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Ali Benflis lors de son point de presse
“Tous les problèmes du pays sont dus à la
vacance du pouvoir”
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Pour l’ancien chef de gouvernement, la vacance du pouvoir pour cause de maladie du chef de l’État est la raison
principale de l’enlisement du pays dans une crise multidimensionnelle, exacerbée par la tendance baissière du
prix du baril de pétrole, et donc la disparition progressive du matelas financier sur lequel
misait le pouvoir pour se maintenir.
Dans une conférence de presse qu’il a animée à Alger, hier, l’ancien chef de gouvernement et candidat à la
présidentielle d’avril 2014, Ali Benflis, a abordé l’actualité nationale sous l’optique de la crise
multidimensionnelle (baisse du prix du pétrole, manifestations contre le gaz de schiste, violences ethniques à
Ghardaïa…) qui déstabilise le pays. De son point de vue, l’incapacité avérée du président Bouteflika de gérer les
affaires de l’État pour cause de maladie exacerbe grandement la situation. “J’ai dit, lors de la campagne
électorale, que la présidentielle ne consistait pas à élire un chef d’État mais à donner un sursis de quelques
mois au pouvoir et que cela nous conduira à l’impasse.
Aujourd’hui, j’aurais souhaité m’être trompé”, a déclaré M. Benflis qui revenait inlassablement, tout au long de
sa rencontre avec la presse nationale, sur la vacance du pouvoir. “On ne sait pas qui dirige le pays. Le
gouvernement est livré à lui-même. Il est désorienté. Tous les dossiers épineux sont négligés jusqu’au
pourrissement”, a-t-il poursuivi. Assez dur dans ses propos, il a soutenu que “le régime ne se préoccupe plus de
rien à l’exception de son maintien”, a-t-il analysé, avant de conclure le chapitre par un début d’explication de
l’acharnement du clan Bouteflika à gagner, coûte que coûte, le quatrième mandat. “Ce pouvoir ne sera
tranquille que quand il obtiendra l’immunité contre les poursuites ou de devoir rendre des comptes”, a asséné
l’ancien chef de gouvernement qui a estimé, a contrario, que la baisse importante du prix du baril du pétrole
sonnera fatalement le glas et pour le président de la République et pour le gouvernement ainsi que pour
l’aréopage de hauts responsables qui président les institutions. “La crise énergétique est le résultat de plus de
dix ans de gestion du pays de manière hasardeuse, fondée sur la corruption”, a-t-il soutenu, s’interrogeant, au
passage, sur le sort inconnu de milliards de dinars de recettes des hydrocarbures, disparus des caisses de l’État.
Pour Ali Benflis, le manque de ressources financières va se ressentir rapidement car le Fonds de régulation des
recettes est pratiquement vide et les réserves de changes sont à un niveau très bas. “Nous exigeons du
gouvernement d’arrêter de leurrer l’opinion publique en disant que l’Algérie ne sera pas touchée par la crise
énergétique. Nous exigeons de connaître quelles seront les coupes budgétaires et quelles seront les solutions
alternatives”, a-t-il apostrophé sans conviction. Il a fini par lâcher que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et
son équipe naviguent à vue, s’embourbent dans les contradictions, annoncent des mesures pour les annuler
quelques jours plus tard.
Sur la révision constitutionnelle, la sentence d’Ali Benflis est sans appel : “Ce n’est pas une priorité. Le pays
s’embrase. La priorité est de régler la crise du régime et recouvrer sa légitimité. Le projet de la révision de la loi
fondamentale n’est qu’une démarche unilatérale du pouvoir en place pour faire diversion.” Davantage acerbe
dans son discours, il a jugé inadmissible que la présidence de la République “dispose de la Constitution à sa
guise. L’impasse est incarnée par l’exercice individuel du pouvoir qui ne peut plus assurer les larges
prérogatives constitutionnelles qu’il a accaparées”.
Rôle de l’opposition dans le magma politique intra-muros ? “Plusieurs partis politiques et personnalités
nationales, d’obédiences différentes, se sont unis autour de revendications communes : opérer le changement
dans un processus consensuel et pacifique, ainsi que retourner à la légitimité des élus par des scrutins libres”, a
répondu M. Benflis. Pendant la période de transition, l’armée devra assumer “un rôle de suivi,
d’accompagnement et de garantie”. Sur cette question, l’homme s’est astreint aux généralités, sans évoquer
clairement une élection présidentielle anticipée qui sous-entendra la destitution du président de la République
pour cas d’empêchement d’accomplir ses missions à la plus haute fonction hiérarchique de l’État. “Tous les
problèmes actuels du pays nous ramènent vers la vacance du pouvoir. Au sommet, on ne dirige plus, le
gouvernement est défaillant et les institutions ne sont pas représentées”, a-t-il continué à constater, sans livrer
concrètement ses propres alternatives ou celle de l’opposition dans sa globalité.
Commentant les déclarations de Saïd Sadi sur plusieurs personnalités historiques et le procès intenté contre lui
par le parquet général, Ali Benflis a déclaré qu’“il n’est point du ressort des politiques ni des tribunaux de
statuer sur l’histoire de l’Algérie”. Il a, en revanche, admis comme normale la participation du ministre des
Affaires étrangères algérien à la marche de
Paris, dès lors que “l’Algérie a été invitée officiellement à prendre part à
cette manifestation”.
S.H.
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