février 2012 Le producteur de Lait québécois 41
commence la difficulté à trouver
une définition exacte pour ce terme,
puisque la réponse inflammatoire n’est
malheureusement pas un bouton ON/
OFF comparable à un interrupteur de
lumière. Une réponse immunitaire est
un ensemble complexe de mécanismes
faisant partie intégrante du système
immunitaire de la vache. La plupart
des mécanismes immunitaires qui réa-
gissent lors d’infections bactériennes
consistent en des messages spécifi-
ques ou en des cellules spécifiques qui
sont aussi présentes (mais en quantité
plus faible) chez des vaches saines
dont les pis sont aussi parfaitement
sains.
Pour définir la mammite, il faut
donc déterminer une valeur seuil pour
un paramètre immunitaire. Au-delà
de ce seuil, on saura que la glande
mammaire est atteinte, et en deçà de
ce seuil, que la glande est normale.
De nombreux paramètres du système
immunitaire pourraient être utilisés
pour une telle définition, cependant,
le plus fréquemment employé est le
nombre de cellules retrouvées dans
le lait et qui proviennent de la glande
mammaire.
Toutes les vaches ont des cellules
somatiques (CS) dans le lait. Toutefois,
les vaches souffrant de mammite en
ont plus que les vaches saines (et
les cellules sont différentes). Il est
certain que les scientifiques souhai-
teraient vraiment pouvoir avoir une
définition précise de la mammite.
Malheureusement, le nombre de CS
du lait des vaches normales varie selon
l’âge, le nombre de jours en lactation,
la saison, le statut hormonal, etc.
Aussi, il est carrément impossible de
définir un niveau de CS réellement
normal. Généralement, les vaches avec
moins de 200 000 CS/ml sont consi-
dérées comme « normales », alors que
celles ayant un comptage de cellules
somatiques (CCS) supérieur à 200 000
sont considérées comme « anormales ».
Au cours de la réponse immuni-
taire, d’autres facteurs que les CS
sont impliqués. Plusieurs messagers
immunitaires sont produits et peuvent
causer des symptômes additionnels,
tels que la fièvre, l’enflure du pis et la
douleur. Lorsqu’une vache manifeste
des signes visibles d’inflammation,
on parle de « mammite clinique ». S’il
n’y a pas de signes visibles et que les
cellules somatiques ont dépassé le
seuil considéré comme normal, on dit
que la vache souffre d’une « mammite
subclinique ».
Malgré une meilleure compréhen-
sion du système immunitaire des
bovins, la définition de mammite reste
encore ouverte. Avec la venue d’outils
plus performants pour étudier le sys-
tème immunitaire et qui deviendront
disponibles pour les chercheurs, de
nouvelles définitions ou des défini-
tions actualisées de la mammite ver-
ront le jour. Une définition précise de
ce qui est normal ou anormal serait
utile autant pour les chercheurs que
pour les producteurs et mettrait fin à
l’approximation que l’on fait couram-
ment lors de l’évaluation du niveau
de cellules somatiques individuel ou
du lait du réservoir. Par exemple, une
vache qui a un CCS stable et bas de
50 000 CS/ml et qui, lors du dernier
contrôle laitier, démontre un CCS de
180 000 soulève la question suivante :
est-ce une simple variation normale
du CCS dans une glande saine ou le
début d’une réponse inflammatoire
due à une infection? En d’autres mots,
est-ce normal ou est-ce un signe que
les problèmes commencent?
LA MAMMITE SIGNIFIE QU’ON
EST DANS LE PÉTRIN…
Pour la plupart des producteurs
laitiers, peu importe sa définition, la
mammite signifie être dans le pétrin.
Les vaches avec une infection clinique
doivent être traitées et gérées diffé-
remment des vaches saines. Celles
avec une mammite subclinique doivent
être évaluées soigneusement et dans
certains cas, elles doivent être traitées,
séparées du reste du troupeau ou
parfois être réformées. Ainsi, clinique
ou subclinique, tout cas de mammite
implique un changement des procé-
dures et l’obligation de porter une
attention particulière à la gestion du
troupeau. Bref, on est dans le pétrin!
Ultimement, la production laitière
consiste à procurer aux consomma-
teurs des aliments de haute qualité,
que ce soit en matière de lait, de fro-
mage ou de tout autre produit laitier.
Pour les transformateurs, qui dépen-
dent de la qualité du lait fourni par
les producteurs, la mammite signifie
aussi être dans le pétrin. En effet, le
lait de piètre qualité affecte la durée de
conservation du lait pasteurisé, réduit
le rendement fromager et est associé
à un plus haut risque de contamina-
tion inhibitrice de la fermentation et
influence la qualité des produits offerts
aux consommateurs.
Dans plusieurs pays, la qualité du
lait est valorisée par un prix plus élevé
et des primes à la qualité. Toutefois,
la mammite ne signifie pas qu’on
est dans le pétrin uniquement parce
qu’elle cause plus de travail. Elle peut
aussi signifier des pertes économiques.
La mammite est coûteuse et pourtant,
quand les producteurs sont appelés à
en estimer le coût sur leurs fermes,
plusieurs le sous-estiment. Les coûts
varient beaucoup d’une ferme à l’autre.
Cela indique que, pour une grande
proportion d’entre elles, certains coûts
pourraient être évités.
Les mammites cliniques et subcli-
niques combinées représentent, pour
la plupart des fermes, la plus grande
perte économique due à la maladie.
Cette perte est attribuable au coût
des traitements et du travail supplé-
mentaire, à la perte en lait, à un prix
du lait inférieur et, dans certains cas,
à la mort de la vache. En effet, les cas
sévères causent la mortalité ou néces-
sitent une réforme hâtive.
LA MAMMITE, C’EST AUSSI
UNE OPPORTUNITÉ!
Parce que la mammite entraîne une
grande variation de coûts d’une ferme
à l’autre, les médecins vétérinaires
voient parfois cette maladie comme
une opportunité d’aider leurs clients
Tout cas de
mammite implique
un changement
des procédures et
l’obligation de porter
une attention
particulière à la
gestion du troupeau.