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Étrange entrée en matière qui tranchait avec la voie
officielle habituellement suivie. Le commissaire
Auster faisait partie de la criminelle, on ne le
dérangeait que pour de hauts faits d’armes. Pourquoi
n’avait-on pas chargé le quai des orfèvres de le
contacter comme à l’accoutumée ? Que s’était-il passé
au Concordia ? Auster s’en ouvrit à son interlocuteur.
– C’est-à-dire, commissaire, que c’est très spécial…
– Voulez-vous vous expliquer, inspecteur ?
– Le mieux serait que vous veniez ici, je ne peux en
dire plus. Il y a une foule, comment dire ? Pour le
moins intimidant ici… Je ne peux vous en dire plus, je
ne suis pas seul.
Roger Auster se leva difficilement de son fauteuil,
après avoir raccroché. Les paroles du médecin consulté
la veille sonnaient encore à ses oreilles. Il fallait qu’il
perde du poids. Il faut dire que Roger Auster était un
géant de plus de deux mètres pesant deux quintaux,
son obésité était la première chose que l’on remarquait
en lui avant cette lueur d’intelligence vive qui brillait
comme un phare dans ses yeux gris. Sa carrure
exceptionnelle lui avait valu d’être surnommé Hercule
par les collègues qui ne le connaissaient pas et Socrate
par ceux qui, comme l’inspecteur Georges, avaient
l’habitude de le côtoyer et de travailler avec lui. Auster
n’utilisait pas les voitures de fonction, car aucune
n’était taillée à sa mesure, il utilisait exclusivement son
véhicule personnel partout où il allait. Celui-ci était
une Mercedes datant de la guerre qu’il n’avait jamais