L’angioplastie des occlusions coronaires chroniques reste une technique difficile, avec des résultats immédiats,
sans comparaison avec ceux de l’angioplastie pratiquée sur de simples sténoses ou pour des occlusions coronaires
récentes. S’il est raisonnable de proposer le geste aux patients conservant un angor invalidant malgré un traitement
médicamenteux bien conduit, il est certainement encore trop tôt pour pouvoir le recommander aux malades asymp-
tomatiques, même s’il ne fait guère de doute qu’une occlusion coronaire chronique constitue en elle-même un mar-
queur de plus mauvais pronostic. L’étude asiatique DECISION-CTO (NCT01078051) a prévu d’inclure 1 100patients,
avec un tirage au sort entre traitement médical optimal et angioplastie accompagnée d’un traitement médical ; les
résultats n’en sont pas attendus avant plusieurs années et devraient enfin apporter une réponse plus claire à une
question qui reste encore non résolue. D’ici là, la prudence s’impose.
Résumé
26 | La Lettre du Cardiologue • n° 464-465 - avril-mai 2013
REGARDS CROISÉS
dont la population ne répond pas réellement à la
définition de l’occlusion coronaire chronique, puisque
les patients étaient inclus entre 3 et 30 jours après
la survenue d’un infarctus ; néanmoins, aucun béné-
fice pronostique n’est apparu dans le groupe tiré au
sort pour l’angioplastie, et les événements cliniques
sont même numériquement plus nombreux dans le
bras interventionnel. À l’inverse, d’assez nombreuses
études ont suivi des cohortes de patients chez
lesquels une angioplastie avait été tentée sur une
occlusion coronaire chronique : pour l’essentiel, elles
constatent un meilleur pronostic chez ceux dont
l’angioplastie a réussi. Plusieurs études ont évalué
l’impact de la réouverture de l’artère sur la fonction
ventriculaire gauche, élément clé du pronostic à long
terme : s’il est vrai qu’une amélioration de la fonction
ventriculaire gauche a pu être constatée après une
désobstruction réussie d’une occlusion chronique
chez des patients ayant une viabilité résiduelle (3,
4), l’absence de détérioration au long cours de la
fraction d’éjection a également été démontrée chez
des malades angineux ayant une occlusion coronaire
complète non revascularisée (5). En réalité, le niveau
de preuves apporté par la comparaison des cas de
succès et d’échec des procédures d’angioplastie
est réellement très faible : d’une part, il existe des
différences parfois importantes entre les groupes
où l’angioplastie a échoué et ceux où elle a été
couronnée de succès, et, d’autre part et surtout, les
complications précoces éventuelles en cas d’échec
viennent alourdir le pronostic du groupe où l’inter-
vention a été infructueuse (6) ; on aboutit ainsi à
une sorte de tautologie médicale, les patients dont
l’intervention a marché vont mieux que ceux chez
lesquels elle a échoué. En pratique, seule une rando-
misation devrait donc pouvoir apporter la preuve du
bénéfice de la technique : au moment de proposer
à un patient une intervention de recanalisation, il
est en effet nécessaire de mettre dans la balance le
risque d’échec et de complications initiales et pas
seulement le bénéfice à long terme attendu en cas
de succès.
Liens d’intérêts. L’auteur ne rapporte aucun lien d’intérêts sur
le sujet de cet article.
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