Projet MiRe 05/132 - UNAF
« Le handicap psychique chez les personnes majeures protégées : définition et indicateurs pour une recherche contextualisée »
Introduction
A- Le projet de définition MiRe : « Le handicap psychique chez les personnes
majeures protégées : Définition et indicateurs pour une recherche
contextualisée »1
a- La situation du handicap
La notion de handicap est dans son sens commun assez floue, puisque polysémique. Le
terme « handicap » englobe ainsi des difficultés de nature, de gravité, de configuration et de
causes très diverses. Qu'il s'agisse en effet de handicaps physique, mental, sensoriel, psychique
sévères ou légers, dont les causes seraient organiques, psychologiques, socio-économiques, la
notion de handicap est relative, variable, et recouvre une situation évolutive et des réalités
diverses. Cette notion aux contours incertains interroge, de fait, les normes qui régissent notre
société. Que ce soit dans la vie quotidienne, dans le sport, dans l’apprentissage, etc. chacun
emploie ce terme devenu générique, synonyme d’incapacité, de restriction, de limitation2.
En 1970, à la demande de l'OMS, l'épidémiologiste britannique Philip Wood travaille à
une clarification conceptuelle de la définition du handicap en interrogeant précisément les
besoins en matière de réadaptation et d'indemnisation. Il définit alors le handicap comme
conséquence des maladies et traumatismes sur la personne et propose de les appréhender à partir
de trois « plans d'expérience » : la déficience (altération d’une structure ou d’une fonction
anatomique, physiologique ou psychologique), l'incapacité (réduction partielle ou totale de la
capacité d’accomplir de façon normale une activité), le désavantage (conséquence de la déficience
ou de l’incapacité sur les conditions d’insertion sociale, scolaire ou professionnelle) : « Le terme de
handicap est limité à la désignation de la résultante sociale de la maladie, blessure, malformation, et donc au
désavantage qu’entraînent celles-ci pour une personne déficiente placée dans une situation donnée. Le handicap est
ainsi clairement différencié de l’anomalie physique ou mentale qui témoigne de la maladie – anomalie désignée
comme une déficience en langue française, et distingué des incapacités ou limitations de capacité qui en résultent
dans la vie quotidienne. »3 Pour Wood, il s'agit de centrer l'attention sur la personne et ses plans
d'expérience, afin de considérer le handicap comme une situation déterminée, en décrivant de
manière linéaire les liens de cause à effet. Ce qui, pour la première fois, permet aux personnes
handicapées d’être reconnues autrement qu’à travers leur pathologie. Le schéma de ces séquences
a permis en 1980 à l'OMS d'établir la classification internationale des handicaps (CIH) connue
également sous l'acronyme CIDIH (Classification internationale des déficiences, incapacités et
handicaps).
Le modèle conceptuel de la CIH a depuis été critiqué parce que, d'une part, le système
causal qu'il présentait ne prenait pas en compte les « effets de rétroaction », c'est-à-dire qu'il tenait
peu compte du retour du désavantage ou de l'incapacité vers la déficience, et parce que, d’autre
part, il mettait trop l'accent sur la personne et pas suffisamment sur l'environnement social et
écologique pour expliquer les raisons des situations de handicap dans les habitudes de vie et les
rôles sociaux. Ainsi, une nouvelle classification a été adoptée en 2001 avec la proposition d'une
nouvelle classification, la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF)
qui pose différemment la question des conséquences d'une maladie ou d'un trouble avec une
approche multidimensionnelle qui permet d'appréhender le fonctionnement et le handicap en
1 Lynda LOTTE et Gilles SERAPHIN : « Le handicap psychique : l’opportunité d’un concept ? Analyse dans le
cadre de la population majeure protégée » (Colloque « Soigner le corps », Nancy, 24 mars 2006).
2 OMS, 2001, p.223.
3 Jean-François RAVAUD, Michel FARDEAU (dir.), Insertion sociale des personnes handicapées. Méthodologies d’évaluation »,
Paris, CTNERHI/INSERM, coll. Flash information, n° hors série, 260 p., 1994, p. III.
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