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MAPAR 2000286
voie orale [16] ou intraveineuse [17], il apparaît dans tous les cas une diminution de la
consommation de morphine de l’ordre de 40 % par rapport à un groupe placebo avec,
parallèlement, une diminution des scores d’EVA. Une administration intrarectale d’in-
dométhacine [18] après mise en place d’une PTH permet une épargne morphinique très
intéressante par rapport à un groupe placebo (34,8 ±21,8 mg vs 89,6 ±43,7 mg sur
une période de 42 heures postopératoires).
L’administration d’AINS en postopératoire de chirurgie prothétique de hanche ap-
paraît aussi efficace que l’administration extradurale de morphine [19]. La remarque
méthodologique essentielle est que toutes ces études ont évalué l’efficacité de l’analgé-
sie postopératoire au repos. Il n’est pas évident que ces résultats, concernant l’efficacité
des AINS, soient extrapolables à la douleur lors de la rééducation de la hanche opérée,
qui, on l’a vu, débute de plus en plus précocement. L’efficacité des différents AINS
semble identique après chirurgie prothétique de la hanche [20]. Le choix se fait donc en
fonction des habitudes de prescriptions de chaque équipe. Dans cette indication, le site
d’action des AINS est périphérique et indépendant des récepteurs morphiniques [18]. Il
est probable que les AINS contribuent à diminuer les ossifications péri-articulaires post-
opératoires. Leur utilisation est toutefois limitée chez les patients à risque par leurs
effets secondaires potentiels [21] en particulier en cas de pathologie gastroduodénale,
d’insuffisance rénale, de troubles de l’hémostase. L’arrivée des AINS anti COX2 va
probablement donner un envol supplémentaire à cette classe thérapeutique dans le post-
opératoire.
4.3. DERIVES MORPHINIQUES
La buprénorphine et la nalbuphine [22] ont été largement utilisées en analgésie post-
opératoire. Pourtant leur effet plafond, leur faible réversibilité et les troubles dysphoriques
qui leur sont souvent associés limitent leur utilisation. La morphine reste le produit le
plus maniable. Son mode d’administration consiste le plus souvent en une titration
intraveineuse par bolus de 2 mg espacés de 3 à 5 minutes, débutée en salle de réveil
jusqu’à l’obtention d’une EVA inférieure à 30 mm.
Après la titration, l’administration postopératoire de morphiniques, de manière sys-
tématique toutes les 4 à 6 heures ou à la demande par voie intramusculaire, sous cutanée,
n’est pas adaptée à une prise en charge efficace de la douleur en raison des grandes
variabilités interindividuelles concernant la demande d’antalgiques. Ce mode d’admi-
nistration ne prend pas en compte la demande supplémentaire d’antalgiques
nécessitée par la rééducation fonctionnelle de l’articulation opérée. La pharmacocinéti-
que des morphiniques est également très variable entre individus.
Austin et coll [23] ont montré qu’après administration intramusculaire de morphine
en postopératoire les pics de concentrations varient de 2 à 5 fois et le temps nécessaire
pour atteindre ces pics de 3 à 7 fois aussi bien chez un même individu dans le temps
qu’en comparant les patients. L’administration de morphine intraveineuse en fonction
de la demande du patient (mode ACP) a prouvé son efficacité après remplacement
prothétique de la hanche. Ainsi Weller et coll [24] ont retrouvé une efficacité compara-
ble de l’analgésie postopératoire après PTH, que la morphine soit administrée en ACP
ou par voie péridurale. Les effets secondaires (prurit, dépression respiratoire) étaient
majorés dans le groupe «péridurale». Sur une série de 104 patients dont l’analgésie
était assurée par une ACP morphine, Singelyn [7] retrouve une consommation de mor-
phine de 47 mg (4 à 132) sur 48 heures. Cette technique n’était appliquée qu’à 10 %
des patients opérés de PTH. La principale restriction à l’utilisation de la morphine par
mode ACP tient à la survenue possible d’une dépression respiratoire. Ce risque est