Mission à Mandalay, février 2007

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Chapître 5
Mission à Mandalay, février 2007
Novembre 2005: les premières interventions de chirurgie cardiaque chez l’adulte
sont réalisées à l’occasion d’une première mission dans de bonnes conditions :
première intervention de chirurgie coronaire, première intervention de
remplacement valvulaire. Tous les malades opérés vont bien, preuve qu’avec
très peu de moyens, avec une équipe peu formée à ce genre de chirurgie, il est
possible de rendre service aux malades. Les deux missions réalisées en 2006
confirment que créer dans cet hôpital une structure active de chirurgie cardiaque
est à la fois nécessaire, car il y a dans le nord de la Birmanie beaucoup de
malades, mais aussi faisable. J’ai demandé pour poursuivre ce travail
d’évaluation du potentiel, à mes amis les professeurs Pascal Vouhé et Daniel
Sidi, respectivement chirurgien cardiaque pour enfant et cardio pédiatre, de
m’accompagner : la première semaine sera consacrée à la pédiatrie, la seconde à
la chirurgie cardiaque chez les adultes. Voici en image le compte rendu de cette
mission.
Le Professeur Pascal Vouhé examine un petit enfant porteur d’une tétralogie de
Fallot (responsable de la maladie bleue)
Le cardiopédiatre, le Professeur Daniel Sidi peut, grâce à l’échocardiographe
portable qu’il a amené, préciser le diagnostic et évaluer le risque opératoire.
Pendant que le chirurgien opérera, le Professeur Sidi procédera à un large
screening de la population des enfants porteurs de cardiopathies congénitales et
sélectionnera ceux qui pourront bénéficier d’une intervention.
Le chef du service, le Professeur Khoen Soe Moe, a tout organisé : les familles
souvent venues de loin sont réunies dans le Service et chacun attend avec
impatience le verdict du Professeur.
Pendant ce temps, les infirmières du Service, formées à Paris dans nos Services,
ouvrent les nombreux paquets que nous avons amenés : plus de deux cents kilos
de matériel, offerts par nos fournisseurs à Paris, transportés en bagages
accompagnés, gracieusement, grâce à la générosité de Thay Airways.
Une infirmière de mon Service, Anna Bini, vient pour la troisième fois, former
les panseuses du Service de Mandalay. La difficulté pour ces panseuses de
Mandalay est de trouver le matériel et les équipements dont auront besoin les
chirurgiens au cours de l’intervention.
On fait avec ce que l’on a : ici une panseuse du Service prépare la stérilisation
des instruments, dans une bouilloire, comme dans le bon vieux temps. Je n’ai
jamais observé de problèmes infectieux dans ce Service.
Mais, finalement, quand l’intervention commence, on peut se croire à Paris ! Le
Proofesseur Vouhé est assisté par le Professeur Khoen Soe Moe qui a très peu
d’expérience de la chirurgie cardiaque.
Pendant ce temps, entre deux écho cardiaques et de nombreuses séances de
formation des cardiologues, le Professeur Sidi prend quelques minutes de repos.
Le tout premier enfant opéré va bien, quelques heures après l’intervention.
Les enfants se succèdent, tous aussi mignons les uns que les autres.
L’intérêt que manifestent les médecins et les chirurgiens de l’hôpital est
considérable. Les chirurgiens pédiatres et les cardiologues ont installé un
système de retransmission de l’intervention en direct. Plus de trois cents
étudiants sont réunis, tous aussi attentifs les uns que les autres, ne perdant pas
une miette de ce qu’ils voient pour la première fois.
Tout le monde est content : au premier rang de l’amphithéâtre, de gauche à
droite, le chef du Service de Chirurgie Pédiatrique, le Recteur de l’Université et
la directrice de l’Hôpital des enfants. C’est Hôpital situé dans l’enceinte de
l’Hôpital général a été équipé par l’AMFA.
La cardiologue boit les paroles du Professeur Sidi : enseignant remarquable, il a
bien vite réalisé que sa tâche va être rude. Coupés du monde, tous les médecins
locaux ont du mal à accéder à la connaissance, et ils sont bien décidés à ne pas
perdre la plus petite miette de ce que l’on apporte.
Le crayon feutre à la main, Sidi rend les cardiopathies les plus complexes
compréhensibles. Son objectif : que chacun puisse répondre à deux questions :
Quel est le diagnostic ? quelle est la conduite à tenir ?
car finalement quand on a compris la maladie et ce qu’il faut faire pour la traiter,
le résultat est là ! Il n’y a plus qu’à opérer !
Ce petit gamin est venu de la région de Tandwee, sur la côte. Il y retournera
strictement normal.
Vous reconnaîtrez sûrement celui-ci, qui souffrait de la maladie bleue ! et que
vous avez vu éxaminé par le Professeur Vouhé, le jour de notre arrivée.
Désormais, il vivra normalement. Il s’en rend compte déjà.
Vouhé et Sidi, ainsi que les infirmières de Paris, doivent repartir. Je reste seul
avec nos amis birmans et vais dans les huit jours qui suivent opérer dix malades
urgents. Leur point commun : être jeune mais malade, très malade même, et ne
pouvoir se payer les frais de l’intervention ! Cette jeune femme est orpheline.
Recueillie par les médecins de l’Hôpital de Mandalay, elle a pu grâce à eux faire
ses études de médecine. Tous participeront aux frais de l’intervention.
Le jour du départ arrive pour moi aussi. Je pars content car tout s’est très bien
passé mais un peu triste car nous aurions peut être pu faire davantage. Les deux
jeunes sur cette photo représentent l’avenir : étudiants en médecine, ils font leur
stage de chirurgie. Passionnés par ce qu’ils ont vu, ils veulent être formés dans
la spécialité. Je leur ai fait un programme de formation qu’ils suivront dans les
mois qui viennent et je vérifierai lors de mon prochain séjour la qualité des
acquis.
Chaque soir, en quittant l’Hôpital, sur le trajet de l’hôtel, le spectacle est le
même : dans la douceur d’une fin de journée qui paraît il a été torride, les ruines
du Palais Royal, incendié pendant la 2ième guerre mondiale, s’illuminent dans le
coucher du soleil.
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