consommation exagérée d’alcool [11]. L’obésité post-
ménopausique, de même que l’inactivité physique qui
lui est souvent associée, entraîne une augmentation signi-
ficative du risque [12].
À faible dose, le risque radique est négligeable surtout
après 35 ans [13]. Les doses délivrées par la mammogra-
phie sont extrêmement faibles et le risque de cancer
induit est estimé à 3,5 cancers/1 000 000 femmes/an/rad.
Toutefois, en raison de la sensibilité particulière du sein à
un âge jeune, il est conseillé de ne pas multiplier à cet âge
cet examen, qui en outre n’apporte souvent que peu
d’informations en raison de la densité mammaire élevée
généralement observée à cet âge. En revanche, l’irradia-
tion du thorax accidentelle ou médicale, à dose cumulée
supérieure à quelques centaines de milligray, peut avoir
un effet mutagène. L’irradiation thoracique à dose élevée
avant l’âge de 30 ans (et surtout avant 20 ans) rend ces
femmes à très haut risque de cancer du sein du même
ordre qu’une femme mutée BRCA1. Ce facteur de risque
avéré (RR de 2 à 6) est lié à la dose reçue et à l’âge
d’irradiation. La médiane de survenue de cancer à partir
de la fin de l’irradiation est autour de 18 ans, et une
surveillance par imagerie (mammographie ou IRM) est
en général mise en route 8 à 10 ans après l’irradiation.
Risque génétique
Globalement, le risque de survenue d’un cancer du
sein est majoré chez les parentes proches d’une femme
ayant eu cette affection. Ce risque, évalué de façon empi-
rique, est plus faible si le cancer est survenu chez la
parente après la ménopause et n’a intéressé qu’un sein.
Il est plus élevé s’il s’agit d’un cancer bilatéral survenu
avant la ménopause. De plus, les risques sont cumulatifs.
On utilise habituellement le terme de risque « familial »
pour qualifier le risque d’une patiente appartenant à une
famille où il existe une agrégation de cancers du sein (au
moins deux parents du premier degré atteints), sans gène
responsable identifié. On parle de risque « génétique »
lorsque le gène de susceptibilité a été identifié. Ces can-
cers génétiques sont rares et leur fréquence est estimée à
5-10 %. Des mutations affectant les gènes BRCA1 (Breast
Cancer gene 1) (Chr.17q21) et BRCA2 (Chr.13q12)
seraient responsables d’environ 80 % des formes hérédi-
taires de la maladie [14]. Le risque de développer un can-
cer du sein pour une patiente porteuse d’une mutation,
estimé initialement à 80 % à l’âge de 70 ans pour les pre-
mières séries de patientes caractérisées par une forte
pénétrance, serait toutefois plus faible sur les méta-
analyses plus récentes incorporant davantage de patientes
avec des pénétrances variables [15]. Les mutations de
TP53, PTEN, STK11 sont beaucoup plus rares. Les recher-
ches se poursuivent pour définir dans les familles à risque
de nouveaux gènes de susceptibilité, des polymorphismes
et des facteurs épigénétiques. Un grand nombre de can-
cers dits familiaux ne comporte toutefois, à ce jour,
aucune anomalie identifiée.
L’association à l’âge d’une histoire familiale de cancer
du sein majore significativement le risque des lésions
mammaires épithéliales atypiques [16]. Le modèle d’esti-
mation du risque de cancer mammaire de Gail inclut
l’âge, l’âge de la ménarche, l’âge à la première naissance,
le nombre de biopsies effectuées, la présence d’atypies
épithéliales [17] et le nombre de parents du premier
degré ayant un cancer du sein. La présence d’atypies
double le risque de cancer invasif quels que soient les
modèles de calcul de risque [17-24].
Risque histologique
La classification des lésions bénignes du sein selon
leur risque carcinologique tient compte de la valeur du
RR. Les lésions « sans risque » ont un RR proche de 1.
Sur un plan morphologique, ce sont des lésions non pro-
lifératives. Le fibroadénome de la femme jeune, l’ectasie
canalaire ou l’état fibrokystique sans atypies en sont des
exemples. Les lésions dites à « risque faible » sont des
lésions prolifératives telles que les cicatrices radiaires,
les adénoses sclérosantes complexes ou les papillomes
multiples, et elles ont un RR inférieur à 4. Les « lésions à
risque » sont des lésions prolifératives avec atypies ; elles
ont un RR supérieur à 4 pouvant même aller jusqu’à10
pour certaines d’entre elles. Parmi celles-ci, on peut citer
les hyperplasies canalaires atypiques (HCA) et les néopla-
sies lobulaires in situ [22].
Ainsi, le RA de faire un cancer en 15 ans passe de 2 %
en l’absence de lésions prolifératives à 4 % en présence
de lésions prolifératives et 8 % si ces dernières présentent
des atypies [25]. Plus récemment, Hartmann [22] a rééva-
lué le risque de cancer du sein associé à ces lésions. Il a
confirmé l’absence de risque accru de cancer chez les
femmes sans antécédents familiaux qui présentent des
lésions non prolifératives. Toutes populations confon-
dues, le RR est de 1,27 pour des lésions non prolifératives,
de 1,88 pour des lésions prolifératives sans atypies et 4,24
en présence d’atypies.
Cependant, si le risque histologique est bien caracté-
risé pour certaines lésions atypiques canalaires et lobulai-
res, il est encore inconnu pour l’atypie plane de bas
grade. Ceci pose en pratique des problèmes de compré-
hension pour les praticiens et leurs patientes en raison de
la terminologie employée, atypique alors que leur niveau
de risque reste à ce jour indéterminé.
Risque lié à la densité mammaire
La prolifération du tissu mammaire (stromal et épithé-
lial) peut entraîner une élévation de la densité mammo-
graphique qui est considérée comme un facteur de risque
[26]. Cette donnée est connue depuis plus de 30 ans,
grâce aux travaux de Wolfe qui a proposé une classifica-
mt, vol. 15, n° 4, octobre-novembre-décembre 2009
Revue
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