Emergence
maladies
infectieuses
des Guerres & conquêtes
génératrice de
maladies infectieuses
LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN
Les zones situées autour de Rome étaient
cernées par des marais impaludés dans lesquels
proliféraient les anophèles. Au cours des premiers
siècles de l’ère actuelle, beaucoup de paysans
romains durent quitter ces terres insalubres et
délaisser la culture pour se réfugier à Rome. Ceci
eut pour conséquence de faire dépendre encore
plus l’approvisionnement de l’Empire de l’apport
des colonies extérieures. Ces mouvements de
population participèrent ainsi à la déstabilisation
de l’Empire qui verra sa fin en 476 ap. J-C.
LA PESTE NOIRE DU MOYEN-AGE :
DEUXIÈME PANDÉMIE
La seconde pandémie de peste trouve très certai-
nement son origine en Asie centrale. Caffa, située
sur la côte orientale de la Crimée (maintenant
Feodossia ou Feodosiya), était un comptoir Génois.
A l’intersection de la route de la soie, grande
route caravanière allant jusqu’en Chine, et de la
route des épices reliant l’Inde, c’était un centre
économique prospère. La Crimée était alors habitée
par les Tartares venus de la steppe sèche et
déboisée. La peste frappe l’armée tartare qui
perdit plusieurs milliers de ses membres. En 1347,
leur chef Khan Djanisberg fit jeter par-dessus
les murailles plusieurs centaines de cadavres de
soldats morts de la peste, « afin que les chrétiens
fussent anéantis par la puanteur ». Les marchands
génois chargèrent leurs bateaux en toute hâte et
prirent la direction de l’Italie.
« Les soldats ont rarement gagné des
guerres. Ils doivent plus souvent rebrousser
chemin lorsque les épidémies leur font
barrage. Et le typhus, avec ses frères et
sœurs appelés peste, choléra, fièvre,
typhoïde et dysenterie ont gagné plus de
campagnes que César, Hannibal, Napoléon,
et tous les généraux de l’histoire.
Les épidémies sont blâmées pour les
défaites, les généraux crédités pour les
victoires. Cela devrait être le contraire. »
Hans Zinsser (1935)
La maladie aborda la ville de Marseille à la
Toussaint 1347 dont toute la population fut
atteinte en quelques semaines. En cinq années,
on estime entre 17 et 28 millions le nombre de
morts en Europe qui comptait alors 50 à 60 millions
d’habitants. Au niveau mondial, c’est le tiers de la
population qui fut décimé par la peste. Plusieurs
générations ont été nécessaires pour corriger les
effets désastreux de cette terrible « peste noire »
(le nom provient des taches foncées formées par
les petites hémorragies qui couvraient le corps du
malade).
LA DIFFUSION AU NOUVEAU MONDE
Entre le XVe et le XIXe siècle, on estime qu’entre
12 et 20 millions d’Africains furent l’objet de trafic
d’esclaves vers le Nouveau Monde. Les régions
concernées portaient surtout sur l’Afrique de
l’Ouest où sévissaient le paludisme et la fièvre
jaune. Les populations de ces régions, habituées
depuis des siècles à ces maladies, étaient relati-
vement protégées, contrairement aux populations
blanches européennes et surtout indigènes
d’Amérique qui furent très largement exterminées.
Au XVIIIe siècle, l’île de St Domingue, aujourd’hui
Haïti, était sous la dépendance de la France. La
fièvre jaune qui était endémique dans le pays
anéantit 23 000 soldats de Napoléon dont son
propre beau-frère, le général Leclerc. Complètement
découragés, les français se retirèrent définitivement
de l’île et le 1er janvier 1804 fut créé le premier
état indépendant d’Amérique avec un président
noir à sa tête, Toussaint Louverture. Quelques
temps après, les émissaires du Président américain
Thomas Jefferson furent envoyés à Paris auprès
du ministre de la Guerre, Talleyrand, pour étudier
la possibilité d’acheter quelques villes de Floride
qui étaient sous dépendance française. Ils furent
étonnés d’apprendre que Napoléon, qui avait
complètement perdu l’espoir de s’installer dans
cette région du monde, et qui avait besoin de ses
troupes pour les conflits européens à venir leur
offrit, pour une somme dérisoire, une superficie
équivalente à un tiers des Etats-Unis et elle
permit aux colons d’effectuer leur migration vers
l’Ouest au cours de ce qu’on appelle « la conquête
de l’Ouest ».
Pr Jean FRENEY
Représentation de la peste blanche
sur le retable de St Jean-Baptiste
et St Jean l'Évangéliste.
Détail de l'Apocalypse
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