9- Le bois et les constructions en hauteur

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9- Le bois et
les constructions
en hauteur
9- Le bois et
les constructions
en hauteur
Notre couverture :
Le parc d’activité économique
« Galaxia » à Transinne (Libin)
Photo : © Valbois RN
AU SOMMAIRE :
En prenant de la hauteur,
le bois élève le débat
Pages 2 et 3
Le parc d’activité économique
« Galaxia » à Transinne (Libin) :
Le bois prend de l’altitude
afin de mieux tutoyer
les étoiles
Pages 4 à 7
L’immeuble
« Stadthaus, Murray Grove »
à Londres (Royaume-Uni):
Le plus haut bâtiment
d’habitation en bois
du monde
Pages 8 et 9
« La résidence du Cèdre »
à Obernai (France) :
Quelques étages inventent
le “nouvel habitat social”
Pages 10 à 13
L’extension de l’école
communale de Walhain :
La légèreté du bois pour
gagner de la place en hauteur
Pages 14 et 15
CRÉDITS :
Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets
présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,
En prenant de la hauteur,
le bois élève le débat…
Pour beaucoup, et de manière totalement spontanée, le
bois en hauteur fait remonter l’image de la cabane que
l’enfant a perchée dans l’arbre du jardin. Vision certes
attendrissante, mais vision d’une autre époque !
Aujourd’hui, travailler sur plusieurs niveaux est devenu
un impératif. La raréfaction des surfaces disponibles
pousse à la prise de hauteur.
Longtemps, béton et acier ont fait figure de référence, or
les progrès technologiques et la prise de conscience
écologique bousculent l’ordre établi : le bois révolutionne
les habitudes et nous contemple désormais de haut, de
très haut.
Notre époque est à l’économie, à l’usage intelligent des ressources. L’espace disponible
ne déroge pas à cette règle, il y a une logique à construire en hauteur.
La hauteur est une solution au manque d’espace et une opportunité pour renouveler
l’image de la ville : elle répond au problème du logement, ainsi qu’à la nécessité de créer
de nouveaux lieux de vie et d’activité. À surface égale, on crée plus de place ; l’espace
préservé peut être mis à profit pour dessiner des rues plus confortables, pour mieux
accueillir les transports publics, et pour soutenir la création d’espaces verts de qualité.
L’architecture de la hauteur est une discipline à part entière, le talent du créateur consistant à éviter toute rupture du paysage urbain. Scénographie, aménagement, urbanisme
sont autant d’éléments du vocabulaire du créateur pour que l’objet nouveau s’insère
harmonieusement dans l’existant et enrichisse le langage visuel du lieu.
Cependant, ce type de projet n’est pas exempt de critiques, notamment concernant le
bilan écologique et énergétique.
Jusqu’à très récemment, l’homme a construit en hauteur en privilégiant essentiellement
deux matériaux : l’acier et le béton. Or les vertus écologiques de ces composants sont
critiquées, chiffres à l’appui. L’énergie grise nécessaire à leur production, les matières
premières utilisées pour leur fabrication, le bilan carbone qu’ils présentent… sont tous
des éléments à prendre en compte dans le choix des matériaux.
De surcroît, les déperditions thermiques, énergétiques et les attentes en matière de
confort acoustique sont autant de contraintes et de difficultés souvent chroniques de
ces bâtiments, qu’il faut résoudre.
Ainsi, parmi l’ensemble des matériaux disponibles sur le marché, le bois a une place de
choix permettant de répondre, seul ou en mixité, à ces différentes problématiques.
Le bois, candidat à la hauteur, a fait irruption dans le cercle fermé des compétiteurs,
depuis déjà bien longtemps, mais par la petite porte. Dans un premier temps, il s’est
contenté de coiffer les édifices déjà construits. Sa masse volumique faible, sa facilité
d’utilisation en ont fait un matériau de prédilection en matière de surélévation.
Les progrès technologiques de ces quinze dernières années, et notamment l’arrivée
sur le marché de panneaux en bois massif contrecollé, cloué, agrafé… ont totalement
chamboulé le panorama. Ces nouveaux éléments présentent un bilan écologique et environnemental très bon, mais surtout ils font état de caractéristiques mécaniques de très
haut niveau. Le dernier rempart à l’utilisation du bois en hauteur a sauté. Et comme un
bonheur n’arrive jamais seul, l’aspect massif de ces panneaux conforte les qualités
thermiques, acoustiques, de qualité de l’air et de résistance au feu des ouvrages…
même partielle, des textes et des documents de cette publication, est
soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).
Réalisé en juin 2009
2
Mais alors, comment se fait-il qu’il y ait encore si peu de références en Wallonie ?
Avis, témoignage
LE POINT DE VUE DE L’INGÉNIEUR-CHERCHEUR
La parole à Yves Weinand
Professeur associé et directeur du laboratoire de construction en bois
“Ibois” à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
Responsable du bureau d’études Weinand
La théorie et la pratique en un seul homme ! Avec sa double casquette, chercheur une
partie de la semaine et ingénieur l’autre, l’homme côtoie le bois 24 heures sur 24. Au travers de ses travaux et de
ses voyages à l’étranger, il offre une réflexion aiguisée sur le bois et les constructions en hauteur.
« Le bois ne pose, techniquement, aucun problème quand il
s’agit de construire des ouvrages de plusieurs étages. Grâce
aux panneaux en bois massif, on dispose dorénavant de
composants structurels dotés d’une résistance mécanique
très élevée dans les trois dimensions, ce qui n’est pas le cas
du bois brut et qui handicapait ce matériau.
D’ailleurs récemment, je rencontrais un architecte norvégien
qui achevait un immeuble de logements sociaux de cinq
étages à Trondheim, tout en panneaux de bois massif. La
preuve que c’est tout à fait réalisable !
Mais ces matériaux sont encore très méconnus dans notre
région. À mon avis, les professionnels ne leur ont pas réservé l’accueil qu’ils méritent, sûrement parce qu’ils changent
trop leurs habitudes. Pour monter en hauteur, il faut des
contreventements très rigides ; ils ont l’habitude d’utiliser de
l’OSB et ce n’est plus possible. C’est pour eux une remise en
cause complète de leurs façons de faire mais, de mon point
de vue, il faut y aller, les panneaux bois sont l’avenir !
Autre frein au développement du bois dans les bâtiments
en hauteur : le spectre du feu. Beaucoup de nos difficultés
proviennent d’une méconnaissance du matériau, y compris
de la part des autorités administratives. Pourtant, le bois fait
preuve d’une excellente résistance au feu, son problème
réside simplement dans sa réaction à la flamme.
Comme il n’est pas classé ininflammable, sauf à le traiter, il
est souvent écarté. C’est très dommage car sans être ininflammable, à un coût raisonnable, il peut devenir difficilement inflammable, mais ce niveau ne suffit pas !
Si on veut que le bois soit mieux reconnu et plus utilisé, il me
semble important que la filière s’unisse pour faire évoluer les
choses. Les pouvoirs publics ont également un rôle majeur à
jouer en privilégiant la construction d’édifices en bois, qui
puissent constituer des références.
Les panneaux bois sont une opportunité à saisir. Tout autour
de nous, les réalisations fleurissent, signe que maîtres d’ouvrage, architecte, entreprises en ont compris l’intérêt. »
ILLUSTRATION : L’IMMEUBLE DE CINQ NIVEAUX À TRONDHEIM (NORVÈGE)
Architecte : Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo : © Geir Brendeland
Architecte : Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo : © Geir Brendeland
Architecte : Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo : © Geir Brendeland
Architecte : Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo : © Geir Brendeland
3
Territoires & Bois
■
Le bois et les constructions en hauteur
LE PARC D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
«
GALAXIA
»
À TRANSINNE
Le bois prend de l’altitude
afin de mieux tutoyer les étoiles
(LIBIN) :
•
Avec l’installation, en 1968, de l’Agence Spatiale
Européenne (ESA) dans le village de Redu, tout
naturellement la commune de Libin a tourné son
regard vers l’espace. En 1991, cette sensibilité se
concrétise par l’ouverture de l’Euro Space Center,
un site ludique et éducatif sur le thème de l’espace,
dont la vocation est essentiellement familiale.
En 2008, sous l’impulsion de l’intercommunale
de développement économique de la province du
Luxembourg, Idelux, un nouveau cap est fixé, en direction du monde de l’entreprise.
Le parc « Galaxia » voit le jour. Des sociétés spécialisées dans les applications
spatiales peuvent désormais élire domicile dans des bâtiments en bois, aujourd’hui
sur deux niveaux, et se rapprocher des étoiles pour concevoir les technologies du futur.
Depuis de nombreuses années, à proximité de l’ESA, gravitent
de nombreuses entreprises, spécialisées dans le domaine spatial. L’ESA ayant entrepris de recentrer son activité sur le site
de Redu, il devenait de plus en plus difficile pour ces PME qui
étaient en location, tout autour, de trouver à se reloger.
Devant le risque de délocalisation de certaines, par manque
de place, et les pertes d’emplois qui pouvaient en découler,
l’intercommunale Idelux a profité d’un terrain disponible,
une partie du parking de l’Euro Space Center, pour y créer
« Galaxia », le parc d’entreprises dédié aux activités spatiales.
Ainsi, en bordure de l’autoroute E411, se développe un bâtiment novateur. En effet, les bureaux, construits en bois, sont
logés sous une remarquable structure couverte de panneaux
de verre et de panneaux photovoltaïques. C’est d’ailleurs ce
grand parallélépipède de 52,80 m de long, 43,20 m de large et
16,20 m de haut, traité comme une serre horticole surélevée,
qui attire le regard. Ce n’est qu’en scrutant les détails, que l’on
remarque le “hameau” de bâtiments en L sur deux niveaux,
Vue générale du projet, lorsqu’il sera achevé - Projet : © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs - Image de synthèse : © Polygon graphics cvba
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Les deux blocs, en forme de L, profitent pleinement de l’éclairage naturel - Projet : © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs / Photo : © La Fibre Comm.
abrité sous ce grand toit. Ensuite, la face vitrée se prolonge,
parallèle à l’autoroute, sous la forme d’une galerie de 120 m
de long et 4,80 m de large, venant habiller le bâtiment historique de l’Euro Space Center.
Ce traitement architectural permet de répondre de manière
particulièrement adroite aux multiples contraintes du dossier.
D’une part, il permet de relooker le bâtiment d’accueil de
l’Euro Space Center, jugé peu attractif, mais aussi et surtout,
cette approche permet de créer une structure de protection
au sein de laquelle le bois pourra tranquillement vivre sa vie.
Les deux façades orientées sous vents dominants sont par
exemple totalement fermées, excluant tout problème avec la
pluie, de même au niveau de la toiture. Dernier élément au
crédit de ce choix architectural, la création d’un visuel plus
imposant, extrêmement harmonieux et à forte connotation
“High-Tech”, en bordure d’autoroute.
En s’attardant sur la serre, on peut être étonné par sa hauteur,
à première vue démesurée. Mais s’il en est ainsi, avec des
bâches ornées d’images de l’espace occupant tout le volume
supérieur, c’est que les bâtiments hébergés ont été imaginés
pour atteindre jusqu’à quatre niveaux. Aujourd’hui, seuls deux
niveaux sont construits, arborant une géométrie évolutive.
Le choix du bois est lié à plusieurs facteurs, le principal est le
caractère d’urgence de la construction, le déménagement des
PME était déjà programmé. En moins de quatre mois, il fallait
livrer les deux bâtiments, l’un de 350 m2, l’autre de 450 m2 !
Autre élément qui a pesé dans la balance, l’attachement du
maître d’ouvrage et de l’architecte au matériau bois.
Pour relever ce défi, les éléments retenus sont des panneaux
massifs structurels réalisés à partir de planches de bois, des
essences résineuses, contrecollées en croix. Ces éléments préfabriqués sont utilisés pour réaliser les parois, les dalles et les
toitures. Grâce à ces composants, il est possible à la fois de
construire des bâtiments très rapidement, car l’intégration des
éléments techniques (câbles électriques, câbles data…)
peut se faire directement dans les panneaux; et dans le même
temps, ces produits autorisent une construction évolutive.
Sur la base de parois de seulement 9 cm d’épaisseur, les deux
bâtiments sont capables d’atteindre quatre niveaux. La réalisation de ce type de construction, dite rez + 3, est facile et très
adaptée au bois car des escaliers suffisent. Avec un noyau
en béton, les cages d’escaliers servent de contreventement à
la structure. C’est un gage de rapidité et de flexibilité car, dans
ce cas, on n’est pas obligé de mettre en place des murs
de refend*, laissant ainsi ouvertes toutes les possibilités de
cloisonnement futur. Autre point à prendre en compte, le
noyau béton, protégé par le bois, confère à l’ensemble une
meilleure stabilité au feu.
En matière d’acoustique, de gros efforts ont été consentis
dans le sens du confort. Dans chaque bureau, les panneaux au
plafond sont dotés d’une finition à base de lattes en bois ajourées avec, derrière, un matériau absorbant les sons, des fibres
de bois. Entre bureaux contigus, un isolant est incorporé dans
les cloisons, tandis qu’entre étages, une chape de 8 cm vient
réduire les bruits d’impact.
Pour le confort thermique, aux 9 cm d’épaisseur des panneaux
en bois, se rajoutent au moins 20 cm d’isolant sous la forme
de cellulose. Cela permet à ces deux bâtiments de frôler les
valeurs du standard “passif ”. Une donnée importante quand
on sait que le complexe aspire à l’autosuffisance énergétique,
tant pour ses besoins électriques qu’en terme de chauffage,
via ses 4 400 m2 de panneaux photovoltaïques.
Au terme d’un chantier mené tambour battant, sur cet ouvrage
qui est l’un des premiers en Wallonie à adopter ce type de
panneaux, il est intéressant de mettre en avant le sentiment de
confort et le bien-être éprouvé par l’ensemble des entreprises
de construction présentes. Ici, pas de sentiment déplaisant
d’humidité. Une qualité de vie qui est d’ailleurs corroborée
par les premiers résidents, très satisfaits de leurs conditions
de travail ! ❖
* Mur porteur formant séparation à l’intérieur d’un bâtiment.
5
Aspects techniques
Territoires & Bois
■
Le bois et les constructions en hauteur
La rapidité de mise en œuvre
expliquée en images…
Les panneaux utilisés pour construire le complexe « Galaxia »
permettent de réaliser des chantiers en un temps record, très
proprement et avec une équipe réduite, à savoir dans le cas
présent six hommes et une grue.
Photos : © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs
Prises de vue : C. Stuerebaut
1- Les panneaux de 62,5 cm de large sont assemblés en atelier. Sur le chantier, on
livre les murs assemblés, laissant apparaître les futures ouvertures.
2- Quelques jours suffisent pour réaliser les murs extérieurs. Il ne reste plus qu’à
poser les panneaux de dalle, qui comportent déjà la finition acoustique.
3- À l’issue de la troisième semaine de travaux, alors que l’étage vient d’être
achevé, la pose des châssis débute au rez-de-chaussée.
4- Fin de la quatrième semaine du chantier, l’isolation thermique peut prendre
place sur le pare-vapeur, fixé sur les panneaux en bois, à l’extérieur.
5- Après un mois et demi, dernière intervention de l’entreprise bois : la pose des
caissons extérieurs en bois. Un travail qui durera, à lui seul, environ un mois !
La façade nord est ouverte sur l’extérieur, à la différence de la façade est, plus sujette aux pluies.
Projet : © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs / Photo : © La Fibre Comm.
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La société Prefalux est une entreprise générale de construction qui a été fondée en 1974. Implantée à
Junglinster, au Grand-duché de Luxembourg, la société compte à ce jour environ 240 collaborateurs. Les
activités de Prefalux gravitent autour du second œuvre en réalisant plus spécifiquement des façades en
panneaux bois, des charpentes, des toitures, la couverture, la serrurerie, le parachèvement…
L’entreprise a été sollicitée pour construire le « Galaxia », prenant à sa charge toute la partie bois. Son
directeur, Vincent Lazzari, nous détaille les atouts des panneaux bois retenus pour ce projet.
Pour le directeur de Prefalux, le choix des produits utilisés, des
Vincent Lazzari sait qu’il dispose là d’un produit indétrônable.
panneaux originaires d’Allemagne, ne doit rien au hasard. « Il y
Pour preuve, « si nous avions dû réaliser le complexe en béton,
avait sur ce chantier une grande urgence. Notre mission compor-
nous aurions doublé le délai de fabrication, passant à environ un
tait des échéances très précises : un début de chantier le 3 juillet,
an. Même en ossature bois pure, nous aurions mis 50 % de
sur une dalle déjà réalisée, pour une livraison fin septembre d’un
temps en plus car nous aurions été obligés de revenir avec des
premier bâtiment, fin octobre du second ! Si nous avons sélec-
éléments intérieurs pour achever le bâtiment. Avec les compo-
tionné ces panneaux, c’est parce qu’il s’agit là d’un système pré-
sants que nous avons utilisés, les éléments sont déjà finis : pas de
fabriqué adapté à ce type de problématique ».
faux plafond à réaliser, pas de peinture à appliquer ! ».
Et Vincent Lazzari rentre dans le détail, au-delà de l’aspect préfa-
Comme il le précise avec le sourire, « finalement, le plus long sur
brication, il voit dans ces panneaux « l’avantage, par rapport à de
ce chantier aura été la façade. Il a fallu y passer autant de temps
nombreux concurrents, de disposer de caractéristiques chiffrées.
que pour réaliser les deux bâtiments fermés ! ». Effectivement, le
En fait, sur un élément de base, un simple panneau en bois
projet est très répétitif avec ses 320 fenêtres. Entre chaque ouver-
massif contrecollé, on peut faire évoluer les options : plus
ture, des caissons en U à base de panneaux triply recouvrent l’i-
d’absorption acoustique, une plus grande résistance au feu, une
solant thermique fixé au mur. « Heureusement, il n’y a pas eu de
plus grande isolation thermique… Pour tous ces points, on sait
perte de temps pour construire ces caissons, c’est un travail que
à l’avance qu’elle sera la performance atteinte ».
nous avons réalisé en amont, dans l’atelier ».
Pour Prefalux, le fait de bien connaître ce produit est un atout et
Pour l’avenir, le dirigeant est confiant car « si Prefalux fait de
un gage de plus que le chantier sera réalisé dans les temps.
moins en moins d’ossature bois, c’est une évolution normale vu
D’ailleurs, quand on lui demande quelques estimations de délai,
les qualités largement supérieures de ces panneaux bois ».
À l’intérieur, le bois reste visible au plafond, ajouré pour apporter une qualité acoustique supérieure.
Projet : © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs / Photo : © La Fibre Comm.
Années de construction : 2008-2009
Durée des travaux : 4 mois pour la partie bois
Surface (SHON) : 1 640 m2 (2 niveaux de 820 m2)
Coût de la construction (HTVA) : 6 800 000 € (centre d’entreprises
et connexion de la fibre optique
vers la station ESA)
Maître d’ouvrage :
Idelux
Maître d’œuvre (architectes et ingénieurs) :
Philippe Samyn and Partners
Tél. : +32 (0)2 374 90 60
E-mail : [email protected]
Bureaux d’études :
Philippe Samyn and Partners
Tél. : +32 (0)2 374 90 60 - E-mail : [email protected]
Arcadis (anciennement Ingénieurs BCT sprl)
Tél. : +32 (0)4 349 56 00
E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
Louis Duchene S.A. (entreprise générale)
Tél. : +32 (0)85 51 01 11 - E-mail : [email protected]
Prefalux (lot bois)
Tél. : +352 78 95 11-1 - E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Autre regard
Des composants dont le comportement est connu…
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Territoires & Bois
■
Le bois et les constructions en hauteur
L’IMMEUBLE
«
STADTHAUS, MURRAY GROVE
»
À LONDRES (ROYAUME-UNI) :
Dessin : © Waugh Thistle
ton
Le plus haut bâtiment
d’habitation en bois du monde
•
Les réalisations en bois de quatre à six étages deviennent de plus
en plus courantes en Europe. Plus rares sont les constructions qui
vont au-delà, comme l’immeuble de sept niveaux construit en
Allemagne, à Berlin. Mais ici, nous sommes dans le record, et à
plusieurs titres. Tout d’abord par la hauteur, car cet édifice s’élève
sur neuf étages ; mais aussi par le délai et le coût de sa fabrication.
Au nord-est de Londres, dans une
zone fortement urbanisée, la résidence de Murray Grove offre,
depuis octobre 2008, vingt-neuf
appartements, dont un tiers affecté à
l’habitat social comme l’impose la réglementation anglaise. Les appartements s’orientent autour
d’un noyau central, selon une structure en nid-d’abeilles.
Conçue par le cabinet londonien d’architectes Waugh
Thistleton, cette réalisation a demandé une collaboration très
poussée entre concepteurs, ingénieurs structures et le fabricant du matériau bois, des panneaux massifs contrecollés
venus d’Autriche. C’est au prix de nombreuses rencontres,
de tests et de remises en cause que cet ouvrage a pu être
construit quasi uniquement en bois : les murs porteurs, les
planchers, les escaliers et la cage d’ascenseur. Seul le premier
étage, qui héberge de nombreux commerces, est en béton
tandis que la façade est agrémentée de panneaux bois-ciment.
Au moment du chantier, les panneaux en bois massif contrecollé ont été livrés largement préfabriqués, ils comprenaient
déjà les fenêtres, les portes et les ouvertures pour passer les
gaines techniques. Ces panneaux, d’une taille allant jusqu’à 13
mètres, arrivaient selon une chronologie prédéterminée pour
une pose immédiate.
Seulement quatre charpentiers ont suffi pour réaliser les huit
étages en bois, et ce, en neuf semaines !
Une telle technique de construction est particulièrement pertinente dans un environnement à forte densité de population :
elle génère peu de bruit et peu de déchets.
Préoccupation souvent associée aux bâtiments bois : l’acoustique. Les panneaux massifs apportent une bonne réponse car
ils ont une densité relativement élevée. Autour de leur âme
structurelle, l’acoustique est gérée par les couches supplémentaires qui sont ajoutées. Grâce aux planchers flottants et
aux plafonds suspendus, l’atténuation acoustique dépasse largement la réglementation britannique (58 - 60 dB). ❖
Vue globale sur le projet en cours de construction avec, en tout et pour tout, la présence d’une unique grue sur le chantier - Photo : © Will Pryce
8
Aspects techniques
Une réflexion globale autour des enjeux environnementaux
Si cette réalisation est exceptionnelle par sa hauteur, elle l’est
tout autant par les efforts de ses concepteurs en faveur d’une
réduction de l’impact environnemental de l’architecture.
S’inscrivant dans la logique du développement durable, les architectes Waugh Thistleton ont construit un bâtiment en prenant en
compte l’ensemble de son cycle de vie.
Pour sa construction, les concepteurs ont privilégié le bois car
c’est un matériau naturel, renouvelable, qui stocke le carbone.
En comparant les différentes techniques de construction pour
réaliser un tel ouvrage, il est apparu aux architectes que l’utilisation du béton, un volume d’environ 950 m3, aurait émis dans l’atmosphère quelque 68 tonnes de carbone. Le même calcul, appliqué aux 120 tonnes d’acier nécessaires, donne un résultat de 57
tonnes de carbone dispersées dans l’air. Avec les 830 m3 de bois
présents dans cet immeuble, ce sont 181 tonnes de carbone qui
sont stockées, de manière permanente. En travaillant le bois, on
émet très peu de carbone, le bilan reste largement positif.
Autre élément, il met en exergue la possibilité de valorisation du
bois, à toutes les étapes de sa transformation. Les panneaux en
Ci-dessus, les huit étages supérieurs sont en panneaux de bois - Photo : © Will Pryce
Ci-dessous, l’intérieur d’un appartement, travaux achevés - Photo : © Will Pryce
bois massif sont fabriqués en utilisant une colle non toxique. Les
déchets de bois, ou de panneaux, servent d’énergie pour l’usine
de fabrication (en Autriche), qui y puise son propre chauffage,
ainsi que pour deux villages voisins, qui en bénéficient également.
Ultime attention, durant sa vie, le bâtiment a été conçu pour être
faiblement consommateur en énergie. Et au moment de sa
déconstruction, celle-ci sera aisée et peu énergivore. D’ailleurs les
panneaux bois pourront être recyclés ou servir de combustible
pour des besoins de chauffage.
Il s’agit là d’une nouvelle philosophie de la construction, adoptée
depuis quelques années par le cabinet Waugh Thistleton, qui,
suite à ses recherches sur l’utilisation en structure du bois massif, s’est détourné de matériaux comme le béton et l’acier.
Années de construction : 2008-2009
Durée des travaux : 2 mois pour la partie bois
Surface (SHON) : 9 niveaux d’environ 300 m2 chacun
Coût de la construction (HTVA) : environ 4 150 000 €
Maître d’ouvrage :
Metropolitan Housing Trust / Telford Homes PLC
Maître d’œuvre :
Waugh Thistleton Architects Ltd
Tél. : +44 (0)20 76 13 57 27
E-mail : [email protected]
Bureau d’études :
Techniker Ltd
caractéristiques de l’ouvrage
Ci-dessous, la façade composée de 5 000 panneaux en trois couleurs - Photo : © Will Pryce
Tél. : +44 (0)20 73 60 43 00
E-mail : [email protected]
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Territoires & Bois
«
■
Le bois et les constructions en hauteur
LA RÉSIDENCE DU CÈDRE
»
À OBERNAI
( FRANCE ) :
Quelques étages inventent
le “nouvel habitat social”
•
Soleil à midi, le 21 décembre
Soleil à midi, le 21 juin
La résidence du Cèdre est un programme Soleil à midi, le 21 décembre Soleil à midi, le 21 juin
de 24 logements sociaux venant
se substituer à une ancienne
“barre” de logements.
Le projet s’organise
selon deux bâtiments occupant les franges nord et sud de la parcelle, en ménageant un
espace vert central où s’érige le cèdre préservé. Le bâtiment sud comprend 10 logements
organisés en R + 2 sur un socle intégrant caves et locaux techniques. Le bâtiment nord est
composé de 14 logements organisés en R + 2 + attique - soit 4 niveaux droits - sur un
niveau semi-enterré accueillant garages, caves, locaux techniques et locaux communs.
Le projet s’inscrit dans la philosophie des “Passivhaus” allemandes ou autrichiennes, des
bâtiments “Minergie” suisses. Conçu dans une démarche de développement durable, il met
en œuvre des critères avancés de la qualité environnementale.
La construction de la résidence du Cèdre s’inscrit dans une
démarche de conception bioclimatique qui se traduit par son
implantation plein sud, la compacité des volumes créés, la
prise en compte des masques solaires voisins, la distribution
des espaces intérieurs tenant compte de l’orientation, la répartition et le dimensionnement des ouvertures.
Les protections solaires sont assurées par le ressaut des
avant-corps et la mise en œuvre de stores vénitiens extérieurs
à commande électrique.
Le projet fait appel, pour sa réalisation, à des panneaux en bois
massif contrecollé. Ce procédé, en provenance de la ForêtNoire (Allemagne), propose une gamme étendue de composants bois, parmi lesquels des éléments de murs, de dalles et
des supports de couverture en sapin blanc et en épicéa. Dans
le cadre de la résidence du Cèdre, 480 m3 de bois sont mis en
œuvre, dont 450 m3 uniquement pour la structure.
Le clos couvert prend corps sur la base d’un soubassement
béton, sur lequel sont assemblés des panneaux porteurs en
bois massif contrecollé, d’une épaisseur de 90 mm. Les dalles
intermédiaires et les supports de couverture sont également
en composants bois, d’une épaisseur variable selon la portée.
Le choix des matériaux et des techniques répondant aux
critères de la qualité environnementale s’exprime également
par la mise en œuvre de menuiseries extérieures bois à faible
émissivité et d’une isolation thermique extérieure en laine de
bois, de 160 mm d’épaisseur. Une membrane d’étanchéité à
Vue générale sur le projet, avec à gauche le bâtiment de quatre niveaux, et à droite celui de trois niveaux - Photo : © Régis Mury
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L’intérieur du bâtiment sud, plus précisément le premier étage, monté en deux jours - Photo : © Régis Mury
l’air est posée en continuité entre l’isolant et la structure bois.
À l’extérieur, un bardage en mélèze ou un enduit sur isolant
ont été privilégiés, selon l’exposition et les risques de vieillissement des façades.
En aménagement intérieur, la sous-face des dalles en composants bois est finie d’usine, avec une lasure anti-UV, et reste
apparente. Les cloisons et les séparatifs de logements sont des
cloisons traditionnelles en plaques de plâtre sur ossature
métallique. Les escaliers des duplex, les portes intérieures et
les plinthes sont en bois massif. Enfin, le mobilier intégré des
cuisines est en panneaux dérivés du bois.
La forte isolation de l’enveloppe, couplée au système de
chauffage mutualisé entre chaudière gaz à condensation et
eau chaude solaire, contribuent à faire de ce bâtiment une
réalisation particulièrement performante sur le plan énergétique, d’autant qu’il met en œuvre un système de ventilation
double flux à haut rendement. La consommation estimée pour
le chauffage est très faible, de l’ordre de 32 kWh/m2/an.
Des structures métalliques indépendantes, désolidarisées
des volumes habitables pour les balcons, séchoirs et coursives
distribuant les logements, permettent de limiter fortement
les ponts thermiques. Des panneaux photovoltaïques, en toiture, compensent l’énergie consommée pour l’éclairage des
communs, et des toitures-terrasses végétalisées complètent ce
dispositif environnemental.
En matière de délais, le chantier est également exemplaire.
Pour le bâtiment sud, de 3 niveaux et 800 m2 de SHON, le hors
d’eau / hors d’air a été réalisé en 7 jours ouvrables, par 4 personnes. Quant au bâtiment nord, de 4 niveaux et 1 200 m2 de
SHON, il a fallu à peine 12 jours ouvrables pour cette petite
équipe de 4 personnes.
Le confort des habitants a été une préoccupation constante.
La distribution par coursives permet d’offrir des logements
traversants et un éclairage naturel de toutes les pièces. Trois
de ces 24 logements sont d’ores et déjà équipés et occupés
par des personnes à mobilité réduite. L’offre totale, exprimée
suivant les critères français, est de 2 F2, 10 F3, 10 F4 dont 9
duplex et 2 F5. Pour mieux en comprendre la signification, il
faut savoir qu’en France, un appartement est toujours doté
d’un ensemble “cuisine, salle de bain et WC” plus un nombre
de pièces à vivre (séjour, salle à manger, chambre) qui est indiqué à côté du “F”. Du plain-pied au duplex, la résidence offre
donc une réelle diversité de logements, qui l’apparente à l’habitat intermédiaire.
Des jardins privatifs au rez-de-chaussée, et des balcons aux
étages, offrent à chacun l’agrément d’espaces extérieurs rendus intimes par l’avancée des séchoirs qui les bordent.
Le cèdre caractérise le généreux espace vert central, justifié
par l’ensoleillement hivernal recherché pour la récupération
des apports solaires gratuits. ❖
Les composants bois sont fabriqués en usine et assemblés sur place, en filière sèche, avec très peu de personnel et d’outillage - Photo : © Régis Mury
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Aspects techniques
Territoires & Bois
■
Le bois et les constructions en hauteur
Des panneaux en bois au service du “bien construire”
Benoit Reitz, à la tête de l’entreprise lorraine Objectif Bois, importe en exclusivité pour le sol français les
composants en bois massif contrecollé qui ont été utilisés à Obernai. À partir de ce projet précurseur et
pourtant récent, l’inauguration de la résidence date seulement d’octobre 2008, il voit naître un engouement
croissant, qu’il juge justifié, au profit des composants qu’il distribue. Il nous explique pourquoi.
« L’architecte du projet, Régis Mury, a toujours souhaité réaliser
des bâtiments peu consommateurs en énergie et synonymes de
grand confort de vie » entame Benoit Reitz. Il rajoute que « séduit
par l’exemple autrichien, au Vorarlberg, cet architecte a de tout
temps été motivé par le “bien construire”, une nouvelle ère qui
exige des remises en cause : la construction a besoin de produits
aux multiples qualités et à la mise en œuvre aisée ».
En découvrant les produits distribués par Objectif Bois, Régis
Mury en comprend vite l’intérêt pour “bien construire”. « En
répondant simultanément à plusieurs exigences - stabilité, résistance au feu, qualité de l’air, confort acoustique, thermique… ces composants sont la solution » relève Benoit Reitz.
Et justement, parlons du bâti ! En utilisant ces éléments en bois,
la résidence du Cèdre atteint aisément le niveau de la basse
consommation d’énergie, voire celui du passif. Comme le résume
fort bien le distributeur, « c’est très satisfaisant de faire des bâtiments d’une telle qualité thermique pour des gens qui ont peu de
moyens, en plus, dans le cadre de prix d’un bailleur social ! ».
Autre point fort du projet, des résultats acoustiques extrêmement
bons. « La difficulté majeure de la construction bois, le bruit de
choc, est parfaitement maîtrisée grâce à une savante addition de
matériaux qui font masse/ressort/masse ».
Avec ce projet, c’est tout l’habitat social qui est réinventé. L’État
français, et le Ministre Jean-Louis Borloo, ne s’y sont pas trompés, primant cet exemple dans le cadre de son appel à projets
“CQFD - Logements optimisés : coûts, qualité, fiabilité, délais”.
Pour en savoir plus : www.chantier.net/cqfd.html
Coupe verticale d’une cloison séparative entre logements
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Coupe : © Régis Mury
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� Revêtement de sol collé en PVC
� Chape traditionnelle au mortier (épaisseur : 50 mm), sur polyane
� Résilient acoustique en laine de roche (épaisseur : 35-40 mm)
� Ravoirage en béton allégé (400 kg/m3 - épaisseur : 40 mm), sur polyane
� Membrure en bois massif contrecollé (épaisseur : 215 mm), sous-face finie d’usine
� Remplissage en billes d’argile à raison de 72 kg/m2
� Connecteurs (plaques multiplis vissées sur la membrure en bois)
� Cornières d’arrêt de chape (remplissage en laine de roche de 20 mm)
� Cloison séparative en plaques de plâtre (épaisseur : 180 mm) sur bandes résilientes
�� Plinthe bois 70 x 20 mm sur joint souple
�� Raccord courant des membrures bois avec connecteur agrafé
�� Détail acoustique : sous face de la membrure interrompue au droit de la cloison
Les matériaux de l’architecture durable
Vue
3D
12
:©
Rég
is M
ury
�� Cloison séparative en plaques de plâtre (épaisseur : 180 mm) sur bandes résilientes
• Couvertine
• Gravier
• Toiture-terrasse végétalisée
• Membrane d’étanchéité en PVC recyclable
• Isolation thermique en laine de roche de 160 mm
• Pare-vapeur
• Forme de pente en voliges bois sur ossature
• Dalle support de couverture en panneaux de bois massif contrecollé chargés de billes d’argile
• Cloisons de distribution et cloisons séparatives en plaques de plâtre sur ossature métallique
• Mur de façade porteur en panneaux en bois massif contrecollé
(dimensions: 625 x 90 x 2 125 mm)
• Bardage en mélèze posé à clins
• Structure métallique indépendante des balcons et séchoirs, pour la suppression des ponts thermiques
• Platelage bois à claire-voie des balcons sur structure métallique et bac
de récupération des eaux
• Membrane pare-pluie
• Isolation extérieure en laine de bois de 160 mm
• Bardage à claire-voie des séchoirs
• Membrane d’étanchéité à l’air
• Menuiseries extérieures bois avec double vitrage isolant à l’argon
• Store vénitien à lames alu et commande électrique
• Sous-sol en béton armé
• Enduit sur isolation extérieure
• Semelle de fondation
La parole à Violaine Kieffer
Responsable Développement de la SEML “OBERNAI Habitat”
Pour qui vit à Obernai, ville très touristique d’environ 11 200 habitants, la Société d’Économie
Mixte Locale (SEML) “OBERNAI Habitat” est un acteur important pour se loger. Elle gère un parc
d’environ 700 logements sociaux répartis en une dizaine de résidences. Ici, la résidence du Cèdre
fait déjà référence, comme nous l’explique Violaine Kieffer, Responsable Développement de la SEML “OBERNAI Habitat”.
« Le projet est né sans idée préconçue sur les matériaux. C’est
l’engagement environnemental de l’architecte Régis Mury et
sa passion du bois qui nous ont amenés vers ce choix.
En Alsace, à deux pas des Vosges et de ses forêts, il existe une
forte tradition bois. Choisir le bois construction est entré
dans les mœurs depuis bien longtemps.
Afin de nous éclairer dans nos choix, le chiffrage a porté sur
trois options structurelles: les panneaux en bois massif
contrecollé, une ossature bois classique et une voie médiane
associant béton et bois. Les prix étaient sensiblement identiques. Construire avec des panneaux n’est pas plus cher et
offre des avantages inusités: les éléments sont préfabriqués
en atelier, gage de rapidité et de minimisation des chutes sur
le chantier. La fabrication des menuiseries extérieures bois
a pu intervenir avant la mise en œuvre des panneaux car la
précision d’exécution est inhérente au matériau.
L’élévation de la structure bois a été le temps fort et spectaculaire du chantier: tous les 2 jours, un nouvel étage de la résidence voyait le jour grâce au travail de 4 charpentiers!
La qualité de vie dans la résidence est exceptionnelle.
L’ouvrage est certifié Qualitel, gage de qualité, de confort et
d’excellentes performances thermiques. Le confort acoustique y est également au-delà de nos espérances.
Cette réalisation exemplaire suscite une curiosité et un
engouement sans précédent: depuis janvier 2008, nous avons
accueilli plus de 900 visiteurs (élus, architectes, bailleurs
sociaux, partenaires financiers…) curieux de découvrir ce
“nouvel habitat social” en structure bois. »
L’espace vert central, occupé par un cèdre, facilite la prise en compte de la course du soleil et le travail de conception bioclimatique - Photo : © Régis Mury
L’attique du bâtiment nord offre, à trois appartements, deux pièces supplémentaires et un couloir de distribution, à la manière d’un duplex - Photo : © Régis Mury
Années de construction : 2007 à 2008
Durée des travaux : 12 mois
Surfaces habitables : 800 m2 + 1 200 m2
Coût total travaux (HTVA) : 2 686 000 €
dont 972 000 € pour le lot bois
Maître d’ouvrage :
Société d’Économie Mixte Locale (SEML) “OBERNAI Habitat”
Maître d’œuvre :
Régis Mury architecte
Tél. : +33 (0)3 88 41 81 89 - E-mail : [email protected]
Bureau d’études bois :
Thomas Steuerwald Ingénierie Bois
Tél. : +49 (0) 9371 / 9760 - 0 - E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
GTG Société Nouvelle (composants bois, charpente, bardage)
Tél. : +33 (0)3 88 87 74 19 - E-mail : [email protected]
Martin & Fils (charpente) - Tél. : +33 (0)3 88 58 94 44
E-mail : [email protected]
Eck (menuiserie intérieure bois) - Tél. : +33 (0)3 88 95 50 56
caractéristiques de l’ouvrage
Avis, témoignage
QU ’ EN PENSE LE MAÎTRE D ’ OUVRAGE ?
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Territoires & Bois
■
Le bois et les constructions en hauteur
L’ EXTENSION DE L’ ÉCOLE COMMUNALE DE WALHAIN
:
La légèreté du bois pour
gagner de la place en hauteur
•
L’augmentation progressive de la population
scolaire et la volonté de densifier le cœur
du village de Walhain constituent les faits
générateurs du projet d’extension de l’école.
La réponse proposée, avec le bois, façonne un nouvel étage totalement autonome du
bâti existant, et suscite une nouvelle lecture architecturale résolument contemporaine.
Le projet d’extension de l’école communale relève du cassetête ! D’une part, il est impossible de démolir l’école existante
et de construire à la place, car les élèves se retrouveraient sans
infrastructure scolaire pendant les travaux. Construire à côté
n’est pas plus indiqué, cette démarche condamnant les arbres
du jardin attenant. Il reste bien la solution de la surélévation,
mais l’ancienne école a malheureusement été érigée sans
fondations, sur un sol de piètre qualité.
La proposition formulée par l’architecte est pleine de bon
sens et de créativité. Il propose de construire une surélévation, qui enjambe l’édifice actuel, sans en perturber le fonctionnement. Il s’appuie en cela sur deux qualités du matériau
bois : la légèreté et la capacité de préfabrication en atelier.
Pour pallier les carences du terrain, 26 colonnes en acier sont
enfoncées dans le sol, durant les vacances de Pâques. La structure, préparée en atelier, est fixée aux colonnes en août. Elle
est basée sur des poutres en bois lamellé-collé, du douglas de
pays. Traditionnelles pour la toiture, les poutres du plancher
profitent du toit inversé de l’ancien bâtiment et sont à inertie
variable, gage d’une plus grande discrétion.
Le remplissage et la finition de l’extension sont réalisés de
septembre à mars. En extérieur, on valorise le cèdre; le douglas
en menuiserie intérieure ; l’afzelia pour les portes.
Rapidement bâtie, sans nuisances, et d’une grande légèreté,
l’extension accueille six salles de classe. En englobant l’ancien
bâtiment, et en prenant de la hauteur, le projet se met en
conformité avec le contexte urbanistique du centre-ville avec
son église à deux pas et ses maisons aux grands gabarits. ❖
Vue générale - Photo : © Grégoire Wuillaume Architecte
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Ci-dessus, le bois est très présent dans chaque classe - Photo : © La Fibre Comm.
Le bois dans les surélévations
Lorsque l’espace vient à manquer, et qu’il est inenvisageable
de se déployer latéralement, il reste possible de construire en
hauteur. La surélévation est une solution d’agrandissement
dans laquelle excelle le bois. Léger, solide, esthétique, peu
onéreux, il se met en œuvre aisément et rapidement.
Contrairement à l’extension en plan, miser sur la hauteur permet
d’augmenter la surface disponible sans modifier l’emprise au sol.
Elle s’avère souvent l’unique solution en milieu urbain compte
tenu de la raréfaction des terrains.
Par contre, reste posée la question des matériaux à privilégier…
Surélever un bâtiment en recourant à la filière “humide”, c’est-àdire en béton, nécessite de grandes quantités d’eau. Cette solution s’avère parfois hasardeuse, voire impossible à appliquer en
raison des risques encourus par les fondations d’origine. En
À la recherche d’une source d’inspiration en
matière d’architecture? Vous pouvez vous procurer
“Habiter - L’abécédaire architectural de Grégoire
Wuillaume”, publié par les éditions Le Cri, qui
propose la vision de l’architecte-designer sur sa
discipline, au travers d’un ensemble de mots.
recourant à la filière “sèche”, donc au bois, on s’affranchit de ces
menaces de surcharge.
L’option bois agrège d’innombrables avantages :
■
la légèreté : le bois est 5 fois moins lourd que le béton
■
la polyvalence : une surélévation bois peut être mise en œuvre
■
la souplesse : léger et modulable, le bois permet de réaliser des
■
la rapidité : la préfabrication en atelier des ouvrages bois, plus
en association avec tous les autres matériaux
Années de construction : 2004-2005
Durée des travaux : essentiel des travaux réalisé durant les
vacances scolaires, sur 8 mois au total
Surfaces (SHON) : environ 520 m2
Coût de la construction (HTVA) : environ 900 000 €
Montant du lot bois (HTVA) : environ 330 000 €
surélévations dans des zones difficiles d’accès
ou moins poussée, permet de réduire fortement la durée du
chantier.
■
la propreté : n’utilisant pas d’eau, la filière “sèche” induit un
chantier propre, qui respecte l’environnement végétal et architectural en place.
■
la convivialité : il est possible de réaliser une surélévation dans
■
l’esthétisme : le bois est un élément visuel d’accroche.
un bâtiment en fonctionnement durant le chantier.
Maître d’ouvrage :
Commune de Walhain
Maître d’œuvre :
Grégoire Wuillaume Architecte
et son collaborateur Benoît Cruysmans
Tél. : +32 (0)10 65 99 18 - E-mail : [email protected]
Entreprise de construction :
Brahy s.a. (entreprise générale)
Tél. : +32 (0)81 44 02 18
caractéristiques de l’ouvrage
Aspects techniques
Ci-contre, le chantier de la surélévation - Photo : © Grégoire Wuillaume Architecte
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Éditeur responsable : Nadine Godet ■ Rue de la Converserie, 44 ■ 6870 Saint-Hubert
Prochaine parution
Le bois et le feu
La maison de repos et de soins “Résidence Louis Theys” à Gosselies (Charleroi) - Architectes: association momentanée Arcadus architecte sprl & PEC sa - Photo: © Serge Brison
Pour retrouver d’autres bâtiments publics et privés
d’intérêt collectif où le bois s’illustre :
www.territoiresetbois.org
Document réalisé par Valbois RN.
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