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Carrefour Pathologie 2016 - Histoséminaire
Introduction
Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) sont considérées comme un des
domaines difficiles de la pathologie digestive, en particulier sur biopsies. Mais elles
constituent aussi l’un des champs les plus intéressants de cette « surspécialité », à cause de
cette difficulté diagnostique. Et, contrairement à certains domaines difficiles de la pathologie,
dont la prise en charge est concentrée dans des services spécialisés, toute structure de
pathologie est amenée à examiner ces prélèvements, et doit pouvoir répondre aux attentes des
cliniciens dans toutes les facettes du diagnostic et de la thérapeutique de ces maladies.
On aurait pu croire que, compte tenu des progrès de l’imagerie, de l’immunologie et de la
génétique, la place de l’examen anatomo-pathologique des biopsies coliques allait se réduire
dans les MICI. Cela ne s’est pas produit, et cet examen garde toute sa place dans le diagnostic
initial et la surveillance des MICI. Il s’agit initialement de faire le diagnostic de colite
inflammatoire chronique, qui doit être distinguée de nombreuses autres colites, souvent
aiguës, en particulier les colites infectieuses. Il faut ensuite phénotyper la colite, en essayant
de la classer comme une maladie de Crohn (MC) ou une rectocolite hémorragique (RCH).
Ces aspects diagnostiques sont abordés par D. Cazals-Hatem dans les cas N°01 et 02 de cet
histoséminaire. Le cas N°03 illustre les particularités des colites inflammatoires débutant chez
le jeune enfant, et qui peuvent correspondre aux atteintes digestives liées à certains déficits
immunitaires, difficiles à distinguer d’une MICI « classique », et le cas N°04 présente un
nouveau type de colite médicamenteuse « auto-immune », observée avec certaines nouvelles
drogues immuno-modulatrices, très efficaces dans le traitement de certains cancers. Ces
nouvelles colites doivent être connues, et elles constituent en outre des modèles
physiopathologiques d’intérêt. Ces cas seront présentés par J-F Fléjou. Les traitements
médicamenteux des MICI ont considérablement progressé depuis quelques années, avec, en
plus des anti-inflammatoires, les immunosuppresseurs et les biothérapies, qui permettent
d’obtenir des rémissions prolongées et des guérisons. Le suivi biopsique est un élément
important de la prise en charge au long cours des patients, et les biopsies faites dans ce cadre
doivent être analysées dans un esprit systématique, pour affirmer une éventuelle guérison
histologique, et grader les lésions pour pouvoir les comparer dans le temps et évaluer l’effet
des traitements. Ces aspects sont évoqués dans les cas N°05 et 06, présentés par Aude
Marchal. Enfin, les MICI augmentent le risque de cancer colorectal (CCR), et la surveillance
est basée sur l’endoscopie et les biopsies. Les cas N°07 et 06, présentés par M. Svrcek,
illustrent les difficultés diagnostiques de cette surveillance à la recherche d’une dysplasie, et
les nouvelles classifications macroscopiques et histologiques de ces lésions.