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en procédant à un remplissage vésical avec
éventuellement l’utilisation du bleu de méthylène [1].
Sur le plan paraclinque, l’urétrocystoscopie peut être
utile pour préciser la taille et la localisation de la fistule
et de rechercher d’éventuelles lésions vésicales. Certains
auteurs recommandent systématiquement une
échographie rénale et une urographie intraveineuse,
surtout dans le contexte d’un traumatisme obstétrical,
pour éliminer une lésion urétérale même en présence
d’un trigone endoscopiquement normal [1].
Le délai de réparation chirurgicale des FUV fait l’objet
de controverse. Pour les FUV d’origine obstétricale,
classiquement un délai de 2 à 3 mois voire 6 mois est
nécessaire avant la chirurgie, ce délai permet la
résorption des phénomènes inflammatoires et la
cicatrisation des tissus péri-fistuleux [10]. En outre, ce
délai permet une bonne préparation à l’intervention
(soins locaux, traitements des infections urinaires et
génitales…).
Les FUV postopératoires et traumatiques doivent êtres
suturées dans l’immédiat, passé le délai de quelques
jours, elles rejoignent les fistules obstétricales.
La technique chirurgicale est tributaire du siège de la
fistule, de sa taille et de l’état local des tissus. La
principale difficulté chirurgicale résulte du peu de tissus
disponibles pour la cure de la fistule du fait de son
siège urétral [1, 4]. Chaque FUV est unique, ce qui
rend difficile de standardiser l’intervention chirurgicale.
Si toutes les techniques chirurgicales proposées ont
pour but de fermer la fistule et de restaurer la continence,
le succès opératoire repose sur des sutures étanches et
sans tension.
Quelle que soit la technique opératoire choisie,
l’examen gynécologique préopératoire immédiat sous
anesthésie est indispensable. En effet, cet examen
permet d’éliminer une lésion associée et surtout
d’évaluer la qualité des tissus avoisinant (souplesse
vaginale, absence d’inflammation…), ce qui permet
de choisir la technique la plus adaptée.
La technique chirurgicale de base est inspirée de
l’opération de Chassar Moir, utilisée dans la chirurgie
des fistules vésico-vaginales, qui consiste en un
dédoublement des deux plans urétral et vaginal puis
suture de chaque plan à l’aide d’un fil résorbable et
fin [11]. C’est l’intervention que nous avons réalisée
chez notre patiente. Malheureusement, cette opération
n’est pas toujours possible quand la perte de substance
urétrale est importante. C’est dans ces cas que l’apport
d’un tissu de voisinage, pédiculé et bien vascularisé,
est nécessaire [12]. Ainsi, pour combler le defect,
plusieurs types de techniques utilisant des lambeaux
pédiculés ont été décrits. Le procédé de Martius
consistant à prélever la graisse de la grande lèvre est
le moins délabrant et le plus proche du site opératoire
[13]. D’autres auteurs ont utilisé le muscle grand droit
[3, 14, 15], le muscle droit interne, le lambeau pédiculé
myocutané de la grande lèvre [16].
Quelques séries dans la littérature rapportent des taux
variables concernant le succès de la chirurgie des FUV.
En effet, Blaivas [17] rapporte un taux de succès de
79% après une première intervention, pour Lee [6], ce
taux est de 92% alors que pour Pushkar [1], ce taux
est de 90,14%. La première intervention a échoué pour
notre patiente parce qu’il fallait probablement utiliser
d’emblée un lambeau pédiculé vu le peu de tissu dont
on disposait autour de la fistule.
Pour le traitement d’une éventuelle incontinence urinaire
d’effort associée, Pushkar [1] préfère utiliser une
bandelette transobturatrice de dedans en dehors (TVTo),
alors que d’autres proposent la fronde sous cervicale
qui peut être associée à la reconstruction de la fistule
en utilisant un soutènement aponévrotique du col
vésical [18]. Néanmoins, le soutènement du col vésical
nécessite une dissection plus importante de l’urètre et
du col vésical qui peut occasionner davantage de
traumatisme urétral [1].
La prévention concerne essentiellement les FUV
obstétricales qui sont évitables en permettant à chaque
femme d’accoucher dans une maternité accessible se
dotant de moyens techniques adéquats et de personnel
qualifié.
CONCLUSION
Les fistules urétrovaginales sont plus difficiles à traiter
que les fistules vésicovaginales. Les échecs
thérapeutiques et les complications sont fréquentes,
ce qui altère la qualité de vie des patientes. Nous
pensons que le point le plus important c’est de pouvoir
choisir la technique chirurgicale adéquate pour chaque
cas. Le lambeau pédiculé doit être utilisé dès la première
intervention quand un doute existe sur le succès de
l’intervention sans celui-ci.
REFERENCES
1. Pushkar DY, Dyakov W, Kosko JW, Kasyan GR.
Management of urethrovaginal fistulas. Eur Urol 2006 ;
50 : 1000-5.
2. Bouya PA, Nganongo WI, Lomin D, Iloki LH. Etude
rétrospective de 34 fistules uro-génitales d’origine
obstétricale. Gynécol Obstet Fertil 2002 ; 30 : 780-3.
3. Dekou HA, Konan PG, Manzan K, Ouegnin GA, Djedje-
Mady A, Dje CY. Le point sur les fistules urogénitales en
Côte d’Ivoire à la fin du XXe siècle. Résultats de 70 cas.
Ann Urol 2002 ; 36 : 334-40.
4. Roenneburg ML, Wheeless CR Jr. Traumatic absence of
the proximal urethra. Am J Obstet Gynecol 2005 ; 193:
2169-72.
5. Hilton P. Fistulae. In : Shaw RW, Souter WP, Stanton SL.
editors. Gynaecology. Ed 2. London : Livingstone 1997:
779-801.
6. Lee RA, Symmonds RE, Williams TJ. Current status of
genitourinary fistula. Obstet Gynecol 1988 ; 72 : 313-9.
J Maroc Urol 2010 ; 19 : 30-33