Les autorités en place ont de nouveau réussi à anéantir l`or

Les prix de l’or
et de l’argent
ont évolué en
montagnes
russes depuis que les
deux métaux ont subi
une raclée le 29 février
dernier.
Ce jour-là, l’Europe a
annoncé un renancement mas-
sif à long terme pour venir à la
rescousse de ses banques en
difculté, portant ainsi la notion
d’assouplissement quantitatif
à sa plus haute expression.
Le 29 février est également
la journée où Ben Bernanke,
président de la Réserve fédérale
américaine, a fait les manchettes.
En cette occasion, certaines
de ses remarques à propos de
l’amélioration de l’économie
américaine sous-entendaient que
la Fed ne ferait pas de nouvelle
opération d’assouplissement
quantitatif, du moins pour le
moment.
Ses commentaires et le
renancement européen ont
provoqué une débandade sur
le marché de l’or, faisant chut-
er son prix de près de 100 $
l’once en une journée seule-
ment et entraînant du même
coup le prix de l’argent vers une
baisse de 3 $ l’once.
Une mascarade bien
orchestrée
On peut afrmer
sans détour qu’il s’agit
d’une mascarade or-
chestrée avec soin par
les autorités des gou-
vernements occiden-
taux et les dirigeants de
leurs banques centrales.
Il semble que tous ces gens
soient actuellement au bord de
la panique à propos du véritable
état de l’économie mondiale.
Ces individus connaissent
mieux que John Embry, ou
n’importe qui d’autre, le bour-
bier dans lequel leurs systèmes
bancaires sont plongés et la fra-
gilité de la reprise économique.
Ils savent trop bien que la
seule façon d’éviter un effon-
drement complet est de créer du
nouvel argent à une échelle ab-
solument titanesque. En même
temps, ils s’efforcent toutefois
de cacher cette réalité au grand
public qui continue de ne se
douter de rien.
Dans une même optique, ils
tentent désespérément de lim-
iter la hausse des prix de l’or et
de l’argent, car une telle hausse
serait susceptible de les montrer
tels qu’ils sont, soit d’excellents
manipulateurs.
Il en résulte que nous assis-
tons à des opérations telles que
celle du « Leap Day massacre
» survenue le 29 février dernier.
Ironiquement, j’ai l’impression
que cette date fatidique sera bi-
entôt perçue comme un épisode
anecdotique sur les graphiques
illustrant l’évolution des prix
de l’or et de l’argent.
Je pense que nous verrons
une hausse soudaine et impor-
tante de l’or et de l’argent, au
moment où les investisseurs dé-
cideront de proter des prix ar-
ticiellement bas de ces métaux
précieux.
Jim Grant, observateur de
longue date des marchés nan-
ciers et auteur de sa propre info-
lettre sur ce sujet, abondait dans
le même sens lors d’un récent
discours prononcé devant la
Banque de la réserve fédérale
de New York (Federal Reserve
Bank of New York).
« Ce qu’on nous présente
comme une saine doctrine dans
l’environnement bancaire du
21e siècle consiste plutôt en
un exercice de répression -
nancière et de manipulation des
taux d’intérêt, accompagnés par
un effet de lévitation du prix
des actions et la création de
nouvel argent, le tout regroupé
sous la notion nébuleuse de l’
« assouplissement quantitatif »
s’est-il insurgé.
Je suis entièrement d’accord
avec lui. Qui plus est, Jim
n’a même pas pris la peine
d’aborder ce qui, à mon avis,
constitue la manipulation la
plus odieuse et évidente, soit
celle des marchés de l’or et
de l’argent.
Cela me trouble de con-
stater qu’il y a de plus en plus
d’interférence sur tous les mar-
chés alors que les systèmes
économiques et nanciers
s’acheminent vers une répéti-
tion de la récente crise nan-
cière mondiale.
Conséquemment à cette
situation, le grand public est
poussé à investir dans les mau-
vaises classes d’actif. Au lieu
d’acheter des actifs tangibles
qui lui permettraient d’éviter
d’être aspiré dans le grand tour-
billon qui s’en vient, celui-ci
s’agrippe à des actifs nanciers,
encouragé à cela par les varia-
tions de prix à court terme.
Les plus importantes ma-
nipulations – et probablement les
plus dommageables – sont celles
qu’on observe en ce moment sur
le marché des obligations améri-
caines.
On estime que 61 % des bons
du trésor émis par les États-Unis
en 2011 ont été, d’une façon ou
d’une autre, nancés par la Fed.
De telles actions – qui
représentent la monétisation à
sa pire expression – ne feront
que provoquer une ination
galopante, tout en garantissant
presque à coup sûr un effon-
drement du dollar américain.
Ces pauvres âmes – je parle
ici des gens qui croyaient naïve-
ÉLU MEILLEUR BULLETIN DE CONSEILS EN PLACEMENT AU MONDE
4 mai 2012 Vol. 44, nº 8
Les autorités en place ont de
nouveau réussi à anéantir l’or
Ce n’est pas le fruit du hasard si Ben Bernanke, président de la Fed, a choisi d’intervenir
publiquement le jour même où l’Europe annonçait un renancement massif
Par John Embry
John Embry
ment que leur gouvernement
– poseraient les bons gestes –
voient désormais leurs épargne
minée par des taux d’intérêt réels
négatifs.
Les citoyens perdent
au change
Les investisseurs ordinaires
voient également leur capi-
tal être grugé à la fois par
l’ination et la dévaluation
des devises.
Ceci force l’entrée d’un
nombre accru d’investisseurs sur
le marché boursier, provoquant
un effet de levier sur les valeurs,
malgré un manque agrant de
soutien au niveau des données
fondamentales. L’exception à
cette règle demeure bien sûr
Apple (AAPL-NASDAQ,
629,26 USD) dont l’explosion
du cours repose sur des assises
solides.
Alors que les devises
s’écrasent, je pense que les ac-
tions deviendront un choix sécu-
ritaire pour placer son épargne,
étant donné qu’elles s’appuient
habituellement sur des actifs
tangibles. Comme les actions
ont cependant été surachetées
récemment, je crois que nous
sommes tout d’abord mûrs pour
une violente correction.
La tenue prochaine
d’élections présidentielles
américaines, en novembre,
est un autre élément qui af-
fecte l’ensemble de la situation.
À ce sujet, j’estime toutefois
que, tant que le public américain
continuera de croire en la reprise
et à la croissance de l’emploi, le
président Obama sera suscepti-
ble d’être réélu.
L’absence d’un candi-
dat républicain charismatique
représente également une au-
tre donnée en faveur d’Obama,
même si toute nouvelle débâcle
économique risquerait de miner
ses chances.
Pour ces raisons, je suis
persuadé que les statistiques
économiques continueront
d’être falsiées, tandis que les
taux d’intérêts seront maintenus
à des niveaux plus bas que ce
qu’ils devraient être.
Je pense aussi que le groupe
de travail sur les marchés nan-
ciers, créé par le président, fera
des heures supplémentaires pour
continuer d’embellir l’image
du marché boursier et de faire
croire aux Américains que tout
va bien.
Malheureusement, tout ne va
pas bien. En vérité, la situation
est horrible. Les États-Unis sont
enfoncés jusqu’au cou, ayant vu
leur dette nationale croître de
5,6 billions de dollars au cours
des trois dernières années et
demie.
Cela représente en gros cinq
fois plus de dettes que ce que
les États-Unis ont accumulé au
cours de leurs 200 premières
années d’existence. En février
seulement, le décit de Wash-
ington s’est notamment élevé au
chiffre record de 230 milliards
de dollars.
Que peut-on conclure de
tout cela? Que si l’économie
américaine était le moindrement
en santé, un tel niveau de stimu-
lation scale devrait lui faire
connaître une performance
explosive.
Pendant ce temps-là, les
taux d’intérêt sur les bons du
trésor américains demeurent
dangereusement bas, nullement
inuencés par la menace crois-
sante d’un éventuel défaut de
paiement ou d’une dévaluation
extrême des devises.
Si les taux d’intérêts
représentaient la réalité – et
ils le feront éventuellement
– leur valeur actuelle serait
aujourd’hui multipliée, ajoutant
des billions de dollars au décit
fédéral américain au cours des
prochaines années.
En dépit des stimuli moné-
taires massifs de la Fed,
l’économie américaine demeure
remarquablement anémique.
Les statistiques sur l’emploi
ont notamment pris l’allure
d’une mauvaise blague.
Il est vrai que les États-Unis
ont créé 243 000 emplois en jan-
vier. Ce chiffre tenait cependant
de l’illusion, il ne s’agissait
que d’une fausse accalmie pro-
voquée par les ajustements sai-
sonniers et un calcul erroné du
ratio naissance/décès. En ré-
alité, les États-Unis ont perdu
l’équivalent de 2,7 millions
d’emplois. Ce tour de passe-
passe a permis à Washington
d’annoncer un taux de chômage
de 8,3 %.
Il s’agissait toutefois d’une
invention pure et simple, ré-
sultant d’une décision inex-
pliquée d’exclure des milliers
d’individus de la population ac-
tive en mesure de travailler.
Sur son site web shad-
owstats.com, John Williams an-
alyse les dessous des statistiques
gouvernementales. Selon lui, le
véritable taux de chômage at-
teindrait plutôt les 20 %.
Je pourrais poursuivre ainsi
longtemps, mais à quoi bon con-
tinuer d’enfoncer le même clou.
Un fait est certain, le véritable
élément clé dans le désastre an-
noncé réside dans l’incapacité
des États-Unis à trouver des
fonds pour payer les pro-
grammes Medicare et Medicaid,
de même que la sécurité sociale.
On parle ici d’un manque à gag-
ner avoisinant les 100 billions
de dollars USD. Disons-le tout
simplement, ces engagements
ne seront pas honorés.
En résumé, les États-Unis,
malgré les actuelles prévisions
optimistes, se dirigent à coup
sûr vers de gros problèmes.
Mais la catastrophe annon-
cée sera-t-elle pire que celles de
l’Europe et du Japon? Qui sait?
Est-ce si important après tout?
Tous les trois sont de véritables
désastres, aussi bien sur le plan
économique que nancier.
Je crois sincèrement qu’il
faudra plusieurs décennies
pour remédier à ce gâchis.
Qui plus est, je m’attends à ce
que le prochain problème ma-
jeur prenne la forme d’une ac-
célération rapide de l’ination
accompagnée d’une stagnation
de l’économie. Ceci se produira
lorsqu’on s’apercevra de la vé-
ritable ampleur du problème
actuel.
Dans cette éventualité, l’or
et l’argent atteindront nale-
ment de nouveaux sommets
alors que la demande pour ces
métaux dépassera grandement
l’offre.
Quelqu’un a tiré
des celles
Au cours des quelque 11 dern-
ières années de marché haussier,
non seulement a-t-on tenté de
freiner sans arrêt la progression
constante de l’or et de l’argent,
mais celle-ci a également été
marquée par des chutes ver-
tigineuses et étourdissantes. Ces
épisodes de baisses étaient visi-
blement orchestrés.
Malgré cela, le prix de l’or a
été multiplié par six, et celui de
l’argent par huit.
La majorité du grand public
a pourtant continué d’ignorer ce
qui se passait. Un pourcentage
important des gens qui avaient
compris est également sorti du
marché en raison de la nature
irrationnelle des variations de
prix.
Je suis non seulement per-
suadé que tout cela est à la
veille de changer, mais je crois
aussi que la hausse explosive
du prix de l’or, qui surviendra
bientôt, attirera de plus en plus
d’acheteurs.
Cela aura un impact bé-
néque sur les titres aurifères
et argentifères qui constitu-
ent actuellement, selon toutes
les données et ratios observés,
des aubaines remarquables.
John Embry est stratège en chef
des investissements au sein de
la rme torontoise Sprott Asset
Management.
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