Un texte inédit de Lisola concernant l’Affaire de Lorraine (1670)
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en Angleterre, où Lisola tenta de régler à l’amiable la question de la restitution du
Palatinat à son propriétaire légitime, Charles Louis, fils aîné de Frédéric V et
d’Elisabeth Stuart, sœur du roi Charles I
er
d’Angleterre
6
. La correspondance entre
Lisola et Trauttmannsdorf, qui est conservée aux archives d’État de Vienne, nous
montre une activité un peu brouillonne entre 1640 et 1645, durant la première
phase de la Révolution d’Angleterre. Puis après la déconfiture des Stuarts et le
triomphe du Parlement, Lisola connut neuf années d’errance (1645-1654)
7
.
En 1655, il a été envoyé en Suède par Ferdinand III pour le représenter auprès
de Charles X Gustave et pour remplacer Plettenberg, qui était vieux et malade.
Très vite Lisola comprit que Charles X redoutait et détestait Ferdinand III. Sa
correspondance, rédigée en latin, a été publiée par A. F. Přibram
8
. La première
Guerre du Nord a fait de Lisola un agent diplomatique important jusqu’à l’alliance
entre les Habsbourg et le roi de Pologne qui fut conclue le 1
er
décembre 1656.
L’alliance de la Monarchie autrichienne et de la République de Pologne était en
partie son œuvre. Lisola, qui s’est préoccupé de la question polonaise jusqu’à la
mort de Ferdinand III en mars1657
9
a également séjourné à Berlin auprès du
Grand Électeur. Lors des difficiles négociations que provoqua l’élection impériale
de Léopold I
er
en 1658, il conclut une alliance entre l’électeur de Brandebourg et
les Habsbourg le 9 février 1658 et obtint ainsi l’appui de Frédéric-Guillaume lors
de la réunion de la diète électorale à Francfort en juin 1658.
Après la signature de la paix d’Oliva (1660), qui mit fin à la première Guerre
du Nord, Lisola fut chargé d’une troisième mission à la Cour de Berlin (1663 –
1664)
10
. Après la mort de Philippe IV en septembre 1665, on l’envoya en Espagne
où il séjourna en 1665-1666
11
. À cette occasion, il prit conscience de l’énorme
enjeu que constituait l’éventuelle succession espagnole, qui s’ouvrirait en cas de
décès du petit roi Charles II, né en 1661.
Une des conséquences de la mort de Philippe IV et de l’ouverture de la
succession d’Espagne fut l’agression française contre les Pays-Bas espagnols au
printemps de 1667. Lisola avait pris contact avec Sir William Temple ministre de
Grande-Bretagne à La Haye et obtenu la réconciliation de l’Angleterre avec les
Provinces-Unies peu de temps après la signature de la paix de Bréda qui marqua la
fin de la deuxième guerre anglo-hollandaise. Les Provinces-Unies et l’Angleterre
redoutaient l’annexion des Pays-Bas espagnols par la France. Lisola avait même
réussi à y inclure la Suède, pourtant alliée traditionnelle de la France. C’est
pourquoi on parlait d’une Triple Ligue (Tripleliga) ou Triple alliance. Lisola
souhaitait y inclure l’empereur, tandis que des négociations discrètes étaient
entreprises avec Charles IV de Lorraine. À la suite de Lisola, les historiens ont
6
P
ŘIBRAM
Alfred Francis, Franz Paul Freiherr von Lisola, op. cit., p. 20-52.
7
P
ŘIBRAM
Alfred Francis, Franz Paul Freiherr von Lisola, op. cit., p. 53-74. B
AUMANNS
Marcus,
Das publizistische Werk des kaiserlichen Diplomaten Franz Paul Freiherr von Lisola (1613-1674) :
ein Beitrag zum Verhältnis von Absolutistischem Staat, Öffentlichkeit und Mächtepolitik in der
frühen Neuzeit, Berlin, Duncker & Humblot, 1994, « Historische Forschungen » 53.
8
P
ŘIBRAM
Alfred Francis (ed.), Die Berichte des kaiserlichne Gesandten Franz von Lisola, 1 vol.,
515 pages in 8°, Vienne, 1887 « Archiv für Österreichische Geschichte » 70.
9
P
ŘIBRAM
Alfred Francis, Franz Paul Freiherr von Lisola, op. cit., p. 75-117.
10
P
ŘIBRAM
Alfred Francis, Franz Paul Freiherr von Lisola, op. cit., p. 236-254.
11
P
ŘIBRAM
Alfred Francis, Franz Paul Freiherr von Lisola, op. cit., p. 255-292.