Jacques FRANÇOIS Université de Caen & LaTTiCe (ENS-Paris 3) [email protected] / www.interlingua.fr ENTRE prévenance ET prévention : L’ITINÉRAIRE1 SÉMANTAXIQUE DU VERBE prévenir SOUS L’ANCIEN RÉGIME 1. Prévenir AUJOURD’HUI Dites-moi la première phrase qui vous vient à l’esprit, contenant le verbe prévenir ! La grande majorité des francophones répondront quelque chose comme : (1) Préviens-moi de ton arrivée ! (2) Bernard m’a prévenue qu’il aurait un peu de retard. En (1) aussi bien qu’en (2) prévenir est remplaçable par avertir ou informer. Ce sens ‘informatif’ de prévenir est assurément celui que les jeunes locuteurs apprennent en premier et qui leur semble couvrir tous les emplois du verbe, à tel point qu’ils seront perplexes devant (3) : (3) Mieux vaut prévenir que guérir. L’énoncé proverbial (3) signifierait-il qu’en cas de maladie d’un proche, il vaut mieux prévenir un médecin plutôt que de chercher à le guérir soi-même ? Qu’on puisse prévenir quelque chose et non quelqu’un leur paraît très curieux. Et si on leur parle d’un traitement préventif par opposition à un traitement curatif et qu’ils ont déjà rencontré l’adj. incurable, ils auront peutêtre l’intuition que le second s’applique une fois la maladie déclarée et le premier avant sa manifestation, donc en devançant cette manifestation. Un coup d’œil au classement des synonymes de prévenir selon le Dictionnaire Électronique des Synonymes du CRISCO (www.crisco.unicaen.fr) confirme que, sur ses dix premiers2 synonymes, six, dont les trois premiers, concernent le sens informatif (avertir, informer, annoncer, aviser, alerter, instruire) et les quatre autres un sens ‘confrontatif’ (devancer, éviter, détourner, parer) [cf. Tableau 1]. 1 2 La notion de « parcours sémantique » ayant été abondamment employée en synchronie par les linguistes opérant dans le cadre de la Théorie des Opérations Énonciatives et Prédicatives (cf. Franckel & Lebaud 1990 ; Camus & de Voguë, dir. 2004), j’opte pour « itinéraire » comme champ de variation diachronique, équivalent – à la dimension syntaxique près – à la notion de « changement sémantique » chez Darmesteter (1887). Les synonymes figurent dans des ‘cliques de synonymes’ qui constituent des points dans l’espace sémantique du verbe examiné. Les premiers synonymes sont eux qui figurent dans le plus grand nombre de cliques (cf. Morel & François 2015). 1 30 synonymes admonester, alerter, aller au-devant, annoncer, anticiper, avertir, aviser, conjurer, crier, détourner, devancer, dire, donner avis, empêcher, escompter, éviter, faire savoir, gagner de vitesse, influencer, informer, instruire, mettre au courant, mettre en garde, obvier, parer, pousser, précéder, préoccuper, préserver, tourner 4 antonymes exciter, provoquer, se taire, tarder Classement des premiers synonymes avertir informer annoncer devancer éviter aviser détourner parer alerter instruire Tableau 1 : Inventaire des synonymes et antonymes du verbe prévenir (D.E.S., CRISCO) Et l’espace sémantique du verbe présente un agrégat primaire de synonymes autour d’avertir et un agrégat secondaire autour d’éviter, le synonyme devancer établissant un troisième pôle à lui seul, reliant indirectement éviter et précéder [cf. Figure 1] agrégat principal de synonymes agrégat secondaire de synonymes Figure 1 : Espace sémantique du v. prévenir (sur le plan 1x2) Mais si l’on y regarde de plus près, on reste perplexe devant la proximité supposée entre annoncer et précéder. Cette proximité se fonde sur une clique {annoncer, précéder, prévenir} qui a un caractère hétérogène (et génère un lien sémantique artificiel). En effet, annoncer et précéder sont synonymes de prévenir respectivement dans des énoncés tel que (4) et (5) : (4) On m’a annoncé | prévenu de votre venue. (5) Marie a précédé | prévenu ma question. Et par ailleurs annoncer et précéder sont synonymes (à une nuance près, celle de la relation à un observateur, précéder véhiculant, dans la terminologie de la sémiotique, le caractère d’un indice et annoncer celui d’un signal) dans un énoncé tel que (6), où prévenir est exclu : (6) Ces gros nuages noirs annoncent | précèdent un bel orage. 2 De même la proximité supposée entre aviser et parer résulte de la clique hétérogène {aviser, parer, prévenir}. D’un côté prévenir est synonyme d’aviser dans le sens informatif, synonyme de parer dans le sens ‘confrontatif’ et de son côté parer exprime une spécification d’aviser dans la construction transitive indirecte aviser à (SYN : penser à s’occuper de). On est donc en fait en présence de deux fausses liaisons sémantiques qui relient artificiellement les deux sens informatif dominant et ‘confrontatif’ secondaire (incluant devancer et précéder). En français actuel, il n’y a donc plus de verbe prévenir polysémique, mais seulement deux verbes prévenir en relation d’homonymie et figurant dans des constructions distinctes, d’un côté qn prévient qn de qc|que P, de l’autre qn|qc prévient qc. Mais revenons à l’adjectif dérivé préventif : il est apparenté morphosémantiquement au substantif la prévention. Un autre adjectif est issu du participe présent : prévenant, source du substantif la prévenance. Et du participe passé est issu dans la langue juridique le substantif le prévenu. La prévention d’une maladie est la nominalisation de prévenir une maladie et la prévenance (à l’égard de qn) est celle d’être prévenant (à l’égard de qn), expression adjectivale elle-même issue de la variante ‘devancer’ du sens confrontatif de prévenir (je préviens les désirs de X, donc je suis prévenant à l’égard de X ou j’entoure X de prévenances). Le tableau 2 fournit les définitions et cooccurrences majeures du n.f. prévenance et son étymologie d’après le TLF. Les définitions d’ANTIDOTE comportent les constituants ‘X va au devant des désirs de Y’, ‘X veut faire plaisir à Y’, valeurs que confirment les cooccurrents délicate /douce ~ et celle du TLF ‘manière obligeante’ ANTIDOTE TLF Fait d’aller au-devant des désirs de quelqu’un, de vouloir faire plaisir à quelqu’un. Avoir de la prévenance. Faire preuve de prévenance à l’égard de quelqu’un, pour quelqu’un. Action, parole par laquelle on va au-devant des désirs de quelqu’un, on veut faire plaisir à quelqu’un. Être plein de prévenances et d’égards pour quelqu’un. Entourer quelqu’un de prévenances. 1732 « manière obligeante d'aller audevant de ce qui peut plaire à quelqu'un » (Mercure de France,déc., 1ervol., p. 2531 ds Trév. 1752 : Vous ne trouvez que des prévenances qui ne vous laissent pas un moment le plaisir de désirer). Dér. de prévenant* au sens 2; suff. -ance*. On note également chez LEMAIRE DE BELGES (Chronique annale ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 491), le subst. prevenance, au sens de « action de devancer » (dér. de prévenir* au sens de « devancer »). Tableau 2 : Définitions, cooccurence et étymologie du substantif prévenance Le tableau 3 présente les données correspondantes pour le n.f. prévention. Trois points sont à en retenir : a) Toutes les coocurrences mentionnées s’applique à prévention au singulier et concernent l’ « ensemble des mesures que l’on prend pour prévenir un risque, un danger, un mal ». b) Cependant la seconde définition « Opinion favorable ou défavorable antérieure à tout examen » concerne les préventions, et les deux substantifs au pluriel forment une paire antonymique : si avoir des prévenances à l’égard de | pour qn implique une attitude ‘obligeante’, avoir des préventions à l’égard de | contre qn implique inversement une attitude désobligeante. 3 c) Le TLF définit curieusement la source latine n.f. praeventio : « action de prévenir en avertissant » (précision absente de l’article praeventio du Gaffiot), suggérant ainsi que l’évolution moderne du sens du v. prévenir comme synonyme d’avertir était déjà en germe dès son origine et ne demandait qu’à s’épanouir. ANTIDOTE TLF Ensemble des mesures que l’on prend pour prévenir un risque, un danger, un mal. Prévention routière. La prévention des accidents de la route. Prévention médicale. Prévention des incendies. •Organisme chargé d’appliquer ces mesures. Opinion favorable ou défavorable antérieure à tout examen. Avoir des préventions contre quelqu’un. [Soutenu] Accusation. [DROIT] Situation d’un prévenu. Empr. au b. lat. praeventio «action de devancer, action de prévenir en avertissant» (BLAISE Lat. chrét.), dér. du lat. class. praeventum, supin de praevenire, v. prévenir. Tableau 3 : Définitions, cooccurence et étymologie du substantif prévention 2. LE TEMPS DES PRÉVENTIONS COURTISANES : prévenir qn contre | sur | en faveur de qn/qc Si j’ai longuement insisté sur les relations de sens entre prévenir, préventif, prévenant, le prévenu, les prévenances et les préventions, c’est en raison de la présence passagère aux 17e et 18e siècles des constructions qn :x prévient qn :y contre qn :z et inversement qn :x prévient qn :y pour | en faveur de qn :z (ainsi que la formulation neutre qn :x prévient qn :y sur qn|qc :z ). Cette époque est celle de l’affermissement de la monarchie absolue jusqu’à son apocalypse entre 1789 et 1793. Mon hypothèse est que ce recouvrement chronologique n’est pas le fait du hasard et que la progression puis la stabilisation et enfin l’extinction de ces deux constructions, attestée par l’analyse de la base FRANTEXT entre 1600 et 1850 (cf. plus bas), sont liées au poids croissant puis décroissant des mœurs de la cour des monarques de France dans la littérature mondaine de l’époque. 4 2.1. Attestations lexicographiques Le TLF fournit dans la partie lexicographique de l’article prévenir les trois citations suivantes relativement tardives (rubrique C) : (7) Je vois trop, seigneur, reprit Armoflède, qu'on vous a prévenu contre moi (GENLIS, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.259). (8) Mosca (...) avait (...) un air simple et gai qui prévenait en sa faveur (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.90). (9) Je parlais à mon ami de l'impression que m'avait causée l'aspect inattendu d'Abdul-Medjid (...) Ce visage pâle, effilé (..) m'avait prévenu favorablement pour lui (NERVAL, Voy. Orient, t.3, 1851, p.15). Et la partie historique et étymologique ajoute (rubrique B2) : a) av. 1662 être prevenu de «être sous l'influence d'un sentiment, d'une pensée... de telle sorte que l'on est privé de tout sens critique» (PASCAL, Pensées, § 21, éd. L. Lafuma, 1963, p.502); b) 1675 prévenir en faveur de (VILLEDIEU, Les Désordres de l'amour, p.205). suggèrant ainsi que quiconque (‘x’) prévient qn:y en faveur de qn:z, exerce sur ‘y’ une influence psychologique qui lui impose un jugement favorable à ‘z’, « privé de sens critique ». Ces constructions ne figurent pas dans l’article prévenir de Robert Martin dans le Dictionnaire du Moyen Français pas plus que dans le Trésor de la Langue Françoise de Nicot (1610). La première mention dans les dictionnaires de l’époque figure dans la troisième définition de prévenir fournie par le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière (1690) : PREVENIR, signifie aussi, Preoccuper l’esprit, luy donner les premieres impressions. Un opiniâtr [sic] qui est prevenu en faveur de quelqu’un est un Juge dangereux, Les devots sont sujets à se laisser prevenir. La 1ère édition du Dictionnaire de l’Académie (1694) lui emboîte le pas avec la mention : Prevenir, signifie aussi, Préoccuper l'esprit de quelqu'un. Il a prevenu ses Juges, l'esprit de ses Juges. ils se sont laissé prevenir. je suis bien aise que quelqu'un le previenne en ma faveur avant que je luy parle. Il est aussi quelquefois neutre pass. en ce sens. Vous vous prevenez aisément. c'est l'homme du monde qui se previent le moins, qui se previent le plus. Il est à noter que sa 5e édition (1798) introduit l’emploi informatif du verbe, sans chercher toutefois à expliquer l’émergence de ce nouvel emploi : On dit, Prévenir quelqu'un de quelque chose, sur quelque chose, pour dire, L'en instruire, l'en avertir par avance. Il m'a fait prévenir de son arrivée. Je l'ai prévenu sur les piéges qu'on vouloit lui tendre. Je vous préviens que vous aurez demain une visite qui vous surprendra. On vous en avoit prévenu. Emile Littré fournit dans la rubrique 7 « faire naître d’avance dans l’esprit des sentiments favorables ou défavorables » de l’article prévenir de son dictionnaire (1872) douze citations dont deux en cooccurence avec en DetPoss faveur et une avec favorablement (et curieusement aucune avec contre). En outre sa rubrique 10 « Concevoir par avance des sentiments favorables ou défavorables » fournit trois citations de ces constructions en diathèse réfléchie : (10) J.J. ROUSS., Hél. I, 46: Tu as du penchant à te prévenir pour ou contre les gens (11) FÉN., Confess. VIII: Duclos, doué de trop grands talents pour ne pas aimer ceux qui en avaient, s'était prévenu pour moi, m'avait invité à l'aller voir (12) BOISSY, Français à Lond. sc. 19: C'est ainsi que les hommes se préviennent les uns contre les autres sans se connaître 5 Les dictionnaires du 20e siècle continuent de mentionner ces constructions (8e édition du Dictionnaire de l’Académie en 1932 en fin d’article, Grand Robert, éd. de 1985 : rubrique 2.1, TLFi : rubrique C), lesquelles sont cependant en voie d’extinction, comme nous allons le voir. 2.2. Première série d’attestations textuelles Afin de suivre la progression puis la régression de ces emplois, j’ai effectué cinq sondages destinés à mesurer la place de ces constructions exprimant l’emprise psychologique de ‘x’ sur ‘y’ à propos de ‘z’ parmi l’ensemble des emplois du v. prévenir. Ces sondages concernent la totalité des textes enregistrés pour les périodes 1600-1609 (95 occurrences du verbe), 1650-1659 (128 occ.), 1700-1709 (91 occ.), 1750-1755 (283 occ.) et 1800-1805 (146 occ.), l’ensemble représentant 743 occurrences du v. prévenir (cf. tableau 4). Entre les deux premières périodes, le poids relatif de deux constructions seulement a changé a) qn prévient qc / qc se prévient : 22% b) qc/qn prévient qn (= va au devant de) : 26% Les constructions d’emprise psychologique prévenir qn contre qn / en faveur de qn font défaut (voir tableau 4). 1600-1609 vs. 1650-1659 résultats exploitables qn prévient qc vs. qn prévient qn = va à la rencontre / évite / précède 1600-1609 1650-1659 95 128 Différence qn prévient qc / qc se prévient 91,60% 69,50% -22,00% qc/qn prévient qn = va à la rencontre 1,10% 27,30% +26,30% prévenir qn/se prévenir contre qn 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% qn est prévenu sur qn/qc 0,00% 0,00% 0,00% qn prévient qn = avertit 0,00% 0,00% 0,00% qn prévient qn / qn est prévenu que P 0,00% 0,80% 0,80% qc prévient qc 2,10% 0,80% -1,30% qn est prévenu 1,10% 0,80% -0,30% qn prévient 2,10% 0,80% -1,30% qn/qc prévient à qc 1,10% 0,00% -1,10% qn prévient que P<subj> 0,00% 0,00% 0,00% qn est prévenu de INF 0,00% 0,00% 0,00% nombre d’occurrences qn est prévenu contre qn/qc qn prévient qn contre / qn est prévenu en faveur de / pour qn en faveur de / sur qn/qc qn prévient qn en faveur de qn qn prévient qn (de qc / que P) = avertit RÉSULTATS NÉGLIGEABLES Tableau 4 : Répartition comparée des emplois du v. prévenir (1600-1609 vs. 1650-1659) Entre la deuxième et la troisième période sondées, on observe (voir tableau 5) que a) la décroissance de qn prévient qc se poursuit : 15,7% b) la place de qn prévient qn décroit légèrement : 5,4% 6 c) la construction qn prévient qn = avertit apparaît : 6,6% d) la construction passive-état qn est prévenu croît : 9,1% (l’expression signifie que qn a des préventions, mais l’orientation favorable ou défavorable reste indéterminée). 1650-1659 vs. 1700-1709 1650-1659 1700-1709 128 91 qn prévient qc / qc se prévient 69,50% 53,80% -15,70% qc/qn prévient qn = va à la rencontre 27,30% 22,00% -5,40% prévenir qn/se prévenir contre qn 0,00% 0,00% 0,00% qn est prévenu contre qn/qc 0,00% 1,10% 1,10% qn est prévenu en faveur de / pour qn 0,00% 0,00% 0,00% qn prévient qn en faveur de qn 0,00% 1,10% 1,10% qn est prévenu sur qn/qc 0,00% 0,00% 0,00% qn prévient qn (de qc) = avertit3 0,00% 6,60% +6,60% qn prévient qn / qn est prévenu que P 0,80% 0,00% -0,80% qc prévient qc 0,80% 1,10% 0,30% qn est prévenu 0,80% 9,90% +9,10% qn prévient 0,80% 4,40% 3,60% qn/qc prévient à qc 0,00% 0,00% 0,00% qn prévient que P<subj> 0,00% 0,00% 0,00% qn est prévenu de INF 0,00% 0,00% 0,00% nb. occurrences Différence Tableau 5 : Répartition comparée des emplois du v. prévenir (1650-1659 vs. 1700-1709) Entre le début et le milieu du 18e siècle, on constate a) l’augmentation de qn prévient qc 6,2% b) et simultanément la diminution de qn prévient qn = va au devant de : 5,7% , ce qui favorise la stabilisation de qn prévient qn = avertit c) l’augmentation de qn prévient qn contre qn : 3,2% d) l’augmentation parallèle de qn est prévenu en faveur de / pour qn : 4,2% e) la place inchangée de qn prévient qn = avertit : 6,6% 6,7% f) et la diminution de l'emploi absolu qn prévient : 3,7% (constat peu instructif) 3 Dans certains cas, la brieveté du contexte délivré par FRANTEXT ne permet pas de s’assurer si le sens de l’énoncé est clairement informatif. 7 1700-1709 vs. 1750-1755 1700-1709 1750-1755 91 283 Écart qn prévient qc / qc se prévient 53,80% 60,10% 6,20% qc/qn prévient qn = va au devant de 22,00% 16,30% -5,70% prévenir qn/se prévenir contre qn 0,00% 3,20% 3,20% qn est prévenu contre qn/qc 1,10% 0,70% -0,40% qn est prévenu en faveur de / pour qn 0,00% 4,20% 4,20% qn prévient qn en faveur de qn 1,10% 1,40% 0,30% qn est prévenu sur qn/qc 0,00% 0,70% 0,70% qn prévient qn = avertit 6,60% 6,70% 0,10% qn prévient qn / qn est prévenu que P 0,00% 0,40% 0,40% qc prévient qc 1,10% 1,10% 0,00% qn est prévenu 9,90% 7,80% -2,10% qn prévient 4,40% 0,70% -3,70% qn/qc prévient à qc 0,00% 0,00% 0,00% qn prévient que P<subj> 0,00% 0,40% 0,40% qn est prévenu de INF 0,00% 0,00% 0,00% nb. d’occurrences Tableau 6 : Répartition comparée des emplois du v. prévenir (1700-1709 vs. 1750-1755) Sur la base des constats précédents, j’ai formulé cinq hypothèses sur l’évolution des principales constructions entre 1750-1755 et 1800-1805 : a) décroissance de qn prévient qc b) disparition de qn prévient qn = va au devant de (au profit de d) c) disparition de qn prévient qn contre / en faveur de / sur qn/qc d) croissance de qn prévient qn = avertit (au détriment de b) e) croissance de qn prévient qn que P = avertit 8 1750-1755 vs. 17000-1805 1750-1755 1800-1805 283 nb. occurrences 146 Différence qn prévient qc 60,10% 58,90% -1,20% qc/qn prévient qn = va au devant de 16,30% 1,40% -14,90% prévenir qn/se prévenir contre qn 3,20% 1,40% -1,80% qn est prévenu contre qn/qc 0,70% 0,70% 0,00% qn est prévenu en faveur de / pour qn 4,20% 1,40% -2,80% qn prévient qn en faveur de qn 1,40% 1,40% 0,00% qn est prévenu sur qn/qc 0,70% 0,70% 0,00% qn prévient qn = avertit 6,70% 17,10% 10,40% qn prévient qn / qn est prévenu que P 0,40% 11,60% 11,20% qc prévient qc 1,10% 0,00% -1,10% qn est prévenu 7,80% 2,70% 2,70% qn prévient 0,70% 0,70% O,0% qn/qc prévient à qc 0,00% qn prévient que P<subj> 0,40% 0,00% -0,40% qn est prévenu de INF 0,00% 2,10% 2,10% 0,00% O,0% Tableau 7 : Répartition comparée des emplois du v. prévenir (1750-1759 vs. 1800-1805) Trois de ces hypothèses sont pleinement confirmées (b, d, e), une hypothèse l’est faiblement (c) et la première (a) est infirmée : Évaluation des cinq hypothèses ci-dessus a) décroissance de qn prévient qc infirmée en partie à cause d’un corpus médical important : 1,2% b) disparition de qn prévient qn = va au devant de confirmée : 14,9% c) disparition de qn prévient qn contre / en faveur de / sur qn/qc peu marquée, seulement sur qn est prévenu en faveur de / pour qn : 2,8% d) croissance de qn prévient qn = avertit confirmée : 10,4% e) croissance de qn prévient qn que P = avertit confirmée : 11,2% Le constat le plus intéressant concerne le changement de sens de qn prévient qn : jusqu’au milieu du 18e siècle, l’essentiel est le mouvement, à partir du début du 19e c’est l’intention du mouvement, l’avertissement qui l’emporte. 9 2.3. Deuxième série d’attestations textuelles Les tableaux 4 à 7 ont l’avantage de rendre compte de l’ensemble des constructions du v. prévenir entre 1600 et 1805 et ainsi de pointer sur celles qui disparaissent, par ex. qn/qc prévient à qc attestée seulement en 1600-1609 et celles qui apparaissent comme qn prévient qn (de qc) SYN avertit, qui n’est attesté dans ces sondages qu’à partir de 1700, mais ils ne fournissent pas une image précise de la progression puis régression de la construction qui nous occupe en particulier, qn prévient qn contre | en faveur de qn. Le tableau 8 fournit les résultats de deux requêtes dans l’ensemble de la base FRANTEXT sur les deux variantes de cette construction par demi-siècle entre 1550 et 1899, soit trois siècles ½. On constate d’abord que, sur 10075 occurrences enregistrées4, 2,10% concernent prévenir contre et seulement 0,89% prévenir en faveur de. Il semble donc que la construction ait été employée majoritairement dans le sens de faire partager ses préventions et non ses prévenances. Ensuite, du point de vue diachronique, la période 1550-1649 ne présente aucune occurrence de prévenir en faveur et une seule de prévenir contre sur 419 occurrences du v. prévenir, soit 0,2%. Symétriquement, dans la période 1850-1899 on ne rencontre que 21 occurrences de prévenir contre (0,9%) et 1 de prévenir en faveur (0,04%). En fait, les deux constructions ne sont en vogue que pendant la première moitié du 18e siècle avec 4,9% de prévenir contre et 3,1% de prévenir en faveur. Historiquement, cela correspond à la fin du règne de Louis XIV, à la Régence (1715-1723) et au début du règne de Louis XV (1723-1774), ce qui va dans le sens de mon hypothèse psychosociale, à savoir que cette vogue est directement liée aux mœurs de la cour de Versailles où les courtisans, privés par la volonté hégémonique de Louis XIV de leur ancien pouvoir féodal, n’ont plus qu’à s’observer les uns les autres et à faire partager à leurs pairs leurs jugements, essentiellement leurs préventions, ce qui se comprend aisément puisque le but du jeu était d’obtenir un maximum de faveurs royales au détriment d’autrui. La figure 2 illustre clairement ce pic d’emplois. prévenir prévenir contre prévenir en faveur 1550-1599 80 0 0,00% 0 0,00% 1600-1649 339 1 0,29% 0 0,00% 1650-1699 818 23 2,81% 5 0,61% 1700-1749 1709 83 4,86% 53 3,10% 1750-1799 2419 48 1,98% 22 0,91% 1800-1849 2329 36 1,55% 9 0,39% 1850-1899 2381 21 0,88% 1 0,04% 212 2,10% 90 0,89% Total 10075 Tableau 8 : Progression et régression des constructions qn prévient qn contre | en faveur de qn du 16e au 19e siècle 4 Ce chiffre est sans doute un peu surestimé car il inclut des occurrences du n.m. prévenu. Par ailleurs seules les séquences immédiates prévenir + contre|en faveur de ont été enregistrées. 10 Figure 2 : Évolution des constructions qn prévient qn contre | en faveur de qn de 1550 à 1899 3. ESSAI DE MODÉLISATION DE L’ITINÉRAIRE SÉMANTAXIQUE DU v. prévenir 3.1. Les quatre types d’évolution sémantaxique Je distinguerai quatre configurations possibles de l’évolution relative d’un sens primaire (1) et d’un sens secondaire (2) produit par une extension du sens 1 : Configuration 1 : inchangement (un seul sens 1 est conservé jusqu’à présent) Configuration 2 : une innovation (un sens 2 associé à une nouvelle construction) engendre une ‘polysémantaxie’ persistant jusqu’à présent. Configuration 3 : une innovation (un sens 2 associé à une nouvelle construction) engendre une polysémantaxie qui se résorbe ultérieurement avec l’extinction du sens 1, produisant à terme un changement sémantaxique. 11 Configuration 4 : une innovation (un sens 2 associé à une nouvelle construction) engendre une polysémantaxie qui se résorbe ultérieurement avec l’extinction du sens 2, débouchant sur un simple “épisode polysémantaxique”. 3.2. La combinaison des types d’évolution sémantaxique dans l’itinéraire du v. prévenir a) Si l’on fait abstraction de la variation sémantique entre ‘citer en justice’ (premier sens juridique attesté en 1467), ‘précéder’, ‘aller au devant de’ et ‘éviter’ qui ne nous intéresse pas directement ici, l’itinéraire sémantaxique du v. prévenir débute par une configuration 1 d’inchangement. b) Il passe à la fin du 17e siècle et au début du 18e par une configuration 4 (innovation puis extinction5 relative de la construction prévenir qn / être prévenu contre / en faveur de qn/qc). c) Il s’enrichit finalement à partir du 18e de l’adjonction d’une configuration 2 (innovation et persistance jusqu’à présent d’un sens 3 pour la construction prévenir qn = avertir, informer, aviser, instruire). 4. BILAN Il semble donc bien, au terme de cette brève étude de lexicologie diachronique, que l’emploi de la construction qn :x prévient qn :y | qn :y est prévenu contre | en faveur de qn :z constitue un épisode polysémantaxique, c’est-à-dire un phénomène de courte durée (première moitié du 18e siècle) d’extension à la fois polysémique et polytaxique de la construction qn prévient qn signifiant « qn va au devant de qn (dans le but de l’avertir) ». Il semble également que la vogue de cette construction soit directement liée aux mœurs de l’époque et plus particulièrement de la cour de Versailles, laquelle donnait le ton, en particulier pour la littérature mondaine bien représentée dans la base textuelle FRANTEXT dans cette période. La présente étude se situe dans le sillage de la thèse de Jost Trier (1931), principale illustration de la doctrine post-saussurienne selon laquelle la sémantique lexicale historique doit opérer par examen de l’évolution (par inclusion, exclusion et reconfiguration) d’un champ sémantique entre deux époques historiques. Dans la thèse de Trier, il s’agit du champ sémantique de l’entendement en allemand (Sinnbezirk des Verstands) entre 1200 et 1300. Trier proposait une 5 Les dictionnaires du 20e siècle continuent à mentionner ce type d’emploi, mais les résultats de la seconde analyse des attestations textuelles (tableau 8, figure 2) montrent qu’il est pratiquement hors d’usage dès la fin du 19e siècle. 12 explication sociale de la reconfiguration du champ, basée sur la montée en puissance de l’artisanat et du négoce (et donc des valeurs que ces nouvelles couches sociales véhiculaient) entre la noblesse et la paysannerie6. Je suis cette voie en proposant ici que la vogue exceptionnelle de la construction examinée, dans la première moitié du 18e siècle, renvoie aux mœurs de la cour de Versailles. Reste une question importante, celle de l’emploi du terme « construction ». Dans François (2003), j’ai proposé d’appeler « prédication verbale » une paire {verbe, cadre prédicatif}. Dans les « grammaires de construction » (cf. Langacker 1987, Lakoff 1987, Goldberg 1995, Croft 2001) le cadre prédicatif est supposé véhiculer un type de représentation par lui-même, ce qui permet de comprendre qu’un verbe puisse présenter une extension métaphorique en s’associant à un cadre prédicatif qui lui est a priori étranger. C’est ainsi par ex. que le cadre prédicatif Nqn:x V Nqn:y à INFy / Nacty se greffe au verbe appeler dans la ‘Construction’ qn appelle qn à faire qc / à l’aide / au secours / à la rescousse (cf. François 2007, François 2008, François & Sénéchal 2008 pour d’autres exemples). Pour la prédication verbale qui nous occupe, ce n’est pas vraiment le cas, car les spécifications adverbiales contre | en faveur de qn ont un statut circonstanciel, la prédication qn prévient qn ayant une existence autonome dans le sens d’ « aller au devant de qn pour l’avertir ». Les prépositions simple ou complexe contre, en faveur de ne font donc que spécifier la valeur appréciative ou dépréciative de l’avertissement. On peut bien entendu analyser qn prévient qn contre qn en {qn prévient qn + qn agit contre qn}, mais cela ne satisfait pas aux exigences des grammaires de construction, car le sens du v. prévenir n’est en rien spécifié ni altéré par cette adjonction. On peut cependant s’interroger sur la raison pour laquelle prévenir et plus encore être prévenu véhiculent aux 17e et 18e siècle prioritairement un sens dépréciatif. En moyen-français et jusqu’au début du 17e siècle, la construction la plus répandue est qn prévient qc (et marginalement qc prévient qc) où l’idée d’ « aller au devant » s’associe à celle d’un danger qu’il s’agit de parer (91,6% dans le corpus de 1600-1609, cf. tableau 4). Dans le corpus de 1650-1659, le poids de cette construction diminue de 22%, tandis que celui de la construction à objet animé qn/qc prévient qn augmente brusquement de 1,1% à 27,3%. À cette époque, le sens d’avertissement demeure en arrière-plan et c’est celui d’urgence qui domine. Dans certaines occurrences, X s’adresse à Y qui va répondre et Z s’interpose, la réponse de Y représentant apparemment un danger potentiel, ex. (13 )J'ai prévenu le marquis, qui se disposoit à répondre. [PRÉVOST L'ABBÉ, Nouvelles lettres angloises ou Histoire du chevalier Grandisson, 1755] Progressivement, la composante de mouvement (aller au devant de) passe à l’arrière-plan et celle d’avertissement devient dominante, avec de nombreuses occurrences présentant une interpétation intermédiaire, ex. (14 ) (...) le public n'en jugeroit pas plus favorablement. Je n'ai à le prévenir que sur deux choses. La premiére est une contradiction apparente sur la fin du poëme épique (...) [LA MOTTE Antoine Houdar de, Discours sur la poésie, 1707] C’est seulement avec les constructions enrichies qn prévient qn de qc / qn prévient qn que P, que la composante d’avertissement s’impose, ex. (15) Parlez enfin, quel soin vous retient en des lieux, Où vous n'osez punir un tyran odieux? TYDÉE : Prévenu,des malheurs d'une tête si chere, Ma premiere vengeance étoit dûe à mon pere. [CRÉBILLON Prosper Jolyot de, Électre, 1709] On est sans doute ici en présence d’une greffe entre un verbe et une ‘Construction’dans la mesure où le cadre prédicatif Nqn:x V Nqn:y de Nqc:z / que P:z a acquis un certain profil sémantique autonome en combinaison avec les verbes avertir, aviser, informer et instruire. 6 Voir Lyons (1978 :202-211) et Geeraerts (2010 :53-57) pour deux présentation critiques. 13 Au final, la combinaison sémantaxique relativement éphémère {qn prévient qn + contre | en faveur de qn} ne mérite pas le nom de ‘Construction’,en revanche la combinaison pérenne {qn prévient qn + de qc | que P} peut être candidate à cette désignation. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES A. Ouvrages et articles CROFT William (2001), Radical Construction Grammar. Chicago : Chicago University Press. FRANCKEL Jean-Jacques / LEBAUD D, Les figures du sujet – A propos des verbes de perception, sentiment, connaissance. Paris & Gap : Ophrys. FRANÇOIS Jacques (2003), La prédication verbale et les cadres prédicatifs. Louvain : Peeters. _______________ (2007), L’émergence d’une construction : comment plusieurs verbes français de requête ont acquis l’aptitude à exprimer l’implication à partir du 17e siecle. Bulletin de la Société de Linguistique de Paris CII : 193-215. _______________ (2008a), Une approche diachronique quantitative de la polysémie verbale. Cahier du CRISCO 24, université de Caen. _______________ (2008b), Les grammaires de construction : un édifice ouvert aux quatre vents.Cahier du CRISCO 26, université de caen. _______________ & Morgane Sénéchal (2008), Le sémantisme propre des cadres prédicatifs et la polysémie des verbes de production de parole. Faits de Langue 32-34 : 325-336. GEERAERTS Dirk (2010), Theories of Lexical Semantics. Oxford & New-York : Oxford University Press. GOLDBERG Adele (1995), Constructions : a construction grammar approach to argument structure. Chicago : Chicago University Press. LAKOFF George (1987), Women, Fire, and Dangeroud Thigs : What categories reveal about the mind. Chicago : Chicago University Press. LANGACKER Ronald (1987), Foundations of Cognitive Grammar, vol.1 : Theoretical Prerequisites. Stanford : Stanford University Press. LYONS John (1978), Éléments de sémantique. Paris : Larousse. MOREL Michel / FRANÇOIS Jacques (2015), “Le Dictionnaire Electronique des Synonymes du CRISCO : un outil de plus en plus interactif”. Revue Française de Linguistique Appliquée 2015-1. TRIER Jost (1931), Der deutsche Wortschatz im Sinnbezirk des Verstandes: von den Anfängen bis zum Beginn des 13. Jahrhunderts. [Réédition 1973, Heidelberg: Winter] B. Dictionnaires Antidote (www.antidote.info). Druide Informatique Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle de Frédéric Godefroy (1881-1902) Dictionnaire du moyen français (1330-1500, ATILF, en ligne) Dictionnaire Électronique des synonymes. www.crisco.unicaen.fr Dictionnaire de l’Académie Française, 1 (1694), 4e édition (1762), 5e (1798), 6e (1835), 8e (1932-5) Dictionnaire de la langue française d’Emile Littré (1872) Grand Robert de la Langue Française (Le CD-Rom du ~, 2005). Le Robert / Sejer. Trésor de la Langue Française informatisé (CNRTL-ATILF, en ligne) 14 ANNEXE : Les 24 occurrences de prévenir contre et les 5 occurrences de prévenir en faveur de dans le corpus du 17e siècle (voir tableau 8) PASQUIER Estienne Lettres familières 1613 à largesse, la compassion qu'on prenoit de sa partie et la creance commune dont le peuple estoit prevenu contre nous, luy estoit deux grands arcboutants de sa cause. NICOLE Pierre Essais de morale contenus en divers traités : t. 1 1671 On entre insensiblement dans leurs passions, on se prévient contre ceux contre qui ils sont prévenus : et comme la confiance qu' ils ont pour nous nous porte à croire NICOLE Pierre Essais de morale contenus en divers traités : t. 1 1671 Une religieuse qui croit que sa superieure est prévenue contre elle, en est quelquefois plus touchée, que les gens de la cour ne le sont lorsqu' ils croient que l NICOLE Pierre Essais de morale contenus en divers traités : t. 3 1675 Mais que devons-nous faire quand ce sont les autres au-contraire qui sont prévenus contre nous par des soupçons injustes et injurieux ? NICOLE Pierre Essais de morale contenus en divers traités : t. 3 1675 s qui ne servent qu' à aigrir les esprits, il faudroit essayer de faire paroître à ceux qui sont prévenus contre nous, une disposition toute contraire à celle qu' ils nous attribuent. RETZ Jean-François de Mémoires : t. 3 : 1650-1651 1679 e noms illustres que monsieur le prince avoit avec lui, les indifférents du parlement se fussent prévenus contre un spectacle de cette nature. SÉVIGNÉ Mme de Correspondance : t. 2 : 1675-1680 1680 le mal vient de ce qu' elle croit n' être plus aimée de vous et que quelqu' un lui nuit et vous prévient contre elle. FÉNELON Traité de l'éducation des filles 1687 ' éblouit jamais tant que quand on le voit de loin sans l' avoir jamais vu de près, et sans être prévenu contre sa séduction. AULNOY MarieCatherine d' Relation du voyage 1691 d'Espagne rire de ma question, et elle me dit que j' étais comme toutes les autres dames françaises qui se préviennent aisément contre les espagnols ; BAILLET Adrien La Vie de Monsieur Descartes 1691 Il fut fort surpris de voir que ceux qu' il avoit prévenus et animez contre *Barneveld pour les mettre dans ses intérêts, se montrérent encore plus opposez à la perte de la l BUSSY-RABUTIN Roger de Les Mémoires de messire Roger de Rabutin, comte de Bussy : t. 2 1696 enir du service que je luy avois rendu si honnestement à *Villeneuve *S.. *George, je le trouvay prevenu contre moy par mes envieux, et particulierement par l' amitié qu' il avoit pour *Timoleon de *Sericourt si BUSSY-RABUTIN Roger de Les Mémoires de messire Roger de Rabutin, comte de Bussy : t. 3 1696 Je connus bien-tost par les traitemens que je receûs, que le roy avoit esté prévenu contre moy : toute mon application fut donc de desabuser sa majesté par une sage conduite (car je ne sçavo 15 infailliblement BUSSY-RABUTIN Roger de Les Mémoires de messire Roger de Rabutin, comte de Bussy : t. 3 1696 mais il estoit encore plus rude de languir en prison, d' où la colere du roy, qu' on avoit prevenu contre moy, et l' acharnement de beaucoup d' ennemis puissans, ne me laissoient pas lieu d' esperer de sor BUSSY-RABUTIN Roger de Les Mémoires de messire Roger de Rabutin, comte de Bussy : t. 3 1696 mais peut-estre que trouvant alors le roy déja prevenu contre moy, il n' a pas, aprés quelques tentatives, osé se commettre davantage à fascher sa majesté en lu LA BRUYÈRE Jean de Les Caractères de Théophraste [trad.] 1696 » Et s'il se laisse prévenir contre une personne d'une condition privée, de qui il croit avoir reçu quelque injure : « Cela, dit-il, ne LE COMTE LE PèRE Louis Nouveaux 1696 mémoires sur l'état présent de la Chine J' estois déja fort prévenu contre cette pretenduë chinoise ; LE COMTE LE PèRE Louis Nouveaux 1696 mémoires sur l'état présent de la Chine et il s' en trouvoit un grand nombre, qui prévenus contre nous, soit par ce mépris universel, que l' éducation chinoise inspire ordinairement pour les estran SÉVIGNÉ Mme de Correspondance : t. 3 : 1680-1696 1696 J' étais toute prévenue contre lui. FÉNELON Explication des 1697 maximes des saints c' est prévenir contre l' illusion. RACINE Jean Esther : tragédie tirée de l'Écriture sainte 1697 contre nous par cette bouche impure, Il nous croit en horreur à toute la nature. RACINE Jean Esther : tragédie tirée de l'Écriture sainte 1697 Je contre eux l'esprit d'*Assuérus : J'inventai des couleurs ; RACINE Jean Abrégé de l'histoire de PortRoyal 1699 fut avoué par le curé et par les autres supérieurs de ce séminaire, gens trèsdévots, mais fort prévenus contre *Port-*Royal. RACINE Jean Abrégé de l'histoire de PortRoyal 1699 On ne pouvoit guère choisir de gens plus prévenus contre les jansénistes. RACINE Jean Abrégé de l'histoire de PortRoyal 1699 ne relation fausse et très-odieuse de tout ce qui s' étoit passé dans les conférences, le pape, prévenu contre l' évêque de *Cominges, qu' il regardoit comme un des chefs du jansénisme, crut que toutes ces soum les ames Prévenu prévins 16 donc VILLEDIEU Mme de Les Désordres de l'amour 1675 *Mademoiselle *De *Guise méprisante, irritée, et prevenuë en faveur d' un rival, lui inspiroit mille funestes resolutions. ESPRIT Jacques La Fausseté des vertus humaines 1678 Ainsi quoy qu' on aime les personnes tendres, et que tout le monde soit prevenu en faveur de la pitié, il faut bien se garder de la prendre pour un sentiment vertueux, il faut la regarder CORNEILLE Pierre Rodogune, princesse des Parthes : Examen 1682 et j'ai trouvé tous ceux qui me l'ont faite si prévenus en faveur de *Cinna ou du *Cid, que je n'ai jamais osé déclarer toute la tendresse que j'ai toujours eue pour CHOISY ABBé François-Timoléon de Journal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686 1687 Il est bien difficile de contenter tout le monde : pour moi je suis peut-estre prévenu en faveur de *M. DUFRESNY Charles Amusemens sérieux et comiques 1699 Une comtesse assez belle pour prévenir en faveur d' un mauvais procés, le juge le plus austere, fut solliciter pour un colonel, contre un marchand. 17 secrettement