« Le Sentimentalisme en Europe : splendeur, décadence et renouveau »---22, 23 et 24 mai 2008
Colloque international et pluridisciplinaire-Université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-mer)
CERCLE (Centre d’Etudes et de Recherche sur les Civilisations et les Littératures Européennes)
Compsante de l’ UR H.L.L.I. –Responsable Jacqueline Bel
« Sentir » en latin supin sensum, selon le Robert, est « percevoir par les sens ou par l’intelligence ».
Les différents sens du terme sentiment sont, en premier, « Conscience plus ou moins claire,
connaissance comportant des éléments affectifs et intuitifs », « Capacité d’apprécier… », « Avis,
opinion » ; en second, « Etat affectif complexe, assez stable et durable… émotion, passion. Amour »,
« la vie affective, la sensibilité… Expression de la sensibilité ». L’évolution des mots de la même
famille sur la sensibilité et le sentimentalisme, montre une variété des sens attribuée à ces termes au
XVIIIe siècle : une explosion philosophique et linguistique.
Des études faites par Christian Pons dans son ouvrage Richardson et la littérature bourgeoise en
Angleterre en 1968 expliquent la différence entre le sentimentalisme anglais et français : le mot
sentimental en français « signifie d’abord pathétique et même larmoyant. C’est un terme que nous
associons par ailleurs volontiers avec une conception romanesque de l’existence... ni le pathétique ni
le romanesque ne caractérisent le sentimentalisme anglais… ‘Le sentimentalisme’, loin de se
confondre avec l’émotivité ‘passionnée du romantisme, n’est autre chose qu’une foi aveugle, optimiste
– et en ce sens ‘ sentimentale – dans la puissance de la ‘vertu’ triomphante ou rédemptrice – et
finalement ‘récompensée’. Du pathétique sentimental de Richardson au pathétique romantique de
Rousseau, de Sterne, il n’y a pas continuité, il y a rupture... Le ‘sentimentalisme’ anglais n’est pas un
préromantisme, c’est une conception chrétienne et ‘sentimentale’ des passions ; dans le roman, c’est
un romanesque chrétien’ » (5-10). Dans ce siècle des Lumières, période au cours de laquelle les
écrivains, moralistes, scientifiques, philosophes, éclairent l’entendement humain par la raison, pour
lutter contre les préjugés, les croyances absurdes et les superstitions, la philosophie devient un
renouvellement de l’éthique, de l’esthétique et un savoir fondé sur « la raison éclairée » de l’homme.
Les philosophes en Europe sont partagés entre la raison et le sentiment.
Durant ce colloque international et pluridisciplinaire organisé par le C.E.R.C.L.E. en 2008, il s’impose
de partir du sentimentalisme en Angleterre, en France et en Allemagne et de l’élargir à d’autres pays
européens dans lesquels le sentimentalisme ne se vit pas au même rythme et dans les mêmes
termes. Les Européens commencèrent alors à se définir eux-mêmes en termes de capacité de sentir.
Les philosophes du XVIIIe siècle évaluent les effets des émotions par rapport à soi ou à l’autre. Ce
mouvement prit la forme d’expériences sur les nerfs ; il se manifesta dans les théories de la sympathie
et de la bienveillance qui essaient de développer et de promouvoir leur propre version de l’idéal
humain, l’homme et la femme de sentiment.
Ce colloque se propose d’analyser l’évolution et le développement de ce mouvement sentimental en
Europe, qui traite parfois des problèmes éthiques et religieux importants et qui a marqué de manière
profonde l’évolution des mœurs et les mentalités européennes ; d’évoquer les points de vues opposés
des philosophes dans chaque pays européen où la culture des Lumières est marquée par le progrès
scientifique et moral, et où la raison a échoué à améliorer et à résoudre les problèmes sociaux et
moraux, en Angleterre et partout en Europe ; d’étudier les divers aspects de ce mouvement dans la
littérature, la philosophie, la science, les arts, etc., qui a donné une nouvelle définition de la nature de
l’homme ; de s’interroger sur les conditions sociales, culturelles et éthiques qui ont pu provoquer ce
changement de l’homme défini jusque là comme un animal rationnel en Europe ; enfin, de préciser le
rôle de la littérature, de la philosophie, de la science et des arts en favorisant l’éclosion de ce nouvel
humain.
Ce colloque invitera à réfléchir sur le décadence du sentimentalisme et sur son orientation vers le
gothique puis vers le romantisme au XIXe siècle, à s’interroger sur la place de l’homme du XXIe siècle
et sur le sens de sa vie avec un renouveau de la question, car dans la littérature de la sensibilité il y a
une capacité à la sociabilité qui n’existe plus au XXIe siècle. Le débat sur la place respective du
sentiment et de la raison dans la vie de l’homme se poursuit.
Les spécialistes de nombreuses disciplines, histoire, philosophie, littérature, art, linguistique, etc., sont
bienvenus dans ce colloque international et pluridisciplinaire, de telle sorte qu’un échange fructueux
puisse avoir lieu entre les intervenants, afin de contribuer à l’élargissement de la réflexion sur le sujet.
Les interventions auront une durée de 20 minutes avec 10 minutes réservées aux
questions (8 à 10 communications par jour). Les propositions de communication
novembre 2007 (+ un résumé de 100 mots SVP).
Le programme définitif sera fixé au mois de décembre 2007.