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ETAT ET MARCHÉ : ESSAI DE RÉFLEXION SUR LE RÔLE DE L’ETAT DANS
LA DYNAMIQUE DE LA CROISSANCE DANS UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ
Driss CHKIRIBA
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RÉSUMÉ
A travers l’histoire de la théorie économique, le rôle de l’Etat a fait l’objet de controverses
entre économistes.
Fondée sur le dogme du marché autorégulateur, la théorie libérale considère que l'Etat doit se
cantonner à ses fonctions régaliennes d'administration, de justice et de défense.
Les différentes écoles néo-classiques considèrent qu'il incombe à l'Etat de corriger les
imperfections de la régulation par le marché.
Selon les néo-libéraux, une intervention de l’Etat exerce d’effets d’éviction sur les offres
privées ce qui les incite à diminuer leur production et donc à fragiliser la croissance. L’Etat
comme le marché souffre de l’asymétrie d’information et génère des externalités gatives.
Les mécanismes d'autorégulation des marchés ont montré, toutefois, leurs limites (effets
externes, biens collectifs, concurrence imparfaite).
D’où la nécessité selon Musgrave d’une intervention de l’Etat pour garantir l’efficacité du
marché, veiller à l’équité et assurer la stabilité des marchés.
Cependant, la crise de l’Etat providence a mis fin à une croyance largement répandue qui
faisait de l’Etat une clé de la croissance économique.
Il ressort, donc, qu’aucune stratégie pure, c’est-à-dire fondée, soit sur le « tout Etat », soit sur
le « tout marché» n’a réussi.
Seule une vision équilibrée du rôle de l’Etat qui peut clore ce vieux débat Etat ou marché.
Cette vision devrait reconnaître les limites et les échecs du marché et de l’Etat, mais les
considère comme des partenaires qui doivent coopérer. Ce partenariat pouvant revêtir
plusieurs formes, diffère selon les pays, en fonction de leur niveau de développement
politique et économique.
MOTS CLES
Etat - Marché - Croissance - Externalités - Concurrence imparfaite.
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SUMMARY
Across the history of economic theory, the role of the State made the object of polemics
between economists.
Founded on the dogma of the autoregulating market, liberal theory considers that the State
must station in its regalian functions of administration, justice and defence.
The different neoclassical schools consider that he falls to the State to correct the
imperfections of regulation by the market.
According to the neo-Liberals, an intervention of the State exercises effects of ousting over
private offer what encourages them to diminish their production and therefore to weaken
growth. The State as the market suffers from the asymmetry of information and generates
negative external effects. The mechanisms of autogeneous regulation of markets showed their
borders, nevertheless, (external effects, collective property, imperfect competition).
Where from necessity according to Musgrave of an intervention of the State to guarantee the
effectiveness of the market, look after equity and assure the stability of markets.
However, the crisis of the State providence put an end to a broadly spread belief which made
of the State a key of economic fast growth.
It emerges, therefore, that any pure strategy, that is to say justifiable, is on the « any State », is
on the « any market » succeeds.
Alone a balanced vision of the role of the State which can round off this old debate State or
market. This vision should acknowledge borders and chess of the market and the State, but
considers them to be partners who have to collaborate. This partnership that can take several
forms differs according to countries, according to their level of political and economic
development.
KEY WORDS
State - Market - Growth - external effects - imperfect Competition
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ETAT ET MARCHÉ : ESSAI DE RÉFLEXION SUR LE RÔLE DE L’ETAT DANS
LA DYNAMIQUE DE LA CROISSANCE DANS UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ
INTRODUCTION
En confrontant les concepts et les enseignements de la théorie économique aux stratégies de
développement, le débat sur le rôle économique de l’Etat peut prendre toute sa légitimité. Ce
débat est d’autant plus légitime encore face au choc du système financier international suite à
la crise de l’immobilier, déclenchée aux Etats-Unis dans la sphère financière puis s’est
propagée pour affecter les économies du monde.
A travers l’histoire de la théorie économique, le rôle économique et social de l’Etat a fait
l’objet de controverses entre économistes.
De Adam Smith qui ne prêtait à l’Etat que des fonctions régaliennes, aux néo-classiques qui
croient au seul mécanisme de marc pour l’allocation optimale des ressources avant de
passer par Keynes qui prône une intervention provisoire de l’Etat pour promouvoir la
demande effective et relacer la croissance par les dépenses publiques.
Toutefois, en se référant aux stratégies et aux politiques menées par les Etats, un marché
auto-régulateur pur n’a jamais existé dans la réalité concrète. De même, une stratégie fondée
sur l’Etat seul n’a pas réussi.
C’est dans ce contexte que ce papier consiste, à partir d’une revue de littérature, à mettre en
relief la voie qu’il faudrait emprunter pour assurer une croissance globale et équilibrée face à
la crise de l’Etat providence et aux échecs actuels du marché.
Pour ce faire, on va passer en revue, dans un premier temps, la notion du marcdans la
théorie économique, pour détecter dans un second moment ses failles légitimant l’intervention
de l’Etat. La crise de l’Etat providence ainsi que les inflexions historiques de son rôle
économique vont être traitées en troisième lieu, pour terminer le papier par la vision qu’il
faudrait emprunter face aux échecs des stratégies pures.
1. LE MARCHÉ DANS LA THÉORIE ÉCONOMIQUE
La théorie libérale, fondée sur le dogme du marché autorégulateur, considère que l'Etat doit se
cantonner à ses fonctions régaliennes d'administration, de justice et de défense.
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Selon Adam Smith, l'Etat doit entreprendre des travaux indispensables (infrastructures, grands
travaux) les recettes seraient inférieures aux coûts de production en plus, des biens et
services publics dont tout le monde doit pouvoir bénéficier (électricité, télécommunications...)
mais qui sont contraignants pour le privé.
De leur côté, les différentes écoles néo-classiques considèrent qu'il incombe à l'Etat de
corriger les imperfections de la régulation par le marché. Cette vision a été depuis remise en
cause, notamment au vu des événements des dernières décennies.
Friedman fait une analyse monétaire de l'intervention publique. Il en ressort qu'elle est
synonyme d'inflation d'une part à cause des politiques de relance inefficaces et ensuite à cause
du déficit budgétaire.
Les néo-libéraux pensent eux aussi que trop d'intervention étatique est nocif à l'économie.
Tout d'abord, par sa fonction de redistribution, l'Etat ne favorise pas l'investissement. De plus,
si les impôts sont trop élevés, d'après la courbe de Laffer, ils exercent d’effets d’éviction sur
les offres privées ce qui les incite à diminuer leur production et donc à fragiliser la croissance.
L’Etat comme le marché souffre de l’asymétrie d’information et génère des externalités
négatives (évasion fiscale, corruption, développement de l’économie informelle, effets
d’éviction…).
Du point de vue de la théorie économique néo-classique du marché en concurrence parfaite,
l’efficacité d’un Etat, entendu comme autorité de régulation, est d’autant plus grande que son
intervention dans l’économie est discrète (Coppens, 2007).
Enfin, les différentes aides sociales peuvent dissuader les individus de travailler, d'où baisse
de la production. Les politiques de type keynésiennes sont inflationnistes.
Les projets de développement devraient donc adopter en conséquence une stratégie
d’encouragement du marché dans la plupart des domaines de l’activité économique.
L’ouverture au capital productif et financier international apparaît comme une nécessité. Dès
lors, le marché intérieur doit s'ouvrir et les exportations sont de plus en plus considérées
comme le moteur de la croissance future (Boyer, 1998).
Selon les adeptes du marché, l’intervention de l’Etat conduit nécessairement à une mauvaise
allocation des ressources et les imperfections du marché ne gitime pas l’intervention de
l’Etat.
C’est dans cette logique que l’idéologie du Fonds Monétaire International voulait imposer le
fanatisme du marc (Stiglitz, 2002) aux gouvernements des pays en transition ou en
développement. Le Fonds recommande, en fait, à l’Etat d’accélérer le processus de la
privatisation, de cesser de réglementer les prix des biens échangés, des biens domestiques ou
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