26 LUX N° 229 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2004
Solutions
LUMIÈRE
concernait le bâti. » Jean
Levain va chercher Yann Kersalé,
dont il connaît un peu le travail. Ce
dernier montre très rapidement qu’il
faut s’appuyer sur l’éclairage public
et non sur l’illumination plutôt hasar-
deuse et coûteuse d’un bâti globale-
ment anarchique et inintéressant
qu’il vaudra mieux entreprendre de
réformer à plus long terme.
Quatre ans entre
le dessin et la sortie d’usine
Le court terme “éclairage public”
durera tout de même 4 ans (3), entre
la signature de l’accord avec Yann
Kersalé par les trois maires de
l’Entente intercommunale “Voie
royale” en février 2004, et l’installa-
tion du premier mât au début de cet
été. C’est que, passées les longueurs
administratives, réaliser ce candé-
labre fut à la mesure de l’ambition du
concepteur. Il a notamment fallu
beaucoup de temps pour obtenir
l’“amaigrissement” – comme dit le
créateur – considérable de l’objet
sans nuire à sa tenue aux vents
(149 km/h). Daniel Mutricy, chef
du bureau d’études chez le fabri-
cant de mâts Petitjean, se souvient :
«La finesse de la pointe du mât
nous a ainsi obligés à réaliser le
fût en deux parties : une partie en
acier cintrée de 8,8 m sur laquelle
vient s’emboîter très précisément
une pointe de 2,2 m en fonte
d’aluminium. Nous obtenons une
pointe de 30 mm de diamètre en
tête, en demi-sphère, au lieu
d’une pointe de 60 mm, diamètre
le plus petit que nous pouvions
obtenir sur le fût en acier. »
Le bras ne fut pas moins difficile à réaliser : il est aussi en deux
parties car, par endroits, la Voie royale est trop étroite pour effectuer
le levage d’un bras monobloc. Le bras avant, qui supportera deux
lanternes, mesure 6,6 m et le bras arrière (une lanterne) 2,4 m.
Chacun de ces bras est constitué de deux tôles rigidifiées par un
treillis. Les difficultés techniques ? « Toutes les tolérances étaient
très serrées, pour limiter le vrillage des bras, pour définir les cotes
des fixations des lanternes au bras et des bras au fût. » Autre diffi-
culté : la soudure des éléments des bras. « L’écartement n’est pas
constant et diminue en triangle. Cela empêche l’automatisation
du travail de soudure. » Sans oublier que Yann Kersalé exigeait
de ne voir ni vis ni boulons.
Une lanterne
modelée à la main
La lanterne Manta, réalisée en
fonte d’aluminium par Comatelec,
n’a rien à envier au fût ni à la flèche.
Ses dimensions sont extrêmement
réduites : 595 x 335 mm x 120 mm
de hauteur, pratiquement de
moitié plus petite qu’une lanterne
standard. Elle est construite
autour du microréflecteur µR du fabricant, deux à trois fois plus petit
qu’un réflecteur classique, et peut recevoir une lampe de dernière
génération aux iodures métalliques à brûleur céramique. Comme il
n’y a pas de standard pour construire la platine autour de cette
optique, AIK s’y est pris empiriquement. Si bien que la lanterne
l’épouse au plus près : « Nous l’avons modelée, à la main, dans la
glaise, autour du réflecteur pour réaliser le prototype du moule de
fonderie », raconte Christian Arhan, chef logistique chez AIK. La
verrine est quasiment plane et traitée en miroir pour refléter le sol et
ce qui l’entoure. « Le but de ce design est de la faire disparaître en
vision diurne », explique-t-il. « Les principales difficultés, signale à
son tour Philippe Gandon-Léger, directeur des services techniques
▼
▼
▼
La flèche : le bras avant pèse 107 kg (hors luminaire, néons et
transformateur) et le bras arrière 40 kg. L’ensemble mesure 9 mètres
de long. L’assemblage doit permettre un alignement parfait de l’arête
supérieure de chacun des deux bras. L’ensemble du candélabre
(fût, bras, fixation du bras) est dimensionné et calculé pour obtenir
la résistance au vent nécessaire, y compris les effets de fatigue.
A l’origine, le candélabre comprenait
seulement deux lanternes situées
de part et d’autre de la flèche
à chaque extrémité. Mais le niveau
d’éclairement obtenu n’était pas
suffisant pour se conformer aux
exigences des Recommandations
AFE et CEN (niveau d’éclairement
à la mise en service de 50 lux).
La DEE a exigé que celui-ci soit
doublé, au léger détriment, hélas,
de l’équilibre esthétique.
2 210
9 037
40
Ø 30
40 °
5 300
6 949
R 27 700
40
11 985
DESSIN AIK / PHOTO PETITJEAN / SCHÉMA PETITJEAN