être des plus efficaces, les décisions de
traitement devraient être prises dans
les 24 heures suivant la détection de
la mammite. Il s’agit d’éviter que les
cas qui nécessitent des antibiotiques
s’aggravent ou qu’ils évoluent vers une
infection chronique. Un système simple
pouvant être utilisé à la ferme pour le
diagnostic des cas qui nécessitent ou
non un traitement pourrait s’avérer
une solution intéressante…
LE RCRMB ET LE MQM
À LA RESCOUSSE!
Récemment, des chercheurs du
Réseau canadien de recherche sur la
mammite bovine (RCRMB) et du
Maritime Quality Milk (MQM) ont réa-
lisé un essai clinique dans 48 fermes
laitières réparties dans sept provinces
canadiennes. Ils ont testé un système
de culture composé de plaques de
numération Petrifilm
MC
(3M Canada)
et d’un arbre décisionnel simple. Ce
système permettait de classer les infec-
tions selon qu’elles étaient à traiter
(bactéries Gram positif) ou à ne pas
traiter (coliformes et absence de crois-
sance). Les résultats ont montré que
40 % de tous les cas de l’essai clinique
n’ont pas présenté de croissance bac-
térienne significative, 11 % des cas
étaient causés par des coliformes et
que seulement 41 % des cas de mam-
mite étaient causés par des bactéries
Gram positif d’où la nécessité d’un trai-
tement.
EST-CE QUE CE SYSTÈME DE
CULTURE POURRAIT ÊTRE
UTILISÉ À LA FERME POUR
DÉTECTER DE FAÇON PRÉCISE
LES BACTÉRIES GRAM POSITIF,
LES COLIFORMES ET LES
ABSENCES DE CROISSANCE?
Les producteurs qui ont utilisé le
système de culture au moins une fois
par mois ont été capables de détecter
et de traiter 87,5 % des infections à
Gram positif. Ils ont aussi relevé, avec
une précision de 90 %, les cas qui ne
nécessitaient pas de traitement, c’est-
à-dire ceux comportant des coliformes
et des absences de croissance. Toute -
fois, les producteurs qui ont utilisé le
système moins d’une fois par mois
obtenaient des résultats un peu moins
précis, probablement par manque d’ex-
périence pour l’identification des colo-
nies de bactéries et par des manipula-
tions faites de manière non stérile.
EST-CE QUE LE TRAITEMENT
SÉLECTIF DES INFECTIONS
À GRAM POSITIF A AFFECTÉ
LA CAPACITÉ DES VACHES
À GUÉRIR?
Pour comparer le traitement sélectif
et le traitement universel de tous les
cas, la moitié des vaches de chaque
ferme a été traitée dès l’apparition de
la mammite. L’autre moitié a été sou-
mise à la culture avec le système
Petrifilm
MC
et traitée après 24 heures
seulement si une infection à Gram
positif était diagnostiquée. Les pro-
ducteurs ont noté le nombre de jours
requis pour le retour à la normale de
l’apparence du lait et pour le retour du
lait dans le réservoir. La plupart des cas
de mammite ont guéri à l’intérieur de
deux à trois jours, peu importe si les
vaches avaient été traitées immédia-
tement ou traitées seulement si elles
avaient une infection à Gram positif.
Quelques cas du groupe de culture ont
nécessité un jour de plus pour la gué-
rison, cela étant probablement dû au
délai de 24 heures fixé avant le début
du traitement. Cependant, il n’y avait
aucune différence dans les taux de
guérison bactériologique
1
résultant de
ce délai, car 80 % ou plus des mam-
mites étaient exemptes de bactéries
jusqu’à six semaines après le traite-
ment sans égard aux protocoles de trai-
tement.
AVANTAGES ÉCONOMIQUES ET
SOCIÉTAIRES
Les antibiotiques utilisés pour le
traitement de la mammite sont simi-
laires à ceux utilisés pour traiter les
infections communes chez les humains.
À chaque fois qu’un antibiotique est
utilisé chez des gens ou des animaux,
on donne l’occasion aux bactéries de
devenir résistantes. Lorsque cela se
produit, l’infection devient plus difficile
à éliminer et un antibiotique différent
peut être requis. Pour cette raison, il
est important d’utiliser les antibio-
tiques seulement lorsqu’ils sont néces-
saires. De cette façon, ils demeureront
efficaces lorsque requis… et des éco-
nomies seront réalisées.
Grâce au traitement sélectif, 36 %
des cas de mammite de l’étude n’ont
pas reçu d’antibiotiques. L’évaluation
économique initiale des données de
recherche a montré que le coût moyen
d’un traitement antibiotique jumelé au
retrait du lait du réservoir était de 139 $
si l’infection était traitée immédiate-
ment sans la réalisation d’une culture.
L’avantage économique de l’utilisation
de la culture à la ferme dépend de la
proportion d’infections à Gram positif
versus à Gram négatif et des cas d’ab-
sence de croissance. Plus le nombre de
cas non traités est élevé, plus le poten-
tiel de retour économique est grand. En
moyenne, les propriétaires de trou-
peaux ayant « un peu de tout» peuvent
espérer épargner environ 30 $ en frais
d’antibiotiques et pertes de lait pour
chaque tranche de 10 $ investie dans
la technologie de la culture de lait
incluant le temps requis pour les mani-
pulations.
Pour plus d’information sur la cul-
ture de lait à la ferme ou sur le
« Système décisionnel pour le traite-
ment de la mammite » utilisant les
plaques Petrifilm
MC
, veuillez contacter
votre médecin vétérinaire. Des informa-
tions sont aussi disponibles en ligne au
www.milkquality.ca. ■
1 Il s’agit d’une confirmation faite par une
analyse de suivi que la bactérie a été
éliminée.
NOVEMBRE 2010 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
42
SANTÉ ANIMALE
Pour identifier la bactérie responsable de la
mammite et pour connaître le traitement
approprié, il faut procéder à une culture
bactériologique du lait avec un échantillon de
lait stérile.