Allocution de M. Ali Benflis devant le conseil national du... Forces Démocratiques et Sociales.

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Allocution de M. Ali Benflis devant le conseil national du parti de l’Union des
Forces Démocratiques et Sociales.
Zéralda le, Samedi 7 février 2015.
Monsieur le Président du parti de l’Union des Forces Démocratiques et Sociales,
Mesdames et Messieurs, les membres du conseil national,
Honorables invités.
Il me plait, de prime abord, d’adresser mes plus chaleureux remerciements et
d’exprimer ma profonde reconnaissance à mon frère Si Noureddine Bahbouh pour
son aimable invitation et pour cette attention fraternelle qui m’offre l’opportunité
de partager aujourd’hui avec vous quelques idées et analyses autour du thème de la
crise énergétique actuelle et ses implications sur l’économie nationale.
Je ne peux également manquer à l’obligation, agréable entre toutes, de féliciter
cette auguste assemblée pour la pertinence du choix de la thématique de « l’avenir
de l’économie nationale » comme base de réflexion sur la réalité de la situation
économique actuelle de notre pays et ses perspectives de développement
économique et social.
Comme vous le savez, l’économie est le défi de l’heure et l’enjeu de demain, de
même qu’elle est la source de la véritable puissance et du réel rayonnement des
nations.
L’économie est également la véritable garante de la quiétude de la population et de
l’amélioration de ses conditions de vie.
En effet, la puissance des nations s’évalue aujourd’hui à l’aune de leurs réalisations
économiques, de leur influence et du dynamisme dont elles font preuve au sein du
système économique mondial.
De la même manière, le degré d’indépendance et de souveraineté d’un pays, se
mesure par rapport à sa capacité à assurer ses autosuffisances.
On est en droit de se demander ou est la place de l’Algérie au regard de l’ensemble
de ces critères.
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Notre économie est, premièrement, une économie de rente ; cette caractéristique
s’est accentuée au cours de cette dernière décennie particulièrement marquée par
une abondance sans égal des ressources financières.
Notre économie souffre, deuxièmement, d’une extrême et inacceptable
dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, qu’il s’agisse de notre consommation
de biens alimentaires, de nos besoins en biens d’équipement, de la réalisation des
infrastructures sans omettre le secteur des services.
Troisièmement, notre économie est a mondialisée tant elle est organisée et gérée
selon les réflexes et les mentalités du siècle dernier.
Quatrièmement, il manque à notre économie une vision globale et un modèle
cohérent capables de la faire entrer de plein pied dans l’aire de la mondialisation et
de la stimuler pour lui permettre d’intégrer le rang des économies émergentes.
Si j’avais à trouver un mérite à la crise énergétique actuelle, ce serait celui d’avoir
contribuer à discréditer certaines assertions dénuées de tout fondement et de
mettre à nue l’état déplorable auquel notre économie a été vouée.
Pour cette raison, j’ai choisi d’intervenir sur le thème de la crise énergétique et ses
implications sur l’économie nationale en partant de trois observations
fondamentales qui apparaissent à mes yeux nécessaires à une bonne
compréhension de la problématique que soulève ce thème.
La première observation a trait au fait que notre pays vit une crise de système aigüe
que le pouvoir politique en place a tenté vainement d’occulter en provoquant un
effet de diversion et en usant et abusant de la manne financière générée par une
situation énergétique favorable et ce dans le seul but de garantir, non la paix sociale
comme il le prétend, mais sa durabilité et sa pérennité. Voilà que la crise
énergétique lui ôte un moyen privilégié pour assurer sa survie.
Sous cet angle, il tombe sous le sens de dire que la crise énergétique produira
inévitablement des répliques et aura immanquablement des implications qui ne
manqueront pas d’approfondir la crise de système à laquelle notre pays est
confronté.
La deuxième observation, est en rapport avec les tentatives du système politique de
cacher ses échecs en recourant à un discours dénué de sens vantant les mérites et
louant le succès de sa politique économique, allant jusqu’à prétendre que notre
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pays est devenu une économie émergente capable de rivaliser avec les BRICS (Brésil
,Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)
La crise énergétique est venue démentir formellement ces assertions, montrer le
vrai visage de notre économie et dévoiler à chaque citoyen ses innombrables
faiblesses ainsi que les insuffisances et dysfonctionnements dont elle souffre
malheureusement.
La troisième observation m’amène à dire que notre pays n’est pas dans une
situation favorable pour affronter et dépasser les conséquences de cette crise au
moindre coût que ce soit du point de vue politique, économique ou social.
Du point de vue politique, le traitement des grandes crises nécessite une direction
politique forte qui possède une vision précise de la démarche à suivre et qui est
capable de mobiliser pour la mettre en œuvre.
La direction politique qui répond à ces caractéristique et qui possède cette capacité
n’existe pas dans notre pays aujourd’hui. La vacance du pouvoir a fragilisé nos
institutions et leur a enlevé toute capacité de réaction face aux grandes crises
quelles qu’elles soient.
Du point de vue économique, dix années d’aisance financière sont venues ajouter
de nouveaux dysfonctionnements à ceux déjà existant. Cette aisance financière a
fait perdre à notre pays le sens de la rigueur, de la prudence et de l’efficience dans
l’allocation des ressources, transformant nos politiques publiques en de simples
opérations de distribution de la rente, et transgressant les règles les plus
élémentaires à suivre pour jeter les fondements d’une économie moderne.
Pour ce qui est du volet social, cette embellie financière nous a fait perdre de vue la
valeur du travail ; elle a ancré davantage dans nos esprits la mentalité de
l’assistanat, elle a favorisé la course à l’argent facile et à l’enrichissement rapide au
détriment des vertus de l’initiative individuelle et du compter sur soi comme voies
honorable de la réussite sociale.
Ces observations avérées et ces constats établis nous conduisent à une seule
déduction : notre pays est dans une situation très fragile et précaire pour pouvoir
affronter une crise énergétique extrêmement dangereuse.
Cette vérité, le gouvernement n’a pas le courage de l’assumer devant le peuple,
pour la simple raison qu’il craint sa réaction et qu’il appréhende par-dessus tout que
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ce dernier lui pose ces questions qui tombent sous le sens: est passé l’argent ?
Comment a-t-il été dépensé ? Pourquoi notre économie est restée dans cette
situation de vulnérabilité alors qu’elle est censée avoir bénéfic d’une manne
financière considérable ? Pourquoi ces enveloppes financières n’ont pas pour le
moins réussi à corriger au moins certains dysfonctionnements parmi tous ceux
nombreux- dont continue à souffrir l’économie nationale ? La gabegie, les
détournements et la corruption ne comptent-ils pas parmi les principales causes de
ces échecs ? Que fait le gouvernement pour remettre l’économie nationale sur de
bons rails ?
La peur de devoir rendre des comptes a plongé les autorités politiques dans un état
de profond désarroi, dans l’incapacité de réfléchir, ne sachant pas comment se
comporter, ni que faire devant une crise énergétique d’une exceptionnelle gravité.
Vous avez souvenance que cette crise a éclaté à la moitié du mois de Juin de l’année
écoulée alors que les autorités politiques n’ont tenu leurs deux premières réunions,
l’une sous forme d’un conseil interministériel restreint et l’autre un conseil des
ministres que respectivement les 23 et 31 Décembre 2014.
Ce grand retard de près de 7 mois a suscité l’étonnement et soulevé les inquiétudes
tant les autres pays affectés avaient déjà, durant cette période, organisé des
dizaines de réunions ordinaires et extraordinaires de leurs conseils des ministres à
l’effet de réfléchir à des plans d’urgence.
Notre gouvernement, pour sa part, n’a jusqu’à présent pas élaboré l’esquisse d’un
plan d’urgence sous forme de projet préliminaire ou de simples pistes de travail.
Plus que cela, au moment du déclenchement de la crise, le gouvernement s’attelait
à l’étude et à la préparation de la loi de finances pour l’année 2015.
Malgré ce bouleversement de la conjoncture, le gouvernement a adopté cette loi de
finances sans même l’adapter à la nouvelle donne, comme si la crise énergétique
n’était pas passé par et comme si ses implications allaient, par je ne sais quel
miracle, s’arrêter à nos frontières.
N’est-ce pas l’expression la plus caractérisée de la mauvaise gestion, de
l’imprévoyance et de la mauvaise gouvernance ?
N’est-ce pas là une carence flagrante dans l’exercice des responsabilités et une
défaillance dans l’accomplissement de devoirs d’Etat ?
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Le gouvernement à travers ce comportement ne donne-t-il pas au peuple l’image du
désarroi au lieu de lui transmettre celle de la maitrise et du contrôle dans la gestion
des affaires de la nation.
En résumé, nous ne connaissons au gouvernement aucun plan pour faire face à la
crise et ses implications, comme nous ne lui connaissons aucune initiative
préventive ni aucune adaptation réformatrice.
Nos dirigeants politiques possèdent un penchant naturel pour les solutions de
facilités et sont passés maitres dans l’art de se dispenser de l’effort qui permet de
trouver les solutions novatrices les plus adaptées à la dimension et à la complexité
de cette crise.
N’est-il pas plus opportun pour l’Etat d’engager sans délai une action de réduction
des dépenses, en commençant, pour donner l’exemple, par réduire le train de vie de
l’Etat. Des dépenses injustifiées ont été inscrites au budget d’équipement alors que
la conjoncture actuelle ne permet pas de les assumer.
Les pays qui souffrent comme nous de cette crise ont pris de telles mesures de
réduction du train de vie de l’Etat comme première composante de leur plan
d'urgence.
Les importations ont atteint le montant record de 60 milliards de dollars notamment
à cause d’un véritable crime économique, en l’occurrence la fraude dans les
opérations du commerce extérieur sous toutes ses formes qui auraient atteint le
seuil de 30%. Le fait de combattre ce phénomène suffit à lui seul à faire baisser la
valeur de nos importation du tiers c’est-à-dire de près de 20 milliards de dollars.
Les services importés ont atteint 14 milliards de dollars annuellement. N’y a-t-il pas
des services dont on peut se dispenser au regard du potentiel dont dispose notre
pays dans ce domaine, afin de nous permettre de nous libérer de ce type de
dépendance non justifiée.
Au cours de ces dernières années, des fortunes colossales se sont constituées dans
notre pays. Le gouvernement est-il à ce point dans l’impossibilité de faire contribuer
ces fortunes à l’effort de sacrifice à travers une adaptation du système fiscal à
l’instar de ce qui se fait dans tous les autres pays développés comme en voie de
développement ?
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