Cet événement majeur de l’histoire de la guerre provoqua l’ouverture de nouvelles zones de
chasse pour les U-boots, entraînant un déplacement général du théâtre de la lutte anti-sous-
marine vers l’ouest mais aussi le sud.
Jusqu’à décembre 1941 et à l’entrée en guerre des Etats-Unis, la situation de la guerre sous-
marine peut être résumée de la manière suivante :
(a) “Anciens” théâtres d’opérations :
- Côte est de la Grande-Bretagne : laissée aux forces de surface et à la Luftwaffe ;
- Golfe de Gascogne : d’importance accrue dès l’été 1940, en raison des nombreux
convois entre la Grande-Bretagne et le Maroc ;
- Western Approaches de la Grande-Bretagne : toujours aussi importante ;
- Zone centrale de l’Atlantique Nord : toujours aussi importante ;
- Méditerranée : théâtre secondaire pour Dönitz, malgré les plaintes de Mussolini et les
opérations lancées à grands frais pour lui venir en aide.
(b) “Nouveaux” théâtres d’opérations :
- Zone centrale de l’Atlantique, au sud des Açores (30° N/ 40°W) : correspondant au
passage des convois allant de la côte Est des Etats-Unis vers Casablanca ;
- Zone au large de la Mauritanie : correspondant au passage des convois sur la route
Dakar-Casablanca et des convois venant de la partie sud de l’Afrique (charbon et minerai de
fer sud-africain) ;
- “Trou” entre le Brésil et l’Afrique (“BrAf gap”) : zone de passage des convois allant de
l’Argentine et du Brésil vers le Maroc.
De Saint-Nazaire, la distance est de 2 200 milles nautiques pour le sud des Açores, 2 000
nautiques pour la côte de Mauritanie et 3 300 nautiques pour le “trou” Brésil-Afrique. Or,
l’autonomie d’un Type-VII était de 6 500 nautiques, hormis pour les gros VIIC/42, qui
devaient être capables de franchir 10 000 nautiques. La plupart des Type-VII avaient donc du
mal à atteindre les deux premières zones et la troisième était hors de leur portée.
A la fin de l’été 1940, Dönitz se trouvait donc obligé d’envoyer ses bâtiments plus au sud
qu’il ne l’avait envisagé. De surcroît, il ne pouvait pas ignorer la possibilité de convois partant
de la côte Est des Etats-Unis et passant par les Caraïbes, puis par la Guyane française (pour
profiter au maximum de la couverture aérienne assurée à partir des bases britanniques ou
françaises), avant de traverser l’Atlantique Sud, constamment hors de portée des Type-VII. Il
fallut donc modifier la répartition des constructions nouvelles entre les Type-VII et les Type-
IX. Le Type-IXC fut construit en plus grande quantité que prévu, au détriment des Type-VII.
La construction des VIIC/41 et VIIC/42 fut décidée.
L’allongement du rayon d’action nécessaire concernait aussi les avions de reconnaissance
maritime à longue portée de la Luftwaffe (voir annexe C Y5).
Toutes ces difficultés étaient multipliées par le fait que, si le territoire français était contrôlé
par les Allemands, la Royal Navy disposait toujours de l’aide de la Marine Nationale et du
réseau des nombreuses bases françaises.
Contrairement à ce qui se serait produit si le “coup d’état” de Pétain avait réussi, les Alliés ne
manquaient ni de navires, ni d’équipages entraînés. Les bases et points d’appui français des
Caraïbes, de l’Atlantique Nord (Saint-Pierre et Miquelon), de la côte ouest de l’Afrique et de
l’Océan Indien complétaient parfaitement ceux de la Royal Navy, d’autant plus que
l’intensification du trafic naval américain ne tarda pas à permettre à ces bases d’améliorer leur
aménagement.
De juillet à décembre 1940, les Allemands ne perdirent que 9 U-boots (tous détruits par les
forces britanniques, sauf l’U-37, coulé le 12 décembre par des escorteurs français au large de
Casablanca). Mais les pertes en U-Boots furent lourdes dès 1941 (48 unités, dont 14 en