Réservé aux professionnels de l’investissement Analyse mensuelle de l'allocation d'actifs Avril 2016 Joost van Leenders, CFA, Économiste en chef, Solutions multiactifs Multi-asset [email protected] Duration +31 20 527 5126 Active weights Mar-16 Apr-16 Δ active weight Equities Investment grade High yield Emerging market debt Real estate LE CLIMAT D'INVESTISSEMENT EN BREF ● États-Unis : pas de récession mais une croissance modeste ● Pas encore de rebond décisif du secteur manufacturier ● La BCE et la Fed plus conciliantes ● Les marchés ont peut-être relâché leur vigilance Commodities Les marchés d'actions américains ont continué de se redresser en mars, tandis qu'en Europe et au Japon, le rebond (qui était de toute façon moins convaincant) s'est essoufflé. Les actions émergentes ont poursuivi sur leur belle lancée. Le rendement des emprunts d'État a baissé aux États-Unis, en Allemagne et au Japon. Les spreads des obligations d'entreprises se sont resserrés. D'après nous, deux grands facteurs expliquent ces évolutions : premièrement, le spectre d'une croissance atone, voire d'une récession aux États-Unis s'est éloigné ; deuxièmement, la politique monétaire pourrait relancer l'économie dans des proportions plus importantes que prévu initialement. Nous restons prudents quant aux perspectives pour la croissance économique et les bénéfices des entreprises, même si la politique monétaire n'a pas changé radicalement. Dans le sillage du rebond, nous avons procédé à une sous-pondération des actions mondiales, en particulier des actions Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 2 européennes. Nous avons réduit la surpondération des obligations à haut rendement américaines et souspondérons désormais la dette émergente libellée en devise forte par rapport aux bons du Trésor américain. Croissance modeste aux États-Unis Les marchés sont du même avis que nous, à savoir que les États-Unis ne se dirigent pas vers une récession. Nous ne voyons tout simplement pas le moindre facteur susceptible de déclencher une récession. En fait, les statistiques publiées récemment se sont avérées meilleures que prévu, à commencer par celles relatives au secteur manufacturier : le moral des industriels s'est nettement amélioré et la production s'est accélérée. Cela dit, tous les signaux ne sont pas au vert. Les commandes et les expéditions de biens d'équipement, qui faisaient du surplace depuis la mi-2014, ont fléchi récemment. Cela s'explique peut-être par des ratios stocks/ventes élevés. Le moral des ménages a atteint son plafond. Ceux-ci ne se montrent guère dépensiers. Les chiffres du PIB pour le premier trimestre n'ont pas encore été dévoilés, mais la croissance semble engluée autour du piètre niveau de 1,4% en glissement trimestriel (en termes annualisés) enregistré au quatrième trimestre 2015. Les fondamentaux des ménages tels que l'évolution de leur revenu et de leur patrimoine semblent sains, ce qui est de nature à soutenir la croissance. La modération du train de vie des ménages est une bonne chose à plus long terme, car cela atténue les risques de déséquilibres. Néanmoins, elle peut aussi empêcher une accélération de la croissance. D'après nous, le problème sous-jacent réside dans les modestes gains de productivité, un problème qui ne concerne pas seulement les États-Unis. Vers un rebond du secteur manufacturier ? En mars, l'indice ISM du secteur manufacturier aux États-Unis a bondi au-dessus du seuil des 50 points – synonyme d'expansion – pour la première fois depuis le mois de septembre. L'indice PMI du cabinet Markit, qui nous sert à calculer les agrégats pour les économies développées et l'économie mondiale, a enregistré une progression plus timide, mais les deux indices se situent désormais à des niveaux comparables, ce qui indique une modeste expansion dans le secteur. Notre indice PMI manufacturier mondial pondéré en fonction du PIB des différents pays a atteint 50,9 points en mars. La progression est modeste dans les économies développées mais plus marquée dans les marchés émergents. Dans les marchés émergents, l'indice a atteint les 50 points après quasiment un an en terrain synonyme de contraction de l'activité. Les statistiques relatives à la production ont elles aussi enregistré un frémissement récemment. La croissance annuelle est devenue positive en Corée du Sud, au Chili et en Inde et la contraction de l'activité s'est atténuée à Taïwan et en Russie. On peut y voir le signe d'une embellie sur le front de la croissance économique mondiale. Toutefois, la stabilisation de l'économie chinoise ne saute pas aux yeux et certains indicateurs avancés de la zone euro ont atteint un pic. En outre, dans la mesure où nous avons assisté à d'autres mini-cycles dans le secteur manufacturier ces dernières années, il faudra davantage d'éléments tangibles pour que nous devenions plus optimistes quant à la croissance mondiale. La politique monétaire toujours et encore Malgré toutes les spéculations sur un nouvel assouplissement monétaire de sa part en mars, la BCE est parvenue à surpasser les attentes des participants au marché, même si leur réaction a été mitigée dans un premier temps. Certes, l'efficacité de ce nouvel assouplissement reste à démontrer dans la mesure où les taux d'intérêt sont déjà très bas. Néanmoins, l'accroissement de l'enveloppe mensuelle consacrée aux achats d'actifs à 80 milliards d'euros, l'élargissement du périmètre des actifs éligibles à certaines obligations d'entreprises et la nouvelle série d'opérations de refinancement permettant aux banques d'emprunter à des taux nuls, voire négatifs, sont autant de mesures qui devraient avoir un impact positif, ne serait-ce qu'à la marge. Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 3 Quant à la Réserve fédérale américaine (Fed), sa présidente Janet Yellen a surpris par le ton conciliant de ses propos dans un récent discours. Elle a brossé un tableau assez mitigé de l'économie américaine, insistant au passage sur les risques baissiers tels que le rythme poussif de la croissance mondiale, les évolutions en Chine et les perspectives d'inflation plus incertaines. Nous sommes plutôt d'accord avec elle concernant l'inflation étant donné l'absence de pressions sur les salaires aux États-Unis et les influences désinflationnistes en provenance de l'étranger. Janet Yellen a souligné à plusieurs reprises que cet environnement plaide pour un relèvement progressif des taux d'intérêt. Manifestement, elle souhaite que les marchés internationaux et les cours des matières premières se stabilisent et verrait un dollar trop fort d'un mauvais œil. Pourquoi a-t-elle décidé de se montrer aussi conciliante ? Les prévisions de la Fed concernant le relèvement des taux directeurs ont déjà été revues à la baisse et les participants au marché sont encore plus mesurés sur le niveau adéquat des taux. Elle voulait probablement rappeler qui était le chef à d'autres responsables de la Fed qui avaient récemment plaidé en faveur d'un relèvement des taux. Elle n'est manifestement pas favorable à un relèvement précoce. Contrairement à d'autres responsables politiques, Janet Yellen raisonne peut-être davantage à l'échelle mondiale, notamment en ce qui concerne l'inflation. Si l'on s'en tient au mandat de la Fed – le plein-emploi et une inflation autour de 2% – un relèvement des taux semble aller de soi. Toutefois, le taux de chômage actuel de 5,0% n'a pas alimenté un regain d'inflation. Cela est de nature à conforter l'approche de Janet Yellen, à savoir un resserrement monétaire graduel. D'après nous, un relèvement des taux en avril est quasiment exclu mais reste envisageable en juin. Un autre relèvement pourrait intervenir d'ici la fin de l'année. Les marchés sont-ils en train de relâcher leur vigilance ? Alors que les marchés d'actions américains flirtent avec des sommets historiques, que les spreads se resserrent et que les devises émergentes s'apprécient, on peut se demander si les marchés ne sont pas en train de relâcher leur vigilance. Tel est notre avis. Encore une fois, nous ne pensons pas que la Fed ait renoncé à poursuivre le relèvement de ses taux cette année. Or, cette perspective est de nature à faire grimper les rendements obligataires et à faire baisser les actions. S'agissant de la BCE et de la Banque du Japon (BoJ), les marchés sont assez sceptiques quant à la possibilité d'un nouvel assouplissement monétaire, notamment en ce qui concerne une baisse des taux directeurs, qui sont déjà négatifs. Une telle mesure est susceptible d'amputer les bénéfices des banques. Cela dit, au Japon, l'instauration de taux négatifs s'est accompagnée d'une structure par paliers et, dans la zone euro, elle a été compensée par les opérations de refinancement de la BCE, dans le cadre desquelles les banques pourront aussi emprunter à taux négatif. Les analystes ont revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices pour les entreprises, ce qui pourrait se traduire par de bonnes surprises lors de la publication des résultats du premier trimestre. Néanmoins, ces dynamiques ne nous semblent pas particulièrement encourageantes. Par conséquent, dans le sillage du rebond des marchés d'actions, nous en avons profité pour sous-pondérer les actions mondiales, en particulier celles de la zone euro, où les entreprises auront bien du mal à accroître leurs bénéfices en raison d'une croissance et d'une inflation atones. Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 4 présentant un risque modéré et un portage positif, constituent le volet long de cette opération. Nous avons par ailleurs mis en place une souspondération de la dette émergente libellée en devise forte. À notre avis, les perspectives de croissance des économies émergentes et certains fondamentaux tels que le solde budgétaire des gouvernements justifient le récent resserrement des spreads. En fait, les spreads des obligations d'entreprises américaines et de la dette émergente sont comparables. Or, la valorisation des obligations d'entreprises américaines nous semble plus séduisante. Compte tenu de la forte appréciation des devises émergentes dernièrement, nous ne voulions pas être exposés au risque de change. Nous avons réduit notre surpondération des obligations d'entreprises à haut rendement américaines après un resserrement des spreads qui est intervenu en dépit d'une dégradation des fondamentaux. Quant aux matières premières, nous les sous-pondérons désormais par rapport aux obligations d'entreprises investment grade américaines. Le rebond des cours des matières premières nous semble excessif eu égard à l'offre abondante et au niveau élevé des stocks. En outre, le portage offert par les matières premières est nettement négatif. Les obligations d'entreprises investment grade américaines, une classe d'actifs Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 5 Allocation d'actifs1 Active weights Multi-asset Mar-16 Apr-16 Δ active weight Fixed income Equities Euro Govies Duration Euro Short Dated Active weights Mar-16 Apr-16 Δ active weight US Govies Investment grade Investment Grade (EUR) High yield Investment Grade (US) Emerging market debt Investment Grade (US) Real estate Euro Inflation Linked Commodities High Yield (EUR) Active weights Equities Mar-16 Apr-16 Δ active weight European large caps High Yield (USD) Emerging Bonds USD Emerging Bonds Local Ccy European small caps Foreign exchange US large caps US small caps Apr-16 Δ active weight AUD Japan CAD Emerging markets CHF Active weights Real estate Active weights Mar-16 Mar-16 Apr-16 Δ active weight European Real Estate DKK EUR GBP HKD US Real Estate JPY Asian Real Estate NOK NZD SEK KEY Overweight: Increase: Neutral: No change: SGD Underweight: Decrease: USD EM FX Ces tableaux reflètent les positions nettes par rapport à l'indice de référence au sein du portefeuille modèle stratégique de MAS. Le positionnement sur une classe d'actifs en particulier ne devrait pas être considéré isolément, mais dans le contexte de l'ensemble du portefeuille. * Le risque de duration est géré indépendamment de l'allocation sous-jacente aux produits de taux au moyen de contrats à terme sur les obligations d’État. 1 Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 6 Actions Sous-pondération Changement. Le rebond des actions se poursuit, en particulier aux États-Unis et dans les marchés émergents. Nous estimons que les investisseurs sont en train de relâcher quelque peu leur vigilance. Les nouvelles mesures de relance monétaire en Europe et au Japon pourraient avoir un impact moindre. Aux États-Unis, nous pensons que la Fed n'a pas renoncé à relever ses taux plus tard dans l'année. Les analystes ont revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices, ouvrant ainsi la voie à de bonnes surprises lors de la saison de publication des résultats du premier trimestre. Néanmoins, cette révision à la baisse ne nous semble pas particulièrement encourageante. Dans le cadre de notre sous-pondération des actions, nous préférons sous-pondérer l'Europe, où l'impact positif de la baisse des cours du pétrole et de la dépréciation de l'euro devrait s'estomper et où les entreprises auront du mal à accroître leurs bénéfices en raison d'une croissance économique et d'une inflation atones. Petites capitalisations : Surpondération Inchangé. La surpondération des petites capitalisations européennes s'explique par notre scénario d'une croissance désynchronisée : une croissance raisonnable par rapport à la tendance à long terme aux États-Unis et dans la zone euro, mais une croissance plus faible dans les pays émergents. En effet, les grandes capitalisations européennes sont exposées aux marchés émergents, où le rebond se fait encore attendre. Par ailleurs, l'abondance de liquidités soutient la classe d'actifs et les perspectives bénéficiaires semblent favorables. Obligations d’État : Duration neutre Statu quo.Si les nouvelles mesures de politique monétaire ont été accueillies avec scepticisme dans certains marchés, les rendements obligataires ont baissé après l'instauration de taux d'intérêt négatifs par la BoJ, l'intensification et l'élargissement des mesures de relance de la BCE et les déclarations conciliantes de la présidente de la Fed Janet Yellen. Dans la mesure où les principales banques centrales prennent cette direction et où la croissance et l'inflation sont généralement atones, notre portefeuille modèle affiche une duration neutre. Nous ne conseillons d'adopter une duration courte qu'aux investisseurs très exposés à l'obligataire. Obligations d’entreprises « investment grade » Surpondération Changement. Selon nous, les fondamentaux macroéconomiques soutiennent cette classe d'actifs. Les défauts de paiement sont limités, les conditions de crédit s'améliorent et les rendements obligataires sont historiquement faibles en général. Dans la zone euro, le portage nous semble néanmoins trop faible pour justifier une surpondération. Notre surpondération des obligations investment grade américaines compense notre positionnement court sur les matières premières. Obligations à haut rendement Surpondération Changement. Nous avons allégé notre surpondération du haut rendement américain. Les spreads de crédit se sont resserrés en raison du redressement des indicateurs économiques aux États-Unis, des déclarations conciliantes de la Fed et du rebond des cours du pétrole brut. Néanmoins, certains facteurs fondamentaux se sont légèrement dégradés : les révisions à la baisse des notes de crédit l'emportent désormais sur les révisions à la hausse et, dernièrement, les taux de défaut sont de plus en plus influencés par un accroissement du nombre de producteurs de matières premières en grande difficulté. Au rayon des bonnes nouvelles, les perspectives économiques et la politique monétaire aux États-Unis restent porteuses. Le ralentissement des opérations de fusion-acquisition est également une bonne nouvelle pour les détenteurs d'obligations. Nous apprécions toujours le portage offert par ces obligations d'un point de vue risque/rendement. Obligations émergentes Sous-pondération Changement. Les indicateurs conjoncturels dans les marchés émergents ont à peine augmenté et les progrès sont lents sur le front des réformes politiques. Le rebond des cours des matières premières est salutaire, mais nous redoutons qu'il s'avère prématuré et excessif. Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 7 Nos outils d'évaluation multi-actifs indiquent que les actions et les devises émergentes reflètent davantage les mauvaises nouvelles que les obligations. Compte tenu de la dynamique haussière des devises, nous préférons sous-pondérer la dette libellée en devise forte par rapport aux bons du Trésor américain. Immobilier : Neutralité Statu quo. Les fondamentaux de l'immobilier nous semblent porteurs : rendements du dividende attrayants, facteurs positifs du côté de l'offre et faiblesse des coûts de financement. En revanche, les valorisations sont élevées et la volatilité de taux d'intérêt ajoute une inconnue à l'équation. Matières premières Sous-pondération Changement. Bien qu'ils restent faibles, les cours des matières premières ont enregistré un rebond impressionnant en pourcentage. Toutefois, compte tenu de leur portage nettement négatif, les matières premières affichent toujours un rendement négatif depuis le début de l'année. Le rebond prématuré, conjugué à l'offre abondante et au niveau élevé des stocks ainsi qu'au portage négatif, a réduit l'attrait de cette classe d'actifs à nos yeux. Allocation d'actifs mensuelle | avril 2016 – 8 Mention légale Le présent document a été rédigé et est publié par BNP Paribas Asset Management S.A.S (BNPP AM)*, un membre de BNP Paribas Investment Partners (BNPP IP)**. Ce contenu vous est communiqué à titre purement informatif et ne constitue : 1. ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doit en aucun cas servir de base ou être pris en compte pour quelque contrat ou engagement que ce soit 2. ni un conseil d’investissement Les opinions exprimées dans le présent document constituent le jugement de BNPP AM au moment indiqué et sont susceptibles d’être modifiées sans préavis. BNPP AM n’est nullement obligé de les tenir à jour ou de les modifier. Il est recommandé aux investisseurs de consulter leurs propres conseillers juridiques et fiscaux en fonction des considérations légales, fiscales, domiciliaires et comptables qui leur sont applicables avant d’investir dans les Instruments financiers afin de déterminer eux-mêmes l’adéquation et les conséquences de leur investissement, pour autant que ceux-ci soient autorisés. 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