceux ayant une cardiomyopathie dilatative au stade terminal qui sont assistés par traitement de transition. Pour juger le moment idéal de l’implantation d’une VAD, les critères INTERMACS levels se sont imposés [3] (voir fig. 1 x). Avec les tout nouveaux systèmes, un suivi ambulatoire est souvent possible après 3–4 semaines d’hospitalisation. Dans une assistance circulatoire, une pompe mécanique assume ou assiste l’efficacité de la circulation. Cette assistance peut être de courte ou longue durée. Dans pratiquement tous les cas, c’est le ventricule gauche qui est assisté, le droit dans de très rares cas, et les deux dans 20–30% des cas. L’évaluation clinique et échographique en préopératoire de la fonction du ventricule droit et son management péri- et postopératoire sont l’un des points les plus importants d’un bon programme de VAD et demandent une grande expérience. Destination therapy Le groupe cible pour une substitution d’organe définitive (destination therapy) est jusqu’ici celui des malades ayant une indication bridge to transplant mais une contre-indication à la transplantation cardiaque, comme âge (>65–70 ans), intolérance à l’un des médicaments immunosuppresseurs pour le traitement d’autres maladies ou autres pathologies venant compliquer la situation. La substitution d’organe définitive est actuellement le but ultime du perfectionnement de systèmes d’assistance circulatoire mécanique. Le succès à long terme sera en majeure partie fonction des progrès technologiques de ces systèmes. Les résultats des toutes dernières études montrent une fiabilité toujours plus grande des pompes avec une survie à 1 an atteignant 86%; ils sont comparables à ceux après HTx. Dans un proche avenir, ce traitement pourrait être une véritable alternative à la transplantation cardiaque pour un nombre de patients toujours plus grand. Avec le vieillissement de la population et surtout le manque de donneurs d’organes, une telle alternative à l’HTx est souhaitable pour les patients de plus de 65 ans. L’un des progrès les plus importants pour un traitement de destination serait l’aptitude clinique desdits Transcutaneous Energy Transfer Systems (TETS). Ils peuvent supprimer le câble conducteur d’énergie, dont le site d’insertion est toujours le point de départ d’infections. Le câble présente des risques et ampute la qualité de vie (les patients ne peuvent plus nager par ex.). En parallèle à l’introduction des TETS, nous attendons aussi une amélioration de la technologie des batteries. En 2003, la pompe HeartMate I (XVE) a été admise par la FDA comme premier système d’assistance ventriculaire gauche pour la thérapie de destination. Les premiers systèmes étaient alimentés par de volumineuses consoles extracorporelles et les patients devaient donc rester à l’hôpital jusqu’à leur transplantation et ne pouvaient être que peu mobilisés. Les consoles sont devenues toujours plus petites, portables même et ont permis à certains patients de rentrer chez eux pendant la phase d’attente. L’étude nord-américaine REMATCH a pu montrer que les patients ayant une assistance cardiaque mécanique avaient un avantage de survie nettement plus grand et une qualité de vie meilleure que ceux Forum Med Suisse 2011;11(6):98–102 100 cabinet – infections, complication la plus fréquente chez les patients ayant un système d’assistance circulatoire et secondaire au système lui-même. Les cicatrices chirurgicales, la poche de la pompe ou les sites d’accès percutanés à la pompe peuvent s’enflammer et/ ou s’infecter; – hémolyse. Cette complication est également due à la conception de la pompe. Elle résulte de la force de cisaillement à laquelle sont soumis les érythrocytes lors de leur passage dans la pompe. Trois exemples de systèmes d’assistance circulatoire utilisés à Berne Figure 2 Système Thoratec IVAD pneumatique. chez lesquels les possibilités du traitement médicamenteux avaient été épuisées, aussi bien à 1 qu’à 2 ans [4]. Après la première génération de pompes pulsatiles, en général pneumatiques, ce sont maintenant des pompes rotatives non pulsatiles miniaturisées qui sont développées. L’une des plus convaincantes est la HeartMate II LVAS qui a reçue l’approbation pour la thérapie de destination par le FDA en 2010 [5]. Malgré une très grande sécurité de fonctionnement, de nouveaux phénomènes inconnus jusqu’ici sont malheureusement apparus ces dernières années avec les LVAD (hémorragies digestives, syndrome de von Willebrand acquis) [6]. La 3e génération de systèmes d’assistance est actuellement utilisée en clinique; il s’agit de très petites pompes rotatives construites sans chambre et avec un rotor magnétique (comme une hélice de bateau). Elles demandent moins d’entretien, sont moins agressives sur les cellules sanguines ce qui diminue le danger d’une hémolyse. En parallèle au développement de systèmes d’assistance cardiaque (VAD), des efforts de mettre au point un cœur artificiel totalement implantable (total artifi­ cial heart [TAH]) se font depuis plusieurs décennies. Au début des années 1980, le cœur artificiel total Jarvik-7 a été implanté à Salt Lake City chez quelques patients ayant une cardiopathie chronique. Depuis 1991, ce même système (maintenant appelé CardioWest) fonctionne chez plus de 500 patients dans le monde entier. Env. 75% ont ensuite pu être transplantés avec succès. Le gros inconvénient de ce système était jusqu’à récemment la très grande console qui exigeait un traitement stationnaire. Depuis 2005, nous disposons d’une console plus petite (Berlin-ExCor) qui permet de mobiliser les patients. Malgré les gros efforts de perfectionner constamment les appareils d’assistance cardiaque, certaines dangereuses complications peuvent se produire: – hémorragies, surtout en périopératoire; – complications neurologiques et thrombo-embolies; Système paracorporel de Thoratec Avec les systèmes paracorporels, la pompe elle-même et le moteur sont à l’extérieur de l’organisme. Le Thoratec PVAD peut s’utiliser comme système ventriculaire gauche ou droit et biventriculaire. Ce système a été utilisé pour la première fois en 1984 avec succès dans l’attente d’une transplantation. La pompe (ou ventricule artificiel) est placée dans la paroi abdominale sous le rebord costal. Elle se compose d’un boîtier externe rigide dans lequel une pompe ventriculaire souple, lisse et sans soudure est incorporée. Ce sachet de sang est en thoralon, un polyuréthane, censé empêcher la formation de caillots et supportant à long terme les contraintes mécaniques. Deux valves mécaniques assurent la direction du débit sanguin. Un senseur détecte quand la pompe est pleine de sang et donne à la console le signal d’éjecter le sang de la pompe dans la circulation. L’expérience clinique a montré qu’un volume d’éjection efficace allant jusqu’à 65 ml peut être atteint et donner un débit cardiaque de 4 à 7 l/min avec une fréquence d’env. 70–100/min. Comme alternative, la même maison propose aussi un système Thoratec implantable, l’IVAD. Il est conçu pour l’essentiel avec les mêmes parties que le système PAVD. Mais la pompe implantable est plus petite, pèse env. 340 g et se compose d’un boîtier en titane implanté dans la gaine du grand droit abdominal (fig. 2 x). Un suivi ambulatoire des patients est possible avec ce système. Le système Berlin Heart Excor est un autre système paracorporel à fonctionnement pneumatique. Il a été utilisé à Berne uniquement chez des patients pédiatriques car la chambre peut être adaptée (10–80 ml) individuellement aux besoins du patient. Les valves d’entrée et de sortie sont en polyuréthane et construites comme les valves aortiques ou pulmonaires. Il s’utilise généralement de la même manière que le système Thoratec PVAD. HeartMate II Avec les pompes rotatoires extracorporelles est née une nouvelle génération de systèmes d’assistance cardiaque avec débit axial. Le volume de ces pompes a pu être nettement réduit par rapport aux systèmes pulsatiles. Ces pompes travaillent avec un débit non pas pulsatile mais continu, sont mues par un impeller rotatif et peuvent aller jusqu’à 1000 rotations par minute, ce qui représente un débit théorique allant jusqu’à 8–10 l/min. Forum Med Suisse 2011;11(6):98–102 101 cabinet rotor est mû par la force électromotrice donnée par le moteur. La rotation du rotor donne la force à laquelle le sang est propulsé dans la circulation native. Figure 3 Système intracorporel HeartMate II LVAD axial. Une autre grande différence par rapport à la première génération de systèmes pulsatiles est l’absence de valves pour diriger le flux et de chambres de compliance (avec fonction de réservoir d’air). Ces appareils sont en outre nettement plus silencieux que les pulsatiles. Ils permettent de mobiliser rapidement les patients et presque sans exception de les suivre en ambulatoire, ce qui augmente leur qualité de vie. Infections et hémorragies sont plus rares qu’avec les pompes pulsatiles. Le système HeartMate II a été utilisé en clinique pour la première fois en l’an 2000. De graves complications sont survenues chez les premiers patients, la plupart du temps par formation de caillots dans la pompe ellemême. Dans les années qui suivirent, la conception et les surfaces de contact ont été revues et corrigées. Le nouveau système a été introduit en 2003 et utilisé depuis lors chez plus de 6000 patients dans le monde entier (fig. 3 x). Cette pompe est aussi électrique. Elle pèse 300 g et est raccordée à l’apex du ventricule gauche; elle est enfermée dans un boîtier en titane. Le Pompes centrifuges miniaturisées (exemple HeartWare) La toute dernière et troisième génération de systèmes d’assistance cardiaque est celle des pompes centrifuges miniaturisées. Comme celles de la deuxième génération elles ne sont pas pulsatiles et donnent un débit sanguin continu. Mais il n’est pas axial car les canules d’entrée et de sortie sont à 90°. Elles sont moins rapides et font entre 1000 et 2500 rotations par minute. Les principaux représentants de ce groupe sont notamment le système HeartWare [7], le DuraHeart LVAD et la pompe VentrAssist LVAD. Le volume réduit de la pompe permet une implantation à l’intérieur de la cage thoracique (fig. 4 x). La pompe est reliée au controller par une driveline relativement fine tunnelisée à travers le muscle. Elle sort de l’organisme dans le quadrant supérieur droit de l’abdomen. Correspondance: Prof. P. Mohacsi Schweizer Herz- und Gefässzentrum Inselspital CH-3010 Bern [email protected] [email protected] Références recommandées – Stevenson LW, Pagani FD, Young JB, , Jessup M, Miller L, Kormos RL, et al. INTERMACS profiles of advanced heart failure: the current picture. J Heart Lung Transplant. 2009;28:535–41. – Lietz K, Long JW, Kfoury AG, Slaughter MS, Silver MA, Milano CA, et al. Impact of center volume on outcomes of left ventricular assist device implantation as destination therapy: analysis of the Thoratec HeartMate II Registry, 1998 to 2005. Circ Heart Fail. 2009;2:3–10. – Rose EA, Gelijns AC, Moskowitz AJ, Heitjan DF, Stevenson LW, Dembitsky W, et al. Long-term use of a left ventricular assist device for end-stage heart failure. Randomized Evaluation of Mechanical Assistance for the Treatment of Congestive Heart Failure (REMATCH) Study Group. N Engl J Med. 2001;345:1435–43. – Slaughter MS, Roger JG, Milano CA, Russell SD, Conte JV, Feldman D, et al. Advanced heart failure treated with continuous-flow left ventricular assist device, N Engl J Med. 2009;361:2241–51. Vous trouverez la liste complète et numérotée des références dans la version en ligne de cet article sous www.medicalforum.ch. Figure 4 Système intracorporel miniaturisé HeartWare à lévitation magnétique. Forum Med Suisse 2011;11(6):98–102 102 Herztransplantation und mechanische Kreislaufunterstützung: aktueller Stand und Perspektiven (Teil 2) / Transplantation cardiaque et assistance circulatoire mécanique Situation actuelle et perspectives (2ème partie) Literatur (Online-Version) / Références (online version) 1 2 3 4 5 6 7 Lietz K, Long JW, Kfoury AG, Slaughter MS, Silver MA, Milano CA, et al. Impact of center volume on outcomes of left ventricular assist device implantation as destination therapy: analysis of the Thoratec HeartMate II Registry, 1998 to 2005. Circ Heart Fail. 2009;2:3–10. Hilfiker-Kleiner D, Meyer GP, Schieffer E, Goldmann B, Podewski E, Struman I, et al. Recovery from postpartum cardiomyopathy in 2 patients by blocking prolactin release by bromocriptine. J Am Coll Cardiol. 2007;50:2354–5. Stevenson LW, Pagani FD, Young JB, Jessup M, Miller L, Kormos RL, et al. INTERMACS profiles of advanced heart failure: the current picture. J Heart Lung Transplant. 2009;28:535–41. Rose EA, Gelijns AC, Moskowitz AJ, Heitjan DF, Stevenson LW, Dembitsky W, et al. Long-term use of a left ventricular assist device for end-stage heart failure. Randomized Evaluation of Mechanical Assistance for the Treatment of Congestive Heart Failure (REMATCH) Study Group. N Engl J Med. 2001;345:1435–43. Slaughter MS, Roger JG, Milano CA, Russell SD, Conte JV, Feldman D, et al. Advanced heart failure treated with continuous-flow left ventricular assist device, N Engl J Med. 2009;361:2241–51. Uriel N, Pak SW, Jorde UP, Jude B, Vincentelli A, Ennezat PV, et al. Acquired von Willebrandt syndrome after continuous flow mechanical device support contributes to a high prevalence of bleeding during long-term support and at the time of transplantation. J Am Coll Cardiol. 2010;56:1207–13. Wiesenthaler GM, Driscoll G, Jansz P, Khaghani A, Strueber M, HVAD Clinical Investigators. 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