6
Structures algébriques usuelles
I
Groupes
1. Un groupe est un couple (G,)constitué d’un ensemble
non vide Get d’une loi de composition interne .
Un abus de langage aussi courant que pratique consiste à parler
du groupe Gau lieu du groupe (G,). Cela n’a de sens que
si la structure algébrique définie par la loi est connue sans
ambiguïté.
1.1Un couple constitué d’un ensemble G et d’une loi de composi-
tion interne
[(x,y)7→ xy]
est un groupe lorsque
1. La loi est associative :
x,y,zG,x(yz) = (xy)z
2. Il existe un élément e G qui est neutre pour :
xG,xe=ex=x
3. Tout élément x G admet un inverse xG pour :
xG,xG,xx=xx=e.
1.2Il arrive souvent que la loi de composition soit omise. On
abrège alors le produit xyen xy.
1.3Le groupe (G,)est commutatif lorsque
x,yG,xy=yx.
1.4Dans la définition [1.1], la loi de composition d’un groupe
est comprise comme une sorte de multiplication.
1.5Il arrive souvent que la loi de composition d’un groupe
commutatif soit en fait une sorte d’addition : on n’hésite pas,
dans ce cas, à noter +cette loi de composition et à adapter en
conséquence les axiomes de la structure de groupe.
1.6L’ensemble G est un groupe additif lorsqu’il est muni d’une
loi de composition interne
[(x,y)7→ x+y]
telle que :
1. La loi +est associative :
x,y,zG,(x+y) + z=x+ (y+z)
et commutative :
x,yG,x+y=y+x
2. Il existe un élément 0GG qui est neutre pour +:
xG,x+0G=0G+x=x
3. Tout élément x G admet un opposé xG :
xG,xG,x+x=x+x=0G.
2.1Unicité du neutre
Un groupe possède un seul élément neutre.
2.2Unicité de l’inverse
Tout élément d’un groupe G admet un unique symétrique dans ce
groupe.
2.3Les notations employées varient avec la loi de composi-
tion interne :
Si la loi est comprise comme une multiplication, le neutre peut
être noté 1Gou 1 et le symétrique de xGest noté x1.
Si la loi est comprise comme une composition, le neutre peut
être noté I.
Si la loi est comprise comme une addition, le neutre est noté
0Gou 0 et le symétrique de xGest noté x.
2.4Inverse d’un produit
x,yG,(xy)1=y1x1
3. Puissances
Soient (G,), un groupe et x, un élément de G.
3.1On pose x0=e et, pour tout entier n >1,
xn+1=xnx et xn= (x1)n.
3.2
xG,n,(x1)n= (xn)1
3.3Commutativité des puissances
xG,n,p,xn+p=xnxp=xpxn
3.4
xG,n,p,(xn)p=xnp
4. De manière analogue, le groupe (,+) agit sur tout
groupe additif (G,+) : pour tout xG, on pose
1.0·x=0G
2.
n,(n+1)·x= (n·x) + x
3.
n61, n·x= (n)·(x)
4.1
xG,n,p,(n+p)·x= (n·x) + (p·x)
4.2
xG,n,p,n·(p·x) = (np)·x
I.1 Sous-groupes
5. Soit (G,), un groupe. Une partie H de G est un sous-
groupe de (G,)lorsque (H,)est un groupe.
6. Soit H, un sous-groupe de (G,).
6.1Lélément neutre du groupe (H,)est aussi l’élément
neutre de (G,).
6.2Pour tout xH, le symétrique de xdans Hest aussi le
symétrique de xdans G.
6.3Caractérisation d’un sous-groupe
Soit (G,), un groupe. Une partie H de G est un sous-groupe si, et
seulement si, l’élément neutre eGappartient à H et
x,yH,xy1H.
6.4Sous-groupe d’un groupe additif
Une partie H est un sous-groupe de (G,+) si, et seulement si, l’élé-
ment nul 0Gappartient à H et
x,yH,xyH.
6Structures algébriques usuelles
7. Intersection de sous-groupes
Soit (Hk)kI, une famille de sous-groupes de (G,). Leur intersection
H=\
kI
Hk
est un sous-groupe de (G,).
8. Exemples de groupes
8.1Quel que soit le groupe (G,), le singleton {eG}et G
lui-même sont des sous-groupes de (G,).
8.2Les ensembles de nombres , , et sont des groupes
additifs, mais n’est pas un groupe additif. Les parties n, où
n, sont des sous-groupes de (,+).[22.4]
Tout espace vectoriel est aussi un groupe additif.
8.3Les ensembles et
+, l’ensemble des nombres
complexes dont le module est égal à 1 et, pour tout entier n>1,
l’ensemble ndes racines n-ièmes de l’unité sont des groupes
multiplicatifs.
Pour tout entier n>1, l’ensemble GLn()des matrices inver-
sibles de taille nest un groupe multiplicatif.
Lensemble SLn() = [det M=1], l’ensemble On( ) des ma-
trices orthogonales, l’ensemble SOn()des matrices de rotation
sont des sous-groupes de GLn().
8.4Pour tout entier n>1, l’ensemble Sndes permutations
de {1, . . . , n}est un groupe pour .
Lensemble Andes permutations dont la signature est égale à 1
est un sous-groupe de Sn.
Lensemble O(n)des isométries vectorielles de nest un
groupe pour .
Si Aest une partie quelconque de n(un point, une droite, une
sphère...), l’ensemble des isométries fO(n)qui fixent A:
xA,f(x) = x
est un sous-groupe de O(n).
Si Aest une partie finie de n(les quatre sommets d’un carré,
ceux d’un tétraèdre...), l’ensemble des isométries fO(n)qui
laissent Ainvariant :
xA,f(x)A
est un sous-groupe de O(n).
Lensemble des translations de nest un groupe pour .
8.5Pour tout ensemble E, l’ensemble P(E)des parties de E
est un groupe pour la différence symétrique . L’élément neutre
est l’ensemble vide . Chaque partie Aest son propre symé-
trique.
8.6La structure de groupe intervient dans la définition des
structures d’espace vectoriel, d’anneau et de corps.
I.2 Morphismes de groupes
9. Soient (G,)et (H,), deux groupes. Une application
ϕ:GH
est un morphisme (de groupes) lorsque
x,yG,ϕ(xy) = ϕ(x)ϕ(y).
10. Si ϕest un morphisme de groupes de (G,)dans (H,),
alors
ϕ(eG) = eH
xG,ϕ(x1) = [ϕ(x)]1
xG,n,ϕ(xn) = [ϕ(x)]n.
11. Exemples de morphismes
11.1Les fonctions
exp : (,+) (
+,×)et n : (
+,×)(,+)
sont des morphismes de groupes.
11.2L’application [u7→ Tu]qui, à un vecteur u2, associe
la translation Tude vecteur uest un morphisme de (2,+) dans
le groupe des translations de 2.
11.3L’application
θ7→ cos θsin θ
sin θcos θ
est un morphisme de (,+) dans (SO2( ),×). C’est aussi un
morphisme de (,+) ou de (2π,+) dans (SO2( ),×).
11.4La signature εest un morphisme de Sndans (1},×).
11.5Le déterminant est un morphisme de GLn()dans .
11.6Automorphisme intérieur
Pour tout élément ad’un groupe (G,), l’application
[x7→ a1xa]
est un morphisme de Gdans G.
12. Soit ϕ, un morphisme de groupes de (G,)dans (H,).
12.1L’image par ϕd’un sous-groupe de (G,)est un sous-groupe
de (H,).
12.2L’image réciproque par ϕd’un sous-groupe de (H,)est un
sous-groupe de (G,).
13. Surjectivité d’un morphisme
Soit ϕ, un morphisme de groupes de (G,)dans (H,).
13.1Limage d’un morphisme de groupes ϕ:GH est définie
par
Im ϕ=ϕ(x),xG.
13.2L’image d’un morphisme ϕ:GHest un sous-groupe
de (H,).
13.3Le morphisme ϕ:GH est surjectif si, et seulement si, son
image est égale au groupe d’arrivée : Im ϕ=H.
14. Injectivité d’un morphisme
Soit ϕ, un morphisme de groupes de (G,)dans (H,).
14.1Le noyau d’un morphisme de groupes ϕ:GH est défini
par
Ker ϕ={xG:ϕ(x) = eH.
14.2Le noyau d’un morphisme ϕ:GHest un sous-
groupe de (G,).
14.3Le morphisme ϕ:GH est injectif si, et seulement si, son
noyau est réduit à l’élément neutre :
Ker ϕ={eG}.
15. Morphismes bijectifs
Soient (G,)et (H,), deux groupes.
15.1Un morphisme de groupes ϕ:GH est un isomorphisme
(de groupes) lorsqu’il est bijectif.
15.2Un automorphisme (de groupes) est un isomorphisme de G
sur G.
15.3Si ϕ:GH est un isomorphisme de groupes, alors sa
bijection réciproque ϕ1:HG est un isomorphisme de groupes.
I.3 Produits de groupes
16. Il n’y a pas de différence essentielle entre le produit de
deux groupes et le produit d’un nombre fini quelconque de
groupes : la généralisation des résultats est évidente.
17. Soient (G,)et (H,), deux groupes. Sur le produit
G×H=(g,h),gG,hH,
on définit l’opération par
(g1,h1)(g2,h2) = (g1g2,h1h2).
17.1L’ensemble G×Hest un groupe pour l’opération .
17.2Le groupe (G×H,)est appelé le groupe produit de (G,)
et de (H,).
17.3Le groupe produit (G×H,)est commutatif si, et seule-
ment si, les deux groupes (G,)et (H,)sont commutatifs.
I Groupes
18. Morphismes
18.1Les projections canoniques sont les applications définies par
πG:G×HG
(g,h)7→ get πH:G×HH
(g,h)7→ h.
18.2Les injections canoniques sont les applications définies par
iG:GG×H
g7→ (g,eH)et iH:HG×H
h7→ (eG,h).
18.3Les projections canoniques πGet πHsont des mor-
phismes de groupes surjectifs.
18.4Les injections canoniques iGet iHsont des morphismes
de groupes injectifs.
18.5Une application
θ:LG×H
x7→ ϕ(x),ψ(x)
est un morphisme de groupes de (L,)dans (G×H,)si, et seule-
ment si, les applications ϕ:LG et ψ:LH sont des mor-
phismes de groupes.
I.4 Sous-groupe engendré par un élément
19. Parties génératrices d’un groupe
On considère un groupe (G,)et une partie Sde G.
19.1L’intersection G1des sous-groupes Hde Gcontenant S
est un sous-groupe de Gqui contient S.
Tout sous-groupe de Gqui contient Scontient aussi G1.
19.2L’ensemble G2des xGtels que
n,(s1, . . . , sn)Sn,(α1, . . . , αn)n,
x=sα1
1···sαn
n.
est un sous-groupe de Gqui contient S.
Tout sous-groupe de Gqui contient Scontient aussi G2.
19.3Soient (G,), un groupe et S, une partie de G. Le sous-
groupe engendré par S, noté hSi, est le plus petit sous-groupe H
de G tel que S H.
20. Exemples
20.1Si a1, . . ., apcommutent deux à deux, un élément xde G
appartient au sous-groupe engendré par a1, . . ., apsi, et seule-
ment si,
(α1, . . . , αp)p,x=aα1
1···aαp
p
ou, dans le cas où = +,
(α1, . . . , αp)p,x=
p
k=1
αkak.
20.2Le groupe (,+) est engendré par 1.
20.3Le groupe (n,×)des racines n-ièmes de l’unité est en-
gendré par exp(2iπ
/n).
20.4Le groupe symétrique (Sn,)est engendré par les trans-
positions τi,j, 1 6i<j6n.
Il est aussi engendré par les transpositions τ1,i, 1 6i6n, ainsi
que par la transposition τ1,2 et le cycle (123··· n).
Il est enfin engendré par la famille des cycles.
20.5Le groupe GLn(),×est engendré par les matrices de
transvection et les matrices de dilatation.
21. Dans un groupe multiplicatif, le sous-groupe haiengendré par
un élément a G peut être décrit en extension :
hai={ak,k}.
Dans un groupe additif,
hai={k·a,k}.
22. Groupes monogènes
22.1Un groupe (G,)est monogène lorsqu’il est engendré par un
élément de G :
aG,hai=G.
22.2Un groupe monogène est commutatif.
22.3Le groupe (,+) est monogène.
22.4Tout sous-groupe H de (,+) est monogène et il existe un, et
un seul, entier n tel que H =n .
23. Groupes cycliques
23.1Un groupe (G,)est cyclique lorsqu’il est monogène et fini.
23.2Lordre d’un groupe (G,)est le cardinal de l’ensemble G.
23.3Le groupe (n,×)est cyclique.
24. Classification des groupes monogènes
Pour tout élément ade G, on considère l’application ϕade
dans Gdéfinie par
ϕa= [k7ak]
ou par ϕa=[k7k·a]si l’opération sur Gest une addition.
24.1L’application ϕaest un morphisme de groupes de (,+)
dans (G,).
24.2L’image de ϕaest le sous-groupe hai.
24.3Il existe un, et un seul, entier ntel que le noyau de
ϕasoit égal à n. Si n>1, le sous-groupe haiest constitué de n
éléments :
hai={eG,a,...,an1}
et an=eG.
24.4Un groupe monogène infini est isomorphe à (,+).
Un groupe cyclique d’ordre n est isomorphe à (n,×).
I.5 Ordre d’un élément
25.1Lordre d’un élément aG est l’ordre du sous-groupe hai.
25.2Si a G est un élément d’ordre d, alors
hai={eG,a,a2,...,ad1}.
Si G est un groupe additif,
hai=0G,a, 2 ·a, . . . , (d1)·a.
25.3Si l’ordre d’un élément a G est égal à d, alors
an=eGd|n.
Dans un groupe additif,
n·a=0Gd|n.
25.4Un groupe Gd’ordre nest cyclique si, et seulement si, il
existe un élément aGd’ordre n.
26. Théorème de Lagrange
26.1Soit (G,), un groupe commutatif d’ordre n.
Pour tout aG, l’application [x7ax]est une bijection de G
sur G, donc
xG
x=
xG
(ax)
et an=eG.
26.2Si (G,)est un groupe fini, alors l’ordre de tout élément a de
G divise l’ordre de G.
26.3Le théorème [26.2] est vrai également pour les groupes
non commutatifs. [95]
Entraînement
27. Questions pour réfléchir
1.aL’élément neutre d’un groupe est son propre symétrique.
1.bSi un élément d’un groupe est son propre symétrique,
s’agit-il de l’élément neutre ?
2. Si x,yet zsont trois éléments d’un groupe (G,)tels que
xz=yz, alors x=y.
6Structures algébriques usuelles
3. Soit G=P(E).
3.aIl existe un élément neutre dans Gpour l’opération ,
mais seul Eadmet un symétrique dans Gpour cette opération.
3.bIl existe un élément neutre dans Gpour l’opération ,
mais seul admet un symétrique dans Gpour cette opération.
4. Deux éléments xet yd’un groupe (G,)commutent :
xy=yx
si, et seulement si :
n,p,xnyp=ypxn.
5. Si Hest une partie non vide de Gtelle que
x,yH,xy1H,
alors Hest un sous-groupe de (G,).
6. Soient Aet B, deux sous-groupes de (G,).
6.aS’il existe aABcet bBAc, alors abn’appartient
ni à A, ni à B.
6.bL’union ABest un sous-groupe de (G,)si, et seule-
ment si, ABou BA.
7. Si Aest une partie de constituée de néléments et
stable par multiplication, alors A=n.
8. Si une partie finie non vide d’un groupe Gest stable par
multiplication, alors c’est un sous-groupe de G.
9. L’application
M7→ tMM
est un morphisme de groupes de GLn()dans lui-même. Relier
les groupes On()et SOn( ) à ce morphisme.
10. Soit ϕ:GH, un morphisme de groupes.
10.aSi le groupe Gest commutatif, alors Im ϕest un sous-
groupe commutatif de H.
10.bLe noyau de ϕest un sous-groupe distingué de G:
aKer ϕ,xG,x1ax Ker ϕ.
11. Si (G,)est un groupe commutatif, alors l’application
[x7→ xn]:GG
est un morphisme de groupe pour tout entier n.
12. Pour tout aG, l’application x7a1xaest un
automorphisme de G. Les points fixes de cet automorphisme
sont les éléments de Gqui commutent à a.
13. L’ensemble des automorphismes d’un groupe (G,)est
un groupe pour .
14.Suite de [18] –
Im iG=Ker πHIm iH=Ker πG
πGiG=IGπHiH=IH
Étudier les morphismes iGπGet iHπH.
15. Soient ϕet ψ, deux morphismes de groupes de (G,)
dans (H,). L’application θdéfinie par
xG,θ(x) = ϕ(x)ψ(x)
est-elle un morphisme de groupes ?
16. Pour n>3, le groupe symétrique (Sn,)n’est pas cy-
clique.
28. Sous-groupes d’un groupe monogène [24]
28.1L’image réciproque d’un sous-groupe Hde (G,)par le
morphisme ϕa:Gest un sous-groupe de (,+).
28.2Un sous-groupe d’un groupe monogène est monogène.
29. Groupes cycliques et morphismes
Soit hai, un groupe cyclique d’ordre n.
29.1Soient fet g, deux morphismes de groupes de haidans
H. Si f(a) = g(a), alors f=g.
29.2Pour tout morphisme de groupes f:hai → H, l’ordre
de f(a)est un diviseur de n.
29.3Soit hy0i, un sous-groupe cyclique d’ordre qde Htel que
qdivise n.
1. Si ak1=ak2, alors yk1
0=yk2
0.
2. Lapplication f= [ak7yk
0]est un morphisme de
groupes de haidans H, dont l’image est hy0i.
29.4Exemples
1. Le seul morphisme de groupes de 5dans 6est le
morphisme trivial : [x71].
2. Si fest un automorphisme de 4, alors f(i)est un élé-
ment d’ordre 4. Les automorphismes de 4sont [x7→ x]et
[x7→ x].
3. Il existe autant de morphismes de groupes de ndans
mque d’éléments de mdont l’ordre divise n.
30. Racines primitives de l’unité
Une racine n-ième de l’unité est une racine primitive lorsqu’elle
engendre le groupe n.
1. La racine n-ième de l’unité ζk=exp(2ikπ
/n)est une ra-
cine primitive si, et seulement si, l’entier kest premier à n.
2. Décrire, en fonction de k, le sous-groupe de nengendré
par ζk.
II
Anneaux et corps
31. La structure d’anneau permet d’ajouter, soustraire et
multiplier. Dans un corps, on peut en outre diviser (mais pas
par zéro !).
32. Structure d’anneau
Un anneau est un triplet (A,+,)constitué d’un ensemble A et de
deux lois de composition interne : une addition, notée +, et une mul-
tiplication, notée , qui suivent les règles de calcul suivantes.
32.1Règles pour l’addition
Le couple (A,+) est un groupe commutatif. Lélément neutre pour +
est noté 0A(ou 0).
32.2Règles pour la multiplication
La multiplication est une loi interne associative et il existe un élément
neutre pour (structure d’anneau unitaire).
32.3Distributivité
La multiplication est distributive à gauche par rapport à l’addition :
x,y,zA,x(y+z) = xy+xz
et distributive à droite :
x,y,zA,(y+z)x=yx+zx.
33. L’anneau (A,+,)est commutatif lorsque la multiplication
interne est commutative :
x,yA,xy=yx.
34. Dans un anneau (A,+,), il existe un, et un seul, élément
neutre pour . Il est souvent noté 1Aet appelé élément unité.
35. Sous-anneaux
Soit (A,+,), un anneau.
35.1Une partie B de l’anneau A est un sous-anneau lorsque
(B,+,)est un anneau qui admet 1Apour élément unité.
35.2Une partie B de l’anneau A est un sous-anneau si, et seule-
ment si, elle contient l’élément unité :
1AB
et est stable par différence et par produit :
x,yB,xyB et x yB.
II Anneaux et corps
36. Exemples et contre-exemples
On identifie un anneau (A,+,)à l’ensemble Alorsque les opé-
rations sont usuelles.
36.1Anneaux de nombres
1. Les ensembles , , et sont des anneaux. L’en-
semble des entiers de Gauss :
[i] = {a+ib,(a,b)2}
est un sous-anneau de .
2. L’ensemble n’est pas un anneau.
36.2Anneau des polynômes
3. Lensemble [X]des polynômes à coefficients réels et
l’ensemble (X)des fractions rationnelles à coefficients réels
sont des anneaux.
4. Quel que soit l’entier n>1, l’ensemble n[X]des poly-
nômes dont le degré est inférieur à nn’est pas un anneau.
36.3Anneaux de matrices
5. Lensemble Mn()des matrices carrées à coefficients
complexes est un anneau (non commutatif).
Les ensembles Un()et Ln( ) des matrices carrées triangulaires
supérieures et triangulaires inférieures sont des anneaux (non
commutatifs).
Lensemble Dn()des matrices carrées diagonales est un an-
neau commutatif.
6. Lensemble GLn()des matrices inversibles n’est pas un
anneau, pas plus que l’ensemble On()des matrices orthogo-
nales.
36.4Anneau des endomorphismes
Lensemble L(E)des endomorphismes de Eest un anneau. La
loi multiplicative est , l’élément unité est IE.
36.5Anneau booléen
Pour tout ensemble E, le triplet (P(E),,)est un anneau com-
mutatif.
36.6Familles sommables
Lensemble 1()des familles complexes sommables indexées
par est un anneau pour l’addition des suites et le produit de
Cauchy.
II.1 Règles de calculs dans un anneau
37. Soit (A,+,), un anneau.
37.1Pour tout x A, on convient de
x0=1A
et on définit par récurrence :
n,x(n+1)=xnx.
On peut noter xnau lieu de xnlorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté sur la
multiplication utilisée.
37.2n,p,xnxp=xpxn=xn+p
37.3n,p,(xn)p=xnp
37.4L’élément nul est absorbant pour la multiplication.
xA,x0A=0Ax=0A
37.5Règle des signes
x,yA,(x)y=x(y) = (xy)
(x)(y) = xy
38. Soient xet y, deux éléments de l’anneau (A,+,)qui
commutent : xy=yx.
38.1
(n,p),xnyp=ypxn
38.2
n,(xy)n=xnyn
38.3Formule du binôme
Si x et y sont deux éléments qui commutent, alors
n,(x+y)n=
n
k=0n
k·xkynk.
38.4Série géométrique
Si x et y sont deux éléments qui commutent, alors pour tout n ,
(xy)n
k=0
xkynk=n
k=0
xkynk(xy)
=xn+1yn+1.
Éléments remarquables d’un anneau
39. Éléments inversibles
39.1Soit (A,+,), un anneau. Un élément x de A est inver-
sible lorsqu’il existe y A tel que
xy=yx=1A.
39.2Si xest inversible dans l’anneau (A,+,), alors il existe
un, et un seul, élément yde Atel que xy=yx=1A.
39.3Si xet ysont deux éléments inversibles de (A,+,), alors
xyest inversible et
(xy)1=y1x1.
39.4L’ensemble Ades éléments inversibles de l’anneau (A,+,)
est un groupe pour la loi .
40. Éléments nilpotents
Soit (A,+,), un anneau.
40.1Un élément x de A est dit nilpotent lorsqu’il existe n tel
que xn=0A.
40.2Un élément nilpotent n’est pas inversible.
40.3Lindice de nilpotence de x est le plus petit élément de
n:xn=0A.
40.4Si xest nilpotent, alors l’indice de nilpotence de xest le
seul entier ntel que xn=0Aet xn16=0A.
40.5Si xn=0A, alors (1Ax)est inversible et
(1Ax)1=
n1
k=0
xk.
41. Diviseurs de zéro
41.1Soit (A,+,), un anneau. Un élément x non nul de A est un
diviseur de zéro à gauche (resp. à droite) lorsqu’il existe un élément
y non nul de A tel que x y=0A(resp. y x=0A).
41.2Un diviseur de zéro n’est pas inversible.
41.3Tout élément nilpotent non nul est un diviseur de zéro.
41.4Un anneau intègre est un anneau commutatif sans diviseur
de zéro.
II.2 Structure de corps
42. Un corps (commutatif) est un anneau commutatif (A,+,)
dans lequel tout élément x A distinct de 0Aest inversible dans A.
43. Le seul élément nilpotent d’un corps est l’élément nul.
44. Il n’y a pas de diviseur de zéro dans un corps.
45. Exemples et contre-exemples
45.1Les anneaux , et sont des corps. L’anneau n’est
pas un corps : les seuls éléments inversibles sont 1 et 1.
45.2L’anneau (X)des fractions rationnelles est un corps,
mais l’anneau [X]des polynômes n’est pas un corps : les seuls
éléments inversibles sont les polynômes constants non nuls.
45.3Les anneaux Mn()et L(E)ne sont en général pas des
corps.
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !