Regards N°8 Outlook Juin 2013 Fondation d’entreprise pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal Sommaire Plante Vedette AU SOMMAIRE Page 2 LE LIN Page 4 ACTUALITÉS • Projet de conservation d’un palmier suicidaire à Madagascar • L’huile de palme, amie ou ennemie ? • La vie en vase clos Page 6 L’INTERVIEW Alexandre PANEL Page 8 LE CONSERVATOIRE BOTANIQUE PIERRE FABRE Page 10 NOUVEAUTÉS • Les plantes des moissons, au bénéfice de la nature et de l’homme • L’Institut Klorane à l’initiative du livre La grande Muraille Verte, des arbres contre le désert Page 11 Actualités Interview Conservatoires et Jardins Botaniques Ouvrages Institut Klorane ÉDITORIAL C’est sous le signe de l’élégance et de la délicatesse que nous ouvrons ce numéro de juin 2013 avec le Lin, une plante traditionnelle mais toujours d’actualité. Vous pourrez redécouvrir sa botanique, sa culture écologique, ses nombreuses vertus alimentaire, textile et médicinale. La sauvegarde des espèces végétales menacées sur terre étant une de nos priorités, nous avons choisi de mettre en avant un conservatoire botanique privé dans le Tarn agréé CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) riche d’une collection de plus 400 espèces de plantes protégées. Vous pourrez également voyager en France et à l’étranger avec les nouveautés éditoriales : « Les Plantes des moissons, au bénéfice de l’homme et de la nature », « La Grande Muraille Verte, des arbres contre le désert », « La flore photographique du Cambodge »… Enfin, votre avis nous intéresse pour nous améliorer. N’hésitez pas à nous envoyer vos messages sur le site internet : www.institut-klorane.org (rubrique contact). En vous remerciant, Bonne découverte. OUVRAGE RECOMMANDÉ • Flore photographique du Cambodge Florence Guillaume Directrice Votre pause botanique entièrement nature Regards Sommaire Outlook Plante Vedette Actualités LE LIN Linum usitatissimum L. Le Lin, si beau, élégant, et discret à la fois. Une plante ancienne et moderne, qui évoque pour certains les armoires de nos grands-mères où s’entassaient de magnifiques draps et, pour d’autres, ce tissu si agréable des chemises ou des pantalons, portés à même la peau, qui vous donne, même froissé, une élégance et un charme si particuliers. Le Lin ne laisse personne indifférent. Revenons donc à cette plante qui accompagne l’homme depuis l’aube de l’agriculture. BOTANIQUE Le Lin, Linum usitatissimum L. est une plante annuelle herbacée de la famille des Linacées. Sa tige est droite, fibreuse et peut atteindre 80 cm. Les fleurs sont bleu-violet, solitaires et portées par un pédoncule droit et allongé. Les feuilles du Lin sont simples, alternes linéaires ou lancéolées. Enfin, ses graines sont lisses, brillantes d’un brun plus ou moins foncé, mesurant de 4 à 6 mm. USAGES Nous parlons ici du Lin cultivé (Linum usitatissimum) mais il existe environ 200 espèces de Lin. 2 Regards Botaniques - Juin 2013 La culture du Lin est fort ancienne et on en retrouve des traces dès 8 000 ans avant Jésus-Christ. Les usages de cette plante sont très nombreux. Textile : la plante est coupée ou arrachée pour récupérer les fibres aussi longues que possible. Elles sont épaisses et ne se tordent pas, servant à faire, après différentes étapes de traitement, des tissus de grande qualité, des vêtements, ou des tissus d’ameublement. Les autres fibres plus courtes constituent « l’étoupe » et serviront à faire du papier bible ou du papier pour les billets de banque. La partie la moins noble, c’est-à-dire les déchets de paille, Interview Conservatoires et Jardins Botaniques pourra servir de litière pour animaux ou de panneaux isolants. Oléagineux : les graines, riches en huile et en protéines sont très utilisées en Afrique ; elles sont grillées, écrasées en purée et souvent mélangées à des céréales. En Europe ou en Amérique du Nord, le Lin est surtout prisé dans le domaine de la diététique (sur des salades, des petits pains... ou sous forme de graines germées). L’huile de Lin est-elle bonne à consommer ? Elle est très riche en oméga 3 (acide alpha-linolénique en particulier). Elle contient également de l’acide oléique et linoléique. Ainsi, peut-on dire qu’elle contient des acides gras « essentiels » pour l’homme. Médicinal : Pline l’Ancien, au Ier siècle de notre ère, s’intéressait déjà aux médicaments à base de Lin et les usages qu’il avait identifiés demeurent les mêmes dans nos pharmacopées. Traditionnellement, les infusions de graines de lin calmaient les inflammations (en collyres ou gargarismes). En usage externe, des cataplasmes de farine de Lin étaient appliqués pour calmer les brûlures de la peau. De tous temps, et encore aujourd’hui, l’huile et le mucilage de cette plante auraient une efficacité contre la constipation, les coliques néphrétiques, les cystites et le syndrome de l’intestin irritable. Enfin, nous nous intéresserons à l’utilisation du lin en Cosmétique. C’est surtout pour ses propriétés anti-âge et de prévention contre le vieillissement, que le Lin est employé. Son huile a en effet Ouvrages des teneurs très élevées en oméga 3, 6 et 9. Les graines contenant des mucilages, on utilise également cette plante pour ses propriétés adoucissante et émolliente pour la peau. Plus récemment, son utilisation dans le domaine des soins capillaires s’est confirmée : ses mucilages, aux propriétés filmogènes, constituent une enveloppe invisible épaississante sur les cheveux, apportant plus de tenue et de volume. Il nous semble important, pour conclure, de rappeler que nous avons un certain attachement à cette plante. Elle a toujours fait partie des paysages de nos campagnes. Ce n’est donc pas par hasard si 68 % de la production mondiale de lin se fait en France, en Belgique et aux Pays Bas. Et dans un environnement fragile où tout est compté, il est très important de noter que la culture du lin est quasiment parfaite : pas d’irrigation (l’eau de pluie suffit), pas de pesticides, peu d’engrais. Une véritable aubaine pour tous ! Enfin, nous espérons, après la lecture de ces lignes, que l’évocation du Lin fera surgir dans vos mémoires bien des souvenirs liés à vos sens : le toucher, la vue... CONSOMMATION DE L'HUILE DE LIN À noter que l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA devenue ANSES en 2010) l’a autorisée en 2006, mais en apportant quelques restrictions en 2009 puisque cette huile doit être conditionnée et utilisée sous précautions particulières (durée d’utilisation limitée à 9 mois, pas de consommation par les femmes enceintes…) Regards Botaniques - Juin 2013 3 Regards Sommaire Outlook Plante Vedette Actualités PROJET DE CONSERVATION D’UN PALMIER SUICIDAIRE À MADAGASCAR Avez-vous déjà entendu parler d’une plante suicidaire ? Le Tahina spectabilis est probablement l’une des découvertes botaniques les plus spectaculaires de cette dernière décennie. C’est au nord de la ville de Mahajanga à Madagascar que ce palmier rarissime aux dimensions exceptionnelles, a été aperçu en 2006. En effet, l’inflorescence pouvant atteindre 6 à 8 mètres de haut donnait l’impression qu’une autre plante poussait au sommet du palmier, comme une épiphyte. Pourquoi l’avoir surnommé « palmier suicidaire » ? Une fois la floraison passée, l’arbre se retrouve vidé de ses substances nutritives et s’effondre soudainement sur lui-même, signe de sa mort. 4 Regards Botaniques - Juin 2013 Deux ans plus tard, John Dransfield, spécialiste mondial des palmiers du Jardin botanique royal de Kew, en fit une description botanique établissant ainsi une nouvelle espèce et un nouveau genre. Le genre a hérité du nom de la deuxième fille du découvreur, « Tahina » qui signifie également « béni ». L’espèce, quant à elle, a été nommée « spectabilis » pour son inflorescence de taille démesurée. Afin de conserver cette plante rare, des graines ont été prélevées pour, d’une part, réaliser des semis et d’autre part, les mettre en vente pour les amateurs de palmiers. Cette opération a permis de récolter des fonds qui ont été reversés aux populations locales pour servir à la protection du site. La station des Tahinas est gérée par le Comité de gestion des Tahinas (CGT) rassemblant des représentants locaux. Du fait de sa raréfaction mais aussi de son port hors norme, le Tahina spectabilis a déjà attisé la curiosité de plusieurs spécialistes australiens et anglais mais, hélas, ne fait pas encore officiellement partie de plan de sauvegarde. Le Conservatoire botanique national de Brest, très préoccupé par les plantes en danger, ayant reçu quelques centaines de graines de Tahina va travailler également en parallèle avec l’Université de Mahajanga pour la survie de cette espèce. Espérons qu’un projet de conservation du Tahina permette de sauver cette espèce avant qu’il ne soit trop tard ! Interview Conservatoires et Jardins Botaniques Ouvrages L’HUILE DE PALME, AMIE OU ENNEMIE ? Depuis des mois, toute la presse nous inonde d’informations sur l’huile de palme. Pas une radio, un journal ou une émission de télévision qui ne nous met en garde contre cette matière grasse végétale. Essayons d’y voir plus clair. POUR INFORMATION Les trois principaux pays producteurs sont (par ordre décroissant) : la Malaisie, l’Indonésie, le Nigéria. Que lui reproche-t-on ? Dans l’alimentation : au niveau nutritionnel, une consommation modérée d’huile de palme peut être proposée car elle se compose pour moitié d’acides gras saturés (AGS). Une trop forte consommation peut avoir des effets négatifs sur la santé et notamment jouer un rôle dans le développement de maladies cardiovasculaires. Sachant que l’on retrouve de l’huile de palme dans de nombreux produits industriels (céréales, margarines, biscuits divers, pains industriels, barres chocolatées), l’excès de cette matière grasse est bien vite atteint. L'huile de palme, est extraite du fruit du palmier à huile (Elaeis guineensis). Très connue, elle est l’huile la plus consommée au monde car elle est présente dans l’industrie alimentaire (80 %), les produits cosmétiques (environ 20 %) mais aussi dans les agro-carburants et huiles biodégradables (1 %). Il y a donc de fortes chances que vous l’utilisiez sans même vous en douter. D’un point de vue écologique : planter des palmiers pour assurer la production de cette huile, entraîne la déforestation et l’extinction de nombreuses autres espèces, notamment en Asie du Sud Est... À noter aussi que la culture intensive des palmiers pour l’industrie provoque l’expulsion des populations locales et leur expropriation. Que peut-on dire de plus ? C’est l’huile la plus consommée au monde : elle est devenue indispensable pour les industriels car son coût de production est très faible et s’avère bon marché comparée à l’huile de tournesol ou de colza. Elle a, en outre, une grande facilité de conservation et permet de donner du moelleux aux aliments. Il ne faut donc pas s’étonner que les industriels l’utilisent largement pour toutes ces raisons. Et voilà pourquoi nous avons tant de mal à ne pas consommer cette huile si célèbre ! Un peu d'humour : un étudiant strasbourgeois de 25 ans a tenté une extraordinaire expérience. Il a décidé de vivre un an sans consommer d’huile de palme. Un joli défi compte tenu de ce que nous avons écrit plus haut. Une chasse permanente à toutes les étiquettes de composition des aliments, savons et autres gels douches, et beaucoup de temps passé à traquer ce produit sous son appellation, mais aussi par la myriade de noms sous laquelle il se cache (graisse végétale, huile végétale, additif E 304, E 305…). À la fin de son expérience, il a décidé de conserver ses nouvelles habitudes alimentaires « sans huile de palme ». Expérience réussie ! LA VIE EN VASE CLOS Mais qu’est-ce qui a pris Monsieur Latimer, cet octogénaire britannique, un beau matin de 1960, de semer une graine d’une variété de cette plante bien connue, la Misère, dans une grosse bouteille ? Pari tenu, pari gagné ! Que cherchait-il ? C’est tout simplement un jardinier amateur, curieux et joueur, qui avait fait un pari un peu fou… La clé de cette réussite ? De la lumière solaire contribuait à la croissance de la plante, l’oxygène rejeté était recyclé, l’eau absorbée par la plante rejetée puis réabsorbée, et ainsi de suite. Ajouté à cela, un terreau composé des feuilles mortes alimentant la plante au fil des années. David Latimer a donc entretenu sa Misère durant 12 ans, avec beaucoup de soins. Puis, un beau jour, il a arrosé une dernière fois sa plante, l’a scellée définitivement dans sa « maison de verre » et parié qu’elle continuerait à vivre. La presse s’est ainsi fait l’écho de cette survie en vase clos depuis 1972. La nature n’est finalement pas si exigeante ! Un bel exemple d’autarcie … Sources : le Quotidien du Pharmacien n° 2984 Regards Botaniques - Juin 2013 5 Regards Sommaire Outlook Plante Vedette Actualités CULTURE ET RESSOURCES Alexandre PANEL Pôle Actifs Végétaux Responsable Gestion Animation Botanical Expertise Pierre Fabre (Système Qualité et Production Agricole) Bonjour Monsieur PANEL. Nous vous remercions d’avoir accepté de nous parler de la culture du Lin et de ses spécificités. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, pouvezvous, en quelques mots, vous présenter ? Je suis responsable de la production agricole pour les Laboratoires Pierre Fabre sur différents sites, la production en France étant gérée sur une exploitation de 150 ha en agriculture biologique dans le Tarn (81). Je suis également responsable de la démarche Botanical Expertise Pierre Fabre qui vise à intégrer systématiquement dans tous nouveaux extraits végétaux, des actions contribuant au développement responsable de nos activités. Pouvez-vous nous décrire l’exploitation agricole dont vous vous occupez et la place qu’occupe le Lin ? L’exploitation produit d’abord des plantes médicinales et cosmétiques. Elle intègre aussi des grandes cultures dans les rotations (avoine, féverole, blé tendre, orge, tournesol, triticale, soja). C’est la première exploitation agricole du Tarn certifiée Haute Valeur Environnementale : cette certification, délivrée par un organisme indépendant, atteste du respect, pour l’ensemble de l’exploitation agricole, des seuils de performance environnementale portant sur la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de la ressource en eau. La certi- 6 Regards Botaniques - Juin 2013 fication environnementale des exploitations agricoles répond au besoin clairement exprimé lors du Grenelle de l’environnement d’identifier les exploitations engagées dans des démarches particulièrement respectueuses de l’environnement. Aujourd’hui, le Lin représente environ 10 % de nos surfaces de culture, mais cela a été le fruit de longs travaux d’expérimentations agronomiques avec une coopérative agricole bio locale avant d’arriver à ce résultat. Le Lin a t-il des spécificités dont il faut tenir absolument compte : choix d’un sol, mode de culture, entretien, récolte… Le Lin est une plante annuelle. Etant en agriculture biologique, nous semons exclusivement des variétés de printemps pour réduire le cycle de développement (environ 100 jours entre le semis et la récolte des graines) et les risques de maladie : le semis a donc lieu entre mimars et début avril et il faut attendre 15 à 20 jours pour la levée. Six semaines après le semis, le Lin arrive déjà à une hauteur de 10-15 cm. Un désherbage mécanique de la parcelle est alors effectué de manière régulière. Le Lin va ensuite s’allonger jusqu’à une hauteur de 50 à 80 cm. La floraison se produit début juin mais reste très éphémère (une à deux semaines), chaque fleur ayant une durée de vie de quelques heures seulement. Après la floraison, les fibres ont atteint leur taille maximale et les capsules contenant les graines se forment dans le mois qui suit : leur récolte à maturité a lieu vers la mijuillet, lorsqu’elles « sonnent » dans les capsules. Y a-t-il plusieurs sortes de Lin et lequel est cultivé dans le Tarn ? Où en trouve-t-on ailleurs en France (ou à l’étranger) ? Enfin parlez-nous de leur utilisation. Il existe des variétés de lins oléagineux (pour la production d’huile riche en oméga 3, de tourteaux et de graines pour l’alimentation animale) ou textiles (pour la production de fibres à partir des tiges, utilisées ensuite pour fabriquer des tissus), selon les débouchés industriels de la culture. - Le lin textile est cultivé sur 55 000 ha en France (régions Haute Normandie et NordPas de Calais), premier Interview Conservatoires et Jardins Botaniques Ouvrages DU LIN pour réduire les coûts de logistique et améliorer le bilan carbone, amélioration de la traçabilité par une maitrise des cultures, opportunité de diversification des assolements avec des avantages agronomiques et économiques. La culture du Lin répond bien aux enjeux du développement durable. producteur européen devant la Belgique (10 000 ha) et les Pays Bas (2 000 ha) ; mais 2e producteur mondial après la Biélorussie (70 000 ha). - Le lin oléagineux est cultivé sur 20 000 ha en France (grand Ouest de la France) et se développe notamment en Midi-Pyrénées qui comptabilise 1 500 ha à ce jour, principalement sur des variétés de lin d’hiver (2/3 des surfaces environ). Le premier producteur mondial est le Canada. Dans le Tarn, on trouve du lin oléagineux, souvent valorisé localement avec le développement de nouvelles filières : huile alimentaire riche en oméga 3, extrusion ou trituration des graines pour l’alimentation animale (amélioration de la productivité des vaches laitières et obtention d’une viande plus rouge chez les bovins viande), valorisation des pailles de lin comme matériau durable pour la construction. Pour illustrer ces débouchés divers, on peut dire qu’un hectare de lin permet de produire 100 litres d’huile ou 200 kg d’aliment pour le bétail. En quoi cette plante est intéressante d’un point de vue écologique et répond parfaitement aux contraintes de développement durable ? Le Lin est une culture qui demande peu d’engrais et qui n’a pas besoin d’irrigation : c’est une plante économe en intrants. De plus, son cycle de développement très court fait de cette culture une très bonne tête de rotation avant le Blé : le Lin améliore la structure du sol et permet une implantation précoce du Blé. Enfin, elle est peu sensible aux maladies et n’est attaquée ni par les limaces ni par les pucerons. La valorisation de la graine de lin peut également être complétée par la valorisation de la paille comme matériau durable d’isolation. Les enjeux de cette culture sont nombreux : production en local d’une matière première végétale Enfin, quels liens entretenez-vous avec l’Institut Klorane ? Je travaille étroitement avec l’Institut Klorane, et ce de manière naturelle, puisque nous nous retrouvons pleinement, à notre façon, dans ses missions « Protéger, Explorer, Éduquer ». À la demande, je peux par exemple fournir des supports pour des événements ou manifestations pédagogiques (graines, photos,…) en capitalisant sur les cultures que l’on a mises en place et l’expérience technique que nous avons acquise. Merci. Nous en savons maintenant plus sur ces cultures de lin. Désormais, nous ne regarderons plus ces fleurs, frêles et discrètes, de la même façon. Regards Botaniques - Juin 2013 7 Regards Sommaire Outlook Plante Vedette Actualités LE CONSERVATOIRE BOTANIQUE PIERRE FABRE Le Conservatoire Botanique Pierre FABRE existe depuis 12 ans dans le Tarn. C’est le cœur de l’expertise botanique qui valorise la place de premier laboratoire pharmaceutique français utilisateur de substances végétales : en effet, plus de 240 espèces végétales sont utilisées par le laboratoire Pierre Fabre et plus de 7 000 espèces végétales sont étudiées pour la recherche. Ce conservatoire botanique s'étend sur un domaine de 5 hectares, entouré de grandes parcelles de production de plus de 25 hectares, toutes en Agriculture Biologique. Cet ensemble s’est doté de 4 missions : • 1 mission de recherche, avec la mise en culture d’espèces expérimentales qui seront ensuite transmises à la recherche pour criblage, à Toulouse, en vue bien sûr, d’isoler des molécules candidats médicaments ; • 1 mission d’expertise botanique avec l’herbier (8 000 taxons) ; • 1 mission pédagogique pour un public invité qui peut découvrir la plupart des plantes utilisées en Pharmacie, Dermo-cosmétique, ou bien encore en Phytothérapie par le Groupe. D’autres espèces y sont 8 Regards Botaniques - Juin 2013 aussi représentées pour leur intérêt alimentaire, toxique ou botanique ; • 1 mission de sauvegarde et de conservation d’espèces menacées de disparition dans le monde, en relation avec d'autres jardins botaniques. Cette mission s'effectue essentiellement grâce à des échanges de graines ce qui permet la diffusion la plus large possible d'une espèce et donc sa sauvegarde. LE CONSERVATOIRE Acquis en 1997, il a été entièrement restauré, début 2001. Cette maison de maître a été construite en 1834 sur le mode typique du style Directoire. Un jardin à la Française, datant des années 1920, a été dessiné par Le Nôtre (XVIIe siècle). Aujourd’hui, les buis taillés formant des arabesques dans les massifs ont disparu, il ne reste que 85 topiaires qui maintiennent ce jardin en majesté… et créent la perspective qui conduit jusqu’aux rives du Sor. Le rez-de-chaussée de cette maison est destiné à l’accueil des invités. Il se compose de : Interview Conservatoires et Jardins Botaniques • l’espace Botanical Expertise Pierre Fabre : où l’on présente et expose un savoir-faire en matière de culture et d’extraction végétale ; • le droguier : cette salle expose des pots à pharmacie datant du XVIIIe et XIXe siècle– collection privée de M. Pierre FABRE–contenant des drogues végétales utilisées dans la Pharmacopée européenne depuis près de deux siècles. Les plantes viennent de tous les coins du monde, tel le « Sang Dragon », résine tirée des fruits d’un palmier rotin Daemonorops draco. Ou bien encore l’Oliban, qui n’est autre que cette substance résineuse appelée encens, extraite d’arbustes du genre Boswellia. Plus près de nous : Serpolet, Thym, Bourrache, Sauge officinale… ; • l'herbier : centre de référence pour l'identification et l'expertise végétale. Il est constitué de 8 000 planches d'herbier permettant l'identification sûre des espèces végétales. C'est un outil indispensable à la bonne connaissance du monde végétal permettant aussi d'appréhender la biodiversité existante. Le premier étage est une partie privée abritant bureaux, bibliothèque et laboratoire (dont la salle de diagnose, où sont identifiés les végétaux grâce à du matériel d’optique couplé à un appareil photonumérique et à la richesse de la bibliothèque toute proche). LES SERRES Il existe à ce jour 2 serres qui occupent une superficie de 660 m². Elles abritent 3 zones climatiques regroupant : • une collection de plantes tropicales : 400 espèces y sont représentées, plantes médicinales, alimentaires, curieuses ou rares : l’Orthosiphon stamineus ou Orthosiphon –moustaches de chat–aux vertus diurétiques, le Psidium gojava ou Goyavier, les Orchidacées avec plus de 250 espèces représentées, des plantes carnivores ou encore le Catharanthus roseus fameuse Pervenche tropicale à l’origine d’un anticancéreux majeur dans le monde. Ouvrages Parmi les plantes rares et menacées, on peut noter la présence du Ruizia cordata, plante originaire de l'île de la Réunion qui, grâce aux efforts des jardins botaniques, a pu être sauvée et réintroduite dans la nature. • une collection de plantes méditerranéennes provenant du sud de l’Australie et d’Afrique du Sud : le Xanthorrea glauca, plante australienne de croissance lente qui a la particularité de survivre aux feux de brousse, démontre bien la fragilité de ces milieux particuliers. Par ailleurs, l’adaptation des plantes à ce climat est attestée (microphyllie, sclérophyllie, bulbes, caudex…). • une collection de 200 plantes succulentes : plantes originaires des régions arides (Amérique du Sud, Mexique, Namibie, Arabie, Madagascar…). Environ 90 % des espèces de cette zone sont inscrites à la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) : Cactaceae, Aizoaceae, Aloaceae, Asteraceae, Cucurbitaceae et autres familles cohabitent, prouvant ainsi la spécificité d’adaptation aux climats arides. LE JARDIN BOTANIQUE Il s’étend sur une superficie de 5000 m² et propose une collection de plantes médicinales, dermocosmétiques, alimentaires, toxiques, tinctoriales et d’intérêt botanique. La présentation des collections n’obéit à aucune classification parmi les espèces. Par exemple, des plantes alimentaires (Persil, Carotte) cohabitent avec des plantes toxiques (Ciguë) et ceci permet précisément de souligner les confusions possibles et la prudence qu’il convient d’adopter avec des plantes a priori inoffensives. Le jardin est aussi une leçon de botanique destinée à tous les publics : en effet, les plantes sont désignées par un nom vernaculaire et un nom latin afin d’éviter toute confusion. Au total, plus de 1000 espèces végétales sur le Conservatoire Botanique et près de 400 espèces protégées par la CITES et autres conventions internationales. À noter : Le Conservatoire Botanique Pierre Fabre est un établissement privé. Il n’est pas ouvert au public. Seuls les professionnels de santé (médecins, pharmaciens...) peuvent le visiter sur invitation. Regards Botaniques - Juin 2013 9 Regards Sommaire Outlook Plante Vedette Actualités NOUVEAUTÉS INSTITUT KLORANE LES PLANTES DES MOISSONS, AU BÉNÉFICE DE LA NATURE ET DE L’HOMME Dès ce mois de Juin, notre fondation édite une nouvelle brochure sur les Plantes des moissons, autrement appelées Plantes Messicoles. la conservation de diverses espèces animales et végétales. Ces plans proposent par exemple : • de créer des réseaux de conservation de plantes messicoles avec les agriculteurs pour les soutenir dans de nouvelles pratiques agricoles • de valoriser le rôle indispensable de cette flore dans les champs, en attirant pollinisateurs et autres auxiliaires des cultures • de créer un label de promotion pour des semences d’origine locale • de renforcer les compétences des agriculteurs afin d’établir une chaîne « agriculturebiodiversité »… Ces plantes, symboles d’une agriculture fructueuse, sont malheureusement devenues rares dans nos campagnes : Adonis, Bleuets, Camomilles, Coquelicots… contribuent pourtant au maintien de la biodiversité végétale et à un équilibre écologique. En France, 102 plantes messicoles figurent sur une liste nationale établie par des experts et des conservatoires botaniques, dont 7 espèces sont considérées comme disparues. Le danger est bien là, mais il est encore temps d’agir pour les préserver. On notera que des Plans nationaux d’actions (PNA) ont été mis en place depuis plus de 15 ans pour 10 Regards Botaniques - Juin 2013 Il ne faut pas oublier que ces plantes des moissons font également partie de la mémoire collective. Ainsi, Bleuets et Coquelicots sont les fleurs dont les deux couleurs se retrouvent sur le drapeau français. Cette brochure de 52 pages est disponible dès juin en officine. Vous pouvez la retrouver également sur notre site internet www.institut-klorane.org N’hésitez pas à la demander ! Centaurea cyanus L. Bleuet Enfin, elles demeurent une source inépuisable d’inspirations poétiques ou picturales : leurs couleurs ont inspiré de nombreux peintres tels Monet, Van Gogh, Klimt… L’Institut Klorane vous propose de découvrir cette flore particulière et oubliée avec un focus sur 12 plantes emblématiques de nos moissons (illustrations botaniques en couleur, fiches plantes détaillées…). Papaver rhoeas L. Coquelicot Interview Conservatoires et Jardins Botaniques Ouvrages OUVRAGE L’INSTITUT KLORANE À L’INITIATIVE DU LIVRE LA GRANDE MURAILLE VERTE Des arbres contre le désert Le Sahel fascine par la beauté de ses paysages et la vie de ses peuples. RECOMMANDÉ AU PUBLIC FLORE PHOTOGRAPHIQUE DU CAMBODGE Pourtant cette région se dégrade. Les États et les sociétés doivent par conséquent s’unir pour apporter une réponse à ce changement. Ainsi, le programme panafricain ambitieux de « La Grande Muraille verte » vise à lutter contre la désertification, processus accru par nombre de facteurs (manque d’eau, surcharge pastorale, coupe de bois…). Son objectif est humaniste, interculturel avec un regard novateur sur un arbre prodigue, véritable symbole de cette reconquête, le Dattier du désert. C’est donc en conciliant la régénération écologique, le développement durable et la prise en compte des aspirations des populations locales qu’un tel projet peut aboutir. L’Institut Klorane a voulu ainsi apporter sa contribution à la Grande Muraille verte. Elle se traduit par : • l’aide à la replantation massive au Sénégal de Dattiers du désert (10 000 à 12 000 arbres plantés par an et pendant trois ans) ; • le financement des thèses de doctorat sur le potentiel du Dattier du désert, ses usages et son impact sociétal ; • le soutien d’une université d’été annuelle de sciences et médecine sur le site même de la Grande Muraille verte dans le nord du Sénégal. Ouvrage sous la Direction de Gilles Boëtsch Photographies : Arnaud Späni Éditions PRIVAT En librairie dès juin 2013 Cet ouvrage est le fruit du travail de l’équipe du Laboratoire commun de phytochimie de la Faculté de pharmacie de Phnom Penh. Que l’on soit botaniste ou simplement touriste amoureux des plantes, cette flore vous ouvre les portes sur des trésors végétaux du Cambodge et leurs usages locaux. Au total, 524 espèces décrites et plus de 2 000 photographies prises sur le terrain. Ce travail d’inventaire est tout à fait exceptionnel et mérite que l’on s’y attarde. À n’en pas douter, cet ouvrage de référence de près de 600 pages, fera date ! Auteurs M. Leti, S. Hul, J-G. Fouché, SK Cheng, B. David Éditions PRIVAT www.editions-privat.com Regards Botaniques - Juin 2013 11 Regards Sommaire Plante Vedette Outlook Actualités Interview Conservatoires et Jardins Botaniques Ouvrages L’ INSTITUT KLORANE Fondation d’Entreprise, l’Institut Klorane œuvre à la protection et la valorisation du patrimoine végétal. Créé en 1994 à l’initiative de Monsieur Pierre Fabre pour un partage des connaissances multidisciplinaires acquises sur les plantes depuis l'origine du Groupe, l’Institut Klorane poursuit cet engagement autour de trois missions : • Protéger • Explorer • Éduquer Protéger L’Institut Klorane est particulièrement sensible à la protection et à la conservation des espèces végétales menacées. À ce titre, il agit en étroite collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), des conservatoires botaniques (Brest, Corse, etc.) et des institutions scientifiques (CNRS, par exemple) pour la sauvegarde des espèces en danger dans le monde : - Normania triphylla, solanacée réintroduite avec succès à Madère ; - Calendula maritima, astéracée menacée endémique de Sicile, faisant l’objet de toutes nos attentions ; - Balanites aegyptiaca (dattier du désert), zygophyllacée replantée massivement au Sénégal dans le cadre du projet ambitieux de la Grande Muraille Verte, contribuant ainsi au développement durable de l’économie locale. Explorer Pour sans cesse accroître la connaissance sur la biodiversité végétale, l’Institut Klorane soutient les acteurs de la recherche et de la conservation en botanique par : • le financement de missions sur le terrain pour mieux connaître les forêts primaires tropicales ; • l’accompagnement à la création de jardins thérapeutiques ; • la participation à la restauration et à la numérisation de la collection patrimoniale des herbiers du Muséum national d’Histoire naturelle (11 millions de spécimens) ; • le financement de thèses de doctorat sur le potentiel du dattier du désert, ses usages sociaux et son impact environnemental ; • la promotion de programmes de résurrection de graines d’espèces disparues dans le monde. Il réalise des supports d’information scientifique à destination des professionnels de santé, telles les monographies botaniques appliquées à des plantes stratégiques, qui constituent progressivement une collection de référence. Convaincu de l’importance de la protection du patrimoine végétal, l’Institut Klorane s’engage dans des opérations d’envergure à travers le monde : Le Portugal a réintroduit avec succès une espèce végétale menacée d’extinction à Madère, Normania triphylla, en collaboration avec le Jardin botanique de Funchal et le Conservatoire botanique national de Brest. Il continue l’opération « Un arbre, un enfant » et la visite de jardins botaniques. L’Italie s’investit dans la sensibilisation aux problèmes environnementaux avec le projet VIVIDARIA. Elle s’implique dès 2011 dans le programme de conservation de Calendula maritima Guss, endémique de Sicile. Éduquer En partenariat avec des pharmaciens d’officine, des jardins et conservatoires botaniques ainsi que des réseaux de botanistes, l’Institut Klorane fait découvrir le patrimoine végétal aux enfants ainsi qu'aux étudiants en s’appuyant sur plusieurs thématiques : Plantes, Biodiversité et Développement durable, Alimentation, Fruits charnus, Forêt et conifères, Champignons. Pour le grand public, une large collection de brochures et posters est également réalisée. Fidèle aux rendez-vous annuels des mycologues amateurs ou éclairés, l’Institut Klorane participe également à la diffusion des connaissances sur les champignons de façon ludique. Il agit en partenariat avec les facultés de pharmacie et des sciences et les associations mycologiques locales. Enfin, le partenariat avec l’association Tela Botanica permet de proposer au grand public des programmes de Sciences Participatives (Observatoire des Saisons, Sauvages de ma rue) pour faire découvrir la nature de proximité et faciliter un engagement citoyen pour sa sauvegarde. La Grèce, dans la continuité des animations botaniques, accompagne des scolaires et des pharmaciens à la faculté de pharmacie d’Athènes pour découvrir l’utilité du patrimoine végétal au travers d’ateliers d’extraction végétale et de fabrication de savons. L’Espagne poursuit la sensibilisation des scolaires encadrés par des pharmaciens avec des activités liées à la découverte des sens, de la phytochimie, au sein de cinq jardins botaniques. Elle édite également Regards Botaniques sous le titre « Territorio botanico ». La Belgique, grâce à la brochure « Raconte-moi la biodiversité » distribuée en officine, sensibilise les enfants aux enjeux de la protection des espèces végétales de façon ludique et didactique. La Turquie est partenaire de la fondation TEMA pour la protection des espaces agricoles, la reforestation et la prévention de l’érosion, en soutenant un projet de replantation de pins noirs endémiques de la région d’Izmir. Juin 2013 Regards Outlook Directrice de la publication Florence Guillaume Édité par l’Institut Klorane, Fondation d’entreprise pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal Rédaction Isabelle Escartin Minh-Tu Nguyen Remerciements J.G. Fouché F. Le Hir F. Pouillès Éditions Privat Photos P. Beteille D. Cabrol F. Le Hir L. Pagani A. Panel Groupe Pierre Fabre Shutterstock A. Späni Illustrations André Boos Conception / Prépresse et impression Art & Caractère, 81500 Lavaur Ce document est la propriété de l’Institut Klorane. Tous droits de traduction, adaptation, reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. Ne peut être vendu. © Institut Klorane Juin 2013 Le Canada participe depuis 2009 à la sauvegarde d’espèces végétales menacées, en partenariat avec le Jour de la Terre et l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) : le carex faux-lupina et la carmantine d’Amérique. Le Sénégal où se déroule le programme de la Grande Muraille Verte. La Suisse prend part au plan de sauvegarde d'Eryngium alpinum, en partenariat avec l'association Pro Natura. VOT E PROCHR A ÉDITIONINE : Octobre 2 013 N°8