2011 - 2012 Tutorat UE7 Santé Société Humanité – Correction n° 11 5 / 6
Dans la perspective d’un hospitalocentrisme de plus en plus marqué, l’hôpital s’impose non
plus comme un simple lieu d’accueil (vestige des hospitalitas) mais comme un lieu de séjour
où le patient exerce sa citoyenneté (cf. Charte du patient hospitalisé 1995).
Néanmoins, le plan pour l’amélioration de la qualité de vie (2007-11) encourage
l’éducation thérapeutique pour limiter les exacerbations et hospitalisations et favoriser la prise
en charge à domicile.
Dans un souci de gestion optimale, l’hôpital est régi par une double ligne d’autorité,
médicale et administrative (bureaucratie rationnelle de M. Weber), cependant les relations
humaines dans l’institution (et a fortiori dans le cadre de maladies systémiques) sont plus
complexes : on parle d’ordre négocié (A. Strauss).
L’hôpital est aujourd’hui une institution qui prend de plus en plus de poids, si bien qu’elle tend
parfois à devenir une institution totale. Là encore s'impose une adaptation à de nouvelles
exigences éthiques. Pour éviter la réification de la « personne malade » selon le droit de la
santé, l’architecture hospitalière est repensée pour placer la co-construction de soin au cœur
de la structure.
L’évolution de la relation de soin s’effectue également grâce à une amélioration de la
technique. L’hôpital s'adapte en prenant soin de ne pas manquer le saut technologique et
investit un argent considérable dans de nouveaux appareillages, contribuant au risque de
technocratisation du soin et au déficit budgétaire du système.
Le droit de la santé et notamment le Code de Déontologie rédigé par l’Ordre des médecins
codifie l’importance de l’Humanité dans la relation de soin. Les maladies chroniques
conduisent parfois à la fin de vie du patient, et en dépit des possibilités techniques, la loi
Leonetti condamne l’obstination déraisonnable au nom de la dignité humaine.
Le modèle de santé Bismarckien doit également s'adapter
Le système actuel est basé sur une égalité de moyens et un système de solidarité, en
fonction des besoins, au sein d’une communauté de travail (partenaires sociaux). Il a permis
une solvabilisation du soin, engendrant parallèlement un déficit budgétaire. En plus de
coûter cher, le système (essentiellement fondé sur une approche curative) encourage l’aléa
moral, parallèlement à une baisse paradoxale de tolérance envers la maladie. Il apparaît
donc comme impératif de tendre vers un nouvel équilibre afin que le système Bismarckien
reste, selon le constat de l'OMS, le meilleur au monde.
Le système de santé est devenu hybride. Il emprunte au conséquentialisme et à l’utilitarisme
anglais. Dans cette optique, les politiques de santé axent leurs actions sur des normes de
santé et la santé publique fait son apparition. Grâce à des indicateurs et des sources de
données, elle permet de générer des hypothèses de déterminants qui permettent la mise
en place et l’évaluation d’actions de santé publique (Cf. loi de Santé publique du 9 août
2004). Ces normes permettent également de lutter contre les inégalités territoriales qui
enlisent un système pourtant bâti sur l’équité.
Le système emprunte aussi au libéralisme américain en responsabilisant chaque individu
dans l’objectif de stabiliser le système actuel (stopper la progression vers une crise certaine).
Le gouvernement tente alors de faire marche arrière en adoptant l’idée d’un ticket
modérateur, et d’un déremboursement de certains médicaments, tandis que la HAS émet
des RMO pour combler le déficit.
De manière schématique, on peut dire que les normes préventives empêchent non seulement
la situation d’empirer, mais la refonte du système tend même à réparer les erreurs héritées de
l’ancien système en faisant rentrer de l’argent dans les caisses de l’état.
Même si le système de santé a su s’adapter pour solvabiliser le soin tout en épargnant les
dépenses de santé, les maladies chroniques touchant un tiers de la population française sont
incurables et restent un fléau économique pour la société française. Une conception nouvelle
des pouvoirs publics serait de chercher à réduire l’apparition de ces maladies et de leur
complications, souvent onéreuses, et par là même, à empêcher une relation de soin d’advenir.
La loi Kouchner accorde donc aujourd’hui la même importance au préventif qu’au curatif.