9- Le bois et
les constructions
en hauteur
AU SOMMAIRE :
En prenant de la hauteur,
le bois élève le débat
Pages 2 et 3
Le parc d’activité économique
« Galaxia » à Transinne (Libin):
Le bois prend de l’altitude
afin de mieux tutoyer
les étoiles
Pages 4 à 7
L’immeuble
« Stadthaus, Murray Grove »
à Londres (Royaume-Uni):
Le plus haut bâtiment
d’habitation en bois
du monde
Pages 8 et 9
« La résidence du Cèdre »
à Obernai (France):
Quelques étages inventent
le “nouvel habitat social”
Pages 10 à 13
L’extension de l’école
communale de Walhain:
La légèreté du bois pour
gagner de la place en hauteur
Pages 14 et 15
CRÉDITS :
Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets
présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,
même partielle, des textes et des documents de cette publication, est
soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).
Réalisé en juin 2009
9- Le bois et
les constructions
en hauteur
Notre couverture:
Le parc d’activité économique
« Galaxia » à Transinne (Libin)
Photo: © Valbois RN
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En prenant de la hauteur,
le bois élève le débat…
Notre époque est à l’économie, à l’usage intelligent des ressources. L’espace disponible
ne déroge pas à cette règle, il y a une logique à construire en hauteur.
La hauteur est une solution au manque d’espace et une opportunité pour renouveler
l’image de la ville: elle répond au problème du logement, ainsi qu’à la nécessité de créer
de nouveaux lieux de vie et d’activité. À surface égale, on crée plus de place; l’espace
préservé peut être mis à profit pour dessiner des rues plus confortables, pour mieux
accueillir les transports publics, et pour soutenir la création d’espaces verts de qualité.
L’architecture de la hauteur est une discipline à part entière, le talent du créateur consis-
tant à éviter toute rupture du paysage urbain. Scénographie, aménagement, urbanisme
sont autant d’éléments du vocabulaire du créateur pour que l’objet nouveau s’insère
harmonieusement dans l’existant et enrichisse le langage visuel du lieu.
Cependant, ce type de projet n’est pas exempt de critiques, notamment concernant le
bilan écologique et énergétique.
Jusqu’à très récemment, l’homme a construit en hauteur en privilégiant essentiellement
deux matériaux: l’acier et le béton. Or les vertus écologiques de ces composants sont
critiquées, chiffres à l’appui. L’énergie grise nécessaire à leur production, les matières
premières utilisées pour leur fabrication, le bilan carbone qu’ils présentent… sont tous
des éléments à prendre en compte dans le choix des matériaux.
De surcroît, les déperditions thermiques, énergétiques et les attentes en matière de
confort acoustique sont autant de contraintes et de difficultés souvent chroniques de
ces bâtiments, qu’il faut résoudre.
Ainsi, parmi l’ensemble des matériaux disponibles sur le marché, le bois a une place de
choix permettant de répondre, seul ou en mixité, à ces différentes problématiques.
Le bois, candidat à la hauteur, a fait irruption dans le cercle fermé des compétiteurs,
depuis déjà bien longtemps, mais par la petite porte. Dans un premier temps, il s’est
contenté de coiffer les édifices déjà construits. Sa masse volumique faible, sa facilité
d’utilisation en ont fait un matériau de prédilection en matière de surélévation.
Les progrès technologiques de ces quinze dernières années, et notamment l’arrivée
sur le marché de panneaux en bois massif contrecollé, cloué, agrafé… ont totalement
chamboulé le panorama. Ces nouveaux éléments présentent un bilan écologique et envi-
ronnemental très bon, mais surtout ils font état de caractéristiques mécaniques de très
haut niveau. Le dernier rempart à l’utilisation du bois en hauteur a sauté. Et comme un
bonheur n’arrive jamais seul, l’aspect massif de ces panneaux conforte les qualités
thermiques, acoustiques, de qualité de l’air et de résistance au feu des ouvrages…
Mais alors, comment se fait-il qu’il y ait encore si peu de références en Wallonie?
Pour beaucoup, et de manière totalement spontanée, le
bois en hauteur fait remonter l’image de la cabane que
l’enfant a perchée dans l’arbre du jardin. Vision certes
attendrissante, mais vision d’une autre époque !
Aujourd’hui, travailler sur plusieurs niveaux est devenu
un impératif. La raréfaction des surfaces disponibles
pousse à la prise de hauteur.
Longtemps, béton et acier ont fait figure de référence, or
les progrès technologiques et la prise de conscience
écologique bousculent l’ordre établi : le bois révolutionne
les habitudes et nous contemple désormais de haut, de
très haut.
Avis, témoignage
LE POINT DE VUE DE L’INGÉNIEUR-CHERCHEUR
La parole à Yves Weinand
Professeur associé et directeur du laboratoire de construction en bois
“Ibois” à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
Responsable du bureau d’études Weinand
« Le bois ne pose, techniquement, aucun problème quand il
s’agit de construire des ouvrages de plusieurs étages. Grâce
aux panneaux en bois massif, on dispose dorénavant de
composants structurels dotés d’une résistance mécanique
très élevée dans les trois dimensions, ce qui n’est pas le cas
du bois brut et qui handicapait ce matériau.
D’ailleurs récemment, je rencontrais un architecte norvégien
qui achevait un immeuble de logements sociaux de cinq
étages à Trondheim, tout en panneaux de bois massif. La
preuve que c’est tout à fait réalisable!
Mais ces matériaux sont encore très méconnus dans notre
région. À mon avis, les professionnels ne leur ont pas réser-
vé l’accueil qu’ils méritent, sûrement parce qu’ils changent
trop leurs habitudes. Pour monter en hauteur, il faut des
contreventements très rigides; ils ont l’habitude d’utiliser de
l’OSB et ce n’est plus possible. C’est pour eux une remise en
cause complète de leurs façons de faire mais, de mon point
de vue, il faut y aller, les panneaux bois sont l’avenir!
Autre frein au développement du bois dans les bâtiments
en hauteur: le spectre du feu. Beaucoup de nos difficultés
proviennent d’une méconnaissance du matériau, y compris
de la part des autorités administratives. Pourtant, le bois fait
preuve d’une excellente résistance au feu, son problème
réside simplement dans sa réaction à la flamme.
Comme il n’est pas classé ininflammable, sauf à le traiter, il
est souvent écarté. C’est très dommage car sans être inin-
flammable, à un coût raisonnable, il peut devenir difficile-
ment inflammable, mais ce niveau ne suffit pas!
Si on veut que le bois soit mieux reconnu et plus utilisé, il me
semble important que la filière s’unisse pour faire évoluer les
choses. Les pouvoirs publics ont également un rôle majeur à
jouer en privilégiant la construction d’édifices en bois, qui
puissent constituer des références.
Les panneaux bois sont une opportunité à saisir. Tout autour
de nous, les réalisations fleurissent, signe que maîtres d’ou-
vrage, architecte, entreprises en ont compris l’intérêt. »
La théorie et la pratique en un seul homme! Avec sa double casquette, chercheur une
partie de la semaine et ingénieur l’autre, l’homme côtoie le bois 24 heures sur 24. Au travers de ses travaux et de
ses voyages à l’étranger, il offre une réflexion aiguisée sur le bois et les constructions en hauteur.
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ILLUSTRATION : L’IMMEUBLE DE CINQ NIVEAUX À TRONDHEIM (NORVÈGE)
Architecte: Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo: © Geir Brendeland Architecte: Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo: © Geir Brendeland
Architecte: Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo: © Geir Brendeland Architecte: Brendeland & Kristoffersen Arkitekter AS - Photo: © Geir Brendeland
Territoires &Bois Le bois et les constructions en hauteur
Depuis de nombreuses années, à proximité de l’ESA, gravitent
de nombreuses entreprises, spécialisées dans le domaine spa-
tial. L’ESA ayant entrepris de recentrer son activité sur le site
de Redu, il devenait de plus en plus difficile pour ces PME qui
étaient en location, tout autour, de trouver à se reloger.
Devant le risque de délocalisation de certaines, par manque
de place, et les pertes d’emplois qui pouvaient en découler,
l’intercommunale Idelux a profité d’un terrain disponible,
une partie du parking de l’Euro Space Center, pour y créer
« Galaxia », le parc d’entreprises dédié aux activités spatiales.
Ainsi, en bordure de l’autoroute E411, se développe un bâ -
timent novateur. En effet, les bureaux, construits en bois, sont
logés sous une remarquable structure couverte de panneaux
de verre et de panneaux photovoltaïques. C’est d’ailleurs ce
grand parallélépipède de 52,80 m de long, 43,20 m de large et
16,20 m de haut, traité comme une serre horticole surélevée,
qui attire le regard. Ce n’est qu’en scrutant les détails, que l’on
remarque le “hameau” de bâtiments en L sur deux niveaux,
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LE PARC DACTIVITÉ ÉCONOMIQUE «GALAXIA » À TRANSINNE (LIBIN):
Le bois prend de l’altitude
afin de mieux tutoyer les étoiles
Avec l’installation, en 1968, de l’Agence Spatiale
Européenne (ESA) dans le village de Redu, tout
naturellement la commune de Libin a tourné son
regard vers l’espace. En 1991, cette sensibilité se
concrétise par l’ouverture de l’Euro Space Center,
un site ludique et éducatif sur le thème de l’espace,
dont la vocation est essentiellement familiale.
En 2008, sous l’impulsion de l’intercommunale
de développement économique de la province du
Luxembourg, Idelux, un nouveau cap est fixé, en direction du monde de l’entreprise.
Le parc « Galaxia » voit le jour. Des sociétés spécialisées dans les applications
spatiales peuvent désormais élire domicile dans des bâtiments en bois, aujourd’hui
sur deux niveaux, et se rapprocher des étoiles pour concevoir les technologies du futur.
Vue générale du projet, lorsqu’il sera achevé - Projet: © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs - Image de synthèse: © Polygon graphics cvba
abrité sous ce grand toit. Ensuite, la face vitrée se prolonge,
parallèle à l’autoroute, sous la forme d’une galerie de 120 m
de long et 4,80 m de large, venant habiller le bâtiment histo-
rique de l’Euro Space Center.
Ce traitement architectural permet de répondre de manière
particulièrement adroite aux multiples contraintes du dossier.
D’une part, il permet de relooker le bâtiment d’accueil de
l’Euro Space Center, jugé peu attractif, mais aussi et surtout,
cette approche permet de créer une structure de protection
au sein de laquelle le bois pourra tranquillement vivre sa vie.
Les deux façades orientées sous vents dominants sont par
exemple totalement fermées, excluant tout problème avec la
pluie, de même au niveau de la toiture. Dernier élément au
crédit de ce choix architectural, la création d’un visuel plus
imposant, extrêmement harmonieux et à forte connotation
“High-Tech”, en bordure d’autoroute.
En s’attardant sur la serre, on peut être étonné par sa hauteur,
à première vue démesurée. Mais s’il en est ainsi, avec des
bâches ornées d’images de l’espace occupant tout le volume
supérieur, c’est que les bâtiments hébergés ont été imaginés
pour atteindre jusqu’à quatre niveaux. Aujourd’hui, seuls deux
niveaux sont construits, arborant une géométrie évolutive.
Le choix du bois est lié à plusieurs facteurs, le principal est le
caractère d’urgence de la construction, le déménagement des
PME était déjà programmé. En moins de quatre mois, il fallait
livrer les deux bâtiments, l’un de 350 m2, l’autre de 450 m2!
Autre élément qui a pesé dans la balance, l’attachement du
maître d’ouvrage et de l’architecte au matériau bois.
Pour relever ce défi, les éléments retenus sont des panneaux
massifs structurels réalisés à partir de planches de bois, des
essences résineuses, contrecollées en croix. Ces éléments pré-
fabriqués sont utilisés pour réaliser les parois, les dalles et les
toitures. Grâce à ces composants, il est possible à la fois de
construire des bâtiments très rapidement, car l’intégration des
éléments techniques (câbles électriques, câbles data…)
peut se faire directement dans les panneaux; et dans le même
temps, ces produits autorisent une construction évolutive.
Sur la base de parois de seulement 9 cm d’épaisseur, les deux
bâtiments sont capables d’atteindre quatre niveaux. La réalisa-
tion de ce type de construction, dite rez + 3, est facile et très
adaptée au bois car des escaliers suffisent. Avec un noyau
en béton, les cages d’escaliers servent de contreventement à
la structure. C’est un gage de rapidité et de flexibilité car, dans
ce cas, on n’est pas obligé de mettre en place des murs
de refend*, laissant ainsi ouvertes toutes les possibilités de
cloisonnement futur. Autre point à prendre en compte, le
noyau béton, protégé par le bois, confère à l’ensemble une
meilleure stabilité au feu.
En matière d’acoustique, de gros efforts ont été consentis
dans le sens du confort. Dans chaque bureau, les panneaux au
plafond sont dotés d’une finition à base de lattes en bois ajou-
rées avec, derrière, un matériau absorbant les sons, des fibres
de bois. Entre bureaux contigus, un isolant est incorporé dans
les cloisons, tandis qu’entre étages, une chape de 8 cm vient
réduire les bruits d’impact.
Pour le confort thermique, aux 9 cm d’épaisseur des panneaux
en bois, se rajoutent au moins 20 cm d’isolant sous la forme
de cellulose. Cela permet à ces deux bâtiments de frôler les
valeurs du standard “passif”. Une donnée importante quand
on sait que le complexe aspire à l’autosuffisance énergétique,
tant pour ses besoins électriques qu’en terme de chauffage,
via ses 4 400 m2de panneaux photovoltaïques.
Au terme d’un chantier mené tambour battant, sur cet ouvrage
qui est l’un des premiers en Wallonie à adopter ce type de
panneaux, il est intéressant de mettre en avant le sentiment de
confort et le bien-être éprouvé par l’ensemble des entreprises
de construction présentes. Ici, pas de sentiment déplaisant
d’humidité. Une qualité de vie qui est d’ailleurs corroborée
par les premiers résidents, très satisfaits de leurs conditions
de travail!
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Les deux blocs, en forme de L, profitent pleinement de l’éclairage naturel - Projet: © Philippe Samyn and Partners, architectes et ingénieurs / Photo: © La Fibre Comm.
*Mur porteur formant séparation à l’intérieur d’un bâtiment.
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