CAS CLINIQUE
Figure 2. Stratégie diagnostique d’une atteinte auditive potentiellement
auto-immune.
Surdité fluctuante
Surdité bilatérale rapidement évolutive
Symptomatologie de maladie de Ménière bilatérale
Et amélioration des symptômes durant la corticothérapie
Suspicion d’atteinte auto-immune
Évaluation clinique : atteinte oculaire, articulaire, état général…
Reprise de la corticothérapie
IRM éliminant une lésion évolutive, pathologie neurologique…
Avis de l’interniste : bilan diagnostique et thérapeutique adaptée
Surdités associées
à une maladie auto-immune
(syndrome de Cogan,
périartérite noueuse, etc.)
Surdités auto-immunes “isolées”
24 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 330 - juillet-août-septembre 2012
En l’absence de tout symptôme oculaire, une surdité brusque
récidivante à l’arrêt des corticoïdes fera discuter une surdité auto-
immune. La description initiale des surdités auto-immunes a
été réalisée par B.F. Mc Cabe en 1979 (3, 4). Il s’agit de surdités
de perception bilatérales progressives sur plusieurs semaines ou
plusieurs mois, associées ou non à des troubles de l’équilibre,
pouvant se présenter comme une maladie de Ménière. La principale
caractéristique de ces surdités est l’efficacité de la corticothérapie,
avec parfois une corticodépendance : récidive des symptômes, en
particulier de la surdité, à l’arrêt des corticoïdes. Cette cortico-
dépendance peut conduire, là aussi, à proposer une corticothérapie
au long cours à des doses minimales, et/ou des thérapeutiques
immunosuppressives. En pratique, les situations cliniques pour
lesquelles la question d’une surdité auto-immune se pose sont les
surdités fluctuantes, les surdités bilatérales rapidement évolutives,
les patients présentant une maladie de Ménière bilatérale, en les
différenciant des surdités au cours d’affections auto-immunes
spécifiques (syndrome de Cogan, lupus érythémateux, périartérite
noueuse, etc.) [figure 2] (4).
Du point de vue physiopathologique, l’oreille interne peut être
le siège de réactions immunitaires au cours desquelles le sac
endolymphatique joue un rôle central. De nombreuses études
ont été réalisées pour identifier un test biologique spécifique
de ces surdités auto-immunes. Qu’il s’agisse de tests cellulaires
– tests d’inhibition de migration lymphocytaire ou de transfor-
mation lymphoblastique – ou de la recherche de certains anticorps
détectés par immunomarquage vis-à-vis de différentes protéines
– 68 (70) kDa, 30 kDa –, aucun de ces examens n’a démontré
un niveau de sensibilité et de spécificité le rendant utilisable en
pratique clinique. Le diagnostic est donc habituellement établi à
partir d’éléments biologiques non spécifiques : VS et CRP, et sur la
réponse à la corticothérapie, qui est donc un test diagnostique. Une
fois le diagnostic suspecté, la réalisation d’un bilan en médecine
interne permet d’éliminer une pathologie systémique dont la
surdité serait le premier symptôme et de fixer les modalités du
traitement et de son suivi. ■
1. Perdu J. Syndrome de Cogan : manifestations vasculaires et éléments du diagnostic.
Sang Thrombose Vaisseaux 2000;12(2):111-4.
2. Grasland A, Pouchot J, Hachulla E et al. Typical and atypical Cogan’s syndrome:
32 cases and review of the literature. Rheumatology (Oxford) 2004;43:1007-15.
3. McCabe BF. Autoimmune sensorineural hearing loss. Ann Otol Rhinol Laryngol
1979;88:585-9.
4. Vinceneux P, Couloigner V, Pouchot J, Bouccara D, Sterkers O. Surdités auto-
immunes. Presse Med 1999;28:1904-10.
Références bibliographiques
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