Emergence des maladies infectieuses maladies infectieuses Hommage à Charles Nicolle visionnaire de l’infectiologie Dr Gilles CHAPPUIS Un hommage particulier et une pensée reconnaissante doivent être apportés au Dr Charles Nicolle en traitant aujourd’hui des « maladies émergentes ». Il s’agit d’un concept déjà développé, mais qui bénéficie d’une appellation plus « moderniste » et d’une amplification médiatique de notre présent ! Rapportons des extraits très succincts des écrits de Charles Nicolle dans son ouvrage : « Destin des Maladies infectieuses » de 1933. icrobes fram Origine des in l’opinion te u o d n e re tt e m que l’on puisse ogènes, c’est-à-dire les s a p is ro c e n Je s microbes path tieuses ont leur origine le e u q e n u m m co dies infec la a m s e ’ensemble d L s . s le te ib y h is p v ro ts p n a e s ag s inoffensifs ou un groupe bien restreint e b ro ic m s le s n da es constitue n è g o robes sans th a ic p m s e s b e d ro e ic é it m s m de illi tion immense, o n la e d té ô c à virulence. des siècles, rs u o c u a , is u q c a oit par un de ceux-ci ont Quelques-uns tion lente et progressive, s évelopper d ta soit par adap ue de mutation l’aptitude à se ont été la sq s phénomène bru mes supérieurs. Ces microbe is dans les organ es pathogènes visible. t souche des germ s nombreuses e lu p s n o ti a rv e s s, pourront à dire des ob L’avenir, c’est veaux dans nos connaissance acun des u ch des progrès no us l’espérons) la part de o saprophyte mieux fixer (n la transformation d’un germe ns phénomènes da die. ala en agent de m s dépister le is a m ja s n ro sau tal et nous ne fa it fa n u t s ’e C e! dés leur origin Charles Nicolle Poster n°1 Emergence des maladies infectieuses Poster n°2 Emergence des EmergenceRéémergence Dr Jean-François SALUZZO Dr Yves MOREAU Le concept de maladie émergente a été établi en 1989 à Washington lors d’une réunion sur le thème des maladies nouvelles. L’apparition du SIDA au début des années 1980 avait soulevé trois questions : - aurait-on pu prévenir cette maladie ? - d’autres germes pourraient-ils reproduire une situation semblable ? - quels moyens devait-on se donner pour prévenir de telles épidémies ? Dans le domaine vétérinaire pour les épizooties, on applique également les critères du concept d’émergence tels que définis précédemment ; quelques exemples : • En Europe, la parvovirose canine dans les années 1980. • La maladie de Carré pourtant connue depuis longtemps ailleurs est apparue en Islande ou encore la maladie de la langue bleue dans le nord de l’Europe. • En Europe occidentale, l’encéphalite spongiforme bovine (vache folle). • En Europe, des épisodes de fièvre aphteuse apparaissent, on parle alors de réémergence de cette maladie. Pho to F ond a t io nM é ri e ux NB : la réémergence d’une maladie infectieuse sur un territoire où elle avait été contrôlée est souvent la conséquence de l’abandon d’un programme de vaccination (exemple : rougeole en Suisse) ou d’un défaut de surveillance aux frontières (exemple : fièvre aphteuse). © La légionellose, la maladie de Lyme et le SIDA sont des maladies nouvelles, émergentes. Toutefois la perception de nouveauté est toujours relative. En effet, lorsqu’une maladie connue, apparaît ou réapparait sur un territoire après une longue éclipse, elle est perçue par les populations locales comme nouvelle. Le terme de maladie émergente peut s’appliquer aux cas suivants : • Une maladie totalement nouvelle due à un germe nouveau : le SIDA, l’ESB (vache folle), le SRAS… • Une maladie connue dont l’agent infectieux est nouveau (c’est le cas des fièvres hémorragiques virales dues à des virus nouveaux (Lassa, Ebola, Marburg) ou encore la grippe pandémique. • Une maladie non reconnue jusqu’alors mais qui le devient à la suite de modifications quantitatives ou qualitatives par exemple : la dengue hémorragique apparue en 1954 en Asie. • Une maladie qui apparait dans une région nouvelle : West Nile aux Etats-Unis, dengue hémorragique en Amérique du Sud et aux caraïbes. • Une maladie connue due à un germe connu qui réapparait dans une région : le choléra en Amérique du sud dans les années 1980. • Une maladie qui existait chez l’animal dont le germe a franchi la barrière d’espèce et s’est adaptée à l’homme. Par exemple : grippe aviaire. maladies infectieuses Poster n°3 Emergence des « Une seule médecine » Dr Yves MOREAU Cette expression aujourd’hui à la mode traduit pourtant un concept ancien. Il y a deux siècles et demi, un certain C. Bourgelat, fondateur de la première école vétérinaire du monde (1761) préconisait de s’intéresser à la pathologie comparée de l’homme et des animaux. Plus tard au XIXe siècle, des professeurs de cette école, J-B. Chauveau, S. Arloing et P. Galtier publièrent des travaux précurseurs de ceux de L. Pasteur, sur la tuberculose, le charbon, la rage… Un peu plus tard, d’autres vétérinaires, E. Nocard puis E. Leclainche ont aussi fait leur cette doctrine. Enfin le Dr C. Mérieux dès les années trente estimant que la médecine de l’homme et celle des animaux voguaient sur la même arche d’Hippocrate adopta à son tour ce concept qui devint une sorte de colonne vertébrale de son action : « Sans frontière entre les deux médecines » répétait-il à ses équipes. Les historiens de la médecine estiment vraisemblable que des maladies infectieuses animales sont devenues humaines pendant le néolithique (10 000- 7 000 ans av. J-C) lorsque l’homme est passé du statut de chasseurcueilleur à celui d’agriculteur-éleveur. Ainsi la tuberculose, la rougeole, la lèpre, la variole… d’origine animale ont aboli la barrière d’espèce et ont concerné des populations de plus en plus rassemblées. Depuis des siècles donc, mais aujourd’hui encore un fort pourcentage (70 %) d’épidémies humaines notamment celles qui émergent sont reconnues d’origine animale. Les réservoirs animaux sont nombreux, citons : CHAUVES-SOURIS : Ebola, rage, SRAS, Hendra, Nipah… BOVINS : encéphalopathie spongiforme (vache folle) SINGES : paludisme, fièvre jaune, SIDA,… CARNIVORES : rage (chien et renards) OISEAUX : grippes (canards et oies), West Nile… MURINS (souris et rats) : peste, leptospirose, fièvres hémorragiques,… CERVIDÉS : maladie de Lyme… Les insectes vecteurs hématophages jouent également POUX : un rôle princeps : PUCES : peste… MOUSTIQUES : - Anophèles : Paludisme… - Aedes : fièvre jaune, Dengue, Chikungunya - Culex : West Nile typhus hexanthematique… PHLÉBOTOMES : leishmaniose… CULICOIDES : fièvre catarrhale ovine, fièvre hémorragique de Machupo… TIQUES : maladie de Lyme, rickettsioses, piroplasmoses… Lorsque l’animal communique à l’homme la maladie dont il souffre on parle de zoonose : • Virale : rage, grippe… • Bactérienne : la fièvre de Malte (Brucellose), charbon, tuberculose, tularémie…. • Parasitaire : toxoplasmose, trichinellose, taeniasis, schistosomiase, fasciolose… Enfin, les animaux s’ils sont souvent à l’origine des maladies infectieuses humaines, ont été et resteront très utiles pour la préparation de sérums thérapeutiques et pour la production de vaccins (sur lignées cellulaires ou œufs embryonnés) et leur contrôle. « Pas de frontière entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire… » (Dr Charles Mérieux) © Photo Fondation Mérieux maladies infectieuses Poster n°4 Emergence des Guerres & conquêtes génératrice de maladies infectieuses Pr Jean FRENEY t gagné des n e m re ra t n o ts t rebrousser « Les solda n e v u o s s lu p t en guerres. Ils doiv s épidémies leur font le chemin lorsque hus, avec ses frères et p barrage. Et le ty ste, choléra, fièvre, pe sœurs appelés nterie ont gagné plus de e typhoïde et dys ésar, Hannibal, Napoléon, C campagnes que ux de l’histoire. ra et tous les géné nt blâmées pour les so Les épidémies raux crédités pour les né défaites, les gé evrait être le contraire. » d victoires. Cela 935) Hans Zinsser (1 LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN Les zones situées autour de Rome étaient cernées par des marais impaludés dans lesquels proliféraient les anophèles. Au cours des premiers siècles de l’ère actuelle, beaucoup de paysans romains durent quitter ces terres insalubres et délaisser la culture pour se réfugier à Rome. Ceci eut pour conséquence de faire dépendre encore plus l’approvisionnement de l’Empire de l’apport des colonies extérieures. Ces mouvements de population participèrent ainsi à la déstabilisation de l’Empire qui verra sa fin en 476 ap. J-C. LA PESTE NOIRE DU MOYEN-AGE : DEUXIÈME PANDÉMIE La seconde pandémie de peste trouve très certainement son origine en Asie centrale. Caffa, située sur la côte orientale de la Crimée (maintenant Feodossia ou Feodosiya), était un comptoir Génois. A l’intersection de la route de la soie, grande route caravanière allant jusqu’en Chine, et de la route des épices reliant l’Inde, c’était un centre économique prospère. La Crimée était alors habitée par les Tartares venus de la steppe sèche et déboisée. La peste frappe l’armée tartare qui perdit plusieurs milliers de ses membres. En 1347, leur chef Khan Djanisberg fit jeter par-dessus les murailles plusieurs centaines de cadavres de soldats morts de la peste, « afin que les chrétiens fussent anéantis par la puanteur ». Les marchands génois chargèrent leurs bateaux en toute hâte et prirent la direction de l’Italie. La maladie aborda la ville de Marseille à la Toussaint 1347 dont toute la population fut atteinte en quelques semaines. En cinq années, on estime entre 17 et 28 millions le nombre de morts en Europe qui comptait alors 50 à 60 millions d’habitants. Au niveau mondial, c’est le tiers de la population qui fut décimé par la peste. Plusieurs générations ont été nécessaires pour corriger les effets désastreux de cette terrible « peste noire » (le nom provient des taches foncées formées par les petites hémorragies qui couvraient le corps du malade). LA DIFFUSION AU NOUVEAU MONDE Entre le XVe et le XIXe siècle, on estime qu’entre 12 et 20 millions d’Africains furent l’objet de trafic d’esclaves vers le Nouveau Monde. Les régions concernées portaient surtout sur l’Afrique de l’Ouest où sévissaient le paludisme et la fièvre jaune. Les populations de ces régions, habituées depuis des siècles à ces maladies, étaient relativement protégées, contrairement aux populations blanches européennes et surtout indigènes d’Amérique qui furent très largement exterminées. Au XVIIIe siècle, l’île de St Domingue, aujourd’hui Haïti, était sous la dépendance de la France. La fièvre jaune qui était endémique dans le pays anéantit 23 000 soldats de Napoléon dont son propre beau-frère, le général Leclerc. Complètement découragés, les français se retirèrent définitivement de l’île et le 1er janvier 1804 fut créé le premier état indépendant d’Amérique avec un président noir à sa tête, Toussaint Louverture. Quelques temps après, les émissaires du Président américain Thomas Jefferson furent envoyés à Paris auprès du ministre de la Guerre, Talleyrand, pour étudier la possibilité d’acheter quelques villes de Floride qui étaient sous dépendance française. Ils furent étonnés d’apprendre que Napoléon, qui avait complètement perdu l’espoir de s’installer dans cette région du monde, et qui avait besoin de ses troupes pour les conflits européens à venir leur offrit, pour une somme dérisoire, une superficie équivalente à un tiers des Etats-Unis et elle permit aux colons d’effectuer leur migration vers l’Ouest au cours de ce qu’on appelle « la conquête de l’Ouest ». ©M usé e de M e mlin g Bruge s - Ph oto : H . Maerten s Représentation de la peste blanche sur le retable de St Jean-Baptiste et St Jean l'Évangéliste. Détail de l'Apocalypse maladies infectieuses Dr Yves MOREAU Catastrophes naturelles et maladies infectieuses Poster n°5 Emergence des Il a été observé que les situations de catastrophes géologiques (tremblements de terre, tsunamis) et climatiques (sécheresse, inondations) peuvent en l’absence de mesures correctrices ou préventives, favoriser grandement les transmissions de certaines maladies infectieuses humaines et animales. On peut aussi assister : • A l’introduction d’un nouvel agent pathogène spécifique. • Au changement de réceptivité d’une population humaine ou animale. • A la transmission accélérée ou accrue d’agents pathologiques locaux. En situation de catastrophe, l’approvisionnement en eau potable est essentiel. Si la qualité de l’eau est altérée (puits, rivières) le choléra, la leptospirose peuvent frapper les populations concernées. Le manque d’eau potable associé à de mauvaises conditions sanitaires et d’hygiène, augmente le risque de maladies infectieuses, comme au Sahel, en général, en Ethiopie et au Darfour et au Pakistan actuellement. Les enfants souffrant de malnutrition sont la cible d’épidémies de diarrhée aqueuse aigue due soit à des germes entero-invasifs (bactériens ou viraux) soit à des bactéries sécrétrices de toxines. De nombreux cas de rougeole et d’infections respiratoires sont également enregistrés. Ce sont davantage les interruptions de programmes de contrôles (traitements, vaccination, désinsectisations, dératisations) qui sont à l’origine de l’émergence ou de la réémergence de maladies infectieuses humaines (choléra, salmonellose, paludisme, dengue, tuberculose, peste…) et animales (éventuellement transmissibles à l’homme (fièvre de la vallée du Rift, West Nile…). La surveillance épidémiologique d’une population désorganisée et de son cheptel est donc déterminante. La vigilance doit être renforcée vis-à-vis des maladies dont la transmission est amplifiée par le désastre. Il est évident que les inégalités Nord-Sud climatiques, économiques et sanitaires n’engendrent pas le même niveau de surveillance (voir poster n°8). es tastroph e aux ca % entre alité du té de 60 La mort en m g 2000 es a au années naturell 0 et les e a été h ées 198 p n ro an st s le e cata un mbre d s, avec et le no en 50 an ds de é par 3 0 milliar 0 .6 multipli 1 t i a attein 009 1. coût qu à2 é 2,8 de 1980 t touch dollars elles on usé la à 2004, ca 4 9 et 9 1 es De sonn t s de per es (don milliard personn embre 796 408 i de déc am mort de n u et par le ts tique), 226 408 -est asia mées à s le Sud ues esti iq 2004 dan m o s n tes éco Outre le des per s dollars. ques, le ards de li si y il h m p 9 s 84 ure les bless impact n décès et tu ui phes on ble et q catastro négligea d'une ue non t l'objet en v psychiq u so ée ais fait ue appel désorm spécifiq charge La très prise en sociale. o ch es sy ep —d démarch — 95 % s pays majorité dans le grande ouvent tr se que ces ce ar victimes p pauvres, posées, mais les plus ex sont très ur d'eau la vape régions tion de . Leur ns o i t a d n chemar les ino Terribla pluie est devenue leur cau de brutal, est un mouvement Une catastrophe t ou humaine, ayan d'origine naturelle n à grande uctio destr la et mort généralement la équence. échelle pour cons que stre désa l'ampleur du La singularité et affectent es des catastroph provoquent les gran es. lations concerné popu des its les espr travers des apparaissent au Aujourd'hui, elles dans les nt, elles entraient médias. Auparava récit du déluge. des, à l'image du mythes et légen e était la troph grec, la catas Dans le théâtre die, le tragé parties de la dernière des cinq sa punition, le héros recevait dénouement où (catharsis). ste fune ent généralem trophes accidents, les catas À la différence des réflexions nce de nouvelles ont pour conséque pour les mettre en œuvre streux. sur les moyens à désa s effet atténuer les nt à la éviter ou pour en ont abouti notamme Ces réflexions, qui n et de ipe de précautio princ du on ulati form création de ent aboutir à la prévention, peuv contraintes ou de nouvelles nouvelles normes légales. matiquement, sché , distinguer guant par Il est possible de distin se catastrophes, deux familles de urgence Haïti leurs causes. nt des naturelles concerne Les catastrophes s ou tiques, sismique évènements clima urs, aines astronomiques maje hum ités activ liées aux les catastrophes plus dévastatrices. sont parfois bien s artificielle, demeure néanmoin Cette distinction dites des catastrophes puisque l'impact ur humain largement du facte naturelles dépend ereuses ns sont plus dang (i.e. les inondatio ites ou détru été ont es grov lorsque les man e ; de en terrain inondabl qu'on a construit © Fondation Mérie HES P O R T S A T A C S LE NATU R E LLE S ux tions ndensa s, la co précipita uvent être premier ages et des pe Dans les nu ais nts qui ment m er des t des ve va donn nère égalemen détruire directe gé ent rotation n seulem ts et no an iss pu SÉCHERESSE © Fotolia llicule ince pe ne, une m d'oxygè e est ment et terrestr incipale uvre le globe phère L'atmos composée pr t co re . Elle : l'appor gazeuse de vapeur d'eau s principaux ur et cte te fa zo ux d'a ise à de um so est © Fotolia © Fotolia Le bruit La sécheresse (ou sècheresse) est l'état (normal ou passager) du sol et/ou d'un environnement, correspondant à un manque d'eau , sur une période significativement longu e pour qu'elle ait des impacts sur la flore naturelle ou cultivée; - ce « déficit hydri que » est épisodique ment naturel (par exemples, périodes glaciaires/interglaciai res, cycles El Niño / El Niña, etc. et peut être ampl ifié par l'émission humaine de gaz à effet de serre). - il fait suite à un défic it pluviométrique inexp longues périodes liqué, sur de durant lesquelles les précipitations sont anor malement faibles ou insuf fisantes pour maintenir l'humidité du sol et l'hygromé trie normale de l'air. - il peut être aggr avé ou expliqué par des pompages, une baisse du nivea u de la nappe phréa tique, l'érosion et la dégradation des sols ( l'humus favorise la rétention de l'eau, la coupe à blanc de zones forestières dans la région de l'Amazonie , par exemple, entra îne rapidement la perte de cet humu s essentiel à la réten tion de l'eau et cause une désertification anthropomorphique accélérée), une augm entation de l'éva potranspiration induite par des plantations cons omm atrices d'eau (peupliers, maïs...) La sécheresse peut détruire les récol tes (partiellement ou totalement) et tuer les animaux d'éle vage, et parfois sauvages. Elle devie nt alors un facte ur de famine régionale et d'exo de, souvent accom pagnés sociaux puis de conflits armés, notam de troubles ment dans les régions avec peu de ressources écon omiques. La sécheresse n'est donc pas qu'un phénomèn e maladies infectieuses Dr Yves MOREAU Poster n°6 Emergence des Maladies infectieuses et surpopulation CHEZ L’HOMME Et de 2 ! la Terre reçoit Chaque seconde, 4 nouveau-nés tandis que 2 habitants décèdent. Demain, ils seront s, 200 000 nouveaux venu dans une semaine la Terre portera 1,5 million d’habitants supplémentaires… © Fotolia © Fotolia Tout rassemblement d’individus ou d’animaux qu’il soit provisoire (par exemple : la Mecque, marchés agricoles, manifestations sportives) ou pérenne (mégalopoles, élevages industriels…) favorise l’émergence de pathologies humaines, animales ou zoonotiques parfois difficilement maitrisables. © Fo toAlto a otoli ©F Véritable vertige ! Aujourd’hui nous sommes 6,9 milliards d’humains, le chiffre prévu en 2050 sera de 9 milliards. La population mondiale aura ainsi décuplé en trois siècles : « Nous vivons donc une période unique de l’histoire humaine » résume l’INED (Institut National d’Etude Démographique). La population augmente sans cesse dans les pays en développement, elle stagne ou elle diminue dans les pays développés. Autre constatation, l’urbanisation. Plus de la moitié de la population mondiale vit désormais dans les villes dont la taille ne fait que croitre. Le nombre de mégalopoles (supérieures à 5 millions d’habitants) sera de 80 en 2025. Une des conséquences de l’exode rural et de cette concentration non maitrisée est l’apparition de bidonvilles aux infrastructures inexistantes. Alors le manque d’hygiène, la promiscuité, l’invasion de vecteurs animés (moustiques, tiques, puces…) facilitent l’installation de maladies comme le paludisme, la dengue, la fièvre jaune, la maladie de Chagas, la peste, le typhus… Tout porte à croire que ces problèmes vont persister et que nous devrons faire face à un nombre croissant d’épidémies en milieu urbain. CHEZ L’ANIMAL Depuis plus d’un demi-siècle, les élevages industriels d’animaux de rente se sont développés : l’objectif étant de sélectionner des animaux à performance zootechnique améliorée (croissance plus rapide, production plus importante…) afin de disposer de viandes, d’œufs et de laitages à un coût accessible pour tous. Les élevages de volaille (canards, poules poules) rassemblent plusieurs dizaines de milliers d’animaux. Ce type d’élevage développe ses propres pathologies dont certaines peuvent être dangereuses pour l’homme (grippe, salmonellose…). Les élevages porcins, on le sait, peuvent aussi jouer le relais pour les grippes humaines. Les élevages industriels de veaux développent des pathologies à virus respiratoires et intestinaux voisins de ceux de l’homme (RSV : agent de la bronchiolite, diarrhées à rotavirus…). maladies infectieuses Dr Yves MOREAU Poster n°7 Emergence des Mondialisation et maladies infectieuses DU SRASre EPIDÉMIE vè ato pir ire aigu sé Syndrome res Foyer d'origine : g ois et Hong Kon Guangdong chin © Fotolia L’HOMME ET SES DÉPLACEMENTS Tous les êtres vivants, même les végétaux, sont doués de mobilité. Mais à l’évidence, c’est l’homme le plus envahissant car il ne sait pas voyager seul. Il traine avec lui tout un cortège d’agents commensaux et aussi d’agents pathogènes. Lors de ses migrations et voyages il a aussi emmené depuis toujours avec lui, des animaux domestiques ou non porteurs de maladies spécifiques, réservoirs ou vecteurs de maladies humaines. La première mondialisation a donc été celle des maladies infectieuses. Au fil des siècles, les moyens de transport ont progressé. Si le héros de Jules Verne, Philéas Fogg pouvait faire le tour du monde en 80 jours. Aujourd’hui, les avions modernes n’ont besoin que de quelques heures pour faire le tour de cette planète. LA RAPIDITÉ DES DÉPLACEMENTS La durée de ceux-ci, maintenant toujours inférieure à celles des périodes d’incubation, a fait tomber les barrières géographiques et écologiques (océans, chaines de montagnes, déserts) qui jadis nous protégeaient. On a assisté dès le néolithique jusqu’à nos jours à une intensification de la mutualisation des agents pathogènes (migrations massives, guerres, découvertes de nouveaux territoires, commerces et bien sur tourisme) (voir poster n°4). LE CONTRÔLE DE CETTE MONDIALISATION DES AGENTS PATHOGÈNES L’éradication d’une maladie infectieuse humaine ou animale n’est possible que s’il n’existe pas de réservoir animal notamment. La variole a été la première maladie humaine a être éradiquée en 1979. Un effort considérable est fait depuis plus de dix ans par l’OMS, la fondation Bill Gates et le Rotary international pour la poliomyélite. La seule maladie infectieuse vétérinaire en voie d’éradication est la peste bovine (selon l’OIE et la FAO). Toutes les maladies qui possèdent un réservoir ne peuvent être contrôlées que par la surveillance épidémiologique, une politique sanitaire mondiale (OMS et OIE) et la vaccination lorsqu’elle existe. Dans ce monde « en partage », alors que les pays du sud payent le plus lourd tribut, la mondialisation des maladies infectieuses pourrait s’accélérer avec des crises à répétition (voir poster 8). ectée opathie a été dét Pays ou la pneum « L’inattendu doit être attendu avec beaucoup de vigilance » (D. Raoult) Poster n°8 Emergence des Emergence des maladies infectieuses : inégalités Nord-Sud maladies infectieuses Dr Christophe LONGUET Nous ne sommes pas tous égaux devant le risque de succomber à une infection. Schématiquement les maladies infectieuses prévalent au Sud, c’est-à-dire dans les pays à ressources limitées, et les moyens de les diagnostiquer et traiter sont concentrés au Nord, dans les pays industrialisés. Les infections sont parmi les principales causes de décès dans les pays en développement où elles participent significativement à la réduction de l’espérance de vie à la naissance qui peut être, dans certains pays, inférieure de 20 ans à celle observée dans les pays industrialisés. INÉGALE RÉPARTITION DES MALADIES INFECTIEUSES Les maladies infectieuses provoquent 14 millions de décès annuels dans le monde dont 90 % dans les pays en développement. Dans ceux-ci elles sont responsables de 43 % des décès, contre 1 à 2 % dans les pays du Nord. La révolution industrielle du XIXème siècle, avec l’amélioration de l’hygiène, de la nutrition et des conditions de vie, puis l’apparition au XXème siècle des vaccins et des antibiotiques, ont permis une réduction massive des infections au Nord. Ce n’est pas le cas au Sud où leurs facteurs d’émergence sont multiples : • Climats chauds et humides. • Déforestation. • Promiscuité avec les animaux domestiques et sauvages . • Faible niveau d’assainissement de l’environnement. • Faible accès à l’eau potable. • Promiscuité humaine, faible éducation et faible possibilité d’hygiène. • Moindre accès à la prévention vaccinale et aux médicaments anti-infectieux. L’émergence de nouvelles infections a presque quadruplé ces 50 dernières années dont 70 % sont passées de l’animal à l’homme, majoritairement venant d’animaux sauvages. Les principales zones d’apparition de ces infections émergentes ont été l’Afrique sub-saharienne, l’Inde et la Chine. Des résistances aux traitements ont aussi émergé pour certaines infections très anciennes comme le paludisme (dont 90 % des cas survien-nent en Afrique), et la tuberculose (multi-résistance en Asie et Europe de l’Est, et extrême résistance en Afrique australe). INÉGALES RÉPARTITION DES MOYENS DE LUTTE CONTRE LES MALADIES INFECTIEUSES Dans le monde 2,4 milliards de personnes n’ont pas accès à une infrastructure sanitaire élémentaire. Le nombre de lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants est de 2,7 dans les pays en développement, et seulement 1,2 en Afrique subsaharienne, contre 7,5 dans les pays occidentaux. Le nombre de médecins rapporté à la population est de 1 pour 25 000 dans les 25 pays les plus pauvres, dont la grande majorité se situent en Afrique contre 1 pour 500 dans les pays du Nord. Les dépenses publiques de santé moyennes, par an et par personne, atteignent 2 500 € au Nord, elles ne dépassent pas 2,5 € dans les pays les plus pauvres. Les capacités des pays du Sud à diagnostiquer et traiter les maladies infectieuses sont ainsi très insuffisantes. Il faut cependant prendre conscience qu’à l’ère de la mondialisation, un pathogène émergent dans un pays du Sud peut avoir un retentissement dans un pays du Nord (ex : le SRAS) voire donner une pandémie (grippe A H1N1). La Fondation Mérieux, parmi d’autres acteurs comme les Instituts Pasteur et les CDC américains, soutient le renforcement des infrastructures de diagnostic des maladies infectieuses dans les pays les plus pauvres. « La connaissance des maladies infectieuses enseigne aux hommes qu'ils sont frères et solidaires » (Charles Nicolle). Adultes et enfants vivant avec le 2009 Rappo rt ONUSI DA et OMS VIH Europe orientale & Asie centrale 1,5 million Amérique du Nord 1,4 million Caraïbes 240 000 Europe occidentale & centrale 850 000 Moyen-Orient & Afrique du Nord 310 000 Afrique subsaharienne 22,4 millions Amérique latine Asie de l'Est 850 000 Asie du Sud & du Sud-Est 3,8 millions Océanie 59 000 2 millions Cette infection a n les inégalités Nord-Sud. L’épidémie du VIH illustre bie ivités de chasse act du XXème siècle, lors des émergé en Afrique au cours et l’adaptation à l’homme d’un virus du ion qui ont permis la transmiss en Afrique avant bord tué silencieusement d’a a n singe. Cette infectio Unis que l’alerte nde entier. C’est aux Etatsde se répandre dans le mo s a été identifié viru 1981 et en France que le nnes vivant épidémique a été donnée en rso pe de ns des 33,4 millio % 95 i hu rd’ jou Au . 83 en 19 dont 67 % en pays en développement, avec le VIH sont dans un le, notamment à La solidarité internationa le paludisme, Afrique subsaharienne. se tre le Sida, la tuberculo et travers le Fonds Mondial con d’africains au traitement antirétroviral. lions a permis l’accès de 2,1 mil infectées ne le plus de 80 % des personnes ont besoin nt tine Cependant sur ce con qui la moitié des personnes savent pas et plus de encore accès. d’antirétroviraux n’y ont pas maladies infectieuses Dr Yves MOREAU Dr Jean-François SALUZZO Maladies infectieuses et pratiques agricoles Historiquement, les spécialistes estiment qu’un certain nombre de maladies infectieuses sont passées de l’animal à l’homme à l’époque du néolithique. En effet, l’homme entre 10 000 et 7 000 ans av. J.C. a évolué du statut de chasseurcueilleur à celui d’agriculteur-éleveur. Il y a ainsi domestiqué les ruminants, le cheval, le chameau, des carnivores… en Mésopotamie, le cobaye et l’alpaga en Amérique du Sud. Pour augmenter le rendement de ses cultures, l’homme a très tôt, imaginé des systèmes d’irrigation, le plus souvent très artisanaux mais idéaux pour la multiplication des moustiques (gites de ponte) vecteurs de maladies infectieuses (paludisme, fièvre jaune, West Nile, fièvre de la vallée du Rift, Chikungunya…) Il faut signaler à titre d’exemple que l’écologie d’une virose comme celle provoquant en Afrique, la Fièvre de la vallée du Rift (FVR) connue depuis 1936 a été modifiée par la construction de barrages. L’aménagement du barrage d’Assouan et le développement agricole qui a suivi le long du Nil (1979) expliquent la survenue d’une épidémie de FVR chez l’homme et d’une épizootie chez les ruminants. Le même évènement s’est produit avec le même virus au sud de la Mauritanie après la construction du barrage de Diama sur le fleuve Sénégal (1987). Très tôt l’homme, toujours lui, a incendié les forêts sèches et les brousses pour chasser. Entrant ainsi en contact avec des virus qui circulaient selon un mode enzootique discret faisant appel aux animaux sauvages (Virus Machupo responsable de la fièvre hémorragique de Bolivie). Il a ensuite persévéré dans cette déforestation pour augmenter ses productions de riz, de maïs ou de soja. Il lui faut, en effet, nourrir de plus en plus, d’individus et d’animaux. © Fotolia © Go t oo sh od Poster n°9 Emergence des En Corée (1978) la mise en valeur des terres pour la culture du riz a favorisé le pullulement d’espèces commensales de rongeurs entrainant alors une fréquence accrue de rencontres homme-rongeur, ce dernier étant le réservoir d’un virus responsable d’une fièvre hémorragique (virus Hantaan) chez l’homme. En Argentine (1953), l’utilisation d’herbicide a favorisé la culture du maïs avec des rendements plus importants, mais aussi a amplifié les populations de rats (callomys) réservoir d’une autre fièvre hémorragique (virus JUNIN) transmissible à l’homme. Au Japon (1924) le développement des rizières et de l’élevage du porc a marqué l’émergence et l’extension géographique en Asie de l’encéphalite japonaise, maladie virale transmise par les moustiques (Culex), avec la participation d’hôtes amplificateurs ou disséminateurs (porcs, oiseaux). En Amérique du Sud à Trinidad (1955) puis surtout au Brésil (1961) d’importantes épidémies d’une infection fébrile associant des céphalées et des arthralgies dues à un arbovirus (virus Oropouche) ont pour origine la dégradation de la forêt tropicale pour permettre la culture du cacao dont les amas de fragments de coquille constituent le gîte favori du vecteur (Culicoïdes). L’homme persiste dans ses erreurs, car la déforestation continue, pour des objectifs divers, exploitation de bois exotiques (Asie), culture de palmiers à huile (Indonésie), production de charbon de bois (Madagascar), élevage extensif de bovins (Brésil)… On ne peut que constater que la réussite démographique humaine débutée au néolithique et due à l’agriculture et au pastoralisme trouve souvent ses limites dans le contact avec des virus responsables de pathologies humaines et/ou animales. maladies infectieuses Dr Yves MOREAU Dr Jean-François SALUZZO Maladies infectieuses et pratiques agricoles Nous sommes sur la planète 6 milliards 900 millions d’habitants, peut-être 9 milliards en 2050 Il faut et faudra nourrir ces populations. A côté d’une agriculture intensive de blé, de riz, de maïs, de soja et d’une arboriculture également développée, l’homme a sélectionné au fur et à mesure du temps des espèces animales de rente à performances zootechniques très améliorées. L’objectif est de permettre l’accessibilité à tous de denrées alimentaires d’un coût modéré. On a vu en quelques années les poulaillers de poulets de chair, de dindes, de canards et de poules pondeuses rassembler plusieurs milliers de sujets. Ces derniers, le plus souvent entretenus en semiclaustration montrent des qualités sanitaires améliorées au regard de la santé humaine mais développent leurs propres pathologies infectieuses. La densité de population animale, la promiscuité, une rusticité défaillante favorisent la multiplication rapide d’agents pathogènes qui pouvaient paraître anodins sur les poulaillers d’antan. Ainsi la bronchite infectieuse, les maladies de Marek, de Gumboro, de Newcastle, le virus de la chute de ponte ont nécessité la mise au point de vaccins administrables soit dès le jeune âge au couvoir (vaccination dans l'œuf avant l'éclosion), soit au moment du transfert en parquet de ponte. Lorsque ces élevages sont pratiqués en extérieurs, ils peuvent jouer un rôle important d’amplificateur de pathologies pour l’homme. Nous l’avons vu avec les élevages de canards au Vietnam et de poules à Hong Kong lors des épisodes de grippe dite aviaire à virus H5N1. Poster n°10 Emergence des Le porc dit industriel, dont la filière comporte, aussi des unités de sélection, de reproduction et d’engraissement, a développé lui aussi ses propres pathologies infectieuses. Chez les bovins, il n’est pas rare, désormais de voir des fermes laitières de plusieurs centaines d’animaux dont l’alimentation est supplémentée en permanence. C’est sur ce type d’animaux que l’encéphalite spongiforme (vache folle) s’est manifestée au Royaume Uni et d’autres pays européens comme la France. On sait que cette maladie dont l’agent est encore peu connu (prion) a posé de sérieux problèmes de santé humaine. Tout rassemblement d’animaux peut donc représenter un risque de foyer infectieux grave pour l’espèce mais aussi pour l’homme. On peut ainsi citer l’exemple de la fièvre de la vallée du Rift, qui atteint ruminants et humains via la transmission par le moustique Aedes. Le suivi sanitaire des animaux de rente est donc une obligation primordiale. ippe. des virus de la gr ent infecté tiques, réservoir Les oiseaux aqua ique, l'homme peut être directem en Asie elle épidémiolog e. Situation actu Dans ce schéma ovenant d'élevag pr s re iai av us par des vir © Fotolia maladies infectieuses Pr. Jean FRENEY Les changements climatiques et les infections A l’origine « El Niño », enfant Jésus, baptisé ainsi par les pêcheurs péruviens, était un courant chaud de faible intensité. Il apparaissait chaque année au moment de Noël au large des côtes du Pérou et de l’Équateur. Puis ce terme a désigné des cas anormaux pendant lesquels ce courant devient plus chaud, descend plus au sud jusqu’au large des côtes du Chili et correspond à des anomalies dans l’ensemble du bassin oriental et central du Pacifique nord. Durant les épisodes El Niño, la direction des vents s’inverse. Ces phénomènes océaniques et atmosphériques sont désignés sous le sigle ENSO : acronyme composé des termes El Niño et « Southern oscillation » (El Niño/ oscillation australe). C’est un phénomène climatique et océanographique reliant le phénomène El Niño et l’oscillation australe de la pression atmosphérique. ents climatiques cts de changem pa im d’ es pl fectieuses. em Ex e de maladies in al ut br e nc ge er sur l’ém de circulation Sens ALE ANNÉE NORM Amérique du Sud Indonésie Vents Australie Accumulation l'ouest soufflant vers d'eau chaude onte et L'eau froide rem ude che d'eau cha remplace la cou de la convec Augmentation tion ÑO ANNÉE D'EL NI Indonésie Australie Amérique du Sud les, ts sont plus faib vers l'estVents faibles Quand les ven de et chaude s'épend placent l'eau froi la surface d'eau au chaude rem une couche profonde Les courants d'e créent g de la côte lon le ude cha d'eau LE PALUDISME ET INFECTIONS TRANSMISES PAR LES MOUSTIQUES On observe une augmentation des risques de transmission de maladies infectieuses par les moustiques lors de cycles ENSO. Une recrudescence de paludisme, de dengue et de la fièvre de la Vallée du Rift est remarquée alors. Dans les climats secs, de fortes pluies peuvent laisser des flaques propices à la reproduction des moustiques. A la suite de périodes de sécheresse, il peut subsister dans le lit des rivières des successions de mares qui offrent d’excellents gites larvaires. Au Venezuela et en Colombie, le nombre de cas de paludisme a triplé à la suite de la sécheresse provoquée par l’ENSO. Au Sri Lanka, avant Poster n°11 Emergence des l’utilisation des insecticides, le nombre de cas de paludisme augmentait lorsque la mousson ne venait pas à cause de l’ENSO. En Afrique australe des épidémies de paludisme ont lieu lors de pluies inhabituelles. Une augmentation de température peut étendre la transmission du parasite dans les régions montagneuses non infectées où les habitants son faiblement immunisées, comme l’Afrique de l’est (Ethiopie) et centrale, l’Asie au dessus de 1 4001 500 mètres et l’Amérique latine. La réintroduction du paludisme dans les pays de l’ex-URSS (par exemple Russie, Azerbaïdjan) a été observée non pas à cause de changements climatiques mais du fait de la dégradation des conditions socio-économiques des systèmes de santé, des guerres civiles, du déplacement de populations, de l’abandon des activités de lutte antipaludique et de la résistance aux antipaludéens. LE CHOLÉRA ET LES MALADIES D’ORIGINE HYDRIQUE ET ALIMENTAIRE Les modifications climatiques sont associées à l’émergence de maladies liées à l’eau. La moitié des épidémies d’origine hydrique qui se sont déclarées aux Etats-Unis entre 1948 et 1994 avaient été précédées d’épisodes de précipitations intenses. En Alaska, la population ressent déjà quelques effets des changements climatiques. Dans un climat plus chaud, elle ne peut conserver correctement des denrées périssables dans la glace, la neige ou le froid ambiant. Des intoxications, comme le botulisme, causées par la consommation d’aliments conservés à des températures trop élevées ont ainsi été observées. LE CHOLÉRA Rita Colwell a montré que le réchauffement des eaux à la suite du phénomène El Niño favorisait la multiplication du zooplancton. Ces petits crustacés ou copépodes sont capables de fixer un grand nombre de bactéries (Vibrio cholera) responsables du choléra. Ceci explique les épidémies survenant régulièrement en Asie, Amérique du sud et en Afrique. Une technique développée en Inde pour éviter d’être contaminé par le choléra consiste à filtrer l’eau de boisson dans les saris que portent les femmes afin de retenir les copépodes porteurs des bacilles cholériques. © Fot ol i a Dr Yves MOREAU Poster n°12 Maladies infectieuses et climatologie dans nos contrées L’histoire nous rappelle, que le climat a toujours varié avec des amplitudes plus ou moins longues peu perceptibles à l’échelle d’une vie humaine (canicule au Moyen Age, petit âge glaciaire un peu plus tard). Par contre de nos jours on constate que : • la banquise arctique se disloque • les glaciers reculent • les cyclones et inondations catastrophiques se succèdent • la biodiversité est mise à mal… Dans ce « climat » actuel, les spéculations vont bon train et d’aucuns nous prédisent l’arrivée brutale dans nos contrées européennes de maladies tropicales. Rappelons tout d’abord que la transmission des maladies emprunte des voies extrêmement variées et complexes, qu’elle soit directe ou zoonotique, avec ou sans la participation d’un réservoir animal et/ou d’un insecte vecteur. Les facteurs écologiques et comportementaux de l’homme, de l’animal réservoir et du vecteur interagissent lors de la « réussite » d’une transmission de maladie infectieuse. RÉGIONS/PAYS À RISQUE DE TRANSMISSION DE LA DENGUE ME PALU La température, la pluie et donc l’humidité sont importantes dans la dynamique saisonnière de cette transmission. L’histoire du paludisme en Europe est démonstrative. Si le moustique Anophèle a surement colonisé le Nord de l’Europe au temps de la préhistoire ce n’est qu’au néolithique (7 000 av. J.C) que l’introduction de l’agriculture avec l’accroissement des populations a créer les conditions favorables à la transmission du paludisme (et d’autres maladies). Plus tard, Homère, Hippocrate, en Grèce puis Horace, Lucrèce, Tacite dans la Rome impériales ont décrit les fièvres intermittentes dues au paludisme. Les alternances de périodes froides puis chaudes (au Moyen-âge) puis à nouveau froides (pendant l’âge glaciaire) n’ont pas modifié la présence de l’endémie paludéenne rapportée par les écrits de Dante (1372), Chaucer (1400) et plus tard Shakespeare (1590). Le déclin du paludisme en Europe n’a commencé que dans la deuxième moitié du XIXème siècle pour disparaitre malgré des cas isolés jusqu’en 1939. Ce déclin a été possible grâce : • à des modifications écologiques du paysage (drainage, récupération des eaux stagnantes…) • à des pratiques nouvelles de culture et d’élevage • à une meilleure protection des habitations • aux soins médicaux (utilisation de la Quinine) et à l’usage du DDT contre le moustique. PA DISME L’évolution du climat peut-elle influencer l’émergence et/ou le devenir des maladies infectieuses dans nos régions ? On attend dans les années à venir une augmentation significative de la température. Y-aura-t-il des conséquences sur l’extension des aires d’endémicicité de nombreuses maladies infectieuses et notamment celles transmises par les insectes vecteurs (paludisme, dengue, fièvre jaune, West Nile…) ? E maladies infectieuses PALUDIS Emergence des L U DISM Enfin rappelons que deux des principales arboviroses (virus transmis par les moustiques) la fièvre jaune et la dengue ont sévi dans l’hémisphère nord. La fièvre jaune a constitué un frein à la conquête du Nouveau Monde (on parlait de fléau pour l’Amérique). Des milliers de nouveaux arrivants mouraient chaque année de cette redoutable fièvre hémorragique en Amérique du nord. Quant à la dengue la plus importante épidémie touchant plus d’un million d’habitants eut lieu en Grèce en 1927-1928. On voit que les viroses qu’on appelle de nos jours tropicales ont connu une extension importante dans l’hémisphère nord. Nous avons su nous débarrasser de ces fléaux (paludisme, fièvre jaune, dengue) on peut s’attendre qu’il en soit de même des futurs agents infectieux introduits dans nos contrées en raison du réchauffement climatique. Il n’en est pas de même pour les pays du sud très démunis face à ces menaces. Même si quelques cas de paludisme et de dengue importés sont signalés régulièrement (aéroports), nul ne peut affirmer à partir d’analyse simplistes qu’il y aura des poussées épidémiques et d’autre maladies tropicales en Europe dans un avenir proche. Les cas "autochtones" devraient rester l'exception. Insecte tigre (aedes albopictus) t ol i a © Fo Dr Christophe LONGUET Dr Guy VERNET Des laboratoires pour la surveillance Poster n°13 maladies infectieuses des maladies infectieuses LE LABORATOIRE À LA DÉCOUVERTE DES MICROBES La responsabilité d’agents transmissibles, invisibles à l’œil nu, a longtemps été suspectée dans l’apparition des épidémies. Les premiers microbes ont été observés grâce au microscope à la fin du XVIIème siècle. Deux siècles plus tard, Pasteur, Koch et d’autres pionniers de la microbiologie, ont réussi à cultiver dans leurs laboratoires un grand nombre de ces microorganismes et à reproduire expérimentalement les maladies observées dans la nature, prouvant ainsi la théorie microbienne des maladies infectieuses. Depuis, le laboratoire a étoffé ses outils. La biologie moléculaire permet maintenant de connaître l’identité génétique des parasites, bactéries et virus responsables de maladies anciennes, comme le paludisme et la tuberculose, ou émergentes comme le SIDA, la grippe aviaire ou la grippe A H1N1. DES LABORATOIRES POUR LA SURVEILLANCE DE L’ÉMERGENCE DES MALADIES INFECTIEUSES Le laboratoire de microbiologie est un élément central dans le dispositif de surveillance des maladies infectieuses. En relation avec les hôpitaux et centres de soins sentinelles dans lesquels les malades sont accueillis, le laboratoire permet de confirmer l’agent infectieux suspecté cliniquement ou de découvrir un agent infectieux encore inconnu. Il permet de s’assurer de l’absence de résistance au traitement. En France, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) réunit les missions de surveillance, d’analyse et d’alerte dans tous les domaines de la santé publique. L’InVS s’appuie sur un réseau de centres nationaux de référence comprenant environ 80 laboratoires pour la surveillance et la recherche concernant plus de 50 maladies infectieuses. Un réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie a été établi par l’Organisation Mondiale de la Santé. Appelé « GOARN », il collabore notamment avec un des plus anciens et importants réseaux de surveillance des maladies infectieuses, le Réseau International de l’Institut Pasteur, comprenant 32 laboratoires sur tous les continents. Les « Centers for Disease Control and Prevention » des Etats Unis soutiennent aussi le GOARN et ont établi six centres, en Thailande, Kenya, Guatemala, Chine, Egypte et Kazakhstan. rieux a créé La Fondation Mé un réseau « GABRIEL » boratoires international de la he et la pour la recherc ladies s ma surveillance de ctant les pays infectieuses affe nt prend notamme m o c Il t. n e m e n en développ curité (P4) Jea é s te u a h e d e s le labora toir d e s Pa th o g è n e e ir to ra o b a L les M é ri e u x , le basés à Lyon, x u e d s u to , ux Emergents hristophe Mérie C x, u e ri é M s e rl és Centres Cha he Mérieux bas lp o d o R s e ir to ge, et les labora scar, au Cambod a g a d a M à li, a M en Haïti, au et au Liban. e in h C n e s, o a L au Le laboratoire Rodolphe Mérieux de Vientiane, Laos ieu x Emergence des © Le Centre d’Infectiologie Charles Mérieux d’Antananarivo, Madagascar © Fondati ieux on Mér a nd Fo tio nM ér maladies infectieuses et maladies infectieuses Pr Jean FRENEY 1 2 Guerres biologiques, bioterrorisme LA RUSSIE ET L’EXEMPLE DE SVERDLOVSK Les Soviétiques avaient développé un nouveau centre à Sverdlovsk (aujourd’hui Ekaterinbourg) en 1946 dans lequel furent étudiés tous les microbes d’intérêt guerriers tels que ceux responsables de la peste, du charbon, de la tularémie, du typhus, du botulisme et bien d’autres. Un peu plus tard, en 1952, un centre de recherche à ciel ouvert est créé sur l’île « du renouveau » Vozrodjdiénié sur la mer d’Aral où se déroule actuellement une catastrophe écologique avec l’assèchement progressif de la mer intérieure par le détournement des deux fleuves qui l’alimentaient. Enfin, en 1973 est créé Biopreparat 3 4 5 6 7 8 9 Poster n°14 Emergence des 10 11 qui avait pour but de « développer des agents pathogènes génétiquement modifiés résistants aux antibiotiques et aux vaccins… ». Cette activité occupait 60 000 personnes dont 6 000 chercheurs de haut niveau. En 1979, dans un bâtiment militaire situé près de la ville de Sverdlovsk, une petite quantité de spores de bacilles du charbon fut libérée involontairement dans l’atmosphère. Celle-ci entraîna selon les autorités soviétiques la mort de 68 personnes et décima un troupeau de chèvres qui broutaient dans un pré situé à 50 kilomètres de distance. Selon les sources américaines, le nombre de personnes touchées aurait été beaucoup plus élevé avec plus de 1 000 victimes ! La convention internationale de 1972 interdit l'utilisation d'agents pathogènes à des fins terroristes ou guerrières. Octobre 2001 n o b r a h c u a s e é g é i Les lettres p Palm Beach County Le 4 octobre 2001, le « ride annonça le décès Health Department » en Flo on de Robert Stevens, par la maladie du charb tabloïd anglais Sun. 63 ans, photographe du posé juste avant son Il fut apparemment ex 26 septembre 2001. départ en vacances le sentir des troubles le Stevens commença à res mis au JFK Medical 30 septembre et fut ad 2 octobre ; 4 heures Center de Palm Beach le t comateux. Robert après, il était dans un éta victime de l’attaque Stevens fut la première le bacille du charbon aux lettres piégées par 11 septembre. Dans suite aux événements du 4 autres personnes à les jours qui suivirent, ton décédèrent à la New York et à Washing tres. Dix sept autres suite d’envoi de ces let total, l’attaque par le furent contaminées. Au représenté un coût bacille du charbon a dollars, en particulier d’environ un milliard de s bâtiments impliqués pour la décontamination de vices postaux. comme le sénat ou les ser tobre 2001, cinq et Entre septembre et oc s spores de Bacillus six lettres contenant de de Trenton dans le anthracis furent postées s co nte na ien t de s Ne w Je rse y. Ce s let tre dant à prouver que les messages identiques ten istes islamiques. On auteurs étaient des terror 01 : ceci est la suite. pouvait y lire « 9 septembre e » (sic) maintenant Prenez de la « Pénacillin mme ces enveloppes sinon c’est la mort». Co chines automatiques, étaient traitées dans des ma milliers d’employés elles contaminèrent des rture, des centaines de poste et après ouve à peu près certain que d’autres personnes. Il est ont été éradiqués par de nombreux autres cas e prophylactique des le traitement antibiotiqu posées. L’auteur de milliers de personnes ex mais un fort soupçon ces envois reste inconnu un ex-employé du reposa longtemps sur biodéfense, Steven programme américain de éc ial ist e de s arm es J. Ha tfi ll. Ce lui -ci sp années en Rhodésie biologiques passa plusieurs ata une épidémie de au même moment où écl nigme resta entière maladie de charbon. L’é véritable coupable, jusqu’au moment où le da le 29 juillet 2008 Bruce E. Ivins, se suici r le FBI. lorsqu’il fut convoqué pa millions de dollars 4,6 de t en Un dédommagem l dont la vie personfut proposé à Steven Hatfil ait été anéantie suite nelle et professionnelle av été la victime. à la suspicion dont il avait l ia © Foto maladies infectieuses Des pratiques médicales à l’origine Poster n°15 Emergence des de maladies infectieuses Pr Jean FRENEY LES MALADIES TRANSMISES PAR LE SANG Hépatites B et C Pendant la guerre de Corée, 22 % de personnes qui reçurent une transfusion sanguine contractèrent l’hépatite. Dans les années 1970, les « Centers for Disease Control » d’Atlanta estimèrent à 3 500, le nombre de décès par an aux Etats-Unis par hépatite B et contractés à la suite d’une transfusion. Il semble que ces chiffres soient à multiplier par 10. Par la suite, grâce à un meilleur dépistage et une meilleure sélection de donneurs, le nombre d’hépatite B a diminué mais fut remplacé par un autre virus, l’hépatite C. ia otol ©F Le Sida, « L’affaire du sang contaminé » En France, entre 6 000 et 8 000 personnes ont été contaminées par la VIH à la suite de transfusions réalisées entre 1982 et 1985. Actuellement, on estime que 10 % des transfusions en Afrique et 50 % au Pakistan véhiculent le virus du Sida. JUSTICE Greffe et maladie de ) Creutzfeld-Jakob (MCJ Le procès de l’hormone de croissance La résistance aux antibiotiques est la capacité pour une bactérie de résister aux effets des antibiotiques or la proportion de bactéries résistantes parmi celles responsables d’infections nosocomiales est très forte. La campagne du Ministère de la Santé « les antibiotiques, c’est pas automatique ! » a eu quelques effets bénéfiques avec une réduction sensible de prescriptions inutiles d’antibiotiques et en corollaire une diminution des phénomènes de résistance chez certaines espèces. Cependant, le combat est loin d’être gagné ! © Bouchut ts les premiers En 1974, ont été décri MCJ à la suite cas de transmission de cornée. En 1992 de transplantation de premiers cas ont été rapportés les ite à l’utilisation français de MCJ su issance obtenue de l’hormone de cro d’hypophyses par extraction à partir davres atteints prélevées chez des ca on estime que de la maladie. Au total, dés après avoir 117 enfants sont décé de Creutzfeldtcontracté la maladie lots contaminés. Jakob, suite à la prise de , le procès de Après 15 ans d’attente s’est tenu à ce l’hormone de croissan i 2008. ma Paris du 6 février au 31 ssociation l’A de Les six responsables l’in sti tut de et Fr an ce -H yp op hy se relaxés été t on e Pasteur mis en caus le 14 janvier 2009. ANTIBIORÉSISTANCE ET INFECTIONS NOSOCOMIALES L’importance croissante des infections nosocomiales ou infections acquises à l’hôpital (actuellement 4 à 10 % selon les pays d’Europe) constitue un véritable enjeu de Santé Publique. Cela augmente la complexité de la chimiothérapie anti-infectieuse et fait craindre des impasses thérapeutiques. Les bactéries sont les microorganismes le plus souvent responsables d’infections nosocomiales avec par ordre de fréquence : ➊ Escherichia coli ➔ « le colibacille » (25 %) ➋ Staphylococcus aureus ➔ « le staphylocoque doré » (19 %) ➌ Pseudomonas aeruginosa ➔ « le bacille pyocyanique » (10 %). © Bouchut maladies infectieuses Maladies infectieuses l’OMS et l’OIE veillent Poster n°16 Emergence des Dr Christian MATHIOT Dr Yves MOREAU Les microbes n’ont aucun mal à franchir les frontières établies par les hommes. C’était vrai hier, cela l’est encore plus aujourd’hui avec le développement des transports internationaux. Pour prévenir les épidémies et les épizooties, il est donc indispensable d’exercer une surveillance et de coordonner des mesures de contrôle sur l’ensemble de la planète. C’est l’objectif majeur de deux grands organismes internationaux comme l’Office International des Epizooties (OIE) et l’organisation mondiale de la santé (OMS). L’Office International des Epizooties créée à Paris en 1924, devenu récemment l’organisation mondiale de la santé animale (OMSA) a pour mission, à partir des informations recueillies par les autorités sanitaires vétérinaires des Etats partenaires, d’évaluer les évènements, de diffuser pour les états des conseils, et mesures à prendre aux aéroports, ports et postes frontières par ces états afin d’éviter la propagations des maladies infectieuses animales à déclaration obligatoire en relation étroite avec l’OMS dans le cas de zoonoses. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a vu ses fondations posées à la suite d’une épidémie de cholera (1830-1847) qui a marqué le début d’une coopération multilatérale dans le domaine de la santé publique. Ainsi, fut mis sur pied l’Office International d’Hygiène publique (OIHI), puis l'OMS dont la constitution est entrée en vigueur en 1948. L’OMS a son siège à Genève, elle regroupe 193 états membres et est chargée au sein du système des Nations unies de diriger l’action sanitaire mondiale. Dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses elle dispose d'un outil puissant, le Règlement Sanitaire International (RSI), dont la dernière version adoptée par tous les états membres en 2005 offre un cadre unique de coopération internationale pour permettre à tous les pays de prévenir et maitriser la propagation des maladies à l’intérieur et à l’extérieur de leurs frontières, et de signaler à l’OMS les évènements sanitaires pouvant constituer une urgence de santé publique de portée internationale. L'OMS dispose à Lyon d'un Bureau chargé d'aider les pays à renforcer leurs capacités pour mettre en œuvre les exigences minimales du RSI dans les domaines de la surveillance des maladies, du diagnostic de laboratoire et des capacités particulières à développer au niveau des ports et aéroports. maladies infectieuses Dr Jean-François SALUZZO Dr Yves MOREAU Instabilité génétique des agents pathogènes L’ÉVOLUTION GÉNÉTIQUE DES VIRUS Les virus en particulier ceux dont l’information génétique est constituée d’ARN mutent en permanence au cours de leur cycle de réplication résultat d’erreurs induites par une faible fidélité de l’enzyme de réplication. Les conséquences de telles mutations ponctuelles sont imprévisibles. Dans le cas particulier du virus de la grippe, les mutations ponctuelles permettent aux virus d’échapper au système immunitaire de l’hôte, ce qui nécessite la production annuelle d’un nouveau vaccin grippe. Certains virus dont l’ARN est fragmenté possèdent la capacité d’une évolution rapide : lorsque deux virus de la même espèce à génome segmenté pénètrent dans la même cellule, ils peuvent échanger leur information génétique par un processus de réassortiment, il en résulte alors un virus hybride composé de fragments génétiques des deux virus parents. Un tel mécanisme évolutif peut avoir d’importantes conséquences en terme d’évolution. C’est ainsi que si le virus de la grippe aviaire H5N1 réassortait avec un virus humain H3N2 il pourrait en résulter un virus hybride qui aurait conservé la virulence du virus H5 et qui se serait adapté à une transmission interhumaine comme le virus H3. Enfin les virus peuvent évoluer par recombinaison génétique ; par exemple lorsqu’un individu est infecté par le virus de la polio et par un autre virus du même genre (entérovirus), lorsque ceux-ci pénètrent dans la même cellule l’enzyme de réplication peut copier successivement des fragments de l’un et de l’autre virus pour donner un virus chimère. Mutations ponctuelles, réassortiment et recombinaison sont des mécanismes qui permettent aux virus d’évoluer et de s’adapter à leurs hôtes cibles et parfois de franchir une barrière d’espèce. BACTÉRIES ET RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES L’évolution des bactéries pose de nos jours d’importants problèmes de santé publique en raison de l’apparition de germes multirésistants aux antibiotiques. Le processus implique soit des mutations soit plus généralement l’acquisition de plasmides (information génétique indépendant de l’ADN bactérien). Les mécanismes de résistance sont divers : certaines bactéries vont empêcher l’entrée de l’antibiotique à l’intérieur du germe ; d’autres vont l’altérer ou le détruire ou encore rendre la cible insensible. Mais d’où viennent ces plasmides de résistances facilement échangeables entre bactéries ? Poster n°17 Emergence des Principalement de la nature, beaucoup de bactéries vivent dans le sol et doivent faire face à un environnement hostile (les champignons producteurs d’antibiotiques qui permirent à Fleming de découvrir la pénicilline). Mais l’homme joue également un rôle déterminant dans l’émergence des germes résistants. Les traitements antibiotiques mal adaptés ou incomplets favorisent la sélection de bactérie porteuses de facteurs de résistances. D’autre part, la médecine vétérinaire et l’agriculture qui utilisent 30 fois plus d’antibiotiques que ce qui est administré à l’homme, ont permis la diffusion de ceux-ci dans la chaine alimentaire et favorisé ainsi l’acquisition de résistances pour les germes responsables de maladies humaines. Ce problème de multirésistance devient un défi majeur de la médecine, a tel point que l’on considère être revenu à l’époque pré-antibiotiques où les moyens de lutte contre les germes, notamment en milieu hospitalier, se limitaient à l’hygiène et en particulier aux lavages des mains ! PARASITES ET RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS C’est depuis les années 1960 que l’aptitude des formes sévères du Plasmodium falciparum (agent principal du paludisme) à résister à la chloroquine est devenue préoccupante. Cet échec du médicament le plus répandu, le mieux toléré et le moins cher a été mal ressenti car au même moment le moustique vecteur anophèle développait une résistance aux insecticides (DDT). Amérique du Sud, Sud-Est asiatique puis Afrique Noire ont été successivement concernés. C’est une mutation chromosomique spontanée et aléatoire du parasite qui ne permet plus la pénétration du médicament dans le globule parasité. Adaptabilité du vecteur moustique, niveau d’immunité des populations concernées et mouvements migratoires interviennent ensuite dans la diffusion des souches résistances. onne r pour une b eu ag y o v le , nation n centre Selon sa desti seil auprès d’u n co re d n re p core ra déen reconnu en prévention dev u al p ti an l’ r se d’utili spécialisé afin itoire. actif sur ce terr 60 00 A Lyon / Tél : 04 72 36 S E T T E N E G 17 44 Hôpital DE Tél : 04 72 07 / e ss u o R ix 8 ro : 04 72 76 88 6 Hôpital de la C él T / A B IS s n natio Centre de vacci disc © Foto Poster n°18 Emergence des Alimentation et maladies infectieuses maladies infectieuses Dr Yves MOREAU RISQUES ALIMENTAIRES INFECTIEUX « CLASSIQUES » • Ils sont dus pour l’essentiel à des bactéries : salmonelles, staphylocoques, clostridies (C. perfringens et C. botulinum), coliformes, shigella, yersinia, brucella, mycobacteria, streptocoques, proteus, citrobacter, listeria). Les symptômes classiques et le plus souvent non spécifique sont de la fièvre, des vomissements, des douleurs abdominales et des diarrhées profuses ou sanguinolentes. Tous ces germes peuvent être transmis par une grande variété de boissons ou d’aliments et de préparations insuffisamment cuites et/ou conservées dans de mauvaises conditions si la chaine du froid n’est pas respectée. • Un virus transmis par aliments ou boissons est aussi à l’origine de signes cliniques digestifs de gastro-entérite accompagnée de fièvre, de douleurs abdominales, de déshydratation, signe parfois graves notamment chez les jeunes enfants. C’est le cas du rotavirus. • Quelques parasites représentent aujourd’hui un risque alimentaire limité : trichinella, taenias, douve, amibes, echinoccoccus (hydatidose et echinococcose alvéolaire), toxoplasma. Chacune de ce parasitoses exprime une symptomatologie spécifique bien identifiée. RISQUES ALIMENTAIRES INFECTIEUX « NON CONVENTIONNELS » • Le prion d’origine bovine responsable du nouveau variant de la maladie de KreutzfeldJacob a provoqué une panique alimentaire justifiée à la fin du siècle dernier. Ce risque est aujourd’hui parfaitement identifié et contrôlé. • La toxine botulinique excrétée par la bactérie Clostridium botulinum est répertoriée et identifiée comme un agent utilisable par le bioterrorisme RISQUES ALIMENTAIRES INFECTIEUX ÉMERGENTS Les déplacements et les changements de modes alimentaires entrainent des contacts avec des aliments méconnus. Les fruits de mer, d’origine sauvage ou industrielle sont source d’intoxications ou d’infections générales. Dans les pays à faible revenu, ces problèmes sont amplifiés par l’absence quasi-totale d’hygiène alimentaire. La qualité de l’eau y demeure un problème crucial. Salmonelle rie ux Dans les pays développés, l’industrie alimentaire a réalisé d’énormes avancées technologiques dans la préparation, le conditionnement, l’acheminement, l’importation, la conservation et la distribution des aliments. C’est en particulier le cas pour la chaine de froid, dans la mesure où elle est correctement appliquée. Bien que perçu depuis la nuit des temps, le risque infectieux alimentaire est, si ce n’est accepté, du moins toléré voir le plus souvent ignoré. En effet, chacun sait ou devrait savoir que les hommes, les animaux, et les plantes font partie d’un écosystème complexe où l’omniprésence de micro-organismes invisibles représente un risque permanant. Les maladies infectieuses quelles qu’elles soient, lorsqu’elles se manifestent sont le résultat d’un conflit que l’agent responsable (virus, prion, bactérie, champignon ou parasite) gagne vis-à-vis de l’hôte qui l’héberge. Le risque infectieux alimentaire peut parfois prendre la dimension de véritables crises de société. L’affaire de l’encéphalopathie spongiforme bovine (dite de la « vache folle ») en a été un exemple. Le bioterrorisme par l’alimentation souvent évoqué est aussi un risque identifié qui requiert la vigilance des autorités. D’autres évènements, plus spécifiquement vétérinaires comme la fièvre aphteuse et plus récemment la grippe aviaire peuvent entrainer parce qu’ils font les gros titres des médias, des paniques injustifiées, aux conséquences économiques redoutables. © E. coli © bioMérieux Listeria ati nd Fo on Mé