géologie et pétrographie du massif éruptif de sintra (portugal)

GÉOLOGIE
ET
PÉTROGRAPHIE DU
MASSIF
ÉRUPTIF DE
SINTRA
(PORTUGAL)
(*)
PAR
C.
F.
TORRE
DE
ASSUNÇÃO
ET
J.
BRAK-LAMY
I
La
Serra de Sintra dresse ses sommets hauts de 500 m
environ, à une vingtaine de kilometres à l'Ouest de Lisbonne.
e'est une petite chaine qui se termine brusquement sur l'océan,
au
Cap
da Roca, par une falaise de plus de 100 m de hauteur.
Cette chaine est constituée par
un
batholite essentiellement
granito-syénitique dont les dimensions principales sont
10
X 5
kilometres.
La mise en place de l'intrusion a troublé les terrains envi-
ronnants et au contact;
.mêmeà
quelque distance
du
massif les
strates se trouvent fortement redressées.
La
zone
de contact,
ou
affleurent les calcaires du Jurassique
Supérieur (Lusitanien), est marquée par une petite auréole méta-
m·orphique dont
la
largeur n'est pas tres grande. On y trouve des
calcaires cristallins à wollastonite, à idocrase et à grenats.
Au
Nord,
l'intrusion touche les conglomérats altribués à
1'0ligocene, qui renferment des fragments de roches appartenant
à l'intrusion. Mais l'âge
du
batholite ne serait pas simplement
post-Iusitanien et anté-oligocene, car
il
est possible d'admettre
une chronologie plus précise.
En
fait, Paul
Choffat
a signalé,
(*) L'essentiel de cette note a constitué une communication présentée
au Congres Géologique International d'Alger
-1952.
24
des 1887 (1), que si les filons de granite ne coupent que les
strates de la base du Malm,
la
partie supérieure de celui-ci et le
Crétacé (qui comprend le Turonien) succedent avec une telle
régularité aux strates contenant les filons, que l'intrusion pourrait
bien dater de la
fin
du Crétacé.
D'autre part,
iI
n'est pas difficile de trouver, pres
du
versant
Sud de la Serra, des «sills» et des
filons,
certainement en
rapport avec le batholite, qui s'encaissent dans les ca1caires
cénomaniens, tandis que d'autres ne coupent que le Crétacé
inférieur et
l'
Albien.
Une phase d'érosion, qui a dénudé l'éruptif, a succedé au
soulevement qui a accompagné la mise en pia ce du batholite.
Du point de vue morphologique, la Serra domine une
plateforme
côti(~re,
constituée principalement par des terrains
jurassiques et crétacés couverts çà et par quelques dépôtsplus
récents.
La
parti e Sud de 'cette plateforme est aplanie et s'abaisse
doucement vers la mer
ou
eIle se termine par une falaise plus
ou
moins élevée suivant les points.
Ce
massif remarquable, appelé par
Choffat
«un joyau de la
pétrographie», n'a été l'objet jusqu'à ces dernieres années que de
tres rares études.
II
existe, néanmoins, une carte géologique à l'échelle de
1:50.000 publiée en 1937 par le Service Géologique du Portugal et
sur laquelle
on
peut distinguer les affleurements des dífférents
types de roches qui constituent l'intrusion, ainsi que le cadre
géologique qui l'entoure. L'éxamen de la légende de cette carte
montre que, dans la Serra, se trouvent des formations éruptives
tres variées, comprenant des granites et microgranites, des syénites
et microsyénites, des gabbros et des mafraltes, des diorites, des
roches brécho'ides, ainsi qu'ua grand nombre de roches filoniennes,
parmi lesqueIles des tourmalinites.
En
1931
Lacroix
(3)
a décrit une mafraite de
Rio
do
Touro
(Serra de Sintra) analisée par Raoult et un peu pIus tard
A.
M.
de Jesus a donné l'analyse d'une diorite de Malveira
(5).
En 1947
M.me
E. Jérémine
(8)
a fait la description d'un
granite et d'un mierogranite. Enfin les auteurs de la présente
note ont publié pIusieurs travaux concernant diverses roches de
Sintra (4,
7,
9, 10).
25
II
Le
noyau syénitique
Les
syénites et les microsyénites occupentune tres grande
étendue dans le massif de Sintra
ou
elles semblent constituer
un grand noyau que la mer interrompt brusquement à l'Ouest.
Ce
noyau est entouré par une bordure discontinue de gabbros
et par une large formation granitique.
La syénite montre une altération un peu avancée et seule-
meDt
la microsyénite a été l'objet d'une analyse chimique.
1 ) La microsyénite.
-11
s'agit d'une microsyénite augiti-
que qui, en association avec la syénite, forme un vaste
aff1eure-
ment s'étendant sur les parties centrale et occidentale du massif.
Quelques uns des échantillons étudiés proviennent de la petite
vallée de U rca. La roche présente de grands phénocristaux zonés
avec noyau d'andésine et zones de feldspath alcalin sur le pourtour.
Il existe aussi des phénocristaux d'augite et de biotite.
Le
pyroxene se trouve· souvent transformé deutériquement
enune
association de petites écailles de biotite et de minuscules
grains de minerais de
fero
La pâte, à texture microgrenue, est formée par de l'orthose
et par d'autres feldspaths alcalins, par de l'augite, de la magnétite
et d'autres minéraux accessoires.
-Les actions mécaniques ont produit une texture quelquefois
nettement catac1astique. D'autre part, ont peut admettre que les
bandes alcalines et la transformation du pyroxene en biotite
soient le résultat des actions qui se seraient exercées entre les
cristaux préformés et un liquide résiduel alcalino
L'étude chimique (Tabl. II, III et IV) montre que cette
microsyénite appartient, selon la systématiqne de Lacroix, à la
division sodipotassique de la famille des syénites calco-alcalines.
11
s'agit d'un terme de passage auxdiorites. D'apres la c1assifi-
cation de Niggli, la roche doit être rapportée au magma essexi-
tique-dioritique, de la province atlantique, en présentant toutefois
une tendence méditérranéenne.
26
On
doit aussi remarquer l'analogie qui existe entre les
caracteres chimiques de cette microsyénite et ceux du trachyte de
Montemor-Caneças (aux
environsde
Lisbonne) et d'une akérite
du massif éruptif de Monchique, en Algarve
(Sud
du Portugal).
Ce
massif est formé essentiellement par des syénites néphélini-
ques, les akérites appartenantaux types les plus riches en silice
qui s'y rencontrent.
La
microsyénite est coupée par quelques
filons,
soit leuco-
crates (trachytes quartziferes altérés), soit mélanocrates. Ceux-ci
possédent une structure bréchoide et renferment des fragments de
dolérite et de trachyte.
Signalons, encore, qu'au sein de la microsyénite existent
quelques petites enclaves de microgabbros.
2)
Lasyénite.
-L'éxamen de plusieurs échantillons pro-
venants de
Monge,
Peninha et de Almoçageme nous amime
à conclure que les syénites de Sintra gardent, dans tout
l'affleurement, une certaine constance de composition et de
texture.
Dans la suite, nous présenterons ses principaux caracteres.
Nous avons affaire à des roches toujours leucocrates, à grain
moyen quelquefois passant à grossier.
Sur la route de Almoçageme et pres du signal de
Monge,
on
remarque
un
facies de variation défini par l'extrême pauvreté
en éléments colorés. En fait, les barylites, réprésentées princi-
palement par la biotite et la hornblende, peuventdevenir
si
rares
que la roche acquiere alors un caractere quasi-hololeucocrate.
L'augite, si comunne dans la microsyénite de Urca,
n'e
se présente
que tres rarement
dansles
syénites.. Sur les échantillons de
Peninha, les rares cristaux de cette barylite sont entourés (comme
dans la microsyénite) par de petites écailles de biotite et par de
minuscules grains de minerais noirs de
fero
Le grain devient
plus
fin
autour de ces cristaux.
Les fe1dspaths constituent souvent de grands cristaux sub-
-euédriques, souvent même euédriques.
La
structure zonée n'est
pas rare et les
mades
sont fréquentes.
L'altération en kaolin et séricite gêne la détermination des
feldspaths; en dépit de cette difficulté, l'étude d'un bon nombre
de plaques minces a permis leur identífication.
27
D'abord,
il
faut détacher la prédominance (parmi les plagio-
c1ases)
d'une oligoclase-andésine
ou
même d'une andésine franche
qui forme les noyaux de grands cristaux à section rectan-
gulaire.
Un autre type de plagioc1ase existe, mais
iI
semble toujours
subordonné;
il
s'agit maintenant d'un feldspath plus alcalin qui se
rapporte certainement aux domaines de l'oligodase
ou
de
l'albite-
-oligodase.
Ce
dernier type constitue soit des cristaux individualisés,
soit les zones extérieures des cristaux à noyau d'andésine. ,
Les types potassiques sont représentés par l'orthose, toujours
tres kaolinisée, par la microperthite, reconnue dans les échantillons
de
Monge
et enfin par un feldspath parfois euédrique, avec un
petit angle des axes (toujours plus petit que
60°)
quenous
atri-
buons à l'anorthose
plutOt
qu'à l'orthose déformée, particuliere-
ment quand
iI
offre des
mades
finement quadrillées.
C'est possible que les bordures toujours kaolinisées qui
entourent tres souvent les cristaux
deplagiodases
puissent être
rapportées aussi à l'anorthose
ou
à I'albite.
Ce
dernier cas aura
certainement lieu quand cette bande extérieure est optiquement
positive et possede un angle des axes plus grand que
ceI
ui
de
l'anorthose, bien que tres éloigné de
90°.
Le
quartz est un élément toujours présent dans Ies syénites
de Sintra:
iI
forme des plages interstitielles, plus
ou
moins
étendues; Les autres minéraux accessoires sont le sphene, qui
peut constituer de petits et beaux cristaux à section rhombique,
l'apatite, le zircon, la magnétite et l'ilménite partiellement trans-
formée en leucoxene.
Outre le kaolin et la séricite
il
y a d'autres produits secon-
daires. comme les chlorites et l'épidote.
On
peut condure que· dans le massif de Sintra existe un
type syénitique caractérisé
par
l'abondance de l'andésine, par
l'éxistence de quartz et de feldspath sodi-potassique et enfin par
la pauvreté
en
barylites.Ce
sont donc des syénites normales
c'est-à-dire calco-alcalines. Elles sont, d'autre part, quartziferes et
à peine biotitiques.
Du point de vue de la texture ces roches présentent un
facies akéritique, étant donnée la forme rectangulaire si commune
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